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BREVES NOTES SUR L’EVANGILE DE MATTHIEU (18)

 CHAPITRE 18 

       
1 - Caractères de ceux qui entrent dans le royaume : v. 1-20
      2 - Le pardon : v. 21-35
 

            Ce chapitre termine une section de l’évangile de Matthieu (chap. 13-18 ; voir 19 : 1). Il se relie au chapitre 16 et reprend les deux grands sujets du royaume et de l’assemblée. Après nous avoir enseignés au sujet de la révélation du « Christ, le Fils du Dieu vivant » (16 : 17) - ses souffrances, sa mort et sa résurrection, la gloire de sa venue pour régner, sa puissance -, l’Esprit de Dieu veut maintenant nous montrer les caractères qui conviennent aux siens :
                        - l'humilité (v. 1-4)
                        - des cœurs ouverts pour recevoir (v. 5)
                        - les soins envers les « petits » (v. 6-7)
                        - la sanctification personnelle, le jugement de soi (v. 8-10)
                        - l’amour pour ceux qui sont perdus (v. 11-14)
                        - la grâce, la réconciliation (v. 15-17)
                        - le Seigneur dans l'assemblée : sujet qui est au cœur du chapitre (v. 18-20)
                        - le pardon (v. 21- 35).
 
 
           
1 - Caractères de ceux qui entrent dans le royaume : v. 1-20
 
           
                        1.1 L’esprit d’humilité et d’accueil (v. 1-5)
 
            « Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? » (v. 1). Nous pourrions trouver surprenant que les disciples posent cette question après la leçon d'humilité de la fin du chapitre 17 si nous ne connaissions pas nos cœurs. Nous avons besoin de veiller à avoir cet esprit de grâce et d’humilité qui devrait toujours caractériser les fils du royaume ; pour cela, il faut que l’exemple de Christ soit toujours devant nous (20 : 28).
            Le Seigneur instruit ses disciples de façon très concrète. Il place un « petit enfant » au milieu d'eux (v. 2) pour qu’il leur serve de modèle quant à la simplicité de cœur, l'humilité et l'esprit de soumission. Il avait déjà donné un tel exemple pour montrer la simplicité requise pour recevoir les révélations du Père (11 : 25). Il le fera plus loin pour évoquer la spontanéité dans l’expression de la louange (21 : 16).
             « Si vous ne vous convertissez pas et ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » (v. 3). La conversion implique de renoncer à sa propre justice et d’accepter la grâce de Dieu qui pardonne et délivre. Mais ici le Seigneur ne s'adresse pas à des incroyants pour les inviter à venir à Lui. Il parle à ceux qui lui appartenaient déjà pour les engager à changer de pensée et de conduite (20 : 25-27). Que, dans ce sens, nous restions des enfants. Ailleurs, lorsqu'il est question de croissance spirituelle, nous sommes exhortés au contraire à ne pas rester de petits enfants (Eph. 4 : 14).
 
            Nous manquons tous d'humilité ; nous manifestons de l’orgueil lorsque nous sommes occupés de nous-mêmes, que ce soit en nous dénigrant systématiquement aux yeux des autres, ce qui n’est que de la fausse humilité, ou bien en nourrissant, même secrètement, des pensées de supériorité. La Parole nous enseigne à ne pas nous comparer les uns aux autres (2 Cor. 10 : 12-13), à ne pas avoir une haute opinion de nous-mêmes, « au-dessus de ce qu’il faut, mais de penser de manière à avoir de saines pensées » (Rom. 12 : 3). Voilà la juste mesure ; ce verset commençant par le mot « grâce », montre que c'est en ayant profondément conscience de la grâce de Dieu envers soi que l'on peut avoir ces « saines pensées ». « Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis », pouvait dire Paul (1 Cor. 15 : 10) qui nous invite à considérer le Seigneur dans son abaissement (Phil. 2 : 1-10). Il était lui-même son imitateur (1 Cor. 11 : 1).
 
