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INTRODUCTION A LA BIBLE (2)

 
 
La Révélation de Dieu (suite)
 
                        Le sacrifice d’Abel
 
            Abel offre un sacrifice qui ne lui coûte rien, pour ainsi dire ; mais il l'offre par la foi, reconnaissant qu'il est pécheur, hors du jardin, éloigné de Dieu, et que la mort est entrée. Il reconnaît en même temps la grâce divine qui a couvert la nudité de ses parents, et il s'approche de Dieu par un sacrifice de propitiation, qui seul pouvait ôter le péché et permettre à un pécheur de s'approcher de Dieu en vertu de la mort d'un autre. Le caractère de Dieu, en amour et en justice, d'une part, et de l'autre, l'état d'Abel, étaient reconnus dans l'offrande de celui-ci : il l'offre par la foi, et Dieu l'accepte, ainsi que la personne d'Abel lui-même, en rendant témoignage à ses dons (Héb. 11 : 4). Abel était agréé de Dieu selon la valeur de ses dons, c'est-à-dire de Christ. Dieu Lui-même avait couvert la nudité d'Adam ; Abel vient, reconnaissant sa position et la nécessité du sacrifice expiatoire par lequel seul il pouvait entrer dans la présence de Dieu. Caïn, au contraire, se présente avec le fruit de son dur labeur. L'homme, puisqu'il était hors de la présence de Dieu, devait venir à Lui et l'adorer : tous ceux qui ne sont pas ouvertement des apostats, non seulement de Christ, mais de Dieu, reconnaissent cela. Caïn le reconnaît, mais de quelle manière ? Il croit pouvoir s'approcher tel qu'il est. Et pourquoi ne le peut-il pas ? Il ne pense pas au péché. Le fait que Dieu ait chassé l'homme du paradis ne change rien pour lui. Il se présente comme si rien n'était arrivé ; puis, moralement aveugle et insensible, il offre le fruit de son travail, c'est vrai, mais ce qui était la preuve de la malédiction qui reposait maintenant sur la terre. Il ne reconnaissait ni ce qu'il était, ni ce que Dieu était, ni le péché, ni la malédiction qui pesait sur son travail, fruit du péché. Une fois que l'homme était hors du paradis, il s'agissait pour lui de s'approcher de Dieu, et Dieu lui-même, dans ce trésor de grands principes déposés dans la Genèse, proclame pour tous les siècles comment cela peut se faire. Tous ces récits renferment les fondements de nos relations avec Dieu, et montrent en même temps l'état de l'homme.
 
