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Le Seigneur est réellement ressuscité (2)

 
 
Marie de Magdala
           

            « Ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, Jésus apparut d’abord à Marie de Magdala » (Marc 16 : 9).

            Qui était cette femme ? Nous la rencontrons pour la première fois parmi ces quelques femmes galiléennes qui suivaient Jésus et « l'assistaient de leurs biens » (Luc 8 : 3). Que de raisons elles avaient de le servir ! N'avaient-elles pas été « guéries d'esprits malins et d'infirmités » (v. 2) ? Et cette Marie, originaire de la petite ville de Magdala, avait une raison toute spéciale pour cela : comme cela est écrit à deux reprises, le Seigneur avait chassé d'elle sept démons (Marc 16 : 9 ; Luc 8 : 2). Satan l'avait tenue complètement sous son pouvoir ; maintenant libérée, elle s'était attachée de tout son cœur à Celui qui l'avait délivrée de ce cruel esclavage.
            Nous avons déjà souligné comment, dans les Evangiles, l'Esprit de Dieu met en évidence la beauté de l'attitude et du service de ces femmes dévouées. L'une d'entre elles, Marie de Béthanie, n'est pas mentionnée dans le récit de la résurrection. L'intelligence qu'elle avait de ce qui concernait le Seigneur était beaucoup plus grande que celles des autres femmes. En fait, elle a été la seule à qui il a été permis de rendre honneur au corps saint du Seigneur. Elle l'a oint d'avance pour Sa sépulture (Marc 14 : 8). Lorsque les autres femmes sont arrivées au sépulcre pour oindre le corps de Jésus, c’était déjà trop tard. Il était ressuscité, et le tombeau était vide.
            Au milieu de ces femmes, Marie de Magdala, sans aucun doute, se distingue par l'intensité de son affection pour son Seigneur. Il suffit pour s'en convaincre de suivre ses traces tout au long de ces jours tragiques. Nous la trouvons d'abord à la croix (Marc 15 : 40), puis au tombeau pour voir comment le corps de Jésus y était déposé (v. 47). Nous la retrouvons au sépulcre avant la fin du sabbat (Matt. 28 : 1), puis dans la ville, avec ses compagnes, achetant encore des aromates - en plus de ceux qui étaient déjà préparés (Luc 23 : 56 ; Marc 16 : 1). Enfin, avant les autres, elle revient au sépulcre pour être là où on avait mis « son Seigneur ».