            Le verset 5 nous apprend tout le prix que le Seigneur attache aux « petits ». Remarquons combien de fois Jésus dit : « un de ces petits ». Quel amour représente cette expression ! Il nous invite à recevoir les petits enfants et, au verset 6, à ne pas être pour eux une occasion de chute.
            Les petits, ce sont non seulement les enfants, mais aussi tous ceux qui se confient en Dieu avec la simplicité d'un petit enfant. Le Seigneur trouve son plaisir avec les petits, les humbles ; apprenons à agir dans le même esprit que Lui (Zach. 13 : 7- fin du v.). Nous avons besoin de nous « convertir » au sens qui est celui de ce mot dans ces versets.
            La Parole enseigne plusieurs fois que Dieu élève ceux qui s'abaissent et s'associent aux choses et aux « personnes » humbles (v. 4 ; 1 Pier. 5 : 5-6). Une telle élévation n'a rien de commun avec l'orgueil !
 
 
                        1.2 L’attitude et les soins à l’égard des petits (v. 6-9)
 
            Appliqués aux incroyants, ces versets, comme ceux du chapitre 5 (v. 29-30) sont extrêmement solennels : ils affirment la réalité des peines éternelles, « le feu éternel » (25 : 41). Quant aux rachetés du Seigneur, ils apprennent par ce moyen l'extrême gravité du péché. Celui qui pèche, par exemple en étant une occasion de chute pour d'autres, suit ainsi un chemin de mort ! (1 Cor. 6 : 9). Soyons donc très attentifs à ne pas être des occasions de chute. Prenons garde à toute notre conduite devant le Seigneur. Pensons notamment à ce qu'elle peut entraîner pour d'autres, en particulier chez les petits qui rencontrent déjà beaucoup de telles occasions de chute dans le monde. N'en ajoutons pas (voir aussi Rom. 14 : 1-7).
            Veillons aussi à ce qui peut être une occasion de chute pour nous-mêmes, sur nos tendances (5 : 29-30). Chacun sait sans doute ce qui constitue de telles occasions pour lui ; sinon, demandons au Seigneur de nous les montrer. Ces versets parlent de sanctification personnelle. Considérons l'exemple de l'apôtre Paul (Phil. 3 : 1-16).
            En 1 Tim. 4 : 16, il était recommandé à Timothée d'être attentif à lui-même d’abord, et à l'enseignement ; sa vie personnelle et sa conduite ne devaient pas démentir ce qu’il enseignait. C'est ce que réalisait aussi l'apôtre Paul (2 Thes. 3 : 6-9). Ne dépassons pas notre mesure de foi, mais cherchons à faire des progrès.
 
 
                        1.3 La valeur d’une âme pour Dieu (v. 10-14)
 
            « Gardez-vous de mépriser un de ces petits » (v. 10). Le Seigneur donne trois raisons pour ne pas le faire :
                         - ils sont les objets constants du ministère des anges qui les représentent devant la face du Père dans les cieux ;
                         - ils sont les objets de la grâce du Sauveur en vue de leur salut ;
                         - la volonté du Père est de les bénir ; Il ne veut pas qu’un seul d’entre eux périsse !
           
             Le Seigneur exprime ici tout son amour en faveur des hommes perdus. Les versets 12 à 14 montrent le prix qu'ils ont pour Lui et pour le Père. Par nature, nous sommes tous perdus ; même les petits enfants le sont. A Zachée, en Luc 19 : 10, le Seigneur précise qu’il est venu « chercher et sauver ce qui était perdu », mais ici, lorsqu’il s’agit des petits, Il dit qu’il est venu « sauver ce qui était perdu ». Les petits enfants, qui n’ont pas encore conscience, du fait de leur âge, de leur état de perdition, sont sauvés directement. Le Seigneur n’a pas eu besoin de les chercher. Cette pensée encourage les parents, et nous le sommes aussi, en nous souvenant de tous les enfants que le Seigneur a pris à lui, petits.
           
