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LE LIVRE DE JOSUE (21)
ou l'ombre de la plénitude des bénédictions à venir en Christ


Dernières paroles de Josué (Jos. 23)  
         Josué recommande à Dieu les fils d’Israël et les encourage à continuer le combat  
         Appel à se fortifier pour garder et pratiquer tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi 
         Nécessité d’une vigilance constante à l’égard des ennemis encore dans le pays  
         L’annonce des conséquences  de la conduite d’Israël, en bénédiction ou en malédiction  
Dernières paroles de l'Eternel par la bouche de Josué (Jos. 24) 
         Le rassemblement à Sichem
         Rappel, par Josué, de la souveraineté de Dieu, de sa puissance et de sa grâce              
         Appel de Josué au cœur et à la conscience du peuple
         L’alliance de Sichem et la mort de Josué
        


Dernières paroles de Josué (Jos. 23)

            « Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu » (2 Tim. 3 : 14).

            Comme toutes les dernières paroles adressées par les serviteurs de Dieu les plus remarquables à ceux qui ont encore à livrer les combats de la terre, celles de Josué sont empreintes d'une certaine tristesse. Ce grand homme de guerre, dont les forces physiques déclinaient depuis un certain temps, s'en allait « le chemin de toute la terre » (v. 14) ; le sentant, il réunit Israël autour de lui (anciens, chefs, juges et magistrats) afin de pouvoir, une nouvelle et dernière fois, prononcer à leurs oreilles ses ferventes recommandations.

                        Josué recommande à Dieu les fils d’Israël et les encourage à continuer le combat

            Comme on l'a déjà vu (ch. 13), l'Eternel avait dit à Josué : « Tu es devenu vieux, tu avances en âge, et il reste un très grand pays à posséder » ; l’œuvre était inachevée, et les forces du conducteur baissaient. D’immenses territoires du pays de Canaan restaient encore à conquérir, et Josué lui-même, sur le point de quitter les fils d’Israël, les confie à Celui qui était leur force à toujours : « Je suis vieux, je suis avancé en âge ; et vous avez vu tout ce que l'Eternel, votre Dieu, a fait à toutes ces nations à cause de vous ; car l'Eternel, votre Dieu, est celui qui a combattu pour vous… l'Eternel, votre Dieu, les chassera … comme l'Eternel, votre Dieu, vous l'a dit … Vous vous attacherez à l'Eternel, votre Dieu… car l'Eternel, votre Dieu, est celui qui combat pour vous » (v. 2-10). De la même manière, l'apôtre Paul, à la perspective de son départ recommandera les saints à Ephèse « à Dieu, et à la parole de sa grâce » (Act. 20 : 32).
            « Je vous ai distribué par le sort, en héritage, selon vos tribus, ces nations qui restent », dit Josué (v. 4). « Ces nations », voilà ce qui inquiétait le plus Josué. La terre qui avait appartenu aux nations qu'il avait exterminées avait certes besoin d'être cultivée mais, pour sa propre sauvegarde, Israël devait se résoudre à poursuivre une guerre impitoyable contre ces peuplades qui n’avaient pas encore été dépossédées devant eux. De deux choses l'une : ou bien Israël chassait ces nations définitivement et prenait possession de leur terre, ou bien il renonçait à la liberté promise par l’Eternel - peut-être même à la vie. Josué avait conservé dans sa vieillesse, comme aux plus beaux jours de sa vigueur, l'âme d'un véritable conquérant. Généralement, un vieillard regarde plutôt aux victoires passées qu'à celles qu'il faudrait encore remporter, mais le cœur de Josué brûlait toujours de l'ardeur qu'il avait manifestée dans la force de l'âge. Pour hériter, il fallait, comme au commencement, qu'Israël chasse le Cananéen ; et pour posséder, il devait toujours détruire ces nations. Il n'y avait pas de moyen terme : ou bien les fils d’Israël continuaient à déployer leur énergie première, ou bien ils connaîtraient une défaite totale.

