L’EPITRE AUX GALATES (4)
2 - Un sérieux appel de Paul aux Galates : v. 12-20
3 - Agar et Sara, figure des deux alliances : v. 21-31
1 - L’homme sous la Loi ou sous la grâce ? : v. 1-11
Les premiers versets du chapitre 4 reprennent les pensées qui ont occupé la dernière partie du chapitre 3 et les résument de façon incisive. Pour les illustrer, l'apôtre se réfère aux coutumes qui étaient en usage dans les familles nobles d'alors - et qui, en quelque mesure, sont encore la règle dans de tels milieux. L'héritier d'une propriété, aussi longtemps qu'il est enfant, est soumis à des contraintes comme le sont les esclaves. Des tuteurs et des administrateurs le maintiennent dans ce qui peut lui paraître un esclavage. Il doit faire ce qu'on lui dit, sans en savoir la raison. On ne peut pas encore lui accorder la pleine liberté dans la maison et dans la propriété de son père, son caractère et son intelligence étant insuffisamment développés. Mais le père sait quand cela doit intervenir, et il fixe le moment où le fils, ayant atteint l'âge voulu, jouira de ses privilèges et endossera les responsabilités de la vie.
C'était la situation des croyants autrefois, lorsqu'ils étaient sous la Loi. Elle était comme leur tuteur. Même s'ils étaient des enfants, ils étaient traités comme des esclaves ; et c'était juste. Cela n'avait rien à voir avec leur distinction individuelle comme saints de Dieu, mais se liait à la « dispensation » dans laquelle ils vivaient. Aucun de ceux qui sont nés durant cette période n'a été plus grand que Jean le baptiseur, mais comme le Seigneur le dit, « le plus petit dans le royaume est plus grand que lui » (Matt. 11 : 11). A cette époque, Dieu n'avait pas encore été pleinement révélé, la rédemption n'avait pas encore été accomplie, et l'Esprit n'avait pas encore été donné. Jusqu'à ce que ces trois grands événements se réalisent, les conditions n'étaient pas remplies pour que les croyants arrivent à leur majorité. Tous les trois se sont réalisés lorsque le Fils de Dieu a paru sur la scène.
Lorsqu'Il est venu, les croyants passèrent de la tutelle de la Loi, dont l'autorité s'exerçait selon les « éléments » ou les « principes » du monde, à l'autorité de l'Esprit de Dieu, qui s'exerce selon les principes de la grâce, selon les principes de Dieu.
Pour beaucoup d'entre nous aujourd'hui, une difficulté vient du fait que nous avons été élevés de manière peu exigeante. Par conséquent, nous ne connaissons que peu les traitements « durs » du vieux maître de la justice. Si nos consciences avaient été placées plus pleinement sous les justes réprimandes et sous la condamnation de la Loi, nous ressentirions plus fortement l'immense libération que nous a apportée la venue du Fils de Dieu !
1. 2 Le rachat et l’adoption
La venue de Christ marque le début d'une nouvelle ère dans les relations de Dieu avec les hommes. Les éléments qui caractérisent l'inauguration de cette nouvelle époque nous sont détaillés dans les versets 4 à 6.
- Premièrement, le Fils de Dieu a été envoyé, « né de femme ». Ces mots montrent son incarnation ; nous avons la garantie qu'Il était un homme, dans la pleine acception du terme.
- Deuxièmement, il peut être dit de lui qu'il est « né sous la Loi ». Lorsqu'Il est venu, les soins de Dieu étaient focalisés sur les Juifs : un peuple qui avait une relation extérieure avec Lui et était responsable parce qu'il était sous la Loi. Le Fils de Dieu est venu parmi eux, assumant toutes les responsabilités auxquelles ils avaient entièrement manqué.
- Troisièmement, il a accompli la rédemption de ceux qui étaient sous la Loi, en les délivrant des exigences de celle-ci, afin de les placer dans une nouvelle position (v. 5).
- Quatrièmement, délivrés de la Loi, nous recevons l'adoption comme fils. Cette merveilleuse position relativement à Dieu nous est accordée comme un libre don, en accord avec ses conseils éternels.
