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REFLEXIONS  SUR  LES  ACTES  DES  APOTRES  (15-17)

 

Chapitre 15
        La discussion à Jérusalem
        La vraie liberté chrétienne
        La décision prise et l’envoi à Antioche d’une lettre exprimant la pensée de l’Esprit
        Départ de Paul pour son second voyage

Chapitre 16
        Timothée 
        La vision donnée à Paul et le départ pour la Macédoine
        La formation de l’assemblée à Philippes

        La délivrance de la servante qui avait un esprit de divination
        Paul et Silas emprisonnés, et la conversion du geôlier

Chapitre 17
        L’évangile reçu à Thessalonique
        L’opposition des Juifs
        La Parole reçue à Bérée, et le départ de Paul à Athènes

        Le discours de Paul à l’Aréopage d’Athènes

 

Chapitre 15

                        La discussion à Jérusalem

           Quatorze années se sont écoulées depuis la première brève visite de Paul à Jérusalem trois ans après sa conversion (voir Act. 9 : 26-29 ; Gal. 1 : 18). Tout le chapitre 2 de l’épître aux Galates nous fait comprendre ce qui était en jeu dans la discussion commencée à Antioche et terminée à Jérusalem : rien moins que la vérité et la liberté de l’évangile.
            Dans notre chapitre, nous lisons : « On décida que Paul et Barnabas avec quelques autres d’entre eux monteraient à Jérusalem » (v. 2) ; cependant, c’est « à la suite d’une révélation » que Paul y monta (Gal. 2 : 2) ; le Seigneur lui avait ainsi clairement révélé qu’il devait y monter. Il a été conduit à être très ferme dans cette affaire et à ne laisser aucune place aux opposants : « Pas même un moment nous ne leur avons cédé par soumission », dit-il (Gal. 2 : 5). Il a pris avec lui Tite, un Grec, et il s’est opposé à ce qu’une contrainte quelconque lui soit imposée quant à la circoncision. L’épître aux Galates montre bien que Paul avait la pleine certitude de ce qu’était la pensée de Dieu à cet égard, mais il lui a été révélé qu’il fallait en référer à Jérusalem pour régler cette question.
            Nous voyons manifestement en cela la sagesse et la puissance de Dieu. Si Paul avait cherché à régler le problème et avait agi à Antioche de sa propre autorité apostolique, il aurait facilement pu en résulter une brèche entre lui et les autres apôtres. Mais ainsi, ils parvinrent à la décision d’accorder la liberté aux croyants d’entre les nations (non-Juifs), dans le lieu même où ils seraient arrivés à la conclusion opposée si Dieu, par son Esprit, n’en avait pas eu le contrôle.
            En route vers Jérusalem, les apôtres causent une grande joie à tous les frères en leur parlant de la grâce de Dieu envers les Gentils ; mais c’est à Jérusalem que l’affaire devait maintenant être examinée. Ceux qui voulaient imposer l’observation de la Loi aux croyants d’entre les Gentils étaient de la secte des pharisiens. Bien qu’ayant été convertis, ils s’accrochaient encore à leur pharisaïsme. Les apôtres et des anciens sont alors amenés à se réunir officiellement pour considérer la question dans la présence de Dieu.
            Après une « grande discussion » (v. 7), Pierre fait une déclaration décisive : il se réfère au cas de Corneille dans lequel il avait été impliqué. Il souligne que le Dieu qui connaît les cœurs avait rendu témoignage à ces croyants d’entre les nations en leur donnant l’Esprit Saint, de même qu’il le leur avait donné à eux-mêmes le jour de la Pentecôte. Ces gens des nations avaient été purifiés, comme l’indiquait la vision de la grande toile (Act. 10 : 9-12) ; Dieu avait purifié leurs cœurs par la foi, et non par un simple lavage cérémoniel. En fait, Dieu avait déjà réglé la question par ce qu’il avait opéré pour Corneille. Nous comprenons maintenant pourquoi ce cas occupe une si grande place dans le livre des Actes ; c’est en effet la troisième fois qu’il est évoqué devant nous.

