BREVES NOTES SUR L’EVANGILE DE MATTHIEU (10)
CHAPITRE 10 :
1- Choix et envoi des douze disciples : v. 1-15
2- Persécution des témoins de Jésus Christ : v. 16-31
3- Jésus Christ, pierre de touche : v. 32-42
1. 1 Appel des disciples (v. 1-4)
Le Seigneur Jésus est venu comme le Berger d'Israël (Gen. 49 : 25). Il a voulu s'occuper de ses brebis et en prendre soin (Ezé. 34 : 11, 15, 23). A la fin du chapitre 9, Il s’est présenté aussi comme le Maître de la moisson, invitant justement ses disciples à prier le Seigneur de la moisson pour qu'il pousse des ouvriers dans sa moisson. Maintenant, Il les appelle, avec l'autorité qui est la sienne pour les nommer, les qualifier et les envoyer : « Ayant appelé à lui ses douze disciples, il leur donna autorité... » (v. 1).
Nous savons par Luc 6 : 12-13 que le Seigneur Jésus avait passé toute la nuit à prier Dieu avant de choisir ses disciples. Il donne aux douze une capacité particulière, celle d'avoir « autorité sur les esprits impurs pour les chasser, et pour guérir toute maladie et toute infirmité ». Cette mission spéciale directement confiée par le Seigneur concerne les apôtres, particulièrement les douze. Le mot « apôtre » signifie : envoyé (voir 1 Cor. 12 : 28 ; Eph. 4 : 11). Au sens premier du terme, les apôtres sont donc ceux que le Seigneur a lui-même envoyés, c'est-à-dire les douze dont nous avons ici la liste, à laquelle il faudra ajouter, après la mort de Judas, Matthias adjoint aux onze (Act. 1 : 26), et Paul spécialement appelé par le Seigneur pour aller vers les nations. Nous trouvons également des apôtres - au sens mineur du terme pourrait-on dire - c'est-à-dire des hommes qui ont reçu une mission particulière à accomplir de la part du Seigneur ; ce sont, par exemple « Andronique et Junias... qui sont distingués parmi les apôtres » (Rom. 16 : 7), Barnabas, compagnon fidèle de Paul lors de son premier voyage (Act. 14 : 14) ou des « envoyés de l'assemblée » (2 Cor. 8 : 23).
Nous pouvons remarquer que le chiffre douze représente toujours dans la Parole une perfection dans l'administration. Les douze apôtres sont ainsi établis en rapport avec l'administration du peuple d'Israël :
- «… douze fondements, et sur eux les douze noms des douze apôtres de l'Agneau » (Apocalypse 21 : 14).
- les douze apôtres assis sur douze trônes pour juger les douze tribus d'Israël.
C'est pour cette raison aussi qu'il fallait qu'un douzième soit adjoint aux onze après la mort de Judas.
« Voici les noms des douze apôtres... » (v. 2-3). Cette liste présente des gens du commun ; ce ne sont pas des grands ou des puissants, mais pour la plupart des pauvres, des illettrés même ! Nous les trouvons ici, dans l'évangile de Matthieu, groupés deux par deux. Mais ils sont là pour « être avec lui » (Marc 3 : 13).
