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LE LIVRE DE JOSUE (2)

ou l'ombre de la plénitude des bénédictions à venir en Christ


Ordre donné au peuple d'attendre trois jours
Qui est pour l'Eternel ?
Le royaume à venir
 

Ordre donné au peuple d'attendre trois jours

            « Et Josué commanda aux officiers du peuple, disant : Passez par le milieu du camp, et commandez au peuple, disant : Préparez-vous des provisions, car dans trois jours vous passerez ce Jourdain pour aller prendre possession du pays que l'Eternel, votre Dieu, vous donne pour le posséder » (Jos. 1 : 10-11).

            L'exhortation émouvante que nous avons considérée (v. 6-9) eut un résultat immédiat. Josué la communiqua avec autorité aux officiers d’Israël qui commandèrent au peuple de se tenir prêt à l'action. C'est ainsi que le camp tout entier se leva.

                        L’énergie produite par l’Esprit de Dieu dans des instruments choisis

            Lorsque Christ, par l'Esprit, touche le cœur des siens, Il le fait par des conducteurs de son choix. Josué communiqua l'exhortation divine aux officiers et par leur moyen elle fut transmise jusqu'au plus humble soldat de l'armée de l'Eternel. C'est ainsi que Dieu, par son Esprit, a agi au moyen d'instruments de son choix pour établir le christianisme ou remettre en lumière, dans sa grâce, la grande vérité de la justification par la foi au temps de la Réforme, ou ranimer dans le cœur de ses saints un amour brûlant pour les âmes, aux jours de Whitfield et de Wesley. Ce sont d'abord les surveillants établis sur son peuple qui sont saisis par la vérité de la Parole, puis, par leur moyen, le peuple lui-même. Christ, par le Saint Esprit, réveille et rend efficaces dans le cœur de ceux qu'Il a choisis, les vérités de l'Ecriture qu'Il lui plaît de remettre en lumière dans l'Eglise en général. Dans la scène décrite ici, la Parole va suivre les chemins voulus par Dieu, jusqu'au moment où le camp tout entier sera soulevé par la même énergie produite d'abord chez Josué.
            Si la vérité produit dans l'âme du soldat chrétien une énergie visible dans sa vie et dans son comportement, il devient, à un niveau plus ou moins élevé, un « officier » dans l'armée du Seigneur. Selon la liberté d'action du Saint Esprit en lui, il sera chef de centaine ou de millier. La puissance de Christ qui est en lui influencera d'autres chrétiens et les conduira dans les voies du Seigneur. Il est bon de se rappeler que c'est seulement dans la mesure où le croyant demeure continuellement sous l'effet de la Parole de Dieu qu'il peut avoir une bonne influence sur d'autres, touchant la pensée du Seigneur. Un chrétien qui est en communion avec Christ peut seul exercer une réelle autorité spirituelle. Plusieurs qui, autrefois, étaient des « officiers » dans l'armée de Dieu, ne sont plus aujourd'hui que des conducteurs infidèles, pour avoir abandonné leur position de dépendance de Christ. Plus grande était hier leur influence quant au bien et plus grande est aujourd'hui leur influence quant au mal ! C'est ce que nous découvrirons bientôt dans l'exemple d'Acan et de ces « princes » qui se laissèrent tromper par les Gabaonites.

                        La préparation du soldat de Christ

            Malgré l'effervescence que le commandement produisit dans le camp, le peuple dut préparer des provisions et attendre un certain temps avant de traverser le Jourdain : « Et Josué commanda aux officiers du peuple, disant : … Préparez-vous des provisions, car dans trois jours vous passerez ce Jourdain pour aller prendre possession du pays que l'Eternel, votre Dieu, vous donne pour le posséder » (Jos. 1 : 10-11). Il était convenable que tout se fasse avec ordre dans le camp.
            Une préparation était nécessaire. En fait, c'était l'essentiel des dernières paroles de Moïse. Elles nous sont rapportées à la fin des livres des Nombres et du Deutéronome. Il y avait chez lui le grand désir que le peuple contemple le pays de Canaan avant de s'en approcher et d'y entrer. Il fallait un état moral convenable, un esprit de séparation pour Dieu. Il était nécessaire qu'ils soient dépendants et que le sentiment de sa grâce remplisse leurs cœurs. Nous ne saurions trop insister  sur l'importance pratique que présentent de telles leçons pour chacun d'entre nous.
            Une préparation est nécessaire pour le soldat de Christ qui entend Ses paroles. Nous devons apprendre qu'avec notre énergie humaine nous sommes incapables de traverser le fleuve de la mort, ou de faire tomber les murailles des forteresses de ce monde. Si nous avons à cœur de suivre le Seigneur, ce doit être de la manière qu'Il choisit. L'impulsivité n'est pas la foi. Aller de l'avant avec, pour tout bagage, une connaissance de la vérité de Dieu acquise avec nos capacités personnelles, ce n'est pas être conduit par l'Esprit. Dieu ne veut pas que les siens agissent sous l'impulsion d'une connaissance fraîchement acquise. Ce serait souvent une bonne chose si, au lieu d'agir précipitamment, sous l'empire d'une vérité que l'on vient seulement de découvrir, on savait d'abord s'arrêter, ne serait-ce que trois jours, pour l’assimiler. Alors par la puissance de l'Esprit de Dieu, elle serait vraiment reçue par le « nouvel homme » en nous.
            Le camp devait donc d'abord s'organiser d'une manière convenable pour traverser le Jourdain. Les circonstances des fils d'Israël n'étaient plus celles qu'ils avaient connues lors de leur sortie précipitée d'Egypte. De même, un soldat de Christ doit lui être soumis, prêt à être utilisé, ferme, calme et affermi par la grâce. La vérité de Dieu doit faire vraiment partie intégrante de notre être, sinon notre faiblesse se manifestera au jour du combat. Mais si la connaissance de la Parole divine est gravée profondément dans notre cœur, elle nous soutiendra au moment où le besoin s'en fera sentir. La simple connaissance n'est d'aucun secours en présence de l'Ennemi. Une vérité saisie par l'intelligence naturelle ou que l'on tient de quelqu'un d'autre, sans en avoir fait personnellement l'expérience, est dépourvue de puissance. La connaissance est source de puissance pour le chrétien s'il est rempli du Saint Esprit.
            Il n'est nul besoin d'un laps de temps déterminé pour que s'opère un exercice d'âme nécessaire, car Dieu peut obtenir - et Il obtient en fait - des résultats identiques dans les âmes des siens en des temps très différents. Ce qui est indispensable, c'est une connaissance pratique, une expérience vécue de la vérité de Dieu.

