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LES EPITRES DE JEAN (9)


L’amour de Dieu en nous (4 : 11-16)
            L’amour de Dieu avec nous (4 : 17-19)
            Aimer Dieu, aimer son frère  (4 : 20-21)


Première épître de Jean : La vie divine et ses privilèges (suite)

L’apôtre a parlé de l’amour de Dieu pour nous et en dehors de nous, un amour manifesté par la venue du Fils de Dieu. Il développe maintenant le sujet de l’amour de Dieu en nous, par la vie nouvelle qu’il nous a donnée en Christ.

L’amour de Dieu en nous (4 : 11-16)

            • Si Dieu nous aima ainsi, nous aussi nous devons nous aimer l’un l’autre

            – v. 11 : Peut-être aurions-nous pensé qu’en réponse à l’amour de Dieu pour nous, l’apôtre nous exhorterait à aimer Dieu de tout notre cœur ? Mais il nous enjoint de nous aimer l’un l’autre. Telle est la preuve vérifiable de notre gratitude envers Dieu.
            Sommes-nous attentifs à ce petit mot « ainsi » ? Il exprime la profondeur de l’amour de Dieu. Cet amour, plus fort que la mort, devrait nous captiver et nous conduire à servir nos frères en renonçant à nous-mêmes. L’apôtre dit : nous « devons », et non pas : nous « pouvons » nous aimer. Plusieurs fois, il a insisté sur le devoir d’amour (2 : 10 ; 3 : 10-11, 14, 18, 23 ; 4 : 7-8), mais il en donne ici le motif suprême : l’amour de Dieu. Sommes-nous laissés à nos propres forces pour aimer nos frères ? Non, Dieu, qui nous a donné son Fils, a aussi agi en nous de la manière la plus absolue. Dieu est même en nous. Quel privilège !

            • Dieu demeure en nous

            – v. 12 : « Personne n'a jamais vu Dieu ». Ici, voir Dieu signifie être dans sa présence directe, Le voir d’égal à égal, comme l’homme voit le monde qui l’entoure et peut le cerner et le décrire. Cette vision de Dieu n’est pas possible pour la créature. En revanche, nous pouvons connaître Dieu par la foi (3 : 6), en recevant la révélation qu’Il a faite de lui-même en son Fils.
            Dieu est esprit (Jean 4 : 24), invisible (1 Tim. 1 : 17 ; 6 : 16). De plus, Il est saint ; aussi aucun homme ne peut-il Le voir et vivre (Ex. 33 : 20). Alors comment peut-Il être connu ? Dans son évangile, Jean répond : « Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1 : 18). Mais ici, pour notre étonnement, Jean poursuit : « Si nous nous aimons l’un l’autre, Dieu demeure en nous, et son amour est accompli en nous ». Le Dieu invisible, qui a été révélé dans son Fils, est maintenant présent, donc connu, comme tangible en ses enfants quand ils s’aiment l’un l’autre.
            Pour ainsi dire, nous connaissons Dieu quand son amour est actif en nous et entre nous. Il y a une source de pensées et d’affections qui n’est pas humaine. Dieu est là. Nous le savons, nous l’expérimentons par la foi. C’est une réalité, exprimée par le Saint Esprit, et c’est aussi, nous n’en doutons pas, un témoignage extérieur.
            Les Juifs auraient dû comprendre que Dieu était en Christ, en particulier par les œuvres du Seigneur (Jean 10 : 38 ; 14 : 10). Aujourd’hui, les hommes peuvent reconnaître les disciples du Seigneur à leur amour mutuel (Jean 13 : 35). Dieu ne se connaît pas par l’intelligence, mais par la vie qu’Il donne. Il est invisible, mais son amour pour nous est visible, Il a été manifesté (v. 9), et son amour en nous s’exprime par l’Esprit.

            • Son amour est consommé en nous

En réalité, si nous nous aimons l’un l’autre, c’est que Dieu demeure en nous et agit. Il ne s’agit plus de maturité spirituelle comme au chapitre 2, mais de nature. Ou bien la nature de Dieu est présente et alors elle se manifeste, ou bien elle n’est pas présente.
            Dieu demeure en nous, quelle bénédiction, quelle richesse en nous ! Nous ne pouvions rien désirer de plus grand. Son amour est totalement en nous. Notre amour réciproque est limité, mais s’il existe, c’est Dieu qui est là, dans la perfection de son amour en nous. Une perfection semblable à l’œuvre de son amour à la croix, faite absolument en dehors de nous. Voilà pourquoi ce qui est vrai en Christ est vrai en nous (2 : 8).