            Aux versets 12 et 13, le Seigneur emploie la même parabole qu'au début de Luc 15. Le berger laisse tout le troupeau pour venir sauver un de ces petits et il est rempli de joie de l’avoir sauvé, car « ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’un seul de ces petits périsse » (v. 14).
            Il n’est pas parlé ici de repentance : les petits enfants ne sont pas encore en mesure de se repentir. Mais, pour une personne responsable, y a-t-il quelque chose de plus grave que de refuser de se reconnaître perdue ?
           
 
                        1.4 Comment régler les torts entre frères ? (v. 15-17)
 
            L'enseignement de ce paragraphe concerne notre conduite envers nos frères. Elle se rapporte à la vie collective de l'assemblée. Dans les rapports fraternels, hélas, il y a souvent des heurts. Le Seigneur vient d'enseigner l'humilité, caractère de toute importance dans ces relations. Il parle maintenant de grâce et de miséricorde, mais aussi de vérité et d'honnêteté, choses également très importantes (Eph. 4 : 25). Le défaut de vérité a caractérisé le premier péché rapporté dans la vie de l'assemblée à ses débuts : celui d'Ananias et de Sapphira.
             Le temps ne règle pas les difficultés entre frères. Si elles ne sont pas réglées selon le Seigneur, il reste dans les cœurs des racines d'amertume qui bourgeonneront un jour. Si l'on veut les régler par d'autres moyens que ceux que le Seigneur enseigne, on désobéit, on ne suit pas un chemin de vérité.
            Le Seigneur dit : « Va... », comme au chapitre 5 (v. 24). C'est un entretien de vive voix qu'Il nous recommande ; dans toute la mesure du possible, évitons les lettres. Le Seigneur dit aussi : « entre toi et lui seul... ». Le tête à tête est nécessaire pour cette première démarche. En tout cas, il ne faut pas raconter à d'autres ce qu'a fait notre frère ou… notre sœur, ni par mail ni au téléphone, sous prétexte de pieuse sympathie. Lév. 19 : 16 est très clair : « Tu n'iras point çà et là médisant parmi ton peuple » ; Job 2 : 2 nous montre que c’est là le travail de Satan qui court çà et là sur la terre et s’y promène. Le chemin du lavage des pieds selon le début de Jean 13 est difficile ; c'est celui du Seigneur. Il faut que nos cœurs y soient préparés, et que nous restions dans une étroite communion avec Lui.
            Le Seigneur ne nous encourage pas à insister sur nos droits ; il veut plutôt nous apprendre à supporter les blessures personnelles. A cet égard, Paul a dû blâmer sévèrement les Corinthiens (1 Cor. 6 : 1-11). Nous devons chercher ardemment à rétablir d'heureuses relations avec notre frère ; de plus nous devons désirer qu'il retrouve la communion avec le Seigneur, si précieuse et si fragile ! En effet, ce verset parle de péché : « Si ton frère pèche contre toi... ». Demandons au Seigneur d’être dans Sa main un moyen pour aider à sa restauration (voir Lév. 19 : 17 ; Prov. 18 : 19). Reprendre, ce n'est pas humilier, c'est montrer les choses de manière à convaincre. Le but est de « gagner » son frère ! Cela demande peut-être beaucoup de peine. L’apôtre s’est « fait l’esclave de tous, afin de gagner le plus possible de gens… » (1 Cor. 9 : 19-23) ; son exemple doit nous encourager, bien qu’il s’agisse ici d’un cas assez différent. Souvenons-nous aussi que, le plus souvent, dans une difficulté entre deux frères, les torts sont partagés et, dès lors, « comme le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même » (Col. 3 : 13).
            Avec ces recommandations très importantes, Paul parle aux Galates de redresser quelqu'un qui s'est laissé surprendre par quelque faute. « Vous qui êtes spirituels... » (6 : 1). Voilà qui parle à notre conscience. Ne pas régler une difficulté avec un frère comme le Seigneur le demande peut nous conduire aux fâcheuses dispositions de l'esclave du verset 28.
 