Nous trouvons trois autres fois cette liste des douze apôtres : Marc 3 : 13-19, Luc 6 : 13-16 ; Actes 1 : 13, 26. On remarque que Pierre est toujours cité le premier, et Judas le dernier, sauf en Actes 1 bien sûr ! Le cas de Judas est très solennel ! Le Seigneur connaissait d’avance toutes choses, mais Il l'a quand même choisi pour faire partie des douze. Il fallait que les Ecritures fussent accomplies, le Seigneur Jésus était venu pour cela ! Judas a donc été associé aux autres apôtres et, comme eux, il a certainement accompli des miracles, chassé des démons... mais son cœur n'a pas été touché par la grâce du Seigneur Jésus. Au fond de lui-même il avait une idole, cet amour de l'argent qui est une « racine de toutes sortes de maux » (1 Tim. 6 : 10). Ce n'était pourtant pas pour Judas une situation irréversible au départ. Luc 6 : 16 précise : « Judas Iscariote, qui aussi devint ». Mais il n'a pas jugé cette mauvaise racine et l'idole a rempli son cœur. Le Seigneur a cherché à maintes reprises, et jusqu'au dernier moment, à toucher son cœur et sa conscience (voir Matt. 26 : 50 ; Luc 22 : 48). Mais Judas a rejeté la grâce de Jésus et finalement, c’est Satan qui est entré en lui (Jean 13 : 18, 27) ! Quelle situation terrible que celle d'un homme si privilégié mais qui a laissé Satan prendre possession de son âme ! Que ce soit pour nous un avertissement solennel : ne laissons pas une idole envahir notre cœur. Mais que nous sachions, avec le secours et la grâce du Seigneur, juger à la racine et sans attendre, tout mal qui apparaît en nous.
1. 2 Mission des apôtres (v. 5-15)
Après avoir choisi ses disciples, le Seigneur Jésus les envoie et leur donne des ordres. Il est important de savoir que c'est le Seigneur qui nous choisit pour un service, et Lui aussi qui nous envoie en usant de son autorité. Il nous montre comment ce service doit être accompli. Même l’annonce de l'évangile ou la prédication du royaume des cieux doit s’exercer selon les instructions du Maître de la moisson.
Les ordres qui sont donnés sont d'abord négatifs : « N’allez pas sur le chemin des nations, et n'entrez pas dans une ville de Samaritains » (v. 5). C'est le temps du royaume des cieux et le Messie est encore au milieu de son peuple, même s'Il n'est pas reconnu comme tel par Israël. Le Seigneur s'occupe de son peuple. « Allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël » (v. 6). Il se présentera lui-même comme tel devant la femme cananéenne alors qu’Il s’était retiré hors du pays d’Israël, dans les quartiers de Tyr et de Sidon (15 : 24). Pour le moment, c'est le peuple choisi de Dieu qui est l'objet de la prédication. Lorsque le Seigneur sera ressuscité et qu'Il enverra à nouveau ses disciples, Il leur dira : « Il est ainsi écrit... que la repentance et le pardon des péchés soient prêchés en son nom à toutes les nations, en commençant par Jérusalem » (Luc 24 : 47).
Le message des disciples doit être : « Le royaume des cieux s'est approché » (v. 7). Les miracles vont accompagner ce message, mais il ne s’agit pas de renouveler le message de Jean-Baptiste. Quand Jésus sera ressuscité, Il leur dira d'annoncer la repentance et le pardon des péchés ; Pierre le fera en Actes 2 : 38. C'est l'évangile de la grâce, l'évangile de Jésus Christ prêché après sa résurrection par la puissance de l'Esprit Saint.
Les miracles qui sont décrits ici sont aussi appelés les « miracles du siècle à venir » (Héb. 6 : 5). Les apôtres n'ont d'autre ressource que de s'attendre au Maître. Ils n'ont donc rien à emporter comme provisions. « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (v. 8). Le Seigneur allait pourvoir à leurs besoins. Cependant pour s'engager dans un tel service, il faut de la foi. On ne peut pas compter sur ses propres forces, sur sa propre énergie. Le Seigneur dit : « L'ouvrier est digne de sa nourriture » (v. 10).
Un jour viendra où le Seigneur donnera d'autres directives (Luc 22 : 36). Pour le moment, Il va s'occuper de ses disciples et à la fin de son ministère leur demandera : « Quand je vous ai envoyés sans bourse, sans sac et sans sandales, avez-vous manqué de quelque chose ? ». Et eux répondront avec reconnaissance : « De rien ! » (Luc 22 : 35). De même, le peuple d'Israël pendant la traversée du désert a été l'objet des soins particuliers de Dieu. « Ton vêtement ne s'est point usé sur toi et ton pied ne s'est point enflé, pendant ces quarante ans » (Deut. 8 : 4). « Ils ne manquèrent de rien », précise Néhémie (9 : 21).
