« Ma nourriture » (Jean 4 : 34)
Dieu, le Fils, vivant, marchant et souffrant comme vrai homme sur cette terre ! Vision élevée pour le cœur du croyant qui le suit depuis Bethléem avec un regard plein de respect et qui écoute attentivement toutes les paroles qui sont sorties de sa bouche ! Lui-même a dit : « De l'abondance du cœur, la bouche parle » (Matt. 12 : 34). Si nous appliquons ce principe au Seigneur Jésus, combien ses paroles manifestaient ce qui remplissait son être intérieur tout au long de sa marche ici-bas !
Quelle révélation du cœur divin du Seigneur nous donne cette déclaration de sa bouche : « Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre » (Jean 4 : 34). Méditons un moment sur cette parole et observons dans quel contexte elle a été exprimée.
Une femme samaritaine trouve en Jésus la source de l’eau vive
Après une longue marche sur des chemins poussiéreux, sous le soleil brûlant de la Palestine, Jésus est arrivé avec ses disciples auprès d'une fontaine. Il est fatigué du voyage, Il est altéré et a faim. Comme vrai homme, Il éprouvait tout ceci aussi réellement que ses disciples, qui, poussés par la faim, étaient allés à la ville pour acheter des vivres (v. 8). Nous pourrions parfaitement comprendre qu'Il n'ait alors plus répondu aux sollicitations d'autrui, jusqu'à ce que ses besoins corporels soient assouvis. C'est cela qui nous entrave si souvent dans notre service.
Mais Jésus voit une femme avec une cruche venir de la ville vers la fontaine et Il sait que son cœur réclame une autre eau qui puisse enfin étancher sa soif. Aussitôt, tout son intérêt est porté à aider cette âme. Avec quelle délicatesse Il entre en contact avec elle ! Il lui demande de lui donner à boire. Il s'agit avant tout pour Lui d'engager la conversation avec elle ; nous ne lisons rien quant au fait qu'elle ait donné ou non suite à sa demande. Peut-être l'a-t-elle oubliée au cours de l'entretien qui la saisit au plus profond d'elle-même.
L'homme qui est assis là sur la fontaine inspire confiance à cette femme qui, dans sa vie passée, « a fait » tant de choses qui la cataloguaient, devant ses semblables, comme une créature profondément dégradée. Il est tellement différent des Juifs qui, dans leur orgueil religieux, regardaient les Samaritains avec mépris et hostilité. Celui-ci est si humble et cependant si majestueux, si saint et pourtant d'une bonté au-delà de toute expression ! Elle remarque qu'Il cherche son bien.
Avec droiture, elle ouvre son cœur à ses paroles de grâce et de vérité. Il dévoile certes sa vie de péché, mais Il lui fait aussi connaître ce que Dieu veut lui donner par son moyen : elle discerne d'abord en Lui un prophète (v. 19), puis finalement le Christ (v. 29) : l'eau vive qui étanche à jamais la soif de l'âme, une fontaine d'eau jaillissant en vie éternelle.
La femme ne peut assurément pas encore saisir les immenses richesses spirituelles qui vont devenir maintenant sa part par la foi en la parole du Christ ; mais le peu déjà qu'elle a bu de l'eau vive la remplit de la joie indescriptible du salut. Dans un ardent désir de le communiquer sans retard à d'autres, elle laisse sa cruche et s'en va à la ville. L'a-t-elle oubliée ou ne la prend-elle pas parce qu'elle veut courir ?
Quel aliment rafraîchissant pour le cœur de Jésus !
Il y a un autre cœur qui déborde : le cœur de Celui qui est venu apporter la grâce aux hommes. A leur retour, les disciples s'étonnent de ce qu'Il parle avec une telle femme, une Samaritaine ! Ne savent-ils donc pas encore qu'aucun homme, même le meilleur Juif, n'a droit à la bénédiction que Christ a apportée.
Ils Le prient : « Rabbi, mange ». Mais Il leur dit : « Moi j'ai une nourriture à manger que vous, vous ne connaissez pas » (v. 32). Les disciples ne pensent ici qu'aux choses terrestres et se demandent : « Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? » (v. 33). Jésus répond : « Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre ».
