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Ne mentez pas l’un à l’autre

 La vérité et le mensonge 
 Le mensonge dans la vie des patriarches
 D’autres tristes exemples 
 Dieu hait le mensonge et Il aime la droiture
 
 
La vérité et le mensonge
 
            Le monde dans lequel les croyants se trouvent encore (Jean 17 : 15-16) « gît dans le méchant » (1 Jean 5 : 19). Il est sous la puissance de Satan qui est « menteur et le père du mensonge ». Jésus dit au sujet du diable : « Il n’a pas persévéré dans la vérité, car il n’y a pas de vérité en lui » (Jean 8 : 44).
            Dès ses premiers pas dans le monde, l’homme en Adam a écouté les mensonges de celui qui cherchait à le séduire et il est devenu un enfant du diable, aussi menteur que lui (1 Jean 3 : 10). Le péché a tout dénaturé ; l’homme séparé de Dieu, se meut dans l’erreur et dans les ténèbres. Dieu ayant été exclu - et Il l’est de plus en plus -, le jugement de l’homme est constamment perverti.
            C’est dans un si terrible état de ruine que Jésus est volontairement descendu, dans son immense amour. Par sa présence, Il met tout en évidence. Il est la lumière éclatante au sein des ténèbres morales qui ont envahi la terre : rien ne Lui échappe (Héb. 4 : 13). L’apôtre Jean dit : « La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jean 1 : 17). Venu « en chair », Lui, le Fils unique, a fait connaître le Père, le Dieu d’amour qui l’a envoyé du ciel (Jean 1 : 18).
            Aux Juifs qui refusaient d’écouter sa Parole, Jésus disait : « Vous faites ce que vous avez entendu de votre père » (Jean 8 : 38) ; il s’agissait de Satan ! Le Seigneur disait aussi à ceux qui se targuaient d’être des fils d’Abraham : « Si Dieu était votre père, vous m’aimeriez, car moi, c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens… c’est lui qui m’a envoyé » (Jean 8 : 42). Il a dit à Pilate : « Je suis venu dans le monde pour ceci, pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix » (Jean 18 : 37). Après avoir demandé : « Qu’est-ce que la vérité ? » (v. 38), Pilate est finalement parti sans attendre la réponse, alors que la Vérité était tout près de lui. Quelle tragédie ! « Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3 : 19). Le moment est proche où, ces hommes n’ayant pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés, Dieu lui-même leur enverra une « énergie d’erreur » pour croire au mensonge (2 Thes. 2 : 10-11) !
            La Parole est la vérité (Jean 17 : 17). L’Esprit aussi est la vérité (1 Jean 5 : 6). Jésus est la vérité : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie ; personne ne vient au Père si ce n'est par moi » (Jean 14 : 6). Il met toutes choses en lumière. Il les dévoile telles qu’elles sont aux yeux de Dieu. Par Lui, nous apprenons à discerner ce qui est bien ou mal, nous sommes enseignés au sujet de l’homme, du monde… Hâtons-nous de répondre quand Il nous appelle à Lui. En recevant ses paroles dans notre cœur, nous sommes conduits au Père, dont Il est la pleine révélation.
            Sur la terre, il n’y a que deux catégories de personnes : les enfants de Dieu (ceux qui ont été rachetés) et les enfants du diable (1 Jean 3 : 10). Devant le danger qui résulte pour les croyants d’une possible mauvaise compagnie, nous comprenons pourquoi la Parole exhorte à « marcher comme des enfants de lumière » et à le faire « soigneusement » (Eph. 5 : 8, 15).
            Le bien ne peut venir que de Dieu et le mal de Satan. Leurs fruits en sont constamment manifestes en tout temps chez tous les hommes, selon que c’est la nouvelle ou la vieille nature qui se manifeste (Matt. 12 : 33).
 