Les apôtres devaient s'informer, lorsqu'ils entraient dans une ville ou un village, pour savoir qui était digne de leur visite. Apparemment, personne ! Mais le début de l’évangile de Luc nous parle de fidèles que Dieu s’était réservés ici ou là, tels Anne et Siméon qui a pu prendre dans ses bras l'enfant Jésus en disant : « Maintenant, Seigneur, tu laisses aller ton esclave en paix, selon ta parole » (Luc 2 : 29). De même, Anne parlait de Lui à tous ceux qui attendaient la délivrance. Sa vie de prière et de jeûne la qualifiaient pour recevoir le message de la paix.
Mais si le messager n'est pas reçu, alors il n'y a pas de paix pour cette maison. « Il n'y a pas de paix pour les méchants » (Es. 57 : 21). La poussière attachée aux pieds du serviteur est comme de la souillure que le messager secoue contre ceux qui refusent l'évangile ; c’est ce qu’ont fait, par exemple, Paul et Barnabas chassés d'Antioche de Pisidie (Act. 13 : 51).
« Qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3 : 36).
A partir du verset 16, nous trouvons les principes généraux qui concernent la position des disciples comme témoins au sein d'Israël. Dans tout ce chapitre, c'est Israël qui est en vue. Le Seigneur veut aller jusqu'au bout du propos de Dieu pour Israël. Dans sa détermination à leur annoncer la bénédiction, Il met ainsi à l'épreuve son peuple, malgré le rejet dont Il est l'objet.
Le témoignage confié ici aux disciples se rattache au témoignage qui sera rendu au moment de l'introduction du règne. Le temps de l'Eglise est donc ici passé sous silence. Toutefois cette position, ce caractère des témoins au milieu d'Israël, nous intéresse au premier chef du point de vue moral. Aujourd’hui, le Seigneur Jésus est en effet rejeté par ce monde comme Il l'était alors par son peuple. Et nous y sommes placés comme des étrangers, ainsi que l'étaient autrefois les disciples. En tant que chrétiens, nous sommes séparés moralement du monde qui « gît dans le méchant » (1 Jean 5 : 19), mais nous y sommes laissés pour être des témoins de la grâce et de la vérité de Dieu.
2. 1 « Des brebis au milieu des loups » (v. 16-23)
Il peut paraître étonnant que le Seigneur envoie les siens comme des « brebis au milieu des loups » (v. 16a). Un berger n’agirait pas ainsi ! Mais le Seigneur les envoie de cette manière car Il prend soin de ses brebis et Il a son œil sur chacune d'elles. Elles sont en position d'infériorité, de faiblesse, et même comme des proies. Mais elles sont protégées par le Seigneur et la puissance de l'Esprit est avec elles. « Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde » (Jean 17 : 18), dit le Seigneur à son Père au sujet des siens. Les « loups redoutables qui n'épargneront pas le troupeau » (Act. 20 : 29) désignent ceux qui viennent uniquement pour nuire ; le danger qu’ils représentent impose donc cette prudence et cette simplicité dont il est question au verset 16 ; une simplicité semblable à celle du Seigneur (voir Jér. 11 : 19) qui savait se confier pleinement en Dieu en s'adonnant à la prière (Ps. 109 : 4).
Ce n'est pas la ruse ou la perfidie du serpent qui est retenue ici (v. 16b), mais sa prudence. Ce sera le caractère de quelqu'un qui a conscience de se trouver dans un milieu hostile. Il ne prend pas de risque qui pourrait nuire au témoignage. D'un autre côté, être « simples comme les colombes », c'est être animé de la pensée de Dieu et aller jusqu'au bout, quelles qu’en soient les conséquences. La colombe parle de pureté, d'absence de mélange avec le milieu hostile et mauvais dans lequel on est placé. « Je désire que vous soyez sages quant au bien et sans compromis avec le mal », dit Paul aux Romains (16 : 19). Le témoignage ne peut être rendu que s'il y a un comportement en rapport avec le message présenté, c'est-à-dire une attitude de pureté, de séparation du mal ! C'est là aussi un des caractères de la simplicité que nous sommes appelés à manifester.
