LE CANTIQUE DES CANTIQUES
CHAPITRE 5
Verset 1 – « Je suis venu dans mon jardin, ma soeur, ma fiancée ! J'ai cueilli ma myrrhe avec mes aromates, j'ai mangé mon rayon de miel avec mon miel, j'ai bu mon vin avec mon lait. Mangez, amis ; buvez, buvez abondamment, bien-aimés ! »
Verset 2 - « Je dormais, mais mon coeur était réveillé. C'est la voix de mon bien-aimé qui heurte : Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit ».
Verset 3 - « Je me suis dépouillée de ma tunique, comment la revêtirais-je? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je? »
Verset 4 - « Mon bien-aimé a avancé sa main par le guichet, et mes entrailles se sont émues à cause de lui ».
Verset 5 - « Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, et de mes doigts, la myrrhe limpide, sur les poignées du verrou ».
Verset 6 - « J'ai ouvert à mon bien-aimé, mais mon bien-aimé s'était retiré, il avait passé plus loin ; mon âme s'en était allée pendant qu'il parlait. Je le cherchai, mais je ne le trouvai pas ; je l'appelai, mais il ne me répondit pas ».
Versets 7-8 - « Les gardes qui font la ronde par la ville me trouvèrent ; ils me frappèrent, ils m'ont blessée ; les gardes des murailles m'ont ôté mon voile de dessus moi. Je vous adjure, fille de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade d'amour ».
Verset 9 - « Ton bien-aimé qu'est-t-il de plus qu'un autre bien-aimé, ô la plus belle parmi les femmes ? Ton bien-aimé qu'est-il de plus qu'un autre bien-aimé, que tu nous adjures ainsi ? ».
Verset 10 - « Mon bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-bannière entre dix mille ».
Verset 11 - « Sa tête est un or très-fin ; ses boucles sont flottantes, noires comme un corbeau ».
Verset 12 - « Ses yeux, comme des colombes près des ruisseaux d'eau, baignés dans le lait, bien enchâssés ».
Verset 13 - « Ses joues, comme des parterres d'aromates, des corbeilles de fleurs parfumées ; ses lèvres, des lis distillant une myrrhe limpide ».
Verset 14 - « Ses mains, des rondelles d'or, où sont enchâssés des chrysolithes ; son ventre, un ivoire poli, couvert de saphirs ».
Verset 15 – « Ses jambes, des colonnes de marbre blanc, reposant sur des socles d'or fin ; son port, comme le Liban, distingué comme les cèdres ».
Verset 16 - « Son palais est plein de douceur, et toute sa personne est désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem ! »
Dès que la bien-aimée Sulamithe invite son Seigneur à venir dans son jardin et à manger ses fruits exquis, il répond : « Je suis venu... ». Il ne dit pas : « je viendrai », mais « je suis venu ». Elle l'invite, il est déjà présent ! Son coeur est toujours prêt, faisant pour ainsi dire le guet, afin d'entendre le cri de ses bien-aimés. Heureuse épouse, heureux peuple! Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs est prêt à les entendre quand ils l'appellent ! Les fruits de l'Esprit lui sont toujours agréables. Il les trouve riches et variés, et il jouit de ce banquet de l'amour.
Verset 2 - « Je dormais, mais mon coeur était réveillé. C'est la voix de mon bien-aimé qui heurte : Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit ».
Verset 3 - « Je me suis dépouillée de ma tunique, comment la revêtirais-je? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je? »
Verset 4 - « Mon bien-aimé a avancé sa main par le guichet, et mes entrailles se sont émues à cause de lui ».
Verset 5 - « Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, et de mes doigts, la myrrhe limpide, sur les poignées du verrou ».
Verset 6 - « J'ai ouvert à mon bien-aimé, mais mon bien-aimé s'était retiré, il avait passé plus loin ; mon âme s'en était allée pendant qu'il parlait. Je le cherchai, mais je ne le trouvai pas ; je l'appelai, mais il ne me répondit pas ».
Versets 7-8 - « Les gardes qui font la ronde par la ville me trouvèrent ; ils me frappèrent, ils m'ont blessée ; les gardes des murailles m'ont ôté mon voile de dessus moi. Je vous adjure, fille de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade d'amour ».
