L’EPITRE AUX GALATES (6)
1 - Utiliser les ressources de la grâce : v. 1-10
1. 1 Relever son frère
Il y a un contraste marqué entre le verset 21 du chapitre 5 et le verset 1 du chapitre 6. Le premier considère ceux qui sont caractérisés par la pratique du mal. L'autre parle d'un homme qui « s'est laissé surprendre par quelque faute ». Ceux qui sont caractérisés par le mal n'entreront jamais dans le royaume de Dieu, tandis que celui qui a été surpris par le mal doit être redressé. Il s'agit ici d'un vrai croyant.
L'appel à relever une telle personne est adressé à ceux qui sont « spirituels ». Ils ne devaient pas être nombreux parmi les Galates, si l'on s'en réfère au dernier verset du chapitre 5. Ce n'est pas dans un esprit de vaine gloire que l'on peut s'approcher utilement d'un frère tombé. On ne ferait que provoquer tout ce qu'il y a de pire en lui. Par contre, si on s'approche de lui « dans un esprit de douceur », on l'aidera. Retenons bien que l'esprit de douceur accompagne nécessairement la spiritualité. On ne rencontre que trop souvent, hélas ! une apparente spiritualité alliée à un autoritarisme qui est exactement le contraire de la douceur. Un homme vraiment spirituel est quelqu'un qui est dominé et dirigé par l'Esprit de Dieu qui habite en lui. Il est caractérisé par « la douceur et la bonté du Christ » (2 Cor. 10 : 1). Mais il n'est lui-même pas à l'abri du danger de céder à une tentation et de tomber. Tout en relevant quelqu'un d'autre, il doit donc bien prendre garde à lui-même.
1. 2 Porter les charges les uns des autres
Le verset 2 est une exhortation de portée plus générale, qui s'applique à chacun de nous. Nous devons accomplir la loi du Christ - qui, en un mot, est l'amour - et « porter les charges les uns des autres ». Très souvent, le frère qui est tombé portait des charges dont nous n'avions aucune idée. Si nous avions marché dans l'obéissance au « commandement nouveau » de Jean 13 : 34, nous aurions pu contribuer à les lui rendre moins lourdes.
Et pourquoi donc n'accomplissons-nous pas la « loi du Christ » ? Ce qui nous en empêche, bien souvent, c'est que nous pensons être quelque chose ou quelqu'un. Et alors, nous nous croyons trop grands et trop importants pour soulever les charges des autres. Lorsqu'il en est ainsi, nous nous trompons nous-mêmes. Nous ne sommes « rien », nous dit le verset 3. Un homme n'est jamais si inutile que lorsqu'il s'imagine être quelqu'un - et surtout quelqu'un de « spirituel ».
Nous avons besoin de sobriété de pensée. Il nous faut être disposé à voir les choses en face, et éprouver notre propre œuvre. Si nous le faisons, nous abandonnerons bien vite la haute pensée de nous-mêmes que nous avions peut-être nourrie. Et si vraiment il subsiste quelque chose de valable après l'examen, nous pouvons nous en réjouir relativement au Seigneur et l’en remercier dans le sentiment de sa grâce envers nous, et non relativement à ce que nous pourrions être dans l'estime des autres. Car chacun doit porter le fardeau de sa propre responsabilité individuelle devant Dieu. Il n'y a aucune contradiction entre les versets 2 et 5. Au verset 2, le mot « charges » se rapporte aux exercices et aux épreuves qui nous assaillent. Au verset 5, le mot « fardeau » se rapporte à la responsabilité devant Dieu, qui demeure sur chacun de nous et que personne ne peut porter à la place d’un autre sinon Christ.
1. 3 Soutenir les serviteurs de Dieu
Au verset 6, l'apôtre passe à la responsabilité particulière de ceux qui sont enseignés dans la Parole. Ils doivent être disposés à aider par des « biens temporels » ceux qui les enseignent.
Par nature, nous sommes des créatures égoïstes. Nous sommes contents de recevoir, mais trop économes quand il s'agit de donner. L'avertissement solennel des versets 7 et 8 a été écrit à ce sujet. Il nous est clairement dit que notre prospérité spirituelle en dépend. Et comme nous sommes très ingénieux pour trouver d'abondantes raisons de ne pas donner mais de garder autant que possible pour nous-mêmes, l'apôtre commence son avertissement par les mots : « Ne vous y trompez pas ». Il est facile de se séduire soi-même.
Le principe qu'il pose dans ces versets est sans aucun doute vrai d'une manière générale. Mais ici, il est en rapport avec le fait de donner ; et nous sommes avertis que notre moisson sera inévitablement en rapport avec nos semailles. C'est vrai pour ce qui concerne la quantité, ainsi que le montre 2 Corinthiens 9 : 6. Ici il s'agit plutôt de la qualité, ou plus exactement de la sorte ou de l'espèce de semence ; ce que nous semons, c'est aussi ce que nous moissonnerons.
