BREVES NOTES SUR L’EVANGILE DE MATTHIEU (7)
CHAPITRE 7 :
Le début de ce chapitre nous parle de nos rapports avec nos frères (v. 1-5) ou avec des incrédules (v. 6). Dans les versets 7 à 12, le Seigneur revient sur le sujet de la prière, base de la vie chrétienne et expression de la confiance des enfants de Dieu à l’égard de leur Père céleste (6 : 25-34).
1.1 « Ne jugez pas » (v. 1-5)
Dans les premiers versets, le Seigneur montre que nous ne devons pas juger les personnes. D'autres passages nous apprennent qu’il convient de juger parfois les paroles et les actes, ou encore l'enseignement qui est donné (1 Cor. 10 : 15 ; 6 :4 ; 14 : 29). Dieu nous enseigne à juger avec vérité et avec humilité dans un esprit de paix (Zach. 7 : 9 ; 8 : 16). Lui seul connaît le cœur et Il est apte à juger chacun.
Selon le fruit produit, on peut juger si les choses sont de Dieu ou non ! Mais quant aux personnes et à leurs motifs, il ne nous appartient pas de juger ! N’avons-nous pas à être enseignés de Dieu à cet égard ? Nous « étiquetons » trop facilement nos frères et nos sœurs ! Aussi le Seigneur nous avertit : « Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés… » (v. 1).
On peut trouver trois significations au verbe juger :
- exercer le jugement : c'est ce que le Seigneur fera, par exemple, lorsque, à l’aube du règne de mille ans, Il s’assiéra sur son trône de gloire et, tel un berger, séparera les brebis d’avec les chèvres (Mat. 25 : 31-46).
- prononcer la culpabilité de quelqu'un : c'est une autorité qui appartient au Seigneur seul quand, par exemple, devant le grand trône blanc, les morts incrédules, les grands et les petits seront jugés selon leurs œuvres avant d’être jetés dans l’étang de feu (Apoc. 20 : 12-13).
- donner une appréciation sur ce qui est juste selon Dieu ou sur ce qui est mal : en cela nous ne pouvons que juger des faits et non pas la personne elle-même puisque nous ne connaissons pas les motifs de son cœur. C’est ce que le Seigneur dit ici.
Le Seigneur ajoute : « Car du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés » (v. 2). Dieu nous voit et Il agira envers nous comme nous aurons agi envers les autres (6 : 14-15). Si nous prions pour notre frère et l’aidons à se relever au lieu de le juger, le Seigneur usera également de miséricorde envers nous.
Il importe toutefois de rappeler qu’une assemblée locale peut être appelée à exercer le jugement sur un mal moral ou doctrinal qui serait apparu en son sein, comme en 1 Corinthiens 5.
Mais ce qui ressort de l’enseignement de ce chapitre, c'est que nous devons d'abord porter le jugement sur nous-mêmes ! Et il doit être très soigneux. « Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés », dit Paul (1 Cor. 11 : 31-32). Dieu veut déjà nous amener aujourd'hui à ce jugement, chacun, personnellement. Il ne faut pas vouloir frauder, sinon le Seigneur nous dira comme ici : « Hypocrite » (v. 4).
Dans ces versets 3 à 5, le Seigneur nous montre qu'en étant occupé de la brindille que nous croyons apercevoir dans l’œil de notre frère, nous perdons de vue la poutre qui est dans notre œil ! La leçon importante que nous avons ici, est donc de se juger soi-même, car alors on apprend à connaître la vérité de Dieu en même temps que sa grâce. On fait l'expérience des compassions du Seigneur, comment il use de miséricorde et restaure notre âme comme le dit David au Psaume 23. On cesse enfin de penser qu’on est meilleur chrétien que les autres. Alors on peut voir clair pour aider son frère à ôter le fétu... à moins qu’il ait disparu !