                        Appel à se fortifier pour garder et pratiquer tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi

            Bien que possédant Canaan, les fils d’Israël se trouvaient exactement dans la même situation que lorsqu'ils étaient entrés dans le pays. C'est de la nécessité de ces nouvelles victoires que Josué cherchait à les convaincre de toute son énergie. Et, comme au commencement, ils devraient faire preuve de beaucoup de fermeté pour accomplir avec fidélité les ordonnances de la Loi, comme ils y avaient été exhortés lorsqu'ils ne possédaient rien encore. Tout établis qu'ils seraient dans le pays, Josué leur enjoint de ne s’en écarter ni à droite ni à gauche, comme il l’avait fait avant le commencement des guerres de Canaan. Comme croyants, nous avons aussi de la peine à saisir le fait que nous ne pouvons être victorieux de nos ennemis spirituels que par une entière obéissance à la Parole de Dieu. Combien il nous est difficile de vivre nos journées dans une parfaite dépendance de Dieu ! Et à aucun autre moment de sa carrière, le jeune soldat chrétien n’éprouvera davantage de difficultés à le réaliser que lorsqu'il aura accédé à une position socialement élevée, lorsque, comme Israël, il aura, selon l’appréciation des hommes, « brillamment réussi ». S’il a conscience dans son âme qu'il a de fait encore tout à vaincre, il sentira qu'il faut absolument que Dieu soit sa force et son bouclier, que sinon il sera à coup sûr jeté par terre ; trop sûr de lui, il peut aussi être en danger de prétendre avec Samson : « Je m'en irai comme les autres fois, et je me dégagerai » (Jug. 16 : 20). Quand un enfant de Dieu commence sa vie chrétienne, on peut espérer que, pour lui, le monde n'est pas autre chose que le monde, et que les frontières entre le ciel et la terre sont nettes et distinctes dans son âme ; mais une fois que le fait qu'il soit chrétien est admis (comme c'est si souvent le cas aujourd’hui), il court le grand danger de se laisser gagner par l'amabilité du monde, et de tomber dans le piège de ses sourires en faisant alliance avec lui.