1. 4 Semer « pour la chair » ou « pour l’Esprit »
Semer pour la chair, c'est la nourrir, elle et ses désirs. Semer pour l'Esprit, c'est lui accorder la place qui lui appartient et être à sa disposition pour son service. Dans le premier cas, on moissonne la corruption ; dans le second, la vie éternelle. La corruption vient de la chair ; la vie éternelle, de l'Esprit. Dans les deux cas, c'est le résultat naturel de ce qui a été semé. On obtient un champ de chardons lorsqu'on sème des chardons et un champ de blé lorsqu'on sème du blé.
Si nous laissions nos vies être éclairées par cette lumière, elles nous apparaîtraient bien différentes. Plusieurs choses qui nous semblent étranges et arbitraires nous apparaîtraient parfaitement normales : elles sont exactement ce que nous aurions pu attendre comme résultat de nos actions. Nous nous demandons pourquoi c'est à nous qu'arrive tel et tel événement, alors qu'il aurait été étonnant qu'il ne nous arrive pas. Heureux sommes-nous lorsque nos semailles ont été telles qu'une abondante récolte en « vie éternelle » commence à apparaître.
Personne ne peut semer pour l'Esprit sinon celui qui a l'Esprit, c'est-à-dire un vrai croyant. Ayant l'Esprit et ayant la vie éternelle dans le sens de Jean 5 : 24, nous moissonnons la vie éternelle comme conséquence naturelle de la culture des choses de l'Esprit de Dieu. En cultivant les choses de l'Esprit, nous nous approprions toutes ces bénédictions, ces relations, cette communion avec le Père et avec le Fils, qui constituent la vie d'un point de vue pratique et expérimental, et nous en jouissons.
Nous trouvons ici une réponse aux plaintes si souvent formulées concernant notre faiblesse spirituelle ou notre manque de vitalité, de joie et de puissance dans les choses de Dieu. Nous ne faisons que peu de progrès et nous nous demandons pourquoi. Bien souvent, nous avons entendu soulever ce problème, quelquefois même d'une manière qui laisse entendre que Dieu distribue ses faveurs de façon aléatoire ou que tout est très mystérieux dans sa façon d’agir !
La difficulté s'efface si l'on se pose la question : Qu'est-ce que je cultive ? Je n'obtiendrai jamais de figues si je sème des chardons, ni ne moissonnerai la vie éternelle si je ne sème pas pour l'Esprit. Hélas ! très souvent nous dissipons notre énergie. Nous ne semons pas forcément des choses mauvaises, mais des choses inutiles et superflues. Nous ne sommes pas comme l'apôtre qui pouvait dire : « Je fais une chose » (Phil. 3 : 13), et se concentrait constamment sur la seule grande chose qui avait de l'importance.
Peut-être de jeunes croyants nous demanderont-ils d'être plus pratiques et de parler plus précisément de choses concrètes. Nous leur répondons : Enlevez de votre vie ces « amusements » soi-disant innocents, ces « frivolités » sans aucun profit, ces petits « passe-temps » qui ne servent à rien et ne conduisent nulle part ! Remplissez vos cœurs, vos pensées et votre temps de la parole de Dieu et de la prière ; consacrez-vous de cœur au service du Seigneur Jésus. Dans peu de temps, les premiers fruits apparaîtront aux yeux de tous.
Vous remarquerez sans doute que nous sommes de nouveau parvenus au sujet traité au verset 16 du chapitre 5, mais ici nous sommes menés un pas plus loin. Là c'était le côté négatif : ne pas accomplir la convoitise de la chair. Ici, c'est le côté positif : moissonner la vie éternelle.
1. 5 Ne pas se lasser en faisant le bien
La moisson n'arrive pas immédiatement après que la semence a été semée. Il faut de la patience, comme le dit le verset 9. Nous moissonnerons « en temps voulu » ; et Dieu seul est juge pour décider quand ce temps sera. Mais il est certain qu'il arrivera. Genèse 8 : 22 est vrai aussi dans un sens figuré : « les semailles et la moisson... ne cesseront pas ».
Comme nous l'avons déjà fait remarquer, toute cette importante vérité est présentée pour encourager les Galates à la générosité, et nous avec eux. C'est à cela que l'apôtre revient au verset 10. Nous devons donner et faire du bien à tous, tout en accordant la priorité à la « maison de la foi ». Par la création, nous sommes liés à tous les hommes. Par la rédemption et ses résultats, nous faisons partie de la maison de la foi. La première est naturelle, la seconde, spirituelle ; et celle qui est spirituelle doit avoir la préséance sur celle qui est naturelle.
Au verset 11, l'apôtre souligne l'importance de la lettre qu'il vient d'écrire. Certaines traductions comportent : « quelle longue lettre », d'autres : « avec quelles grosses lettres ». Si c'est la première expression qui est juste, cela indique qu'au lieu d'utiliser l'un de ses aides pour écrire la lettre, Paul l'a écrite entièrement de sa propre main. Autrement, cela signifie qu'à cet endroit de la lettre, c'est lui qui a pris la plume pour ajouter les lignes finales de sa propre main, en écrivant en très grands caractères à cause de sa vue probablement. Quoi qu'il en soit, son but est de donner plus de force à ses propos, lorsqu'il commence sa conclusion.