Plaçons-nous toujours dans la lumière divine. Laissons la Parole agir sur notre cœur et sur notre conscience ; elle seule, par la puissance du Saint Esprit, nous amènera à ce jugement de nous-mêmes ! Si nous restons dans la pénombre en négligeant la lecture de la Parole, nous ne voyons pas les taches qui nous salissent et nous nous permettons de critiquer les bien-aimés du Seigneur, mais si nous laissons la lumière divine nous éclairer alors … nous nous tairons ! Il faut juger nos actes et demander à Dieu la force d’ôter jusqu'à la racine l’arbre qui a produit tel péché. Et si nous avons appris à connaître la grâce infinie de Dieu à notre égard et comment, en Christ, Il nous a pardonné toutes nos fautes, nous aurons alors beaucoup plus de grâce pour nos frères et sœurs dans la foi !
L'attitude qui convient pour celui qui aime son frère, ce n'est surtout pas d'être obsédé par la faute de son frère et de la divulguer partout, mais bien plutôt de chercher à l’aider en intercédant pour lui devant le trône de la grâce. Ce seront aussi des soins pastoraux prodigués dans l’amour et la vérité, ayant en vue son bien et sa restauration en délivrance, veillant à ne pas nous laisser surprendre à notre tour (Gal. 6 : 1). L’attitude que nous avons à prendre aux pieds de notre frère est inspirée de celle du Seigneur quand il s’est baissé lui-même pour laver les pieds de ses disciples (Jean 13). Et soyons toujours gardés dans une sainte crainte car, dit l’apôtre : « Toi qui juges ceux qui commettent de telles choses, tout en les pratiquant toi-même, penses-tu que tu échapperas au jugement de Dieu ? » (Rom. 2 : 3).
1.2 Discernement au sujet des choses saintes (v. 6)
« Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les porcs… ». Après avoir été mis en garde contre notre propension abominable à émettre des jugements le plus souvent défavorables sur les autres dont nous ne connaissons pas ou mal les motifs d’action ou de non-action, nous sommes invités à discerner les « chiens » et les « porcs » ; ces animaux considérés comme impurs par la Loi de Moïse désignent, dans la Parole de Dieu, des hommes vils, impies, méchants et insensibles au mal (Ps. 22 : 16 par exemple). Il ne convient pas de mettre à leur portée les choses saintes : ils risquent de les profaner car « le chien est retourné à ce qu’il avait vomi lui-même, la truie lavée va se vautrer au bourbier » (2 Pier. 2 : 22).
Il ne sert à rien de présenter à un incrédule ou à un moqueur les immenses richesses de la grâce et de la bonté de Dieu envers les saints (Prov. 9 : 7-8 ; 23 : 9 ; 26 : 4-5). En revanche, il faut lui parler de sa responsabilité devant Dieu et l'inviter à se mettre en règle avec Lui !
Les perles parlent de ce qui est précieux, comme l'assemblée (Matt. 13 : 45-46). Ici il est question de « vos perles », c'est-à-dire de quelque chose qui a du prix pour notre cœur ! On ne peut pas parler de la beauté de l'assemblée avec une personne incroyante. Sans doute, si elle nous interroge sur ce sujet, nous pouvons toujours lui répondre que l’on ne peut entrer dans l’assemblée que par la conversion ! De même, parler de la prophétie avec un incrédule ne produira qu’une discussion et n'avancera à rien, sinon à lui montrer que le jugement est proche et le concerne personnellement ! N’y a-t-il pas aussi des circonstances où il faut savoir se taire pour ne pas se lancer dans de vains débats ? Le Seigneur nous en donne un exemple en Matthieu 21 : 23 et 27.
1.3 Persévérance dans les requêtes (v. 7-12)
« Demandez, et il vous sera donné ; cherchez et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert » (v. 7). La méfiance envers ce qui est étranger à la vie divine s'accompagne en même temps d'une grande confiance et d'une grande dépendance de Celui qui est la source du bien, du vrai, du juste ! Il faut souligner l'insistance du passage : « Demandez, cherchez, frappez ». Il nous faut discerner ce dont nous avons besoin, quels sont nos véritables besoins ! Et puis apprenons à demander, non pour la satisfaction de la chair, mais pour glorifier Dieu !
L'apôtre Jacques nous invite à demander « à Dieu qui donne à tous libéralement sans faire de reproches » (Jac. 1 : 5). Dieu aime à donner mais, pour que nos recevions une réponse à nos prières il y a des conditions :
- négatives : « Vous n’avez pas parce que vous ne demandez pas ; vous demandez, et ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de dépenser pour vos voluptés » (Jac. 4 : 2-3).
