REFLEXIONS SUR LES ACTES DES APOTRES (11-14)
Chapitre 11
L’opposition rencontrée par Pierre de la part des Juifs chrétiens
Un nouveau centre de diffusion de l’évangile
Chapitre 12
La persécution de l’Assemblée et l’emprisonnement de Pierre
La délivrance de Pierre
La mort d’Hérode
Chapitre 13
L’assemblée à Antioche, en Syrie, et l’appel de Saul et Barnabas
L’évangile dans l’île de Chypre
Le message de Paul à Antioche de Pisidie
Le triomphe de l’évangile, l’opposition et la persécution
Chapitre 14
Paul et Barnabas à Iconium et à Lystre
La persécution sous l’influence des Juifs
La fin du voyage à Derbe, et le retour à Antioche
Le rapport missionnaire
L’opposition rencontrée par Pierre de la part des Juifs chrétiens
Ce chapitre s’ouvre sur le trouble suscité à Jérusalem par les événements qui venaient de se produire à Césarée. Parmi les frères rencontrés dans ces assemblées, ceux qui étaient encore fortement marqués par le judaïsme reprochent à Pierre ce qu’il a fait. Celui-ci est alors amené à reprendre le sujet depuis le début et « à leur exposer les faits par ordre » (v. 4) afin que tous puissent voir que la chose était distinctement de Dieu. Il est remarquable que l’Esprit de Dieu ait jugé bon de nous laisser le récit fait par Pierre, en plus de celui que nous a donné Luc comme historien dans le chapitre précédent. Cela souligne l’importance de ce qui s’est passé si discrètement dans la maison du centurion romain. C’est un événement qui a marqué cette époque.
Le récit de Pierre nous donne naturellement son côté de l’histoire plutôt que celui de Corneille. Cependant, il ajoute un détail concernant le message de l’ange à Corneille, qui n’est pas mentionné dans le chapitre précédent. Pierre devait lui dire « des paroles » par lesquelles il serait « sauvé », lui et toute sa maison. La loi demande des œuvres à l’homme ; l’évangile apporte des paroles à l’homme, qui, si elles sont reçues, le conduisent au salut. Relevons également que Corneille et ses amis ne sont pas « sauvés » avant d’avoir entendu l’évangile et de l’avoir cru ; et pourtant, sans aucun doute, il y avait eu dans leur cœur un travail de Dieu, qui les avait amenés à le rechercher.
Les versets 15 et 16 nous montrent que, dans le don de l’Esprit à Corneille, Pierre reconnaît un baptême de l’Esprit supplémentaire à celui qui avait eu lieu à Jérusalem au commencement. Dieu faisait à l’égard des croyants d’entre les nations ce qu’il avait fait précédemment pour ceux d’entre les Juifs. Il les plaçait sur le même pied. Et qui était Pierre, ou qui que ce soit d’autre, pour résister à Dieu ?
Le récit clair et direct de Pierre fait taire toute opposition. En fait, la grâce a opéré dans le cœur des opposants et ils sont amenés non seulement à reconnaître que Dieu a donné aux nations « la repentance qui mène à la vie », mais aussi à glorifier Dieu de ce qu’il a fait. Ils considèrent la repentance comme un don de Dieu, tout comme la grâce par laquelle nous sommes sauvés par le moyen de la foi (Eph. 2 : 8).
Un nouveau centre de diffusion de l’évangile
Avec le verset 19, nous quittons Pierre et reprenons le fil du récit au verset 1 du chapitre 8. Dans l’intervalle il y a eu le travail évangélique de Philippe, la conversion de Saul qui va être l’apôtre des Gentils, et les activités de Pierre, culminant dans l’ouverture formelle de la porte de la foi aux nations. Nous apprenons maintenant que les croyants dispersés par la persécution connaissaient l’évangile, mais n’annonçaient la parole qu’à des Juifs ; tandis que certains d’entre eux, Cypriotes et Cyrénéens, se mettent à prêcher aux Grecs en arrivant à Antioche, présentant Jésus comme le Seigneur, car effectivement Il est Seigneur de tous. Ainsi ces hommes commencent à évangéliser les nations, et c’est bien l’œuvre spécifique que le Saint Esprit avait maintenant en vue. Les résultats sont remarquables. La main du Seigneur est avec ces hommes qui pourtant étaient des gens du commun, et une grande multitude croit et se tourne vers le Seigneur.
