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LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (7)

 

CHAPITRE 7 : Le but du ministère

          La joie de Paul (v. 2-4)  
          Le but atteint (v. 5-16)
         

            Après avoir présenté les motifs (chap. 5) puis les caractères de son ministère (chap. 7), l'apôtre en vient maintenant à son but. Un objectif essentiel de tout ministère spirituel est de conduire les croyants à une pleine harmonie avec les pensées de Dieu. Les chrétiens à Corinthe s’en étaient bien éloignés. Mais l'apôtre voyait des progrès chez eux et s'en réjouissait.

 
 
La joie de Paul (v. 2-4)

            A la suite de ses paroles du chapitre 6 (v. 11-13), l’apôtre demande donc aux Corinthiens d'ouvrir maintenant aussi leur cœur, et de les recevoir, lui et ses collaborateurs. En eux, l'amour ne manquait pas ; ils n'avaient fait tort à personne, ils n'avaient ruiné personne, bien que de telles accusations aient pu être avancées par leurs opposants à Corinthe (v. 2). Mais Paul ne mentionne pas cela dans un esprit de jugement et de condamnation, car, comme il l'avait écrit déjà, ils portaient les Corinthiens pour toujours dans leurs cœurs : « Notre lettre, c'est vous : elle est écrite dans nos cœurs » (3 : 2) ; ce lien éternel ne pouvait pas non plus être interrompu – ou même rompu par la mort (v. 3). Remarquons qu'il n'est pas dit : vivre ensemble et mourir ensemble, mais l'inverse : mourir ensemble et vivre ensemble !
            La confiance personnelle de Paul est renouvelée au sujet des Corinthiens ; elle s'exprime dans ces paroles : « Grande est ma franchise à votre égard, grand est le sujet de gloire que j'ai de vous ; je suis rempli de consolation ; ma joie surabonde au milieu de toute notre affliction » (v. 4).

 
 
Le but atteint (v. 5-16)