                        « Trois jours » d’attente

            Les « trois jours » dont il est question semblent nous ramener en arrière, au temps de la sortie d'Egypte des fils d'Israël. Autant que nous pouvons le savoir, trois jours s'écoulèrent entre la nuit où ils quittèrent le pays d'esclavage et le moment où leur salut fut pleinement accompli à la Mer Rouge. « Trois jours », voilà qui nous parle aussi de ce temps si familier, celui qui s'est écoulé depuis la Croix jusqu'au tombeau vide du Seigneur Jésus Christ. Israël avait quitté l'Egypte grâce à la mort de l'agneau pascal, et la traversée de la Mer Rouge l'avait mis définitivement hors de danger. Sur les rivages de la mer, ce cantique s'était élevé : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l'as guidé par ta force jusqu'à la demeure de ta sainteté » (Ex. 15 : 13). Leur place dans la demeure de la sainteté de l'Eternel était le thème de leur cantique, et tel était bien le conseil de Dieu à leur égard. A ce moment-là, ils entrèrent dans la compréhension des desseins de Dieu à leur égard avec un sentiment d'exultation et de triomphe, en chantant : « Tous les habitants de Canaan se sont fondus » (v. 15). Mais ensuite il y avait eu le désert, avec ses quarante longues années inattendues de mise à l'épreuve. Ces années étaient désormais révolues, et leur héritage, était de nouveau au centre de toutes les pensées dans le camp. C'est alors que cette attente de trois jours leur fut imposée par Dieu.
            Sittim, dernière étape de leur pérégrination dans le désert, était derrière eux : Sittim, où fleurissent les acacias, ces arbres dont le bois servit à faire les ais du tabernacle et l'arche de Dieu ; Sittim, avec ses souvenirs du désert et ceux, tellement sombres, du péché du peuple avec Moab ! « Et Josué se leva de bonne heure le matin ; et ils partirent de Sittim et vinrent jusqu'au Jourdain, lui et tous les fils d'Israël, et là ils passèrent la nuit avant de traverser » (Jos. 3 : 1).
            Arrêtons-nous quelque temps, nous aussi, sur les rives de « notre » Jourdain. Son lit est à la fois large et profond, et ses flots sont rapides. Qui jettera pour nous un pont ou nous le fera traverser ? La puissance divine, et elle seule, peut nous introduire, sur l'autre rive, dans la gloire de notre Canaan céleste ! Notre héritage est en Christ, dans le ciel et il n'est accessible à l'homme que par la mort de Christ. La mort, en elle-même, est synonyme de destruction pour l'homme. Ses flots rapides auraient tôt fait de l'emporter sans retour. Contemplons leur profondeur, et méditons ; Christ, dans sa mort pour nous, n'en deviendra que plus précieux à nos yeux, et la grâce de Dieu envers nous, en nous associant à Christ dans sa mort, ne nous paraîtra que plus grande encore. Savoir que nous sommes morts en Christ est la première des conditions requises pour devenir un soldat de Christ.

 

Qui est pour l'Eternel ?

            « Et Josué parla aux Rubénites, et aux Gadites, et à la demi-tribu de Manassé, disant : Souvenez-vous de la parole que Moïse, serviteur de l'Eternel, vous a commandée, disant : L'Eternel, votre Dieu, vous a donné du repos, et vous a donné ce pays. Vos femmes, vos enfants, et vos troupeaux, demeureront dans le pays que Moïse vous a donné en deçà du Jourdain ; et vous passerez armés devant vos frères, vous tous, les vaillants hommes, et vous leur aiderez jusqu'à ce que l'Eternel donne du repos à vos frères, comme à vous, et qu'eux aussi, ils possèdent le pays que l'Eternel, votre Dieu, leur donne ; alors vous retournerez dans le pays de votre possession, et vous le posséderez, celui que Moïse, serviteur de l'Eternel, vous a donné en deçà du Jourdain, vers le soleil levant » (Jos. 1 : 12-15).

            Aussitôt après avoir donné ses ordres aux officiers du peuple, Josué s'adressa tout spécialement « aux Rubénites, et aux Gadites, et à la demi-tribu de Manassé », ces deux tribus et demie qui avaient déjà reçu leur héritage en deçà du Jourdain, du côté du désert. C'était un message bien différent de celui qu'avaient reçu les « officiers du peuple » et, de fait, il apparaît de diverses manières que les deux tribus et demie se distinguaient des neuf autres tribus et demie.

