APOCALYPSE 6 à 18
Le plan du livre est donné par le verset 19 du chapitre premier :
- « Les choses que tu as vues » : c'est le chapitre 1.
- « Les choses qui sont » : ce sont les chapitres 2 et 3 qui présentent, sous forme de 7 tableaux, l'histoire de l'Eglise responsable sur la terre. C'est le temps actuel qui touche à sa fin puisqu'aujourd'hui coexistent Thyatire (l'Eglise romaine), Sardes (le protestantisme issu de la Réforme), Philadelphie (le témoignage du réveil) et Laodicée (ce qui en est issu avec sa prétention et sa tiédeur). Les croyants qui constituent l'Eglise, se rattachant à ces 4 groupes, seront enlevés d'un moment à l'autre, sans qu’il n’y ait à attendre aucun événement préalable, à la venue du Seigneur pour enlever les siens.
- « Les choses qui doivent arriver après celles-ci » : C'est le sujet du reste de ce livre.
Cette troisième partie, de loin la plus importante, se divise ainsi :
- Chapitres 4 et 5 : Les saints célestes, à savoir ceux de l'A.T. et ceux du N.T. (ces derniers constituant l'Eglise) sont vus dans le ciel sous l'aspect des 24 anciens (2 compagnies de douze), adorant le Créateur (ch. 4) et le Rédempteur (ch. 5). Leur présence dans le ciel montre qu'ils ont été recueillis et mis à l'abri (comme Lot hors de Sodome) avant les jugements qui vont tomber sur la terre.
- Chapitres 6 à 18 : C'est un intervalle d'au moins 7 années qui correspond à la soixante-dixième semaine de Daniel 9 : 27. En effet jusqu'au retranchement du Messie (à la croix), 69 semaines d'années se sont déjà écoulées et nous sommes actuellement à la fin d'une longue parenthèse de près de 2000 ans, celle de la grâce pendant laquelle l'Eglise se forme. Après l'enlèvement de celle-ci, la prophétie reprendra son cours et cette terrible « semaine » se déroulera.
- Chapitres 19 à 22 : Ensuite auront lieu les noces de l'Agneau dans le ciel, et sur la terre les derniers évènements guerriers préparant le retour de Christ pour régner. Le jugement des morts, l'état éternel, et la description de la sainte Cité, terminent le livre.
Nous allons résumer ci-dessous les chapitres 6 à 18 qui ne concernent pas directement l'Eglise (déjà au ciel) mais seront en revanche en consolation aux croyants (résidu juif et convertis des nations) qui seront sur la terre et dont les Psaumes traduisent les sentiments. Il y a donc moins d'édification pour nous dans cette portion qui ne nous occupe ni de Christ, ni de sa grâce. L'interprétation de ces chapitres riches en symboles ne sera pleinement comprise que lorsque les événements se dérouleront. Nous n'en saisissons aujourd'hui que les grandes lignes, et risquerions de nous perdre dans des suppositions. Au reste, admirons la sagesse de Dieu qui n'a pas donné dans sa Parole une histoire suivie de l'avenir comme le voudrait la logique humaine. La simple curiosité ne doit pas être en mesure de pénétrer dans les secrets divins, pas plus la nôtre que celle des hommes inconvertis qui liraient ces pages comme un manuel d'histoire future.
Ces chapitres revêtant une forme mystérieuse sont un peu comme si un projecteur venait éclairer successivement les mêmes scènes sous différents angles (par ex. une fois sous l'aspect politique, une autre fois sous l'aspect religieux). Il n'est pas toujours facile d'en saisir l'ordre, ou de les relier entre elles.
De même que l'Eglise nous est présentée comme étant mise à l'abri au ciel avant les jugements, ainsi, avant chaque série de jugements, l'Esprit de Dieu nous présente en un tableau symbolique des saints terrestres, juifs ou gentils, préservés des jugements qui vont tomber sur le monde (par ex. chap. 7 ; 14 : 1-5).
Ces jugements eux-mêmes se présentent sous forme de trois séries de sept:
- Sept sceaux, ouverts par l'Agneau (voir chap. 5. 1-5). Il s'agit de jugements appelés providentiels, c'est-à-dire permis par Dieu mais sans être directement envoyés par lui. C'est l'homme se faisant du mal à lui-même, par ex. par des guerres ou le déclenchement possibles de forces atomiques. Ces jugements semblent concerner la première moitié de la dernière « semaine » (3 ans et demi).
Les six premiers sceaux (chap. 6) sont suivis d'un septième au chapitre 8 qui se décompose en :
- Sept trompettes dont les trois dernières sont appelées des malheurs (chap. 9 et 10).