- positives : « Et voici la confiance que nous avons en lui : si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous écoute ; et si nous savons qu’il nous écoute, quoi que ce soit que nous demandions, nous savons que nous avons les choses que nous lui avons demandées » (1 Jean 5 : 14-15).
« Et je priai le Dieu des cieux ». Néhémie n’a certainement pas eu le temps de faire une longue prière car le roi Artaxerxès était là attendant sa réponse (Néh. 2 : 4-5).
« Frappez, et il vous sera ouvert ». Cette invitation évoque un refuge où l'on peut entrer pour se trouver à l'abri. Si l’on cherche le salut, il faut venir à Jésus ; il faut frapper à la porte de la grâce. Jésus dit : « Celui qui vient à moi, je ne le mettrai pas dehors » (Jean 6 : 37). La porte lui sera ouverte ! C'est aujourd'hui qu'il faut demander, chercher, frapper. Pour chaque demande, une promesse est faite. Dans le passage similaire de Luc 11, une réponse est assurée pour chaque demande : « Quiconque demande reçoit ; et celui qui cherche trouve ; et à qui frappe il sera ouvert » (v. 10).
« Si donc vous, qui êtes méchants, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! » (v. 11). Ce verset nous parle de la nature humaine, foncièrement méchante, en contraste avec Dieu qui est dans les cieux ; en réponse à nos prières, Il donne toujours ce qui est bon, non seulement pour notre bien matériel mais avant tout pour notre avancement spirituel !
Toutefois, quand Dieu répond, Il ne le fait peut-être pas toujours de la manière dont nous l’aurions souhaité ! Parfois, nous pouvons penser à demander des choses qui nous paraissent bonnes et indispensables, mais Dieu sait que ce ne serait pas pour notre bien ! Nous devons avoir la confiance qu’Il répond exactement selon nos vrais besoins. Que nous apprenions ainsi, simplement, à nous remettre entièrement à Ses soins !
En Luc 11 : 13, nous lisons : « ...combien plus le Père qui est du ciel donnera-t-il l'Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ». Sans doute n'avons-nous pas aujourd'hui à demander à recevoir l'Esprit Saint puisque nous l'avons reçu en ayant cru (Eph. 1 : 13), mais cette promesse évoque l'excellence des dons que Dieu veut nous accorder ! Quel don que celui du Saint Esprit ! Il prend de ce qui est à Christ pour nous le communiquer. Il nous occupe des gloires du Seigneur Jésus. Il nous conduit dans toute la vérité. Voilà ce que notre Père céleste désire nous donner en plénitude ! Cette promesse de Luc 11 nous montre aussi comment nous pouvons être en accord avec Dieu dans les demandes que nous lui faisons. C'est en étant conduit par l'Esprit que nous discernerons ce qu’il convient de Lui demander !
La manière dont notre Père céleste pourvoit à nos besoins est d'un grand enseignement pour nous : nous apprenons à discerner les choses bonnes selon Dieu. Ceci nous amène à la conclusion du verset 12 : « Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, vous, faites-leur de même ; car c'est cela, la Loi et les Prophètes ». C'est la loi de l’amour. Si vous voulez être pardonné, pardonnez ! Si vous voulez recevoir, donnez ! Si vous voulez être aimé, aimez d’abord !
Il y a aussi une question de droiture devant Dieu, en particulier lorsque nous prions. Lorsque je prie pour quelqu'un, quels sont les sentiments qui remplissent mon cœur à son égard ? Sachons penser en vérité du bien à son sujet. Et, selon Rom. 13 : 9, le résumé de la Loi et des Prophètes, n'est-il pas d’aimer son prochain comme soi-même ?
Ces versets nous présentent la nécessité de trouver la porte et le chemin en obéissant au Seigneur lorsqu'Il invite : « Entrez par la porte étroite... » (v. 13).
Deux chemins sont présentés :
- un chemin spacieux dans lequel nous marchons naturellement, étant des êtres pécheurs, pleins de convoitises. Toutes sortes de promesses de bonheur y sont offertes, mais elles sont illusoires parce qu'en fait rien ne suffit à satisfaire le cœur naturel et la conclusion est que tout est vanité !