                        La vraie liberté chrétienne

            La Loi était un joug que Dieu avait mis sur le cou des Juifs ; or tant eux que leurs pères avaient trouvé son poids écrasant. Vouloir l’imposer à ceux que Dieu n’y avait jamais asservis, c’était tenter Dieu lui-même. La grâce du Seigneur Jésus Christ est la seule espérance de salut, tant pour les Juifs que pour les nations. Le verset 11 est très remarquable. Il n’est pas dit : « Eux, les nations, seront sauvés de la même manière que nous, les Juifs », mais, « nous croyons que nous sommes sauvés par la grâce du Seigneur Jésus, absolument comme eux ». Le salut des nations ne pouvait se situer sur aucun autre terrain que celui de la grâce ; et c’était aux Juifs de venir sur ce même terrain.
            Remarquons le beau contraste entre Matthieu 11 : 29 et le verset 10 de notre chapitre. Le joug écrasant de la Loi ne doit pas nous être imposé à nous d’entre les nations, mais cela ne veut pas dire que nous n’ayons pas de joug à porter. Nous prenons sur nous le joug « facile à porter » de Jésus, venu à nous pour nous révéler le Père.
            Par ses paroles, Pierre montre clairement qu’il a appris à fond la leçon qui lui a été enseignée en relation avec Corneille. Il indique comment la question avait été réglée dans ce cas. Alors Barnabas et Paul peuvent raconter les miracles et les prodiges que Dieu avait opérés parmi les nations. Ici Barnabas est nommé le premier, car étant épargné par la jalousie et l’envie, il pouvait parler plus librement de ce qui avait été fait, par Paul en particulier. Ce que Dieu a fait en pratique par eux est en harmonie avec ce qu’Il a établi en principe par Pierre : voilà ce dont ils rendent témoignage.
            Après Pierre, Barnabas et Paul, Jacques prend la parole. Il semble avoir occupé une place de responsabilité particulière à Jérusalem ; d’après Galates 2 : 12, il était connu pour avoir des vues strictes quant au degré d’association entre Juifs et nations admis dans l’Assemblée de Dieu. Mais il confirme la déclaration de Pierre, puis montre qu’elle s’accorde avec les prophéties de l’Ancien Testament. Amos avait prédit que des jours viendraient où le Nom de Dieu serait réclamé sur les nations. Si nous considérons sa prophétie, nous voyons qu’il parlait de ce qui se réaliserait dans le Millénium, aussi Jacques ne la cite-t-il pas comme si elle était en train de s’accomplir, mais comme s’accordant avec ce qu’ils venaient d’entendre.
            La manière dont Jacques résume le témoignage de Pierre vaut la peine d’être relevée. « Dieu a commencé à visiter les nations pour en tirer un peuple pour son nom » (v. 14). Voilà le programme de Dieu pour la dispensation actuelle. L’évangile n’est pas annoncé parmi les nations en vue de les convertir en tant que telles, et de préparer ainsi la terre pour que Christ puisse y revenir ; il y est prêché pour convertir des individus, qui sont ainsi retirés d’entre les nations pour être Sa possession particulière : « un peuple pour son nom ». C’est un fait absolument fondamental. Si nous sommes dans l’erreur sur ce point, nous le serons quant à tout le caractère de la dispensation dans laquelle nous vivons. Les nations ne se soumettront que lorsque les jugements de Dieu seront sur la terre, comme Esaïe 26 : 9 le dit si clairement : « Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice ».  L’évangile est envoyé sur la terre pour que les élus d’entre les Juifs et d’entre les nations soient appelés, et ces élus constituent l’assemblée de Dieu.
            Après avoir établi ce point capital, Jacques donne ce qu’il juge être la pensée de Dieu sur la question débattue. Son « avis » ou « jugement » est que le joug de la Loi ne devait pas être placé sur le cou des croyants d’entre les nations, mais qu’il convenait de leur recommander l’observation de certaines restrictions dans des domaines où ils étaient connus pour leur négligence. L’idolâtrie et la fornication étaient considérées comme des péchés, déjà avant la Loi, et Genèse 9 : 4 montre qu’il en était de même pour manger le sang : « Vous ne mangerez pas la chair avec sa vie, c’est-à-dire son sang ». Dieu sait dès le début quel sera le développement de toutes choses au cours du temps. L’appel et l’élection des nations étaient nouveaux pour eux, mais non pas pour Dieu. Il leur appartenait de suivre Dieu ; quant à Moïse, ses paroles avaient leur place : elles étaient lues dans les synagogues chaque sabbat.