-Cinquièmement, ayant fait de nous ses fils, Dieu nous a donné « l'Esprit de son Fils », afin que nous soyons capables d'entrer dans la réalisation et la jouissance de cette nouvelle relation, et de répondre à Dieu comme à notre Père. Par l'Esprit qui nous a été donné, nous crions : « Abba, Père ! » (v. 6).
Ayant brièvement résumé ces versets remarquables, arrêtons-nous encore sur quelques-uns des points importants qu'ils contiennent.
Le rachat dont il est parlé au verset 5 va plus loin que celui que nous avons trouvé au verset 13 du chapitre 3. Nous aurions pu être rachetés de la malédiction de la Loi tout en étant laissés sous la Loi, dans la position d'esclave ! C'est un fait glorieux que le croyant est racheté non seulement de la malédiction, mais aussi de la servitude de la Loi qui infligeait à juste titre la malédiction dès qu’elle était violée. Ainsi nous sommes dans la liberté de l'adoption et ne sommes plus dans la condition d'esclave sous l'autorité d'un précepteur.
Remarquez également le passage du « nous » au « vous » dans les versets 5 et 6. Les Juifs seuls avaient été dans la servitude de la Loi ; ainsi, être rachetés de cette servitude s'appliquait aux Juifs, en particulier à Paul. C'est pourquoi il dit : « nous ». Mais la position de fils, dans laquelle les chrétiens sont placés, est la part de tous : qu'ils soient Juifs ou Gentils. D'où le changement en « vous ». La merveille, c'est que ceux qui étaient autrefois des Gentils corrompus et éloignés de Dieu puissent être maintenant des fils, et qu'ils puissent répondre à l'amour de Dieu le Père par l'Esprit qui leur a été donné.
Ce n'est pas l'Esprit du Fils de Dieu qui nous donne la position de fils. Elle nous appartient comme résultat du propos et du don de Dieu sur la base de la rédemption. L'Esprit nous donne d'avoir conscience de cette relation et de pouvoir y répondre.
Au verset 7, l'apôtre applique cette merveilleuse relation à chacun de nous en particulier. L'adoption est une bénédiction individuelle qui lui fait dire : « tu es... fils » ; et en outre, l'héritage est aussi une chose individuelle. Chacun d'entre nous est « héritier... par Dieu ». Ceci nous montre que lorsque l'apôtre a utilisé « l'héritier » pour illustrer son sujet, au verset 1, il a choisi une image qui décrit exactement et littéralement la réalité. Telle est la grâce merveilleuse de Dieu envers nous croyants, soit Juifs, soit Gentils. Combien peu nous l'avons comprise !
Prenons le temps de nous arrêter et de méditer sur cette vérité. Il s'agit d'un fait établi et affirmé sans aucune réserve. Les Galates n'en jouissaient pas. En fait, ils se comportaient comme s'ils étaient esclaves et non pas fils ; pourtant l'apôtre ne dit pas : « de sorte que tu ne devrais plus être esclave, mais fils », mais « de sorte que tu n'es plus esclave, mais fils ». Notre relation ne dépend pas de la compréhension que nous avons de la position qui est la nôtre, ni de la réponse que nous y donnons, ni même d'un comportement qui soit en accord avec elle. Bien plutôt, notre comportement découle de notre relation, lorsque celle-ci est comprise et que nous y sommes sensibles. Ne nous lassons pas de nous redire : je suis un fils... un héritier de Dieu. Laissons cette merveilleuse vérité pénétrer notre cœur.
Lorsque nous aurons vraiment saisi ce fait, nous serons capables de comprendre ce que Paul ressentait lorsqu'il écrivait les versets 8 et 9. Les Galates avaient été autrefois esclaves, non pas de la Loi, bien sûr, mais des faux dieux. Et maintenant, ayant été amenés à connaître Dieu, ayant été amenés par Dieu dans cette position merveilleuse, comment était-il possible qu’ils se tournent de nouveau vers le vieux principe qui consiste à se tenir devant Dieu sur le terrain de ses propres mérites - ou plutôt de ses propres manquements ?