            Un besoin de clarté et d'honnêteté caractérise également la deuxième démarche indiquée au verset 16. Deut. 19 : 15 est cité ici, comme en 2 Cor. 13 : 1 et en 1 Tim. 5 : 19 ; c'est une règle très importante. Selon la pensée de Dieu, nous ne devons pas agir sur la base d'un seul témoignage ; si nous le faisions, il pourrait en résulter de graves conséquences. Il faut demander au Seigneur de faire lui-même la lumière.
            Le verset 17 montre ensuite la troisième démarche pour les difficultés entre frères, au cas où la première, puis la deuxième, auraient échoué. La difficulté est portée devant l'assemblée. L'action de celle-ci a sans doute aussi pour but de gagner le frère qui a péché. S'il n'a pas écouté le frère contre qui il a péché, s'il n'a pas écouté « une ou deux personnes », peut-être écoutera-t-il « l'assemblée » ? Il n'est rien dit dans ce verset de l'action de l'assemblée vis-à-vis de lui ; elle aura affaire au Seigneur pour savoir comment elle doit agir. C'est le frère offensé que le Seigneur enseigne dans ces versets 15-17. C'est à lui de prendre l'initiative de toutes ces démarches, sans attendre que celui qui a péché fasse le premier pas. Il ne cherche pas à faire valoir ses intérêts, son honneur ou sa susceptibilité ; il cherche à gagner son frère et à rétablir les relations fraternelles dans la lumière divine.
            Le Seigneur lui dit ce qu'il doit faire, lui, si son frère ne se laisse pas gagner. Considérer un frère comme s'il était un incroyant est extrêmement grave. L'assemblée est nommée deux fois dans ce verset : le Seigneur introduit ici ce qui est entièrement nouveau pour les Juifs. Jusque-là, ils devaient aller vers le sacrificateur, ou vers le roi, ou vers le prophète.
            Dans la mise en pratique de ces enseignements, nous rencontrons des difficultés, car la chair réagit très vite. Le Seigneur parle de ce sujet, parce qu'Il sait que de telles situations se produisent. Mais Il donne les ressources. Apprenons à agir comme Il l’enseigne, sans quoi les troubles s'aggraveront.
 
 
                        1.5 Le Seigneur dans l’assemblée (v. 18-20)
 
            Ces trois versets sont liés ensemble : « Je vous le dis... Je vous dis encore... car... ». C'est dans l'assemblée que se trouve désormais la plus haute autorité sur la terre pour les enfants de Dieu. Le Seigneur ne donne pas à l'assemblée une autorité qui lui soit propre ; elle n'est pas un tribunal. C'est Lui qui possède l'autorité, et celle-ci s'exerce dans l'assemblée réunie à Son nom, soumise à Lui. Tout ce qui est enseigné ici demande beaucoup de dépendance, et nécessite un bon état de cœur devant Dieu, aussi bien chez le frère qui doit entreprendre de telles démarches, que dans l'assemblée entière. Sans la soumission à Christ et aussi les uns aux autres dans la crainte de Lui déplaire, il est impossible d'agir d'une façon qui plaise à Dieu ; les actions deviennent charnelles, qu'il s'agisse de lier et délier ou de prier.
            N'utilisons pas légèrement la promesse du verset 19 ; il y a eu des prières non exaucées, pour la gloire de Dieu ! Relisons les divers passages du Nouveau Testament relatifs à la prière, par exemple :
                        - « Si nous demandons quelque chose selon sa volonté…» (1 Jean 5 : 14-15) ;
                        - Luc 11 : 1-13 ; 18 : 1-8 (prenons garde aux questions qui terminent ces passages !) ;
                        - « Plusieurs étaient assemblés et priaient… » (Act. 12 : 12-16) ;
                        - « Si vous demandez quelque chose en mon nom, moi, je le ferai » (Jean 14 : 13-14)
                        -  « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et cela sera fait pour vous » (Jean 15 : 7) ;
                        - « Je veux donc que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes, sans colère et sans raisonnement » (1 Tim. 2 : 8).
 