Au verset 20, il est question de l'Esprit qui sera donné aux disciples pour les aider à annoncer l'évangile. Le Seigneur en parlera aussi dans les chapitres 14, 15, 16 de Jean. Toutefois les disciples seront les objets de la persécution ainsi que le montre le début du livre des Actes. Le peuple terrestre de Dieu n'a pas voulu écouter la bonne nouvelle de l’amour de Dieu qui lui était adressée, il a même fait mourir les envoyés du Maître de la moisson ! Dieu ouvre alors la porte de la grâce pour que les nations puissent recevoir le message refusé par Israël.
« Soyez en garde contre les hommes... » (v. 17). En fait, une grande méfiance envers eux est requise. Ils ne peuvent rien nous apporter et nous ne pouvons pas collaborer avec eux dans le cadre du témoignage que nous avons à porter à la gloire de Dieu. Ce n'est que dans une position de séparation qu'il est possible de témoigner, mais jamais en marchant avec les hommes dans leur chemin ou en se rendant conformes à eux !
« A cause de moi... » (v. 18). C'est bien le nom de Christ que nous sommes appelés à porter dans le monde. Il est vrai que tant que l'on parle de religion, on est accepté, mais on ne supporte pas que l’on parle de Jésus comme les principaux des Juifs dont il est dit au début des Actes qu’ils défendirent aux apôtres, après les avoir battus, de parler au nom de Jésus (5 : 40-42). Nous sommes en danger d'avoir peur de l'homme. Le Psalmiste disait : « Détourne de moi l'opprobre que je crains » (Ps. 119 : 39). Nous craignons ainsi souvent l'opprobre de Christ. Mais si notre attente est en Dieu, Il nous donnera la force de le supporter. Il faut dans ce but s’attacher de cœur au Seigneur et avoir une foi réelle. Sinon, nous serons incapables de souffrir pour le nom de Christ. Malgré les persécutions dont il était l'objet, l’apôtre Paul était rempli d'amour pour ses persécuteurs. Il cherchait à leur faire connaître l'amour de Dieu (2 Cor. 6 : 3-10).
Les disciples de Jésus ont à endurer des souffrances de la part des pouvoirs civils, religieux, politiques - et même de la part de leurs familles ! Toutefois ces difficultés, ces douleurs, sont une occasion de rendre témoignage comme l'exprime le verset 18. Quand la difficulté se présente, c'est l’occasion de mettre toute sa confiance dans le Seigneur. Lui connaît le chemin qui est à faire, les combats qui sont à livrer et Il veut nous aider.
« Ne vous inquiétez pas de savoir comment parler ou que dire... » (v.19). Le Seigneur nous fait réaliser que nous sommes des enfants du Père au même titre que Lui qui est le Fils de Dieu et que l'Esprit du Père parle en nous. Le Seigneur a été revêtu de l'Esprit de puissance pour parcourir son chemin et Il nous assure de la même ressource. Rien n'est caché dans ce que le Seigneur dit à ses disciples. Il ne leur dit pas : « Allez, tout ira bien, le chemin sera facile ». Non ! Il leur dit : « Je vous envoie ». C'est un ordre et il faut obéir ! Mais en même temps, Il indique aux siens qu'il y aura des difficultés, des souffrances. Paul dira de la même manière à Timothée : « Prends ta part des souffrances comme un bon soldat de Jésus Christ » (2 Tim. 2 : 3). Mais peu importe la souffrance, il suffit d'obéir au Seigneur en toute simplicité sans chercher de grandes choses, mais pour Le servir comme Il le désire. On peut alors jouir de son approbation, et de sa bénédiction. Et le Saint Esprit peut agir avec toute sa puissance pour donner la parole à propos au moment voulu. La consolation que le Seigneur donne au milieu de la lutte est aussi goûtée.
