DANIEL, LE PROPHÈTE (3)
CHAPITRE 3
La statue d’or et sa dédicace (v. 1-3)
L’ordre de Nebucadnetsar (v. 4-7)
Fidèles à leur Dieu (v. 8-15)
La réponse de Shadrac, Méshac et Abed-Nego (v. 16-18)
Dans la fournaise (v. 19-23)
La délivrance divine (v. 24-28)
Le témoignage public à la suprématie du Dieu Très-haut (v. 24-28)
La portée prophétique de cette délivrance
Au chapitre 2, la statue que Nebucadnetsar avait vue dans ses songes de la nuit préfigurait, selon l'interprétation révélée par Dieu à Daniel, tout le cours des temps des nations. C'est par conséquent un tableau général, mais un tableau si distinct dans ses contours, qu'aucun de ceux qui s'adonnent sérieusement à l'étude du sujet, ne peut se méprendre sur sa portée. Même un lecteur superficiel peut reconnaître le caractère des royaumes qui remplissent l'espace entre la destruction de Jérusalem par Nebucadnetsar et l'apparition de Christ en gloire.
Après cette esquisse générale, notre attention est attirée, par l'Esprit de Dieu, sur ce qu'on peut appeler les traits moraux des puissances des nations, principalement tels qu'ils sont déployés à Babylone. Mais, bien qu'ils soient déjà manifestés là, les nombreuses caractéristiques sont typiques ou représentatives de ce qui sera vu tout au long de la souveraineté des nations. En d'autres termes, il nous est accordé de voir maintenant l'usage que les nations feront de la puissance qui leur a été confiée en responsabilité.
La statue d’or et sa dédicace (v. 1-3)
« Nebucadnetsar, le roi, fit une statue d'or ; sa hauteur était de soixante coudées, sa largeur, de six coudées ; il la dressa dans la plaine de Dura, dans la province de Babylone » (v. 1).
Tel est l'homme. Nebucadnetsar avait appris par Daniel, s'il ne le savait pas auparavant, que le Dieu des cieux lui avait donné cette domination universelle, et il avait confessé que le Dieu de Daniel était « le Dieu des dieux et le Seigneur des rois ». Pourtant, il veut se servir de sa puissance absolue pour avoir un dieu à lui, pour affirmer sa propre volonté sur les consciences de ses sujets dans son vaste empire, et usurper ainsi pour lui la place et l'autorité qui appartiennent au Dieu des cieux seul. Il se servait ainsi de la puissance que Dieu lui donnait pour Le renier et se mettre, lui, à la place de Dieu ; ce trait est exprimé plus loin sous une forme encore plus nette.
Une telle conduite serait tout à fait inexplicable si nous ne connaissions pas les motifs subtils qui animent et gouvernent le cœur humain et si nous ne nous souvenions pas que nous avons nous-mêmes souvent employé les bénédictions accordées par Dieu pour notre profit et notre exaltation propres. Certes de puissants mobiles pouvaient bien avoir incité Nebucadnetsar à s'engager dans le chemin décrit dans ce chapitre. Son empire devait être un immense conglomérat, composé d'une multitude de langues (voir v. 4-8) et de religions, tendant toutes, au point de vue politique, à troubler la paix de son royaume. Si donc ses états hétérogènes pouvaient être soudés ensemble par une religion commune, son empire s'en trouverait consolidé et le bien-être de ses sujets augmenté. Quelles qu'aient été ses pensées, voilà la voie qu'il adoptera, et il dresse la splendide statue qui, selon sa décision, servirait de divinité à tous les « peuples, peuplades, et langues » qui étaient soumis à son autorité. On a souvent suggéré que la statue de ses songes a été le modèle de son idole. Il est certes remarquable que l'une suivit l'autre de si près et que, de même que la tête de celle qui symbolisait son propre royaume était d'or, il fit son idole en or. Il peut y avoir eu une relation dans son esprit entre les deux, mais ce qui étonne, comme nous l'avons déjà vu, c'est que les impressions faites sur son esprit par la révélation de son secret et par l'interprétation que Daniel lui donna, aient pu s'effacer si vite ! Nous savons cependant tous combien les sentiments les plus profonds sont passagers là où il n'y a pas une œuvre positive du Saint Esprit dans l'âme.