                        Nécessité d’une vigilance constante à l’égard des ennemis encore dans le pays

            Les nations qui restaient parmi Israël (v. 7), lasses d'une constante opposition, avaient fini par accepter le fait de la conquête, devenant ainsi plus dangereuses pour la prospérité d'Israël qu'elles ne l'avaient été au temps de la guerre déclarée. Le sourire du monde est plus meurtrier que sa haine. Sa main tendue en signe d'amitié est plus fatale à la prospérité du chrétien que cette même main brandissant une épée ! « L'amitié du monde est inimitié contre Dieu » (Jac. 4 : 4). Pour les fils d'Israël, « s'attacher à l'Eternel », leur Dieu, en même temps qu'à « ces nations qui restaient » parmi eux, était une impossibilité. Aucun chemin nouveau, conduisant à la prospérité et au succès, ne pouvait s'ouvrir devant eux, car il n'y en avait qu'un seul pour eux, l'unique chemin de la victoire pour le peuple de Dieu, qui est l'obéissance à Sa parole. C'est une illusion et un piège de croire que le monde a changé parce qu'il tolère le christianisme, ou de supposer que la Parole de Dieu s'applique au chrétien, qui a enduré des années de souffrance pour Christ, d'une manière différente de celle avec laquelle elle s'appliquait à lui le premier jour où le Seigneur l'a appelé à être un soldat. Devant la tendance actuelle à prendre l'infidélité au Seigneur à la légère, et à faiblir au moment de s'engager à obéir à l'Ecriture, nous devons prendre à cœur ces dernières paroles de Josué.
            Le chemin de la prospérité et celui de la destruction pour Israël étaient nettement tracés : d'une part le vieux chemin raboteux par lequel ils étaient allés pour entrer dans le pays, d'autre part le chemin nouveau et séduisant, celui de la facilité et de l'alliance avec les nations, maintenant que le pays était conquis. S'ils retournaient tant soit peu en arrière, en s'attachant aux nations qui restaient, leur situation serait désespérée. « Sachez certainement que l'Eternel, votre Dieu, ne continuera pas à déposséder ces nations devant vous ; et elles vous seront un filet, et un piège, et un fouet dans vos côtés, et des épines dans vos yeux, jusqu'à ce que vous ayez péri de dessus ce bon pays que l'Eternel, votre Dieu, vous a donné » (v. 13). Paroles terribles, qui s’accompliront d'une manière non moins terrible au jour de la transportation en Assyrie et en Babylonie, car Israël retourna en arrière, abandonna la vraie position de séparation pour Dieu d'avec les païens, conclut des mariages avec eux et adora leurs dieux. Alors, la force de Dieu se retira des fils d'Israël qui devinrent les misérables serviteurs des peuples environnants parmi lesquels plusieurs dont ils avaient jadis conquis le territoire.
             Hélas, que de reculs le chrétien peut aussi constater ! Combien sont « retournés en arrière », abandonnant ces vérités de la justification par la foi pour lesquelles leurs ancêtres ont donné leur vie, et devenant ainsi la proie de ces superstitions que leurs pères avaient vaincues ! Les nations qui restent relèvent la tête, l'infidélité progresse à pas de géant, liant « d'affliction et de fers » des centaines d'âmes. « Car notre lutte (est)... contre les pouvoirs, contre les autorités, … contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes », dit l'Ecriture (Eph. 6 : 12). Un combat incessant, contre tout ce qui n'est pas de Christ, est notre seule sauvegarde. Malheur aux chrétiens - de nom ou de cœur - qui font alliance avec l'infidélité et la superstition, ou qui négligent les préceptes si clairs de la Parole de Dieu !

                        L’annonce des conséquences de la conduite d’Israël, en bénédiction ou en malédiction

            Le chemin de la prospérité et celui de la destruction sont, avons-nous dit, nettement tracés. Le bien ne manquera pas d'arriver, le mal non plus. Les fils d'Israël savaient, chacun dans son cœur et dans son âme, que tout ce que l'Eternel avait promis en bien était arrivé ; ils étaient également avertis que pas une seule parole de l'Eternel concernant le mal ne tomberait à terre. S'ils servaient d'autres dieux, ils provoqueraient la colère de l'Eternel et périraient « rapidement » de dessus le bon pays qu'Il leur avait donné.
            Il est vrai que lorsque Dieu aura affaire avec ses enfants individuellement, Il introduira sûrement chacun d'eux dans sa demeure céleste, mais il n'en est pas moins vrai que ce qu'un homme sème, il le moissonnera (Gal. 6 : 7). Il est bon de garder le silence en ce qui concerne les individus, mais dans l'histoire des dénominations chrétiennes et du peuple de Dieu dans son ensemble, nous voyons Dieu agir selon le principe de la responsabilité collective. Les maux qui sont tolérés parmi certains chrétiens finissent par devenir des fouets dans leurs côtés et des épines dans leurs yeux, et les choses bonnes dont ils jouissaient richement auparavant ne se trouvent bientôt plus parmi eux. Et nous voyons, hélas, ceux-là même qui étaient autrefois si heureux en Dieu, se lamenter sur l'absence de paix et de prospérité !

 

Dernières paroles de l'Eternel par la bouche de Josué (Jos. 24)

            « Moi, l'Eternel, je ne change pas » (Mal. 3 : 6).

            Les paroles prononcées par Josué à Sichem diffèrent de celles qui sont rapportées dans le chapitre précédent. Elles constituent un message spécial de l'Eternel au peuple. La nation (dans la personne de ses anciens, chefs, juges et magistrats) se présente devant Dieu, et c'est à cette assemblée réunie sur l'ordre de Josué, que sont adressées les dernières paroles que l'Eternel prononce par la bouche de ce conducteur.