Ce voyageur humble et fatigué assis sur la fontaine de Jacob était le « Fils unique de la part du Père ». Dieu l'avait envoyé, Lui qui est « plein de grâce et de vérité », pour accomplir ici-bas, dans la chair, l'œuvre infinie de la grâce de Dieu qui surpasse toute intelligence. Seule cette grâce pouvait encore sauver l'homme après qu'il ait prouvé devant Dieu, par l'histoire du peuple d'Israël, qu'il n'était pas en mesure de garder et d'accomplir la Loi donnée par Moïse.
Mais - qui peut le comprendre ? - les Juifs de ce temps-là ont rejeté cette merveilleuse grâce et aussi l'Envoyé de Dieu en qui elle leur était offerte dans une plénitude illimitée et incommensurable ! Ils ont fermé leurs yeux devant « la Lumière du monde » qui révélait leur état de perdition totale ; dans leur présomption, ils ont voulu rester sur le terrain de la Loi qui les avait pourtant placés sous la malédiction ! Ils ont voulu démontrer devant les hommes une fidélité à la Loi qui n'existait nullement devant Dieu ! Quelle hypocrisie !
Combien cette pauvre femme de la Samarie méprisée, tombée si bas, s'est conduite différemment ! Quand la lumière a pénétré dans sa conscience, elle n'a formulé aucune objection. Elle n'a pas cherché à dissimuler son état de péché. Elle s'est inclinée humblement devant cette réalité. Mais ensuite, elle a commencé à boire avidement à la source divine de la grâce qui était venue jusqu'à elle dans la personne de Jésus Christ. C'est ainsi que cette esclave du péché l'avait reçu pour elle-même et avait été élevée à la position d'enfant de Dieu, d'adoratrice du Père.
Le fait d'accomplir une telle œuvre de grâce envers l'homme, même envers une seule âme, était un aliment rafraîchissant pour le cœur de notre Seigneur. Il avait faim de faire la volonté de Celui qui l'a envoyé et d'avoir ainsi communion avec le Dieu qui aime les hommes d'un amour si infini qu'Il a donné pour eux son Fils unique. Et durant son cheminement sur cette terre, le Seigneur Jésus avait aussi eu faim de trouver des hommes envers lesquels Il pourrait accomplir l'œuvre de la grâce. Ne l'a-t-Il pas prouvé en ce qu'Il s'est offert lui-même pour nous ? Adorable Seigneur !
Connaissons-nous cette nourriture ?
Le Seigneur attend maintenant, de ceux qui ont fait l'expérience de sa grâce, que pressés par son amour ils collaborent à cette œuvre de grâce. La femme de Sichar l'a fait de son propre chef. Grâce à son modeste témoignage, plusieurs des Samaritains crurent en Lui. Oui, il en est résulté, dans cette ville, un véritable réveil.
Mais le Seigneur a dû exhorter les disciples, dont le cœur était encore à l’étroit du fait des considérations légales et judaïques, à lever leurs yeux sur les campagnes qui étaient « blanches pour la moisson ». Ce que les prophètes avaient prédit s’était accompli. La grâce de Dieu était apparue dans le Christ Jésus, et devait être dorénavant proclamée dans le monde entier. Dans son esprit, le Seigneur voyait devant Lui toutes les âmes qui accepteraient l'évangile de la grâce.
Celui qui collabore à cette moisson et qui aide à recueillir, dans les champs du monde, le fruit de la grâce qui est dans le Christ Jésus, en reçoit un salaire. En quoi consiste-t-il ? Nous pouvons, déjà maintenant - et pour l'éternité - avoir part à la joie du Père et du Fils au sujet de chaque pécheur qui se repent et appartient à la moisson de la grâce. Les fidèles prophètes, qui ont « semé » en prophétisant par avance de la grâce qui nous était destinée, participeront aussi à cette joie.
« Moi, j'ai une nourriture à manger que vous, vous ne connaissez pas », a dit le Seigneur aux disciples qui sont devenus plus tard des messagers zélés de l'évangile de la grâce. Et nous ? Connaissons-nous cette nourriture ? Avons-nous faim d'annoncer, d'une manière ou d’une autre, la grâce en Christ aux hommes ?
D’après W. Gschwind – Extrait de « Conseils pour la vie nouvelle »