Le Seigneur est réellement ressuscité (6)
Au milieu des siens (Luc 24 : 36-49 ; Jean 20 : 19-23)
Nous arrivons maintenant à ce qui est peut-être l'événement le plus mémorable de toute l'histoire de la résurrection : le premier rassemblement des disciples autour du Christ ressuscité. Chronologiquement, ceci se passe immédiatement après le retour des deux disciples d'Emmaüs vers les autres. « Et comme ils disaient cela, Jésus se tint lui-même au milieu d'eux » (Luc 24 : 36).
Ainsi que nous l'avons vu, tandis que deux d'entre eux étaient « en chemin », « Jésus lui-même » s'était approché et avait marché avec eux (v.13, 15). Maintenant, ils sont réunis et « lui-même » se trouve au milieu d'eux. Ce sont là deux aspects de notre vie chrétienne. Tantôt nous nous trouvons « en chemin » ‒ l'un ici, l'autre là ‒, tantôt nous avons le privilège d'être rassemblés. Mais dans un cas comme dans l'autre, nous pouvons compter sur « Lui-même ». Et quand son Epouse aura enfin atteint le terme de son long voyage si éprouvant à travers le désert, ce n'est pas un ange qu'Il enverra pour la recevoir, mais « le Seigneur lui-même... descendra du ciel… et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thes. 4 : 16-17).
« Le soir de ce jour-là, le premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient fermées par crainte des Juifs, Jésus vint et se tint au milieu d'eux » (Jean 20 : 19). Manifestement, l'Esprit Saint insiste à dessein sur le fait que ce premier rassemblement des croyants eut lieu « le premier jour de la semaine », autrement il ne l'aurait pas expressément répété ici (voir v. 1). Afin de prévenir tout malentendu nous rappelons que l'Église ou l'Assemblée n'a commencé d'exister qu'à la Pentecôte. D'autre part, ce passage ne s'applique pas seulement aux apôtres. Alors que Marc 16 : 14 nous parle des « onze », et 1 Cor. 15 : 5 des « douze » (un nom collectif), Luc 24 : 33 nous apprend que le cercle était en fait plus large. Notons aussi que Thomas était absent (Jean 20 : 24).
Quelle journée remarquable ! Un nouvel ordre de choses était établi. Le sabbat était mis de côté et, à partir de ce jour-là, le dimanche, huitième jour - celui de la nouvelle création, de la résurrection de notre Seigneur - aurait préséance sur le sabbat. Respectons-nous ce jour-là comme il convient, dans nos cœurs et dans nos vies ? C'est le jour du Seigneur, « la journée dominicale » (Apoc. 1 : 10).
Remarquons en outre que, lorsque les disciples se trouvèrent enfin rassemblés, c'était déjà le soir. Jusqu'alors, ils étaient dispersés, chacun étant rentré chez soi (Jean 20 : 10 ; Luc 24 : 13). Maintenant même, « les portes du lieu où se trouvaient les disciples » étaient fermées, « par crainte des Juifs ». Bien qu'il y eût de multiples preuves de la résurrection - il suffit de rappeler les autres apparitions du Seigneur déjà considérées - les disciples ne se reposaient pas encore pleinement sur ce fait.
Dans les trois récits que nous avons de ce rassemblement nocturne nous sont décrits trois états de cœurs différents : la dureté de cœur (évangile de Marc), le manque de foi (Luc), et la joie (Jean). N'en est-il pas de même aujourd'hui en ce qui nous concerne ? Sa présence vivante au milieu des siens rassemblés autour de lui n'est-elle pas goûtée à des degrés bien divers ?
Mais ni l'état des cœurs de certains des siens, ni les portes fermées, ne pouvaient le retenir. « Jésus vint et se tint au milieu d'eux. Il leur dit : Paix à vous ! » (Jean 20 : 19). Quel moment extraordinaire ! Lui, le « Seigneur de paix » (2 Thes. 3 : 16), qui lui-même est « notre paix » (Eph. 2 : 14), s'avança au milieu des siens en prononçant cette salutation sans pareille que nous ne trouvons pas moins de trois fois dans le récit de la résurrection (Jean 20 : 19, 21, 26). En face de leur inquiétude et de l'agitation de leurs cœurs, quelle autre salutation de sa part aurait pu être plus appropriée que celle-ci ? Le prophète s'était écrié autrefois, en s'adressant au résidu : « J'ai vu ses voies, et je le guérirai, et je le conduirai, et je lui rendrai la consolation, à lui et aux siens qui mènent deuil. Je crée le fruit des lèvres. Paix, paix à celui qui est loin, et à celui qui est près ! dit l'Éternel » (Es. 57 : 18-19). Et le psalmiste proclame : « Il dira paix à son peuple et à ses saints... La bonté et la vérité se sont rencontrées, la justice et la paix se sont entre-baisées » (Ps. 85 : 8-10). Dans la mort et la résurrection de Christ, ce moment était maintenant arrivé. Ne leur avait-il pas dit, avant de les quitter : « Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; je ne vous donne pas, moi, comme le monde donne. Que votre cœur ne soit pas troublé, ni craintif » (Jean 14 : 27) !