C’est ainsi qu’a été constituée la première assemblée des nations. L’œuvre prend rapidement une extension telle que l’assemblée à Jérusalem en a connaissance et qu’elle envoie Barnabas les visiter. Arrivé à Antioche, Barnabas discerne tout de suite une véritable œuvre de la grâce de Dieu.
Loin d’être jaloux que Dieu se soit servi d’autres que de lui-même ou des conducteurs à Jérusalem, Barnabas s’en réjouit et, par ses exhortations, consolide le travail. « Homme de bien, et plein de l’Esprit Saint et de foi », il ne se préoccupe pas de sa propre réputation mais n’a devant lui que la gloire de Christ. De même qu’ils avaient commencé par la foi dans le Seigneur, il les exhorte maintenant à « demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur » (v. 23-24). Pour Barnabas, seule compte l’œuvre de la grâce de Dieu, indépendamment de l’instrument employé. Ah ! si seulement l’esprit d’un tel serviteur avait pu marquer toute l’histoire de l’Eglise !
Cet homme de bien est encore caractérisé par un autre trait. Il est manifestement conscient de ses propres limites. Il sent qu’un autre que lui-même doit être l’instrument spécialement employé pour instruire ces croyants d’entre les nations, et ainsi il va chercher Saul. Il semble que Barnabas exhortait et que Saul enseignait ; ils se livrent à ce travail pendant toute une année. N’est-il pas significatif que ce soit à Antioche que le nom « chrétien » ait été employé pour la première fois ? Remarquons la place qui est donnée à la seigneurie de Christ dans ce récit de l’œuvre à Antioche ; et dans ce lieu où Christ est reconnu d’un cœur vrai et d’une manière conséquente comme Seigneur, les croyants ont une conduite qui amène les observateurs à les appeler « chrétiens ». Nous verrons au chapitre 26 que ce nom était connu d’Agrippa (v. 28). 1 Pierre 4 : 16 nous montre que l’Esprit Saint accepte cette appellation.
A la fin de ce chapitre, nous voyons la liberté avec laquelle les serviteurs de Dieu, tels les prophètes, se déplaçaient dans les différentes assemblées. Les dons dispensés dans l’Eglise doivent être employés d’une manière universelle et non pas simplement locale. C’est ainsi que par Agabus, un prophète de Jérusalem, l’assemblée à Antioche a été avertie qu’une famine allait avoir lieu et qu’elle a pu prendre les mesures nécessaires pour répondre aux besoins que connaîtraient les saints en Judée. Les croyants d’entre les nations ont eu ainsi de bonne heure l’occasion de manifester leur amour à l’égard de leurs frères d’entre les Juifs.
La persécution de l’Assemblée et l’emprisonnement de Pierre
Ce chapitre constitue une sorte de parenthèse. Nous sommes ramenés à Jérusalem pour entendre parler des persécutions qu’Hérode faisait subir aux saints, et des voies de Dieu envers lui. Jacques, le frère de Jean, connaît une mort de martyr. Il était l’un des trois disciples qui ont eu le privilège particulier d’être avec le Seigneur sur la montagne de la transfiguration, à Gethsémané, et lors de la résurrection de la fille de Jaïrus. Pourquoi alors le Seigneur n’est-il pas intervenu en sa faveur, comme Il le fit pour Pierre ? Le fait est qu’il n’intervint pas et que Jacques a été le premier des apôtres à être mis à mort. Hérode cherchait à s’attirer la faveur des Juifs, tout comme Pilate l’avait fait lorsqu’il avait crucifié le Seigneur ; et constatant que cela était agréable aux Juifs, Hérode fit prendre Pierre. Ainsi une fois encore nous voyons les Juifs dans le rôle qui leur a attiré « la colère... au dernier terme » (voir 1 Thes. 2 : 14-16).