Verset 9 - « Ton bien-aimé qu'est-t-il de plus qu'un autre bien-aimé, ô la plus belle parmi les femmes ? Ton bien-aimé qu'est-il de plus qu'un autre bien-aimé, que tu nous adjures ainsi ? ».
Verset 10 - « Mon bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-bannière entre dix mille ».
Verset 11 - « Sa tête est un or très-fin ; ses boucles sont flottantes, noires comme un corbeau ».
Verset 12 - « Ses yeux, comme des colombes près des ruisseaux d'eau, baignés dans le lait, bien enchâssés ».
Verset 13 - « Ses joues, comme des parterres d'aromates, des corbeilles de fleurs parfumées ; ses lèvres, des lis distillant une myrrhe limpide ».
Verset 14 - « Ses mains, des rondelles d'or, où sont enchâssés des chrysolithes ; son ventre, un ivoire poli, couvert de saphirs ».
Verset 15 – « Ses jambes, des colonnes de marbre blanc, reposant sur des socles d'or fin ; son port, comme le Liban, distingué comme les cèdres ».
Verset 16 - « Son palais est plein de douceur, et toute sa personne est désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem ! »
Dès que la bien-aimée Sulamithe invite son Seigneur à venir dans son jardin et à manger ses fruits exquis, il répond : « Je suis venu... ». Il ne dit pas : « je viendrai », mais « je suis venu ». Elle l'invite, il est déjà présent ! Son coeur est toujours prêt, faisant pour ainsi dire le guet, afin d'entendre le cri de ses bien-aimés. Heureuse épouse, heureux peuple! Le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs est prêt à les entendre quand ils l'appellent ! Les fruits de l'Esprit lui sont toujours agréables. Il les trouve riches et variés, et il jouit de ce banquet de l'amour.
Verset 1 – « Je suis venu dans mon jardin, ma soeur, ma fiancée ! J'ai cueilli ma myrrhe avec mes aromates, j'ai mangé mon rayon de miel avec mon miel, j'ai bu mon vin avec mon lait. Mangez, amis ; buvez, buvez abondamment, bien-aimés ! »
Ces fruits représentent peut-être le résultat des opérations de l'Esprit. Des larmes de repentir aussi amères que la myrrhe peuvent couler. La vérité a été appliquée avec puissance à la conscience, le coeur est brisé. Une confession sans réserve s'ensuit devant Dieu. Dans la lumière de sa sainte présence, on perd de vue les causes secondes. « Contre toi, contre toi seul j'ai péché, et j'ai fait ce qui est mauvais à tes yeux » (Ps. 51 : 4). Quoique le péché de David eût été contre son prochain, il n'en dit pas moins : Contre toi, contre toi seul, j'ai péché. Tout péché est contre Dieu ; c'est une chose pénible, mais nécessaire, d'avoir affaire avec lui au sujet de notre péché. Alors nous connaîtrons ses tendres compassions et tout ce que signifie cette parole : « Là où le péché abondait, la grâce a surabondé » (Rom. 5 : 20). Dieu, dans sa grâce, pardonne au pécheur sur le fondement du sang précieux de Jésus. Nous pouvons célébrer et adorer Dieu avec un coeur rempli de joie (Ps. 103 : 1-3). Les larmes ont pu être amères comme la myrrhe, mais, pour Christ, les résultats sont plus doux que le miel, et plus parfumés que les aromates.