             Dans les réunions de prière, il est important d'exposer des besoins précis, auxquels tous les frères et sœurs présents puissent s'associer en prononçant « Amen » à haute voix. Demander et recevoir conduit à la reconnaissance, à la communion et à l'approfondissement de la connaissance du Seigneur.
            Lorsque des frères sont d'accord et réalisent la présence du Seigneur, il y a harmonie entre eux - le mot grec pour « accord » est apparenté au mot français symphonie qui, littéralement, signifie « d’une même voix, être en harmonie ». Remarquons que la promesse du verset 19 s'applique au cas où l'on est d'accord sur le sujet de prières à présenter en commun.
            Il s'agit dans ce passage de l'assemblée locale, tandis qu'au chapitre 16 le Seigneur a parlé de l'assemblée universelle. La présence du Seigneur est un fait extrêmement heureux et solennel. Cette présence est promise à deux ou trois s'ils sont bien réunis « à son nom », indépendamment du lieu où ils se réunissent. Les Israélites devaient rechercher le « lieu » où l'Eternel avait mis son nom, et venir là pour offrir leurs sacrifices (Deut. 12 : 5-6, 11, 14, 18, 21, 26).
 
                                    Au milieu des deux ou trois
                                    Qui L’aiment, L’adorent,
                                    Il est là comme autrefois
                                    Pour ceux qui L’honorent.
 
            On remarque, au verset 18, que les mêmes mots sont employés pour désigner l'action sur la terre et l'action dans le ciel : « lier » et « délier ». On peut penser que ces deux verbes, impliquant une décision, ont le même sens dans les deux cas : ce qui est décidé sur la terre est, en conséquence, ce qui est décidé dans le ciel. « Lié sur la terre » semble induire que ce qui est lié par une assemblée locale est lié partout sur la terre.
            Ce qui fait la force de ces actions, c'est la présence réalisée du Seigneur. Quelle immense responsabilité d'être réellement réunis à son nom, et d'agir seulement sous son autorité ! Quelle merveilleuse ressource en même temps !
            « A son nom » : la préposition traduite par « en » ou par « à » indique le mouvement vers un but - par exemple, dans son sens premier : « aller à telle ville » ; son nom, c'est Lui-même. Se réunir « à son nom », c'est se réunir en ayant le Seigneur seul comme but, en reconnaissant ses gloires, sa grâce, son œuvre, son service actuel, son autorité, et son enseignement ; on est réuni dans l'obéissance au Seigneur.
           
                                  
2 - Le pardon : v. 21-35
 
           
                        2.1 La mesure divine du pardon (v. 21-22)
 
            Pierre interroge le Seigneur dans un esprit quelque peu légal ; il faut pardonner, mais enfin il doit y avoir une limite. Combien de fois doit-on le faire ? Pierre a-t-il le sens de la grâce qui lui a été faite ? Il n'y a pas de limite, répond le Seigneur ; il faut toujours pardonner. Notre cœur est repris ; savons-nous pardonner autant de fois qu'il est nécessaire ?
             Notons qu'il s'agit ici de torts personnels. Lorsqu'il s'agit de péchés contre Dieu, il ne nous appartient pas de pardonner.
            Au moyen d'une parabole, le Seigneur donne à ses rachetés une raison pour pardonner à leurs frères : c'est l'immensité du pardon qui leur a été accordé ! Il n'y a pas de commune mesure entre la dette qui nous a été remise et celle que nous pouvons avoir à remettre à un frère. Il serait gravement injuste aux yeux de Dieu que de ne pas pardonner à nos frères. Ayons très profondément conscience de la grâce qui nous a été faite, et de la petitesse relative des torts que nous pouvons avoir à subir (Eph. 4 : 32).
            On trouve dans le passage correspondant de Luc (17 : 1-4) une différence instructive : après avoir invité ses disciples à reprendre le frère qui a péché, comme au verset 15 de ce chapitre, le Seigneur présente la repentance de ce frère comme une condition du pardon. Sans doute, le Seigneur veut-il que notre cœur soit constamment et immédiatement disposé à pardonner  - c'est l’enseignement de Matthieu ; mais pour exprimer le pardon à celui qui a péché, il est convenable qu'il ait pris conscience de son péché et dise : « Je me repens » - c'est ce que montre le passage de Luc. Sans cette démarche difficile, le frère ne pourrait pas avoir une vraie paix dans son cœur, ni des relations libres et heureuses avec son frère.
            Joseph, dans ses relations avec ses frères, donne un très bel exemple : il leur avait déjà pardonné avant leur première visite, mais il ne peut laisser éclater son affection avant qu'un patient travail de conscience soit achevé en eux (Gen. 42 et 45). Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour rétablir la communion avec notre frère. Il est nécessaire que nous nous tenions dans la lumière de la présence de Dieu ; il faut que nos motifs soient purs. Pardonnons complètement ; avec son secours, ne conservons aucune amertume. Souvenons-nous que nous pouvons être aussi bien le frère qui a péché que celui contre lequel un autre a péché.
            Le cœur de Dieu est disposé à pardonner à toute personne non sauvée ; le sacrifice du Seigneur est pleinement suffisant pour tous les hommes ; il faut encore que chacun vienne à lui dans la repentance et la foi. Il en est de même pour un croyant qui a péché contre Dieu (1 Jean 1 : 9 ; voir, en contraste, Es. 26 : 10).
 