L’arrestation de Pierre amène l’assemblée à faire monter « d’instantes prières », adressées à Dieu et non pas à l’homme. Le verset 5 place devant nous d’une manière remarquable les caractéristiques essentielles d’une fervente prière :
- une prière réelle : elle est adressée « à Dieu » ;
- une prière en commun : c’est « l’assemblée » qui prie ;
- une prière précise : elle est « pour lui », non pas dispersée sur mille et une requêtes, mais centrée sur un objet spécial ;
- une prière fervente et insistante : le genre de requêtes qui sont exaucées, selon Luc 18 : 1 et Jacques 5 : 16.
La prière de l’assemblée a pour résultat qu’un ange descend du ciel pour délivrer Pierre.
Hérode faisait garder son prisonnier par seize soldats, lié de chaînes et derrière des verrous. Il avait probablement eu vent de délivrances précédentes. Toutes ces mesures sont sans effet pour l’ange, et Pierre est libéré.
Plusieurs étaient encore assemblés et priaient dans la maison de Marie, mère de Marc et sœur de Barnabas. C’est là que Pierre se rend. Alors qu’ils supplient Dieu de délivrer Pierre, celui qui a été libéré heurte à la porte. Leur prière est exaucée ! Ils ont de la peine à le croire, et en cela ne nous ressemblent-ils pas beaucoup ? La réponse de Dieu dépasse leur foi.
Les Juifs sont frustrés et Hérode est privé de sa proie. Les seules victimes, le lendemain, sont les malheureux soldats responsables d’assurer la garde de Pierre.
Mais si Hérode ne peut plus rien faire contre Pierre, Dieu n’en a pas fini avec Hérode. Ce misérable roi, assis sur son trône, revêtu de ses vêtements royaux, se lance dans un discours pour se glorifier devant les Tyriens et les Sidoniens. C’est un immense succès diplomatique : le peuple lui rend les honneurs dus à « un dieu », et il les accepte. A cet instant, un ange du Seigneur le frappe. Lui, un simple mortel, avait accepté des honneurs dûs à Dieu seul. Aujourd’hui, certains puissants de ce monde, des simples mortels, sont très près de l’imiter, et pourtant eux aussi seront peut-être appelés à quitter misérablement la scène de la vie.
Dans ce chapitre, nous voyons l’ange du Seigneur frapper à deux reprises. Il frappe « le côté de Pierre » pour le réveiller. Il frappe Hérode pour le faire mourir sur-le-champ ; en effet, « rongé par les vers, il expira » (v. 23). Il arrive souvent que les vers rongent la chair humaine après la mort, mais dans le cas d’Hérode, c’est avant la mort. On ne peut guère concevoir une fin plus horrible. Dans le cas de Jacques, Hérode est parvenu à ses fins ; dans celui de Pierre, il a été frustré ; Dieu a renversé les rôles, lui redemandant son âme dans une scène de misère et d’agonie indescriptibles.
Le verset 24 offre un contraste frappant. Si d’une part les vers se sont développés et multipliés dans le pauvre corps d’Hérode, d’autre part la parole de Dieu croît et se multiplie dans beaucoup de cœurs. Lorsque Dieu veut renverser un adversaire, il n’a pas de grands efforts à faire : quelques vers lui suffisent pour parvenir à ses fins. La Parole de Dieu sert à accomplir son propos de bénédiction dans le cœur des hommes.
Le verset 25 fait suite au dernier verset du chapitre précédent. Barnabas et Saul étaient venus apporter à Jérusalem le don des saints à Antioche ; une fois ce service rempli, ils repartent, emmenant Marc avec eux. Le début du chapitre suivant dirige de nouveau nos pensées sur Antioche et l’œuvre qui s’y poursuit.