Le Seigneur trouve toutes sortes de fruits au milieu des siens. Il goûte une entière communion avec tout ce qui est de l'Esprit ; il en jouit : « J'ai cueilli... j'ai mangé... j'ai bu ». Il ne dédaigne aucun de ces fruits. Chez le disciple avancé, il peut trouver ce qui correspond à la force et à la vigueur du vin, tandis que chez le jeune enfant nouvellement converti, il trouve la douceur du lait. Un incrédule, vexé et irrité de la simplicité d'une enfant convertie qui parlait de la joie et du bonheur d'être avec Jésus pour toujours, lui dit : « Mais si Jésus est dans l'enfer ? ». Cette enfant répondit : « S'il y était, ce ne serait pas l'enfer ». Parole simple, mais irréfutable ! Qu'est-ce que le Seigneur peut trouver dans nos vies ? Il est honoré par une humble dépendance. Un désir continuel de le glorifier lui est agréable. Les amis de l'époux auront part à ce souper royal, et entreront dans sa joie au jour de sa gloire. Les coeurs seront émus de cette joyeuse invitation : « Mangez, amis ; buvez abondamment, bien-aimés ». Les branches naturelles seront, dit l'apôtre, « greffées à nouveau sur leur propre olivier » (Rom. 11 : 24). Jacob prendra racine, Israël fleurira et poussera, et remplira de fruits la face du monde (Es. 27 : 6). Quel banquet sera alors préparé pour toutes les nations par Israël rétabli ! Et l'Eternel des armées fera en cette montagne, à tous les peuples un festin de choses grasses, un festin de vins vieux (Es. 25 : 6 - voir aussi Os. 2 : 21-22). Il y aura une chaîne ininterrompue de bénédictions, venues du trône de Dieu. Les cieux seront occupés par Christ, avec l'Eglise introduite dans la gloire ; la terre le sera par Israël rétabli, encore appelé Jizréel, ou la semence de Dieu. Il y aura une bénédiction universelle sur la terre.
Il y aura abondance de froment, et de mout, et d'huile, l'Eternel ayant fait cesser les guerres et la violence : « La gloire de l'Eternel sera révélée, et toute chair ensemble la verra » (Es. 40 : 5). Toute la terre sera remplie de sa gloire.
Verset 2 - « Je dormais, mais mon coeur était réveillé. C'est la voix de mon bien-aimé qui heurte : Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit ».
Cette triste confession de l'épouse présente une expérience fréquente. Nous sommes plus souvent occupés de nous-mêmes et de nos sentiments que de la Parole de Dieu. C'est une source de trouble et de perplexité sans fin. Il arrive souvent à des chrétiens, lorsqu'ils éprouvent que leurs sentiments ont changé, de conclure que Christ n'est plus à leur égard ce qu'il était autrefois.
Quelques heures auparavant, l'épouse se trouvait dans la joie de la présence de son Seigneur. Elle était alors heureuse et rayonnante, comme certains chrétiens au cours d'une bonne réunion. Mais le souper fini, elle se retire pour se reposer. Et bientôt, hélas, la voici fort troublée par un changement survenu dans ses sentiments : « Je dormais, mais mon coeur était réveillé ». Elle soupire après Christ, sans être pourtant vraiment disposée à se donner de la peine pour lui. Quel triste état de choses : le Bien-aimé a dû venir frapper à la porte! Et ce n'est pas rare. Tout en étant sincère, le croyant peut tomber dans un état d'assoupissement tel que les activités spirituelles deviennent un fardeau et sont accomplies avec nonchalance ou même entièrement négligées.
Pourtant, le Seigneur pourrait-il changer parce que l'épouse s'est endormie? Non, l'amour de Christ ne change jamais, quelles que soient les chutes et l'inconstance de ses bien-aimés. Bien qu'elle soit assoupie, la Sulamithe reconnaît aussitôt sa façon de frapper à la porte, comme aussi sa voix. «C'est la voix de mon bien-aimé qui heurte », dit-elle. Elle entend alors : « Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles des gouttes de la nuit ». Une patience touchante inspire les paroles de l'époux à sa faible épouse ! Au lieu de se laisser influencer par son triste état et de l'accuser d'ingratitude et d'indifférence, il s'adresse à elle en termes plus tendres que jamais : « ma colombe, ma parfaite ». Cette expression d'une grâce merveilleuse était réservée pour le jour de son éloignement. Jamais auparavant, il n'avait fait allusion à la rosée dont sa tête était pleine et aux gouttes de la nuit, reçues dans son sentier de dévouement pour elle. Quel appel! Ses accents manifestent la grandeur d'un amour que rien ne peut détourner de son objet.
Verset 3 - « Je me suis dépouillée de ma tunique, comment la revêtirais-je? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je? »
Hélas, l'appel du Seigneur a peu d'effet sur la conscience endormie de l'épouse ! Seul, le Seigneur ne change jamais. Sachons nous confier en lui, compter uniquement sur lui et nous tenir toujours près de lui. Son amour parfait est invariable. Mais ici, l'épouse assoupie accueille avec une grande indifférence cette affection patiente, et ne lui répond que par de vaines excuses.
