PSAUME 119 (6)
Resch– Fais-moi vivre (v. 153-160)
« Vois, mon affliction, et délivre-moi ! Car je n'ai pas oublié ta loi » (v. 153).
Le juste place sa cause dans les mains de son Dieu. Car lorsque les droits et la justice de Dieu sont pervertis, au milieu de ce qui prétend être le peuple de Dieu, à qui s'adresser et sur qui compter ? Sur Dieu seul se fonde la foi. S'attacher à la parole, en savourer la douceur au sein de la souffrance, n'est pas sans valeur devant Dieu.
« Prends en main ma cause, et rachète-moi ! -Fais-moi vivre selon ta parole » (v. 154).
Comme au verset précédent, le juste remet tout à Dieu, mais il ajoute : « Rachète-moi ». Cette demande exprimée ici a déjà été présentée au verset 134. Le croyant, dans son affliction, manifeste dans son cœur, le désir d'être entièrement à Dieu ; être son esclave. L'apôtre Paul porte ce titre en écrivant à Tite. La foi du juste se fonde sans aucun doute sur les promesses de Dieu. Il attend patiemment la fin de la foi, le salut des âmes.
« Le salut est loin des méchants, car ils ne recherchent pas tes statuts » (v. 155).
Si la portion du juste est parfaitement assurée, il n'en est pas de même des méchants. Ceux-ci n'ont pas ouvert leurs oreilles à l'écoute de l'appel de Dieu, ils se complaisent dans un chemin de propre volonté, en désobéissance à Dieu. « Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a son juge : c’est la parole que j'ai dite qui le jugera au dernier jour » (Jean 12 : 48) !
« Tes compassions sont en grand nombre, ô Eternel ! fais-moi vivre selon tes ordonnances » (v. 156).
« Les compassions de Dieu ne cessent pas, elles sont nouvelles chaque matin ; grande est ta fidélité » (Lam. 3 : 23). Daniel, fidèle serviteur de Dieu, dans sa confession à Dieu dit ceci : « Car ce n'est pas à causes de nos justices que nous présentons devant toi nos supplications, mais à cause de tes grandes compassions » (Dan. 9 : 18). Dans le plaidoyer de Néhémie 9, nous lisons également au verset 27 : « Selon tes très grandes compassions... ».
« Mes persécuteurs et mes oppresseurs sont en grand nombre ; je n'ai point dévié de tes témoignages » (v. 157).
« Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés » (2 Tim. 3 : 12). Ceux qui marchent selon le penchant obstiné de leurs mauvais cœurs, seront tôt ou tard les oppresseurs de l'homme pieux, parce que leur opposition à la parole de Dieu les juge. Mais la foi du juste ne sera pas ébranlée malgré le grand nombre de ses oppresseurs.
« J'ai vu les perfides, et j'en ai eu horreur, parce qu'ils ne gardaient pas ta parole » (v. 158).
La perfidie est la pire position que l'homme puisse prendre ; c'est trahir la cause de la vérité alors qu'il devrait y être fidèle. « Juda, la perfide ». Malgré les bénédictions divines qui reposaient sur Jérusalem et Juda, la perfidie a caractérisé et l'une et l'autre. C'est pour cela qu'un jugement méritoire, sans appel, de la part de Dieu est tombé sur eux. Qu'en est-il de l'Eglise responsable dans sa majeure partie ? Elle a suivi le même chemin, celui de l'apostasie qui s'identifie à la perfidie. Le fidèle garde la parole, il a horreur d'un tel état de chose ; il en porte l'humiliation. C'est l'état de l'assemblée à Laodicée en Apocalypse 3, après celui de Philadelphie. Le Seigneur prononce un jugement sur cette assemblée : « Je vais te vomir de ma bouche », comme d'une chose exécrable. Mais un suprême appel lui est adressé : « Aie donc du zèle et repens-toi ».
« Considère que j'ai aimé tes préceptes ; Eternel ! fais-moi vivre selon ta bonté » (v. 159).
Pour l'homme pieux, c'est au sein de l'épreuve que s'exerce sa piété ; son amour pour la vérité se dessine d'une façon particulière. Il se place dans la lumière, où tout ce qui pourrait s'opposer à la pensée de Dieu dans son cœur est mis en évidence : « Regarde s'il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle » (Ps. 139 : 24). Du moment que ce qui devrait caractériser le peuple de Dieu ne se discerne plus (v. 138), le fidèle ou les plusieurs qui gardent la parole constituent ce résidu qui reçoit l'approbation de Dieu. « Un livre de souvenir a été écrit devant lui pour ceux qui craignent l'Éternel, et pour ceux qui pensent à son nom » (Mal. 3 : 16).
« La somme de ta parole est la vérité, et toute ordonnance de ta justice est pour toujours » (v. 160).
