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« Ils limitèrent le Saint d’Israël »

 Un récit « pour nous servir d’avertissement »
 Y a-t-il en nous des « entraves » à la bénédiction divine ?
 Les compassions, la patience et la miséricorde de Dieu
 
 
« Que de fois ils l’irritèrent dans le désert, et le provoquèrent dans le lieu désolé !
Et ils recommencèrent et tentèrent Dieu, et affligèrent (ou : limitèrent) le Saint d’Israël :
Ils ne se souvinrent pas de sa main au jour où il les avait délivrés de l’oppresseur ».
                                                                                           (Ps. 78 : 40-42)
 
 
Un récit « pour nous servir d’avertissement »
 
            Les versets ci-dessus sont tirés de ce long Psaume qui rappelle les merveilles accomplies par Dieu en faveur de son peuple terrestre (v. 4, 12 ; voir aussi Ps. 77 : 14). Israël est invité par Asaph à prêter l’oreille à ce récit écrit « pour instruire ». Aujourd’hui le chrétien doit considérer ce drame de la ruine d’Israël comme un avertissement solennel (1 Cor. 10 : 11). Dieu a toujours désiré amener ses « fils » à placer leur confiance en Lui, à ne pas oublier ses œuvres, et à observer ses commandements (Ps. 78 : 7).
            Arraché à la servitude en Egypte, Israël n’a pas tardé, au désert déjà, à se montrer « une génération indocile et rebelle », malgré les soins touchants d’un Dieu fidèle. Citons, parmi les gratuités divines à son égard, la manne (Ex. 16 ; Jean 6 : 49-51) et l’eau d’un « Rocher spirituel qui les accompagnait » (Ex. 17 ; 1 Cor. 10 : 4) : ce sont deux figures de Christ. Il leur avait aussi envoyé la nuée qui, la nuit, se transformait en colonne de feu : elle était destinée à leur montrer constamment la direction à suivre (Ex. 13 : 21-22). N’oublions pas l'intercession de Moïse et d’Aaron en leur faveur : eux aussi sont des figures de Christ dans ses offices ! Or, du côté du peuple, ce ne sera qu’une longue suite de provocations, de murmures, de convoitises. La désobéissance est érigée en règle, un fruit vénéneux de leur ingratitude. Les délivrances dont ils sont les objets de la part de Dieu sont vite oubliées ! Chers lecteurs, n’oublions-nous pas souvent les nôtres ?
            Si on lit ce Psaume en cherchant à en saisir les enseignements divins, l’attention se porte sur cette phrase : « Ils tentèrent Dieu et affligèrent le Saint d’Israël » (v. 41). Il faut signaler qu’en hébreu le sens premier du verbe traduit par « affliger » est plutôt : limiter (voir note du v. 41). C’est une des conséquences de leur conduite insensée ! Dieu, affligé par leur rébellion, attend encore, dans sa grâce (Osée 11 : 8) ! Toutefois sa patience a un terme. Rappelons l’une des déclarations de la Parole à ce sujet : « L’Eternel… avait compassion de son peuple et de sa demeure…  jusqu’à ce que sa fureur monta contre eux et il n’y eut plus de remède » (2 Chr. 36 : 15-16). Invités à revenir à Lui, ils refusent de laisser Dieu leur appliquer ce vrai « baume de Galaad », seul capable de les guérir (Jér. 8 : 22). Ils s’étaient moqués, en secret souvent, des messagers de l’Eternel. Mais Dieu lit toutes les pensées inscrites dans notre cœur, qui est semblable pour Lui à un « livre ouvert ».
            C’était donc trop tard pour Israël : il avait laissé passer le temps (Jér. 46 : 17). Leur fâcheux exemple doit inciter chacun à se mettre, sans plus attendre, en règle avec Dieu (Matt. 5 : 25).  Notre triste habitude est de Le « frustrer » (Mal. 3 : 8-9), de Lui refuser ce qui Lui appartient pourtant absolument dans notre vie ! Cette attitude l’empêche d’ouvrir largement Sa main, selon son désir (Ps. 104 : 28). Pourtant, Il aimerait nous rassasier ; mais Il doit, au contraire, nous faire sentir la disette, matérielle ou spirituelle, qui fait partie de sa discipline (Héb. 12 : 5-7).
 