Pauvre fille de Sion ! Son éloignement la rend insensible aux droits de son Messie! « Connais, et vois, que c'est une chose mauvaise et amère que tu aies abandonné l'Eternel, ton Dieu » (Jér. 2 : 19). Si nous nous écartons de la présence du Seigneur, qui pourra dire jusqu'où nous nous éloignerons de lui ? Celui qui a le souci des âmes et de la gloire du Seigneur est attristé par le déclin évident du zèle, l'engourdissement d'un esprit jadis ardent et plein de ferveur. On venait de bonne heure à toutes les réunions, chaque parole concernant Christ avait sur l'âme l'effet d'une huile de joie ; on jouissait d'une communion intime avec le Seigneur. Mais tout change si on se laisse prendre à quelque piège subtil de l'Ennemi. On se persuade que tout le monde a changé. L'assistance aux réunions devient irrégulière. On se blesse, peut-être, de quelque petite chose, et on se retire. Désormais, notre place est vide. Seul le Seigneur peut suivre celui qui s'égare, sans cesser de s'occuper de lui. Dans la sagesse de son amour, il peut nous laisser goûter l'amertume de nos propres voies. Mais il a toujours à sa disposition le moyen de nous ramener à la repentance, et de nous rétablir pleinement dans sa communion.
Verset 4 - « Mon bien-aimé a avancé sa main par le guichet, et mes entrailles se sont émues à cause de lui ».
Le Seigneur soit loué, un mouvement s'opère dans la bonne direction : sa propre main a fait cela. Nous avons maintenant comme une réponse à son amour, faible, mais réelle : la bien-aimée est émue à cause de lui. Elle n'a jamais cessé de l'appeler « mon bien-aimé ». Quoiqu'elle se soit éloignée, elle a de l'affection pour le Seigneur. Mais si l'on n'est pas attentif aux appels pleins de douceur du Seigneur qui frappe à la porte, il a recours à d'autres moyens. Il sait ce qui sera efficace pour nous faire retourner vers lui. « Dieu ne s'en enquerrait-il pas ? Car lui connaît les secrets du coeur" (Ps. 44 : 21). Parfois, il utilise des moyens inattendus pour atteindre la conscience. La lumière nous fait voir où nous sommes et ce que nous sommes. La grâce triomphe. L'âme recherche alors la présence du Seigneur et le bonheur qui ne se trouve qu'en lui. Il peut s'écouler quelque temps avant qu'elle soit pleinement restaurée, avant d'atteindre le parfait repos de la présence de Christ. Confus et agités, nous pouvons courir et chercher le Seigneur là où il n'a jamais dit qu'on le trouverait. C'est dans le sanctuaire et non dans la ville qu'il se trouve.
Verset 5 - « Je me suis levée pour ouvrir à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, et de mes doigts, la myrrhe limpide, sur les poignées du verrou ».
Le mot myrrhe signifie « qui coule, qui pleure ». D'un goût amer, la myrrhe exhale pourtant une odeur qui embaume l'air. Maintenant l'épouse répond vraiment à l'amour persévérant de son Bien-aimé. Elle sort de son état d'indolence spirituelle. Le sentiment du péché qu'elle a commis en n'ouvrant pas la porte quand il frappait, la remplit d'amertume. Mais cette amertume se mêle à une affection profonde pour Celui qu'elle a méprisé. Arrivée à la porte devant laquelle il s'est tenu si longtemps, elle découvre que tout est embaumé du parfum de la personne du Seigneur ; elle saisit les poignées du verrou, et la myrrhe dégoutte de ses mains. (1) Maintenant qu'elle est réveillée, avec le vif sentiment de ce qu'elle a été et de ce qu'elle a fait, une réelle douleur se mêle dans son âme à un amour rempli d'adoration pour son Seigneur.
(1) L'histoire nous rapporte une coutume orientale qui peut nous aider à comprendre la comparaison que nous trouvons ici. Si la personne aimée persiste à repousser les voeux de celui qui l'aime, ce dernier se dirige durant la nuit vers la maison où elle demeure. Il suspend des guirlandes de fleurs tout autour de la porte et jonche le seuil de fleurs odorantes ; il oint aussi d'huiles parfumées la serrure et la poignée de la porte ; il affirme ainsi à toute la famille que son affection, quoique méprisée, est réelle.
