BREVES NOTES SUR L’EVANGILE DE MATTHIEU (25)
1- La parabole des dix vierges : v. 1-13
1.1 Les croyants et la venue du Seigneur (v. 1)
Cette parabole des dix vierges, très connue, ne concerne pas directement l'Eglise, qui est l'Epouse de Christ (Eph. 5 : 25). C'est la dixième, la dernière parabole du royaume des cieux ; elle met en évidence la responsabilité morale des disciples, sujets du royaume des cieux dont nous faisons partie car « le royaume de Dieu, ce n’est pas manger et boire, mais justice, paix et joie dans l’Esprit Saint : celui qui en cela sert le Christ est agréable à Dieu et approuvé des hommes (Rom. 14 : 17-18). Il s’agit d’attendre Celui qui vient, le céleste Epoux en le servant dans ce but.
C'était une coutume en Israël que le marié soit accompagné par un cortège de jeunes filles, amies de l’épouse, portant des flambeaux et éclairant son chemin jusqu'à la salle où l'attend la mariée. « Des filles de roi ont été parmi tes dames d’honneur ; la reine est à ta droite… Elle sera amenée au roi… des vierges qui la suivent, ses compagnes, te seront amenées (Ps. 45 : 9, 14). On peut voir dans les lampes le symbole de la profession chrétienne de ceux qui sont sous l'autorité du maître. C'est pourquoi l'exhortation du Seigneur à veiller concerne chacun de nous : « Veillez donc ; car vous ne savez ni le jour ni l’heure » (v. 13).
1.2 Le caractère des vierges (v. 2-5)
Quel beau départ ! Toutes ensemble, ces vierges sont sorties à la rencontre de l’époux. En apparence, ces jeunes filles sont toutes semblables : elles portent une lampe éteinte à la main, s’arrêtent en chemin, s’assoupissent et s’endorment dans la nuit. En réalité, une différence essentielle les distingue : cinq sont « sages » et ont de l'huile pour alimenter leur lampe au moment voulu et cinq sont « folles » et n'en ont pas. « Comme l'époux tardait… » (v. 5a). C’est leur pensée, la même que celle du méchant esclave du chapitre précédent, qui « dit en son coeur : Mon maître tarde à venir… » (24 : 28). Y a-t-il vraiment du retard ? Non, dit l’apôtre Pierre : « Le Seigneur ne tarde pas en ce qui concerne la promesse, comme certains estiment qu’il y a du retard ; mais il est patient… (2 Pier. 3 : 9). C’est le temps de la patience de Dieu. C'est aussi le test de notre persévérance, et le temps de l'apprentissage de la patience. Veillons donc, dans nos prières, à ne pas user de vaines et fausses redites telles que : Si le Seigneur tarde encore…!
Nous trouvons déjà cette impatience au pied du Sinaï quand « le peuple vit que Moïse tardait à descendre de la montagne » (Ex. 32 : 1). Qu’en est-il résulté ? L’idolâtrie du veau d’or !
« Elles s'assoupirent toutes et s'endormirent » (v. 5b). Le sommeil ne vient pas d'un seul coup mais, après un temps de désœuvrement ou de lassitude, il gagne peu à peu nos esprits. Nous avons souvent besoin de cette exhortation car celui qui dort est comme mort et sans lumière : « Réveille-toi, toi qui dors, relève-toi d'entre les morts, et le Christ luira sur toi » (Eph. 5 : 11-14).
Pour pouvoir veiller et attendre le Seigneur, il faut que nos affections soient engagées pour Lui et que le Saint Esprit nous donne cette énergie spirituelle dont nous éprouvons le besoin impérieux pour marcher humblement avec Dieu. Je sais que le Seigneur vient chercher les siens, c'est une vérité de la Parole qui a été remise en lumière au 19ème siècle. Mais il ne suffit pas que je le sache, il faut aussi que je le croie et que je le vive. Suis-je réellement comme une de ces jeunes filles sages et avisées qui a de l'huile dans sa lampe ? L'huile est une image du Saint Esprit, personne divine qui habite dans le croyant (Rom. 8 : 9) ; elle parle de vie divine et de foi vivante (Jean 3 : 5). C'est aussi le travail du Saint Esprit de nous réveiller, en nous faisant voir la gloire du Seigneur comme Pierre, Jean et Jacques qui « ont été témoins oculaires de sa majesté » (2 Pier. 1 : 16).
