LES EPITRES DE JEAN (10)
Première épître de Jean : La vie divine et ses certitudes
La quatrième partie de l’épître présente la vie éternelle en rapport avec le témoignage de Dieu et les certitudes de la foi. Jean veut fonder notre foi sur l’Ecriture (v. 1, 12, 13, 18-20).
Amour obéissant et foi victorieuse (5 : 1-5)
• Qui est mon frère ? (v. 1)
« Et qui est mon prochain ? » (Luc 10 : 29), demandait le docteur de la Loi. Nous pouvons aussi adopter la même attitude en disant : « Qui est mon frère ? » Ce verset nous donne la réponse. Nos frères sont tous ceux qui croient en Jésus comme le Christ, l’Oint de Dieu, son Envoyé. Cette foi en Jésus va de pair avec la confession qu’Il est le Fils de Dieu (4 : 15). Le Christ, le Messie, est le Fils de Dieu, le Créateur, Dieu lui-même (Es. 9 : 6-7).
• Amour obéissant (v. 2-3)
Alors, si nous aimons Dieu, nous aimerons tous ceux qui sont nés de Lui. Mais le danger est de remplacer cet amour qui vient de Dieu par un amour simplement humain (Matt. 5 : 46). Si nous aimons les frères parce qu’ils nous sont agréables, qu’ils ont les mêmes pensées que nous ou qu’ils nous ressemblent par le rang social ou leurs habitudes de vie, nous ne les aimons pas comme enfants de Dieu. Si Dieu lui-même n’a pas la première place dans notre cœur, ce qui est appelé amour des frères est une séduction d’autant plus subtile qu’elle se revêt du nom de l’amour. Un véritable amour pour les frères ne prend pas son parti de leur désobéissance à Dieu. Il prie pour eux et les reprend si nécessaire, même au prix de souffrances. Il ne cherche pas ses propres intérêts, mais ceux de Jésus Christ.
Aimer Dieu et garder ses commandements est la preuve déterminante de l’amour pour ses frères. L’amour n’est donc pas d’abord une expérience émotionnelle ou un engagement pratique (3 : 17-18), il est une obéissance à Dieu, consciente et réfléchie. En obéissant à Dieu, nous pouvons devenir des canaux par lesquels jaillit la bénédiction pour nos frères. Si nous aimons nos frères, nous révélons l’amour de Dieu. Nous le pourrons si nous réalisons que « les saints seront dans nos pensées dans la mesure où les pensées de Christ à leur égard nous seront connues et précieuses ».
• Foi victorieuse (v. 3-5)
L’amour pour Dieu, comme celui pour les frères, s’identifie à l’obéissance aux commandements de Dieu. Alors quelle est la ressource pour les accomplir ? La foi. Tout dans ce monde s’oppose à cette obéissance. Cela pourrait nous décourager, mais l’apôtre nous fortifie en affirmant que le vrai croyant est déjà victorieux du monde. Fondamentalement, il est vainqueur, Dieu le voit ainsi. Sa foi est déjà en elle-même, par le seul fait de son existence, une victoire sur le monde. Elle est aussi le secret pour rester vainqueur.
Les pressions morales sont fortes sur les croyants : valeurs relatives d’une société sécularisée sans Dieu, convoitises, courants de pensées qui rejettent Dieu, persécutions même. Eh bien, la foi ne s’arrête pas au monde et à ses obstacles, elle s’élève au-dessus de tout cela et voit Celui qui est invisible (Héb. 11 : 27). L’apôtre tourne nos regards vers Christ : Il a vaincu le monde (Jean 16 : 33), et nous a parlé des choses du ciel (Jean 3 : 12). Plus nous connaîtrons le Fils de Dieu, plus nous pourrons résister à la puissance de séduction du monde.
La Loi était un joug pénible. Personne en Israël – sauf Jésus – n’a pu l’accomplir (Act. 15 : 10). Elle avait été donnée pour mettre à l’épreuve l’homme dans la chair. Maintenant, si nous avons les commandements de Dieu, nous avons aussi reçu une nouvelle nature qui trouve ses délices à les accomplir. Voilà toute la différence entre celui qui est dans la chair et celui qui est né de nouveau. Dieu opère en nous « et le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Phil. 2 : 13). Son amour en nous est le mobile de notre obéissance. Nous avons de la joie à suivre le Seigneur, ses commandements ne sont pas pénibles à notre être renouvelé.