 
                        Le meurtre de Caïn
 
                 Le péché se complète : nous avons vu, en Adam, le péché contre Dieu ; le péché de l'homme contre son frère vient ensuite. Caïn est irrité de ce que Dieu l'a rejeté, et le meurtre entre dans le monde : Caïn tue son frère. Dieu l'interpelle, non pas en lui disant comme à Adam : « Où es-tu ? » car Adam aurait dû se trouver plein de joie auprès de Dieu, et ces mots : « Où es-tu ? » impliquaient toute sa position. A Caïn Dieu dit : « Qu'as-tu fait ? ». Mais nous avons auparavant l'entretien de Dieu avec Caïn au sujet de l'état de ses relations avec Lui : « Si tu fais bien, ne seras-tu pas agréé ? » et « son désir sera tourné vers toi, et toi tu domineras sur lui » ; si tu fais mal, « le péché - ou un sacrifice pour le péché, le mot hébreu ayant ces deux sens - est « près » (textuellement est « couché à la porte »), c'est-à-dire, il y a un remède. Ce sont les principes généraux de nos relations avec Dieu. Si l'on fait ce qui est bon, on est agréé de Dieu, et si l'on a fait ce qui est mauvais, la grâce de Dieu a placé à la porte un sacrifice pour le péché. Remarquez ici que le sacrifice d'Abel n'était pas un sacrifice pour le péché ; ni Caïn ni Abel ne viennent à Dieu avec la conscience chargée d'une transgression connue. C'est l'état de chacun d'eux qui est en vue, l'état de l'homme devant Dieu : l'un, l'homme qui, se reconnaissant chassé d'auprès de Dieu, s'approche de Lui selon la grâce ; l'autre, l'homme naturel, insensible au péché.
                 La réponse de Dieu à Caïn parle de transgression positive, et cela confirme l'idée que, dans ce passage, il est question d'un sacrifice pour le péché, et non du péché même. Mais, comme nous l'avons dit, Caïn se rend coupable de péché contre son frère, ce qui était impossible à Adam : il complète ainsi le péché dans son second caractère. Dieu prononce le jugement sur Caïn, qui, maudit dans son travail, fugitif et vagabond, se laisse aller au désespoir. Puis, abandonnant entièrement la présence de Dieu qui lui parlait, il va s'établir dans le pays où Dieu l'avait fait être vagabond (« Nod »), et le monde commence. Caïn bâtit une ville et l'appelle du nom de son fils ; ses enfants s'enrichissent, inventent l'art de mettre en œuvre les métaux, et introduisent les agréments des arts : on cherche à se rendre aussi heureux que possible sans Dieu. Outre la vérité générale, nous pouvons voir en Caïn un type des Juifs, meurtriers du Seigneur : ils en portent la marque sur leur front.
                 Lémec se laisse aller à sa propre volonté et prend deux femmes, mais il est, nous le pensons, un type d'Israël à la fin des jours. Seth est l'homme selon le propos arrêté de Dieu, type de Christ. Les deux familles d'hommes sont établies sur la terre ; mais déjà la haine de l'une contre l'autre apparaît en Caïn et Abel (comp. 1 Jean 3 : 11-12). Nous avons ensuite le témoignage de Dieu en Enoch qui annonce la venue du Christ en jugement et en Noé qui passe par le jugement terrestre et renaît, pour ainsi dire, en vue d'un monde nouveau.
            Cette partie de l'histoire, sur laquelle nous venons de parler assez longuement, présente l'état de l'homme déchu et les principes selon lesquels il entre en relation avec Dieu, sans institutions religieuses, mais non sans témoignage de la part de Dieu.
 
 
                        Le témoignage d’Enoch et celui de Noé
 
            La vie éternelle aussi est manifestée en figure chez Enoch, comme l'était, avec Abel, le sacrifice par lequel l'homme déchu peut s'approcher de Dieu, et avec Adam et Eve, sous le jugement où l'homme se trouve, la grâce souveraine qui les a vêtus avant de les chasser d'Eden. Enfin, en Noé, la fin du siècle est annoncée, ainsi que le passage à travers le jugement. Tout cela est rappelé, quant au fond des principes, en grâce, dans le chapitre 11 de l'épître aux Hébreux (v. 1-7). Mais l'homme déchu allait toujours en empirant : il ne reste de fidèle que Noé, que Dieu sauve lorsqu'Il détruit le monde. Il est important de remarquer que, dans les faits rapportés jusqu'ici, et qui contiennent des principes beaucoup plus profonds et éternels dans leur nature et leur effet, l'histoire de cette époque du jugement sur Adam et sur le monde est une histoire d'ici-bas, et que les jugements sont gouvernementaux et se rapportent aux choses de la terre.      
            Un nouveau monde commence avec Noé : il débute avec le sacrifice. Ici, des « holocaustes » sont expressément nommés : ils étaient agréables à Dieu. Dieu déclare qu'il ne maudira plus la terre et ne frappera plus tout être vivant, mais que les saisons se succéderont, selon l'ordre établi par Lui, aussi longtemps que durera la terre. Mais l'homme n'est plus, comme dans le paradis, l'autorité qui s'exerce en paix, donnant souverainement leurs noms aux animaux : la crainte de l'homme doit désormais dominer sur toutes ces créatures. L'homme pouvait les manger, mais il ne devait pas toucher au sang, signe de la vie. De plus l'autorité du magistrat est établie pour restreindre la violence qui s'était déchaînée. Celui qui attenterait à la vie de l'homme, encourrait la perte de sa vie : Dieu exigerait du sang pour le sang répandu, et l'homme était revêtu de l'autorité nécessaire pour faire valoir cette loi. Ensuite Dieu donne l'arc-en-ciel comme signe de son alliance avec la création tout entière : c'est le témoignage qu'il n'y aura plus de déluge. Nous vivons sur la terre sous ce régime.
            Hélas ! Noé, jouissant de la bénédiction accordée, manque à sa position, s'enivre et se déshonore. Le monde se divise en trois parties, l'une en relation avec Dieu ; une autre, maudite, mentionnée en vue de l'histoire d'Israël ; une troisième, la masse des Gentils. Les hommes cherchent à s'élever sur la terre et à centraliser la puissance de leur race dont l'unité subsiste encore ; mais Dieu confond leurs desseins en diversifiant leur langage. Après cela la puissance impériale s'établit sur la terre avec Nimrod. Babel et le pays de Shinhar commencent à venir en évidence. C'est notre monde.
 