                                   C’est du Père des lumières
                                   Que descend tout don parfait ;
                                   Il répond à mes prières,
                                   A bénir Il se complaît.
 
            Nous aimons rappeler la bonté de Celui « qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ » (Eph. 1 : 3). Et nos relations avec Dieu, en tant que chrétiens, sont devenues beaucoup plus intimes que celles qu’Il avait établies autrefois avec son peuple terrestre dont nous venons de parler. Il a acquis son Assemblée au prix du sang de son propre fils (Act. 20 : 28) ! Tel est le sens du message confié par le Seigneur à Marie de Magdala, au matin de sa résurrection : « Va vers mes frères et dis-leur : Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20 : 17). L’œuvre de Jésus à la croix a formé ces liens éternels bienheureux, pour la joie de Son propre cœur et du nôtre (Ps. 22 : 22 ; Héb. 2 : 11-12). Chaque chrétien peut désormais exprimer ce désir, avec reconnaissance et adoration :
 
                                   Gloire à toi, mon Dieu, mon Père,
                                   Toi qui m’aimas le premier !
                                   A ton cœur mon âme est chère ;
                                   Possède-moi tout entier.
           
 
Y a-t-il en nous des « entraves » à la bénédiction divine ?
 
            Souvent notre désobéissance et notre incrédulité vont à l’encontre des plans du Seigneur à notre égard. Il n’a plus la liberté d’envoyer la bénédiction qu’Il tient en réserve. Il doit, avant de le faire, attendre notre repentance et notre retour vers Lui. Qui plus est, par notre faute, d’autres croyants, avec lesquels nous nous réunissons, sont privés des bénédictions que Dieu aurait voulu leur accorder par notre moyen. Au lieu d’être une aide, nous sommes devenus une entrave au milieu des siens (1 Cor. 12 : 7, 28) ! Ce sont les conséquences inévitables de notre marche boiteuse et de l’attrait que les plaisirs « frelatés » de ce monde ont sur notre chair. Hélas, ces tendances sont de plus en plus fréquentes au milieu des chrétiens, pourtant fermement invités à se tenir à l’écart de la souillure (Jér. 51 : 45) et à servir Christ en pureté !
            Tous les frères et sœurs peuvent ressentir les conséquences d’un tel désordre installé dans ma vie. Nous formons ensemble un seul corps et si un de ses membres souffre, tous souffrent aussi (1 Cor. 12 : 26). La « qualité » des activités spirituelles communes est affectée par le mauvais état d’un frère ou d’une sœur : toute une assemblée s’en trouve affaiblie. Il y aura alors d’humiliantes conséquences au moment du culte et de l’adoration, de la prière en commun, et aussi de l’édification. Le Saint Esprit, qui se trouve au milieu de l’assemblée et habite dans chaque enfant de Dieu (Eph. 1 : 13-14), est attristé par la mauvaise conduite d’un racheté – et, à fortiori, par celle de toute une assemblée (Eph. 4 : 29-31) ! Il doit désormais travailler à produire d’abord en nous la conviction de péché, au lieu de prendre de ce qui est à Christ pour nous l’annoncer (Jean 16 : 14). Son activité au milieu des saints doit changer de caractère !
            Comment peut-on prétendre adorer « en esprit et en vérité » si la communion avec le Seigneur est troublée ou interrompue ? Impossible alors d’avoir communion avec Dieu au sujet de ce que le Fils est pour Lui - ou de nous entretenir ensemble sous Son regard de ce que le Père est pour le Fils. Nous ne pouvons pas prétendre alors que nous sommes « entrés dans le sanctuaire », dans ce lieu très saint de la présence divine. Certes, le chemin pour y venir a été merveilleusement ouvert à la croix ! Nouveau et vivant, il a été frayé à travers le voile, c'est-à-dire la chair de Christ (Héb. 10 : 19-20). Mais ne cherchons pas à nous leurrer. Reconnaissons plutôt qu’il nous arrive parfois de « piétiner » sur place au lieu d’entrer vraiment, par la foi, dans ce sanctuaire où tout dit gloire. Quelles sont les raisons d’une telle faiblesse ? En particulier probablement notre négligence à opérer un véritable jugement de nous-mêmes.