                        La décision prise et l’envoi à Antioche d’une lettre exprimant la pensée de l’Esprit

            L’avis exprimé par Jacques emporte l’approbation de tous. Premièrement, Pierre a rendu témoignage devant tous de ce que Dieu avait fait en relation avec Corneille ; deuxièmement, Barnabas et Paul leur ont raconté ce que Dieu avait opéré au cours de leur voyage missionnaire parmi les nations ; troisièmement, les Ecritures, citées par Jacques, leur ont montré que ce que Dieu avait dit par les prophètes concordait avec ce que Dieu avait fait. Ils s’étaient assemblés pour rechercher la pensée de Dieu : ils la discernent clairement au travers de sa Parole et de ses œuvres. Et ils sont tous d’accord. Ainsi une question difficile, qui aurait pu diviser l’Eglise, est réglée et contribue à les unir. A leur arrivée à Jérusalem, Barnabas et Paul étaient des hommes dont le service était contesté et mis en doute. Ils repartent avec une lettre dans laquelle il est parlé d’eux comme « nos bien-aimés Barnabas et Paul » (v. 25).
            Il est aussi dit à leur égard qu’ils sont des « hommes qui ont exposé (dans certaines versions : risqué) leurs vies pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ » (v. 26). Risquer sa vie, c’est la mettre en jeu, tel un joueur qui hasarde son argent en jetant les dés ; exposer sa vie, c’est accepter la mort comme une certitude plutôt que comme un risque. L’Eglise de Dieu devrait estimer comme un bien-aimé quiconque expose sa vie de cette manière. Cette lettre écrite par des croyants d’entre les Juifs à des croyants d’entre les nations est imprégnée d’un bout à l’autre d’un esprit d’amour, de communion et d’unité. Ils peuvent dire : « Il a semblé bon au Saint Esprit et à nous » (v. 28), tant ils étaient convaincus que le Saint Esprit avait dirigé leur décision. Placer les nations sous La loi aurait eu pour effet de « bouleverser » leurs âmes.
            Tout cela est d’une grande actualité pour nous aujourd’hui. Des difficultés du même genre se sont présentées parmi les Galates un peu plus tard, et la tentative de mélanger la Loi et la grâce n’est pas rare à notre époque. Or cela ne peut se faire sans porter atteinte à la plénitude de la grâce et sans bouleverser les âmes de ceux qui reçoivent un tel enseignement. Les versets 30 à 33 de notre chapitre montrent comment le maintien de la grâce et de la liberté qu’elle apporte a contribué à l’affermissement et à la joie des croyants d’entre les nations à Antioche. Judas et Silas aussi, qui avaient été envoyés de Jérusalem, exercent leur ministère prophétique et fortifient les frères. Nous voyons ici la liberté avec laquelle ceux qui avaient un don pouvaient l’exercer dans quelque lieu que ce soit, et en présence de serviteurs dont le don pouvait être, à bien des égards, jugé supérieur au leur - vu que Paul et Barnabas étaient alors de retour à Antioche.

                        Départ de Paul pour son second voyage

            Quelques jours après, Paul propose à Barnabas d’entreprendre un nouveau voyage pour exercer un travail pastoral. Les expressions du verset 36 montrent l’esprit d’un vrai pasteur désirant voir comment vont les croyants. La prospérité des âmes est sa grande préoccupation. Cette excellente suggestion est malheureusement à l’origine de la rupture entre ces deux dévoués serviteurs du Seigneur. Barnabas propose que Marc, son neveu, les accompagne de nouveau. Paul, se souvenant de sa défection en Pamphylie, s’y oppose ; cette divergence d’opinion provoque alors une telle irritation entre eux qu’ils se séparent, estimant impossible de continuer à travailler ensemble.
            Barnabas se rend à Chypre, où ils avaient passé ensemble précédemment, et Paul part pour l’Asie mineure où le premier voyage les avait déjà conduits. Paul trouve en Silas un nouveau compagnon ; ils partent après avoir été recommandés à la grâce de Dieu par les frères. Barnabas semble s’en être allé précipitamment avec Marc, avant que les frères aient eu le temps de prier pour lui.
            Il ne nous appartient pas de juger ces éminents serviteurs de notre Seigneur ; mais le récit nous permet néanmoins de déduire que Barnabas a été trop influencé par les relations naturelles de famille et que Paul jouissait de la sympathie et de l’approbation des frères d’Antioche. Toujours est-il que l’irritation et la dispute les séparent, et le Saint Esprit ne le cache pas. Ne considérons pas toutefois Paul autrement que comme un homme ayant les mêmes penchants que nous. Il n’était pas parfait, contrairement à son Seigneur.