La septième trompette à son tour, après la parenthèse des chapitres 11 à 14, se décompose dans les chapitres 15 et 16 en :
- Sept coupes qui, elles, sont des jugements directs, immédiats, « versés » du ciel sur la terre. Ces jugements sont les derniers et interviennent pendant la seconde demi-semaine.
Nous n'entrons pas dans le détail de ces divers jugements, mais nous comprenons qu'ils seront terrifiants.
Les chapitres 11 à 14 constituent une parenthèse qui nous présente en tableaux successifs :
- Un témoignage à Jérusalem (chap. 11 : 1-13) : celui des deux témoins évoquant Moïse et Elie.
- Un événement céleste expliquant la suite : Satan précipité du ciel sur la terre pour y déployer sa puissance et persécuter les saints du résidu (chap. 12). Il sait qu'il a peu de temps.
- Les événements terrestres qui en sont la conséquence, en particulier pendant la seconde demi-semaine: les deux personnages maléfiques ayant reçu le pouvoir de Satan et formant avec celui-ci une trinité de mal, à savoir :
*« La bête ». C'est un des dix rois de l'empire romain reconstitué qui recevra le pouvoir sur les autres.
*« Le faux prophète » ou Antichrist. C'est un Juif qui se fera passer pour le Messie et sera roi sur Israël - c'est la deuxième bête (13 : 11). Elle « monte de la terre » (Israël), tandis que la première bête, elle, monte de la mer agitée des nations – les non-Juifs (13 : 1).
Ces deux sinistres personnages évoluent dans le contexte suivant :
L'empire romain, dont l'Union européenne actuelle semble constituer l'ébauche, recouvrira approximativement les limites anciennes de cet empire sous Trajan, c'est-à-dire l'Europe et le tour de la Méditerranée où Rome occupe une position centrale. Il y aura comme autrefois des protectorats, dont Israël. Ce dernier, trop petit et continuellement menacé par le « roi du Nord » aura besoin de l'appui politique de Rome, personnifié par la « Bête ». Et celle-ci recherchera un certain temps l'appui religieux que lui apportera la seconde bête en particulier par ses miracles.
Chacun aura donc besoin de l'autre, un peu comme au Moyen-âge l'empereur germanique (par ex. Charles Quint) donnait son appui politique et militaire au pape qui n'avait qu'un petit état, et ce dernier, en échange, soutenait l'empereur par son influence religieuse sur les sujets de ce vaste Empire. Ce n'était qu'une préfiguration de ce qui sera vu quand la Bête et l'Antichrist auront conclu une alliance et que la seconde fera adorer la première. Une « image de la Bête » qui recevra la respiration et la parole (v.15) sera même placée dans le Temple. Ce sera le moment historique où l'abomination de la désolation sera introduite dans le lieu saint au milieu des deux demi-semaines, signal de fuite pour le résidu pourchassé. Pour faire respirer cette image et la faire voir et adorer de partout, la technique moderne la plus poussée sera mise en œuvre, et elle le sera aussi pour soumettre les hommes. Les progrès de l'électronique permettent aujourd'hui de mieux comprendre les versets 16 à 18 de ce chapitre 13 : la marque de la Bête et le nombre de son nom marqués sur le front et sur la main droite, correspondront à un immense fichier central, mémorisant tout ce que le pouvoir voudra connaître de chacun. Refuser de porter la marque de la Bête, ce sera donc s'exclure de toute vie sociale et se condamner pratiquement à mort. Il y aura des martyrs juifs (14 : 2...) et gentils (15 : 2) pendant cette période aussi.
Après les coupes du chapitre 16 considérées plus haut, l'Esprit de Dieu revient en arrière pour nous présenter un aspect religieux de la même période: Babylone et sa destruction. Elle personnifie l'état final et immonde de la chrétienté professante après l'enlèvement de la véritable Eglise lorsque « Celui qui retient », le Saint Esprit (2 Thes. 2 : 7) aura quitté la terre en même temps que l'Assemblée. Le chapitre 17 montre que Babylone sera détruite par le pouvoir civil lui-même (les dix rois) auquel elle se sera rendue insupportable. Et à cette religion corrompue, persécutrice, mais encore de tradition chrétienne, succédera la religion du « surhomme », l'homme s'adorant lui-même dans la personne de la Bête romaine dont l'Antichrist sera le prophète.
En même temps que Babylone, disparaîtra sa puissance économique, source de prospérité pour tout l'Occident (chap. 18).
Le chapitre 19 commence par la célébration dans le ciel de la chute de Babylone et se poursuit par les noces de l'Agneau, sujet de grandes réjouissances.
Jean Kœchlin