L’assemblée à Antioche, en Syrie, et l’appel de Saul et Barnabas
Cette grande assemblée, composée principalement de gens des nations, n’avait pas moins de cinq prophètes et docteurs. Leurs noms nous sont donnés ; ils sont très instructifs. L’un d’eux a un surnom laissant supposer qu’il était un noir (Niger signifie Noir), un autre était assez important pour avoir été un frère de lait d’Hérode, Barnabas était un Juif helléniste, Saul avait été un pharisien convaincu, et Lucius était probablement un non-Juif. Ainsi dès le début il apparaît clairement que, dans l’assemblée, ni la race ni l’éducation ne sont décisifs, mais le don dispensé d’en haut. Ces hommes servaient non seulement les saints pour les instruire, mais aussi le Seigneur par les actions de grâce, l’intercession et le jeûne. C’est au cours d’une de ces réunions privées que l’Esprit Saint donne des instructions précises, disant que Barnabas et Saul devaient être mis à part pour porter l’évangile aux nations.
Le premier et le dernier d’entre ces cinq hommes sont choisis pour cette mission. Les autres prient pour eux et s’identifient à eux par l’imposition des mains dans le service qu’ils vont entreprendre. Cette imposition des mains n’est pas ce qu’on appelle aujourd’hui « ordination », car les deux hommes choisis exerçaient déjà pleinement leur ministère. L’imposition des mains exprime toujours l’identification. Les autres disent en quelque sorte : Nous sommes tout à fait avec vous dans votre mission. Et ils peuvent les laisser aller, dans une pleine communion, sans jalousie ni rivalité.
Même ainsi, c’est en fait l’Esprit Saint qui les envoie, comme l’indique le verset 4.
L’évangile dans l’île de Chypre
Les deux missionnaires se rendent d’abord à Chypre, le lieu d’origine de Barnabas, accompagné par Marc, le neveu de celui-ci. Arrivés à Paphos, ils sont encouragés de trouver le proconsul de l’île disposé à entendre la parole de Dieu. Mais en même temps, ils ont affaire avec l’opposition de Satan. L’opposition des puissances des ténèbres est un signe encourageant plutôt que l’inverse.
Elymas était un Juif apostat, qui s’était vendu au diable pour le servir ; et il devient le principal adversaire de l’évangile à Paphos. Mais si la puissance de Satan s’exprime en lui, celle de l’Esprit Saint agit en Saul, et il se manifeste d’une manière très frappante et sans équivoque que « celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde » (1 Jean 4 : 4). Le vrai caractère de cet homme est mis à jour, et la main du Seigneur se pose sur lui en jugement. Il est remarquable que Saul soit employé maintenant pour faire venir sur un autre quelque chose de semblable à ce qui l’avait frappé lui-même. Au bout de trois jours, les écailles étaient tombées des yeux de Saul. « Une obscurité et des ténèbres » tombent sur Elymas (v. 11), et elles correspondent parfaitement à l’état ténébreux de son esprit. Le proconsul croit, mais c’est l’enseignement du Seigneur qui l’a impressionné plus que le miracle.
A partir de ce point Luc donne à Saul son nouveau nom de Paul (signifiant : petit) et dès lors aussi nous voyons l’Esprit lui confier une position dominante dans le service et le ministère ; c’est ainsi qu’au verset 13 nous lisons : « Paul et ses compagnons ». Il y a, pensons-nous, une relation voulue entre le changement de nom et le changement de position. Celui qui est petit devient le chef ; et nous avons là une illustration des paroles du Seigneur en Matthieu 18 : 4 : « Celui qui s’abaissera comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux ». Cela aurait-il un rapport quelconque avec le fait que Jean Marc les quitte à ce moment ? Nous pouvons nous poser la question. Barnabas, son oncle, était quelque peu mis dans l’ombre.
Le message de Paul à Antioche de Pisidie
Paul et ses compagnons arrivent à Antioche de Pisidie. Les chefs de la synagogue leur offrent de présenter un message et de nouveau c’est Paul qui saisit l’occasion et parle. Les versets 17 à 41 donnent le compte-rendu de sa prédication, de sorte que nous pouvons nous faire une idée précise de la manière dont Paul présentait l’évangile à un auditoire composé à la fois de Juifs et de prosélytes.