 
                        L’idolâtrie
 
            Un autre élément important se dessine dans l'histoire : l'idolâtrie s'introduit. Non seulement Satan, comme tentateur, rend l'homme méchant, mais il se constitue son Dieu, afin de l'aider à satisfaire ses passions. Ayant perdu Dieu, avec lequel il avait été autrefois en relation, et avec lequel ces relations avaient été renouées dans la personne de Noé, l'homme se fait un dieu de chaque puissance de la nature qui devient un jouet pour son imagination et un moyen de satisfaire ses convoitises ; ayant perdu Dieu, l'homme n'avait plus que l'idolâtrie : la partie même de la race humaine qui était en relation avec l'Eternel (Gen. 9 : 26) est spécialement signalée comme y étant tombée (Jos. 24 : 2). Terrible chute ! Quoique l'homme ne pût pas se débarrasser de la conscience qu'il y avait un Dieu, un Etre au-dessus de lui, et bien qu'il le craignît, il s'est créé une multitude de dieux inférieurs par lesquels il cherchait à bannir cette crainte et à obtenir une réponse à ses désirs, en cachant ce qui, au fond, était et restait toujours pour lui, un « Dieu inconnu » (Act. 17 : 23). Les étoiles, les ancêtres, fils de Noé, des membres de la race humaine encore plus anciens et moins connus, les forces de la nature, tout ce qui n'était pas l'homme, mais agissait et opérait sans lui, la nature se reproduisant après sa mort, la génération des êtres vivants, tout se divinisait à ses yeux. L'homme ne possédait plus le vrai Dieu ; il lui fallait un Dieu, et, dépendant et misérable, il se faisait des dieux selon ses passions et son imagination, et Satan en profitait. Pauvre humanité sans Dieu ! C'est alors que Dieu intervient en Souverain. Remarquons en passant qu'Il diminue de moitié la durée de la vie de l'homme, lors du déluge, et la réduit encore une fois, au temps de Péleg, époque où la terre fut partagée, Dieu assignant à chaque peuple sa place (Deut. 32 : 8).
 
