L'EPITRE DE JACQUES (4)
2.1 : Un homme « parfait »
2.2 : L'activité de la langue, néfaste ou utile ?
2.3 : Un épouvantable mélange !
3- La sagesse du chrétien : v. 13-18
3.1 : La sagesse « d'en bas »
3.2 : La sagesse « d'en haut »
2.2 : L'activité de la langue, néfaste ou utile ?
2.3 : Un épouvantable mélange !
3- La sagesse du chrétien : v. 13-18
3.1 : La sagesse « d'en bas »
3.2 : La sagesse « d'en haut »
Jacques donne une exhortation à propos de la connaissance et de l'enseignement parmi les chrétiens (v. 1-2) ; il rattache à ce sujet celui de la langue (v. 2b-12) et celui de la sagesse (v. 13-18).
Jacques exhorte ses frères à ne pas être « beaucoup de docteurs » (c'est-à-dire des « maîtres », ou « enseignants »), sans avoir au préalable appris à être « maîtres » d'eux-mêmes. Il réprouve ainsi cette tendance à vouloir enseigner les autres, alors que l'on oublie d'appliquer d'abord à soi-même ce que l'on prêche.
Il n'est nullement question ici de mettre en question les dons octroyés par le Seigneur (Eph. 4 : 10-12) et distribués par le Saint Esprit (1 Cor. 12 : 4-11). Mais il est important pour le frère qui enseigne de vivre les vérités qu'il énonce et de veiller à accorder ses actes à ses paroles.
Le Seigneur reprochait aux scribes et aux pharisiens cette tendance à « dire » et à « ne pas faire » (Matt. 23 : 3), tandis que l'apôtre Paul pouvait affirmer : « tels que nous sommes en paroles par nos lettres, étant absents, tels nous sommes aussi de fait, étant présents » (2 Cor. 10 : 11). Avant de donner des exhortations aux croyants de Thessalonique, Paul leur rappelle sa conduite (1 Thes. 2 : 10-12) ; il exhorte Timothée à être attentif d'abord à lui-même, et à l'enseignement (1 Tim. 4 : 16). La pensée de Jésus était en parfait accord avec ses paroles (Ps. 17 : 3) ; Il pouvait dire à ses détracteurs qui lui demandaient qui il était : « absolument ce qu'aussi je vous dis » (Jean 8 : 25).
Il est très désirable que l'enseignement donné ait produit des exercices sérieux chez ceux qui le dispensent, ceci pour deux raisons :
- ils seront jugés d'autant plus sévèrement qu'ils ont reçu plus de lumière et d'intelligence que d'autres.
- nous « faillissons » (ou trébuchons) tous, en particulier par nos paroles.
Celui qui enseigne dans l'assemblée doit avoir affaire à Dieu et se souvenir qu'il sera jugé selon la place qu'il occupe, qu'il y ait été appelé par Dieu ou non. L'apôtre Pierre déclare : «Si quelqu'un parle, qu'il le fasse comme oracle de Dieu » (1 Pier. 4 : 11). Les paroles prononcées auront de l'autorité si ce qu'elles proclament est vécu par leur auteur. Enseigner les autres, tout en étant soi-même défaillant dans sa marche, ne fait qu'augmenter notre culpabilité !
Il est d'autant plus nécessaire de veiller sur nous-mêmes que nous péchons (nous « faillissons ») souvent, surtout en paroles. Remarquons l'emploi de « nous » par Jacques qui ne cherche pas à se placer au-dessus de ses frères.
Celui qui maîtriserait continuellement sa langue serait un homme parfait, car ainsi il tiendrait « tout le corps en bride » ; mais en réalité, personne n'en est capable (v. 8). Le contrôle de soi (ou « tempérance ») est mentionné plusieurs fois dans les épîtres (Gal. 5 : 22 ; 2 Pier. 1 : 6).
Sachons veiller à nos paroles, être sobres dans notre langage ; « dans la multitude des paroles la transgression ne manque pas, mais celui qui retient ses lèvres est sage » (Prov. 50 : 19).
A l'aide de plusieurs exemples pris dans la vie courante, l'auteur de l'épître montre comment nos paroles, même celles qui paraissent sans importance, peuvent produire de très grands effets, hélas souvent mauvais.