                        Le rassemblement à Sichem

            En choisissant Sichem pour ce rassemblement solennel de tout Israël, Dieu voulait rappeler aux fils d'Israël quelles avaient été ses voies envers eux au commencement, et aussi quel était alors l'état de leur cœur envers Lui. A Sichem, la nation était venue au début des guerres de Canaan. Là, les femmes et les petits enfants, les hommes de guerre et les vieillards, s'étaient tous assemblés ; là, alors que les habitants du pays étaient en force autour d'eux, les fils d'Israël, entourés de tous côtés par l'ennemi, avaient dressé leur autel à l'Eternel, le Dieu d'Israël ; là, les lévites avaient lu à haute voix la Loi de Dieu, et tout Israël avait donné son assentiment à ses exigences en répondant « Amen ». Dans l'étroite vallée - entre les montagnes d'Ebal et de Garizim - où Israël se rassemblait de nouveau aujourd’hui, les pierres enduites de chaux, sur lesquelles étaient écrites les paroles de la Loi, se dressaient comme des témoins devant leurs yeux, et la rumeur des « Amen » de la première grande assemblée résonnait encore aux oreilles de beaucoup d’entre eux.
            Les plus sérieux d'entre le peuple ne se souvenaient pas seulement du premier autel d'Israël en Canaan, car à Sichem, Jacob, leur père, avait aussi bâti son autel, l'appelant El-Elohé-Israël et établissant ainsi une relation entre le titre de prince que Dieu lui avait donné et le grand nom de Dieu Lui-même. La grandeur du nom de l'Eternel, et la faveur que Dieu lui avait accordée ce jour-là, avaient incité Jacob à purifier « sa maison et tous ceux qui étaient avec lui ». Là, ils donnèrent à Jacob tous les dieux étrangers qui étaient en leurs mains, et les anneaux qui étaient à leurs oreilles, et Jacob les cacha sous le térébinthe qui était près de Sichem (Gen. 35 : 2-5). Jacob bâtit son autel à Sichem, « et la frayeur de Dieu fut sur les villes » qui entouraient ses tentes, lorsqu'il y cacha les idoles. De la même manière, la nation s'assemble une première fois à Sichem, et les cités à l'entour demeurèrent tranquilles. Et maintenant, lors de ce dernier grand rassemblement des fils d'Israël aux jours de Josué, l'ordre leur était donné d'« ôter les dieux étrangers » qui étaient au milieu d'eux. Le grand nom de l'Eternel et ses œuvres magnifiques en faveur du peuple étaient l'argument de Josué pour les inciter à se purifier eux-mêmes. Il fit une alliance avec eux, et leur établit un statut et une ordonnance, à Sichem, et il en écrivit les paroles dans le livre de la loi de Dieu ; puis il prit une grande pierre, « témoin contre nous, car elle a entendu toutes les paroles de l’Eternel, qu’il nous a dites », qu'il dressa là sous le chêne qui était auprès du sanctuaire de l’Eternel (Jos. 24 : 25-26).
            Sichem, donc, avec ses pierres et ses chênes, était un sanctuaire riche en souvenirs sacrés. Le fait que l'Eternel choisisse ce lieu familier pour rappeler son passé au peuple obligeait celui-ci à bien considérer que les voies de l'Eternel ne changent jamais, et que pratiquer l'obéissance à sa parole est le devoir sacré de son peuple, sinon la prospérité ne pouvait pas leur être accordée. De même que l'Eternel avait exigé de Jacob une conscience parfaite au jour où Il avait sauvé sa maison par la force de son bras, Il exigeait aujourd'hui cette même conscience des fils d'Israël en faveur desquels sa grâce et sa force s'étaient merveilleusement déployées. Eux aussi, comme leur père Jacob, devaient se purifier et ôter leurs idoles, s'ils voulaient prospérer et posséder leur pays.

