Dans la détresse tu m’as mis au large (Ps. 4 : 1)
La sollicitude de Paul pour toutes les assemblées, malgré toutes les souffrances qu’il endurait
Un serviteur « excessivement chargé », mais encouragé et enrichi au travers des tribulations
La faiblesse du vase et la puissance de Dieu
Une leçon apprise par Paul, de la bouche du Seigneur : « Ma grâce te suffit »
Ce psaume, comme le précédent, a sans doute été écrit par David au moment où il s’enfuyait devant son fils Absalom. Au verset 6, il pose une question importante : « Qui nous fera voir du bien ? » ; puis il demande : « Lève sur nous la lumière de ta face, ô Eternel ! » (voir aussi Nom. 6 : 24-26). Il reçoit alors une réponse excellente et il peut dire : « Tu as mis de la joie dans mon cœur, plus qu’au temps où leur froment et leur moût ont été abondants » (v.7 ; Hab. 3 : 17-19). Il se couche et s’endort en paix, en affirmant : « Toi seul, ô Eternel ! tu me fais habiter en sécurité » (v.8).
Cette précieuse expérience de David a été la part de beaucoup d’autres croyants. Nous aimerions nous entretenir un peu des épreuves traversées par l’un d’eux, l’apôtre Paul. La Parole de Dieu a conservé, pour notre instruction, le souvenir des souffrances qu’il a endurées. Et les paroles exprimées par ce fidèle serviteur, que Dieu avait « mis au large », sont une source d’encouragement pour nous, chrétiens. Nous comprenons combien son désir s’est réalisé : Christ a été glorifié dans son corps mortel, soit par la vie, soit par la mort (Phil. 1 : 20).
La sollicitude de Paul pour toutes les assemblées, malgré toutes les souffrances qu’il endurait
« Nous ne voulons pas, frères, vous laisser ignorer, à propos de l’affliction qui nous est arrivée en Asie, que nous avons été excessivement chargés, au-delà de nos forces, au point que nous avons même désespéré de vivre. Mais nous avions en nous-mêmes la sentence de mort, afin de ne pas mettre notre confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts. C’est lui qui nous a délivrés d’une si grande mort et qui nous délivre ; en Lui nous avons mis notre espérance qu’Il nous délivrera aussi encore » (2 Cor. 1 : 8-10).
Paul est humilié et bouleversé par les nouvelles qu’il a reçues, d’autant plus qu’elles lui parviennent au moment où il connaît lui-même une grande affliction à Ephèse, cette ville d’Asie où il y avait beaucoup d’adversaires. Plus tard, après avoir évoqué les terribles souffrances qu’il avait déjà connues (2 Cor. 11 : 23-27), l’apôtre dira : « En plus de ces circonstances exceptionnelles, il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées » (v. 28). Si nous prenons à cœur l’état actuel des assemblées, il y a aussi bien des motifs de nous humilier devant le Seigneur, comme le faisait le cher apôtre Paul.
Toutefois, au milieu de tant de souffrances, il y a des sujets de reconnaissance. Elles ont d’heureuses conséquences : le croyant est ainsi aidé à perdre toute confiance en lui-même (2 Cor. 1 : 9) et il peut également mieux saisir la grandeur des sympathies du Seigneur. L’apôtre a pu ainsi goûter la consolation et le réconfort qu’il avait dans le Seigneur (v. 5). Cependant, si une consolation est d’abord personnelle, elle permet également à celui qui en a fait l’expérience, d’entrer un peu en sympathie dans la peine des autres.
Si nous cherchons à mesurer les « charges » qui pesaient sur l’apôtre, nous pensons d’abord aux assemblées de la Galatie parmi lesquelles demeurait un péché doctrinal très grave. Paul en était profondément troublé : trompés par de faux docteurs, les Galates étaient prêts à abandonner « la grâce », le seul moyen de salut, pour revenir à une religion d’œuvres. Or, faire des œuvres revient à dire que celle de Christ à la croix ne suffit pas ! Ils étaient donc en très grand danger d’être « retenus de nouveau sous un joug de servitude », celui de la Loi (Gal. 5 : 1).