Le mensonge dans la vie des patriarches
 
            Depuis la chute, le mensonge s’est très rapidement répandu parmi les hommes. Ils y prennent même souvent plaisir (Ps. 62 : 4). On trouve déjà cette forme du mal chez Caïn. Quand Dieu lui pose la question solennelle : « Où est Abel, ton frère ? », il répond avec insolence : « Je ne sais. Suis-je, moi, le gardien de mon frère ? ». Alors l’Eternel, omniscient, lui dit : « Qu’as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre à moi » (Gen. 4 : 9-10).
            Hélas, Caïn ne sera pas un cas isolé. Il est affligeant que l’Ecriture rappelle - pour nous avertir - des circonstances où les patriarches ont trouvé un expédient dans le mensonge.
 
                        Abraham
            Le « Dieu de gloire » lui était apparu et à son appel, il était sorti d’Ur de Chaldée, « sans savoir où il allait » (Héb. 11 : 8). Cet homme était un modèle de foi. Il entre au pays de Canaan et y bâtit des autels à l’Eternel. Mais une famine survient et au lieu de se confier en Dieu, comme dans le passé, il descend en Egypte pour y séjourner. Nous comprenons de quoi un croyant pieux est capable dès qu’il quitte, en se laissant guider par sa propre volonté, la place que Dieu lui a assignée.
            Abraham est alors rempli de crainte, lui, le père de la foi ! La beauté de Saraï ne va-t-elle pas attirer la convoitise des Egyptiens ? Il imagine qu’ils vont le tuer pour se débarrasser d’un mari gênant. Alors il suggère à sa femme de dire qu’elle est sa sœur ; cette réponse équivoque - Sara était sa demi-soeur - est en réalité un mensonge. Peut-être est-ce par des raisonnements spécieux similaires que nous cherchons à tranquilliser notre conscience ? En agissant de la sorte, le patriarche reniait sa relation conjugale. Il n’hésitait pas, dans son égoïsme personnel si fréquent chez nous aussi, à laisser sa femme exposée à la convoitise de son entourage ! C’était certainement difficile pour Saraï de supporter un tel dédain, et c’était loin aussi d’être un bon témoignage de la part de ce couple. En réalité, c’était un mensonge. L’attitude équivoque d’Abraham était désastreuse. En retour, il est d’abord bien traité par le monde ; il reçoit des richesses et des honneurs. Mais la présence de Saraï dans le palais du Pharaon attire des plaies sur ce potentat et sur son peuple. Abraham est démasqué, le Pharaon lui fait des reproches mérités et il le chasse : « Va-t’en » (Gen. 12 : 17-20).
            Abraham, humilié, a-t-il appris la leçon ? L’a-t-il retenue ? Non ! Comme souvent nous aussi, il n’a pas jugé le mal dans ses racines. Aussi tombe-t-il à nouveau dans la même faute ! Chez Abimélec, il ment et renie sa femme, méritant à nouveau les reproches du monde. Dieu doit souvent répéter ses leçons pour nous amener à une véritable confession. Il est instructif de voir un homme si privilégié, jouissant d’une grande intimité avec Dieu, perdre conscience de sa relation avec Dieu et manquer une occasion de rendre témoignage.
            Ecoutons les tristes paroles d’Abraham à Abimélec : « Dieu m’a fait errer loin de la maison de mon père » (Gen. 20 : 13). Cherchait-il par de telles paroles à se présenter comme un pauvre vagabond, pour minimiser sa faute ? Nous cherchons si souvent à attribuer nos fautes à nos circonstances difficiles, ou à les rejeter sur d’autres personnes ; nous essayons de les présenter comme vraiment inévitables. Or Dieu est fidèle et il ne permet pas que nous soyons tentés au-delà de ce que nous pouvons supporter (1 Cor. 10 : 13). Un péché non jugé ou traité à la légère - ici un mensonge - ouvre la porte à d’autres manquements.
 
