La houppe et le cordon de bleu
(Nombres 15 : 37-41)
- un signe distinctif visible de tous :
Le manteau habituel des Israélites était formé d'une grande pièce d'étoffe quadrangulaire, qu'ils jetaient autour de leurs épaules. La loi leur ordonnait de faire des « houppes » aux quatre coins de ce vêtement (Deut. 22 : 12). Et à cette houppe qu'ils avaient donc constamment sous les yeux, ils devaient mettre un cordon de bleu : cette couleur, qui dans l'Ecriture évoque le ciel, leur rappelait qu'ils étaient placés sous le gouvernement direct de Dieu. L'arche elle-même, quand elle était portée à travers le désert, était recouverte d'un « drap tout de bleu » (Nom. 4 : 6).
Ce cordon de bleu n'avait pas pour but d'attirer l'attention des autres, ni surtout que son porteur en tire quelque gloire. Mais de fait, les personnes qui l'observaient étaient dès lors en droit d'attendre du porteur un témoignage en relation avec ce signe distinctif extérieur ! Plus tard, en considérant les disciples, on reconnaissait qu'ils avaient été avec Jésus (Act. 4 : 13).
- un rappel de la consécration à Dieu :
Quelle devait être encore la signification profonde de ce signe pour l'Israélite lui-même? La Parole de Dieu répond : « Et elle sera pour vous une houppe (ou une fleur) ; et vous la verrez et il vous souviendra de tous les commandements de l'Eternel, afin que vous les fassiez, et que vous ne recherchiez pas les pensées de vos coeurs ni les désirs de vos yeux (Job. 31 : 4, 7), après lesquels vous vous prostituez ; afin que vous vous souveniez de tous mes commandements et que vous les fassiez, et que vous soyez saints, consacrés à votre Dieu » (Nom. 15 : 37-41). L'un de ces cordons se trouvait au bas de la robe, tout près du sol. Le plus petit détail de notre vie, le plus « terre à terre », devrait être imprégné des principes célestes en sorte que notre conduite plaise au Seigneur à tous égards.
L'Eternel ne devait-il pas posséder le coeur de chacun de ces hommes d'Israël, n'avait-il pas droit à leur entière obéissance ? Il les avait délivrés de l'Egypte, de la maison de servitude, ils étaient en route pour un pays ruisselant de lait et de miel. Il avait voulu qu'ils soient un peuple séparé, qui lui appartienne en propre, un royaume de sacrificateurs et une nation sainte (Ex. 19 : 5 ; Deut. 7 : 6) Il voulait les placer « très-haut en louange, et en renommée et en beauté » (Deut. 26 : 18-19). On est frappé en lisant l'Ancien Testament de voir combien souvent l'Eternel compare ses relations avec son peuple Israël avec cette relation d'amour qui existe entre des fiancés ou entre des époux (Osée 2 : 19-20 ; Jér. 3 : 14 ; 31 : 32).
- une incitation à l'obéissance, hélas trop souvent sans effet !
Israël s'est montré infidèle et Dieu s'est vu dans l'obligation d'employer des termes très forts, de lui reprocher de « se prostituer », de « commettre adultère » avec les nations et leurs dieux, qu'ils ont servis volontairement !
En lui faisant des reproches aussi sévères, il cherchait à parler à leur conscience et à leur coeur. Hélas, pour la plupart des Israélites, la houppe avec le cordon de bleu, (à supposer qu'ils la portent), avait entièrement manqué son effet. Elle aurait dû être, dans la pensée divine, une incitation perpétuelle à l'obéissance. Or, la lumière du Nouveau Testament nous confirme que l'homme s'est montré depuis la chute absolument incapable de répondre à la pensée de Dieu : « Toute la tête est malade et tout le coeur défaut » (Es. 1 : 5-6). « Tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom. 2 : 22). Quelle peut être l'utilité d'un simple « signe extérieur » pour des personnes qui ne sont pas nées de nouveau, qui sont donc encore dans la chair ? Cette chair qui ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (Rom. 8 : 7). On se souvient de cet exemple fourni par l'Evangile : ce forcené que, sans cesse, on cherchait à lier de chaînes et qui, toujours, parvenait à les rompre. Seul Jésus avait pu le délivrer ; alors, saisis de crainte, les hommes avaient pu voir le démoniaque assis, vêtu et dans son bon sens, aux pieds de son libérateur (Marc 5 : 3-4 ; 14-15).
Mais, loin de reconnaître leur état misérable, comparable à peu de chose près, sous l'empire de Satan, à celui de cet homme possédé, les scribes et les pharisiens, sous un manteau religieux trompeur, à l'allure respectable, faisaient toutes leurs oeuvres pour être vus des hommes. En particulier, détournant le sens de cette ordonnance à leur profit orgueilleux, ils élargissaient leurs phylactères et donnaient plus de largeur aux franges de leurs vêtements (Matt. 23 : 4-5). Ils voulaient se donner l'apparence d'être des modèles dans l'accomplissement de la loi, mais tout cela en réalité n'était que de l'hypocrisie. Et ces hommes ne manquent pas d'émules encore aujourd'hui, hélas, même parmi les croyants. Quel que soit le masque adopté, on aime toujours au moins secrètement la première place dans les repas, les premiers sièges, les salutations dans les places publiques et à être appelés : Rabbi, Rabbi ! Si nous pouvons employer une comparaison, nous dirons que le chiffon rouge de notre propre importance prend indûment la place du cordon de bleu qui doit être aux quatre coins de nos vêtements (ces quatre coins pouvant suggérer ce qui est personnel, ce qui concerne la famille, ce qui touche aux affaires et aujourd'hui, pour le chrétien, ce qui intéresse l'assemblée).