Il commence par leur rappeler que Dieu a choisi leurs pères en Egypte et les a fait sortir du pays ; et à partir de là, il va jusqu’au moment où Dieu choisit David et promit un Sauveur issu de la semence de cet homme. Il leur présente ensuite Jésus comme étant la descendance promise : Jean le Baptiseur en a rendu le témoignage. Maintenant la nouvelle du salut centré sur ce Sauveur était annoncée à tous ses auditeurs, y compris « ceux qui parmi vous craignent Dieu », c’est-à-dire les prosélytes d’entre les Gentils qui étaient là.
Il leur parle ensuite de la mort et de la résurrection de Jésus : de sa mort causée par la méchanceté des Juifs de Jérusalem ; de sa résurrection opérée par Dieu - résurrection attestée largement par des témoins crédibles. Ainsi il leur présente la « bonne nouvelle » sous deux aspects :
- D’abord Dieu a accompli sa promesse en suscitant Jésus, allusion à la venue de notre Seigneur dans le monde, selon le Psaume 2 ;
- Puis la bonne nouvelle que, si les hommes ont condamné Jésus à mort, Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, pour ne plus devoir retourner à la corruption.
Paul voit une allusion à la résurrection dans « les grâces assurées de David » (v. 34 ; Es. 55 : 3), comme aussi dans les paroles bien connues du Psaume 16, qu’il cite. La première citation a été écrite au sujet de David, et la seconde par David ; mais ni dans un cas ni dans l’autre l’Esprit de Dieu n’avait réellement David en vue, comme l’indique le verset 36. David ayant, « en sa propre génération, servi les desseins de Dieu » a vu la corruption, et les expressions de son psaume ne pouvaient s’appliquer qu’à Christ.
Maintenant que Paul a ainsi établi la résurrection de Christ, il en vient au point culminant de son message : l’annonce du pardon des péchés par cet Homme ressuscité d’entre les morts. Elle est présentée sous la forme d’un oracle, comme une proclamation divine. Il n’y a pas ici de citation de l’Ancien Testament. « Sachez-le donc », dit-il. Ils devaient recevoir ce qu’il leur annonçait, car en fait c’était Dieu qui parlait par sa bouche. En 1 Corinthiens 2 : 13, nous voyons que Paul attache l’inspiration du Saint Esprit à ses paroles ; et de ce fait nous n’avons pas d’hésitation à attribuer la même inspiration à ses écrits qui nous ont été préservés dans le Nouveau Testament. Paul dit : « Sachez… » ; ceux qui croyaient, savaient (ils pouvaient connaître). Et nous savons (nous pouvons connaître exactement de la même manière) quand nous croyons les Saintes Ecritures.
Paul ne se limite pas à cette annonce générale de pardon : il déclare aussi le résultat positif qui suit la foi au message évangélique. Par Christ, le croyant est justifié de tout. Personne ne peut être justifié par les œuvres de loi ; par la foi en Christ nous sommes justifiés de tout. Nous sommes délivrés de toute accusation qui pourrait être dressée contre nous et revêtus de « la justice qui vient de Dieu, moyennant la foi » (Phil. 3 : 9). Tout cela dépend de la foi en Christ ressuscité d’entre les morts. C’est par cet Homme, « par Lui ».
Paul termine son message par une parole d’avertissement, et cela s’accorde avec ce qu’il établit en Romains 1 : 16-18. L’évangile révèle la justice de Dieu, comme nous venons de le voir au verset 39 de notre chapitre ; mais elle est révélée en contraste avec le sombre arrière-plan de la colère de Dieu - d’où les expressions solennelles des versets 40 et 41. La citation que Paul fait du livre d’Habakuk (1 : 5) est très frappante, car le prophète parle clairement des Chaldéens. Mais, bien que l’accomplissement direct de la prophétie les concerne eux, il est évident qu’il y aura un accomplissement final plus vaste dans le jugement du jour de l’Eternel. « Aucune prophétie de l’Ecriture ne s’interprète elle-même » (2 Pier. 1 : 20).