Ceux qui appartiennent au Seigneur Jésus sont les objets de la même animosité, de la même opposition que celles que le Seigneur lui-même a rencontrées. Les liens naturels sont même remis en cause d'une manière très violente (v. 21, 35, 36). Plus la relation est intime, plus la haine peut être acharnée. On ne veut pas reconnaître que lorsque Christ entre dans un cœur, Il donne un objet, et un sens à la vie. Et c'est cette foi en la personne de Jésus qui déclenche parfois la haine. On supportera beaucoup plus facilement des différences d'opinion ou de point de vue ! En fait, le disciple de Christ appartient à une autre sphère, à Celui qui a dit : Je suis la lumière tandis que les autres sont restés dans la nuit et ont pour maître le prince des ténèbres.
Il ne faut pas attendre non plus davantage de support de la part de ceux qui portent une « étiquette religieuse ». Eux aussi peuvent manifester une haine semblable.
Le Seigneur Jésus ajoute d'ailleurs au verset 22 : « Vous serez haïs de tous à cause de mon nom ». Il vaut la peine de souffrir pour le nom de Christ. Quelqu'un disait : Le Seigneur n'a pas tellement besoin de personnes qui évangélisent mais plutôt de ceux qui sont prêts à souffrir pour son nom ! Puissions-nous faire partie de ceux qui sont prêts à endurer la souffrance et persévèrent jusqu'à la fin ! « Tous ceux qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus seront persécutés » (2 Tim. 3 : 12).
Ce n'est pas, bien sûr, que l'on doive « rechercher » la persécution. D'ailleurs elle n'est pas la preuve que l'on est dans le bon chemin. Toutefois, le Seigneur donne des encouragements à celui qui accepte de souffrir à cause de son nom (Act. 5 : 41).
« Quand on vous persécutera dans une ville, fuyez dans une autre... » (v. 23). Cela ne veut pas dire qu'il faut fuir la difficulté ! Mais lorsque le message de l'évangile n'est pas reçu, il est inutile d'insister, d’avoir de vaines discussions ou de braver l'opposition ; il faut aller plus loin. C'est ce que nous voyons, par exemple, à maintes reprises dans la vie de l'apôtre Paul. Persécuté en un lieu, il s'en va porter le message de l'évangile dans un autre.
Ensuite l'encouragement est donné. Le fils de l'homme vient. Pour ces témoins fidèles du « temps de la fin » auquel ce passage fait allusion, la venue du Messie surviendra alors qu'ils seront encore en plein travail. Quelle joie et quelle bénédiction seront les leur !
Nous trouvons cette mention de la venue du fils de l'homme en Matthieu 24 : 27 qui sera comme l’éclair qui sort de l’orient et brille jusqu’à l’occident. Apocalypse 1 : 7 précise que « tout œil le verra, et ceux mêmes qui l'ont percé ».
Pour nous aujourd'hui, nous attendons d'être enlevés à la rencontre du Seigneur sur la nue. C'est là notre espérance. Que nous soyons fidèles jusqu'à la fin ! Il y a des promesses pour ceux qui persévèrent. Ce salut final est appelé aussi « l’achèvement du siècle » (Matt. 24 : 3). La venue du fils de l'homme marque la fin de ce temps d'épreuve à l’aube du règne de mille ans. Ces jours terribles sont comptés, ils auront une fin, ils seront abrégés à cause des élus du résidu d’Israël (Matt. 24 : 22).