Verset 6 - « J'ai ouvert à mon bien-aimé, mais mon bien-aimé s'était retiré, il avait passé plus loin ; mon âme s'en était allée pendant qu'il parlait. Je le cherchai, mais je ne le trouvai pas ; je l'appelai, mais il ne me répondit pas ».
Comme jadis Joseph cherchait à exercer la conscience de ses frères, à cause du crime commis à son égard, ainsi dans les derniers jours, le vrai Joseph fera passer les Juifs par de profonds exercices, à cause de leur état devant Dieu. Mais, pour avoir adopté envers ses frères une attitude qui les éprouvait et les criblait douloureusement, Joseph n'en éprouvait pas moins d'amour envers eux. Il était prêt à manifester l'affection la plus profonde, au moment convenable. Quelle joie pour lui lorsque l'affection longtemps contenue put se donner libre cours ! Il en sera ainsi du Seigneur, juste avant qu'il se révèle en puissance et en gloire pour la délivrance d'Israël, et la manifestation de son amour envers lui comme Messie.
Mais l'analogie frappante entre Joseph et ses frères, d'une part, et Christ et les Juifs d'autre part, ne saurait s'appliquer à Christ et à l'Eglise. L'idée que Christ se retire ou cache sa face aux chrétiens afin de les éprouver, est sans fondement dans la Parole. Avec les Juifs, sous la loi, les choses étaient naturellement bien différentes ; Dieu habitait dans une obscurité profonde. Le chemin des lieux saints n'était pas encore manifesté, le parfait sacrifice n'avait pas été offert, la conscience du Juif n'était pas parfaitement purifiée, il ne pouvait donc pas goûter une pleine paix. Mais pour les chrétiens, la position est toute différente. « Les ténèbres s'en vont et la vraie lumière luit déjà » (1 Jean 2 : 8). Nous sommes rendus agréables dans le Bien-aimé. Nos péchés ont pour toujours été ôté par l'offrande du corps de Christ, faite une fois pour toutes. Lorsque le jugement de Dieu contre nos péchés et contre le péché a été exécuté sur Christ à la croix, le voile a été déchiré, et le chemin des lieux saints ouvert. Nous avons été vivifiés ensemble avec le Christ, ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes avec lui. Le Saint Esprit est descendu en témoignage de notre union actuelle avec Christ ressuscité et exalté. Nous jouissons par son habitation de notre position en Christ. L'idée même que Dieu cache sa face à ceux qui sont dans sa pleine lumière en Christ, est étrangère à toute l'Ecriture. Il est vrai que nous pouvons malheureusement oublier l'étendue de nos bénédictions en Christ, oublier que sa vie est notre vie, et que ses délices devraient aussi être les nôtres. Nous nous éloignons de lui et nous péchons contre lui.
La Parole admet la possibilité qu'un chrétien pèche : « si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste ; et lui est la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2: 1-2). Dieu a pourvu à tous les besoins de notre marche de pèlerin. L'intercession de Christ, fondée sur la justice et la propitiation, garantit la purification de nos souillures et nous maintient sans tache devant la face de Dieu.
Mais si nous considérons Israël, sa position est en contraste avec toute cette merveilleuse grâce. Même si au temps de la fin, le résidu attend le Messie et soupire après lui avec une affection sincère, il sera encore sous la loi, et Dieu lui en laisse sentir le poids. Comme le meurtrier de jadis, il sera pour ainsi dire dans la ville de refuge jusqu'à ce que survienne un changement dans la sacrificature (voir Nom. 35 : 28). L'apparition de l'Oint du Seigneur, dans l'exercice de la sacrificature selon l'ordre de Melchisédec, sera le grand antitype. Un changement dans la sacrificature, par la mort, procurait la liberté à ceux qui étaient prisonniers dans les villes de refuge. Après la mort du souverain sacrificateur, le meurtrier retournait dans la terre de sa possession. Israël, au dernier jour, avant l'apparition du Seigneur, passera par une terrible tribulation. Le jugement de Dieu contre le crime dont il est coupable, devra être reconnu, quand le Seigneur apparaîtra ; cette oeuvre s'approfondira plus encore, mais cette fois-ci en grâce. « Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplications ; et ils regarderont vers moi, celui qu'ils ont percé, et ils se lamenteront sur lui, comme on se lamente sur un fils unique, et il y aura de l'amertume pour lui, comme on a de l'amertume pour un premier-né » (Zach. 12 : 10).