– v. 5 : Qui donc est victorieux du monde ? Est-ce celui qui en comprend tous les rouages pour pouvoir éviter ses pièges ? Non, c’est simplement et seulement celui qui croit que Jésus, l’homme méprisé et rejeté du monde, est le Fils de Dieu. Il croit que Jésus, l’homme maintenant glorifié, est la vérité et la vie. Le monde qui a refusé Jésus est le lieu du mensonge et de la mort. Ainsi, par sa foi au Fils de Dieu, le croyant a jugé le monde. Il en est délivré, il en est vainqueur comme l’a été son Sauveur (Jean 16 : 33).
Résumons l’enseignement de ces versets :
- est né de Dieu, celui qui a discerné que Jésus est le Fils de Dieu ;
- le vrai croyant aime Dieu et - chose inséparable - il aime ses frères ;
- cet amour se manifeste en gardant les commandements de Dieu, ce qui ne peut être réalisé que par la foi, une foi victorieuse du monde et libre.
Les témoignages rendus au Fils de Dieu (5 : 6-12)
La foi dépend toujours d’un témoignage (Jean 5 : 31-47). La foi au Fils de Dieu repose sur un témoignage solide car il émane de trois témoins : l’Esprit, l’eau, et le sang (v. 8). C’est un seul et même témoignage, celui de Dieu (v. 9), que le croyant a en lui-même (v. 10). L’apôtre en fait connaître la substance : « Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils » (v. 11).
• La puissance de la venue de Christ (v. 6)
L’apôtre vient d’insister sur l’importance de croire que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu (v. 1, 5). Maintenant avec force, il souligne aussi la puissance de Sa venue, « par l’eau et par le sang ». Le symbole de l’eau est difficile à comprendre dans ce texte qui répond probablement à une hérésie précise connue des premiers lecteurs de cette lettre. Nous interprétons le symbole à la lumière de l’ensemble de l’Ecriture, et en particulier de Jean 19 : 34 (l’eau qui sortit du côté du Seigneur Jésus). Souvent dans la Bible, l’eau représente la mort, et aussi la nouvelle vie, vie de résurrection, résultat de l’action purificatrice de la parole de Dieu (Tite 3 : 5). Le Seigneur est venu dans une parfaite humanité, mais Il était infiniment plus qu’un homme exemplaire. Il avait la vie en lui-même (Jean 5 : 25 ; 6 : 63), ses paroles étaient esprit et vie. Il apportait la Parole comme puissance de vie. Ainsi est-Il venu « dans la puissance de l’eau ».
Mais Il est venu aussi « dans la puissance du sang ». L’insistance de l’apôtre sur le sang est très importante de nos jours où l’on présente souvent la mort de Christ comme l’exemple suprême de l’amour. Mais on ne veut pas reconnaître que, par sa mort et son sang versé, Christ a expié nos péchés et a répondu aux saintes exigences de la justice de Dieu. Christ est venu pour donner sa vie et être la propitiation pour nos péchés. La croix était devant Lui dès le début de son entrée dans le monde (Ps. 40 : 6-8 ; Luc 12 : 50) et, alors qu’Il approchait du moment où Il allait être crucifié, Il pouvait dire qu’Il était venu pour cela (Jean 12 : 27).
• Les trois témoins (v. 6b-8)
En Jésus seul se trouve la vie et nous avons trois témoins pour l’attester : l’Esprit, l’eau et le sang. L’Esprit, envoyé par le Père en réponse à la prière du Seigneur Jésus glorifié (Jean 7 : 39 ; 14 : 16), rend, par sa présence même, témoignage à Christ et à son œuvre. Son témoignage est valide car il est la vérité. Celle-ci ne germe pas de nos esprits, elle vient de Dieu.
– v. 7-8 : Au procès de Jésus, les faux témoins se contredisaient. En contraste, les trois vrais témoins sont en parfait accord pour attester la valeur de l’œuvre de Christ (comp. Deut. 19. 15). L’Esprit est ici placé le premier, témoin actif et vivant en nous, pour nous faire comprendre la valeur de l’œuvre de Christ. L’eau et le sang, témoins silencieux, marquent pourtant fortement nos esprits et nos cœurs. En effet, pour nous approcher de Dieu, nous avions profondément besoin d’être lavés de notre souillure par l’eau – c’est l’aspect moral – et d’être justifiés de nos péchés par le sang – c’est l’aspect judiciaire. On peut remarquer la correspondance de ces deux témoins (l’eau et le sang) avec les deux buts pour lesquels Dieu a envoyé son Fils : « afin que nous vivions par lui », et « pour être la propitiation pour nos péchés » (4 : 9-10).
