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Le Seigneur est réellement ressuscité (4)

 
 

Simon Pierre et l’autre disciple

            « Alors elle (Marie de Magdala) court, va trouver Simon Pierre et l'autre disciple que Jésus aimait » (Jean 20 : 2).

            Toutes les femmes qui se sont rendues au tombeau, ce matin de la résurrection, ont reçu un message destiné aux disciples. Mais auparavant, Marie de Magdala était allée de son propre chef annoncer à plusieurs d'entre eux que le sépulcre était vide : « On a enlevé du tombeau le Seigneur ». Le lien qui l'attachait au Seigneur la liait aussi à ses chers disciples. Elle sait où les trouver et elle sait lesquels d'entre eux avaient joui d'une intimité spéciale avec le Maître. C'est vers eux qu'elle dirige ses pas.
            Nous savons que le disciple ainsi désigné est l'auteur de l'évangile de Jean (21 : 20, 24). Quel beau trait de caractère chez ce disciple ! Il s'abstient toujours de s'appeler lui-même par son nom, préférant parler de lui comme du « disciple que Jésus aimait ». De tout ce qu'il nous dit de lui-même, ce qui lui importe le plus, c'est d'être aimé par Jésus. Et dans chacune des cinq scènes où il se désigne ainsi, on le voit occuper une place particulière. Lors du dernier souper, il se tient tout près de Jésus, « tout contre le sein de Jésus » (13 : 23), et il est le seul d'entre les disciples à se tenir près de la croix (19 : 26). Il est le premier d'entre eux qui arrive au sépulcre (20 : 2-4), et, à la mer de Tibérias, il est le premier à reconnaître le Seigneur (21 : 7). Finalement, il est celui dont Jésus déclare, faisant certainement allusion à son ministère prophétique : « Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne... » (21 : 22). En effet, l'Apocalypse, vision révélée à Jean, le conduit jusqu'au retour du Seigneur et au-delà. Et il écrira plus tard : « Nous, nous aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4 : 19).
            Mais est-ce par hasard que, dans l'incident de la visite au tombeau, l'Esprit de Dieu emploie le plus faible des deux mots grecs signifiant « aimer » (phileo, et non agapao même dans les quatre autres passages mentionnés) ? Contrairement à son habitude, Jean ne jouit peut-être pas pleinement ici de l'amour de Jésus, car il a le cœur lourd, attristé par la tournure des événements. Il semble que seul le message pressant de Marie l’a fait réagir et l'a incité à se rendre au tombeau avec Pierre, après quoi d'ailleurs tous les deux retourneront chez eux.
            Une fois sur le chemin du sépulcre, ils pressent pourtant leurs pas : « Ils couraient les deux ensemble ; mais l'autre disciple courut en avant, plus vite que Pierre » (20 : 4). Quelle course remarquable et significative que celle-là !
            Si Jean ne jouissait pas pleinement alors de l'amour de Jésus, combien plus ce devait être le cas pour Simon Pierre ! Aussi son pas est-il plus lent et moins pressé que celui de « l'autre disciple ». Combien nous le comprenons ! Le sentiment écrasant de sa culpabilité, dont nous pouvons mal imaginer le poids, l'accablait et ralentissait sa course. Depuis la nuit où il avait renié son Seigneur par trois fois, il n'avait eu aucune occasion de s'approcher de Lui pour lui confesser son péché et implorer son pardon. Il semblait, en vérité, qu'une telle occasion ne lui serait plus jamais offerte. En effet, qu'était-il arrivé depuis ce regard inoubliable de son Seigneur, depuis ces larmes de repentir amer avec lesquelles il avait quitté le palais de Caïphe ? On avait emmené le Seigneur loin de lui, on l'avait mis sur la croix puis dans le tombeau. Oh ! qu'ont dû être pour Simon Pierre les heures et les jours qui ont suivi !
            Ainsi le disciple qui habituellement surpassait les autres en zèle et en énergie se laissait maintenant distancer par son ami ! Celui-ci « courut en avant, plus vite que Pierre, et arriva le premier au tombeau. Il se baisse et aperçoit les linges qui étaient posés là ; cependant il n'entra pas » (20 : 4-5). Ce que vit Jean confirmait ce que Marie avait dit. Le tombeau était vide, et cette preuve de la résurrection du Seigneur paraît l'avoir convaincu momentanément. « Simon Pierre, qui le suivait, arriva et entra dans le tombeau » (v. 6). Pierre ne comprend pas l'hésitation de Jean. Avec l'impulsivité qui le caractérise, il devance son compagnon. Un besoin intérieur le contraint à entrer dans le tombeau pour s'assurer lui-même des faits.