                        Rappel, par Josué, de la souveraineté de Dieu, de sa puissance et de sa grâce

            Ces dernières paroles de l'Eternel, adressées à Israël par la bouche de Josué, exigent donc notre attention la plus sérieuse. De la première à la dernière (v. 2-13), elles racontent la souveraineté, la puissance et la grâce de l'Eternel : sa souveraineté en arrachant leurs pères à l'idolâtrie, sa puissance en délivrant le peuple de ses ennemis, sa grâce en les établissant dans leur héritage. Et, si nous considérons la faveur, la puissance et la grâce souveraines de notre Dieu et Père, la réponse de nos cœurs devrait toujours être de nous purifier du mal qu'Il hait.
            « J'ai fait ceci » : ces mots reviennent comme une sorte de refrain, lorsque l'Eternel s'adresse à Israël. Son peuple est béni, uniquement parce que c'est son bon plaisir de le bénir ! Le commencement de l'histoire d'Israël avait été marquée par l'idolâtrie - « ils ont servi d'autres dieux » - et alors qu'ils étaient encore loin de Dieu, Il les trouva, exactement comme Il trouve aujourd'hui les pécheurs encore loin de lui, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés. « Je pris votre père Abraham », poursuit l'Eternel, du pays lointain de l'idolâtrie, « et je le fis aller par tout le pays de Canaan » (v. 3). Ainsi, Dieu arrache les siens à leur état de mort dans le péché, et les place en Christ dans les lieux célestes. Pour Abraham, comme pour les saints de Dieu aujourd'hui, il ne pouvait être question de retourner « de l'autre côté du fleuve », de retrouver leur état et leur demeure d'autrefois. Abraham « alla par tout le pays » de la promesse ; quant à nous, nous sommes assis en Christ dans les lieux célestes. Les voies de grâce de Dieu sont absolues, elles ne changent et ne varient jamais.
            L'Eternel déclare ensuite : « Et je donnai à Isaac Jacob et Esaü ; et je donnai à Esaü la montagne de Séhir » (v. 4). Il grave à nouveau sur le cœur de son peuple, si merveilleusement introduit et béni dans le pays, sa propre volonté de grâce, qui est parfaite, et Il lui apprend à dire : « Qu'est-ce que Dieu a fait ? » (Nom. 23 : 23), et aussi : «  De lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses ! A lui la gloire éternellement ! Amen » (Rom. 11 : 36).
            Ensuite vient une leçon généralement bien connue des saints, puisqu'elle peut être tirée de leur propre histoire. Esaü entra dans sa possession, mais alors que les armées d'Edom occupaient leurs places fortes, « Jacob et ses fils descendirent en Egypte ». Là, pendant des siècles, ils ne possédèrent que la seule promesse de Dieu, car en tant que nation, ils étaient comme « ensevelis » sous la servitude de l'Egypte. C'est là une expérience familière aux enfants de Dieu, qui doivent apprendre à mettre leur confiance dans la Parole de Dieu, à marcher par la foi, et à attendre avec patience. Le bras de l'Eternel ne faiblit pas, et la délivrance vient en son  temps. « Et j'envoyai Moïse et Aaron... Je fis sortir vos pères de l'Egypte » (v. 5-6). L'Eternel « envoya », et l'Eternel « fit sortir ». Tout était de Lui. Quand l'Eternel met à nu son bras, qui résistera à sa puissance ? Les chars et les cavaliers de l'Egypte, et les eaux de la Mer Rouge, n'étaient rien pour l'Eternel ! Il « fit venir la mer sur eux, et les couvrit ». « Vos yeux virent ce que je fis aux Egyptiens », dit l'Eternel (v. 7). Oui, s'écrie le chrétien, et par les yeux de la foi, nous avons vu sa puissance et sa grâce lorsqu’Il nous a délivrés du présent siècle mauvais sous l'esclavage duquel nous soupirions jadis, désespérant presque d'être jamais libérés !