- un chemin resserré sur lequel on s’engage après avoir franchi une porte étroite ; il faut de l'énergie d’abord pour le trouver et ensuite pour y poursuivre sa marche ! C'est ce chemin que le Seigneur a suivi en perfection et qu'Il a indiqué aux hommes tout au long de son ministère. C'est ce chemin étroit que le Seigneur a montré au jeune homme riche en lui disant : « Va, vends ce que tu as... et viens, suis-moi » (19 : 21). Hélas, ce jeune homme est parti tout triste, sans suivre Jésus, parce que son cœur était captivé par une idole : ses richesses. Sa vie paraissait irréprochable, mais il y avait dans son cœur un obstacle majeur qui l'empêchait d'entrer par la porte étroite !
Deux portes aussi sont distinguées :
- une porte large, où l'on peut entrer facilement, sans bien réfléchir, en suivant sa propre volonté, ses propres convoitises, où l'on peut passer aussi avec ses bonnes œuvres (Eph. 2 : 8-9). Mais cette porte large s’ouvre sur la perdition !
- une porte étroite ; cette porte, c'est Christ lui-même : « Moi, je suis la porte : si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé » (Jean 10 : 9). Par cette porte étroite, on ne peut pas entrer sans repentance, sans humiliation, et pour suivre le chemin étroit, il faut abandonner ses aises ! C'est une pleine certitude de salut qui est donnée aujourd'hui par la foi au Seigneur Jésus qui dit aussi : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jean 14 : 6). Il s’ensuit donc une vie qui se déroule dans la liberté et la jouissance de l’approbation divine, où l'on trouve de la nourriture pour son âme.
Dieu veut nous conduire à ce dépouillement de nous-mêmes qui permet d'entrer par la porte étroite. Il suppose la mise de côté de l'homme dans la chair. Et puis, le chemin à suivre, c'est celui du Seigneur, un chemin étroit où il n'y a rien pour l'homme naturel mais où la volonté de Dieu, connue par la Parole, est le guide pour celui qui y marche ! L'âme renouvelée trouve là sa joie, dans l’obéissance.
La vie est comparée à un chemin sur lequel on avance chaque jour. A la fin se présentent deux issues ! L'une conduit à la perdition, c'est-à-dire à une éternité loin de Dieu ; l'autre aboutit à la vie éternelle, dans la présence divine.
C'est aujourd’hui que la question se pose : Dans quel chemin vais-je m'engager ? La conséquence éternelle dépend du choix fait maintenant ! Notre vie tout entière comporte des « choix ». Mais il y a des choix prioritaires qui engagent toute notre vie, et même notre avenir éternel. S'il y a deux portes, deux chemins, il y a aussi deux maîtres comme on l’a vu (6 : 24). Il faut bien savoir par quelle porte nous entrons, quel est le chemin suivi, quel maître on sert ! Mais Dieu ne nous abandonne pas à notre propre volonté. Il nous guide par sa Parole et nous invite encore aujourd’hui : « Entrez par la porte étroite », de la même manière qu'Il invitait autrefois son peuple : « Choisis la vie afin que tu vives... » (Deut. 30 : 19).
L'invitation divine est toujours la même. Il y a une ligne de conduite à suivre, un chemin à rechercher : « Enquérez-vous... quelle est la bonne voie ; et marchez-y... » (Jér. 6 : 16). Il y a donc une quête, une application de son cœur, pour chercher, écouter, et trouver ! C'est là la vraie « dimension » de l'homme, retrouver la relation avec Dieu - perdue à cause du péché. Dieu insiste inlassablement : Il a donné son Fils pour que nous ayons la vie !
On peut refuser d'être attentif, on peut refuser de croire, et ainsi désobéir au Fils (Jean 3 : 36) ; on peut aussi simplement être un « lâche » (Apoc. 21 : 8), c'est-à-dire ne pas s'engager pour Dieu. Le résultat est tragiquement le même !