Une fois la statue dressée, toutes les autorités civiles et tous les grands de son royaume furent convoqués à Babylone pour assister à « la dédicace de la statue que Nebucadnetsar, le roi, avait dressée ». Tous obéirent à l'ordre royal : « Ils se tinrent devant la statue » (v. 3).
L’ordre de Nebucadnetsar (v. 4-7)
Un héraut proclama le décret : « Il vous est ordonné, peuples, peuplades, et langues : Aussitôt que vous entendrez le son du cor, de la flûte, de la cithare, de la sambuque, du psaltérion, de la musette, et toute autre espèce de musique, vous vous prosternerez et vous adorerez la statue d'or que Nebucadnetsar, le roi, a dressée ; et quiconque ne se prosternera pas et n'adorera pas, sera jeté à l'heure même au milieu d'une fournaise de feu ardent » (v. 4-6).
Le décret était facile à comprendre : il était simple et bref, et le châtiment était clair. De plus, selon les pensées humaines, les exigences n'étaient pas grandes. Il suffisait de se prosterner devant l'idole du roi à un moment déterminé, et c'était tout. Mais il convient d'examiner d'un peu plus près ce décret. Comme cela a été observé plus haut, c'était l'intrusion de la volonté de l'homme dans le domaine de Dieu. L'obéissance aux autorités établies est un devoir sacré ; mais elle ne peut être rendue que dans le cercle de leur propre autorité légale. Si elles outrepassent ce cercle, comme les chefs à Jérusalem quand ils enjoignirent aux apôtres de ne plus parler ni enseigner au nom de Jésus, il doit leur être dit, comme Pierre et Jean le firent : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes » (Act . 5 : 29). Quelque absolu que fût Nebucadnetsar en tant que monarque, en faisant proclamer son décret, il sortait des limites du domaine qui lui était propre et revendiquait pour lui ce qui était dû à Dieu seul.
Remarquons une autre chose. Le signal pour adorer la statue était le son de toutes sortes d'instruments de musique les plus raffinés dans toutes les provinces du roi. Si les sentiments religieux étaient absents, ils pourraient ainsi être produits par l'harmonie de sons suaves et sensuels. Combien les ruses de Satan sont subtiles ! Nous avons ici le caractère que peut revêtir la musique « religieuse » en faisant appel à la nature, engendrant des émotions naturelles. Or l'action de l'Esprit de Dieu est chose différente, car ceux qui adorent Dieu doivent l'adorer « en esprit et en vérité » (Jean 4 : 24). Tous ces expédients peuvent servir à tromper les âmes en les amenant à jouir de ce qui est naturel, et en même temps à exclure Dieu et à cacher la vraie condition spirituelle de ceux qui professent adorer.
Fidèles à leur Dieu (v. 8-15)
Il y eut pratiquement une réponse unanime dans l'obéissance au commandement du roi. Seuls trois hommes, pour autant que cela est rapporté, refusèrent de se soumettre au décret. Ils furent dénoncés au roi par certains Chaldéens qui « s'approchèrent et accusèrent les Juifs » (v. 8). Après avoir rappelé le décret du roi et le châtiment qui y était rattaché en cas de désobéissance, ils dirent : « Il y a des hommes juifs, que tu as établis sur les services de la province de Babylone, Shadrac, Meshac et Abed-Nego : ces hommes ne tiennent pas compte de toi, ô roi ; ils ne servent pas tes dieux, et la statue d'or que tu as dressée, ils ne l'adorent pas » (v. 12). Si l'accusation était subtile et formulée de la manière la plus apte à susciter la colère du roi, ses motifs sont évidents : la jalousie et la haine des Chaldéens. « Il y a des hommes juifs » - des hommes d'une race étrangère, appartenant à une nation hostile, d'entre ceux qui ont été amenés ici comme captifs, et que tu as placés au-dessus des têtes de tes propres sujets loyaux - ce sont eux qui s'opposent à ton commandement royal. La haine n'est guère moins cachée, car avant de les accuser de refuser d'adorer la statue du roi, ils disent : « ils ne servent pas tes dieux ». Le roi le savait bien par Daniel, et malgré cela, il les avait nommés à leurs postes d'honneur ; mais les Chaldéens ne pouvaient pas supporter que les serviteurs du vrai Dieu soient ainsi exaltés, et l'occasion leur était enfin fournie d'exprimer l'inimitié de leurs cœurs dans l'accusation qu'ils portaient maintenant. Combien il était heureux pour Shadrac, Méshac et Abed-Nego que, comme plus tard dans le cas de Daniel, aucune autre accusation que celle concernant la loi de leur Dieu, ne pût être portée contre eux !