Ils étaient, en vérité, « tout effrayés et remplis de crainte », et « croyaient voir un esprit » (Luc 24 : 37). Le voir apparaître au milieu d'eux d'une manière aussi mystérieuse, c'en était trop pour eux ! Cela nous rappelle la surprise de la servante Rhode et de ceux qui étaient assemblés pour la prière, lorsque Pierre, prisonnier, fut délivré par la main d'un ange. Ou celle des disciples eux-mêmes, lorsque Jésus vint vers eux marchant sur la mer, et que de frayeur ils s'écrièrent : « C'est un fantôme ! » (Act. 12 : 12-13 ; Matt. 14 : 25-26).
Comme il avait apaisé leurs craintes, cette nuit-là, en leur disant : « C'est moi », il les calme ici aussi, non sans leur adresser toutefois un reproche. En effet, nous lisons en Marc 16 : 14 qu'il « leur reprocha leur incrédulité et leur dureté de cœur ». Il leur dit : « Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi des raisonnements s’élèvent-ils dans vos cœurs ? Voyez mes mains et mes pieds : c'est moi-même ! Touchez-moi et voyez : un esprit n'a pas de la chair et des os, comme vous constatez que j'ai » (Luc 24 : 38-39).
Le corps merveilleux dont il est ici question n'est pas un « esprit », mais un « corps spirituel », un « corps céleste », tantôt visible tantôt invisible, reconnaissable à certains moments et pas à d'autres, capable de passer à travers des portes fermées, comme aussi de se nourrir d'aliments ordinaires - bien qu'il n'en eût certainement pas besoin. Mais ce n'est pas encore le Seigneur glorifié, devant lequel Saul sur la route de Damas et l'apôtre Jean à Patmos tombèrent à terre. Veillons à ne pas tirer de ces détails des conclusions hâtives quant à nos corps glorifiés, puisque « ce que nous serons n'a pas encore été manifesté » (1 Jean 3 : 2). Cependant, une chose est certaine, c'est que « comme nous avons porté l'image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l'image du céleste » (1 Cor. 15 : 49).
Encore plus que tout cela, semble-t-il, c'est l'invitation que le Seigneur adresse à ses disciples qui doit parler à nos cœurs – lorsqu'Il les engage à s'assurer eux-mêmes de la réalité de sa présence : « Voyez mes mains et mes pieds... Touchez-moi et voyez... En disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds », ainsi que son côté qui avait été percé par la lance du soldat (Luc 24 : 39-40 ; Jean 20 : 20). De quelle manière touchante le Seigneur condescend à les délivrer de leurs doutes ! Mais ce n'était pas encore suffisant ! « Et comme, de joie, ils ne croyaient pas encore et s'étonnaient, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ? Ils lui donnèrent un morceau de poisson cuit et quelque peu d’un rayon de miel ; il le prit et en mangea devant eux » (Luc 24 : 41-43).
Voilà trois « preuves certaines », adaptées à l'état de cœur des siens ici rassemblés, par lesquelles Il se présenta à eux comme l'homme Christ Jésus ressuscité d'entre les morts. Il porte toujours - ce qui est en soi merveilleux - les marques de ses blessures. Il est celui qui a « fait la paix par le sang de sa croix (Col. 1 : 20). Et ce n'est pas comme un esprit, mais avec un corps physique réel, qu'Il se tint devant eux. Ils en furent si pleinement convaincus que l'un d'eux écrira, des dizaines d'années plus tard : « Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché... nous vous l'annonçons » (1 Jean 1 : 1-3). Et troisièmement enfin, ayant pris ces aliments, « il en mangea devant eux ». Il était un homme bien réel - le premier - dans un corps de résurrection, un corps de la nouvelle création : « le Premier-né d'entre les morts » (Col. 1 : 18). Ils pouvaient désormais rendre témoignage de lui, ayant « mangé et bu avec lui après sa résurrection d'entre les morts » (Act. 10 : 41).