            Au chapitre 6, le Seigneur avait déjà lié le pardon aux hommes avec le pardon reçu de Dieu (v. 14-15) ; dans ce chapitre, Il parle plusieurs fois du « Père qui voit - ou qui demeure - dans le secret », qui connaît donc les motifs cachés. Depuis l'œuvre du Seigneur, Dieu nous pardonne gratuitement, et non à la condition que nous ayons déjà pardonné aux hommes. Laissons cependant ces versets parler à nos consciences, et ne tournons pas la grâce en débauche ; prenons bien soin de pardonner aux hommes parce que Dieu, en Christ, nous a pardonné (Eph. 4 : 32).
 
 
                        2.2 Une parabole pour illustrer l’enseignement de Jésus (v. 23-35)
 
            Jésus montre par cette parabole que nous devons agir les uns envers les autres comme Dieu lui-même - représenté ici par le roi qui « voulut faire ses comptes avec ses esclaves » (v. 23) - a agi envers nous, qui sommes des objets de sa grâce. Le premier esclave est une figure de chacun de nous ; la somme fabuleuse qu’il devait montre l’immensité de la dette de nos péchés que Dieu nous a remise en Christ. Esdras, en son temps déjà, pouvait s’écrier dans un esprit profondément humilié : « Mon Dieu, je suis confus, et j’ai honte de lever ma face vers toi, ô mon Dieu ; car nos iniquités se sont multipliées par-dessus nos têtes, et notre coulpe a grandi jusqu’aux cieux… Nous avons été grandement coupables… » (9 : 6-7).
            La justice de ce roi exigeait que cette somme soit réglée, mais, touché de compassion envers son esclave, il lui a remis la dette. Il s’attendait à ce que cet esclave se comportât de la même manière envers ses propres débiteurs. Mais à peine a-t-il obtenu cette faveur, que l’esclave rencontre un de ses compagnons qui lui doit « cent deniers », une somme dérisoire. Il le saisit et l’étrangle en lui disant : « Paie ce que tu dois» (v. 28). Insensible aux supplications de son compagnon, il le fait emprisonner jusqu’à ce qu’il ait tout payé. N’est-ce pas l’image de notre manière d’agir bien souvent envers ceux qui nous font du tort ? Il nous est si difficile de pardonner ! Et même si nous l’avons fait, nous oublions avec peine le tort qui nous a été causé.  Souvenons-nous que Dieu dit : « Je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés ni de leurs iniquités » (Hébreux 10 : 17). Le pardon divin qui nous a été accordé ne nous rend-il pas responsables de pardonner de tout notre cœur, « chacun à son frère » (v. 35) ?