           
                        L’appel d’Abraham
 
            Comme nous venons de le dire, l'influence universelle de l'idolâtrie amène une intervention de Dieu, intervention qui imprime son caractère sur Ses voies les plus importantes : Il appelle Abraham et le fait sortir de ce milieu corrompu, afin qu'il devienne la souche d'un peuple qui Lui appartînt. En Abraham, le père des fidèles, trois et même quatre grands principes sont mis en évidence : la volonté souveraine de Dieu, autrement dit l'élection, puis l'appel de Dieu, les promesses, et le culte constant rendu par l'homme devenu étranger sur la terre. Ces deux faits, la possession des promesses et la non possession des choses promises, engageaient les affections et l'espérance dans un domaine en dehors de ce monde, sans doute encore d'une manière vague, mais plus tard des révélations y ont été ajoutées. Ces principes ont dès lors caractérisé le peuple de Dieu.
            Voici donc le résumé de ces nouvelles voies de Dieu : le monde s'étant adonné à l'idolâtrie, Dieu appelle un homme pour qu'il soit à Lui, en dehors du monde, et fait de cet homme le dépositaire des promesses. Il y avait eu des fidèles avant Abraham, mais non la souche d'une race comme l'était Adam, chef de la race déchue ; mais Abraham est chef de race, car nous-mêmes, étant de Christ, nous sommes la semence d'Abraham.
            Rien n'est plus instructif que la vie d'Abraham, mais nous ne pouvons indiquer ici que ce qui caractérise les voies de Dieu. Abraham déclare qu'il est pèlerin et étranger ; arrivé dans le pays que Dieu lui donnait, mais où il n'a pas où poser son pied, il élève un autel à Dieu : il n'a que sa tente et son autel ; il dresse sa tente et bâtit son autel là où il séjourne. Mais il a failli, lorsque, sans consulter Dieu, il est descendu en Egypte. Dieu le garde, mais Abraham n'a pas d'autel depuis son départ du pays de Canaan jusqu'à ce qu'il y retourne. Les promesses lui sont faites : il aura une postérité nombreuse (Israël), à laquelle le pays de Canaan sera donné en possession perpétuelle ; puis toutes les nations de la terre seront bénies en lui. Le fils, en qui étaient les promesses, ayant été offert à Dieu et recouvré comme ressuscité d'entre les morts, en figure - la promesse de la bénédiction des nations est confirmée à la semence, c'est-à-dire à Christ (comp. Gal. 3 : 16). Les promesses sont sans condition : il s'agit du propos arrêté de Dieu. Israël en bénéficiera aux derniers jours ; les chrétiens, sans parler des révélations et des faits accomplis qui sont d'une importance infinie, en jouissent maintenant. Sara veut avoir « la semence », selon la chair, avant le temps fixé. Mais tout devait être sur le principe de la promesse : c'est la grâce, la foi, l'espérance, car alors rien n'était accompli ; et cela reste encore vrai, quant à la gloire, sauf à l'égard de la personne du Christ. En attendant, Dieu était le Dieu d'Abraham, et d'Isaac, et de Jacob, les cohéritiers de la même promesse. En Isaac, nous avons le type des relations de Christ avec l'Église ; Jacob nous fait entrer dans la sphère du peuple terrestre.
 
 
                        Un peuple de Dieu sur la terre
 
            Jacob s'étant rendu en Egypte, les Israélites, ses descendants, sont assujettis au joug de l'esclavage, à la dure servitude des Egyptiens, comme nous le sommes au péché dans la chair. Ce fait introduit un nouveau principe d'une immense portée, celui de la rédemption, accompagné d'une autre vérité : l'existence d'un peuple de Dieu sur la terre, d'un peuple au milieu duquel Dieu demeure (Ex. 3 : 7, 8 ; 6 : 1-8 ; 29 : 45, 46). C'est la grâce souveraine qui pense à la misère du peuple et qui entend le cri des fils d'Israël. Mais Israël était dans le péché tout autant que les Egyptiens ; comment donc Dieu pouvait-Il le délivrer ? Il a trouvé une rançon : le sang de l'agneau pascal, figure de Christ, est répandu, par la foi sur le linteau et sur les deux poteaux de la porte de chaque maison des Israélites, et Dieu, qui frappe en jugement, « passe par-dessus » le peuple abrité par le sang. Israël mange l'agneau qui avait été sacrifié et l'avait garanti du jugement ; il le mange avec des herbes amères et du pain sans levain, avec l'amertume de l'humiliation et la vérité dans le cœur, les reins ceints, le bâton à la main, les sandales aux pieds ; puis il quitte en hâte l'Egypte. Ensuite le peuple, arrivé à la mer Rouge, est délivré : « Tenez-vous là », dit Moïse, « et voyez la délivrance de l'Eternel ». La puissance de l'Egypte tombe sous le jugement de Dieu. La rédemption est complète ; le peuple ne verra plus les Egyptiens, à jamais (Ex. 14 - 15).
            Il y a aussi maintenant une vie dont Dieu prend soin. Israël doit boire les eaux amères de la mort (c'est Mara –Ex. 15 : 23) que Christ a subie dans sa réalité pour nous ; il est nourri de la manne, Christ (Ex. 16 ; Jean 6 : 31-35) ; il est abreuvé de l'eau du rocher, laquelle est l'Esprit de Dieu (Ex. 17 : 6) ; puis il est soutenu d'en haut dans le combat. Dans ces récits, tout est grâce ; Dieu agit en grâce et se glorifie au milieu des manquements de l'homme ; de plus l'homme est avec Dieu, car la rédemption nous amène à Dieu (Ex. 19 : 4) ; mais le voyage sous la grâce pour arriver auprès de Lui, est ajouté dans ses grands principes. L'établissement du sabbat, car le peuple racheté avait part au repos de Dieu, accompagne la manne, Christ - de même que le combat vient après l'eau du rocher.
           