Mais si la forme de l'accusation était dictée par la jalousie et la haine, elle était bien propre à en appeler à la conscience de Nebucadnetsar. On peut supposer que la mention du fait qu'il avait promu les trois Juifs ne manquerait pas de rappeler à la mémoire du roi ce jour mémorable où Daniel lui avait rappelé son secret et donné sa signification, et aussi la confession que les paroles de Daniel avaient arrachée à ses lèvres. Mais quoi qu'il en fût, sa fureur contre les hommes qui avaient osé défier sa volonté absolue et impérative, lui fit tout oublier. La connaissance que Dieu avait donnée à Daniel avait, dans un certain sens, servi les désirs cachés du roi, tandis que maintenant, la fidélité à Dieu contrariait sa volonté. Et il apprenait qu'il y avait quelques-uns de ses sujets qui croyaient et qui agissaient selon leur foi. Dieu était pour eux, selon les propres paroles du roi, « le Dieu des dieux et le Seigneur des rois » (2 : 47). C'était intolérable pour le monarque insensé et irrité ; il commanda donc d'amener Shadrac, Méshac et Abed-Nego. « Alors on amena ces hommes devant le roi » (v. 13).
Moralement parlant, c'était une scène extrêmement impressionnante. D'un côté, il y avait Nébucadnetsar, le monarque le plus puissant que le monde eût jamais vu, entouré de toute la pompe et la magnificence de sa cour et de son royaume ; de l'autre, trois hommes d'une race méprisée, quelle que fût leur position à ce moment dans le gouvernement. Et la question qui allait être soulevée était celle-ci : Qui est le maître de la conscience des hommes, Dieu ou l'homme ? Nebucadnetsar lui-même la souleva. Il leur demanda d'abord si l'accusation était vraie ; on remarquera qu'il s'écarte de son propre décret en acceptant l'accusation supplémentaire que les Chaldéens avaient portée : ils ne servent pas les dieux du roi. Ensuite, il leur donne une occasion ultime de prouver leur loyauté, lorsque les instruments de musique feraient à nouveau entendre leurs accents excitants. Si donc « vous êtes prêts à vous prosterner et à adorer la statue que j'ai faite..., mais si vous ne l'adorez pas, à l'instant même vous serez jetés au milieu de la fournaise de feu ardent » (v. 15). Finalement, transporté de rage, il ose défier l'intervention de quiconque s’estimerait supérieur à lui, et par là, affirmerait sa propre toute-puissance, car il ajoute : « Et qui est le Dieu qui vous délivrera de ma main ? ». C'était en fait une déclaration de guerre, et le conflit engagé se situait maintenant entre Nebucadnetsar et Dieu.
La réponse de Shadrac, Méshac et Abed-Nego (v. 16-18)
Les trois Hébreux s’expriment devant le roi sur un ton paisible et soumis. Sublime dans sa confiance en Dieu et en sa puissance, leur réponse manifeste leur calme courage dans leur détermination à oser tout et à endurer tout plutôt que d'être infidèles à leur Dieu. Ils disent : « Nebucadnetsar, il n'est pas nécessaire que nous te répondions sur ce sujet. S'il en est comme tu dis, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent, et il nous délivrera de ta main, ô roi ! Et sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n'adorerons pas la statue d'or que tu as dressée » (v. 16-18). De même que la sagesse, une sagesse divine, se trouvait avec le résidu dans le chapitre précédent, ici, c'est la fidélité à Dieu, une fidélité indomptable, qui est manifestée. La grâce leur a donné et l'une et l'autre, car c'était Dieu qui avait choisi ses serviteurs afin de déployer, par eux, sa propre sagesse et sa propre puissance.