            « Et vous habitâtes longtemps dans le désert », ajoute l'Eternel. Là, ils avaient vu son bras qui délivre, tout comme le chrétien fait l'expérience de la force du bras de son Dieu qui le conduit, d'étape en étape, à travers le désert de ce monde. « Et je vous amenai au pays des Amoréens… et je les livrai en votre main… et je les détruisis devant vous », déclare encore l'Eternel (v. 7-8). Et lorsque les armes ne suffirent plus, et que le roi Balak soudoya le devin pour maudire le peuple, Il ajoute : « Je ne voulus pas écouter Balaam, et il vous bénit expressément ; et je vous délivrai de sa main » (v. 10). Que nous rencontrions l'opposition par la force, par la ruse, ou par l'inimitié déclarée sur le champ de bataille de cette terre, ou encore par des accusations présentées contre nous dans les lieux célestes - dans toutes ces circonstances « nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés » (Rom. 8 : 37).
            En Canaan, dans le pays de la promesse, c'est toujours la même merveilleuse histoire. L’armée de Jéricho, ou celles des sept nations ennemies se levaient-elles contre Israël, chacune d’elles étant plus nombreuse et plus puissante que les fils d'Israël ? L'Eternel dit : « Je les livrai en votre main » (v. 11). Israël prenait-il l'offensive ? Ce n'était ni par l'épée ni par l'arc qu'il remportait la victoire, mais parce que « j'envoyai devant vous les frelons qui les chassèrent devant vous »  (v. 12). Dans les guerres, défensives ou offensives, dans les assauts livrés par ou contre l'ennemi, c'était toujours l'Eternel, et rien que l'Eternel, qui opérait le miracle de la victoire. Le chrétien peut-il manquer de se réjouir d'une telle grâce, et même de se glorifier en son Dieu, qui est le Dieu de toute grâce et de toute puissance ? Un passage de la Parole comme la seconde partie de Romains 8 expose les voies de Dieu à notre égard, parallèlement à ce dernier chapitre du livre de Josué qui nous présente les voies de l'Eternel à l'égard d'Israël. « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?... » (v. 31-39).
            Bien que l’on en ait fini avec les guerres, que l'on jouisse des bénédictions de la paix, et que le sol sacré de Canaan soit désormais la portion des fils d'Israël, l’histoire n'en finissait pas de déclarer la bonté de leur Dieu. « Et je vous donnai un pays où tu n'avais pas travaillé et des villes que vous n'aviez point bâties, et vous y habitez ; vous mangez le fruit des vignes et des oliviers que vous n'avez pas plantés » (v. 13). De même, nous qui sommes assis dans les lieux célestes en Christ, nous mangeons du fruit des arbres que nous n'avons pas plantés, nous jouissons des fruits de sa grâce, et nous sommes heureux de reconnaître que tout est de Dieu. Toute bénédiction spirituelle, ainsi que l’ardent désir que nous avons d'en jouir, sont de Dieu !