Le principe de la loi de Moïse était que chacun se tenait devant Dieu sur la base de ses propres actions. C'est également le principe premier de toutes les fausses religions ; et les Galates avaient été dans cette situation lorsqu'ils étaient païens. En se tournant maintenant vers le judaïsme, ils retombaient dans les anciens principes, qui n'étaient que « faibles et misérables ». Quels adjectifs éloquents ! « Faibles », parce que par ces principes l'homme ne pouvait rien accomplir de bon. « Misérables », parce qu'ils laissent l'homme dépourvu de tout mérite et de toute excuse. Et si nous désirons réaliser à quel point ils sont faibles et misérables, il nous faut les voir en contraste avec les principes de l'évangile et avec leurs résultats : faire de nous des fils et des héritiers.
Au verset 10, l'apôtre donne un exemple de ce à quoi il a fait allusion, lorsqu'il a parlé de leur retour à des principes légaux. Ils observaient des fêtes et des coutumes juives. Cela pouvait paraître insignifiant, mais c'était une indication de la direction qu'ils prenaient. Paul craignait qu'il n'y ait en eux un manque de réalité - que leur profession d'avoir accepté l'évangile ne soit pas vraiment sincère - et qu'alors, ce soit en vain qu'il s'était tant dépensé pour eux !
Cette triste pensée conduit directement l'apôtre au touchant appel des versets 12 à 20.
2 - Un sérieux appel de Paul aux Galates : v. 12-20
2. 1 La supplication de l’apôtre
Tout d'abord l’apôtre supplie les Galates d'être comme lui en ce qui concerne leurs expériences et leur état spirituel, puisque lui et eux étaient sur le même pied quant à leur place devant Dieu. Ils avaient été adoptés de la même manière que lui, et par conséquent ils avaient tous à marcher pareillement dans la liberté de fils. Il n'y avait pas là de difficulté d'ordre personnel. L'apôtre ne nourrissait pas à leur égard le sentiment d'une blessure personnelle.
2. 2 Le rappel de la conduite passée des Galates
Paul est conduit à rappeler l'accueil chaleureux que lui avaient réservé les Galates lorsqu'il était venu pour la première fois parmi eux avec le message de l'évangile. Il souffrait à cette époque d'une infirmité physique sérieuse. Sa vue, semble-t-il, était particulièrement atteinte. En lisant Actes 16 : 6, on voit que sa première visite en Galatie se place au début de son deuxième voyage missionnaire. Sa lapidation presque jusqu'à la mort avait eu lieu tout à la fin de son premier voyage (14 : 19). Il est possible qu'il y ait un lien entre ces deux événements et que la « tentation » qui était « en sa chair » résultait des mauvais traitements qu'il avait subis, et qu'elle s'identifie, à « l'écharde pour la chair » de 2 Corinthiens 12 : 7 ? Quoi qu'il en soit, Paul était arrivé parmi eux avec une plénitude de puissance et ils l'avaient reçu avec une grande joie. Et maintenant, il semblait qu'en leur disant la vérité, il était devenu leur ennemi !
2. 3 Deux sortes de zèle
2. 4 Sollicitude et perplexité de Paul au sujet des Galates
Cependant, du fait de l'état des choses, l’apôtre ne pouvait qu'être en perplexité à l’égard des Galates. La première fois qu'il les avait visités, cela avait été avec de grands exercices et un grand travail de cœur. Il ne s'était pas prêché lui-même, mais avait prêché le Christ Jésus comme Seigneur ; et leur naissance spirituelle n'était intervenue que lorsque Christ avait été formé en eux. Paul avait travaillé afin que, comme fruit de la lumière de l'évangile, Christ soit formé en eux. Alors les douleurs liées à leur enfantement s'étaient achevées.
Mais les judaïsants étaient arrivés ! Et à la place de Christ, ces hommes avec leurs sabbats, leurs nouvelles lunes et leur circoncision, semblaient s’imposer parmi les Galates. Il n'est pas étonnant que Paul, dans son ardente affection pour ceux qu'il aimait comme ses enfants, ressente à nouveau les douleurs de l'enfantement et soit en perplexité à leur sujet. Dans une telle situation, il voudrait être auprès d'eux, plutôt que d'être à distance et d'être obligé de communiquer par écrit. Il pourrait alors juger exactement de leur état et changer - du moins l’espérait-il - de langage ; il pourrait leur parler pour leur instruction, ou leur répréhension, même avec sévérité s'il le fallait.