« Les disciples furent remplis de joie quand ils virent le Seigneur » (Jean 20 : 20). La douleur et l'angoisse, le découragement et l'effroi étaient maintenant passés. Ses blessures et sa résurrection jetaient les fondements d'une paix véritable et durable, et la contemplation de sa Personne les remplissait de joie. Comme Lui-même le leur avait dit auparavant : « votre cœur se réjouira, et personne ne vous ôte votre joie » (Jean 16 : 22). Abraham avait vu son jour et s'était réjoui (Jean 8 : 56), et Esaïe avait vu sa gloire (Jean 12 : 41), mais il y avait ici bien davantage. Les disciples voyaient Jésus « lui-même », le « premier-né parmi beaucoup de frères » (Rom. 8 : 29), le Seigneur ressuscité au milieu de ses bien-aimés !
Pour la suite du déroulement de cette réunion extraordinaire, les deux comptes rendus que nous possédons suivent des chemins si différents qu'il nous paraît préférable de les considérer séparément. Dans le récit de Luc, trois points caractérisent de façon particulière ce rassemblement : la présence personnelle du Seigneur, le rôle de la Parole de Dieu, et la responsabilité de ceux qui sont réunis. Ces trois points déterminent, aujourd'hui encore, le contenu et le déroulement de nos réunions.
Nous avons déjà considéré le premier des trois : notre Seigneur ressuscité, « lui-même, là au milieu d'eux ». Combien il importe avant tout que la présence personnelle du Seigneur dans les rassemblements de croyants soit préservée, que le Seigneur ne soit pas mis de côté, voire remplacé, par qui ou quoi que ce soit ! Il n'en est ainsi que si, en principe et en pratique, l'homme et la chair sont considérés comme n'étant rien, et si cette précieuse parole est vraiment réalisée : « Car là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, je suis là au milieu d'eux » (Matt. 18 : 20).
Le Seigneur, par plusieurs preuves certaines, avait convaincu ses disciples que c'était bien lui-même. Maintenant, personnellement présent parmi eux, c'est Lui qui parle. Il instruit par la parole de Dieu les siens qui sont là, rassemblés autour de lui. « Il leur dit : Telles sont les paroles que je vous disais quand j'étais encore avec vous : il fallait que soit accompli tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes » (Luc 24 : 44). Il est intéressant de remarquer ici en quelle haute estime le Seigneur tient les Ecritures. Combien cela est important, à une époque comme la nôtre où on semble attacher toujours moins de prix à la Parole de Dieu ! Sur la route d'Emmaüs, Il avait déjà expliqué aux deux disciples, « dans toutes les Ecritures, les choses qui le concernent » (v. 27). Ici encore, Il se réfère à toutes les Écritures. Il mentionne les trois grandes divisions de l'Ancien Testament que les Juifs distinguaient, et que l'on trouve aujourd'hui encore dans les Bibles hébraïques. N'avons-nous rien à apprendre de cela, puisque ce sont ces Ecritures mêmes qui rendent témoignage de Lui (Jean 5 : 39) ?
Il fallait que tout ce qui était écrit à son sujet soit accompli ! Comment aurait-il pu en être autrement ? « Il est ainsi écrit ; et ainsi il fallait que le Christ souffre, qu'il ressuscite d'entre les morts le troisième jour, et que la repentance et la rémission des péchés soient prêchées en son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem » (Luc 24 : 46-47). C'est aussi de cette manière qu'Il avait parlé à ses disciples la dernière fois qu'ils s'étaient trouvés tous ensemble avec Lui, ainsi qu'à la grande foule venue pour s'emparer de Lui avec des épées et des bâtons, ou encore à Pierre, le disciple plein de zèle qui pour Lui avait risqué sa vie ! « Il faut encore que ce qui est écrit soit accompli en moi », leur avait-il dit (Luc 22 : 37 - voir aussi Matt. 26 : 54, 56). Ces expressions « il est écrit » et « afin que l'Ecriture soit accomplie » caractérisent tout son ministère, depuis la tentation dans le désert jusqu'à la mort sur la croix (voir Jean 19 : 24, 28, 36, 37).
Toutes les fois qu'Il leur avait annoncé ce qui était devant Lui, cela n'avait produit en eux qu'incompréhension, tristesse et frayeur. Pierre avait même été jusqu'à le reprendre à ce sujet ! « Ils étaient frappés de stupeur et le suivaient avec crainte » (Marc 10 : 32). « Ils ne comprenaient pas cette parole et craignaient de l'interroger » (Marc 9 : 32). « Mais eux ne comprirent rien de tout cela ; cette parole leur était cachée et ils ne saisirent pas le sens de ce qui était dit » (Luc 18 : 34).