                        Deux tribus et demie restées à l’Est du Jourdain

            Un sujet de réflexion d'un profond intérêt s'offre ainsi à nous. Il ne concerne pas seulement l’histoire d'Israël telle que la rapporte le livre de Josué, mais nous concerne aussi personnellement, puisque « toutes ces choses leur arrivèrent comme types, et elles ont été écrites pour nous servir d'avertissement, à nous que les fins des siècles ont atteints » (1 Cor. 10 : 11).
            Pour se faire une juste opinion sur un mouvement moral ou spirituel, il faut remonter à sa source. Nous aurons un aperçu des premiers principes qui amenèrent les deux tribus et demie à rechercher leur héritage à l'Est du Jourdain en nous reportant au chapitre 32 du livre des Nombres. Là, il nous est dit comment ces tribus « virent le pays de Jahzer et le pays de Galaad, et voici, le lieu était un lieu propre pour des troupeaux » (v. 1). « Et ils dirent : Si nous avons trouvé faveur à tes yeux, que ce pays soit donné en possession à tes serviteurs ; ne nous fais pas passer le Jourdain » (v. 5). Pour parler franchement, ils ne désiraient pas entrer dans l'héritage vers lequel Israël tournait ses regards et dans lequel il mettait toutes ses espérances. Ils étaient bien décidés à rester dans les riches pâturages de Moab. Prendre ses aises sur la rive orientale du fleuve, s'y bâtir des villes, c'était rester en deçà du propos divin qui était de bénir Israël ; et leur déclaration - « car nous n'hériterons pas avec eux au-delà du Jourdain, ni plus loin, parce que notre héritage nous est échu, à nous, de ce côté du Jourdain, vers le levant » (v. 19) – est l'expression d'un refus délibéré de s'établir dans la partie d'Israël qui leur revenait légitimement. C'est aussi l'indice d'un esprit de séparation d'avec ceux qui voulaient être fidèles à la parole de la promesse. Cette détermination des deux tribus et demie souleva l'indignation de Moïse. Il y avait de quoi provoquer l'Eternel à colère contre tout Israël. Et la vue des deux tribus et demie se complaisant dans la jouissance de ce qui avait déjà été conquis pouvait décourager le reste du peuple d'aller à la conquête de ce que l'Eternel avait promis devoir être la portion de tous. Moïse compare leur désir au péché des espions d'Eshcol et y voit la promesse, pour Israël, d'une nouvelle moisson de fruits amers qui serait la conséquence de leur mépris du Pays de la promesse. Attristé par leur état d'esprit, Moïse leur parle en ces termes : « Vos frères iront-ils à la guerre, et vous, vous habiterez ici ? Et pourquoi découragez-vous les fils d'Israël de passer dans le pays que l'Eternel leur a donné ? » (v. 6-7). Et ils s'approchèrent de lui et dirent qu'ils laisseraient leurs femmes, leurs enfants et leurs troupeaux derrière eux, pendant qu'eux-mêmes iraient à la guerre. Celui qui cherche des expédients trouve toujours des arguments spécieux, mille manières d'arriver à ses fins. Mais c'est une triste chose de combattre les combats de Dieu, si l'on n'agit pas pour Lui seul, car là où est le trésor, là aussi sera le cœur (Matt. 6 : 21). Que ceux qui n'héritent pas en esprit « au-delà du Jourdain, ni plus loin », ceux qui ne combattent pas le combat de la foi d'un cœur non partagé, considèrent bien ce que signifient ces mots : « habiter ici ».
            Un croyant languissant est une terrible entrave pour ses frères pieux. C'est ainsi que Dieu est déshonoré et que l'on se fait tort à soi-même. Mais l'on frustre aussi les autres de leur zèle. Un faux pas en entraîne généralement un autre, le mal engendrant le mal. Ces tribus, qui avaient d'abord cherché à vivre d'expédients, firent ensuite preuve de propre volonté et montrèrent des tendances schismatiques ? « nous n'hériterons pas avec eux ». Pour arriver à leurs fins, elles étaient prêtes à faire une brèche en Israël. « Nous » et « eux », disent-ils à propos de la famille une et indivisible ! L'Eternel avait donné à son peuple un seul et unique héritage, mais ils voulaient avoir le leur, et Israël aurait le sien ! « Nous ne reviendrons pas dans nos maisons,  jusqu'à ce que les fils d’Israël aient pris possession chacun de son héritage » (v. 18). Moïse accepta le « compromis » aux termes duquel les hommes de ces deux tribus et demie qui étaient équipés pour la guerre passeraient devant les fils d'Israël pour aider à les introduire « en leur lieu ». Il n'en reste pas moins qu'ils n'eurent pas d'héritage « au-delà du Jourdain ».
            Dieu leur permit de réaliser leurs désirs. Il permet souvent aux siens d'agir à leur guise pendant un certain temps ; tôt ou tard, l'homme moissonne ce qu'il a semé (Gal. 6 : 7). Moïse en avertit les deux tribus et demie au moment où elles prirent leur décision : « et sachez que votre péché vous trouvera » (v. 23).
            En rapport avec l'échec de l'ensemble de la nation dans sa prise de possession du pays, il peut être profitable de considérer l'origine de la promesse divine faite à Israël touchant son héritage.
            L'Eternel avait fait alliance avec Abraham, et donné à sa semence le pays de Canaan ainsi que les régions avoisinantes depuis le Nil jusqu'à l'Euphrate (Gen. 15 : 18). Tout ce pays fut donné inconditionnellement à la semence. C'est là un exemple de son désir de donner. Et si nous sommes appelés à le contempler, il faut laisser de côté cet autre aspect : la responsabilité confiée à l'homme de s'emparer de son héritage. Il est vrai - et c'est vrai pour les saints aujourd'hui - que le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ, selon qu'Il nous a élus en lui. Ces bénédictions sont la part de tous les saints, selon le propos et par la volonté de Dieu. La responsabilité humaine n'a absolument rien à y voir ; toutes ces grâces sont nôtres en Christ, et nous ne sommes pas bénis en fonction de notre conduite, mais « selon qu'il nous a élus en lui avant la fondation du monde » (Eph. 1 : 4). Voilà qui montre le caractère absolu et les dimensions infinies de nos bénédictions en Christ.
            Mais cette faveur immuable de Dieu ne diminue en rien notre responsabilité. Quand la semence d'Abraham fut élevée au rang de nation, l'Eternel s'adressa à elle touchant la promesse qu'Il avait faite à Abraham. Il mit alors son peuple devant sa responsabilité, en disant : « Si tu écoutes attentivement sa voix (celle de l'ange qu'Il avait envoyé), et si tu fais tout ce que je dirai, je serai l'ennemi de tes ennemis et l'adversaire de tes adversaires » (voir Ex. 23 : 20-33). La prospérité d'Israël était donc conditionnelle puisqu'elle dépendait de son obéissance. L'héritage promis était le leur à cause de la souveraineté de Dieu ; mais leur prospérité dépendait de leur conduite, et il en est de même pour le chrétien !
            A nouveau, quelque quarante ans plus tard, alors qu'Israël était sur le point d'entrer dans l'héritage promis, l'Eternel lui réitéra l'ordre d'obéir à sa Parole pour obtenir la victoire (Deut. 11 : 22-23). Il ajouta à cette nécessité d'obéir aux commandements celle d'une prise de possession effective (v. 24-25). Là aussi, il en est de même pour les croyants aujourd'hui : l'obéissance à la Parole, et l'entrée par la foi dans les bénédictions spirituelles, leur sont nécessaires pour prendre pratiquement possession de leur héritage. Il n'y a aucune incompatibilité entre la souveraineté de Dieu dont Il use pour bénir les siens, et leur responsabilité d’obéir à sa Parole. Dieu, par grâce, a assuré aux siens, en Christ, toute bénédiction spirituelle. Mais tout homme moissonne ce qu'il sème. Les deux tribus et demie sont la preuve de cette vérité. Elles étaient déterminées à ne pas aller jusqu'au bout dans la conquête du Pays, et ce furent elles qui partirent les premières en captivité.