Mais il faut examiner cette réponse des trois jeunes gens de Juda à Nebucadnetsar pour en comprendre toute la portée. Donc, premièrement, ils déclarèrent qu'il n'était pas nécessaire de répondre au roi sur ce « sujet », sans doute dans le sens que, le roi ayant défié Dieu, c'était Dieu seul qui aurait affaire avec le roi et qu'ils comptaient pleinement sur Son intervention pour réprimer cette prétention arrogante et profane, et pour revendiquer Son propre nom et Sa suprématie. Puis ils se mirent à confesser calmement leur foi dans la puissance de leur Dieu pour les délivrer si Nebucadnetsar mettait à exécution sa menace de les jeter dans la fournaise, et leur confiance qu'Il les délivrerait de sa main. Ils ajoutèrent en outre que même si Dieu ne devait pas les délivrer, ils étaient fermement décidés à ne pas céder au commandement du roi. Ils savaient qui ils avaient cru et qu'Il était capable de les préserver de la fureur du roi ; mais si telle était Sa volonté, ils étaient prêts à mourir en martyrs pour l'amour de Son nom. Comme un autre l'a remarqué, leur foi et leur obéissance étaient aussi absolues que la volonté du roi.
Cette attitude de Shadrac, Méshac et Abed-Nego définit avec exactitude, comme cela a déjà été souligné, la vraie position du croyant face aux autorités établies. Partout dans le Nouveau Testament, la soumission à celles-ci est enjointe, et tel doit être le chemin du chrétien au milieu des remous et de la confusion politiques. Il n’a ni à soulever des questions ni à examiner la légalité des autorités constituées. Il suffit pour lui qu'elles soient établies, et il poursuit sa route en paix, leur rendant l'obéissance requise. Mais si ces autorités, qu'il s'agisse d'empereurs, de rois ou de magistrats, sortent de leurs limites propres, comme le fit Nebucadnetsar, et cherchent à substituer leur volonté à la parole de Dieu et à imposer cette volonté à la conscience de leurs sujets - se mettant en fait elles-mêmes à la place de Dieu - alors, par fidélité envers Dieu, comme ces trois jeunes gens de la captivité, et quel qu'en soit le prix, le croyant est tenu de désobéir. La limite de son obéissance aux rois est l'obéissance à Dieu tout en leur étant soumis. Dès le moment où le croyant aurait à désobéir à Dieu pour céder aux demandes de l'autorité, il doit, s'il veut garder une bonne conscience envers Dieu, refuser l'obéissance exigée, même au prix de sa vie. Voilà le terrain choisi dans ce conflit entre Nebucadnetsar et ces trois sujets de son royaume.
C'était quelque chose de nouveau pour ce maître du monde. Son autorité sur tous les royaumes de la terre étant absolue, pouvait-il admettre que ces trois Juifs - ressortissants d'une nation qu'il avait asservie - lui désobéissent d'une manière flagrante et publique ? Une telle chose ne pouvait être tolérée un seul instant ; aussi fut-il « rempli de fureur, et l'apparence de son visage fut changée envers Shadrac, Méshac et Abed-Nego » (v. 19).
Dans la fournaise (v. 19-23)
Nebucadnetsar « prit la parole et commanda de chauffer la fournaise sept fois plus qu'on n'était accoutumé de la chauffer ; et il commanda aux hommes les plus vaillants de son armée, de lier Shadrac, Méshac et Abed-Nego, et de les jeter dans la fournaise de feu ardent » (v. 19-20).
Il fallait faire un exemple public de ces rebelles aux commandements du roi, et produire une impression salutaire sur tous les représentants du gouvernement. On peut comprendre, dans une certaine mesure, la colère de ce roi absolu. Il a trouvé un expédient pour assurer l'unité des diverses races de ses états et le succès paraissait certain. Pas une main ne s'est levée contre son projet, quand soudain trois Juifs, et, qui plus est, parmi les objets particuliers de la faveur du roi, sont amenés devant lui et accusés de résister à ses commandements. De nombreuses suppositions ont été avancées quant au fait de l'absence de Daniel de cette scène. Certes, il n'a pas renié sa foi et a été aussi fidèle que ses compagnons ; cela est attesté par la suite de son histoire, mais il ne nous est pas révélé pourquoi il n'apparaît pas dans ce chapitre.
Tout le plan du roi est ainsi mis en péril, d'où la fureur avec laquelle il condamne ces rebelles à son autorité au destin le plus cruel qui puisse être imaginé. Ses ordres sont aussitôt exécutés, et « parce que la parole du roi était rigoureuse et la fournaise extrêmement chauffée, la flamme du feu tua ces hommes qui avaient fait monter Shadrac, Méshac et Abed-Nego » (v. 22). Qu'était une vie humaine pour ce roi volontaire et cruel ? Mais par le contraste même, Dieu veut lui enseigner que ce qui est la mort pour Ses ennemis ne peut nuire à ceux qui sont sous sa protection (comp. Ex. 14 ; Marc 16 : 18). « Ces trois hommes, Shadrac, Méshac et Abed-Nego, tombèrent liés au milieu de la fournaise de feu ardent » (v. 23). Et leur confiance en Dieu étant revendiquée, ils ne furent pas détruits. Les hommes qui les avaient jetés dans la fournaise furent atteints et tués par les flammes ardentes ; mais eux-mêmes, bien qu'au milieu de la fournaise, furent épargnés. Leur Dieu pouvait les délivrer.