Jacques désire frapper l'esprit de ses lecteurs par de telles images :
- le « mors » permettant de conduire les chevaux
- le « gouvernail » qui dirige un navire
- un « feu » qui incendie toute une forêt
- un animal indomptable
Ainsi notre langue, bien qu'elle soit un bien petit organe de notre corps, peut être employée utilement, mais avoir aussi un rôle très néfaste.
Elle traduit inévitablement ce qui se trouve dans le coeur : « de l'abondance du coeur, la bouche parle » (Matt. 12 : 34). Elle manifeste l'orgueil qui s'y cache : « elle se vante de grandes choses » (v. 5). On comprend le langage très dur employé dans ces versets si l'on pense aux terribles dégâts que peut provoquer notre langue si elle n'est pas « tenue en bride » (Jac. 1 : 26). Des troubles graves ont pu être produits dans une famille ou dans une assemblée par une seule parole méchante.
« La langue, un monde d'iniquité... souille tout le corps » (v. 6). Jacques reprend ici ce qu'a dit le Seigneur : « ce qui sort de la bouche, c'est ce qui souille l'homme » (Matt. 15 : 11). Il se réfère au corps humain, mais ceci reste vrai si l'on pense au corps de Christ, dont chaque chrétien est un membre. Que de souillures ont pu être introduites dans l'église de Dieu par la langue !
Quel contraste entre la parole légère de Roboam qui a provoqué la division du peuple de Dieu (1 Rois 12 : 14) et la parole sage de Gédéon qui a apaisé l'esprit de ceux qui contestaient fortement contre lui (Juges 8 : 1-3) !
Le livre des Proverbes parle de la langue « fausse » (6 : 17 ; 12 : 19 ; 21 : 6), de la langue « pernicieuse » (17 ; 4), de la langue « qui médit en secret » (25 : 23)... Il présente en contraste la bouche du juste qui est une « fontaine de vie » (10 : 11), la réponse douce qui « détourne la fureur » (15 : 1), les paroles agréables qui sont « un rayon de miel, douceur pour l'âme et santé pour les os » (16 : 24).
Chrétiens, rejetons toute parole légère, « oiseuse » (Matt. 12 : 36) et toute forme de médisance (1 Pier. 2 : 1). Sachons, au contraire, prononcer la parole qui est « propre à l'édification, selon le besoin, afin qu'elle communique la grâce à ceux qui l'entendent » (Eph. 4 : 29). Que de nos bouches nous puissions louer Dieu (v. 9) et « annoncer les vertus de celui qui nous a amenés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pier. 2 : 9) !
Si la Parole de Dieu nous met en garde très souvent contre les méfaits de la langue, elle nous montre aussi l'exemple admirable de Jésus : « tous... s'étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc 4 : 22). Si nos coeurs sont remplis de sa Personne, nos paroles le montreront !
La langue n'est-elle pas un organe donné par Dieu pour le servir, lui rendre témoignage et l'adorer (Ps. 45 : 1) ?
A l'aide de nouvelles images très percutantes, Jacques s'adresse encore à la conscience de ses frères pour montrer la perversité du coeur de l'homme : de sa bouche peuvent jaillir la bénédiction et la malédiction ! Avec une affectueuse insistance (« mes frères » : v. 10, 12), il dénonce un tel mal commis avec la langue : la duplicité, la possibilité de bénir et de maudire. Ceci est contraire à la nature, car aucune fontaine ne peut faire jaillir à la fois de l'eau douce et de l'eau amère, pas plus qu'un figuier ne produit des olives ou une vigne des figues. Les chrétiens, nés de Dieu et participants moralement de la nature divine, doivent dans leurs paroles et leurs actes être conséquents avec l'ordre selon Dieu. La langue des croyants, si elle cesse d'être sous le contrôle de l'Esprit de Dieu, peut hélas rester placée sous l'influence de la chair et être activée pour le mal par Satan ! La vieille nature du croyant a été jugée et condamnée à la croix ; le « péché dans la chair » ayant été condamné (Rom. 8 : 3), le croyant est responsable de le traiter comme une chose jugée, à laquelle il n'est pas permis d'agir ! Mais dans ce cas, si son coeur jouit de la grâce et de l'amour de Christ, la louange de Dieu sera continuellement dans sa bouche (Ps. 34 : 1).
Veillons sur nos paroles afin qu'elles honorent Dieu. Faisons nôtre la prière du psalmiste : « Mets, ô Eternel ! une garde à ma bouche, veille sur l'entrée de mes lèvres » (Ps. 141 : 3).