                        S'engager dans le combat spirituel afin de remporter des victoires pour Dieu

            Dans cette partie de l'histoire d’Israël qui nous occupe, nous sommes dans le camp, au moment de traverser le Jourdain. Nous tournons le dos au désert et au Midi et regardons du côté du Liban, vers le Nord. Le pays s'étend de l'autre côté du Jourdain, jusqu'à la Méditerranée, sur notre gauche, et l'Euphrate en forme la frontière orientale, à droite. Toute cette vaste étendue appartient à Israël, en vertu de la promesse ; mais le pays qui lui a été donné tout spécialement, et pour lequel le peuple avait quitté l'Egypte afin d'hériter, était « au-delà du Jourdain », et les nations qu'il s'agissait de déposséder étaient à l'Ouest du fleuve, non pas à l'Est où les deux tribus et demie avaient choisi leur part d'héritage.
            Pour pouvoir « posséder », Israël devait d'abord « déposséder ». Il en est ainsi pour le chrétien, il n'obtient rien qu'il n'ait d'abord gagné en dépossédant l'Ennemi.
            Dans les parties d'exhortation adressées à ces deux tribus et demie, il est impossible de ne pas sentir que leur conducteur s'adresse à des hommes qui, bien que faisant partie d'Israël, ont des intérêts et des buts différents de ceux de la nation. Tandis qu'il leur parle, Josué semble tourner sa face vers les montagnes de Galaad plutôt que vers celles du Liban ; il semble regarder « vers le soleil levant » plutôt que « vers le soleil couchant ». Il fait appel à tous les vaillants hommes de leurs tribus, mais à cet appel ne répond qu'un tiers environ de ces hommes de guerre.
            Deux points de vue sont ainsi directement présentés : celui de Josué - ou plutôt de l'Eternel - et celui des deux tribus et demie. Canaan, le pays des Héthiens, était pour Josué, sur la rive du Jourdain. Il représentait vraiment la patrie, tandis que, pour les deux tribus et demie, Galaad était leur patrie ! L'idée que nous nous faisons des choses spirituelles dépend de notre propre appréciation. Veillons à apprendre notre christianisme tel que Dieu nous l'enseigne. Il se déploie de l'autre côté de la mort, il est basé sur la résurrection avec Christ. Que cette rive-là du fleuve soit bien notre patrie !
            Galaad était leur demeure. Or un chrétien est dans sa vie ce qu'il est d'abord chez lui. Il se peut qu'il sorte parfois pour la guerre, mais rien ne révèle mieux son état spirituel que le caractère de sa vie intime. Pendant toute la durée de leurs guerres en Canaan, ces quarante mille hommes se battirent pour d'autres qu'eux-mêmes. Il est très solennel de voir des chrétiens, dans leurs combats spirituels, n'être pour ainsi dire que des troupes auxiliaires. Les vrais soldats chrétiens sont rares ; ce sont des soldats à vie. Pour de tels hommes, tout est subordonné à leur grand et unique but : plaire à Celui qui nous a enrôlés pour la guerre. Les femmes, les enfants et les troupeaux, restés à l'Est du fleuve, là où se trouvait la véritable demeure de ces quarante mille, étaient leurs réelles attaches. Tôt ou tard, ces hommes de guerre rentreraient chez eux ; pas un seul ne resterait soldat de l'autre côté du fleuve sa vie entière ! Les guerres de l'Eternel mettent l'homme à l'épreuve. Tous les enfants de Dieu doivent s'engager dans le combat spirituel, mais, tout comme les quarante mille, nombreux sont ceux qui combattent le combat de la foi avec la perspective de retourner à leurs aises et à leurs plaisirs d'ici-bas ! Trop rares sont ceux qui poursuivent la lutte dans le but de remporter des victoires pour Dieu ; la pensée de se reposer avant d'avoir atteint leur glorieuse patrie ne les effleure même pas.
            Il est bien certain que l'aide de chaque croyant, et toute parole d'encouragement, sont les bienvenues, mais il serait combien plus souhaitable que « tous les saints » connaissent ce véritable caractère de soldat chrétien !
            Certains pensent que la réponse courageuse des versets 16 et 18 du chapitre 1 est celle de l'ensemble des fils d'Israël, rapportée par les capitaines à leur chef. Dans ce cas, le pronom « ils » ne représenterait pas seulement les quarante mille hommes des deux tribus et demie mais le peuple tout entier qui se serait joint aux quarante mille pour répondre aux paroles de Josué. Si tel est le cas, c'est l'admirable et ferme réponse de la foi, celle de la nation sortant avec ardeur pour livrer les combats de l'Eternel ! Israël était l'armée que Dieu avait choisie pour détruire Jéricho. Israël entra en Canaan pour en chasser les habitants iniques de tout le pays. Il pourrait accomplir cette œuvre de jugement par la puissance de l'Eternel. Sa foi ici était à la hauteur de l'exhortation divine et faisait écho à cet ordre remarquable : « Seulement fortifie-toi et sois ferme ».

