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BREVES NOTES SUR L’EVANGILE DE MATTHIEU (5a)

 
 
 
CHAPITRE 5 :
 
            Les chapitres 5 à 7 constituent ce que l'on appelle « le sermon sur la montagne ». Il s'agit en fait de plusieurs enseignements donnés par le Seigneur dans des occasions diverses et à différents moments, mais regroupés par Matthieu selon l'intention de l'Esprit dans cet Evangile. Le Seigneur est le Roi qui vient pour régner : dès le commencement de son ministère, Il révèle l'ensemble des principes de son royaume. Dans différents chapitres de Marc et de Luc, les circonstances qui ont donné lieu à certains de ces enseignements sont rappelées.
           
 
1- Les béatitudes du royaume des cieux : v. 1-12
 
 
                        1.1 Le « sermon » sur la montagne (v. 1-2)
           
            Moïse avait été appelé par l'Eternel sur le mont Sinaï pour recevoir la Loi. Le Seigneur monte ici sur la montagne, et enseigne avec toute autorité. Tout l'enseignement du Seigneur s'applique à la marche des disciples qui l'entouraient ; le Résidu futur leur fera suite. Les principes exposés là s’appliquent aussi à la marche des chrétiens, bien que ceux-ci n'attendent pas d'être introduits dans les bénédictions terrestres, puisque les leurs sont célestes.
            Les disciples se sont approchés du Seigneur pour l'écouter. Les foules ont entendu ; mais ont-elles reçu l'enseignement ou en ont-elles été simplement frappées par Ses paroles, sans lendemain (7 : 28) ? Elles étaient davantage attirées par les manifestations de puissance que par la prédication du Seigneur pourtant revêtue d’autorité. Cette attitude pouvait faire perdre de vue aux disciples les signes distinctifs qu'allait prendre le royaume des cieux  qui ne pouvait pas s'établir sur la base de l'attrait qu'exerçaient sur le peuple les miracles. Le Seigneur commence donc par donner aux disciples le caractère que devait revêtir ce royaume et ceux qui y entreraient. Il ne sera pas établi par une puissance extérieure, ni manifesté en gloire. Il sera caractérisé par la souffrance, car il a pour point de départ la mort du Seigneur. Ceux qui en font partie doivent accepter de souffrir à la suite du Roi rejeté, en manifestant les caractères de la vie de Jésus ici-bas au travers de la souffrance et de l’opprobre : grâce, humilité, justice et vérité. Un peu plus tard, dans une affirmation qui peut paraître contradictoire, le Seigneur dira aux foules : « … le royaume des cieux est pris par violence et les violents s’en emparent » (11 :12). Il faut la violence, la force de la foi pour entrer dans ce royaume dont les principes sont opposés à ceux qui gouvernent le monde.
            Le sermon sur la montagne ne présente pas l'œuvre de Christ à la croix comme moyen d'entrer dans le royaume, mais il montre les traits moraux que doivent manifester ceux qui y entrent ; ils ne peuvent évidemment pas présenter les caractères requis sans avoir la vie divine. 
 
                       
                        1.2 Les « bienheureux » (v. 3-9)
 
            Les quatre premiers « bienheureux » sont plus particulièrement en rapport avec la justice pratique et les trois suivants avec l'amour.
            Ensuite le Seigneur prononce deux béatitudes qui « résument » les sept premières (v. 10, 11) :
                        - ceux qui souffrent pour la justice
                        - ceux qui sont persécutés pour le nom du Seigneur (v. 11) et sont appelés à se réjouir ; l'amour pour Lui est à la base de leur marche fidèle et amène la souffrance sur eux.
            Les caractères de ces deux classes de bienheureux sont ceux que le Seigneur a revêtus lui-même dans sa marche ici-bas.
           
            - « Bienheureux les humbles en esprit, car c'est à eux qu'est le royaume des cieux » (v. 3).
                        Il ne s'agit pas du tout de personnes plus ou moins privées d'intelligence ; elles peuvent être, au contraire, douées de capacités naturelles, mais elles ne s'en servent pas pour discuter et raisonner sur la Parole de Dieu. Etre humble en esprit, c'est le soumettre entièrement au Seigneur. Lui s'est soumis à la volonté de Dieu pour tout ce qu'Il avait à faire ou à dire.
                        Le Seigneur a loué son Père de ce qu'Il a caché ces choses aux sages et aux intelligents, et les a révélées aux petits enfants (11 : 25). Au chapitre 18, Il dit qu'il faut se convertir et devenir « comme les petits enfants » pour entrer dans le royaume des cieux (v. 3) ; et, pour être grand dans ce royaume, il faut s'abaisser comme un petit enfant (v. 4).
           