Quel contraste avec ce que nous trouverons après que l'Esprit Saint aura été répandu sur eux ! Alors ces mêmes disciples ne cesseront de démontrer, d'après les Ecritures, que Dieu a accompli ce qui avait été annoncé auparavant par la bouche de tous les prophètes (Act. 3 : 18). Le fondement d'une telle certitude a certainement été posé en cette nuit mémorable où le Seigneur lui-même « leur ouvrit l'intelligence pour comprendre les Ecritures » (Luc 24 : 45). Le contraste entre la période qui précède la Pentecôte et celle qui la suit fait clairement ressortir l'effet extraordinaire de la présence du Saint Esprit dans les croyants, qui devait conduire les disciples - ainsi que nous-mêmes par leur moyen - « dans toute la vérité ». Nous sommes donc sans excuses aujourd'hui, nous qui avons non seulement la Parole de Dieu complète, mais aussi « l'onction de la part du Saint » et la présence de Celui qui « donnera de l'intelligence en toutes choses » (1 Jean 2 : 20 ; 2 Tim. 2 : 7) !
Quelle expérience merveilleuse, lorsqu'Il nous ouvre l'intelligence de sa Parole ! Pour ce résidu fidèle qui menait deuil s'accomplissaient ces paroles prononcées par Esaïe si longtemps auparavant : « Et en ce jour-là les sourds entendront les paroles du Livre, et les yeux des aveugles, délivrés de l'obscurité et des ténèbres, verront ; et les débonnaires augmenteront leur joie en l'Éternel, et les pauvres d'entre les hommes s'égayeront dans le Saint d'Israël » (Es. 29 : 18-19). Nous sommes, nous aussi, de ces « pauvres d'entre les hommes », mais « le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable » (1 Jean 5 : 20).
Cependant n'oublions pas qu'à toute intelligence ouverte incombe une responsabilité accrue. « Vous, vous êtes témoins de tout cela » (Luc 24 : 48) - c'est sur ces paroles solennelles du Seigneur que Luc termine son récit de ce premier rassemblement autour du Ressuscité. Ces paroles devraient aussi être la conclusion de chaque moment passé dans Sa présence, à l'écoute de sa Parole.
Cette réunion extraordinaire des disciples autour de leur Seigneur ressuscité avait commencé par la parole de salutation : « Paix à vous ! ». Elle se termine maintenant par la même parole.
« Jésus leur dit encore : Paix à vous ! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie » (Jean 20 : 21). La portée de ces mots dépasse ce que nous venons de considérer dans le récit de Luc. « Comme le Père m'a envoyé... » - si cela n'était pas écrit ici, nous ne nous risquerions certes pas à le dire. Maintenant que Lui, l'Envoyé du Père, allait de nouveau quitter la scène de son activité, c'était à eux, ses frères, d'être porteurs de son témoignage - témoignage qui, avant sa venue, n'avait encore jamais retenti sur cette pauvre terre placée sous la malédiction du péché.
Si nous voulons savoir en quoi consistait ce témoignage, nous n'avons qu'à écouter le Seigneur lui-même : « Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu'il juge le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui » (Jean 3 : 17). Le Père avait envoyé son Fils unique en grâce, et maintenant c'était à eux, les envoyés du Seigneur, de porter ce message de grâce dans un monde qui courait au jugement. Plus tard, l'apôtre Paul exprimera la même pensée lorsqu'il dira que Dieu a donné aux apôtres « le service de la réconciliation » : « Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ - Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen -, nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! » (2 Cor. 5 : 18, 20). Ne devons-nous pas reconnaître que nous avons, en général, une conception beaucoup trop étroite de la tâche que le Seigneur nous a fait l'honneur de nous confier ?
Pour être porteurs d'un tel témoignage, nous devons d'abord avoir fait nous-mêmes pleinement l'expérience de la paix. Si nous considérons le second « Paix à vous » dans son contexte, nous le voyons sous un éclairage tout différent du premier. En prononçant celui-ci, Jésus leur avait montré ses mains et son côté, mais c'est une autre action très significative qui est associée au second. « Le sang de sa croix » apporte la paix à nos consciences, mais la paix du cœur est liée à sa Personne, à sa résurrection et à sa vie.