Nous voyons la réalité et l'ardeur des affections que le Seigneur crée chez les siens, au milieu de la souffrance. L'épouse soupire après son bien-aimé ! C'est un des caractères du Cantique des Cantiques ; les Psaumes nous présentent plutôt le travail de la conscience dans le résidu. L'amour pour le Bien-aimé se manifeste ici. « Mon âme s'en était allée pendant qu'il parlait » (Cant. 5 : 6). Il se retire afin de mettre à l'épreuve ses affections, car son amour est inchangé. Si l'épouse ressent vivement son départ, lui-même l'éprouve bien davantage encore ! Jamais le coeur de Joseph ne brûle d'une affection aussi ardente pour ses frères que lorsqu'il les afflige. Et il y a ici plus que Joseph !
Versets 7-8 - « Les gardes qui font la ronde par la ville me trouvèrent ; ils me frappèrent, ils m'ont blessée ; les gardes des murailles m'ont ôté mon voile de dessus moi. Je vous adjure, fille de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade d'amour ».
Cette scène est pénible. L'épouse va traverser, dans ses recherches, toutes sortes de troubles. Elle connaît au dehors les rudes traitements du monde, mais son coeur reste fidèle à son Seigneur. « Je vous adjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade d'amour ». Il est rare que nous nous exposions à la persécution par l'ardeur de nos affections ! Puissions-nous connaître cette communion qui fait brûler le coeur ; qu'il y ait ainsi un témoignage à la gloire de notre Seigneur absent !
Verset 9 - « Ton bien-aimé qu'est-t-il de plus qu'un autre bien-aimé, ô la plus belle parmi les femmes ? Ton bien-aimé qu'est-il de plus qu'un autre bien-aimé, que tu nous adjures ainsi ? ».
Voici deux questions précieuses pour la fille de Sion. Elle sera bientôt introduite dans la pleine bénédiction pendant le règne du Messie. Alors tous la reconnaîtront comme la plus belle d'entre les femmes. Dans cette scène, les filles de Jérusalem représentent peut-être les villes de Juda. Elles auront une position subordonnée à celle de Jérusalem au jour de sa gloire, tout en ayant part à la même sphère de bénédiction. Jérusalem et le peuple juif auront alors sur la terre la place d'honneur et de gloire, et toutes les nations rechercheront leur faveur. « Ainsi dit l'Eternel des armées : En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront, oui, saisiront le pan de la robe d'un homme juif, disant : Nous irons avec vous, car nous avons entendu dire que Dieu est avec vous » (Zach. 8 : 23). Evidemment, tout ceci est encore futur. Mais voici encore ce que dit l'Esprit de prophétie parlant du rétablissement des enfants de Sion : « Et des rois seront tes nourriciers, et leurs princesses, tes nourrices ; ils se prosterneront devant toi le visage contre terre, et ils lècheront la poussière de tes pieds ; et tu sauras que moi je suis l'Eternel : ceux qui s'attendent à moi ne seront pas confus » (Es. 49 : 23).
Quel heureux changement pour ce peuple longtemps foulé aux pieds ! Quelle histoire que la sienne ! « Allez, messagers rapides, vers une nation répandue loin et ravagée, vers un peuple merveilleux dès ce temps et au-delà, vers une nation qui attend, attend, et qui est foulée aux pieds, de laquelle les rivières ont ravagé le pays » (Es. 18 : 2). L'Ecriture parle du résidu de Juda comme d'une épouse aimée, admirée, dans laquelle le roi trouve ses délices. « O la plus belle d'entre les femmes ! » : il en sera ainsi de la nation entière. Toutes les tribus seront réunies dans leur pays, et chacune habitera dans son propre lot.
En réponse à la question des filles de Jérusalem : « Ton bien-aimé qu'est-il de plus qu'un autre bien-aimé, que tu nous adjures ainsi ? », la Sulamithe réplique immédiatement en traçant le portrait fidèle de son bien-aimé. On y trouve toute cette délicatesse dans les détails que seul peut donner un amour ardent et partagé. La pensée de l'avoir dédaigné avive encore ses sentiments qui en reçoivent une vigueur nouvelle.