Inspirée dans sa totalité, la parole de Dieu n'est pas un recueil de principes dans lequel il s'en trouve de plus vrais que d'autres, ou de plus justes que d'autres, à l'égard desquels l'homme soit dans la nécessité de faire un choix. L'ensemble des Écritures est la vérité. L'amour, qui est l'essence même de Dieu, se réjouit avec la vérité. L'amour de Dieu, versé dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné, produit cet effet. Notre Seigneur dit à son Père en Jean 17 : « Sanctifie-les par la vérité ; ta Parole est la vérité » (v. 17). « Je me suis beaucoup réjoui d'avoir trouvé de tes enfants qui marchent dans la vérité, comme nous en avons reçu le commandement de la part du Père » (2 Jean v. 4), contrairement à ceux qui périssent « parce qu'ils n'ont pas accepté l'amour de la vérité pour être sauvés » (2 Thes. 2 : 10). D'autre part, nous sommes invités à ne pas falsifier, ni frelater la Parole de Dieu. C'est un danger auquel nous sommes exposés ; Demeurons vigilants dans l'obéissance.
Sin/Schin – Craindre et aimer la Parole (v. 161-168)
« Des princes m'ont persécuté sans cause ; mais mon cœur a eu peur de ta parole » (v. 161).
Dans l'heureuse expérience des versets 153 à 160, le croyant acquiert une sensibilité divine qui provoque la souffrance dans son cœur. Il souffre au milieu du peuple de Dieu. Mais ici, ce sont les princes, l'autorité établie, qui devraient administrer de la part de Dieu alors qu'ils exercent cette autorité sous la conduite de la puissance diabolique. Beaucoup de nos frères et sœurs dans la foi passent par des persécutions de nos jours. L'autorité que la Parole leur inspire domine leurs cœurs ; la crainte de déplaire à Dieu passe avant toute autre chose. Il est dit de notre Seigneur : « Bien qu’il fût Fils, (il) a appris l'obéissance par tout ce qu’il a souffert » (Héb. 5 : 8). Jésus a été la parfaite démonstration de la volonté de Dieu dans l'homme. Plus Il était outragé, plus sa fidélité à Dieu était mise en évidence.
« J'ai de la joie en ta parole, comme un homme qui trouve un grand butin » (v. 162).
La Parole a une valeur inestimable ; ses oracles sont précieux, nous y entendons la voix divine. Les trésors qu'elle nous ouvre sont une source de joie. L'enfant de Dieu y découvre les richesses de la maison du Père. L'âme renouvelée a ses affections dirigées en haut, elle n'attache qu'une importance passagère aux choses présentes données de Dieu pour en jouir.
« Je hais, et j'ai en horreur le mensonge ; j'aime ta loi » (v. 163).
« Vous avez chagriné par la fausseté le cœur du juste » (Ezé. 13 : 22). Le juste hait toute voie de mensonge, car aucun mensonge ne vient de la vérité. En haïssant de telles choses, il est dans la pensée de Dieu. « L'Eternel hait... la langue fausse, le faux témoin qui profère des mensonges » (Prov. 6 : 16, 19).
« Sept fois le jour je te loue, à cause des ordonnances de ta justice » (v. 164).
« Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison ; ils te loueront sans cesse ! » ! (Ps. 84 : 4). Activité continuelle, permanente ; être toujours dans un esprit de reconnaissance et de louange. « Offrons donc, par lui (Jésus Christ), sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c'est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13 : 15). Ici, le chiffre sept exprime la plénitude dans le service de l'adoration.
« Grande est la paix de ceux qui aiment ta loi ; et pour eux il n'y a pas de chute » (v. 165).
« Aimez, donc la vérité et la paix » (Zach. 8 : 19). L'amour pour la Parole de Dieu a pour fruit la paix. « La paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4 : 7). Avant de quitter ses disciples, le Seigneur leur adresse ces paroles : « Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix » (Jean 14 : 27). La paix est donc la part de tout croyant qui demeure dans le Seigneur. Et, au premier jour de la semaine, le Seigneur venant et se tenant au milieu des saints assemblés, sa première parole est : « Paix à vous ! » (Jean 20 : 19).
« J'ai espéré en ton salut, ô Eternel ! Et j'ai pratiqué tes commandements » (v. 166).
Par la foi le juste compte sur la délivrance qui vient de Dieu. Ayant remis ses circonstances entre ses mains, patient dans l'attente, il demeure tranquille. Sa vie est une démonstration de la volonté divine par la mise en pratique des enseignements divins.
« Mon âme a gardé tes témoignages, et je les aime beaucoup » (v. 167).
Pour le racheté, les témoignages de Dieu ont la première place. Son cœur est sensible à l'amour dont il est aimé. L'amour pour Christ détermine tout, et la réception de sa parole donne à la vie entière son vrai caractère et ses vrais motifs.