            Ne prenons pas part à l’action publique dans l’Assemblée sans un exercice préalable, spécialement si nous éprouvons de la « retenue » dans cette louange collective. A l’instar des disciples groupés autour de Lui dans la chambre haute, demandons au Seigneur de nous éclairer sur les motifs de cette gêne, si humiliante dans Sa sainte présence (Job 34 : 32) : « Seigneur, serait-ce moi ?... Serait-ce moi, Rabbi ? », demandaient-ils (Matt. 26 : 23, 25). Il nous aidera à discerner et à confesser, si nécessaire, nos propres fautes. Une vraie communion avec Lui est à ce prix.
            Les mêmes conséquences d’une marche relâchée se discerneront au milieu des saints lors des réunions de prière en assemblée. Il faut se souvenir que la maison de Dieu est appelée dans l’Ecriture une « maison de prière » (Es. 56 : 7). Il y a des promesses particulières attachées à ces prières en commun (Matt. 18 : 19). Or pourtant, ces réunions sont très souvent délaissées. Il est vrai qu’avant de s’adonner à la prière, il faut ressentir à quel point nos besoins, personnels ou collectifs, sont immenses et pressants ! Avons-nous aussi compris quel doit être le premier sujet de nos prières ? Ce sont d’abord les intérêts de Dieu sur la terre, ce qui touche à Sa gloire et ce qui concerne la bonne marche de l’Assemblée. On retrouve cette « priorité » selon Dieu dans la prière prononcée devant les disciples par le Seigneur (Luc 11 : 2-4).  
            Nous avons, hélas, peu de discernement et nous nous montrons si facilement égocentriques ! Ces « tendances » s’aggravent encore si nous laissons subsister de la souillure en nous sans la juger. Un mal peut même se révéler doux dans notre bouche (Job 20 : 12). Cet état nous met dans l’incapacité de discerner nos vrais besoins.
            Recherchons des relations d’intimité avec le Seigneur : « Tu veux la vérité dans l’homme intérieur » (Ps. 51 : 6). Avant d’intercéder pour telle ou telle personne et de prier pour des situations préoccupantes autour de nous, humilions-nous devant Dieu, confessons nos propres manquements. Il restaure et peut alors confier un rôle d’intercesseur à son racheté purifié.
            Lors des réunions d’édification - ou d’étude de la Parole -, le Saint Esprit doit être également « libre » de faire sentir Sa présence et d’agir au milieu des saints. La chair n’a aucune place dans un rassemblement autour du Seigneur. Si elle est « tenue en bride », le Saint Esprit se servira d’un frère ou d’un autre, comme Il l’entend. Chacun doit se tenir prêt à communiquer humblement à ses frères et sœurs ce qui lui est confié par l’Esprit. Alors tout sera pour la joie du Seigneur et toute l’assemblée recevra un bon enseignement. En revanche, dès que l’état pratique d’un ou de plusieurs serviteurs laisse à désirer, tous les croyants - et même tout l’auditoire - en souffrent.
            Ils reçoivent moins d’édification et c’est plutôt seulement « du lait » au lieu d’une nourriture solide. Là encore, par notre négligence coupable ou notre égoïsme, Dieu se trouve « limité », entravé dans ses desseins pour bénir richement ceux qui forment, ensemble, le corps de Christ.
 
            Ecoutons ces paroles touchantes de Dieu à son peuple : « Apportez toutes les dîmes à la maison du trésor, afin qu’il y ait de la nourriture dans ma maison, et éprouvez-moi par ce moyen, dit l’Eternel des armées, si je ne vous ouvre pas les écluses des cieux, et ne verse pas sur vous la bénédiction, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus assez de place » (Mal. 3 : 10).
 