            • Il nous a donné de son Esprit

Au verset 24 du chapitre 3, il est dit que Dieu nous a donné son Esprit (personne divine). Ici c’est son Esprit comme puissance et source de vie en nous.

            – v. 13 : Goûter cet amour accompli en nous, est-ce une expérience supérieure, une élévation mystique ? Non, c’est parce que Dieu nous a donné de son Esprit. Le Souffle divin nous donne la certitude de la présence de Dieu, quand l’amour fraternel, pratique et vivant, est là. Le Saint Esprit stimule la vie divine en nous, Il nous fait goûter les choses invisibles. La vie de Dieu agit en nous par son Esprit, aussi sommes-nous assurés intérieurement de demeurer en Dieu (5 : 10). Nous réalisons que nous sommes dans le vrai, dans l’amour, dans la communion de Dieu, et qu’Il demeure en nous et fonde notre être nouveau. Quelle joie et quel repos que cette assurance de la foi par l’action du Saint Esprit !

            – v. 14. Après avoir évoqué le témoignage du Saint Esprit dans le croyant (v. 13b ; 5 : 10), l’apôtre ajoute, avec conviction, son propre témoignage, en fait celui des apôtres et de toute la Parole. C’est encore un témoignage du Saint Esprit mais il est en dehors du croyant. Il est là pour produire et fortifier la foi. Remarquons que les trois personnes divines sont citées dans ces versets 13 et 14. Le Père a envoyé son Fils dans le monde comme Sauveur, et le Saint Esprit dans nos cœurs comme agent et comme témoin.
            Si personne n’a jamais vu Dieu, les apôtres avaient vu le Fils envoyé par le Père et pouvaient affirmer qu’Il était le Sauveur du monde et non pas simplement d’Israël (Jean 4 : 42). Ce titre de Sauveur du monde révèle l’amplitude de l’amour de Dieu. Il a en nous une résonance profonde.
            Nous étions autrefois loin de Dieu (Eph. 2 : 13), perdus dans les ténèbres. Le Sauveur du monde, le bon Berger, nous a trouvés et nous a sauvés. Plus nous goûterons son amour, plus nous parlerons de lui.

            – v. 15 : La demeure de Dieu en nous et notre demeure en Lui dépendent-elles d’une haute mesure de spiritualité ? Non, c’est la part de chaque vrai chrétien. Celui qui, si timide soit-il, déclare que Jésus est le Fils de Dieu prouve qu’il a la vie éternelle et la présence de Dieu en lui. Ce titre de Fils de Dieu exprime la gloire du Seigneur Jésus (Mich. 5 : 2). Quel encouragement à le confesser ainsi dans le monde qui L’a rejeté ! Un tel verset est la joie des humbles et aussi un reproche pour nos cœurs lents à dire qui est Jésus.

            • Nous avons connu et cru l’amour que Dieu a pour nous (v. 16a)

L’essence de Dieu, lumière et amour, la communion avec Lui et avec son Fils, sa demeure en nous, et nous en Lui… voilà quelques-uns des précieux enseignements de l’apôtre. Il développe maintenant le sujet de la foi qui va occuper une place importante dans le reste de l’épître. La foi est la clef de la vie divine. Par elle, le croyant voit le royaume de Dieu (Jean 3 : 3), invisible à l’incrédule. Par elle, il goûte l’amour de Dieu (v. 9), révélé par la venue de Jésus et exprimé dans les enfants de Dieu eux-mêmes (v. 12).
            Croire, c’est recevoir un témoignage de Dieu, après l’avoir entendu, connu. La foi grandit, elle n’arrive pas à maturité immédiatement. Les disciples avaient cru en Jésus (Jean 1 : 51). Après les noces de Cana, il est dit : « Il manifesta sa gloire ; et ses disciples crurent en lui » (Jean 2 : 11). De même à la résurrection de Lazare, Jésus leur dit : « Je me réjouis… afin que vous croyiez » (Jean 11 : 15). Il y a interaction entre foi et connaissance. Notre esprit doit être éclairé par la foi pour être capable d’une connaissance réelle, laquelle à son tour réagit sur la foi et lui donne force et clarté.
            Les apôtres avaient vu le Seigneur et avaient parlé de Lui. Ils avaient connu et constaté l’amour de Dieu et ils y avaient cru. Ils n’étaient pas restés dans l’hésitation, ils s’étaient avancés, car la foi est un engagement complet. Connaître par son intelligence ne suffit pas. Nous aussi, nous avons entendu et donc connu la bonne nouvelle, ensuite nous l’avons crue. Comme eux, nous avons maintenant à en témoigner.
            On pourrait penser que nous devons expérimenter l’amour de Dieu avant de croire. Mais c’est l’inverse. Il faut bien plutôt croire à cet amour et ensuite goûter ses effets. L’amour ne s’impose pas, il se reçoit, il s’accueille. Dieu a prouvé son amour par l’envoi de son Fils. Ceci est vrai quels que soient nos sentiments. Il nous aime en dehors de nos mérites personnels. A nous de le croire !

            • Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui (v. 16b)

De la même manière que nous marchons dans la lumière (1 : 7), nous demeurons dans l’amour (Col. 1 : 12-13 ; Eph. 1 : 4). C’est l’état chrétien. Il est lié à la nature divine, maintenant communiquée. Nous marchons dans la lumière, comme Lui est dans la lumière, et nous demeurons dans l’amour, ce qui implique que nous demeurons en Lui, qui est amour. Quelle place ! Demeurant dans l’amour divin, étant devenus fils de Dieu, nous ne sommes pas dans un domaine extérieur à Dieu, mais nous sommes en Lui, et Lui en nous. Rien de plus grand ne pouvait nous être accordé.
            Et rien ne pouvait avoir de plus forte implication pratique. Un chrétien d’autrefois a écrit : « Habite l’amour et il t’habitera, demeure en lui et il demeurera en toi ». Dans la pratique, lorsque notre vie s’épanouit sous les chauds rayons de l’amour de Dieu, et que nous sommes en communion avec lui, la source de tout amour, Dieu demeure en nous et le manifeste en agissant par nous. Le verbe « demeurer », employé cinq fois dans ces versets 12 à 16, nous apprend que cette demeure ne doit pas être occasionnelle ou fugitive mais stable, paisible, certaine. Dieu demeure en nous et son amour, sa vérité, tous ses caractères peuvent s’exprimer à travers nous.
            L’expression « nous en Dieu » évoque notre communion avec Lui, tandis que « Dieu en nous » exprime son action à travers nous, dont les fruits sont vus par ceux qui nous entourent.

 

L’amour de Dieu avec nous (4 : 17-19)

A la croix, l’amour de Dieu à notre égard a été prouvé par une œuvre extérieure à nous (v. 9-10). Cet amour est aussi en nous (v. 12-16), Dieu demeurant en nous. Enfin son amour est avec nous, il nous accompagne, et cela jusqu’à la manifestation devant Dieu, le Juge (v. 17).

Ce troisième aspect de l’amour évoque le service du Seigneur comme souverain sacrificateur et comme avocat (2 : 1-2) s’occupant de nos faiblesses et de nos manquements. Les services du Seigneur découlent de sa position inébranlable, Lui, l’homme glorifié, et de notre identification avec Lui. Voilà en quoi l’amour a atteint son but avec nous : comme Christ est actuellement, « nous sommes, nous aussi, dans le monde ».
            Ainsi nous avons toute assurance pour le jugement. Non pas à cause de notre propre force ou de notre perfection pratique, mais parce que nous sommes comme Christ en nature (Dieu en nous) et en position (nous en Christ), bien que nous soyons encore dans le monde (Jean 17 : 11). Nous avons la vie éternelle, justifiés par la vie (Rom. 5 : 18), nous sommes acceptés en justice et en joie devant Dieu. Tel est le fondement de notre assurance. Christ sera toujours vainqueur pour nous, et nous Lui sommes identifiés. Certes, Il devra nous discipliner, nous former mais rien ne pourra nous séparer de son amour (Rom. 8 : 34-35), et cela jusqu’à notre arrivée dans la gloire. Lors de la venue de Christ en gloire, les croyants seront rendus parfaits dans l’unité, Christ en eux et le Père dans le Fils. Et le monde connaîtra que le Père les a aimés comme il a aimé son Fils (Jean 17 : 23). En pensant au jugement, les croyants ont donc toute assurance. En même temps la pensée que nos actes ici-bas seront « tous manifestés devant le tribunal du Christ » nous maintient dans une crainte salutaire du Seigneur (2 Cor. 5: 10-11).