« Ayant dit cela, il souffla en eux et leur dit : Recevez l'Esprit Saint » (Jean 20 : 22). Cet acte symbolique du Seigneur n'a rien à voir avec la venue personnelle du Saint Esprit qui devait se produire le jour de la Pentecôte. Il s'agit ici du Saint Esprit comme source de la vie nouvelle. Le Fils, à qui le Père « a donné... d'avoir la vie en lui-même » « fait vivre ceux qu'il veut » (Jean 5 : 26, 21). De même que, dans la première création, Il avait soufflé une respiration de vie dans les narines de l'homme, ici, comme « esprit vivifiant » (1 Cor. 15 : 45), il souffle symboliquement la vie de la nouvelle création (c'est-à-dire sa vie de résurrection) en ceux qui, avec Lui et à cause de Lui, appartiennent à cette nouvelle création. « Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus ; mais vous, vous me verrez ; parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez » (Jean 14 : 19). Lui, qui se nomme lui-même « la vie » (Jean 11 : 25 ; 14 : 6), et auquel appartient « la puissance d'une vie impérissable » (Héb. 7 : 16), « a annulé la mort et a fait luire la vie et l'incorruptibilité » (2 Tim. 1 : 10). Il est prêt désormais à donner cette « vie éternelle » à tous ceux qui viennent à lui, à tous ceux que le Père lui a donnés (voir Jean 17 : 2). Cette vie éternelle n'est pas simplement une vie qui dure à toujours, mais une vie qui vient de Dieu, une vie au-delà et en dehors de la mort. Celle-ci n'a aucune prise sur elle, parce qu'elle est la vie du Seigneur lui-même. Lui, le second Homme, le dernier Adam, le Chef de la nouvelle création, s'est acquis cette vie pour lui-même et pour les siens.
Celui qui avait le pouvoir de la mort, le diable, a perdu la partie. Preuve en est ces linges et ce suaire inutiles, déposés chacun à une place, et découverts dans le tombeau le matin de la résurrection (Jean 20 : 7). La vie de résurrection arrachée au terrible Adversaire est comme un butin qu'ils ne garderont cependant pas pour eux-mêmes, mais qu'ils partageront à leur tour avec tous ceux auxquels ils apporteront l'évangile.
Evidemment, tous ne sont pas prêts à recevoir ce don, qui sera accepté ou refusé selon l'état spirituel de chacun. C'est pourquoi le Seigneur ajoute : « A quiconque vous remettrez les péchés, ils sont remis ; et à quiconque vous les retiendrez, ils sont retenus » (Jean 20 : 23). Cette expression sublime et solennelle, contrairement à celles qui lui ressemblent en Matthieu 16 : 19 et 18 : 18, n'a rien à voir avec l'exercice de la discipline, pas plus qu'elle ne s'adresse aux apôtres ou à l'Assemblée comme telle. Tous les rachetés doivent être porteurs de ce message de grâce. Exactement comme ces messagers de l'évangile du royaume qui devaient juger si « un fils de paix » demeurait dans la maison où ils entraient (Luc 10 : 6), les messagers de l'évangile de la grâce doivent aujourd’hui faire preuve de discernement. A l'un ils peuvent apporter une salutation de paix, mais à l'autre ils doivent proclamer, comme le fit Pierre à Simon le magicien : « Tu n'as ni part ni héritage dans cette affaire, car ton cœur n'est pas droit devant Dieu » (Act. 8 : 21).
En Eden, jardin de la vie, Dieu avait dû parler de la mort à l'homme, afin de le mettre à l'épreuve - épreuve dont l'homme ne sortit pas victorieux. C'est pourquoi la mort régnera depuis Adam jusqu'à ce jour. Le second homme, envoyé par Dieu, a enduré la mort pour des pécheurs coupables. Ici, dans cette scène de mort, triomphant du tombeau, Il a maintenant des paroles de vie. Telle est la grâce, digne de notre adoration.
Cependant l'Ennemi, serpent rusé, continue à faire aujourd'hui comme au jour où il dit à la femme : « Vous ne mourrez point certainement » (Gen. 3 : 4). En jetant le doute maintenant sur la parole de vie, comme il le fit alors sur la sentence de mort, il prive d'innombrables âmes des fruits de la victoire de Christ.
N'écoutons pas la voix du Menteur, écoutons plutôt la voix de Celui dont il est écrit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir ; écoutez-le » (Matt. 17 : 5). Que sa paix remplisse nos cœurs et sa vie agisse en nous ! Soyons aussi conscients du grand privilège que nous avons de pouvoir nous rassembler autour de Lui, jusqu'au moment, peut-être très proche, où nous le contemplerons, lui, l'Agneau immolé, « au milieu du trône... et au milieu des anciens », c'est-à-dire au milieu de tous ses rachetés. Alors nous le louerons éternellement !
F. von Kietzell