                        Isaac
            Sa vie a été longtemps à la gloire de Dieu. On pense à la scène de Morija, une image de la croix, et à la soumission d’Isaac : il se laisse lier sur l’autel, sur le bois, et voit se lever sur lui le couteau de son père, avant d’entendre l’Ange de l’Eternel prononcer cette parole salvatrice : « N’étends pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien » (Gen. 22 : 12). Une autre belle page suit : le mariage d’Isaac avec Rebecca (Gen. 24). La foi de ce jeune couple sans enfants est mise à l’épreuve, et le résultat sera positif. Plus tard, Isaac est vu recreusant avec ténacité les puits d’eau bouchés par les Philistins.
            Hélas, il n’a pas su tirer profit des tristes expériences de son père. C’est très souvent notre cas aussi ! Une famine l’amène, lui aussi, à séjourner à Guérar ; là, saisi par la même crainte qu’Abraham, il renie sa femme et trompe Abimélec (Gen. 26 : 7). L’histoire se répète avec les mêmes conséquences : un manque de courage pour confesser notre relation avec Christ, la peur de l’opprobre, aboutissant à un faux témoignage devant le monde. Celui-ci nous observe souvent à notre insu ; il juge notre conduite en fonction de notre profession de foi. 
            Dans la maison d’Isaac, le « climat familial » a peu à peu changé. La présence des deux enfants, Jacob et Esaü, n’a pas aidé à la communion entre les parents. Jacob est le « favori » de sa mère, et Esaü celui de son père. Ce dernier est pourtant un « profane ». Il a méprisé son droit d’aînesse, que son frère Jacob a habilement acquis contre un simple plat de lentilles. Isaac n’ignore pas la pensée de Dieu, révélée avant la naissance de ses deux enfants (Gen. 25 : 23). Jacob, malgré son nom mérité de « supplanteur », doit être l’héritier des promesses.
            Pourtant dans cette famille où Dieu est connu, les convoitises, les fraudes, les mensonges vont très tristement fleurir. Isaac devient aveugle, et il l’est surtout, hélas, spirituellement. Il perd le discernement au point qu’un plat savoureux de gibier, « comme il aime » prend pour lui une grande importance. Il veut qu’Esaü, qui est chasseur, lui apporte sa « gourmandise » (Luc 21 : 34) ; il se propose de bénir son fils préféré, au mépris de la pensée de Dieu (Gen. 27 : 1-5).
            Rebecca a entendu Isaac parler à Esaü et pendant que ce dernier est parti à la recherche du gibier, elle entreprend de convaincre Jacob de tromper son père. « Mon fils, écoute ma voix dans ce que je te commanderai » (v. 8). Il n’y a pas de crainte de Dieu dans ses paroles, aucun désir de chercher la volonté du Seigneur et de s’attendre à Lui. Elle a gardé, malgré le bel élan de foi du début, son « vieux goût » familial. Elle se trompe d’abord elle-même - c’est souvent notre cas, si nous laissons libre cours à notre imagination. Elle échafaude tout un plan pour faire triompher à tout prix la cause de son favori. Jacob craint la malédiction de son père, s’il devine la supercherie (v. 12). Mais Rebecca balaie ses inquiétudes, en se déclarant prête à prendre éventuellement sur elle la malédiction (v. 13) ! Elle prépare soigneusement deux chevreaux et du vin ;  elle fait prendre à Jacob des vêtements appartenant à Esaü, et revêt ses mains et son cou de peaux des bêtes sacrifiées. Il doit paraître aussi velu que son frère, pour que son père puisse être trompé.
            Jacob se présente alors devant Isaac, qui s’enquiert aussitôt : « Qui es-tu, mon fils ? ». Jacob, qui a été à bonne école, répond : « Je suis Esaü, ton premier-né ; j’ai fait comme tu m’as dit : Lève-toi, je te prie, assieds-toi, et mange de mon gibier, afin que ton âme me bénisse » (v. 19). Premier mensonge ! Isaac demande alors : « Comment en as-tu trouvé si tôt, mon fils ? » (v. 20a). « Parce que l’Eternel, ton Dieu, me l’a fait rencontrer devant moi » (v. 20b). Nouveau mensonge ! Quelle audace chez ce menteur : il ose mêler le nom de Dieu à sa tromperie ! La conscience s’endurcit rapidement dans un chemin où le mensonge est devenu habituel. Prenons garde à ne pas le suivre !
            Isaac se méfie encore. Quelle ambiance dans cette maison, entre époux, et entre parents et enfants ! Quelle est l’atmosphère de la nôtre ? Peut-on y sentir la présence réelle du Seigneur ? Le patriarche veut maintenant « tâter » son fils. Il a reconnu la voix de Jacob. Aussi il demande encore, avec gravité : « Es-tu vraiment mon fils Esaü ? ». Et Jacob ment une fois encore, en déclarant : « Je le suis » (v. 24).
            Jacob obtient donc par ruse ce que Dieu lui aurait certainement donné. Dieu a permis qu’Isaac soit trompé par l’odeur des vêtements empruntés à Esaü (v. 27). Jacob va quitter la maison paternelle, poursuivi par la haine de son frère. Il ne reverra pas sa mère qui pourtant l’espérait (v. 45). Mais Dieu va poursuivre secrètement à son égard un long et patient travail de grâce.
 