            Le verset 5 fait suite au verset 13 du chapitre 2. Durant son troisième voyage missionnaire, Paul avait annulé sa visite projetée à Corinthe (1 : 15, 23) et y avait envoyé Tite, son collaborateur. Lui-même, venant d'Ephèse par la Troade, était allé seulement en Macédoine (voir Act. 20 : 1), dans l'attente anxieuse de Tite et de son compte rendu sur l'état de l'assemblée à Corinthe. De plus lui et ses compagnons rencontrèrent en Macédoine une grande opposition dans leur ministère, c'est-à-dire sans doute particulièrement dans la prédication de l'évangile. Tandis que Paul, malgré une porte ouverte en Troade pour le service, n'avait point eu de repos dans son esprit, parce qu'il n’y avait pas trouvé Tite (2 : 12, 13). Ses compagnons, dans les difficultés présentes, n'avaient non plus aucun repos pour leur chair – allusion à leur faiblesse, dont ils étaient très profondément conscients dans ces circonstances difficiles.
            Mais alors Tite était revenu de Corinthe. Ces serviteurs du Seigneur, profondément éprouvés, reçurent son arrivée ardemment désirée comme une consolation de la part de Dieu (v. 6 ; comp. 1 : 4). Lorsque Tite put ensuite leur transmettre des nouvelles positives, qui l'avaient déjà encouragé lui-même, ils furent encore plus consolés. Le grand désir, les larmes, l'affection ardente des Corinthiens pour Paul rapportés par Tite, étaient la conséquence morale de la première lettre, produite par le Saint Esprit. Et Paul s'en réjouissait d'autant plus qu'il y discernait un signe de leur attachement pour lui (v. 7).
            Les Corinthiens avaient reconnu que sa première épître, caractérisée par un grand sérieux et par l'autorité apostolique, avait été écrite dans un amour profond pour eux (comp. 2 : 4). Cette constatation avait produit un changement d'attitude à son égard, mais aussi quant au mal au milieu d'eux. Maintenant que Paul voyait les effets positifs de sa lettre, il pouvait leur faire savoir qu'il avait temporairement regretté d'avoir écrit, à vue humaine, si sévèrement bien qu'il ait été inspiré pour cela. Il confirmait en même temps, conduit par le Saint Esprit, la nécessité d'avoir attristé, pour un court moment, les destinataires (v. 8). Bien qu'il ait été l'instrument de l'inspiration divine, Paul n'était pas en lui-même infaillible, mais, comme homme, il était parfois animé de sentiments qui n'étaient pas à la hauteur de ce qu'il avait exprimé par écrit sous l'inspiration divine.
            Mais maintenant l'apôtre se réjouissait de ce que les Corinthiens avaient été non pas simplement attristés, mais remplis d'une tristesse qui saisit le cœur et la conscience, et qui avait mené à la repentance. La repentance est le jugement profond de soi-même dans la présence de Dieu. Il accorde à l'âme qui se repent l'assurance de la foi et la garde du désespoir. Ce ne sont pas seulement les pécheurs perdus qui sont invités à la repentance envers Dieu et à la foi dans le Seigneur Jésus (Act. 20 : 21), mais tout croyant qui a péché doit aussi se repentir. La repentance n'est donc pas la même chose que la conversion, car on ne peut se convertir qu'une fois.
            La tristesse des Corinthiens était selon Dieu, parce qu'elle a conduit à la repentance et par là à la restauration. Rien n'était plus éloigné de la pensée de Paul et de ses compagnons que de faire subir de quelque manière que ce soit un tort quelconque aux bien-aimés croyants à Corinthe (v. 9). Il savait que « la tristesse qui est selon Dieu produit une repentance salutaire dont on n'a pas de regret, mais la tristesse du monde produit la mort » (v. 10). La fin de Judas, celui qui a trahi le Seigneur, est un exemple connu et poignant de la tristesse du monde !
            Paul peut maintenant dresser un beau tableau des effets spirituels de leur tristesse selon Dieu. L'indifférence concernant le mal avait été remplacée par l'empressement et les excuses, l'indignation à l'égard du déshonneur porté sur Dieu dans l'assemblée, à la crainte devant sa sainteté, à l'ardent désir de la restauration de la communion, au zèle pour la maison de Dieu et à la vengeance (ou : à la punition) du mal. Ils avaient reconnu combien, par la tolérance du mal manifestée au début, Dieu avait été attristé et déshonoré devant le monde, et l'assemblée souillée par l'action du levain, et ils en avaient mené deuil. Ils avaient alors, dans une profonde humiliation, ôté le mal du milieu d'eux, et montré ainsi à tous égards qu'ils étaient maintenant purs dans cette affaire (v. 11). Comme il a été déjà relevé à l'occasion des versets 5 et 11 du chapitre 2, Paul ne peut penser ici qu'au fornicateur mentionné en 1 Corinthiens 5. L'introduction d'un autre cas dont il n'aurait pas été fait mention auparavant serait tout à fait incompréhensible.
            Bien que l'assemblée à Corinthe ait manqué d'expérience quant à la manière de traiter un problème aussi grave, l'instinct spirituel aurait dû porter les croyants à se tourner vers le Seigneur (comp. Nom. 15 : 32-41). Au lieu de cela, ils avaient été enflés d'orgueil de sorte que Paul avait dû leur écrire très clairement. Mais sa lettre avait eu des effets bénis, non seulement en ce qui concerne le règlement du cas du coupable, mais aussi relativement à l'état de leurs propres cœurs, qui se manifestait maintenant non seulement devant les hommes, mais aussi devant Dieu, en ce qu'ils montraient du zèle spirituel pour suivre les enseignements reçus (v. 12). Paul et ses compagnons ont été consolés par cet heureux changement. En outre, ils se réjouissaient particulièrement avec Tite dont l'esprit avait été réconforté par l'évolution spirituelle des Corinthiens et le comportement qui s'en est suivi (v. 13). Combien son cœur avait dû être serré quand il s'était mis en route pour sa démarche difficile à Corinthe ! En tant que compagnon de Paul, n'avait-il pas eu connaissance de tout ce qui concernait l'assemblée à Corinthe, et qui affligeait si profondément l'apôtre ?
            Et pourtant Paul avait mis en pratique lui-même ce qu'il avait écrit aux Corinthiens au sujet de l'amour dans sa première épître : « L'amour... croit tout, espère tout » (1 Cor. 13 : 7). Dans un véritable amour divin pour ces croyants de Corinthe, et dans la confiance en Dieu, il avait annoncé à Tite une issue positive de sa visite, sans savoir si ce en quoi il s'était « glorifié » serait confirmé par le comportement des Corinthiens. Mais maintenant il était manifeste que Paul avait eu raison, et il ne peut pas s'empêcher de le leur dire, afin de leur confirmer son amour et sa confiance, mais aussi pour leur faire remarquer par là avec douceur la vérité de tout ce qu'il leur avait dit ou écrit (v. 14). Jamais il ne leur avait parlé autrement que dans la vérité, parce qu'il était conscient de sa responsabilité devant Dieu et qu'il aimait véritablement les enfants de Dieu. Quelle pureté et quelle noblesse d'esprit ! Ne sommes-nous pas encouragés à nous confier plus en notre Dieu et Père dans les situations difficiles ? Celui qui aime les siens et opère dans les cœurs par son Saint Esprit est le même encore aujourd'hui !
            Tite lui aussi avait été consolé, réjoui et apaisé par ce qu'il avait vécu à Corinthe (v. 7, 13). Il y était venu avec anxiété et avec la crainte que les Corinthiens imbus d'eux-mêmes le repoussent avec hauteur. Ils l'avaient, au contraire, reçu « avec crainte et tremblement » et prêts à obéir à la Parole de Dieu telle qu'elle leur était parvenue dans la première lettre de l'apôtre. Tout cela avait profondément ému le cœur de Tite et avait fait déborder son affection pour eux jusqu'alors certainement retenue (v. 15). Ainsi Paul aussi pouvait se réjouir parce qu'en tout cela et à l'égard de tous les croyants à Corinthe, il pouvait maintenant être pleinement rassuré (v. 16). Il faut dire que dans ce chapitre, il n'est question que de ce qui concerne le cas déjà mentionné du fornicateur. Comme nous le verrons, il y avait à Corinthe d'autres problèmes encore non résolus. Toutefois, dans celui-ci, le service de l'apôtre et de son fidèle compagnon d'œuvre Tite avait eu un résultat et conduit à ce que les croyants à Corinthe soient de nouveau en accord avec les pensées de Dieu. C'était un motif de joie et de confiance que les autres problèmes seraient aussi clarifiés.

 
 

                                                                                       D’après A. Remmers

  

A suivre