Mais, puisque les Galates paraissent très décidés à se placer sous la Loi, ils devraient au moins être disposés à écouter ce qu’elle disait. Ainsi, du verset 22 à la fin du chapitre, l'apôtre attire leur attention sur la signification allégorique d'un fait dans la vie d'Abraham.
3 - Agar et Sara, figure des deux alliances : v. 21-31
3. 1 Une scène du Pentateuque et sa signification symbolique
Abraham était le grand exemple de la foi et de la promesse, comme nous l'avons vu dans le chapitre 3. Pourtant, avant de recevoir par la foi l'enfant de la promesse, il a eu, par les œuvres de la chair, un enfant d'Agar. Ismaël est né « selon la chair » tandis qu'Isaac est né « par la promesse ». Ce récit a une portée allégorique. D'une part, Agar et son fils sont pour nous une image de Sinaï, où a été proclamé le système de la Loi qui a amené l'esclavage. Ils représentent aussi « la Jérusalem de maintenant » (v. 25), c'est-à-dire le peuple juif qui, tout en étant sous la Loi, se trouve en fait dans un état d'incrédulité. D'autre part, le chrétien est dans la position de l'enfant de la promesse et est lié à la « Jérusalem d'en haut », qui est libre.
Un Juif orthodoxe, dans sa fierté, aurait pu très justement se vanter d'être un vrai fils d'Isaac selon la chair. Mais dans un sens spirituel, il n'était qu'un fils d'Ismaël, asservi au précepteur. Bien sûr, le régime lié au précepteur est venu le premier ; l'accomplissement de la promesse n'est venu que plus tard ; il s'est réalisé par la venue du Fils de Dieu sur la terre. Mais cela ne fait que confirmer le type, car Ismaël est né avant Isaac. Et le type a encore été confirmé par le fait que les Juifs orgueilleux ont persécuté les humbles chrétiens (v. 29).
La vérité de l'allégorie est aussi appuyée par les paroles d'Esaïe 54 : 1, où nous voyons qu'Israël sera plus fécond au jour de sa désolation qu'il ne l'a jamais été lorsqu'il était reconnu comme étant en relation avec l'Eternel. Ce fait est la conséquence immédiate de la merveilleuse vérité révélée au chapitre 53 du même livre. C'est le résultat de la venue du Messie souffrant ; ce n'est pas celui de l'obéissance à la Loi !
Quand la Loi a été promulguée au Sinaï, personne n'a chanté de joie. Très vite, des protestations se sont fait entendre, demandant que de telles paroles ne soient plus adressées au peuple (Ex. 20 : 19). Mais lorsque Esaïe dévoile devant nous la merveilleuse histoire de Christ qui souffre et qui ressuscite pour des péchés qui ne sont pas les siens, le premier mot qui suit est : « Exulte ! ». L'esclavage est terminé, la liberté est arrivée !
3. 2 « Vous êtes enfants de promesse »
Autrefois il y avait un conflit inévitable entre Ismaël et Isaac, tout comme il y en a un dans l'époque chrétienne entre un judaïsant et un croyant qui se tient dans la liberté de la grâce de Dieu. Mais ce n'est pas ce conflit qui décide de la question, ni même la persécution de « celui qui était né selon l'Esprit » par « celui qui était né selon la chair » (v. 29). Ce qui tranche la question, c'est la voix de Dieu. Et cette voix nous parvient par les Ecritures.
« Que dit l'Ecriture ? » (v. 30a). Telle est la question décisive. La réponse est : « Le fils de la servante n'héritera pas avec le fils de la femme libre » (v. 30b ; Gen. 21 : 10). L'esclave est chassé en faveur du fils. Celui qui voudrait se tenir devant Dieu sur le principe de la Loi tombe. Celui qui s'y tient dans la plénitude de la grâce reste debout.
Quelle joie pour nous si nous pouvons dire en vérité : « Nous ne sommes pas enfants de la servante, mais de la femme libre » ! Alors nous nous tenons en Christ et Christ lui-même est « formé » en nous. Nous sommes dans la liberté de fils et c'est là la vraie liberté.
D’après F. B. Hole