1.3 Le cri de minuit (v. 6-9)
« Au milieu de la nuit, un cri retentit : Voici l'époux ; sortez à sa rencontre ! » (v. 6). Les jeunes filles se réveillent en sursaut. Les cinq qui avaient pris de l’huile allument leur lampe et entrent « avec lui » aux noces. Pour les cinq autres, c'est trop tard. Trop tard pour aller « acheter » de l'huile à la seule source existante. Impossible de compter sur les autres car : « Un homme ne pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon » (Ps. 49 : 7) ; impossible d'acheter le salut avec de l’argent (Es. 55 : 1), parce qu'il n'a pas de prix ! C'est aujourd'hui aussi qu'il faut parler à son ami, à son voisin, car c'est aujourd'hui le jour du salut. Demain ce peut être trop tard.
1. 4 L’entrée aux noces (v. 10-13)
« L’époux arriva : celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces ; et la porte fut fermée » (v. 10). Le temps de la grâce est terminé. Il n'y a pas de « deuxième chance ». Il ne sert à rien d'avoir le nom de Dieu à la bouche : ce n'est pas une preuve de la réalité de la vie divine dans un homme. Beaucoup diront : « Seigneur, Seigneur... », mais il leur sera répondu : « Je ne vous ai jamais connus ; allez-vous-en loin de moi, vous qui pratiquez l’iniquité » (7 : 21-23).
Le message central de ces versets est un appel à être prêt à partir à la rencontre du Seigneur qui nous encourage lui-même en nous disant : « Que vos reins soient ceints et vos lampes allumées ; soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître… » (Luc 12 : 35).
2- La parabole des talents : v. 14-30
On trouve une parabole similaire dans les trois premiers évangiles, avec des différences.
- En Marc (13 : 33-37), le maître donne « à chacun son ouvrage ».
- En Luc (19 : 11-24), un homme de haute naissance donne une mine à dix de ses esclaves et dit : « Faites-les fructifier jusqu'à ce que je revienne ». Tous, hélas, ne répondent pas à l’attente de leur maître.
- En Matthieu, un homme s’en va hors du pays et convoque ses propres esclaves pour leur confier ses biens, « à chacun selon sa propre capacité » pour tester le zèle de ses trois serviteurs.
2.1 Les trois esclaves (v. 14-18)
Il y a un seul maître et plusieurs serviteurs : « Il y a diversité de services, et le même Seigneur » (1 Cor. 12 : 5). Le maître s'en va « hors du pays » pour longtemps (v. 14, 19) : le Seigneur recommande aux siens de travailler en son absence. Le Maître partage « ses biens » : il distribue « à chacun en particulier comme il lui plaît » (1 Cor. 12 : 11). Chacun de nous a un travail qu'il est important de connaître et d'accomplir (Col. 4 : 17). Le maître a donné généreusement à chacun des siens une « capacité » et une part de ses biens : si le Seigneur me confie un service, Il me donne aussi la force et la sagesse pour l’accomplir (1 Pier. 4 : 11). Un « talent » n’est pas forcément un don remarquable ; ce peut être des richesses matérielles certes mais aussi une certaine intelligence, une mémoire particulière, du temps libre à gérer, des occasions qui se présentent... Personne ne doit s'enorgueillir, car « qu’as-tu que, tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Cor. 4 : 7). Un talent représentait 6 000 deniers. Un denier était le salaire journalier d'un ouvrier agricole qui travaillait donc environ vingt ans pour gagner une telle somme ! Ce que le Seigneur nous confie a de la valeur pour Lui et doit avoir du prix pour nous aussi. Avec sagesse et discernement, « le Dieu de mesure » donne à chacun « selon la mesure du champ de travail » qu’il lui a départi (2 Cor. 10 : 13, 15), pour le bien de tous. Il a d'abord