            - « Bienheureux ceux qui mènent deuil, car c'est eux qui seront consolés » (v. 4).
                        Le Seigneur a mené deuil, dans ce sens qu'Il a éprouvé une profonde tristesse à cause de l'état de son peuple et de celui du monde (23 : 37 ; Luc 19 : 41 ; Jean 11 : 33), suite à l'incrédulité et la perversité qu'Il rencontrait.
                        L'amour pour le Roi rejeté, au milieu d'un peuple qui se réjouit de son absence, produit le deuil chez ceux qui lui sont attachés, et qui voient tout le mal qui est dans le monde. Ils seront consolés au moment où ceux qui sont à leur aise au milieu d'un tel état de choses, seront les objets des jugements de Dieu et que le Roi sera acclamé. (Es. 57 : 18 ; 60 : 20 ; 61 : 2, 3 : 66 : 13).
 
            - « Bienheureux les débonnaires, car c'est eux qui hériteront de la terre » (v. 5).
                        La débonnaireté n'est pas de la faiblesse ; c'est la bonté, la douceur manifestée par le Seigneur, l'acceptation sans murmure des circonstances qu’Il permet (1 Pier. 2 : 18-20 ; Es. 66 : 2). Le Seigneur est venu « apporter de bonnes nouvelles aux débonnaires » (Es. 61 : 1) ; ceux-ci n’insistent pas sur leurs droits. Le Roi est rejeté, Il ne fait pas valoir ses droits, Il ne l’a pas fait lorsqu'Il était ici-bas. Ceux qui marchent à sa suite ne le doivent pas non plus. « Que votre douceur soit connue de tous les hommes » (Phil. 4 : 5) ; la douceur est ici le caractère d'un homme qui n'insiste pas sur ses droits. Il s'en remet à Dieu pour tout ce qui le concerne. Il est dit du Seigneur : « Lorsqu'on l'outrageait, il ne rendait pas l'outrage, quand il souffrait, il ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pier. 2 : 23). Quel modèle il est pour nous!
 
            - « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car c'est eux qui seront rassasiés » (v. 6).
                        Le Roi qui régnera en justice a été rejeté. La justice ne peut pas caractériser ce monde gouverné par Satan ; elle se trouve actuellement là où le Seigneur occupe la place à la droite de Dieu (Jean 16 : 8-11). La manifestation de la gloire et de la puissance du Roi mettra un terme à la violence et à l'iniquité qui règnent sur la terre. Il nous est enjoint de pratiquer la justice, « car mon salut est près de venir, et ma justice, d'être révélée. Bienheureux l'homme qui fait cela » (Es. 56 : 1-2). Alors les méchants seront détruits chaque matin (Ps. 101 : 8). Mais « les justes se réjouiront, ils exulteront en la présence de Dieu » (Ps. 68 : 3). En attendant, comme l’apôtre Paul, les chrétiens doivent pratiquer la justice dont la couronne est réservée et sera donnée par le Seigneur, juste juge, à tous ceux qui aiment son apparition (2 Tim. 4 : 8).
 
            - « Bienheureux les miséricordieux, car c'est à eux que miséricorde sera faite » (v. 7).
                        La miséricorde est l'exercice de la bonté envers le misérable, alors que la grâce s'exerce envers le coupable.
                        L’esclave auquel son seigneur avait remis la dette de dix mille talents (18 : 24-27) a manqué totalement de miséricorde lorsqu'il a rencontré celui qui lui devait cent deniers et qu'il voulait étrangler (v. 28). Il n'avait pas réalisé la grâce dont il avait été l'objet. C'est l’image de la nation juive qui a rejeté la miséricorde offerte par le Seigneur et voulait empêcher les nations d'en jouir. Elle reste sous le jugement gouvernemental de Dieu, jusqu'au jour où elle se repentira, après avoir reçu le double pour tous ses péchés (Es. 40 : 2 ; Matt. 18 : 34).
                        N’est-ce pas après avoir mesuré la miséricorde de Dieu envers nous-mêmes que nous pourrons l'exercer envers d'autres ? Quel bel exemple dans la manière d’agir de Méphibosheth envers Tsiba qui l'avait calomnié ! Cet homme était pénétré de la miséricorde avec laquelle David avait agi envers lui (2 Sam. 19 : 24-30). 
 