            Une fois dans le tombeau, « il observa les linges posés là et le suaire qui avait été sur sa tête (celui-ci n'était pas avec les linges, mais roulé à part, à une autre place) » (20 : 6-7). Tout devient clair pour lui aussi. Les linges et le suaire, ces signes de la mort, sont bien là, mais ils sont disposés en ordre. Si le corps de Jésus avait été volé du sépulcre par des hommes, ceux-ci n'auraient jamais laissé un tel ordre derrière eux. La manière même dont les linges se trouvaient rangés était une preuve frappante que le Seigneur avait brisé les liens de la mort sans aucun effort, et qu'Il était sorti du tombeau en Vainqueur. Toute l'armure de « l'homme fort », de « celui qui avait le pouvoir de la mort » (Héb. 2 : 14), gisait à terre, preuve de la victoire de Celui qui était « plus fort » que « l'homme fort » (Luc 11 : 21-22 ; Col. 2 : 15).
            Maintenant Jean décide à son tour de s'assurer de ce qui en est. « C’est alors que l'autre disciple, qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi : il vit et crut » (Jean 20 : 8). La foi de Jean, à ce stade, ne dépassait pas celle de Thomas, à qui Jésus devra dire : « Parce que tu m'as vu, tu as cru ; bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru » (20 : 29).
            Le véritable fondement de notre foi n'est ni dans ce que nous voyons ni dans nos expériences (aussi importantes qu'elles soient), mais dans l'infaillibilité de la Parole de Dieu. Voilà pourquoi, dans le cas de ces deux disciples, le Saint Esprit ajoute : « En effet, ils n’avaient pas encore compris l'Ecriture, d’après laquelle Jésus devait ressusciter d'entre les morts » (20 : 9). L'heureux moment approchait où il leur ouvrirait Lui-même l'intelligence « pour comprendre les Ecritures » (Luc 24 : 45).
            « Puis les disciples s'en retournèrent chez eux » (Jean 20 : 10). Convaincus par la preuve qu'ils viennent de constater, leurs pensées sont maintenant tout à ce que leur Seigneur a accompli. Toutefois, ils ne se préoccupent pas davantage de Lui personnellement, à la différence de Marie de Magdala, qui, bien que beaucoup plus ignorante qu'eux, Le désirait de tout son cœur. A ce qu'il semble, l'appréciation de Pierre n'était pas même à la hauteur de celle de Jean. Luc nous dit que lorsqu'il quitta le tombeau, « il s'en alla chez lui, s'étonnant de ce qui était arrivé » (24 : 12). Le fardeau qui pesait si lourdement sur ce malheureux disciple assombrissait encore toutes ses pensées.
            Et maintenant, la miséricorde de notre Seigneur, qui vient toujours au secours des siens dans leur faiblesse, va briller de tout son éclat. Le disciple qui était tombé si bas va en faire l'expérience. Le Seigneur ne l'avait-il pas averti, et n'avait-il pas prié pour lui afin que sa « foi ne défaille pas » (Luc 22 : 32), avant même que Pierre fût conscient de l'imminence du danger ? Et maintenant, quels étaient les termes du message adressé par les anges aux femmes qui étaient venues au sépulcre ? « Mais allez dire à ses disciples et à Pierre : Il va devant vous en Galilée » (Marc 16 : 7). De quelle compassion le Seigneur use à l'égard de celui qui l'avait si misérablement abandonné et déshonoré ! Dans sa sollicitude, Il voulait que ce disciple reçoive de façon particulière la bonne nouvelle de sa résurrection d'entre les morts.
            Mais cela ne suffisait pas. Il fallait que Simon Pierre soit le premier des onze disciples à rencontrer le Seigneur ressuscité (1 Cor. 15 : 5). Nous ne savons pas où, ni comment, cette rencontre a eu lieu. Aucun compte-rendu ne nous en est donné dans la Parole. On peut imaginer Pierre prosterné aux pieds de Jésus jusqu'à ce que celui-ci le relève, mais cette scène, comme aussi le dialogue qui s'est alors échangé, reste un secret entre ce disciple et son Seigneur. Le Saint Esprit, avec beaucoup d'égards, a recouvert tout cela de silence pour toujours. Et pourtant, le fait lui-même a tellement impressionné les autres disciples qu'ils dirent à ceux qui se joignirent à eux ce soir-là : « Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu à Simon » (Luc 24 : 34). Aujourd'hui encore, ce fait continue à parler avec force à tous ceux qui y réfléchissent.


                                                                                                        F. von Kietzell