Oh, si nous étions toujours prêts, comme la femme du puits de Sichar, à parler du Seigneur (Jean 4 : 29) ! Son coeur déborde. Parlons de lui, de cet amour qui lui a fait quitter son trône, rempli de divine compassion, pour sauver de la mort des pécheurs impies, haïssables, et les rendre propres à partager sa gloire.
De David, il est dit : « Or il avait le teint rosé, avec de beaux yeux, et était beau de visage» (1 Sam. 16 : 12). Mais dans la description donnée ici prophétiquement du vrai David, une allusion est faite aux gloires de la personne de Christ, et à l'infinie valeur de son sang. Rien n'est aussi pur, aussi saint, que la personne bénie du Fils de l'Homme. Rien de plus vermeil que son sang qui a coulé sur le Calvaire.
La Sulamithe, guidée par l'Esprit de Dieu, fait maintenant de son Bien-aimé une description plus détaillée. Au chapitre quatrième, l'époux, en décrivant les attraits de son épouse, avait énuméré sept traits. Elle, ici, en signale dix en parlant de son Bien-aimé.
Sa tête est un or très fin. Sa majesté suprême peut être ainsi indiquée par l'or très fin comme en Daniel 2 : 38 : « Toi, tu es cette tête d'or ». L'or est aussi fréquemment employé dans l'Ecriture pour représenter la justice divine en relation avec la personne de Christ, comme en Esaïe 11 : 5 et Apoc. 1 : 13. La tête suggère les pensées. Jésus nous apporte les pensées même de Dieu.
« Ses boucles sont flottantes, noires comme un corbeau ». Une abondante chevelure peut indiquer la vigueur et la force de la jeunesse. Il est dit d'Ephraïm (Os. 7 : 9) : « Des étrangers ont consommé sa force, et il ne le sait pas. Des cheveux gris sont aussi parsemés sur lui, et il ne le sait pas». Mais on ne verra jamais de signe de déclin dans le Seigneur. « Jésus Christ est le même, hier et aujourd'hui et éternellement ». (Héb. 13 : 8)
Verset 12 - « Ses yeux, comme des colombes près des ruisseaux d'eau, baignés dans le lait, bien enchâssés ».
Dans Apocalypse 5 : 6, l'apôtre Jean voit l'Agneau au milieu du trône, ayant sept yeux « qui sont les sept Esprits de Dieu, envoyés sur toute la terre ». Le nombre sept indique la plénitude, la perfection en relation ici avec l'intelligence. « Car les yeux de l'Eternel parcourent toute la terre, afin qu'il se montre fort, en faveur de ceux qui sont d'un coeur parfait envers lui » (2 Chroniques 16 : 9). Mais le croyant n'a rien à craindre du regard pénétrant du Seigneur ; il est pour lui plein de douceur, de profonde affection, comme des yeux de colombes près des ruisseaux d'eau. Quelle assurance le Seigneur nous donne : « Je te conseillerai, ayant mon oeil sur toi » (Ps. 32 : 8) !
Verset 13 - « Ses joues, comme des parterres d'aromates, des corbeilles de fleurs parfumées ; ses lèvres, des lis distillant une myrrhe limpide ».
Ces comparaisons parlent des grâces variées manifestées en lui. Quel contraste entre le jour de son humiliation et le jour prochain de sa gloire ! La fille de Sion, dans son aveuglement, l'a méprisé et rejeté à cause de son humilité. Et lui, dans sa grâce parfaite, n'a pas opposé de résistance à l'homme qui est inimitié contre Dieu : « j'ai donné mon dos à ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil ; je n'ai pas caché ma face à l'opprobre et aux crachats » (Es. 50 : 6). « Ils frappent le juge d'Israël avec une verge sur la joue » (Michée 5 : 1). Mais la fille de Sion s'affligera alors pour la haine, la cruauté dont elle s'est rendue coupable envers son Messie. Le voile sera ôté : « ils regarderont vers moi, celui qu'ils auront percé » (Zach. 12 : 10). Et alors, au lieu de dire : « il n'y a point d'apparence en lui pour nous le faire désirer » (Es. 53 : 2), il sera dit : « Toute sa personne est désirable » (Cant. 5 : 16). La joue, autrefois frappée, est pour l'Israël de Dieu comme des parterres d'aromates, des corbeilles de fleurs parfumées. Quelle oeuvre la grâce a accomplie ! Quel triomphe a remporté l'amour !