La délivrance divine (v. 24-28)
Le roi « se leva précipitamment et prit la parole et dit à ses conseillers : N'avons-nous pas jeté au milieu du feu trois hommes liés ? Ils répondirent et dirent au roi : Certainement, ô roi ! Il répondit et dit : Voici, je vois quatre hommes déliés, se promenant au milieu du feu, et ils n'ont aucun mal ; et l'aspect du quatrième est semblable à un fils de Dieu » (v. 24-25). Deux miracles confondaient ainsi le roi : le fait que ceux dont il avait voulu faire des victimes étaient déliés et sans aucun mal, et la présence avec eux d'un Compagnon surnaturel, qu'il décrit comme « semblable à un fils de Dieu ». Non pas qu'il comprît ses propres paroles, mais nous pouvons conclure que, comme souvent dans les Ecritures, l'Esprit de Dieu le contraignait et lui faisait proclamer la vérité. Esaïe avait dit, parlant au nom de l'Eternel, à Israël : « Quand tu passeras par les eaux, je serai avec toi... quand tu marcheras dans le feu, tu ne seras pas brûlé, et la flamme ne te consumera pas » (43 : 2). Cette promesse trouvait maintenant sa réalisation pour ce résidu croyant, comme ce sera le cas envers le résidu d'un jour futur, dont ces trois jeunes gens sont un type. L'Eternel était avec ses fidèles serviteurs dans la fournaise pour les soutenir, les réconforter et les préserver du mal. Il apparaît devant les yeux mêmes du roi qui L'avait défié vainement et de façon impie de délivrer ces hommes de sa main (v. 15). Alors, protégeant ses serviteurs de la puissance des flammes, Il justifie leur confiance en Lui et leur fidélité à son nom. Ne nous a-t-Il pas aussi dit : « Je ne te laisserai pas et je ne t'abandonnerai pas ; de sorte que, pleins de confiance, nous disions : Le Seigneur est mon aide ; je ne craindrai pas : que me fera l'homme ? » (Héb. 13 : 5- 6).
Nebucadnetsar a provoqué le conflit en défiant le Dieu de Shadrac, de Méshac et d’Abed-Nego. Dieu intervient et manifeste silencieusement sa puissance devant le roi en furie, et celui-ci est vaincu ! Oubliant tout sauf le spectacle qui s'offre à ce moment à ses yeux, insensible même à sa propre humiliation publique, confessant sa défaite, tout son maintien et son aspect étant changés, il s'approche de la fournaise de feu ardent. « Il prit la parole et dit : Shadrac, Méshac et Abed-Nego, serviteurs du Dieu Très-haut, sortez et venez ! Alors Shadrac, Méshac et Abed-Nego sortirent du milieu du feu » (v. 26).
On remarquera qu'il n'est pas dit que quelqu'un d'autre que Nebucadnetsar vit le Compagnon divin de Shadrac, Méshac et Abed-Nego. Ses yeux furent un instant ouverts pour voir ce qui était invisible à l'œil naturel, afin d'apprendre à connaître sa propre folie d'entrer en conflit avec le Dieu des cieux. Quelle patience de la part de Dieu, en présence de la faiblesse profane de l'une de ses propres créatures ! Combien il est heureux pour l'homme, pour nous tous, qu'Il ne permette jamais que ses desseins soient annulés par notre présomption et notre rébellion audacieuses.