 

Chapitre 16

                        Timothée

            Au début de ce chapitre, nous retrouvons Paul à Derbe et à Lystre, les lieux où il avait été lapidé. Et c’est dans ces villes qu’il trouve maintenant Timothée, celui qui sera un si grand réconfort pour lui dans les dernières années de sa vie. Quelle belle illustration de la manière dont Dieu, dans son gouvernement, agit en faveur des fidèles ! Ne sommes-nous pas enclins à penser que ce gouvernement s’exerce seulement contre les impies ? Une des plus grandes consolations de Paul a sa source là où il a connu les souffrances.
            Or Timothée, étant d’un père grec, n’avait pas été circoncis ; il n’aurait donc pas été reçu dans les cercles juifs. Paul, le sachant, le circoncit ; son attitude ici semble être en contradiction totale avec celle qu’il adopte à l’égard de Tite (voir Gal. 2 : 3-5). Mais dans le cas de Tite, toute la vérité de l’évangile était mise en jeu, tandis que dans celui de Timothée, aucune question ne se posait. Pour Timothée, il s’agissait simplement d’éviter ce qui aurait été un obstacle dans son service pour le Seigneur. Dieu donnait à l’apôtre un compagnon dans l’œuvre, et il convenait d’ôter tout ce qui entraverait ses travaux.
            Le séjour quelque peu prolongé de Paul en Asie mineure au cours de son deuxième voyage est résumé dans cinq courts versets (v. 4-8). L’apôtre et Timothée se consacrent à une œuvre pastorale ; ils traversent des régions où des assemblées avaient déjà été établies précédemment ; ils leur enseignent les ordonnances qui ont été établies lors de la conférence à Jérusalem. Les assemblées sont affermies et croissent en nombre. Puis ils visitent de nouvelles régions : la Phrygie, la Galatie et la Mysie, et là ils font évidemment le travail d’évangélistes. C’est à ce moment-là que l’apôtre a connu cet accueil si chaleureux des Galates dont il parle dans l’épître qu’il leur adresse (4 : 13-15). C’est aussi une époque au cours de laquelle Dieu exerce un contrôle très serré sur ses déplacements. Arrivé en Mysie, il se trouve entre la Bithynie au nord ou nord-est, et l’Asie au sud. Si le chemin avait été ouvert, il serait allé successivement dans les deux directions. Pour ce qui concerne la Bithynie, l’Esprit le lui défendit expressément ; pour l’Asie, l’Esprit l’en empêcha : nous avons là, semble-t-il, une indication moins directe, dictée davantage par les circonstances.

                        La vision donnée à Paul et le départ pour la Macédoine

            Troas est située sur la côte maritime de la Mysie. Paul reçoit là par la vision d’un homme macédonien une indication positive. Ainsi en cinq versets, nous voyons Paul être guidé par Dieu de trois manières différentes, deux fois de façon négative et une fois de façon positive. Cela devrait éclairer ceux d’entre nous qui, ayant le grand désir de recevoir une direction divine, s’attendent à la recevoir de la seule manière qui leur convient.
            Paul et ses compagnons, reconnaissant dans la vision une directive de Dieu, obéissent immédiatement. Le verset 11 montre que Dieu permit que les vents leur soient favorables et que la traversée soit très rapide. Nous voyons en effet, au chapitre 20 : 6, que lorsque des années plus tard ils firent le trajet en sens inverse, il leur fallut cinq jours. A Troas, Luc, l’auteur du livre, semble bien avoir rejoint Paul, car tandis que dans les versets 4, 6, 7 et 8 nous avons partout « ils », dès le verset 10, nous trouvons « nous » ; et ce « nous » est employé dans tout le récit de ce qui s’est passé à Philippes.