donné sa grâce, puis des dons variés « en vue du perfectionnement des saints, pour l'œuvre du service, pour l'édification du corps de Christ » (Eph. 4 : 7-12). Nous n'avons pas à nous comparer les uns aux autres en enviant le travail d'autrui, ni à l’imiter. Ce n'est pas la « quantité » de travail qui compte, mais ce qui est fait pour le Seigneur et « comment » on le fait (1 Cor. 3 : 8, 10 ; 1 Cor. 4 : 2). Le service est plus ou moins grand, en apparence ; peu importe, l'essentiel est d'être fidèle. C'est aux esclaves, cette catégorie méprisée, qu'il est dit : « C’est le Seigneur Christ que vous servez » (Col. 3 : 24). La perspective dépasse celle de la terre. « Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur et non pour les hommes » (Col. 3 : 23) ; « servez de bon gré, comme servant le Seigneur et non pas les hommes » (Eph. 6 : 6 ; Tite 2 : 10). Que le Seigneur donne à chacun, à sa place, la force d'accomplir son service avec simplicité, fidélité, persévérance et de tout son cœur comme le dit à Tite l’apôtre Paul : « Exhorte les esclaves à être soumis à leurs propres maîtres, à leur donner toute satisfaction : qu’ils ne les contredisent pas, qu’ils ne détournent rien, mais montrent toute bonne fidélité, afin qu’ils ornent, à tous égards, l’enseignement qui est de notre Dieu sauveur » (Tite 2 : 9-10).
Parmi ces trois serviteurs, les deux premiers aiment leur maître et le servent par amour. Le troisième ne connaît pas son maître malgré ses prétentions (v. 24-25) ; il est « méchant et paresseux » et sera jugé sur ses paroles (v. 26). Il a négligé sa responsabilité, en enterrant son talent au lieu de le faire fructifier ; il blâme, critique et méprise son maître. En fait, ce qui est dans son cœur est mis en lumière : il n'est pas un vrai esclave, dévoué à son seigneur. Ses excuses sont vaines et son châtiment terrible !
Comme croyant, chacun de nous ne court-il pas le danger d’enterrer son « talent » dans l’égoïsme et la recherche de ses aises, accusant même le Seigneur pour tenter de se justifier ?
2.2 Le retour du maître (v. 19-23)
Après une longue absence (v. 19), le maître revient et règle ses comptes. Il a laissé du temps à ses serviteurs. Ont-ils eu du zèle, de la persévérance, de la patience ?
« Du Seigneur vous recevrez la récompense » (Col. 3 : 24 ; 2 Cor. 5 : 10). Pour les deux premiers, qui ont été occupés des intérêts du maître et ont doublé la mise, la plus grande récompense est la joie du maître : joie et communion partagées. Chacun d’eux reçoit son approbation : « Bien, bon et fidèle esclave ; tu as été fidèle en ce qui est peu, je t’établirai sur beaucoup : entre dans la joie de ton maître » (v. 21). Celui qui est fidèle dans ce qui est petit recevra une tâche plus grande ; et rien de ce qui est fait pour lui ne perdra sa récompense, même un verre d'eau fraîche, comme le montre la suite du chapitre.
3- Le jugement des vivants : v. 31-46
L'exposé prophétique, interrompu à la fin du chapitre 24, reprend au verset 31 en présentant le jugement de « toutes les nations » (Joël 3 : 12), y compris. Il aura lieu au début du règne de mille ans.
Ce n'est pas celui du « grand trône blanc » (Apoc. 20 : 11), qui aura lieu après le millénium et devant lequel se tiendront tous les incrédules, « les morts » qui auront eu part à la deuxième résurrection ; ils seront jugés selon leurs œuvres et jetés dans l'étang de feu, « le feu éternel » (v. 41), où ils rejoindront le chef de l'empire romain et l'Antichrist appelés respectivement la Bête et le faux prophète en Apoc. 19 : 20 et « le diable qui les avait égarés » (Apoc. 20 : 10).