            - « Bienheureux ceux qui sont purs de cœur, car c'est eux qui verront Dieu » (v. 8).
                        Le cœur pur est un cœur qui a pour seul but de plaire au Seigneur. Il se laisse sonder par la lumière de la Parole qui révèle les motifs qui le font agir. Soyons gardés toutefois de prétendre avoir extirpé tout le mal de notre cœur !
                        Ceux qui sont purs de cœur « verront Dieu » : ayant été dans sa présence, ils le verront à la fin en Christ, lorsqu'Il sera manifesté en gloire à son apparition. Et maintenant déjà, quelle bénédiction pour nous, chrétiens, de marcher, avec un cœur pur, dans la lumière de la présence de Dieu, dans laquelle l'œuvre de Christ nous a placés !
                        Recherchons aussi la compagnie de tels croyants comme l’apôtre Paul y exhortait Timothée, son enfant dans la foi : « Poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2 : 22).
 
            - « Bienheureux ceux qui procurent la paix, car c'est eux qui seront appelés fils de Dieu » (v. 9).
                        Dieu est appelé le « Dieu de paix » à 7 reprises dans les épîtres. Alors que le péché a amené le trouble et l'agitation dans le monde, la paix procède de Dieu. Christ a fait la paix par le sang de sa croix (Eph. 2 : 14-17 ; Col. 1 : 20). Le croyant qui jouit du pardon de ses péchés possède la paix et peut la manifester autour de lui. Il prouve ainsi qu'il est fils du Dieu de paix. Les chaussures que nous portons à nos pieds « pour être prêts à annoncer l'évangile de paix » font partie de l'armure complète de Dieu (Eph. 6 : 15). Nous sommes responsables de manifester dans notre marche les caractères qui découlent de notre relation avec Dieu et de préparer de cette manière, le chemin de l’évangile. Pour la vie quotidienne, Paul nous exhorte à poursuivre « ce qui tend à la paix » (Rom. 14 : 19), car « le fruit de la justice, dans la paix, est semé pour ceux qui procurent la paix » (Jac. 3 : 18).
 
 
                        1.3 Souffrir « à cause de la justice » (v. 10-12)
 
            C'est probablement plus tard que les disciples ont compris pleinement les paroles du Seigneur rapportées dans ces versets (Act. 5 : 41 ; 1 Pier. 4 : 12 ; Jean 16 : 2-3). Dans l'avenir, ce ne sera pas dans le royaume, mais au moment des tribulations qui le précéderont que les fidèles seront persécutés.
            Quant à nous, il faut que le Seigneur remplisse notre cœur de son amour, pour que nous puissions supporter la persécution ou du moins l'opprobre. Si nous ne sommes pas persécutés comme bien d’autres croyants dans certains pays, un témoignage fidèle suffit à nous exposer à des moqueries et à des vexations, au travail, à l'école... Nous en serons la cible si nous manifestons réellement les caractères de Christ (2 Cor. 4 : 11).
 
            - « Bienheureux ceux qui sont persécutés à cause de la justice, car c'est à eux qu'est le royaume des cieux » (v. 10).
                        Ayant reconnu l'autorité du Roi rejeté, ils lui sont fidèles et rencontrent la haine de la part des méchants à cause de leur marche qui juge ceux qui en sont témoins.
                        Le royaume en gloire leur appartiendra après avoir souffert en se conduisant selon les principes de ce royaume, alors que tout y était opposé. Ils auront eu faim et soif de la justice et auront été persécutés pour l’avoir pratiquée dans ce monde.
 