                        La formation de l’assemblée à Philippes

            Philippes avait le statut de colonie romaine ; aussi l’influence romaine y était-elle très forte et en conséquence peut-être, l’élément juif faible. Il n’y avait pas de synagogue, mais seulement un lieu en dehors de la ville au bord du fleuve où l’on priait le vrai Dieu. L’apôtre et ses compagnons cherchent cet endroit ; n’y trouvant que quelques femmes assemblées, ils s’asseyent et leur parlent. Ce début ne semblait pas très prometteur, mais Paul était un homme qui reconnaissait et utilisait les petites choses. Il ne se lance pas dans une grande prédication, mais il s’assied simplement et leur parle d’une manière informelle. Cet humble commencement a un aboutissement remarquable. Une assemblée est établie à Philippes ; plus que d’autres elle sera remplie de grâce et un réconfort pour l’apôtre.
            L’œuvre commence dans le cœur de Lydie, un cœur que Dieu ouvre. L’expression « qui servait Dieu » indique qu’elle cherchait et était devenue une prosélyte ; maintenant, dans l’évangile que Paul annonçait, elle trouve la substance de ce qu’elle cherchait. Le travail s’opère sans bruit mais est très réel, puisqu’elle est baptisée ainsi que sa maison ; et tout de suite elle s’identifie aux serviteurs du Seigneur en leur ouvrant sa maison.

                        La délivrance de la servante qui avait un esprit de divination

            L’incident suivant est la rencontre avec la servante qui avait ouvert son cœur à quelque ténébreux agent du diable. Elle donne l’apparence d’approuver Paul et ses compagnons. Certains auraient pu en être flattés et dire : C’est vrai, nous sommes des esclaves de Dieu ; si cela lui fait plaisir de nous faire de la réclame, laissons-la ! ».
            Mais Paul n’est pas aveugle à ce point. Il sait que la recommandation du diable n’est pas un gain, mais une perte ; aussi rejette-t-il son témoignage en commandant au mauvais esprit de sortir d’elle. L’esprit est contraint d’obéir et les maîtres de la servante comprennent que l’espérance de leur gain s’en est allée. Hors d’eux-mêmes, ils traînent Paul et Silas devant les magistrats et formulent leur accusation de manière à dresser les Romains contre eux. La foule se soulève et pousse les magistrats à des actes incontrôlés et contraires à la loi romaine. Il n’y a pas de véritable jugement : ils sont fouettés et jetés en prison.