            « Le premier jour de la semaine, Marie de Magdala vint le matin au tombeau, comme il faisait encore sombre ; et elle voit la pierre enlevée de l'entrée du tombeau » (Jean 20 : 1).
            Les autres femmes arriveront au lever du soleil (Marc 16 : 2), mais Marie était venue « comme il faisait encore sombre ». Elle ne craint pas de faire cette marche solitaire, dans la nuit, sur ce chemin pénible et dangereux qui conduisait hors de la ville. Bien plus, lorsqu'elle voit la pierre roulée et le tombeau vide, devançant les autres femmes (qui, vraisemblablement, étaient entre temps arrivées sur les lieux), elle refait tout le chemin en sens inverse ! Toute bouleversée, elle court jusqu'à la ville et raconte à Pierre et à Jean ce qu'elle vient de voir : « On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l'a mis » (Jean 20 : 2).
            Comme les deux disciples et les autres femmes, Marie cherchait « parmi les morts celui qui est vivant ». Il est évident qu'aucun d'eux ne se souvenait de ce que le Seigneur leur avait pourtant dit bien des fois. Cependant, en ce qui concerne Marie, ce manque de connaissance est éclipsé par l'ardeur de ses affections. « Les disciples s'en retournèrent chez eux. Mais Marie se tenait près du tombeau, dehors, et pleurait » (Jean 20 : 10-11). Cette scène est d'une grande beauté ! Marie est extrêmement ignorante. Elle ne sait pas que Christ est ressuscité. Elle a une si faible idée du fait qu'il est Seigneur et Dieu qu'elle peut penser que quelqu'un a emporté son corps. Cependant, Christ est véritablement son tout, Celui dont son cœur a besoin. Sans lui, elle a tout perdu, le monde est vide.
            Ne sommes-nous pas confondus devant un amour aussi fervent pour le Seigneur ? Il nous a tant aimés et nous a délivrés nous aussi, qui sommes ses bien-aimés rachetés !  Peut-être en savons-nous beaucoup plus que Marie sur des sujets élevés et glorieux, mais nos cœurs ne sont-ils pas souvent bien froids et insensibles envers Celui qui nous a acquis ces grandes bénédictions en se donnant lui-même ? Ne nous arrive-t-il pas de passer des heures, voire des jours, sans jouir de la communion avec Lui, peut-être même sans réaliser la perte que nous faisons ? Quelle honte - nous pouvons bien le redire - lorsque nous nous comparons à Marie de Magdala ! Elle est la première au tombeau, au matin de la résurrection. Lorsque tous les autres sont partis, elle reste là, toute seule, versant des larmes parce qu'elle ne trouve pas son Seigneur et ne sait où on l'a mis. Mais à travers ces larmes, elle va bientôt voir Jésus - non pas seulement son corps, mais le Seigneur en personne, Celui qui est ressuscité d'entre les morts.
            Les deux disciples et les autres femmes sont tous repartis du sépulcre vide. Marie de Magdala se retrouve seule. Elle se tient près du tombeau, dehors, et pleure (Jean 20 : 11).
            Mais peut-être s'est-elle trompée ; elle n'a jeté qu'un rapide coup d'œil à l'intérieur. Ne s'y trouverait-il pas une explication à ce qui est arrivé à son Seigneur ? Quelle que soit la raison de son geste, toujours est-il qu'« elle se baissa vers l’intérieur du tombeau » (Jean 20 : 11). Ses regards sont alors arrêtés par cette « vision d'anges » (Luc 24 : 23) dont il est fait mention dans chaque évangile. Deux de ces êtres célestes, vêtus de blanc, sont assis à l'intérieur du tombeau, « l’un à la tête et l’autre aux pieds, là où le corps de Jésus avait été couché » (Jean 20 : 12).
            A la vue de ces êtres surnaturels, merveilleux, dont l'« aspect était comme l'éclair », les gardiens avaient tremblé de frayeur et étaient devenus « comme morts » (Matt. 28 : 3, 4). Devant ces hommes « en vêtements éclatants de lumière », les autres femmes aussi avaient été épouvantées, « le tremblement et le trouble les avaient saisies » ; terrifiées, elles s'étaient enfuies du sépulcre (Marc 16 : 5, 8 ; Luc 24 : 4, 5). Mais nous ne lisons rien de tel en ce qui concerne Marie. Tout le reste paraît sans importance à côté de sa profonde douleur, que rien ne peut apaiser. C'est pourquoi la première question que lui pose l'ange - et plus tard le Seigneur - porte sur sa douleur et sur la raison de ses larmes.
            « Ils lui disent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu'on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l'a mis » (Jean 20 : 13). Ses paroles sont toujours les mêmes. Aux anges, à Pierre, à l'autre disciple et, plus tard, à celui qu'elle prend pour le jardinier, elle répète inlassablement : « On a enlevé mon Seigneur ». « Son  Seigneur », Celui qui l'a délivrée de sept démons et a complètement changé sa vie depuis trois ans, Celui qui est son Unique et son Tout ! Des mains aimantes l'avaient soigneusement déposé dans le sépulcre après cette mort horrible, ignominieuse. Et maintenant, des ennemis de Dieu, quels qu'ils soient, l'ont-ils emporté, empêchant ainsi Marie de retrouver au moins son corps sans vie, à défaut de pouvoir être près de Lui-même ?