2. 1 Un avertissement de l’apôtre
Au verset 12, Paul écrit un dernier mot au sujet de ceux qui obligeaient les Galates à être circoncis. Il démasque encore une fois leur but réel, qui était d'avoir une belle apparence dans la chair et d'échapper à la persécution entraînée par la croix de Christ. Ce n'était pas une accusation en l'air qu'il prononçait contre eux. Au verset 13, il l'appuie en déclarant que ces hommes, tout en imposant la circoncision aux Galates comme signe de soumission à la Loi, ne gardaient eux-mêmes pas la Loi. De cette façon, ils se démasquaient. Ils ne voulaient que se glorifier dans des signes charnels et se conformer ainsi à l'esprit du monde.
2. 2 L’exemple de Paul
En contraste avec cela, Paul déclare quelle était sa propre position à ce sujet. Il ne se glorifiait pas en la chair, mais « en la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (v. 14). Or celle-ci avait mis la sentence du jugement de Dieu sur la chair et sur le monde. L'apôtre parle de la croix dans son application à lui-même par rapport au monde. La crucifixion n'était pas simplement la mort, mais une mort honteuse. C'est comme s'il disait : « Dans la mort de Christ, le monde a été exécuté à mes yeux, et j'ai été exécuté aux yeux du monde. Je mets le monde au rebut comme une chose honteuse et il me met au rebut comme une chose honteuse ». Et ce qui est bien remarquable, c'est que Paul s'en glorifiait ! La croix de Christ ne le rendait nullement déprimé ni abattu.
Comment cela était-il possible ? Il connaissait la valeur de la croix et il avait maintenant devant les yeux la nouvelle création de laquelle elle est la base. En vertu de la croix, il pouvait être trouvé dans le Christ Jésus ; c'est là qu'est la nouvelle création ; et là, ni la circoncision ni l'incirconcision n'ont de valeur.
Paul marchait « selon cette règle » (v. 16) - la règle de la croix et de la nouvelle création. Telle est la marche normale de tout chrétien. La croix a éliminé tout ce qui est mauvais et offensant pour Dieu, que ce soit le péché, Satan, la chair ou le monde. La nouvelle création introduit tout ce qui est de Dieu et dans le Christ Jésus. Nous chrétiens, nous appartenons à cette nouvelle création et devons donc marcher selon cette règle. Que la paix et la miséricorde soient sur tous ceux-ci, ainsi que sur l'Israël de Dieu (le vrai Israël) - qui se trouve actuellement inclus dans l'Eglise de Dieu ! L'apôtre s'exprime ainsi, pensons-nous, pour confondre les docteurs judaïsants qui soutenaient un faux enseignement.
Dans ce verset 16, nous trouvons la « marche » du croyant pour la dernière fois dans l'épître. Nous avons vu la marche « selon la vérité de l'évangile » et la marche « par l'Esprit ». Ici nous apprenons que nous devons marcher selon la règle de la nouvelle création. Quelle norme élevée ! Mais pas trop élevée, puisque nous avons déjà été introduits dans cette nouvelle création dans le Christ Jésus, bien que nous soyons encore dans nos corps et que la chair soit encore en nous. De nouveau nous voyons comment tout ce que Dieu a déjà réalisé pour nous doit exercer son influence dans nos vies.
2. 3 Dernier message
L'épître se termine d'une manière assez tranchante, comme elle avait commencé, d'ailleurs. Dans les deux derniers versets, on remarque une certaine réserve. Paul avait ses détracteurs, il le savait bien. Ces gens l'environnaient en foule, faisant toutes sortes d'insinuations hostiles, mettant même en question son apostolat. Il les écarte péremptoirement, ainsi que leurs objections. Les Romains avaient la coutume de marquer leurs esclaves au fer chaud pour éviter toute discussion quant à leur appartenance. Paul s’estimait marqué aussi. Il était l'esclave de Christ sans aucun doute possible. Il portait en son corps de multiples cicatrices, les « marques » du Seigneur Jésus ; c'étaient celles qu'avaient laissées les coups de fouet et la lapidation qu'il avait endurés à son service. On ne pouvait pas en dire autant des avocats de la circoncision, bien installés sans doute dans leur confort. Ils n'avaient probablement rien souffert. Ils ne savaient qu'en pousser d'autres à infliger des souffrances à tous ceux qui marchaient dans les traces de Paul, qui lui-même suivait celles de Christ.
Quant aux Galates, ils n'étaient pas les instigateurs du mal, mais ses victimes. Paul cherchait leur délivrance dans la grâce du Seigneur Jésus. Si sa grâce était avec leur esprit, tout irait bien.
Quel est, pour nous aussi, la conclusion de tout l’enseignement de cette épître ? - « Ne soyez pas égarés par des doctrines diverses et étrangères, car il est bon que le cœur soit affermi par la grâce » (Héb. 13 : 9).
D’après F. B. Hole