Le sang a coulé du côté de Jésus déjà mort. C’est le sang de l’expiation, il nous rachète de notre culpabilité. Christ a souffert pour nos péchés (1 Pier. 3 : 18), Il a laissé sa vie pour nous. Quel témoin que le sang de Christ ! En le voyant couler du côté percé de notre Sauveur, nous pleurons sur nos fautes. Mais par la foi, nous savons que par son sang, Christ a « obtenu une rédemption éternelle » (Héb. 9 : 12). Le sacrifice est agréé, nos péchés sont pardonnés, nous sommes devenus « justice de Dieu » en Christ (2 Cor. 5 : 21).
L’eau est aussi sortie du côté d’un Christ mort. Elle est la figure de vie en résurrection du second homme, laquelle nous est offerte. Non pas l’amélioration de l’homme en Adam, mais « la régénération » (Tite 3 : 5), la nouvelle naissance par l’eau et par l’Esprit (Jean 3 : 5). Une vie qui vient de l’homme parfait, se donnant pour la vie du monde (Jean 6 : 51).
La mort de Christ atteste que nous étions morts (2 Cor. 5 : 14) et l’eau qui est sortie de son côté nous purifie par notre identification avec un Christ mort, pour que nous recevions la vie avec Lui. L’eau rend témoignage du jugement de mort prononcé et exécuté sur la chair. C’est ce qu’annonçait en type la traversée du Jourdain et ce que signifie le baptême chrétien (Rom. 6 : 5-8).
• Le témoignage de Dieu est plus grand (v. 9-10)
Combien de fois nous acceptons des témoignages humains en sachant pourtant qu’ils peuvent être défaillants ! Et nous ne recevrions pas le témoignage de Dieu ? Le recevoir est pourtant vital, c’est le premier pas de la foi, non pas un saut dans le vide, mais une réponse aux invitations de Dieu dans sa Parole. Ensuite, par l’Esprit, nous avons le témoignage au-dedans de nous-mêmes. Dieu nous donne ainsi une conviction plus profonde par le témoignage vivant et intérieur du Saint Esprit. Nous avons une paix et un bonheur secrets qui dépassent tout raisonnement. Celui qui ne croit pas Dieu, non seulement n’obtient pas la vie, mais se place lui-même dans une position effrayante : il accuse Dieu, le fait menteur. Un ancien auteur écrivait : « On ne peut pas faire à Dieu de plus grave affront que de ne pas le croire. L’incroyant laisse entendre qu’on ne peut se fier à Dieu. Il le renie et dans son cœur, il dresse, telle une idole, sa propre raison comme s’il était plus sage que Dieu ».
• L’objet du témoignage et ses résultats (v. 11-12)
Peut-être avons-nous voulu fonder notre paix sur nos sentiments ? C’était faire fausse route. Nous trouvons la paix en acceptant le témoignage que Dieu rend au sujet de son Fils. Dieu affirme qu’Il nous a donné la vie éternelle. Elle ne résulte pas de nos œuvres, ni de quoi que ce soit, elle est un don gratuit et immérité de Dieu. Nous la possédons, mais pas de façon indépendante de Dieu, elle est dans son Fils (Col. 3 : 3). « Parce que moi je vis (dit Jésus), vous aussi vous vivrez » (Jean 14 : 19) ! Dieu ne nous donne rien en dehors de Christ mais Il nous donne tout en Christ, et déjà maintenant la Vie éternelle, une vie qui nous associe au Fils de Dieu.
– v. 12 : La foi au Seigneur est donc le critère déterminant : « Celui qui a le Fils a la vie ». Mais, fait solennel, « celui qui n’a pas le Fils de Dieu n’a pas la vie », quels que puissent être son zèle, sa conduite, ses paroles, ses actes… Quelqu’un pourrait-il lire ces lignes et ne pas croire au Fils de Dieu ? Qu’il regarde à Jésus avec confiance et il recevra la vie pour l’éternité.
D’après « Sondez les Ecritures » (vol. 14)