Le témoignage public à la suprématie du Dieu Très-haut (v. 24-28)
Le commandement du roi est exécuté aussitôt ; les « serviteurs du Dieu Très-Haut » sortent du milieu du feu. La vérité de leur salut - le miracle opéré - est vérifié par « les satrapes, les préfets, les gouverneurs, et les conseillers du roi » qui sont « assemblés », semble-t-il, pour examiner la réalité de cette miraculeuse préservation. Ils « virent ces hommes sur le corps desquels le feu n'avait eu aucune puissance : les cheveux de leur tête n'avaient pas été brûlés, et leurs caleçons n'avaient pas changé, et l'odeur du feu n'avait pas passé sur eux » (v. 27). La délivrance était totale et complète, car le feu n'avait pu brûler que les liens avec lesquels ils avaient été liés. On les vit se promenant librement en compagnie de Celui qui les avait délivrés et préservés. Confondu par l'évidence qui s'offrait à lui, le roi dut reconnaître son impuissance et sa défaite devant le Dieu de Shadrac, de Méshac et d'Abed-Nego, « qui a envoyé son ange et a sauvé ses serviteurs qui se sont confiés en lui, et ont changé la parole du roi, et ont livré leurs corps, afin de ne servir et n'adorer aucun autre dieu que leur Dieu » (v. 28). Il rendait ainsi honneur à Dieu qui avait sauvé ses serviteurs et il justifiait ceux qui, par fidélité à « leur Dieu », avaient refusé d'adorer la statue qu'il avait lui-même dressée. Plus encore, il édicta un décret : « Qu'en tout peuple, peuplade, et langue, quiconque parlera mal du Dieu de Shadrac, de Méshac et d'Abed-Nego, sera mis en pièces, et sa maison sera réduite en un tas d'immondices, parce qu'il n'y a pas d'autre Dieu qui puisse sauver ainsi » (v. 29).
Toutes les pensées et tous les projets du roi étaient ainsi réduits à néant. La statue qu'il avait faite avait été publiquement rejetée, et tout aussi publiquement déclarée être un faux dieu. Nebucadnetsar lui-même fut contraint de confesser son impuissance et celle de son dieu, et de proclamer dans son empire qu'il n'y avait point de dieu pareil au Dieu de Shadrac, de Méshac et d'Abed-Nego. Son assemblée grandiose avait été vaine pour ce qui concernait ses propres desseins. Des sujets obséquieux étaient venus de toutes les parties de son empire pour reconnaître et adorer son idole ; et voici, avant même qu'ils se soient dispersés, un témoignage semblable à un coup de trompette a été rendu à la suprématie du Dieu Très-haut. Dieu revendiquait son propre nom et la foi de ses serviteurs devant tous les notables du royaume.
Une chose est encore rapportée : « Alors le roi éleva Shadrac, Méshac et Abed-Nego dans la province de Babylone » (v. 30). La victoire était complète ; car non seulement Dieu annulait les desseins du roi, mais aussi ceux des ennemis jaloux et malveillants de ses serviteurs. Ils avaient pensé obtenir l'anéantissement de ces hommes fidèles ; mais le résultat fut leur promotion à une position plus élevée.
Voilà pour le récit historique ; mais n'est-il qu'historique ? Le supposer serait passer à côté du principal objet du récit. Les faits ont eu réellement lieu ; mais ces faits réels ont été choisis pour présenter ce qui arrivera aux derniers jours.
La portée prophétique de cette délivrance
De même que le premier empire gentil devint idolâtre, le dernier le deviendra aussi, comme nous pouvons le voir en Apocalypse 13 ; et de même que le résidu fidèle de Dieu a été l'objet de l'inimitié et de la persécution sous le roi de Babylone, il le sera de nouveau sous le dernier chef de l'empire romain (voir Apoc. 12 : 13-17 ; 13 : 6-8, 15…). Mais comme nous le lisons en ce même livre, quelque brûlante que puisse être la fournaise dans laquelle le peuple de Daniel sera jeté dans ce temps, « quiconque sera trouvé écrit dans le livre » (12 : 1) sera délivré. Il peut être permis à Satan de se déchaîner et de cribler les enfants de Dieu, mais pas un cheveu de leur tête ne peut tomber sans la permission de Dieu. Ainsi l'histoire de Shadrac, de Méshac et d'Abed-Nego est pleine d'encouragement - spécialement pour le résidu juif dans les derniers jours. Mais elle l'est aussi pour les saints de Dieu dans tous les temps, lorsqu'ils sont pris sous les feux de la persécution et que Satan, comme un lion rugissant, cherche qui il peut dévorer. La leçon qui en ressort est celle-ci : « Dieu est fidèle, qui ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de ce que vous pouvez supporter, mais avec la tentation il fera aussi l'issue, afin que vous puissiez la supporter » (1 Cor. 10 : 13).
E. Dennett
A suivre