2. 2 Les témoins fidèles (v. 24-27)
« Le disciple n'est pas au-dessus du maître... Il suffit au disciple d’être comme son maître… » (v. 24-25). Quelle référence ! Etre disciple d'abord, pour ensuite, étant formé par le Maître, prendre cette place d'esclave, celle de quelqu'un qui ne s'appartient plus à lui-même. C’est là qu’on rencontre aussi toutes les insultes qui ont été la part du Seigneur dans son chemin sur la terre. Les outrages, et les blasphèmes qui Lui ont été adressés seront aussi infligés aux disciples du Maître ! « L'esclave n'est pas plus grand que son seigneur... » (Jean 13 : 16). Le Seigneur Jésus reste toujours le modèle auprès duquel nous avons à vivre et dont nous avons tout à apprendre.
Dans le chemin d'opprobre qui s'ouvre devant les fidèles, le Seigneur vient encore les encourager : « Ne les craignez donc pas ; car il n'y a rien de caché qui ne sera révélé, ni rien de secret qui ne sera connu » (v. 26). Ce que nous apprenons à connaître du Seigneur dans le secret avec Lui fait de nous des témoins. Et nous devons vivre ouvertement ce que nous avons appris comme le Seigneur qui dit déjà par la bouche du prophète : « Il me réveille chaque matin... pour que j'écoute comme ceux qu'on enseigne » (Es. 50 : 4). Tel est le Seigneur qui adoptait ainsi, chaque matin, l’attitude du serviteur parfait. De même, il nous faut apprendre chaque jour dans le secret avec le Seigneur pour pouvoir ensuite porter ses caractères.
« Il suffit… à l'esclave d’être comme son seigneur ». C'est sans doute une similitude extérieure mais aussi intérieure ! Apprenons ainsi à ressembler de plus près à notre Seigneur et Maître.
Les péchés des uns comme les bonnes œuvres des autres seront un jour manifestés (1 Tim. 5 : 24-25). Dieu révélera tout : le mal que les méchants et les persécuteurs auront fait, mais aussi ce que les fidèles auront enduré de souffrances et d'opprobre pour le nom de Christ (2 Tim. 2 : 12). Que notre marche soit telle que nous ne soyons pas couverts de honte à la venue du Seigneur Jésus (1 Jean 2 : 28).
« Et ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent pas tuer l'âme... » (v. 28). Les hommes, l'Ennemi, ne peuvent toucher que l'être extérieur. Nous ne devons pas le craindre. Dieu a le pouvoir de juger et de condamner le corps et l'âme ! C'est Dieu qu'il faut craindre. Ce sont des avertissements sérieux qui sont donnés là ! Le corps peut être mis à mort, mais on ne peut pas tuer l'âme. Remarquons la précision de la Parole à ce sujet. Après la mort physique d’un l'homme, son âme demeure ; même s'il est question de destruction de l'âme et du corps dans la géhenne, ce n'est ni un anéantissement, ni une disparition !
Les versets 29 et 30 montrent la sollicitude, l'attention dont nous sommes les objets de la part de Dieu. Rien n'arrive au racheté du Seigneur sans que Dieu lui-même n'en tienne compte. Et même si les circonstances semblent contraires, Il nous dit encore une fois : « Ne craignez donc pas ; vous valez mieux que beaucoup de moineaux » (v. 31). Nous avons du prix pour Dieu. Nous avons été « achetés à prix » (1 Cor. 6 : 20).
3. 1 Confesser le nom du Seigneur (v. 32-33)
« Ainsi, quiconque me reconnaîtra devant les hommes, moi aussi je le reconnaîtrai devant mon Père qui est dans les cieux ; mais quiconque m’aura renié devant les hommes, moi aussi je le renierai devant mon Père…» (v. 32). La conduite à tenir pour tous les témoins de la foi est en rapport avec la personne du Seigneur et la confession de son nom. Paul dit à Timothée : « Tu as fait la belle confession devant beaucoup de témoins... . Le Christ Jésus… a témoigné par une belle confession devant Ponce Pilate » (1 Tim. 6 : 12-13). Ce que le Seigneur nous demande de faire, c'est de témoigner qu'Il est Souverain, qu'Il est le Maître. S'Il n'est pas obéi aujourd'hui, Il le sera de toutes façons un jour, lorsque tout genou se ploiera devant lui et que toute langue confessera qu'il est Seigneur (Phil. 2 : 11).