Paul recevait aussi, venant de l’autre côté de la mer Egée, une autre triste nouvelle : des frères à Corinthe tombaient dans un piège opposé. Ce n’était plus le « légalisme », comme en Galatie, mais le « laxisme ». Ces Grecs changeaient peu à peu la précieuse liberté chrétienne en licence ! Il y avait beaucoup de désordre au milieu de cette assemblée que l’apôtre avait contribué à former. Il se demandait s’il n’avait pas travaillé en vain, et cette situation humiliante le remplissait d’affliction. La sainteté de Dieu suppose que les croyants s’abstiennent de toute forme de mal dans leurs propres voies ; et ils doivent également se tenir séparés de ceux qui vivent dans le péché tout en se parant parfois audacieusement du titre « d’enfants de Dieu ». Dans cette assemblée à Corinthe, existait un péché moral si grave qu’il était réprouvé même dans le monde ! Or, au lieu de se séparer du « levain » qui les souillait tous, les Corinthiens trouvaient encore des motifs de « se vanter » à bien des égards.
Simultanément, l’apôtre se heurtait à Ephèse à une véritable forteresse (2 Cor. 10 : 4), érigée par des démons. Il était confronté depuis trois ans à ces puissances des ténèbres, issues de l’enfer. Il avait dû ainsi combattre contre les « bêtes » à Ephèse, c’est-à-dire contre des hommes qui avaient un caractère bestial (1 Cor. 15 : 32). Toutefois, en même temps, il avait aidé avec zèle les jeunes convertis de cette ville, qui ne voulaient plus avoir « rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres » (Eph. 5 : 11).
Un serviteur « excessivement chargé », mais encouragé et enrichi au travers des tribulations
L’apôtre épanche son cœur : « Nous avons été excessivement chargés, au-delà de nos forces, au point que nous avons même désespéré de vivre » (2 Cor. 1 : 8). Il avait connu toute l’ardeur de ce combat spirituel, mais il ne doutait pas que le Seigneur, par ce moyen, le « mettrait au large ». Après l’épreuve que Dieu permet, sa bénédiction coule à pleins bords ; c’est toujours le cas pour chacun de ses rachetés. Comme l’exprime un cantique, « Dieu permet la détresse afin de nous bénir ; jamais sa main ne blesse pour nous faire souffrir ».
Quand il était à Ephèse, Paul n’avait plus aucune confiance en lui-même : il se confiait entièrement en Dieu « qui ressuscite les morts ». Son espérance était qu’Il le délivrerait encore ; il ne serait pas confus (2 Cor. 1 : 8-10). Dieu a agi dans le passé en notre faveur, nous sommes assurés qu’Il veut le faire encore (Rom. 8 : 31-39).
N’est-ce pas déjà une grande bénédiction si nous avons appris, au milieu de la souffrance, à ne plus avoir aucune confiance en nous-mêmes ?
En parcourant les épîtres, nous voyons que Paul et ses compagnons de travail étaient parfois très éprouvés, abaissés, et semblaient « appauvris ». Mais, peu après, ils étaient visiblement « enrichis » en Christ. En s’appuyant sur sa force, ils recevaient des dons spirituels plus grands. « Avec sincérité, comme de la part de Dieu, devant Dieu, nous parlons en Christ », dit Paul (2 Cor. 2 : 17). Le chapitre 4 de la deuxième épître aux Corinthiens montre que tout était clair, honnête et sincère dans sa prédication : il ne falsifiait pas la Parole de Dieu (v. 2).
Il portait constamment devant le Seigneur des sujets variés de tristesse et de découragement dans l’Assemblée. Les chrétiens fidèles ont également aujourd’hui les mêmes exercices devant Dieu. Toutefois les encouragements divins sont toujours plus nombreux que les sujets de tristesse. La surabondante grâce de Dieu repose sur eux (9 : 14). Quel repos d’être pleinement assurés de Son amour vigilant ! « Dieu est fidèle, qui ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de ce vous pouvez supporter, mais avec la tentation Il fera aussi l’issue, afin que vous puissiez la supporter » (1 Cor. 10 : 13).