            - « Bienheureux, vous l’êtes quand on vous injuriera, qu'on vous persécutera et qu’on dira, en mentant, toute espèce de mal contre vous, à cause de moi (v. 11).
                        Il y a une différence entre souffrir pour le nom de Christ et souffrir pour la justice (1 Pier. 3 : 14-18). Souffrir pour le nom de Christ provient de ce que le cœur est attaché à Lui et vit pour Lui plaire ; une attitude qui provoque l'animosité des adversaires. Les apôtres se réjouissaient « d'avoir été estimés dignes de souffrir des outrages pour le Nom » (Act. 5 : 41). Le Seigneur lui-même a subi la persécution et la haine du monde plus que tout autre (Jean 7 : 7 ; 19 : 2-3).
                        « En mentant ». Cette précision nous fait penser aussi au Seigneur accusé à tort devant le sanhédrin par ces deux hommes choisis parmi tous ceux qui se présentaient pour apporter « quelque faux témoignage contre Jésus, de manière à le faire mourir » (26 : 59-61).
 
            - Réjouissez-vous et tressaillez de joie, parce que votre récompense est grande dans les cieux ; car c’est ainsi qu’on a persécuté les prophètes qui ont été avant vous » (v. 12).
                        Ce ne sont pas les bénédictions spirituelles concernant l'Eglise qui sont promises ici, mais une joie éternelle dans le ciel. Ce sera tout particulièrement la part des saints martyrs mentionnés dans l’Apocalypse, de ceux qui auront laissé leur vie, par fidélité au Seigneur, depuis l'enlèvement de l'Eglise, jusqu'au moment où le royaume sera établi par Christ. Ils auront part à la première résurrection et régneront avec Christ dans la partie terrestre de son royaume (Apoc. 20 : 4), alors que les croyants d’avant la mort de Christ - vus comme les « amis » conviés au banquet des noces de l’Agneau (Apoc. 19 : 7-9) - et l’Eglise seront dans le ciel (1 Thes. 4 : 15-17).
                        Ces martyrs forment deux classes en Apoc. 20 : « Ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu, et ceux qui n'avaient pas rendu hommage à la Bête ni à son image, qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main » (v. 4). Tous ces actes de fidélité au Seigneur auront leur récompense, déjà préparée par le Seigneur aujourd’hui dans le ciel. Ils vivront et « seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils régneront avec lui mille ans » (v. 6).
 
 
 
2- Les témoins fidèles : v. 13-20
 
            Les versets 13 à 16 mentionnent deux effets de la présence des croyants dans le monde : ils sont « le sel de la terre » et « la lumière du monde ».
 
                        2.1 Le sel de la terre (v. 13)
 
            Le sel retarde la corruption. La présence des croyants fidèles, par la volonté de Dieu, retient le développement du mal dans le monde. Le sel donne aussi de la saveur aux aliments avec lesquels il est mêlé ; les croyants dans le monde sont une saveur pour Dieu. Paul et ses compagnons étaient « la bonne odeur de Christ pour Dieu » (2 Cor. 2 : 15).
            Le Seigneur dit : « Vous êtes... » (v. 13 et 14). C'est sa pensée, relativement à tout son peuple. Mais le sel peut perdre sa saveur. Il ne peut pas être salé de nouveau ! Il est devenu inutile, « il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors ». Il s'agit, aujourd’hui, de ceux qui revendiquent la profession chrétienne sans avoir la vie. Mais cette parole exerce aussi chaque véritable croyant. Demandons-nous, devant le Seigneur, si nous portons bien le caractère correspondant au sel, dans notre conduite et dans nos paroles (Col. 4 : 5-6 ; Eph. 4 : 29). Pour être le sel de la terre, il faut être soi-même séparé du mal (2 Cor. 6 : 14 à 7 : 1).
 