« J'ai gardé tes préceptes et tes témoignages ; car toutes mes voies sont devant toi » (v. 168).
« Je me suis toujours proposé l'Eternel devant moi » (Ps. 16 : 8). Telles ont été les dispositions de cœur de Celui qui a été ici-bas le serviteur parfait. Le croyant est à même de manifester les mêmes caractères ; il doit placer toutes ses voies devant Dieu, avec confiance et dans la paix.
Tav – Le besoin de salut continuel (v. 169-176)
« Que mon cri parvienne devant toi, ô Eternel ! Rends-moi intelligent, selon ta parole ! » (v. 169).
C'est un cri d'angoisse qu'une souffrance profonde oblige à pousser. Prière intense qui doit parvenir à l'Eternel, au Dieu Sauveur qui répond à tous les besoins de notre être. Le juste joint à sa demande le désir d'être rendu intelligent dans les pensées divines pour demeurer un témoin.
« Que ma supplication vienne devant toi ; délivre-moi selon ta parole » (v. 170).
La prière du verset précédent se poursuit ici par la supplication. Dieu est toujours accessible ; il répond invariablement à qui ajoute foi à ses promesses. Si la délivrance n'est pas immédiate, Dieu mesure l'épreuve ; il en donnera l'issue selon son propos. Il a en vue le bien de son racheté et Sa propre gloire.
« Mes lèvres publieront ta louange, quand tu m'auras enseigné tes statuts » (v. 171).
Nous avons ici les fruits de l'épreuve : les lèvres s'ouvrent pour louer. De l'abondance du cœur la bouche parle. « Je raconterai ce que l'Eternel a fait pour mon âme » (Ps. 66 : 16). « Que rendrai-je à l'Eternel pour tous les biens qu'Il m'a faits ? Je prendrai la coupe du salut et j'invoquerai le nom de l'Eternel » (Ps. 116 : 12).
« Ma langue parlera haut de ta parole ; car tous tes commandements sont justice » (v. 172).
« Mon cœur bouillonne d'une bonne parole ; je dis ce que j'ai composé au sujet du roi » (Ps. 45 : 1). Ce qui a été composé durant les jours d'épreuve est premièrement des actions de grâces (verset précédent). Mais maintenant une hymne de reconnaissance s'élève de son cœur à son Seigneur : il parle « haut » de Celui qui est l'éternelle splendeur !
« Ta main me sera pour secours, car j'ai choisi tes préceptes » (v. 173).
« La main de notre Dieu est en bien sur tous ceux qui le cherchent » (Esd. 8 : 22). Rien ne peut ébranler la foi confiante qui s'appuie sur Dieu. « Moi je suis toujours avec toi : tu m'as tenu par la main droite » (Ps. 73 : 23). Dieu étend toujours sa main pour secourir ceux qui se confie en Lui, honorant la foi des siens.
« J'ai ardemment désiré ton salut, ô Eternel ! et ta loi est mes délices » (v. 174).
Le croyant qui a réalisé dans l'épreuve l'intimité avec son Seigneur, le divin Berger, a un ardent désir de le voir. C'est une attente patiente dans laquelle il fait ses délices de la Parole. Il y découvre les gloires variées du Bien-aimé et son attente est d'autant plus vivante ; il en hâte la venue (2 Pier. 3 : 11).
« Que mon âme vive, et elle te louera ; et fais que tes ordonnances me soient en aide » (v. 175).
L'âme rendue intelligente des plans divins à son égard se prosterne et adore ; l'histoire de Jacob nous est un exemple. Au terme d'un long pèlerinage, riche en expériences, il dit : « Le Dieu qui a été mon berger depuis que je suis jusqu'à ce jour, l'Ange qui m'a délivré de tout mal... » (Gen. 48 : 15). Rappelons Hébreux 11 : 21 qui mentionne la même circonstance : « Par la foi, Jacob mourant bénit chacun des fils de Joseph et adora, appuyé sur le bout de son bâton ». Détaché complètement de tout, sans appui humain, il entrevoit par la foi, en Joseph l'avènement de Christ en gloire (Gen. 49 : 22-26).
« J'ai erré comme une brebis qui périt : cherche ton serviteur, car je n'ai pas oublié tes commandements » (v. 176).
« Nous avons tous été errants comme des brebis, nous nous sommes tournés chacun vers son propre chemin » (Es. 53 : 6). Notre état antérieur est mis en évidence ; nous étions égarés par un maître cruel, mais « Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés » (Eph. 2 : 4), nous a cherchés, nous a trouvés, nous a délivrés - et veut le faire encore - et nous a établis sur un fondement inébranlable.
« Car de lui, et par lui, et pour lui, sont toutes choses ! A lui soit la gloire éternellement ! Amen » (Rom. 15 : 36).
G. Combe