Ceux qui l'auront confessé peuvent alors s’appuyer sur cette promesse que Lui-même répondra pour eux devant Dieu. Mais ceux qui ne l'auront pas fait, ceux qui portent seulement le nom de chrétien, qui sont des lâches et des incrédules, le Seigneur les reniera !
Nous lisons en Romains 10 : 9 : « Si, de ta bouche, tu confesses Jésus comme Seigneur… tu seras sauvé ». Mais ici il s'agit plutôt de confession publique, comme le Seigneur l'a fait devant Pilate (Matt. 27 : 11). C'est ce qu'Il attend aussi de nous maintenant. Toutefois, nous ne pouvons nullement nous appuyer sur nos propres forces. Pierre en a fait la triste expérience ! Il nous faut demander le secours de Dieu pour pouvoir témoigner et confesser le beau nom de Jésus. Cela occasionnera peut-être des souffrances, mais il en vaut la peine car nous aurons l'approbation de notre Seigneur.
« Quiconque m’aura renié..., moi aussi je le renierai devant mon Père… » (v. 33). Bien sûr, il ne peut pas s'agir là de ceux que le Seigneur Jésus a rachetés au prix de son sang. Ce sont ceux qui refusent de le confesser.
3. 2 L’amour pour le Seigneur au-dessus des affections naturelles (v. 34-37)
Quelle conclusion de tout le début de son ministère le Seigneur donne au verset 34 ! S'Il avait été reçu, Il aurait été au milieu d’eux le Prince de paix. Mais étant rejeté, tous ceux qui s'attachent à Lui se trouvent placés dans la même position de rejet. Le conflit vient de ceux qui ne reçoivent pas Christ. La paix n'est pas aujourd'hui sur la terre, parce que Celui qui justement venait l'apporter a été rejeté !
Ce conflit que Jésus annonce se déclenche effectivement dès qu'une âme vient au Seigneur et le confesse comme son Sauveur. Ceux qui sont encore dans les ténèbres ne peuvent pas supporter le témoignage de la lumière rendu au milieu d'eux. Même les liens de famille les plus étroits peuvent alors se briser. Ainsi l'apôtre Paul écrit : « Désormais, nous ne connaissons personne selon la chair... » (2 Cor. 5 : 16).
Si nous appartenons à Christ, Il a droit à la première place dans notre cœur ! Voilà qui nous interpelle pour que nous ne fassions pas passer les relations naturelles avant le Seigneur. Nous sommes laissés sur la terre pour être des témoins, et non pour chercher des « compromis » !
« Celui qui aime père ou mère plus que moi n'est pas digne de moi » (v. 37). Il ne faut pas renier la vérité pour éviter la guerre ! Sacrifier la vérité de Dieu n'est pas possible ! Nous devons être formés par la Parole de Dieu et laisser Christ habiter en nous richement afin que notre marche reste conséquente ! Ce n'est pas une forme, une religion, mais c'est l'expression d'une vie, celle de Christ lui-même. Est-ce que pour autant on n’aime plus son père ou sa mère ? Si, bien sûr ! Mais on les aimera comme Christ nous dit de le faire, et nous le montre (Jean 19 : 26-27). Et on les aimera davantage parce qu'on leur apportera un témoignage par notre vie ; notre conduite les dérangera peut-être, mais ce sera, espérons-le, un dérangement salutaire.