« Ses lèvres, des lis distillant une myrrhe limpide ». La comparaison est peut-être faite avec un magnifique lis rouge de l'Orient, mais le croyant connaît cette parole bénie : « la grâce est répandue sur tes lèvres » (Ps. 45 : 2). Cette grâce n'est pas seulement distillée, mais répandue avec abondance ! Les lèvres de Jésus, les siennes seules, peuvent parler de paix à une âme troublée. Tout le peuple, dans l'Evangile, se tenait suspendu à ses lèvres pour l'entendre (Luc 19 : 48). « Le Seigneur l'Eternel, dit-il par le prophète, m'a donné la langue des savants, pour que je sache soutenir par une parole celui qui est las » (Es. 50 : 4).
Verset 14 - « Ses mains, des rondelles d'or, où sont enchâssés des chrysolithes ; son ventre, un ivoire poli, couvert de saphirs ».
Le service est lié aux mains. Christ était « puissant en parole » ; il l'était « en oeuvre » d'abord (Luc 24 : 19). « Les oeuvres de ses mains sont vérité et jugement ; tous ses préceptes sont sûrs, maintenus à perpétuité, pour toujours, faits avec vérité et droiture » (Ps. 111 : 7-8). Un jour, ses mains ont été percées par ceux qu'il était venu sauver. Mais la foi les contemple maintenant ornées de pierres précieuses : « sa main gauche est sous ma tête et sa droite m'embrasse » (Cant. 2 : 6). Heureux ceux qui sont ainsi entourés de ses bras éternels !
« Son ventre, un ivoire poli, couvert de saphirs ». Nous avons sans doute ici une allusion à ses tendres compassions. La couleur bleue du saphir suggère le caractère céleste des sympathies du Seigneur, et l'ivoire, la pureté.
Verset 15 – « Ses jambes, des colonnes de marbre blanc, reposant sur des socles d'or fin ; son port, comme le Liban, distingué comme les cèdres ».
Ce trait représente la marche. « Fais-moi connaître tes voies, ô Eternel ! enseigne-moi tes sentiers... Tous les sentiers de l'Eternel sont gratuité et vérité » (Ps 25 : 4, 10). Les colonnes de marbre peuvent exprimer la force, la fermeté de son règne ; et les socles d'or fin, la justice divine, comme caractérisant toutes les voies de son gouvernement. La justice divine, la toute-puissance, les voies de grâce et de vérité appartiennent au puissant roi de Sion. L'empire repose sur son épaule. Quant au Fils, il dit : « Ton trône, ô Dieu, demeure aux siècles des siècles ; c'est un sceptre de droiture que le sceptre de son règne. Tu as aimé la justice et haï l'iniquité. C'est pourquoi Dieu, ton Dieu, t'a oint d'une huile de joie au-dessus de tes compagnons » (Héb. 1: 8-9).
L'épouse considère maintenant l'ensemble harmonieux des traits de son époux, sa parfaite stature. Celle-ci est comme le Liban, distinguée comme les cèdres. Image qui présente sa majesté, comme Messie. Les cèdres sont, dans l'Ecriture, le type de la noblesse et de l'élévation. Ornée de toutes les grâces, embaumée de tous les parfums, telle est la personne de son bien-aimé.
Verset 16 - « Son palais est plein de douceur, et toute sa personne est désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem ! »
Ses lèvres ayant déjà été mentionnées, cette nouvelle mention (le palais) doit indiquer quelque chose d'autre que les paroles. Elle semble indiquer plus particulièrement l'expression de sa bonté, de sa bienveillance. L'Epouse a souvent goûté sa grâce, même dans ses égarements, elle peut dire par expérience: « son palais est plein de douceur ». Si toutefois vous avez goûté, écrit l'apôtre Pierre, que le Seigneur est bon (1 Pier. 2 : 3).
La Sulamithe ajoute : «Toute sa personne est désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem ». Toute la plénitude de la déité habite en lui corporellement (Col. 2 : 9), ainsi que toutes les grâces du Fils de l'homme. L'épouse est heureuse de pouvoir ajouter que celui en qui toutes ces qualités brillent d'un si vif éclat lui appartient : il est son bien-aimé, son ami.