                        Paul et Silas emprisonnés, et la conversion du geôlier

             Ces circonstances, même le geôlier use d’une sévérité extrême ; et la nuit tombe sur eux dans cette triste condition. Ont-ils alors été assaillis par le découragement et les doutes et se sont-ils demandé si la vision de l’homme macédonien n’avait pas été un peu trop forcée ? Peut-être, car ils étaient des hommes soumis aux mêmes faiblesses que nous.
            Quoi qu’il en ait été, leur foi ne tarde pas à triompher, et à l’heure la plus sombre, non seulement ils prient, mais ils chantent les louanges de Dieu. Soudain Dieu intervient, et pas uniquement par le tremblement de terre. Normalement les tremblements de terre ont pour conséquence de coincer complètement les portes au lieu de les ouvrir, et aucun d’entre eux, à moins de sortir tout à fait de l’ordinaire, n’a jamais libéré des prisonniers de leurs liens.
            Voyant les portes de la prison ouvertes, le geôlier, connaissant la sévérité des lois romaines à l’égard de la garde des prisonniers, était sur le point de se suicider. Le fait qu’il ait « demandé de la lumière » (v. 29) prouve qu’ils étaient tous dans l’obscurité. Comment Paul savait-il ce que le geôlier allait faire ? Le cri soudain de l’apôtre était évidemment inspiré par l’Esprit de Dieu, et pour le gardien, il est comme la voix de Dieu. L’homme macédonien se manifeste enfin ! Le geôlier est tout tremblant : il tombe sur sa face devant ses prisonniers ! Et bientôt il pose la grande question qui depuis lors a été celle de millions de pécheurs convaincus de péchés. Il reçoit la réponse immuable qui a apporté la lumière et le salut à d’innombrables âmes.
            Nous citons souvent le verset 31 : « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta maison », mais trop fréquemment nous en omettons les quatre derniers mots. Dieu se plaît à identifier l’homme et sa maison et à inclure celle-ci dans son offre de bénédiction. Pourquoi notre foi ne s’empare-t-elle pas plus souvent de ce fait ? Nous avons déjà trouvé dans notre chapitre une femme convertie mentionnée avec sa maison ; maintenant il est question d’un homme converti avec sa maison. Quel encouragement pour tout chef de famille que la grâce de Dieu atteint ; il n’y a pas d’acception de personnes pour Dieu, et ce qu’il est pour un, il l’est pour tous.
            Le geôlier croit et, sans aucun délai, manifeste sa foi par ses œuvres. Puis, bien qu’il soit encore nuit, lui et tous les siens sont baptisés « sur-le-champ » (v. 33). Cela montre que le baptême n’est pas une ordonnance censée être une confession de foi et devant toujours être publique. Si tel avait été le cas, une occasion importante aurait été perdue ici. Combien facilement cela aurait pu avoir lieu le lendemain lorsque l’opinion publique aurait été un peu plus favorable à Paul ! Après le tremblement de terre, une grande confusion devait régner dans toute la ville ; mais pour le centurion et sa maison, les liens avec leur vie précédente avaient été rompus immédiatement. Car le baptême signifie une dissociation, par la mort de Christ.
            Lorsque le jour suivant les magistrats reviennent en arrière, Paul saisit l’occasion pour leur montrer qu’eux-mêmes ont été des transgresseurs, vu que lui et Silas sont des citoyens romains. Il ne va pas plus loin ni ne réclame de réparation. Ils sont pourtant relâchés, et ils ont le temps de voir les frères et de les exhorter avant de partir. L’épître aux Philippiens nous permet de voir le développement de l’œuvre de Dieu après leur départ.

 

Chapitre 17

            Luc ne donne pas de détails sur le passage de Paul et Silas à Amphipolis et Apollonie, mais va parler de ce qui a eu lieu à Thessalonique. Remarquons que dans ce chapitre nous ne trouvons pas le pronom « nous » ; il est donc possible que Luc, n’ayant pas été aussi impliqué que Paul et Silas dans les troubles survenus à Philippes, soit resté dans cette ville pour aider les croyants.

                        L’évangile reçu à Thessalonique

            Selon sa coutume, Paul s’adresse d’abord aux Juifs dans leur synagogue. Le verset 3 nous montre comment il les aborde : « Ce Jésus, que moi je vous annonce, disait-il, c’est le Christ ». Il leur explique, d’après leurs propres Ecritures, qu’il fallait que le Messie, lorsqu’il viendrait, souffre et meure, et qu’il ressuscite d’entre les morts. Cela étant établi, il était simple de leur prouver que Jésus était bien le Messie. Ainsi en un seul verset, en peu de mots, toute la vérité nous est résumée. Quelle qu’ait été la durée des discours, le problème entier est résumé dans ces quelques paroles ; elles peuvent servir de guide à tous ceux qui, aujourd’hui, s’adressent à des Juifs. Tous ne crurent pas, mais quelques-uns furent persuadés, de même qu’une grande multitude de Grecs qui servaient Dieu et un assez grand nombre de femmes de premier rang.