Ce n'est pas non plus le « tribunal de Christ » (2 Cor. 5 : 10), où ne comparaîtront que les croyants non pour être jugés mais pour être « manifestés ».
Après ce jugement, où « le Fils de l'homme » venu en gloire séparera les « brebis » - les croyants qui auront reçu l’évangile du royaume, « les justes » - d'avec les « chèvres » - marquées par l’indépendance et l’insoumission -, Il entrera dans son règne avec « les bénis de son Père », alors que « les maudits » iront dans les tourments éternels (v. 46). Comment le tri sera-t-il fait ? En fonction de l'accueil réservé à ceux qui leur auront annoncé l'évangile du royaume, « à l’un de ces plus petits qui sont mes frères », dit le Seigneur. Les uns croiront et « s’en iront… dans la vie éternelle », les autres seront condamnés.
« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire et tous les anges avec lui, alors il s’assiéra sur son trône de gloire ».
« Le Père… a donné au Fils… autorité d’exercer le jugement, parce qu’il est Fils de l’homme (Jean 5 : 23, 26-27) ; « Dieu a fixé un jour où il doit juger avec justice la terre habitée, par l’Homme qu’il a destiné à cela » (Act. 17 : 31) ; « C’est lui qui est établi par Dieu juge des vivants et des morts » (Act. 10 : 42). Le Juge suprême est « le Fils de l’homme ». Celui qui aura été méprisé et rejeté sur la terre reviendra en gloire et s'assiéra sur un trône de gloire. Au verset 34, il est question des saints sur la terre, pour qui le royaume est « préparé depuis la fondation du monde », alors que nous, les saints qui avons le ciel pour patrie, avons été « élus en Christ « avant la fondation du monde » (Eph. 1 : 4). Nous n'avons pas la même destinée, mais nous serons toujours avec le Seigneur. Notre héritage est céleste (Eph. 1 : 3). Le royaume terrestre est d'abord pour les Juifs, épurés par la grande tribulation, qui accueilleront leur Messie, puis pour ceux des nations qui auront cru à l'évangile du royaume. Parallèlement, les chrétiens, formant l'Epouse de Christ, lui seront associés dans la gloire.
De ces passages nous pouvons tirer un enseignement moral, tout en sachant que notre salut ne dépend pas de notre fidélité mais uniquement de l'œuvre de Christ. Avec quelle grâce, quelle bonté, « le roi » souligne le moindre geste accompli pour lui ! Le Seigneur s'associe aux siens : « Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits qui sont mes frères, vous me l'avez fait à moi » (v. 40). L'étonnement des disciples devant ces louanges montre leur humilité. Ces « œuvres » - dévouement, compassion, hospitalité, visites... - témoignent de l'amour pour le Seigneur (Col. 3 : 23). Les « petits », ses serviteurs, auront une place privilégiée dans le cœur du Seigneur. Que nos relations fraternelles soient empreintes de douceur, de tendresse, d'amour, de serviabilité et de dévouement », cherchant le bien de tous, déjà dans les occasions toutes simples de la vie courante.
Les « maudits » ne sont pas des ennemis déclarés, ils disent aussi : « Seigneur » (v. 44) ; mais ils ont ignoré les envoyés du Seigneur ; et cette indifférence a démontré leur incrédulité. En effet, négliger la parole du Seigneur équivaut à dire non. Et la fin des indifférents est dans les « tourments éternels » (v. 46) : « Ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles » (Apoc. 20 : 10).
Et pour nous, croyants du temps de l’Eglise, nous saluons par la foi ce jour de l’harmonie parfaite entre le ciel et la terre dans lequel le Seigneur « viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru » (2 Thes. 1 : 10).
Que faire en attendant ?
« Je t’adjure devant Dieu et le Christ Jésus qui va juger vivants et morts – et par son apparition et par son règne : prêche la parole… « (2 Tim. 4 : 1).