 
Les compassions, la patience et la miséricorde de Dieu
 
            Ce long Psaume 78 met donc en évidence la bonté, la condescendance, la longue patience de notre Dieu Sauveur : « Ses compassions ne cessent pas ; elles sont nouvelles chaque matin » (Lam. 3 : 23). Mais il est humiliant de lire le récit de toutes les turpitudes d’un peuple pourtant « racheté à main forte et à bras étendu » de la main de l’oppresseur (Deut. 26 : 8). En considérant son obstination à mal faire, ses fréquentes rechutes, il faut aussi reconnaître que notre propre chemin a souvent fortement ressemblé au sien. Les conséquences - visibles ou non dès maintenant - sont connues de Dieu. La prospérité de tout le rassemblement en est affectée. Les choses seront entièrement révélées devant le tribunal de Christ.
            Souvenons-nous du péché de Marie, la sœur de Moïse. Avec Aaron, elle a critiqué Moïse (Nom. 12 : 1-2). Ces calomnies ont peut-être été chuchotées à l’oreille, dans le plus grand secret (Luc 12 : 3). Mais Dieu a entendu et Il prend la défense de son serviteur Moïse. La gravité du châtiment fait ressortir celle du péché commis. Devenue lépreuse, cette prophétesse (Ex. 15 : 20) demeure exclue du camp pendant sept jours. Son état provoque un arrêt dans la marche du peuple vers le pays de la promesse : « le peuple ne partit pas jusqu’à ce que Marie eût été recueillie » (Nom. 12 : 15 ; Deut. 24 : 9). Souvent, nos errements peuvent avoir un caractère caché, mais Dieu les voit et Il ordonne, pour être libre de bénir les siens à la fin, un temps d’épreuve et d’attente.
            Il y a aussi  beaucoup d’étapes durant notre voyage personnel. Dans le livre de Dieu, elles sont toutes enregistrées (Job 31 : 4). Certaines ont été heureuses et peut-être même glorieuses. D’autres ont laissé des souvenirs douloureux. En tout cas, Dieu a soigneusement noté les étapes du voyage de son peuple, mais Il ne donne aucun détail dans le saint Livre sur plusieurs d’entre elles (Nom. 33). Pensons à tout le temps passé indûment dans le désert, à cause de notre incrédulité ; nous tournions peut-être autour d’une montagne (Deut. 2 : 1, 3).
            Nous ne devons pas nier nos fautes passées, et nous ne pouvons pas revenir en arrière pour « recommencer », ne serait-ce qu’une heure de notre existence !  Mais ne nous convient-il pas de reconnaître avec adoration la patience et la miséricorde de notre Dieu ?
 
                                   Quand, dans ma course, à la borne arrivé,
                                   D’où je revois le chemin de ma vie,
                                   Je laisse au loin, de ce poste élevé,
                                   Mes yeux errer sur la route suivie,
                                   Ni larme, ô Dieu, ni regret, ni soupir
                                   Ne vient troubler mon âme qui déborde :
                                   Pour ton enfant il n’est qu’un souvenir,
                                   Le souvenir de ta miséricorde.
 
                                   Ah ! s’il est vrai que mes pieds ont laissé
                                   Mille faux pas empreints sur la poussière ;
                                   Sur mon sentier, si l’obstacle dressé
                                   A, trop souvent, ralenti ma carrière,
                                   Combien de fois, au lieu de me punir,
                                   Tes tendres soins, ta pitié qui déborde,
                                   N’ont, dans mon cœur, laissé qu’un souvenir,
                                   Le souvenir de ta miséricorde !
 
            Notre Dieu est fidèle et tous nos chers amis chrétiens peuvent serrer dans leur cœur la certitude que le « Dieu Très-haut… mène tout à bonne fin » pour eux (Ps. 57 : 2). L’apôtre Pierre nous dit : « croyant en lui (Christ), bien que maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse, recevant ce qui est le but de votre foi, le salut de l’âme » (1 Pier. 1 : 8-10). Dans cette attente, demandons-Lui son aide : Il est toujours disposé à nous délivrer des « embûches » dans le chemin. Appliquons-nous à ne pas « limiter », à ne pas retarder, par notre faute, les dispensations de la grâce de notre Dieu. L’espérance peut produire de la joie dans nos cœurs et nous aider à suivre résolument le sentier qui conduit aux radieux sommets.  
 
                                   La sombre nuit pâlira désormais :
                                   Demain le but apparaîtra sans voiles !
                                   Le chemin monte, et vers les purs sommets
                                   Semble déjà rejoindre les étoiles.
                                   Là-haut, joyeux, dans l’immense avenir,
                                   J’exalterai ton amour qui déborde,
                                   Car, dans le ciel, il n’est qu’un souvenir,
                                   Le souvenir de ta miséricorde !
 
 
                                                                       Ph. L         14. 02. 11.