Après avoir mis en garde contre les méfaits d'une langue indomptée, Jacques revient sur le sujet de la sagesse. Il établit le contraste entre l'homme sage et ceux qui nourrissent dans leur coeur la jalousie et les querelles. Alors que l'on serait porté à rechercher la sagesse dans les paroles, c'est dans les oeuvres qu'il faut la chercher. Dans le verset 13, sont associées « sagesse » et « intelligence », car pour honorer Dieu, il nous faut à la fois de l'intelligence spirituelle (pour connaître sa volonté) et de la sagesse (pour mettre en pratique ce qui nous a été révélé).
Rappelons quelques passages de la Parole de Dieu qui allient sagesse et intelligence :
« Voici, la crainte du Seigneur, c'est là la sagesse, et se retirer du mal est l'intelligence » (Prov. 28 : 28).
« Prenez garde à marcher soigneusement, non pas comme étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages » (Eph. 5 : 15).
« Nous ne cessons pas de prier et de demander pour vous que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d'une manière digne du Seigneur » (Col. 1 : 9-10).
C'est par des actes plein de douceur que nous montrerons notre sagesse, et non par nos connaissances. La sagesse selon Dieu ne s'acquiert pas par la philosophie humaine mais le croyant la trouve dans la personne de Christ qui « nous a été fait sagesse » (1 Cor. 1 : 30) : la vraie sagesse, c'est de Le laisser agir en nous.
Deux sortes de sagesse sont mises en contraste dans le verset 15 : « la sagesse qui descend d'en haut » et « la sagesse terrestre, animale, diabolique ».
Jacques avertit le croyant du danger de laisser agir sa vieille nature (la « chair » qui est en lui, selon Rom. 7 : 18). Il manifeste alors une sagesse « terrestre » (et non céleste), « animale » (produite par l'âme humaine), et même « diabolique » (la nature humaine, tombée sous le pouvoir du diable, a revêtu ses caractéristiques).
« La jalousie amère » et « l'esprit de querelle » sont des manifestations terrestres, et non célestes ; elles expriment les sentiments du vieil homme, et non ceux du nouvel homme.
1 Samuel 18 : 7-9 montre en Saül un exemple de « jalousie amère » : il aurait dû se réjouir de la victoire de David et reconnaître avec droiture que lui-même avait eu peur de Goliath ! Sachons nous réjouir du bien que Dieu produit par le moyen de nos frères.
« Un esprit de querelle » peut être provoqué par de simples paroles blessantes, manifestant la méchanceté du coeur. Il conduit à du « désordre » et « toute espèce de mauvaises actions » parmi les enfants de Dieu. Le remède sera alors de s'humilier, de reconnaître que l'orgueil s'est manifesté et de suivre l'exemple donné par l'apôtre Paul en Phil. 2.
Le nouvel homme est caractérisé par « la sagesse qui descend d'en haut ». Cette sagesse porte les caractères que le Seigneur a parfaitement montrés dans son humanité. Revêtant 7 caractères, la sagesse d'en haut est :
- « pure » : ce qui vient du ciel n'est atteint d'aucune souillure ; si le coeur est en ordre devant Dieu, cela se voit au dehors.
- « paisible » : celui qui reflète le Dieu de paix recherche les choses qui tendent à la paix (Rom. 14 : 19).
- « modérée » : le chrétien dont la « douceur » devrait être connue de tous les hommes (Phil. 4 : 5) évite tout excès dans ses paroles et dans sa conduite.
- « traitable » (ou conciliante) : il n'insiste pas sur ses droits
- « pleine de miséricorde et de bons fruits » : le croyant qui sait que « miséricorde lui a été faite » (1 Tim. 1 : 13) désire en user lui-même (Luc 6 : 36)
- « sans partialité » : le sage se garde de porter de jugement ou de prendre parti pour l'un ou pour l'autre (1 Cor. 4 : 5-6 ; 1 Tim. 5 : 21b).
- « sans hypocrisie » : la sagesse s'accompagne aussi de la simplicité et de la sincérité.
Un chrétien caractérisé par cette sagesse procurera la paix (v. 18). Un fruit précieux sera ainsi récolté. Un bel exemple de ce fruit est donné par la prospérité et la paix apportées par Mardochée à son peuple, comme résultat de sa conduite (Est. 10 : 3).
Demandons à Dieu de faire partie de ces « bienheureux qui procurent la paix » (Matt. 5 : 9).