                        Jacob
            A l’école divine, Jacob va connaître pour son profit et pour lui faire « du bien à la fin » (Deut. 8 : 16), beaucoup de peines (Héb. 12 : 11). Des soins providentiels l’amènent dans la maison de son oncle Laban. Il rencontre déjà, près du puits, sa cousine Rachel. Cette bergère abreuvait son bétail. Il l’aide, son cœur s’attache à elle : il l’aime. Il lui faudra une longue patience (14 ans) et beaucoup de labeur (Osée 12 : 13) avant d’épouser, enfin, sa bien-aimée. En attendant, il connaîtra toutes sortes de fatigues, de privations et d’injustices de la part de Laban, se montrant à son égard un maître dur et cruel. Alors - et peut-être quelques-uns d’entre nous se reconnaîtront-ils - il s’agite, spécule, rivalise d’astuce et de fourberie avec Laban. Il cherche de toutes ses forces à s’enrichir, en se servant dans ce but de son intelligence naturelle. Jacob avait trompé son père, se faisant passer pour Esaü. Dieu permet qu’il soit à son tour confronté à un beau-père qui n’hésite pas non plus à le tromper, en faisant passer au moment du mariage, sa fille aînée, Léa pour la plus jeune ! Tromper est une forme du mensonge. On en prend l’habitude et l’on ressent de moins en moins la gravité de ces fautes répétées.
            Au fil des ans toutefois, la famille de Jacob s’est agrandie, au milieu d’intrigues, souvent sordides. Ses nombreux fils - et parmi eux Joseph, fils aîné de Rachel - deviendront à leur tour des patriarches. Jacob a aussi eu plusieurs filles dont l’une est appelée Dina (Gen 30 : 21).
            L’Ange de Dieu ordonne à Jacob de partir, pour se rendre avec toute sa famille à Béthel. Alors, fidèle à son caractère rusé, Jacob trompe une fois encore Laban. Il sait parler à ses épouses ; elles adoptent sa cause en renchérissant (Gen 31 : 14-16). Quelle est notre influence sur notre famille et sur notre entourage ? Mesurons mieux notre responsabilité à ce sujet et demandons à Dieu de nous créer un cœur pur et de renouveler en nous un esprit droit (Ps. 51 : 10).
            Avant de partir, Rachel vole les théraphim de son père, Laban l’Araméen. Ce dernier les poursuit et les atteint en Galaad. Il feint une grande affection pour ses filles, tout en recherchant activement ses faux dieux (v. 34). Or Rachel a caché les théraphim dans le bât de son chameau et s’est assise dessus. On voit à quel point elle s’y était attachée ! Voyant Laban approcher, elle prend les devants et elle ment pour justifier de rester ainsi assise devant lui (v. 35). N’émaillons-nous pas nos vies de tels mensonges, pour nous « tirer d’affaire » ? Jacob ignorait la façon frauduleuse d’agir de sa femme, et il se met en colère contre Laban. A-t-il oublié ses propres fautes ? Nous les oublions facilement : leur souvenir doit nous inciter à plus d’humilité.
            Jacob envoie ensuite un cadeau somptueux à Esaü, car il tremble à la perspective de le rencontrer. A Peniel, il passe la nuit avec l’Ange. Son combat semble une sorte de «  résumé » de sa vie antérieure. Il obtient, mais en pleurant et en suppliant, la bénédiction sous le nom d’Israël, qui occupe une si grande place dans les conseils de Dieu ! Pourtant le « vieux » Jacob est toujours prêt à se montrer. Il rencontre Esaü et déclare faussement que son intention est de se rendre à Séhir. Puis dans le but de le convaincre de se séparer de lui, il affirme que les enfants sont « délicats » et qu’il ne doit pas presser un seul jour son gros et son menu bétail, sinon ils mourront (Gen 33 : 13) ! Cela ne nous fait-il pas penser à quelques-unes des mauvaises excuses que nous avons inventées au lieu de « ceindre nos reins de la vérité », avant de parler à notre prochain (Eph. 4 : 24 ; 6 : 14).
            En réalité Jacob se rend à Succoth (v. 17). Il y bâtit une maison et achète un champ (v. 19), reniant son caractère d’étranger. Puis il se rend à Sichem où il dresse un autel. Sa tente est près de la ville. Dina sort « pour voir les filles du pays » ; mais elle est déshonorée par le prince héritier. Une odieuse vengeance est alors conçue par deux des fils de Jacob, Siméon et Lévi. Agissant avec ruse, ils font croire aux habitants de la ville qu’ils sont disposés à devenir des alliés. Ils deviennent en réalité des meurtriers sans pitié. Il n’y a pas de vraie humiliation dans la maison de Jacob. Les frères participent sans état d’âme au pillage et à la destruction complète de la ville. Seul Jacob en sera affligé jusqu’à la fin de sa vie (Gen. 49 : 5-7).
            Ces mêmes fils de Jacob vont faire souffrir leur père de longues années par un mensonge mûrement réfléchi. Le patriarche aimait beaucoup Joseph - un beau type de Christ- plus que tous ses autres fils. Les frères de Joseph en sont jaloux et haïssent leur frère. Quand Joseph, envoyé par son père, vient s’enquérir au sujet de leur bien-être, ils saisissent l’occasion et décident de le tuer. Il est jeté dans une fosse sans eau, tandis que ses frères, occupés à se restaurer, restent insensibles à sa détresse. Finalement, ils le vendent pour un prix dérisoire à des marchands en route pour l’Egypte.
            Ils se mettent alors d’accord pour une odieuse mise en scène. Ils envoient à Jacob la belle tunique bigarrée qu’il avait donnée à Joseph, plongée au préalable dans le sang d’un bouc. Avec une inconcevable dureté, ils lui font dire : « Nous avons trouvé ceci ; reconnais si c’est la tunique de ton fils, ou non » (Gen. 37 : 32). Jacob reconnaît bien sûr la tunique du fils de sa bien-aimée Rachel. Il déchire ses vêtements et mène deuil. Ses autres fils osent venir, hypocritement, le consoler ! Pendant 21 ans, Jacob restera courbé sous ce nouveau deuil. Il faudra tout ce temps à ses fils, après de grandes épreuves en Egypte où Joseph règne, pour enfin se repentir.
 