 

Le royaume à venir

            « Moi, Jean… qui ai part au royaume et à la patience en Jésus » (Apoc. 1 : 9).          
            « Par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, après qu'on en eut fait le tour sept jours durant » (Héb. 11 : 30).

                        Jéricho, une figure de ce monde sur lequel Dieu exécutera son jugement

            Jéricho, située dans la magnifique plaine du Jourdain, était vraiment la « ville des parfums ». C'était une cité extrêmement forte, dans un site d'une exquise beauté. Jéricho est une figure de ce monde promis au jugement par le décret de Dieu. Christ descendra du ciel avec ses saints, et, par un feu consumant, exécutera le jugement sur les peuples de la terre. Il abattra la puissance et bouleversera les fondations de ce monde, et, après cela, Il établira son royaume et son règne. Non seulement le système actuel de ce monde sera détruit, mais son dieu sera saisi et enfermé dans l'abîme pendant le règne de Christ (Apoc. 20 : 1-3).
            La venue de Christ a été continuellement proclamée par les premiers chrétiens, et les droits de son royaume ont été constamment affirmés. Ce témoignage qui vient du cœur, touchant les jugements de Dieu, effraye toujours ceux qui ne sont pas prêts. De nos jours, l'attente de la venue de Christ en jugement sur cette terre, comme de son royaume à venir lorsqu'Il régnera sur elle, tient trop peu de place dans le témoignage des chrétiens. Nous ne parlons pas de la connaissance pure et simple de la venue de Christ, qui n'a aucune vertu pour toucher les âmes. Selon le bon plaisir de Dieu, près de deux mille ans se sont écoulés et le jugement annoncé depuis longtemps semble tarder encore ; le royaume de Christ n'est toujours pas établi en puissance sur la terre. Il y a un double but à cela, car c'est la volonté de Dieu que, d'une part, Son peuple apprenne pratiquement ce qu'est ce monde et que, d'autre part, certains caractères du monde s'affirment encore.
            Il a fallu quarante ans pour qu'Israël apprenne les leçons du désert, mais, dans les desseins de Dieu, ces quarante années ne furent pour ainsi dire qu'un pas pour passer d'Egypte en Canaan, car pour Lui mille ans ne sont qu'un jour. Le désert intervint comme une sorte de test pour éprouver le peuple, tout comme les expériences du désert mettent à l’épreuve aujourd'hui les enfants de Dieu. Le but de Dieu pour ses saints, c'est la gloire avec Christ, et le règne avec Christ. C'est pourquoi, la foi regarde droit en avant et recherche la gloire et le royaume. La foi sait que l'ordre de ce monde doit être renversé, et que Christ doit régner, et, dans la puissance de l'Esprit de Dieu, elle attend les jugements à venir et l'établissement du royaume, tout en apprenant les leçons de la vie.
            Selon les desseins de Dieu, les voies du monde doivent atteindre leur plein développement, certains caractères du mal doivent atteindre leur comble, avant que Christ ne vienne sur la terre en jugement. C'est pourquoi, puisque le jugement se fait attendre, on peut dire que « l'iniquité des Amoréens n'est pas encore venue à son comble » (Gen. 15 : 16). Cependant, le chrétien doit fixer son regard sur Celui dont la venue dans les nuées peut avoir lieu à tout moment, tout en se réjouissant de la longue patience de Dieu dans sa grâce envers les pécheurs. Son évangile est encore annoncé.
            Le déroulement des événements n'est pas l'étoile d'après laquelle le chrétien dirige ses pas. « Que dit l'Ecriture ? » : c'est la réponse à cette question qui le guide.