 
                        La rédemption et l’héritage
 
            Quelques versets du chapitre 15 de l'Exode réclament ici notre attention. Nous y trouvons : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté, tu l'as guidé par ta force jusqu'à la demeure de ta sainteté » (v. 13). Mais d'autre part, nous lisons au verset 17 : « Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation... ». Les fils d'Israël étaient non seulement amenés jusqu'à Dieu, leur rédemption étant absolue et complète, mais ils devaient aussi être introduits dans l'héritage promis. Le lecteur remarquera qu'il n'est question du désert, ni en Exode 3, ni dans le chapitre 6, ni dans le passage que nous citons (Exode 15 : 1-21). L'œuvre de la rédemption étant parfaite, le désert n'est pas nécessaire. Le brigand sauvé était propre à être avec Christ dans le paradis, comme nous le sommes aussi (Col. 1 : 12). Le désert ne fait pas partie des conseils de Dieu qui, pour ce qui nous concerne, se rapportent à la rédemption et à l'héritage ; il fait partie des voies de Dieu (voyez Deut 8 : 2-3…). Il nous éprouve, afin que nous nous connaissions nous-mêmes et que nous Le connaissions. Tous les professants sont mis à l'épreuve sur la base d'une rédemption accomplie : s'ils n'ont pas la vie, ils tombent en chemin, tandis que les vrais croyants persévèrent jusqu'au bout. De plus, l'état du peuple est mis à l'épreuve, et il est châtié (Deut. 8 : 5, 15, 16). Dans cette position on est, en principe, sous la Loi ; il s'agit de ce que nous sommes devant Dieu à l'égard de son gouvernement, mais c'est sous la verge de la sacrificature que nous sommes conduits. (La mort d'Aaron achève cette partie du type ; puis la « génisse rousse » est donnée comme provision spéciale pour les souillures que l'on contracte dans le désert). Il en est autrement lorsqu'il s'agit de la justification : alors, à la fin du désert, de notre vie d'épreuve ici-bas, il est dit : « Selon ce temps (la fin du désert) il sera dit de Jacob et d'Israël : Qu'est-ce que Dieu a fait ? » (Nom. 23 : 23). Tout le long du chemin la question était : Qu'est-ce qu'Israël a fait ?
           
 
                        Les combats en Canaan
 
            De même que la mer Rouge est, en type, la mort de Christ pour nous, le Jourdain est notre mort avec Lui ; après le Jourdain viennent nos combats en Canaan, comme armée de Dieu, « contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes » (Eph. 6 : 12). Mais auparavant nous trouvons Guilgal, l'application de notre mort avec Christ à l'état de l'âme, dans les détails pratiques. Le camp était toujours à Guilgal : c'est là qu'est le souvenir de notre identification, par la foi, avec Christ dans sa mort, identification représentée par le Jourdain. Après cela, la manne, type de Christ descendu ici-bas et provision pour le désert, est remplacée par le vieux blé du pays (Jos. 5 : 12), figure d'un Christ céleste. Enfin le Chef de l'armée de l'Eternel se présente à Josué.
            Le succès dans la guerre et la bénédiction dans le désert dépendaient de l'état de ceux qui étaient en relation avec Dieu : Il bénissait, mais en même temps Il gouvernait au milieu de son peuple. Pour nous, les deux choses, le désert et la guerre (guerre dans laquelle Israël est engagé comme armée de l'Eternel), n'ont pas lieu au même moment, mais pendant la même durée de la vie humaine. Seulement le salut, la rédemption, est à la mer Rouge ; la délivrance expérimentale se trouve au Jourdain. La verge frappait la mer, et il n'y avait plus de mer, si ce n'est comme sauvegarde du peuple. L'arche demeure dans le Jourdain jusqu'à ce que tous aient passé. Il est bon de remarquer que les conditions, les « si », ne se rapportent pas au salut, mais au voyage du désert. Pour ceux qui ont la foi et la vie, on trouve, avec les « si », la promesse d'être gardés jusqu'au bout, de sorte que pour la foi il n'y a pas d'incertitude : mais dans le désert il s'agit de relations expérimentales avec un Dieu vivant, et non d'une œuvre accomplie.
 