 
D’autres tristes exemples
 
                        David
            Au début de sa vie errante, pourchassé par Saül, David se rend à Nob, auprès d’Akhimélec, le sacrificateur. Celui-ci tremble en le rencontrant et lui dit : « Pourquoi es-tu seul et n’y a-t-il personne avec toi ? » (1 Sam 21 : 1). Alors David, pour le tranquilliser et obtenir de lui du pain, ment. Il déclare faussement que le roi Saül lui a confié une mission secrète et lui a dit : « Que personne ne sache rien de l’affaire pour laquelle je t’envoie, ni de ce que je t’ai commandé » (v. 2). Lui-même a désigné un certain lieu à ses jeunes hommes pour l’y attendre. Le sacrificateur est rasséréné : tout semble si plausible, si sûr venant de David, d’un héros national qui est le gendre du roi. Il lui donne du pain sacré, faute de mieux, et même l’épée de Goliath demandée par David.
            C’était, dira-t-on facilement dans notre entourage, un « petit » mensonge nécessaire, sans conséquence, anodin. L’Ennemi ne manque jamais de nous suggérer de tels mensonges et de les minimiser. Mais aux yeux de Dieu, il n’y a pas de petits et de grands péchés, ils sont tous incompatibles avec Sa sainteté. Ce sont les fruits de notre vieille nature, le reflet d’une fausseté intérieure que Dieu qui ne peut mentir a en horreur (Tite 1 : 2 ; Nom. 23 : 19).
            Les suites seront tragiques. Doëg l’Edomite, le chef des bergers de Saül, était présent. Il s’empresse de raconter au roi Saül ce qui s’est passé à Nob. Il affirme même que le sacrificateur a interrogé l’Eternel pour David ! Saül fait alors tuer, par cet Edomite, tous les sacrificateurs. Un seul s’échappe : Abiathar. Il se rend auprès de David et lui annonce le désastre. Le fils d’Isaï lui déclare : « Je le savais, ce jour-là, lorsque Doëg, l’Edomite, était là, qu’il ne manquerait pas de le rapporter à Saül ; moi je suis cause de la mort de tous ceux de la maison de ton père » (1 Sam. 22 : 22).
            L’attitude de David dans cette affaire est bonne. Il ne s’appesantit pas sur la laideur du forfait de Saül - ce que nous aurions très probablement fait ; il ne cherche pas à produire des excuses faciles, en arguant qu’il était fugitif et sans asile. Il insiste, au contraire, sur les conséquences tragiques de son propre mensonge. Il sait reconnaître ses fautes, comme après son dénombrement intempestif : « Voici, moi j’ai péché, et moi j’ai commis l’iniquité ; mais ces brebis, qu’ont-elles fait ? Que ta main, je te prie, soit sur moi et sur la maison de mon père » (2 Sam. 24 : 17 : Ps. 51 : 4). 
 
                        Acan - le vieux prophète - Guéhazi
            Dieu déclare tout le peuple collectivement coupable après le péché d’Acan : « Ils ont menti », dit-Il (Jos. 7 : 11). N’en est-il pas de même d’un péché grave commis au sein d’une Assemblée puisque « nous sommes membres les uns des autres » ?