3.1 Les faux prophètes (v. 15-20)
Après son invitation à entrer par la porte étroite, le Seigneur avertit que d'autres voix se feront entendre pour essayer d'empêcher d'entrer par cette porte. Il met en garde « contre les faux prophètes qui viennent à vous déguisés en brebis » (v. 15). Le peuple d’Israël était aussi averti à l’égard de tels hommes (Deut. 13 : 6-11). Ils se distinguent par le fait qu'extérieurement ils paraissent appartenir à la famille de Dieu, mais en réalité ils incitent ceux qui les écoutent à se détourner de la vérité ! Tout en prétendant faire partie du troupeau de Dieu, ce sont en réalité des « loups redoutables » (Act. 20 : 29-30) qui, « par de douces paroles et un beau langage… séduisent les cœurs des simples » (Rom. 16 : 18). « Il y aura parmi vous de faux docteurs qui introduiront furtivement des sectes de perdition, allant jusqu’à renier le Maître qui les a achetés… » (2 Pier. 2 : 1). Ce sont des agents de l'Ennemi, « de faux prophètes, des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres de Christ ; et ce n’est pas étonnant, car Satan lui-même se déguise en ange de lumière » (2 Cor. 11 : 14-15).
Ce qui doit nous permettre de discerner ces « autres » voix, c'est qu'elles n’ont pas Jésus pour objet. Elles prononcent peut-être beaucoup de discours attrayants, mais elles ne proclament pas Jésus ! En revanche, la brebis sait dire ce qu'elle a trouvé dans Celui qu'elle connaît comme son bon Berger ! Elle saura dire combien Il l'aime, comme Il prend soin d’elle et la porte !
La Parole nous avertit et nous ne devons pas être surpris de trouver de nos jours des faux prophètes. Nous devons être attentifs, afin de les reconnaître « à leurs fruits » (v. 16, 20). Leur discours habile ne semble sans doute pas être en contradiction avec la Parole, mais le mensonge ou l'erreur s’y cachent. Nous pouvons toujours nous demander : Quel est le résultat de telles paroles ? Sommes-nous amenés à Jésus, nourris de Lui, occupés de Ses gloires ? Ou bien avons-nous affaire à des hommes qui cherchent à « entraîner les disciples après eux » (Act. 20 : 30) ? Et puis n'oublions pas que nous avons le Saint Esprit qui désire nous occuper de Christ, et nous amenant à reconnaître Son autorité et Sa seigneurie (1 Cor. 12 : 3).
Que le Seigneur nous rende donc attentifs à ce que nous entendons, à ce que nous écoutons pour que nous ne passions pas « à un évangile différent qui n’en est pas un autre » (Gal. 1 : 6-7).
3.1 Les faux apôtres (v. 21-23)
Ces versets s'appliquent d’abord au temps de la fin où le résidu fidèle attendra la venue du roi de gloire.
« Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, qui entreront dans le royaume des cieux, mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (v. 21). Aujourd'hui tous ceux qui se réclament du nom de chrétien disent aussi : « Seigneur », mais ce n'est pas pour autant qu'ils sont sauvés ! Et nous comprenons bien que pour pouvoir faire la volonté de Dieu, il faut la foi, il faut être sauvé ! Il faut avoir une relation vivante avec le Seigneur Jésus, Lui dont la nourriture était de faire la volonté de son Père et d’accomplir son œuvre (Jean 4 : 34). Il faut d'abord être sauvé avant de pouvoir marcher, à sa suite, dans ce sentier étroit de la volonté de Dieu. Remarquons qu'il s'agit de faire la volonté de Dieu, il ne suffit pas de la connaître ! Ce sont ceux qui font la volonté de Dieu qui seuls forment sa famille.
« Personne ne peut dire : Seigneur Jésus, si ce n'est par l'Esprit Saint » (1 Cor. 12 : 3). Le dire, c'est reconnaître Jésus comme son Sauveur et son Seigneur. C’est tout autre chose que de prononcer seulement ces mots : « Seigneur, Seigneur » ! Ce qui est important, c'est de désirer faire la volonté de Dieu. Ce sera là la preuve que le Seigneur est véritablement notre Seigneur.
Mais, sans vouloir contredire ce qui vient d’être dit, pour faire la volonté de Dieu, il faut d'abord la connaître ! C'est la Parole de Dieu qui nous enseigne à cet égard. Ainsi si nous nous nourrissons de cette Parole, si nous écoutons Dieu, nous sommes des « enfants d'obéissance » et nous pouvons glorifier notre Père qui est dans les cieux. Mais si on ne lit pas l'Ecriture, si l’on ne prie pas, on reste ignorant au sujet de la volonté de Dieu ; l’indifférence et le laisser-aller nous gagnent !