Si nous n'aimons pas ainsi, c'est-à-dire en donnant la priorité à Christ, nous ne sommes pas dignes de Lui. De même, Jésus dit : « Celui qui ne prend pas sa croix et ne vient pas après moi, n'est pas digne de moi » (v. 38). Celui qui prend sa croix, c'est quelqu'un qui réalise pratiquement qu’il est mort avec Christ et qui, par conséquent, en a fini avec la manifestation de sa propre volonté dans son chemin ici-bas. Tout est terminé pour lui ! C'est un sentier qui paraît difficile, impossible même, mais c’est le seul que le Seigneur nous propose.
Le secret de ces versets est contenu dans ces expressions : « plus que moi » (v. 37) et « à cause de moi » (v. 39). Christ doit passer avant tout : les relations naturelles (v. 35-37) et soi-même – le Moi (v. 38). Mais il faut que l'amour de Christ étreigne nos cœurs pour que nous soyons en mesure de Le suivre de cette manière (2 Cor. 5 : 14-15).
Ce qui motivait la vie de l'apôtre Paul, c'est que son cœur était tout entier pour Christ (Act. 20 : 24). Il est bien évident que le Seigneur Jésus parle ici aux siens. Il ne demande pas à ceux qui ne Le connaissent pas de L'aimer plus que leur père ou leur mère. Il ne le demande qu'à ses rachetés. Une fois encore, soulignons que le Seigneur ne dit jamais de ne pas aimer ses parents ou ses enfants, mais la force du passage est bien dans ces mots : « plus que moi ».
3. 3 Le renoncement à soi-même (v. 38-39)
Suivre le Seigneur en prenant sa croix, c'est quelque chose qui s'apprend. Nous voudrions bien suivre le Seigneur sans rien abandonner, mais ce n'est pas possible ! Nous ne pouvons pas apprendre de Lui sans prendre son joug sur nous (Matt. 11 : 29), et nous ne pouvons pas le suivre sans prendre notre croix ! Mais c'est quelque chose d'extraordinaire d'être appelé à Le suivre ! Lorsqu’Il est sorti portant sa croix, tout le monde L'a vu ! Le monde nous voit-il porter notre croix ? La croix, c'est la fin de l'homme en Adam. Porter sa croix, c'est renoncer à tout ce que l'homme naturel aime et désire. L'apôtre Paul écrit : « ...la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m'est crucifié, et moi au monde » (Gal. 6 : 14). Mais il faut aussi que, lorsque nous avons accepté de porter la croix de Christ dans notre vie, nous trouvions la délivrance et la vraie liberté. Le Seigneur est devant nous, Il nous ouvre le chemin et Il a lui-même donné un exemple parfait.
Remarquons qu'il est écrit en Matthieu de prendre sa croix, et en Luc 14, de la porter : « Quiconque ne porte pas sa croix… » (v. 27). Prendre sa croix et la porter, c’est marcher avec Christ !
« Celui qui aura perdu sa vie à cause de moi la trouvera » (v. 39b). Il y a un grand encouragement à suivre le Seigneur dans un tel chemin. On y trouve pratiquement la vie de Christ, la même puissance de vie ! En revanche, celui qui cherche à vivre pour lui-même en préservant ses aises, son moi, perd sa vie.
3. 4 « Qui vous reçoit me reçoit » (v. 40-42)
Le Seigneur juge la valeur de nos actes selon les motifs qui nous font agir, la manière dont nous reconnaissons dans les personnes que nous rencontrons des serviteurs du Seigneur ou des disciples du Seigneur. « Qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé » (v. 40b).
Il y a un honneur à rendre à chacun selon ce que la Parole nous enseigne (1 Tim. 5 : 17). « Quoi que vous fassiez, faites-le de cœur, comme pour le Seigneur... c’est le Seigneur Christ que vous servez » (Col. 3 : 23-24).
Le Seigneur récompensera ceux qui auront accueilli ses disciples, « ces petits » aux yeux des hommes, mais grands et précieux pour Lui.
« Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits... vous me l'avez fait à moi », a dit le Seigneur (Matt. 25 : 40). Quel motif élevé pour réaliser ce qui a un si grand prix pour Dieu !