                        L’envoi des deux espions

            Suivons ces deux hommes que Josué avait envoyés secrètement du camp de Sittim pour reconnaître Jéricho. Tous les incidents qui se rapportent à leur mission portent les caractères d'un travail caché, et il en est de même aujourd'hui où un travail secret de Dieu se poursuit, tandis que les voies du monde s'étalent aux yeux de tous. La foi dans la parole de Dieu quant au jugement qui est sur le point de s'accomplir, est une force extraordinaire, dans notre Jéricho à nous, pour persévérer dans ce travail caché qui consiste à gagner des âmes pour Dieu.
            Les deux espions furent dirigés par Dieu (Jos. 2 : 1) dans la ville, jusqu'à la maison même où ils allaient trouver un cœur préparé. Pas de temps perdu pour ceux qui agissent par la foi : ils sont conduits par Dieu au bon endroit, et vers les personnes qu'il faut ! Apparemment, il était bien improbable qu'on puisse trouver dans la maison de Rahab la crainte de l'Eternel ! Mais Dieu ne se trompe jamais, et ceux de Ses serviteurs qui se laissent diriger par Lui dans ce qu'ils font ne s'égarent pas !
            Debout à côté de Rahab sur le toit de sa maison (v. 8), si nous promenons nos regards alentours, nous apprenons une leçon pour nous-mêmes aujourd'hui. Nous sommes frappés par le développement et les progrès récents de cette ville : ses hautes murailles, ses portes d'airain ! Regardons aussi le paysage : depuis la création du monde, les montagnes s'élèvent ; les coteaux s'empourprent des fruits de la vigne, car déjà c'est le temps de la moisson ! … Le cœur se gonfle d'un sentiment de prospérité, de l'espoir d'une splendeur toujours croissante, et de la vive attente de l'avenir. Comme le monde est loin de songer que la faucille, qui va être mise à la moisson, est celle du jugement !
            L'antique Jourdain coule toujours, « regorgeant par-dessus tous ses bords », comme pour dire orgueilleusement : « Je suis infranchissable pour l'ennemi qui approche ! » Le soleil - que l'on adore ici - poursuit au ciel sa course majestueuse et se couche derrière les montagnes, embrasant les vallées odorantes... Les affaires dans la cité, son commerce, son luxe, tout va son train comme autrefois. On mange, on boit, on se marie et on donne en mariage, on naît et on meurt comme dans les générations précédentes.
            Pour les moqueurs de la ville, la légende du jugement s'est usée. Quarante longues années auparavant, eux-mêmes ou leurs pères avaient appris comment l'Eternel avait asséché les eaux de la Mer Rouge en faveur de ce peuple qui, maintenant, revendiquant son droit sur leur pays, se trouve à leurs portes mêmes ! Mais la légende est ancienne, ils n'ont rien à craindre désormais !
            Le témoignage quant à la venue de Christ et à Son royaume terrestre est déjà tourné en ridicule. « Où est la promesse de sa venue ? Car, depuis que les pères se sont endormis, tout demeure dans le même état depuis le commencement de la création » (2 Pier. 3 : 4). Admettons qu'il en soit ainsi, mais « quand ils diront « Paix et sûreté », alors une subite destruction viendra sur eux » (1 Thes. 5 : 3).
            On ne peut nier les effets destructeurs de la raillerie des incroyants, pas plus qu'on ne peut nier la puissance du témoignage rendu à la venue du Seigneur et à son Royaume par la vie même des siens. Quand un croyant, dans la puissance de la foi, rend témoignage par sa manière de vivre la réalité de la venue de Christ, alors les hommes tremblent. Le fait de mettre en pratique ce que l'on croit convainc les âmes. L'intelligence doctrinale ne convainc personne mais la conduite pratique est irréfutable. « Cette personne possède quelque chose que nous n'avons pas », dit-on de celui qui « vit » Christ, et une telle vie est une preuve de la foi en l'éternité.
            Les deux espions étaient une preuve vivante de leurs espérances : ils venaient à Jéricho, non pas dans le but de s'y installer, mais pour reconnaître la ville et en repartir. Le chrétien est envoyé dans le monde pour être un témoin de Dieu ainsi que de la venue et du royaume de Christ. Satan ne peut pas détruire la vérité, mais il en annule la puissance partout où le témoignage du peuple de Dieu se réduit à des mots et est dénué de l'énergie de la foi.