            Il ne nous est pas dit ici que les anges répondirent à Marie, comme ils le firent avec les autres femmes. Quelqu'un d'autre surgit devant elle pour répondre à sa détresse. Le Seigneur - devant lequel les anges se taisent et s'inclinent avec révérence - aurait-il pu faire moins que de répondre par sa propre présence à un amour aussi ardent ? « Ayant dit cela, elle se retourna », probablement consciente de n'être plus seule, « et elle voit Jésus qui se tenait là ; mais elle ne savait pas que c’était Jésus » (Jean 20 : 14).
            Aveuglée par les larmes, elle ne le reconnaît pas. Victime de son ignorance, elle cherche la Vivant parmi les morts. Sans doute, ce n'étaient là que des sentiments humains et un désir ignorant, mais le Seigneur Jésus était l'objet de son cœur. Si seulement il en était davantage ainsi pour nous ! Nous pouvons avoir beaucoup de connaissance, nous sommes peut-être fiers de notre intelligence, de notre travail et de notre fidélité là où Dieu nous a placés. Mais qu'en est-il de nos affections pour Lui ? Jésus est-il le Seigneur, Celui pour qui nous voulons vivre ? Sa Personne est-elle l'objet de toutes nos aspirations et de tous nos désirs ?
            N'est-il pas touchant de voir que le Seigneur ressuscité se manifeste d'abord à cette femme ? Ainsi, avant qu'elle s'en rende compte, Il est là, debout à ses côtés ! Il ne laisse pas aux anges le soin de lui porter la nouvelle de sa résurrection, comme aux autres femmes. Il commence par répondre à sa question angoissée par deux autres questions : « Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » (v. 15a). Ce qu'Il désire pour Marie (comme pour nous-mêmes), c'est qu'elle apprenne à exprimer en sa propre présence l'amour qu'elle Lui porte.
            C'est ce qu'elle va faire, et d'une manière bien touchante ; pensant que c'était le jardinier, elle lui dit : « Seigneur, si c’est toi qui l'as emporté, dis-moi où tu l'as mis, et moi je l’enlèverai » (v. 15b). Elle ne prononce aucun nom, mais parle seulement de « lui », comme s'il allait de soi que chacun sache de qui il s'agissait. Elle dit aussi « et moi je l'enlèverai », oubliant totalement qu'elle, une faible femme, est bien incapable de le faire !
            Cet amour touche le cœur du Seigneur. Le bon Berger, qui a donné sa vie pour les brebis et qui maintenant l'a reprise, appelle cette brebis-là par son nom. La voix bien connue du Berger résonne de façon incomparable jusqu'au fond de son cœur. Bien qu'elle ait encore le dos tourné, Marie a compris que Celui qu'elle croyait mort est debout près d'elle et lui parle. « Jésus lui dit : Marie ! Elle, se retournant, lui dit en hébreu : Rabboni (ce qui veut dire : maître) ! » (v.16). Elle se jette alors aux pieds de Jésus pour Le saisir et ne plus jamais le laisser.
            Mais il ne pouvait pas en être ainsi. Le Seigneur n'était pas sur le point de rétablir le royaume pour Israël (Act. 1 : 6) et de demeurer physiquement avec son peuple sur la terre. Quand Il avait dit : « je reviendrai » (Jean 14 : 3), ses paroles avaient une portée beaucoup plus vaste et un sens beaucoup plus profond. La rédemption avait produit un résultat autrement merveilleux : une place pour les rachetés dans ces « nombreuses demeures » de la maison du Père, dans le ciel. C'est pourquoi Il l'arrête : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père » ; le Seigneur ressuscité devait d'abord prendre la place qui Lui revenait à la droite du Père.
            Cette chère brebis, qui, en dépit de son manque de connaissance, désirait tant retrouver son Seigneur et Maître, devient non seulement la première personne à qui « il se présenta lui-même, vivant, avec beaucoup de preuves certaines » (Act. 1 : 3), mais aussi la première à qui Il révèle et confie le mystère de la nouvelle et glorieuse position qu'Il a acquise pour le siens. « Mais va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20 : 17).
            Telles sont les premières paroles du Seigneur ressuscité. Par son amour « jusqu'à la mort » et par son entière obéissance à Dieu, Il a introduit les siens dans la relation qui est la sienne comme homme ressuscité, auprès de son Dieu et Père. Il n'a pas honte de nous appeler ses « frères » (Héb. 2 : 11) ! Mais n'oublions pas celle à qui Il a d'abord confié cette bonne nouvelle, ni la raison de ce choix. Débordante de joie, Marie revient vers le tombeau vide où, quelques instants plus tôt, dans l'angoisse et dans les larmes, elle cherchait son Seigneur ! Elle vient maintenant « annoncer aux disciples qu'elle a vu le Seigneur et qu'il lui a dit cela » (Jean 20 : 18).


                                                                                                  F. von Kietzell