                        Appel de Josué au cœur et à la conscience du peuple

            Après avoir raconté les voies merveilleuses de l'Eternel envers son peuple et pour son peuple, Josué déclare : « Et maintenant, craignez l'Eternel, et servez-Le en intégrité et en vérité ; et ôtez les dieux que vos pères ont servis de l'autre côté du fleuve et en Egypte, et servez l'Eternel » (v. 14). L'éloignement de Dieu et l'idolâtrie sont des péchés inhérents à la nature déchue de l'homme, et le fait d'avoir accédé à une position, même parmi des plus élevées qui soient, ne met pas le cœur à l'abri de cet éloignement de Dieu ni de l'idolâtrie. Il est vain de soutenir qu'aucun dieu domestique ne se trouvait dans les maisons des Israélites puisque le peuple était en Canaan, assemblé à Silo autour du tabernacle que couvrait la nuée glorieuse. Cet appel à se purifier était de Dieu, qui savait où étaient cachées les idoles.
            Puis, comme Jacob autrefois avait été poussé par la grâce et la miséricorde de Dieu à agir avec énergie, Josué déclare : « Mais moi et ma maison, nous servirons l'Eternel » (v. 15). Tout conducteur qu'il fût, il ne pouvait qu'en appeler au cœur des autres pour suivre son exemple et pour faire preuve de sincérité, de vérité et de droiture envers Dieu. En tout temps, en effet c'est chaque homme, chaque maison individuellement, qui doit avoir affaire avec Dieu. Josué ne pouvait répondre que pour lui-même et sa propre maison, et c'est ce qu'il fit. Eprouvons-nous, et jugeons nos voies d'après ses paroles.
            Les fils d'Israël comprenaient bien que s'ils étaient en Canaan, c'était uniquement par la volonté et par l’œuvre de l'Eternel. Il les avait fait monter du pays d'Egypte, Il avait opéré ses grands signes devant leurs yeux, Il les avait gardés dans tout le chemin par lequel ils avaient marché dans le désert, et Il avait chassé leurs ennemis cananéens. C'est pourquoi ils dirent : « Nous servirons l'Eternel, car c'est lui qui est notre Dieu » (v. 18). Mais Josué, avec l'intuition de ce qui était réellement dans leurs cœurs, leur rappelle que ce n'est pas à la légère qu'on peut servir un Dieu saint et jaloux. De vieux souvenirs de leur histoire passée rendaient sûrement ses avertissements encore plus fervents. La confiance en soi fait déjà piètre figure lorsqu'elle se manifeste « avant » l'échec, le péché et l'éloignement de Dieu, mais c'est « malgré » leur histoire que les fils d'Israël répondirent : « Non, car nous servirons l'Eternel » (v. 21) !
            Cependant, ils ne dirent pas un mot des dieux étrangers qu'ils avaient reçu l'ordre d'ôter du milieu d'eux. Il est toujours plus facile de dire « nous servirons l'Eternel » que de se purifier de ses idoles. Il est plus facile de prendre la décision de servir l'Eternel que d'enterrer ses dieux étrangers sous un chêne à Sichem. Mais Dieu nous demande d'enterrer d'abord nos idoles, et ensuite de Le servir, selon l'ordre qu’Il nous adresse lorsqu’Il dit : « Cessez de mal faire, apprenez à bien faire » (Es. 1 : 16-17).
            Josué dit au peuple qu'ils étaient témoins de leur propre promesse de servir l'Eternel, et ils répondirent : « Nous en sommes témoins » (v. 22). De nouveau, il leur rappela qu'ils devaient d'abord ôter les idoles, et, ensuite, incliner leurs cœurs vers l'Eternel : « Et maintenant, ôtez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, et inclinez votre cœur vers l'Eternel, le Dieu d'Israël » (v. 23). Otèrent-ils leurs idoles ? La question reste sans réponse, mais ce qui est certain, c’est que « l’autre génération » qui se leva après celle-ci servit les Baals (Juges 2 : 11). « Et le peuple dit à Josué : Nous servirons l'Eternel, notre Dieu, et nous écouterons sa voix » (v. 24).