Le triomphe de l’évangile, l’opposition et la persécution
Les versets 43 à 48 montrent que l’évangile est véritablement « la puissance de Dieu pour sauver quiconque croit » (Rom. 1 : 16). Les Juifs et les prosélytes sont les premiers à être touchés. Mais lorsque les Juifs, remplis de jalousie, soulèvent une opposition violente, les apôtres se tournent résolument vers les nations pour leur présenter l’offre du salut ; ils trouvent en Esaïe 49 : 6 un commandement clair du Seigneur pour le faire. De tout temps, la lumière et le salut pour les nations étaient dans le propos de Dieu. De nombreux non-Juifs croient, et il est ainsi manifesté qu’ils étaient destinés à la vie éternelle. Nous ne savons pas qui est destiné à la vie éternelle, de sorte que nous ne pouvons pas dire à l’avance qui croira. Quand nous rencontrons quelqu’un qui croit véritablement, nous savons aussitôt qu’il est destiné à la vie éternelle.
La Parole est annoncée non seulement à Antioche, mais dans toute la région avoisinante ; l’extension de l’œuvre suscite une persécution telle que Paul et Barnabas doivent s’en aller. Nous pourrions estimer désastreux que ces nouveaux disciples aient dû passer par la persécution et aient perdu ceux qui les enseignaient. Mais le travail qui s’était opéré dans leurs âmes était si profond qu’au lieu d’être déprimés, ils étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint. La prospérité représente sans doute souvent pour les disciples un danger plus grand que la persécution.
Paul et Barnabas à Iconium et à Lystre
A Iconium, la ville où les apôtres s’arrêtent ensuite, l’œuvre est semblable à celle qui s’est faite à Antioche. Ils entrent dans la synagogue ; ils annoncent la Parole, et une grande multitude tant de Juifs que de Gentils croient. De nouveau les Juifs suscitent l’opposition et la persécution, et craignant les émeutes, les apôtres se réfugièrent dans d’autres villes.
A Lystre, Paul accomplit un miracle remarquable. Un homme impotent dès sa naissance est guéri - un miracle qui est le pendant presque exact de celui que Pierre avait opéré (voir chap. 3). Ce dernier avait eu lieu au cœur même du judaïsme ; il avait ouvert une large brèche au témoignage, mais il avait aussi attiré la colère des chefs juifs sur les apôtres. Celui de notre chapitre est fait en présence de païens ; ceux-ci l’interprètent à la lumière de leurs fausses croyances et se seraient livrés à une fête païenne si les apôtres n’avaient pas protesté et saisi l’occasion pour leur annoncer le Dieu vivant et vrai comme le Créateur. Les Lycaoniens voulaient faire exactement ce dont Paul accuse les païens lorsqu’il leur reproche, en Romains 1 : 25, d’avoir « vénéré et servi la créature plutôt que celui qui l’a créée, lui qui est béni éternellement ».
La persécution sous l’influence des Juifs
Le verset 19 illustre l’inconstance des hommes. Ceux qui étaient tout prêts à déifier Paul sont en un tour de main dressés contre lui par certains Juifs qui suivaient ses traces ; ils le lapident jusqu’à ce qu’ils le croient mort. Paul passe maintenant par le supplice qui, avec son approbation, avait été infligé à Etienne. Dieu n’était pas intervenu dans le cas d’Etienne, mais il le fait dans celui de Paul. Il ne nous est pas possible de savoir si Paul a été lapidé effectivement jusqu’à ce que mort s’ensuive ou seulement jusqu’à en donner l’apparence : quoi qu’il en soit, son rétablissement presque instantané, son retour à la santé et aux forces ordinaires, est un miracle. Le lendemain, il s’en va annoncer l’évangile dans une autre ville, comme s’il ne lui était rien arrivé.
La fin du voyage à Derbe, et le retour à Antioche
Le voyage des apôtres se termine à Derbe ; il a été marqué par les travaux et les souffrances pour l’évangile. Sur leur trajet de retour, ils se consacrent au travail pastoral, pour fortifier et établir les âmes des disciples dans la foi. Remarquons bien qu’ils ne cachent pas aux croyants les souffrances qu’ils auront à rencontrer ; au contraire ils les préviennent qu’elles sont inévitables. Ils ne leur disent pas que sans doute ils devront traverser quelques afflictions pour entrer dans le royaume de Dieu, mais ils précisent que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut y entrer (v. 22).