                        L’acte de foi de Rahab

            Tandis que les deux espions s'entretenaient avec Rahab, écoutant son étrange histoire de cœurs qui se fondaient et de courage qui défaillait à cause de la puissance de l'Eternel, le roi de Jéricho apprit que ces hommes se trouvaient dans sa ville. Aussitôt naquit, entre lui et Rahab, une hostilité formelle. Toute alliance avec l'ennemi est folie. Il est indispensable que le peuple de Dieu rompe avec le monde et Satan, et ce n'est qu'en se rangeant du côté de Dieu que l'on trouve la sécurité. Satan sait qu'il est condamné ; il connaît la Bible mieux que les hommes ; il n'est pas incroyant. « Les démons aussi croient, et ils frissonnent » (Jac. 2 : 19). Satan sait que « le royaume du monde » de Christ vient sûrement (Apoc. 11 : 15), que lui-même ne sera pas toujours « le dieu de ce siècle » (2 Cor. 4 : 4), et que bientôt les royaumes de la terre auront fait leur temps. Il est vraiment sur la défensive, et toutes ses attaques contre la vérité de Dieu n'ont pour but que de sauvegarder ce qu'il possède le plus longtemps possible.
            La sagesse de la foi déjoue immanquablement les ruses de Satan. Rahab cacha les deux hommes (Jos. 2 : 4) dès que l'on commença à s’enquérir d'eux. Si un croyant se met à établir des plans, qu'il se souvienne que Satan s'y emploie encore plus astucieusement que lui ! Mais si le croyant fait confiance à son Père comme un petit enfant, alors Satan est battu avant même que la bataille ne soit engagée.
            A cause du mensonge de Rahab, certains contestataires voudraient jeter le doute sur la vérité du récit tout entier. Mais Dieu dit la vérité sur le caractère de Rahab et sur sa manière d'agir, comme sur tout. C'est l'homme qui cache ce qui n'est pas à son honneur. « Par la foi, Rahab, la prostituée ne périt pas avec ceux qui n'avaient pas cru, parce qu’elle avait reçu les espions en paix » (Héb. 11 : 31). C'est sa foi, non pas son mensonge, qui est ici louée.
            Une certaine tendance des Orientaux à mentir est passée en proverbe. Non pas que par cette remarque nous voulions insinuer qu'un trait de caractère national soit une excuse pour pécher ! Au contraire, c’est au détriment de la nation qui porte ce caractère. Le témoignage d'un vieux poète de Crète était que « les Crétois sont toujours menteurs, de méchantes bêtes, des ventres paresseux» (Tite 1 : 12), témoignage confirmé par l'apôtre Paul qui apporte ainsi la seconde déposition requise pour qu'un fait soit établi. Ainsi subsiste aujourd'hui ce document selon lequel un peuple est déclaré menteur.
            Le mensonge et la fraude - qu'ils soient d'Occident ou d'Orient - sont en abomination à Dieu. « Reprends-les sévèrement » (v. 13), était-il dit à Tite, à cause de ces défauts qui caractérisaient les Crétois. Inutile d'insinuer que la Parole de Dieu traite le mensonge à la légère, parce qu'elle dit la vérité sur chacun, y compris Rahab. Mais pourquoi les incroyants de la chrétienté devraient-ils s'attendre à trouver du sens moral chez ceux qui croient en Dieu ? Leurs objections mêmes - fondées sur le mensonge de Rahab - quant à la vérité de cette partie de la parole de Dieu, témoignent de ce qu'ils croient que Dieu est vrai, qu'Il ne saurait approuver le mensonge, et qu'Il accomplira ce qu'Il déclare vouloir faire. Il exécutera certainement le jugement sur ce monde, sur les incroyants et les menteurs, comme Il l'a dit. Rahab n'avait nullement le droit de mentir à son roi, pas plus qu'aucun homme n'est libre de mentir à celui qui est le père du mensonge. Si sa foi en l'Eternel avait été plus grande, elle aurait compté sur Lui, plutôt que sur sa propre supercherie, pour être délivrée. Un soldat de Christ qui fait une fausse déclaration au nom de Christ, trahit tout simplement son Seigneur.
            Cependant, cette pauvre païenne crut que les jours de sa ville étaient comptés. Ses pensées n'étaient pas avec ses concitoyens, mais avec le peuple de Dieu. Dans les deux espions, elle voyait pour elle-même des messagers du Dieu qui est « dans les cieux en haut, et sur la terre en bas » (Jos. 2 : 11).et sa conviction, c'était : « Je sais que l'Eternel vous a donné le pays » (v. 9). « Je sais que l'Eternel a fait cela », tel est le raisonnement irrécusable de la foi. La foi sait ce que Dieu fera, simplement parce que Dieu a parlé. « Je sais », telle est l’assurance inébranlable du cœur d'un enfant dans la foi qui n'offre aucune cible aux attaques de l'incrédulité.