Le verset 22 souligne un autre danger : on peut avoir accompli beaucoup d'œuvres, des œuvres religieuses, avoir marché même avec des chrétiens… et pourtant ne pas être entré dans le royaume des cieux. Judas a connu une certaine proximité avec le Seigneur, il a entendu Ses communications, il a servi avec les autres disciples ; mais son cœur n'a pas été touché et il est parmi les réprouvés, ceux qui sont étrangers à la foi. N’est-ce pas un avertissement solennel pour ceux qui peuvent prétendent faire partie des chrétiens et qui cependant ne sont pas venus au Seigneur Jésus pour croire en Lui ?
Et puis, il peut y avoir aussi des faits extraordinaires, des miracles : Ils montrent qu'il y a une « puissance » qui agit. Mais attention ! Quelle est cette puissance ? Bientôt cette puissance sera celle de l'Antichrist, l’Inique (2 Thes. 2 : 8 et 9) ! Déjà elle se manifeste dans le monde, cherchant à séduire par les manifestations qu'elle opère. Nous voyons et entendons des gens qui se réclament aujourd'hui de miracles et de choses extraordinaires, mais cela ne veut pas dire qu'ils sont du côté de Christ. Prenons garde !
« Je ne vous ai jamais connus... » (v. 23). Sans doute, le Seigneur connaît tous les hommes, mais pour être connu de Lui, être un de ses rachetés, il faut jouir de la paix avec Dieu que Jésus Christ a faite par le sang de sa croix. Il faut qu'il y en découle une vie divine réelle, que des œuvres selon Dieu soient manifestées. C'est dans ce sens-là que Jean Baptiste disait : « Produisez donc du fruit qui convienne à la repentance » (3 : 8).
On trouve une parole semblable au chapitre 25 : « Je ne vous connais pas » (v. 12). Cette parabole des dix vierges montre bien l’immense différence qu'il y a entre ceux qui ont l'Esprit et ceux qui ne l'ont pas ! S'il n'y a pas de fruit, c'est qu'il n'y a pas la vie ! Et le rôle de l'Esprit, c'est justement de nous communiquer ce qui est de Christ, de Le former en nous, d'attacher nos âmes à Lui pour que nous portions ainsi du fruit et sachions refléter quelques-uns de Ses caractères au milieu de ce monde !
Entre connaître la volonté de Dieu et la faire, il y a l'obéissance ! Le Seigneur dira : « Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites » (Jean 13 : 17). Un autre caractère manifeste la nature des œuvres qui sont faites : c'est l'amour (1 Cor. 13 : 2-3). Agissons- nous par amour ? Notre cœur est-il engagé pour le Seigneur Jésus dans tout ce que nous faisons ? Ces choses vont ensemble : faire la volonté de Dieu, Lui obéir, L’aimer. Mais d’autres ne peuvent pas aller ensemble : dire « Seigneur, Seigneur », et pratiquer simultanément l'iniquité. L'apôtre Paul avertit en 2 Tim. 2 : 19 : « Qu'il se retire de l'iniquité quiconque prononce le nom du Seigneur ».
Les paroles de Jésus, placées devant les disciples et devant les foules, sont données pour être pratiquées. Celui qui les met en pratique est comparé à « un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc » (v. 24). Le roc, c'est Christ ! On comprend que l'on trouve en Lui un terrain sûr, un terrain sur lequel on ne sera pas déçu. Ce roc est aussi le fondement sur lequel le Seigneur, le « Fils du Dieu vivant », bâtit son assemblée ; « les portes de l’hadès ne prévaudront pas contre elle » (16 : 17-18).
4.1 Homme prudent ou insensé ? (v. 24-27)
L'homme « prudent » pense à l'avenir et surtout à son avenir éternel. Bâtir sa maison sur le roc, c'est fonder sa vie sur Christ. Il peut y avoir des épreuves, des peines, des souffrances (dont la pluie et les vents donnent ici une idée), mais cela ne fait qu'affermir la foi et prouve la solidité du fondement.