- l'exemple parfait de Jésus :
En contraste avec l'attitude aussi inconvenante que celle que nous venons d'évoquer, contemplons le Fils de Dieu lorsqu'il était sur la terre, comme un homme, « né de femme, né sous la loi » (Gal. 4 : 4-5). On voit d'abord avec quel soin ses parents ont agi à son égard selon ce qui était écrit dans la loi du Seigneur (Luc 2 : 21-23). En outre, on peut être assuré que Jésus lui-même a porté la houppe, conformément à l'ordonnance. C'est probablement à cela que fait allusion la femme qui avait une perte de sang depuis douze ans. Elle s'approche par derrière et touche le bord de son vêtement, « car elle disait en elle-même : Si seulement je touche son vêtement, je serai guérie » (Matt. 9 : 20-21). Et beaucoup d'autres malades ont trouvé la guérison par ce moyen (Marc 6 : 56).
Si cette ordonnance mettait en évidence l'infidélité des autres hommes, elle a été chez l'homme Christ Jésus le symbole de l'obéissance à Dieu son Père. « Ta loi est au dedans de mes entrailles » (Ps. 40 : 8) ! Il n'avait nul besoin de cette houppe comme d'une ressource pour se souvenir des commandements de Dieu ! Il n'était pas en danger de « regarder çà et là » comme Moïse, qui, la conscience mal à l'aise, cherchait à s'assurer que personne ne le voyait commettre un meurtre (Ex. 12 : 12). Le Seigneur allait son chemin sans broncher (Luc 10 : 33 ; 13 : 33), faisant toujours les choses qui plaisaient à Dieu (Jean 8 : 29). Il ne tournait pas ses regards vers le monde, Dieu était au centre de sa vie, et sa viande était de faire la volonté de Celui qui l'avait envoyé (Jean 4 : 34). Ainsi Celui qui vient du ciel, est au-dessus de tous (Jean 3 : 31) et maintenant il est le fils de l'homme qui est dans le ciel (Jean 3 : 13) !
- « tel est le céleste, tels aussi sont les célestes » :
Chrétiens du temps présent, qui appartenons au peuple céleste, cette houppe et ce cordon de bleu n'ont-ils rien à nous dire ? Ne sommes-nous pas nous-mêmes « saints, consacrés à notre Dieu » ? Ce beau symbole se voulait un moyen préventif par rapport au mal. Mais nos ressources présentes ne sont-elles pas incomparables ?
- Dieu le Saint Esprit en nous agit continuellement. Nous qui vivons par l'Esprit, nous pouvons aussi marcher par l'Esprit (Gal. 5 : 25). Il est opposé à la chair et « convoite » contre elle. Il nous informe de chaque mouvement charnel du coeur, afin que nous ne pratiquions plus les choses que nous voudrions (v. 17) mais celles que Dieu veut. Si nous avons en pratique « crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (v. 24), et rejeté tout ce qui entrave notre marche, il peut alors nous faire désirer ardemment le pur lait intellectuel (1 Pier. 2 : 1-2).
- La Parole de Dieu, toujours à notre portée, nous rappelle inlassablement ce que nous ne devons pas oublier pour maintenir notre caractère céleste. Nous avons été retirés du présent siècle mauvais par la volonté de notre Dieu et Père (Gal. 1 : 4), achetés à prix (1 Cor. 6 : 20). Craignons de redevenir « esclaves des hommes » (1 Cor. 7 : 23) et désirons vivre « dans l'entière obéissance à Jésus Christ, celui qui pour nous est mort et a été ressuscité (1 Pier. 1 : 1-2 ; 2 Cor. 5 : 15). Mais Dieu ne voudrait pas nous voir oublier que « tel est le céleste, tels aussi sont les célestes » (1 Cor 14 : 48). Or la chair se trouve aussi chez le chrétien, et de ce fait les mêmes dangers que chez les Israélites subsistent : celui de pécher dans notre marche, en cherchant à satisfaire, nous aussi, les pensées de nos coeurs et les désirs de nos yeux ! (Nom. 15 : 39). Le remède souverain ? « Cherchez les choses qui sont en haut… ; pensez aux choses qui sont en haut », enjoint l'apôtre (Col. 3 : 1-2). C'est là que Christ – qui doit suffire à nos coeurs – est assis à la droite de Dieu.
Ph. L. Le 05. 04. O6
Suivons-Le tous, animés d'un saint zèle ;
N'arrêtons pas nos coeurs en ces bas lieux ;
Ce Dieu Sauveur, lui-même nous appelle,
Et nos vrais biens sont cachés dans les cieux.