                        La promesse des espions

            La foi se repose sur Dieu, mais elle est active envers les hommes. Le témoignage des espions remplit Rahab d'assurance quant à son salut, et d'énergie pour sauver la vie de tous les siens. Elle croyait que le jugement ne tarderait pas à tomber sur sa ville, d'où son cri : « Jurez-moi par l'Eternel, que… vous laisserez vivre mon père, et ma mère, et mes frères, et mes sœurs, et tous ceux qui sont à eux, et que vous sauverez nos âmes de la mort » (v. 12-13).
            Pour que s'accomplisse ce désir, elle chercha un signe certain, et les espions lui en donnèrent solennellement l'assurance : « Nos vies payeront pour vous... » (v. 14). D'une manière semblable, nous avons la Parole même de Dieu pour nous donner confiance. Sur elle, nous nous reposons pour notre bien éternel. Chacun de nous demande-t-il : « Donne-moi un signe certain » ? La Parole révélée de Dieu est cette assurance pour nos âmes.
            Après avoir reçu la promesse des espions, fondée pour elle sur leur vie, elle les a « renvoyés par un autre chemin » (Jac. 2 : 25), les faisant descendre avec une corde par la fenêtre, car sa maison était construite sur la muraille. Alors eux, se trouvant hors de Jéricho, donnèrent à Rahab une marque extérieure, un signe, « ce cordon de fil écarlate » qu'ils lui commandèrent d'attacher à sa fenêtre. D'où venait-il, ce cordon ? Faisait-il partie de leurs vêtements ou bien était-ce la corde par laquelle elle les avait fait descendre ?
            L'écarlate est un emblème bien connu de la royauté. Rahab fixe à sa fenêtre le cordon éclatant, expression de sa foi dans son propre salut par la parole des espions, et de son espérance de voir revenir ses sauveurs. Sa couleur indélébile, qui est le résultat d'une mort, proclamait le royaume, car la teinture de pourpre s'obtient par la mort du minuscule être vivant d'où on la tire, et elle peut annoncer symboliquement le sang de Jésus dont le royaume doit être établi en vertu de Sa mort réconciliatrice. Le fil écarlate était le témoignage silencieux de la foi de Rahab, tout comme l'attente du royaume devrait être le témoignage du chrétien pour Christ, Celui qui vient. Chacun de nous a-t-il à sa fenêtre le cordon écarlate ? Le Seigneur voit-Il que nous - qui mettons notre confiance dans son sang versé - attendons vraiment son retour et sa gloire ?
            La demeure de Rahab était sur la muraille, aussi loin que possible du centre de la ville, exactement là où doit se trouver un croyant qui est « dans » le monde, mais pas « du » monde. Sa maison était le seul endroit de cette cité vouée à la destruction où l'on pût trouver le salut, et c'est exactement ce qui devrait caractériser les maisons de ceux qui attendent le royaume de Christ. Sa fenêtre donnait à l'extérieur de Jéricho, et le cordon écarlate y était attaché - ce qui devrait être vrai de chaque maison où Christ est connu, dont les fenêtres ne doivent pas s’ouvrir sur le monde mais sur Celui qui vient. Sa porte ouvrait sur Jéricho, pour introduire les gens dans ce lieu de refuge - leçon valable pour nous tous, car chaque maison de croyants devrait être ouverte, en quelque sorte, afin d'inviter les gens à partager les bénédictions. De l'autre côté de cette porte, c'était la mort certaine, avertissement non moins valable pour tous. En outre, Rahab attacha le fil écarlate à sa fenêtre au moment même où les espions s'en allèrent. « C'est maintenant le temps favorable » (2 Cor. 6 : 2), voilà ce qu'elle croyait pratiquement, car demain serait peut-être le jour de la destruction.
            Rahab manifesta sa foi par ses œuvres. Elle passa du temps à rassembler chez elle ceux qui lui étaient le plus proches et le plus chers, ses parents et ses amis, cherchant à ne laisser aucun d'eux périr dans le désastre. A force de persuasion, elle réussit à en amener chez elle, dans sa maison. Leçon solennelle que celle-ci pour les chrétiens qui, tout en prétendant savoir que Christ vient, ne font pas tout leur possible pour sauver des pécheurs ! Une preuve certaine de notre assurance que la venue de Christ peut avoir lieu à tout moment, c'est notre zèle pour le salut immédiat de ceux que nous aimons. « Toi et ta maison » (Act. 16 : 31). Telle est l'expression divine, et la maison de chaque croyant devrait être un centre de bénédiction. S'il en est autrement, c'est que le travail de ce croyant pour Christ, en dehors de chez lui, est contestable. « Rassemble-les auprès de toi ». Si un homme affirme qu'il croit que Christ peut venir aujourd'hui, tout en restant indifférent au salut des âmes - principalement celles de sa propre maison et de son propre cercle - qu'il médite ces paroles : « comme le corps sans esprit est mort, de même aussi la foi sans œuvres est morte » (Jac. 2 : 26).
            Aucun message de grâce ne parvint à Jéricho, et il est écrit : « Maintenant, c’est le jugement de ce monde » (Jean 12 : 31). Aucune bonne nouvelle n'est aujourd'hui envoyée de Dieu au monde en tant que tel, car Christ qui est venu ici-bas a été rejeté, et Il revient du ciel pour juger le monde. L'évangile est pour « le monde entier » (Marc 16 : 15), mais pas pour le monde en tant que système organisé. Tous ceux qui croient sont délivrés du jugement de ce monde actuel qui « gît dans le méchant » (1 Jean 5 : 19) ; ils sont sauvés de ce qui l'attend, ainsi que de la colère à venir. Un faux évangile renverse littéralement cette vérité en proclamant : « Rendez ce monde bon, améliorez le système social, élevez l'homme jusqu'à la sainteté », tout en refusant d'admettre que les pécheurs ont besoin d'un salut en dehors du monde, comme celui que trouva Rahab en dehors de Jéricho.
            Dieu veuille réveiller tous les siens sans exception, et ranimer leur foi dans l'apparition et le royaume de Christ, ainsi que dans la fin inexorable de ce monde. Alors naîtra un sincère et ardent désir de sauver les âmes de la colère qui vient. Partout où la réalité de l'apparition et du royaume de Christ s'impose à l'âme d'un croyant, celui-ci est mis à part des autres comme soldat de Christ. Il ne saurait s'accorder de répit dans son labeur. Il est contraint de remplir ces derniers et précieux moments qui seront si vite passés ! Déjà, « la nuit est très avancée » (Rom. 13 : 12). Déjà, l'Etoile du matin brille dans le cœur des siens. « Encore très peu de temps, et Celui qui vient viendra, et il ne tardera pas » (Héb. 10 : 37).

                        Le retour des espions vers Josué

            A leur retour au camp, les deux espions firent au peuple d'Israël un  compte rendu très favorable, bien propre à soulever leurs cœurs d'enthousiasme et à galvaniser leurs forces pour Dieu. Ils parlèrent de victoires encore à venir : « Oui, l'Eternel a livré tout le pays en nos mains ; et aussi tous les habitants du pays se fondent devant nous » (Jos. 2 : 24). Leurs cœurs s'étaient fondus comme de la cire en face d'Israël !
            Une forte foi engendre des cœurs courageux.
            Quarante ans plus tôt, des espions timides avaient fait naître le découragement dans le camp d’Israël. Ils avaient jugé d'après ce qu'ils avaient vu de leurs yeux, or l'incrédulité fait se fondre les cœurs ! Le véritable état des habitants du pays, ils ne le connaissaient pas. Ce secret, qui demeure caché à Israël pendant quarante ans à cause de leurs murmures et de leur incrédulité, ce sont les paroles de Rahab qui le révèlent. Quels regards différents deux serviteurs de l'Eternel ne peuvent-ils pas poser sur le même champ de bataille ! L'un estime que tout est perdu avant même que le combat soit engagé, ne voyant que géants et cités dont les murailles atteignent jusqu'aux cieux ; l'autre voit Dieu. Le premier se considère comme une sauterelle et, de frayeur, fuit la bataille, communiquant sa propre peur à tous ceux qu'il rencontre ; le second, par la force de sa foi, ranime le courage de ses frères. Celui-là encore regarde de l'extérieur les murailles du monde, ses géants impies au front d'airain ; celui-ci au contraire regarde au cœur des hommes qui, malgré tout ce qu'ils disent, tremblent à la pensée de la mort et du jugement à venir.

 

D’après H. F. Witherby