« Nous ne nous lassons pas ; mais, même si notre homme extérieur dépérit, toutefois notre homme intérieur est renouvelé de jour en jour. Car notre légère tribulation d’un moment produit pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire, nos regards n’étant pas fixés sur ce qui se voit, mais sur ce qui ne se voit pas : car les choses qui se voient sont temporaires, mais celles qui ne se voient pas sont éternelles » (4 : 16-18). Paul ne se lassait pas ; il faisait face avec courage aux « barrières » apparemment insurmontables (2 Cor. 4 : 1, 16). Ainsi, par sa ferme attitude, il se recommandait à toute conscience d’homme devant Dieu. Si son évangile était voilé, il ne l’était que devant les incrédules (v. 3-4). La connaissance de Christ - le merveilleux message de l’évangile - était son trésor et il l’est pour chaque racheté. Dans de si heureuses conditions, l’excellence de la puissance est de Dieu et non pas de nous (v. 7).
La faiblesse du vase et la puissance de Dieu
« Le Dieu qui a dit que du sein des ténèbres brille la lumière, c’est lui qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu dans la face de Christ. Mais nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que l’excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous ; nous qui sommes dans les tribulations de toute manière, mais non pas dans la détresse ; dans la perplexité, mais non pas sans ressource ; persécutés, mais non pas abandonnés ; terrassés, nous ne périssant pas ; portant toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, aussi, soit manifestée dans notre corps » (2 Cor. 4 : 6-10).
L’apôtre n’était, comme tous les croyants, qu’un pauvre vase fragile, sans aucune valeur propre. Il faut souvent que le vase, image de notre corps si fragile, soit brisé pour que la vraie lumière paraisse. Durant son séjour sur la terre, la vie du croyant devrait être une sorte de « mort » continuelle. Le Seigneur a été constamment exposé ici-bas à la violence et à la persécution de la part des hommes. Rien d’étonnant si, parmi les chrétiens, certains ont à rencontrer des épreuves, du fait justement de leur foi vivante. Si nous sommes épargnés, demandons-nous si nous sommes vraiment fidèles dans notre témoignage. En tout cas, soyons assurés que de telles souffrances pour Christ ne sont pas chez nos frères persécutés un signe de défaite, mais plutôt celui de la victoire. Ayons donc, nous aussi, le désir de « porter, toujours, partout, dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, aussi, soit manifestée dans notre corps » (v.10).
Il est évident que notre « homme extérieur » dépérit, mais Dieu donne sans cesse aux siens tout le nécessaire pour qu’ils soient renouvelés dans « l’homme intérieur » (v. 16). L’apôtre était également soutenu en pensant au « poids éternel de gloire » ; il estimait que c’était sans commune mesure avec les épreuves « légères » qu’il traversait ! Pour avoir les mêmes sentiments, gardons nos regards fixés sur les choses qui « ne se voient pas », sur celles qui sont « éternelles » (v. 18).
Une leçon apprise par Paul, de la bouche du Seigneur : « Ma grâce te suffit »
« Afin que je ne m’enorgueillisse pas à cause de l’extraordinaire des révélations, il m’a été donné une écharde pour la chair, un ange de Satan pour me frapper au visage, afin que je ne m’enorgueillisse pas. A ce sujet, j’ai supplié trois fois le Seigneur qu’elle me soit retirée ; et Il m’a dit : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ demeure sur moi » (2 Cor. 12 : 7-9).
On trouve ici une belle description de la vie d’un serviteur de Dieu. Il peut parfois connaître des moments plutôt humiliants, comme Paul quand il a dû s’évader de Damas, dévalé par les disciples dans une corbeille le long de la muraille (11 : 33) ; mais il a fait aussi, parfois, des expériences exaltantes, celles qui n’ont lieu que sur les sommets. Ainsi Paul, ravi au paradis, « avait entendu des paroles ineffables qu’il n’est pas permis à l’homme d’exprimer » (v. 4). Quelle expérience extraordinaire ! Cependant, si un serviteur a connu des moments aussi élevés, d’intense communion avec le Seigneur, il doit savoir qu’il est plutôt ensuite en danger de tomber rapidement dans le péché de l’orgueil.