On peut ainsi bâtir une maison sur le sable car le sable est un matériau qui supporte bien la compression. De sorte qu’une construction édifiée sur le sable semble aussi résistante que celle qui est bâtie sur le rocher. Mais un jour l'épreuve révèle la qualité du fondement. Combien d'hommes et de femmes de ce monde fondent leur vie sur quelque chose qui peut avoir l'apparence de la solidité ! On dira : « Tout le monde fait ainsi », ou encore : « Je ne suis pas plus mauvais qu'un autre ! ». Mais le temps montrera où est la vérité !
Notre vie doit être fondée sur le rocher, sur Christ ! Cela nécessitera peut-être un effort, une recherche persévérante. Il faudra creuser et fouiller « profondément » avant de trouver le roc pour poser les fondations (Luc 6 : 48), mais l'âme sera alors en relation vivante avec le Seigneur Jésus. Quant à l’homme qui n’a pas construit sur le roc, qui a entendu les paroles de Jésus sans les recevoir et les mettre en pratique, il est appelé « insensé » ; sa « chute » sera grande (v. 27) ! Tout ce qui aura été basé sur les pensées et les raisonnements des hommes sera renversé.
« Le monde s’en va, lui et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement » (1 Jean 2 : 17).
Ce passage nous enseigne à l'égard du salut, mais on peut y voir aussi sans doute une instruction pour ceux qui sont chrétiens. Si notre vie s'édifie petit à petit en suivant les enseignements du Seigneur, elle sera bâtie sur le roc. Mais si elle s'appuie sur la sagesse humaine, sur les pensées qui ont cours dans ce monde, elle sera comme une maison édifiée sur le sable, qui va s'écrouler lorsque les difficultés vont surgir !
Nous construisons tous quelque chose dans notre vie. Notre but sera peut-être notre plan de carrière, l’accroissement de notre fortune, ou bien le désir de nous consacrer uniquement à notre bien-être sur la terre... Mais sur quel fondement allons-nous construire notre vie ? Est-ce notre moi, ou bien est-ce le Seigneur ? Notre activité est-elle sanctifiée par la dépendance du Seigneur ? Pour tout homme qui aura investi à l'envers dans sa vie, qui tout en ayant entendu les paroles de Jésus ne les a pas mises en pratique, la chute sera grande !
Au temps du prophète Ezéchiel, l’Eternel s’est élevé contre « les prophètes qui ont des visions de vanité et qui devinent le mensonge… disant : Paix ! et il n’y a point de paix ». Ils sont de « ceux qui enduisent le mur de mauvais mortier » ; une pluie torrentielle et des pierres de grêle tomberont et le mur s’écroulera. Tout sera entièrement détruit (Ezé. 13 : 10-14). Effectivement, on peut bien se poser la question : Sur quel fondement et avec quels matériaux construisons-nous nos maisons ? Même si le fondement est bon, la construction peut être mauvaise.
4.2 L’étonnement des foules qui entendent la doctrine de Jésus (v. 28-29)
La fin du chapitre insiste sur l'étonnement des foules. Jésus les enseignait avec autorité, avec puissance, sans compromis. Il y avait là une double autorité : l'autorité de la Parole de Dieu elle-même que Jésus annonçait, et aussi l’autorité personnelle du Seigneur pour enseigner. Il était, Lui, la parfaite illustration de ce que nous lisons en 1 Pier. 4 : 11 : « Si quelqu'un parle, qu'il le fasse comme oracle de Dieu », c'est-à-dire comme étant la bouche de Dieu. « Qui enseigne comme lui », dit Job (36 : 22).
Jésus n’enseignait pas comme les scribes (v. 29) ; ces hommes, attachés à la lettre de l’Ecriture, n’en saisissaient pas l’esprit et y mêlaient leur tradition. Ils étaient le plus souvent opposés à la doctrine de Jésus (9 : 3 ; Marc 2 : 6-7 ; Luc 6 ; 7 ; Jean 8 : 3-6).
Chrétiens, soyons en garde contre l’enseignement des scribes du siècle actuel (1 Cor. 1 : 20). Plaçons-nous sous la seule autorité de la Parole de Dieu. Que chacun de nous ne soit pas un « auditeur oublieux », mais désire ardemment être « faiseur d’œuvre » (Jac. 1 : 25).