                        L’opposition des Juifs

            A Philippes, l’émeute avait été suscitée par des Gentils déçus d’avoir perdu l’espérance de leur gain ; à Thessalonique, des Juifs incrédules sont à l’origine d’une opposition et d’un désordre pires encore. En traitant Paul et Silas de « gens qui ont bouleversé la terre habitée » (v. 6), ils rendent un tribut involontaire à la grande puissance de l’évangile prêché avec le Saint Esprit descendu du ciel. Ils pouvaient s’opposer à la prédication, mais il leur était impossible d’en arrêter la progression.
            Cette émeute met fin au service de Paul à Thessalonique, car il servait dans l’esprit de l’instruction du Seigneur, rapportée en Matthieu 10 : 23 : « Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre ; car… vous n’aurez pas achevé de parcourir les villes d’Israël, avant que le Fils de l’homme soit venu ». Aussi se rendent-ils maintenant à Bérée, où les Juifs manifestent des dispositions très différentes. Ils font preuve d’ouverture d’esprit et sont caractérisés comme ayant « des sentiments plus nobles » ; après avoir entendu par Paul ce que les Ecritures annonçaient, ils se mirent à les examiner diligemment, et plusieurs d’entre eux crurent. Un esprit bien disposé, libre de tout préjugé, et qui reçoit avec bonne volonté la Parole, peut bien être qualifié de noble.

                        La Parole reçue à Bérée, et le départ de Paul à Athènes

            Mais l’hostilité des Juifs de Thessalonique à l’égard de la parole de Dieu est telle qu’ils pourchassent Paul à Bérée ; et face à ces nouveaux troubles, il fuit à Athènes, échappant, semble-t-il, à ses persécuteurs par une simple ruse. Silas et Timothée restent à Bérée, car alors il est évident que Paul est le principal objet d’animosité. C’est ainsi que lors de sa visite à Athènes, le grand centre de la culture et de la sagesse grecques, Paul est tout seul pour accomplir son service.
            Athènes était le centre par excellence de la science et de la philosophie grecques ; la ville était aussi remplie d’idoles. La culture humaine la plus élevée et l’idolâtrie la plus grossière peuvent cohabiter tout à fait amicalement. Paul arrive au milieu de cet état de choses, et ce spectacle irrite son esprit en lui. Bien que ses compagnons ne l’aient pas encore rejoint, il ne peut rester inactif et il commence à rendre témoignage tant aux Juifs qu’aux Gentils. Il attire ainsi sur lui l’attention de certains philosophes, et ces hommes, qui se rattachaient pourtant à des écoles différentes et le traitaient avec mépris, sont suffisamment intrigués pour désirer en entendre davantage. C’est ainsi que Paul a l’occasion de parler devant les intellectuels les plus cultivés de cette époque.
            Les versets 18 à 21 nous donnent un aperçu des conditions qui prévalaient à Athènes. Il y régnait une activité mentale intense et une recherche insatiable d’idées nouvelles. Ils « ne passaient leur temps à autre chose qu’à dire ou à écouter quelque nouvelle », naturellement pas de simples commérages ou bavardages, mais les notions philosophiques les plus évoluées. Aussi lorsque Paul leur annonce « Jésus et la résurrection », ils reçoivent sa prédication comme une grande nouveauté liée à des divinités dont ils n’avaient jamais entendu parler jusque-là. Les épicuriens croyaient qu’on parvenait au bien le plus élevé en satisfaisant ses propres désirs, et les stoïciens qu’on l’atteignait en les réprimant ; mais qu’en était-il de ces nouvelles idées ?