 
                        L’ancienne alliance et la nouvelle
 
            Quant à Israël historiquement, il avait accepté au Sinaï les promesses sous condition d'obéissance. C'est la première alliance, établie par le moyen d'un médiateur, ce qui suppose deux parties. Or la jouissance des résultats de la promesse, dépendant de la fidélité de l'homme autant que de celle de Dieu, n'était pas assurée au delà de ce que pouvait offrir de sécurité la plus faible des deux parties contractantes ; aussi, avant même que Moïse fût descendu de la montagne, le peuple avait fait le veau d'or. Comme l'ancienne, la nouvelle alliance sera établie avec Israël et Juda quand le Seigneur reviendra, pardonnant leurs péchés pour ne s'en plus souvenir, et qu'Il accomplira son  œuvre en écrivant sa loi dans les cœurs et non sur des tables de pierre. Mais le fait que le peuple, au Sinaï, consent à recevoir la bénédiction sous condition d'obéissance préalable, est de toute importance : il changeait le caractère du péché et l'aggravait en ce que non seulement les choses en elles-mêmes étaient mauvaises, mais en ce qu'elles devenaient la transgression de la Loi qui attachait formellement l'autorité de Dieu aux obligations résultant des relations dans lesquelles l'homme se trouve, obligations que la loi défendait de violer. Les relations et les obligations existaient déjà, mais la Loi faisait de la violation de ces dernières une transgression positive de la volonté expresse de Dieu. Sous la loi il y allait non seulement de la justice humaine, mais de l'autorité de Dieu. Le dernier commandement : « Tu ne convoiteras point... » ne s'occupait pas des actes de péché, ni proprement du péché dans la chair, mais de ses premiers mouvements, et faisait faire à l'âme née de Dieu la découverte de la racine du péché dans la chair ! A supposer que toute la loi eût été accomplie, ce n'était encore que la justice humaine.
           
 
                        L’habitation de Dieu au milieu de son peuple
 
            Une autre grande vérité, déjà indiquée, se trouvait maintenant réalisée : Dieu demeurait ici-bas au milieu de son peuple ; c'était là, au milieu d'Israël, qu'Il avait établi son trône. Deux choses s'y rattachaient : le gouvernement direct de Dieu, connu par la foi comme le Dieu de toute la terre, et l'existence d'un lieu reconnu où l'on s'approchait de Dieu. Seulement Dieu ne se révélait pas ; Il restait caché derrière le voile. Mais là on offrait des sacrifices ; là se réalisaient et se centralisaient toutes les relations religieuses du peuple avec Dieu, du moins celles qui avaient rapport au culte. C'est là qu'on purifiait chaque année la demeure de Dieu, là que s'effaçaient les péchés d'Israël par des sacrifices, figures de celui de Christ. En même temps le tabernacle était l'expression des choses célestes ; seulement le voile qui fermait l'entrée du lieu très-saint n'était pas encore déchiré, l'homme n'y entrait pas, sauf le souverain sacrificateur une fois l'an. Tel était l'état du peuple. Il avait accepté la loi comme étant désormais la condition de l'accomplissement des promesses ; Dieu était présent au milieu du peuple, mais inaccessible derrière le voile, et le gouvernement de Dieu s'exerçait au milieu du peuple et en sa faveur. Mais le tabernacle et toutes ses ordonnances n'étaient que l'ombre, non « l'image même » des choses ; c'est pourquoi l'épître aux Hébreux procède plus par voie de contraste que de comparaison.
            Remarquons en passant la grâce et la condescendance de Dieu dans ses voies envers son peuple. Celui-ci était-il dans l'esclavage ? Dieu se présente comme son rédempteur. Doit-il errer comme pèlerin dans le désert ? Dieu veut demeurer dans une tente avec lui. Faut-il livrer le combat en Canaan ? Voici Dieu avec l'épée nue, chef de l'armée de l'Éternel. Le peuple est-il établi en paix dans sa terre ? Dieu s'y fait bâtir une demeure telle que les palais des rois.
 
                                                                                            D'après J. N.   Darby
 
A suivre