            Il y a aussi le cas si solennel de ce « vieux » prophète qui habitait Béthel. Il court après un autre prophète plus jeune, venu crier avec courage contre l’autel de Jéroboam, et parvient à le convaincre de revenir manger chez lui. Il lui affirme que Dieu « a changé de pensée » (Gal. 1 : 8-9) et que les ordres reçus précédemment ne sont plus valables. Or, « il lui mentait » (1 Rois 13 : 18). En réalité Dieu n’avait rien à dire « de plus » au prophète qu’Il avait envoyé à Béthel. Celui-ci écoute le vieux prophète qui doit ensuite lui annoncer que, du fait de sa rébellion, il va mourir. En effet, un lion le tue sur le chemin (v. 24).
            Pensons aussi à Guéhazi, le serviteur infidèle d’Elisée. Son amour de l’argent le conduit à accumuler les mensonges en parlant à Naaman d’abord, et à Elisée ensuite. La lèpre de Naaman s’attache à lui (2 Rois 5 : 20-27). L’amour de l’argent est la « racine de toutes sortes de maux », dont le mensonge fait partie (1 Tim. 6 : 9-10).
 
                        Ananias et Sapphira
            Il nous faut encore considérer un cas particulièrement grave, celui d’Ananias et Sapphira (Act. 5). Il a lieu au commencement de l’histoire de l’Assemblée au milieu de laquelle l’Esprit de Dieu habite ; mais la chair, source du péché, est encore présente dans chacun des croyants. Le cœur naturel de l’homme est incorrigible. Ananias et Sapphira cherchaient à se donner une apparence de piété, en imitant ce que Barnabas et d’autres avaient fait. Mais le sacrifice dépassait de beaucoup leur état spirituel : ils ont été entraînés au mensonge.
            C’était un péché grave que de prétendre avoir remis aux apôtres la totalité de la somme retirée de leur vente, alors qu’il ne s’agissait que d’une partie ! On retrouve ici les tendances, hélas, fréquentes dans nos cœurs : le désir, comme chez les pharisiens, de se donner une bonne apparence aux yeux de ceux qui nous observent, et, d’autre part, l’amour de l’argent qui conduit à l’avarice et à la corruption.
            Dieu a donné à l’apôtre Pierre tout le discernement nécessaire. Il demande : « Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur, que tu aies menti à l’Esprit Saint... Comment t’es-tu proposé cette action dans ton cœur ? Tu n’as pas menti aux hommes mais à Dieu » (Act. 5 : 3-4). En entendant ces paroles, Ananias expire. Une grande crainte tombe alors sur tous ceux qui l’apprennent. Peu après, sa femme mentira aussi en réponse aux questions précises de l’apôtre et expirera, elle aussi (v. 10). Il est parlé à nouveau de cette « grande crainte ». Cette discipline touche le corps d’un croyant ; ce n’est pas le châtiment de l’âme. Le sort éternel n’est pas en question. Mais c’est un avertissement très sérieux à tous les rachetés (1 Cor. 11 : 27 ; 1 Jean 5 : 16, 18). N’oublions jamais la présence du Seigneur au milieu de nous et ses conséquences. Le jugement de Dieu commence par sa propre maison.
 