                        L’alliance de Sichem et la mort de Josué

            Après avoir accompli ce service solennel, Josué dressa, comme nous l’avons vu, une pierre comme mémorial sous un chêne, pour témoigner de ce que le peuple avait dit et fait ! Puis il écrivit ce qui avait été dit ce jour-là dans le livre de la loi de Dieu, afin que le souvenir de ces choses demeure devant Lui à toujours.
            « Et Josué renvoya le peuple, chacun à son héritage » (v. 28), et lui transmit la responsabilité de maintenir ses positions dans cet héritage, en obéissant à Dieu. Nous ne pouvons que lire et relire les paroles solennelles de ce dernier jour où Josué adressa un appel aux fils d'Israël, en méditant sur ce fait qu'ils éludèrent le point essentiel de son exhortation, qui était de rejeter leurs idoles. Et si nous nous appliquons cette exhortation personnellement, nous pouvons ouvrir le livre des Juges pour y rechercher les conséquences de la désobéissance !
            « Et il arriva, après ces choses, que Josué, fils de Nun, serviteur de l'Eternel, mourut, âgé de cent dix ans ». On l'enterra dans les limites de son héritage, dans la montagne d'Ephraïm, où ses os reposent jusqu'au jour où Jésus, dont il est un type si frappant, le ressuscitera des morts.
            Israël servit l'Eternel tant que prévalut l'influence personnelle de Josué, et même aussi longtemps que son esprit continua à influencer les anciens, qui avaient été ses compagnons et qui avaient connu toutes les merveilles que l'Eternel avait opérées en faveur d'Israël. Mais les choses en restèrent là, comme le montre le livre des Juges. Et il en est ainsi en tout temps. Les hommes servent l'Eternel tant que sa puissance se manifeste par ses serviteurs, qu’ils soient des juges ou des rois, qu'ils se nomment Moïse, Josué ou David. Les hommes servent l'Eternel aussi longtemps que brille sur eux la lumière de sa grâce, à travers un apôtre inspiré comme Paul ou un éminent serviteur comme Luther. Mais dès que ce serviteur n'est plus, la plupart d'entre eux retombent et se détournent du Dieu vivant !
            Il est absolument illusoire de penser que la « lettre » de la vérité chrétienne pourra retenir des âmes dans la présence de Dieu. La Bible elle-même, prise à la lettre, peut devenir lettre morte entre les mains des hommes ! La doctrine de la justification par la foi peut n'être plus qu'un simple article de credo, et les principes les plus sacrés de la Parole de Dieu peuvent devenir rien de plus que des théories mortes. On retient la lettre, peut-être même se querelle-t-on à son sujet, mais on a cessé de la mettre en pratique, et il n'en résulte rien de vivant dans l'âme. Le formalisme extérieur est une caractéristique de notre époque, c'est pourquoi nous faisons bien de nous rappeler que « la parole de Dieu est vivante » (Héb. 4 : 12), et que, quand on la croit véritablement, elle produit des résultats vivants.
            Il est impossible pour des saints de poursuivre leur course vers le ciel sur la lancée de la foi d'hommes qui sont maintenant dans le repos avec Christ. Ceux qui peuvent véritablement aider le peuple de Dieu sont ceux qui connaissent pratiquement, dans leur cœur, toutes les merveilles que le Seigneur opère, qui mettent en pratique ce qu'ils croient, qui n'ont pas seulement la tête pleine des principes ou des doctrines de l'Ecriture, mais dont le cœur surtout est rempli de la puissance de l'Esprit de Dieu.
            Au moment où se termine le livre de Josué, l'Esprit de Dieu fait allusion à la mort et à l'ensevelissement d'Eléazar, le grand sacrificateur, dans la montagne d'Ephraïm, ainsi qu'au couronnement de la foi de Joseph dont les os sont enterrés à Sichem. Son sépulcre se trouva être dans « l'héritage des fils de Joseph » (v. 32). Sa dépouille mortelle ne repose pas dans cette Egypte qui fut témoin de sa gloire, mais dans le pays de la promesse de Dieu, malgré la faiblesse et les manquements dont cette terre sainte porte tant de traces ! La courte carrière de l'homme sur la terre aboutit à la tombe, mais bientôt, Christ récompensera la foi de tous ceux qui ont mis leur confiance en Lui. Il vient. Il fera se réveiller et se lever les morts, et Josué, Eléazar et Joseph, aussi bien que le plus faible et le plus méconnu des croyants d'entre ses saints, recevront leur portion céleste dans la gloire de la résurrection.

 

D’après H. F. Witherby