                        Le discours de Paul à l’Aréopage d’Athènes

            Paul commence son discours sur la colline de Mars (ou Aréopage) en leur reprochant d’être « attachés au culte des divinités » (v. 22). Parmi leurs innombrables sanctuaires, ils avaient même un autel dédié « au dieu inconnu », pour qu’il n’y ait pas un démon, inconnu d’eux, qui doive encore être apaisé. L’apôtre relève ce point et en fait le thème de sa prédication, car il était parfaitement vrai que le Dieu vivant leur était tout à fait inconnu. Paul leur annonce le Dieu qu’ils ne connaissaient pas ; et l’examen du bref compte rendu de son discours nous indique de quelle manière il place Dieu devant eux. Aux yeux de Dieu « qui a créé le monde et tout ce qu’il contient… le Seigneur du ciel et de la terre », ces Athéniens cultivés étaient tout simplement des païens ; aussi nous est-il montré ici comment l’évangile devrait être présenté à des païens.
            Paul commence donc par parler de Lui comme le Dieu créateur. En tant que tel, Il est à la base de tout. Si nous ne le connaissons pas ainsi, nous ne Le connaissons pas du tout. Cela explique pourquoi la théorie de l’évolution opère tant de ravages. Sa principale attraction pour plusieurs est qu’elle leur permet de se passer entièrement de Dieu, ou du moins de le repousser dans un arrière-plan si lointain qu’il ne vaut pas la peine de penser à Lui. Paul le met au premier plan du tableau qu’il dresse : non seulement Il a fait le monde, mais aussi toutes les choses qui y sont. Il ne peut pas habiter dans les temples érigés par les hommes ni être adoré comme s’il dépendait de leurs mains. Il est, Lui, le Dispensateur de la vie et de toutes choses. Tous les hommes sont ses créatures ; Il a fait d’un seul sang toutes les races, et Il a fixé des « périodes déterminées » et les « bornes de leur habitation » (v. 26).
            Ils avaient conservé quelques lueurs de cette vérité, et Paul peut leur citer certains de leurs propres poètes qui ont parlé de l’humanité comme étant la « race » de Dieu. En cela ils avaient raison. Nous ne devenons enfants de Dieu que par la foi dans le Christ Jésus, mais tous les hommes sont sa race, étant ses créatures. Ainsi, nous ne devons pas concevoir Dieu comme nous étant inférieur ou comme étant une œuvre de nos mains ; et nous devons être ceux qui le recherchent. Son immanence est reconnue dans les paroles : « En lui nous vivons et nous nous mouvons et nous sommes » (v. 28) ; pourtant Paul l’annonce comme Celui qui est transcendant, Celui qui est le Seigneur du ciel et de la terre.
            Mais ce Dieu créateur est aussi un Dieu de patience. Les hommes n’ont pas voulu retenir Dieu dans leur connaissance, et les nations sont ainsi tombées dans l’ignorance de Dieu. Pendant un certain nombre de siècles, les Athéniens se sont glorifiés de leur culture et de leur science, et pourtant tout au long de cette période, ils étaient dans « les temps de l’ignorance » - l’ignorance de Dieu - et Paul le leur dit clairement. Mais Dieu a « fermé les yeux sur » ou « passé par-dessus » leur ignorance, usant de patience en vue de ce qu’il allait faire par Christ.
            Maintenant Christ est venu, et Dieu se proclame comme un Dieu de juste jugement. Il a établi le jour où Il prendra les rênes du gouvernement par l’homme qu’Il a destiné à cela ; la terre tout entière sera alors jugée et administrée en justice. En vue de ce jour, la repentance est la seule chose qui convient à des hommes injustes, en tous lieux. C’est l’unique échappatoire, c’est pourquoi Dieu l’ordonne.
            La preuve de la venue de ce jour du juste jugement a été donnée par la résurrection de Christ. Ainsi Paul termine en présentant Dieu comme le Dieu de résurrection. Un événement échappant entièrement à tous les calculs humains s’était produit. Jésus avait été tiré hors de la mort à laquelle l’homme l’avait livré ! Paul avait commencé son service à Athènes en annonçant tous les jours Jésus et la résurrection parmi ceux qui se trouvaient sur la place publique (v. 17) ; il le termine avec le même sujet lorsqu’il s’adresse aux philosophes sur l’Aréopage.
            Les cerveaux actifs de ces penseurs étaient occupés du monde de l’homme, aussi la résurrection était-elle tout à fait hors de leur champ visuel. C’était une absurdité pour la plupart d’entre eux, et ils s’en moquaient. D’autres manifestent un peu d’intérêt, mais remettent à plus tard un examen approfondi, ne voyant aucune urgence en la matière. Mais quelques-uns, hommes et femmes, croient et ceux-ci unissent leur destin à celui de Paul. Ces trois classes apparaissent généralement là où l’évangile est annoncé: il y a les moqueurs, ceux qui remettent à plus tard et ceux qui croient.
            Le séjour de Paul à Athènes est de courte durée : il n’attend pas plus longtemps l’arrivée de ses compagnons, mais se rend à Corinthe. Il est donc probable que ceux qui ont dit : « Nous t’entendrons une autre fois sur ce sujet » (v. 32) n’en ont pas eu l’occasion.

 

D’après F. B. Hole

 

A suivre