Cette déclaration demeure vraie aujourd’hui. Nous pouvons essayer d’éviter les souffrances, mais sans succès. Si par lâcheté nous nous dérobons au conflit avec le monde, nous nous attirons des difficultés dans nos circonstances journalières ou même nous les introduisons au sein de l’assemblée de Dieu. L’apôtre Paul lui-même a écrit : « Notre chair n’a eu aucun repos ; nous avons été affligés de toute manière : au dehors, des combats ; au dedans, des craintes » (2 Cor. 7 : 5). Aujourd’hui nous pouvons employer un langage semblable ; seulement que de fois n’avons-nous pas à inverser la seconde partie et à dire que nous avons trop de craintes quant au « dehors » et que, par conséquent, nous sommes trop souvent entraînés dans des combats dans le cercle des saints de Dieu - or c’est « au dehors, des combats ; au dedans, des craintes ». Toutefois dans les deux cas, les souffrances sont notre part.
Au cours de leur voyage de retour, ils constatent également que parmi les convertis les plus âgés, certains manifestent un caractère propre à l’exercice de la surveillance spirituelle et ils les nomment anciens. Le discernement apostolique était nécessaire pour opérer ce choix, et aussi un véritable esprit de dépendance de Dieu, d’où la prière, et le refus de ce que la chair désire, c’est-à-dire le jeûne. Et après avoir choisi les anciens de manière à ce que tous les reconnaissent, ils ne remettent pas le reste des croyants entre leurs mains. Non, ils « les recommandèrent au Seigneur en qui ils avaient cru » (v. 23). Chaque croyant est placé dans une relation et une communion directes avec le Seigneur par la foi. Les anciens sont institués non pas pour intercepter la foi des saints, mais pour l’inciter à plus de réalité et à plus de profondeur.
Les apôtres ne passent pas par Chypre au retour, mais d’Attalie ils se rendent directement par mer à Antioche ; là ils réunissent l’assemblée et racontent tout ce qu’ils ont fait. Ce n’était pas l’assemblée à Antioche qui les avait envoyés, mais le Saint Esprit ; toutefois l’assemblée portait un grand intérêt à ces serviteurs qui étaient sortis du milieu d’elle. De leur côté les serviteurs racontent « tout ce que Dieu avait fait avec eux » (v. 27). C’est Dieu qui opérait ; ils n’étaient que les instruments dont Il s’était plu à se servir ; et c’est Dieu qui avait ouvert aux nations la porte de la foi. Le premier voyage missionnaire l’a prouvé d’une manière incontestable.
Mais malgré cela, l’accomplissement de leur service n’était en soi pas hors d’atteinte de la critique. A Antioche même, personne ne s’est opposé à eux durant leur long séjour, mais alors la plupart de ceux qui composaient cette assemblée étaient d’entre les nations. Lorsque certains descendirent de la région de Jérusalem, l’enseignement qu’ils apportaient changea tout : selon eux, la circoncision était indispensable au salut ; or Paul et Barnabas ne s’y étaient pas soumis. En lisant la première partie du chapitre 11, nous avons vu que les croyants judaïsants à Jérusalem avaient mis en question la démarche de Pierre quand il avait évangélisé les gens des nations en la personne de Corneille et de ses amis. Leur opposition avait été levée et il avait été admis que l’évangile soit annoncé aux nations. Mais maintenant, le point soulevé était qu’ils devaient se soumettre à la circoncision pour être sauvés, et que la circoncision devait être selon « la loi de Moïse », c’est-à-dire clairement liée au système légal. Paul et Barnabas s’opposent fermement à cette nouvelle exigence ; et finalement, ils montent avec quelques autres à Jérusalem vers les apôtres et les anciens pour examiner cette question.
D’après F. B. Hole
A suivre