 
Dieu hait le mensonge et Il aime la droiture
 
            Le mensonge est haïssable pour le Dieu de vérité. « Les lèvres menteuses sont en abomination à l’Eternel » (Prov. 12 : 22). Souvent des incrédules « prennent plaisir au mensonge », ils s’en servent pour précipiter si possible un croyant de son élévation (Ps. 62 : 4) ; le même Psaume déclare que les fils des grands ne sont que mensonge, tandis que ceux du commun ne sont que vanité : « placés dans la balance, ils montent ensemble plus légers que la vanité » (v. 9).
            Elihu, parlant à Job, affirme : « Mes paroles seront selon la droiture de mon cœur et ce que je sais mes lèvres le diront avec pureté » (Job 33 : 3). Au Psaume 37, David déclare : « L’Eternel aime la droiture, et il n’abandonnera pas ses saints… La bouche du juste professe la sagesse, et sa langue parle la droiture ; la loi de son Dieu est dans son cœur, ses pas ne chancelleront pas » (v. 28, 30, 31).
            Paul dit aux Colossiens, et à chacun de nous, croyants : « Ne mentez pas l’un à l’autre, ayant dépouillé le vieil homme avec ses actions et revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en vue de la connaissance, selon l’image de celui qui l’a créé » (Col. 3 : 9-10). A notre conversion, nous avons « dépouillé » le vieil homme - il a été crucifié à la croix de Christ - et nous avons « revêtu » le nouvel homme, Christ lui-même : ce changement de « vêtement » doit avoir des conséquences pratiques dans notre vie ! Il est grave, et même inconcevable, qu’un enfant de Dieu puisse, dans le temps actuel, prendre l’habitude de mentir et de tromper, sans mesurer l’offense faite à Dieu par une telle pratique. Le Saint Esprit, personne divine qui habite en nous, est « attristé » (Eph. 4 : 30). Il ne peut pas, jusqu’à ce que nous nous soyons vraiment repentis, glorifier Christ, en prenant de ce qui est à Lui pour nous l’annoncer, ce qui est son activité de prédilection (Jean 16 : 14).
            Ecoutons encore cette injonction de l’Ecriture : « Ayant renoncé au mensonge, parlez la vérité chacun à son prochain ; car nous sommes membres les uns des autres » (Eph. 4 : 25). N’oublions pas le motif donné par l’apôtre à la fin de ce verset : il découle de l’unité du corps de Christ !  
            Demandons au Seigneur qu’Il nous garde dans notre attitude et dans nos paroles,  afin que nous manifestions toujours l’amour « qui se réjouit avec la vérité » (1 Cor. 13 : 6). « Que, gardant la vérité dans l’amour, nous croissions en tout jusqu’à lui (Christ) qui est le chef » (Eph. 4 : 15).
                                                                              
                                                                                         Ph. L                Le 10. 02. 11
 
                                   Jour après jour, Seigneur,
                                   Enseigne-moi ;
                                   Garde mon faible cœur
                                   Bien près de toi.
                                   Que dans un chemin droit
                                   Je marche par la foi,
                                   Les yeux fixés sur toi,
                                   Mon Rédempteur.