            • Pas de crainte dans l’amour (v. 18)

Il a été dit pour expliquer ce verset : « Un enfant, certain de l’amour de ses parents, aura confiance en eux et ne sera pas dans une crainte servile. En revanche, s’il doute de leur affection, il sera inquiet et se repliera sur lui-même ». De même, la conscience de l’amour de Dieu chasse la crainte. Ici, la crainte se rapproche de la peur. Elle est à distinguer de la crainte de Dieu, laquelle est le commencement de la sagesse (2 Cor. 7 : 1) et ne trouble en rien la confiance et la paix que nous avons en Lui. La crainte dont il est question ici entraîne du tourment, une inquiétude quant à l’avenir, qui ronge et détruit la paix de l’amour. Celui qui craint de cette manière n’est donc pas entièrement fondé dans l’amour parfait de Dieu, invariable, plus fort que la mort, si complet qu’il se déploie pour nous, en nous et avec nous.
            Au début de notre vie chrétienne, et même parfois après, une souffrance secrète peut ronger notre paix : « Et si je pèche, et si je lâche la main du Seigneur… Dieu va-t-il me punir, me rejeter ? ». Mais peu à peu nous comprenons que c’est Lui qui nous tient. Alors, notre paix se fonde sur son amour, ce qui nous rend paisibles et aussi sérieux et attentifs pour Lui plaire. Cela nous fait fuir le péché et nous rejette sur Christ. Véritablement l’amour parfait avec nous chasse la crainte !

            • Pourquoi aimons-nous ? (v. 19)

L’absence de crainte quant au futur, la paix et le repos profonds viennent du fait que Dieu nous a aimés le premier, nous aimera pour l’éternité, et toujours le premier. Notre amour découle du sien. Nous n’avons pas à nous forcer à aimer mais à rester comme immergés dans son amour.
            Tournons-nous constamment vers le cœur de Dieu qui, comme une fontaine inépuisable, nous remplira d’amour pour Lui, pour nos frères, et pour tous ceux que nous côtoyons. L’amour selon Dieu ne trouve pas sa source en ceux à qui il s’adresse, il vient de Dieu lui-même.

 

Aimer Dieu, aimer son frère  (4 : 20-21)

Après avoir parlé de l’amour entre frères, puis de l’amour pour Dieu, l’apôtre explique maintenant que les deux ne peuvent être séparés. La réalité de notre amour pour Dieu est prouvée par notre amour pour nos frères. Quelqu’un peut dire de manière très éloquente : « J’aime Dieu » mais s’il hait son frère, c’est un menteur. Comment peut-il aimer Dieu en méprisant le commandement divin d’aimer ses frères ? Ici comme au verset 23 du chapitre 3, le commandement est le principe de la vie de Christ dans les croyants. Les commandements, eux, correspondent à l’expression de la volonté du Seigneur à notre égard. Nous n’avons pas vu Dieu mais nous pouvons voir quelque peu ses caractères dans nos frères. Si cela n’éveille pas nos affections, il est clair que nous n’aimons pas Dieu.

            – v. 21 : Pour la troisième fois (2 : 9-11 ; 3 : 10-23), l’apôtre insiste sur l’amour entre frères. C’est un commandement de Dieu, le vivons-nous ? L’histoire de l’Eglise en a montré l’importance. Tant que nous serons sur la terre, nous ne pourrons pas éviter les difficultés dans la vie de l’Eglise. Mais si l’amour est vivant parmi nous, nous les surmonterons. N’est-il pas dit que « l’amour ne périt jamais » ? (1 Cor. 13 : 8). Chaque fois que les chrétiens vivent cet amour mutuel, fruit de leur communion avec Dieu, Dieu est glorifié, et un puissant témoignage est rendu devant le monde. « Voyez comme ils s’aiment », disaient les païens du second siècle, en parlant des chrétiens. Ils étaient étonnés de rencontrer des hommes et des femmes qui vivaient  l’entraide, le partage, dans une vraie fraternité et prenaient soin des orphelins, des pauvres et des prisonniers.

 

 D’après  « Sondez les Ecritures » (vol. 14)