C’était le cas pour l’apôtre, objet d’une faveur inoubliable ! Aussi, pour être gardé de s’enorgueillir, il a reçu de Dieu une « écharde pour la chair ». C’était certainement une infirmité pénible, qui rendait sa présence méprisable au moment où il présentait la Parole en public (10 : 10 ; Gal. 4 : 14). Nous avons à apprendre à ce sujet d’importantes leçons. En effet, même si l’apôtre avait eu l’occasion d’écouter des paroles ineffables, lorsqu’il s’est retrouvé, en quelque sorte, « ici-bas », il avait toujours en lui la chair !
L'écharde que le Seigneur nous envoie peut sans doute être très différente de celle de Paul ; cependant, elle doit produire les mêmes exercices et les mêmes fruits que chez lui. Il précise que cette écharde était « un ange de Satan pour le frapper au visage ». D’une certaine manière, c’était un effort de la part du diable pour entraver - si possible - tout son travail pour Christ et les siens. Mais Dieu est plus grand que l’Ennemi. Il s’est servi de cette écharde pour garder Paul dans l’humilité. Ne doutons pas qu’Il se propose d’agir de la même façon à notre égard. Pour qu’un service pour Christ puisse produire du fruit, il est vraiment « nécessaire » que le serviteur soit conscient de sa faiblesse. Plus il l’est, plus la puissance de Christ demeurera sur lui ; c’est ainsi que, par son moyen, la prédication de la Parole sera efficace.
Paul a supplié trois fois le Seigneur que l’écharde lui soit retirée (v. 8). Il a reçu cette réponse : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (v. 9). Ce n’était pas ce qu’il espérait entendre ; il pensait recevoir de la puissance pour accomplir son service. Pourtant, contrairement aux apparences, l’écharde était un effet de la grâce de Dieu. Elle était destinée à juguler la chair, prompte à s’enorgueillir.
Humble et soumis, l’apôtre discernait dès lors, bien mieux qu’avant, le but poursuivi par Dieu à son égard. « Mis au large » en saisissant les pensées divines, il s’écrie : « Je me glorifierai donc très volontiers plutôt dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ demeure sur moi… car lorsque je suis faible, alors je suis fort » (v. 9-10).
« Dans la détresse tu m’as mis au large », a déclaré David. Pouvons-nous le dire nous-mêmes ? Peut-être pensons-nous au contraire que de si grandes épreuves nous amènent forcément à nous « replier » sur nous-mêmes, à nous sentir vraiment appauvris spirituellement et « limités » dans le service pour Dieu ? Ce ne sera pas le cas si nous restons en communion avec le Seigneur au milieu même des plus pénibles circonstances. Si nous avons à cœur Sa gloire ici-bas, nous éprouverons avec reconnaissance que toutes ces « pressions » exercées par les épreuves (deuils, maladies, tristesses de tous ordres, désappointements) n’ont finalement comme résultat que de nous « mettre au large » au point de vue spirituel et de nous rapprocher du Seigneur.
Ne cherchons pas à nous reposer sur des ressources personnelles acquises à force d’efforts, ni sur nos richesses - « elles se font des ailes, et, comme l’aigle, s’envolent vers les cieux » (Prov. 23 : 4-5). La prospérité matérielle a rarement un effet favorable sur notre état spirituel ; elle tend plutôt à nous éloigner de Dieu, tandis que l’épreuve, permise par le Seigneur, nous fera « du bien à la fin » (Deut. 8 : 16). Loin d’en sortir appauvris, nous serons enrichis ; notre communion avec le Seigneur en sera agrandie. Notre cœur ayant été « mis au large », débarrassé de nos entraves, nous pourrons dire à Dieu, comme le psalmiste : « Je courrai dans la voie de tes commandements » (Ps. 119 : 32).
Que le vœu exprimé par Paul à l’égard des croyants d’Ephèse puisse se réaliser pour chacun de nous : « Que le Christ habite, par la foi, dans vos cœurs, étant enracinés et fondés dans l’amour, afin que vous soyez capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur et la longueur et la profondeur et la hauteur - et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance -, afin que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (Eph. 3 : 17-19).
Ph. L - le 08-03-14