 
                        2.2 La lumière du monde (v. 14-16)
 
            Selon Dieu, dans le monde, il n'y a pas d'autre sel ni d'autre lumière que les chrétiens. Toutes les philosophies, idéologies, et religions humaines ne sont que ténèbres quant à Dieu. Et le monde a besoin de lumière. « La grâce de Dieu... est apparue à tous les hommes » (Tite 2 : 11). La ville évoque les relations proches, tandis que la maison suggère la famille. Chaque croyant doit manifester la lumière dans chacun des domaines où il est placé. « Sans reproche et purs, des enfants de Dieu irrépréhensibles, au milieu d’une génération dévoyée et pervertie, parmi laquelle vous brillez comme des luminaires dans le monde, présentant la parole de vie » (Phil. 2 : 15), dit Paul aux Philippiens. Il faut comprendre ici le verbe «  présenter » dans le sens de « tenir au-dessus de soi comme un luminaire pour éclairer ». C’est notre responsabilité en rapport avec la Parole de Dieu.
            En Marc 4 : 21 et en Luc 8 : 16, les versets concernant la lumière sont placés juste après la parabole du semeur. L'action de la Parole de Dieu en nous, représentée par la semence répandue, remplit notre cœur de Christ, qui est la lumière. C'est Lui en nous qui est la lumière, quand nous reflétons Ses caractères, et que notre conduite est selon sa pensée. La Parole est aussi le moyen pour renouveler la lumière en nous ; pour que celle-ci soit vue par ceux qui nous entourent, elle doit avoir d'abord éclairé notre cœur et notre conscience ; tout doit y être en ordre dans la lumière divine (Luc 11 : 33-36).   
            La lampe ne doit pas être cachée sous un boisseau (v. 15), une mesure de capacité utilisée dans les transactions commerciales, mais aussi un récipient utilisé pour mesurer la consommation familiale de céréales. C’est un sérieux avertissement à ne pas négliger la lecture et l’enseignement de la Parole dans nos familles souvent « débordées » par les affaires de la vie. En Marc 4, on apprend que la lumière ne doit pas être cachée non plus sous le lit, qui bien sûr évoque la paresse.
            La lumière permet de voir nos bonnes œuvres, celles qui sont justes et droites. Les hommes peuvent ainsi glorifier notre « Père qui est dans les cieux » (v. 16). Ce n'est pas à celui qui fait les œuvres de s’estimer satisfait par ses œuvres ni de s’en glorifier !     
 
 
                        2.3 La Loi ne peut être abolie (v. 17-20)
 
            Du verset 17 à la fin du chapitre, le Seigneur présente les principes du royaume en rapport avec la Loi. Il confirme la Loi (v. 17-20), puis montre à l'aide de six exemples comment son enseignement dépassait la Loi. Il parle successivement du meurtre (7ème commandement), de l'adultère (8ème commandement), du divorce, de la parole donnée, de la vengeance et des relations entre croyants. Il conclut par le verset 48, dans lequel le nom de Père n'a pas encore le sens qu'il a pour nous depuis Jean 20 : 17.
            Le Seigneur n'abolit pas la Loi ni d’ailleurs aucune autre écriture de l’ancien Testament, mais Il l'accomplit (v. 17) :
                        - en y obéissant parfaitement,
                        - en accomplissant ce que les Ecritures annonçaient à son sujet (par ex. en Matt. 2 : 23),
                        - en passant par la mort et la résurrection (1 Cor. 15 : 3-4),
                        - en faisant connaître ici les principes qui étaient à la base des commandements, ainsi que toute la pensée de Dieu et ce qui L'honore.
            Autant d'aspects que Moïse n'avait pas précisés. La Loi donnait des commandements cérémoniels et rituels(le sabbat, la pâque, par exemple) qui ont pour nous une valeur typique.
            Comme principe, la Loi aurait été un moyen de salut si un homme avait pu l'accomplir sans une seule défaillance (Gal. 3 : 12b). De fait, elle n'a servi qu'à mettre en évidence l'impossibilité du salut par les œuvres. La justice « des scribes et des pharisiens » (v. 20) consistait à observer scrupuleusement certains commandements, tout en gardant un cœur non purifié de l’orgueil ni de l’hypocrisie.
            La Loi prononce la malédiction sur le pécheur (Gal. 3 : 10) ; celle-ci ne pouvait pas atteindre le Seigneur, seul à avoir parfaitement accompli la Loi. Cependant, pour nous racheter de la malédiction de la Loi, Il est « devenu malédiction pour nous - car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois » (Gal. 3 : 13). Nous sommes sauvés par la grâce, nous ne sommes pas sous la Loi mais sous la grâce (Rom. 6 : 14). Il fallait que la Loi fût accomplie jusque dans la mort de Christ pour que la grâce de Dieu puisse nous être offerte.
            De plus, la Loi contient des préceptes moraux, révélant le caractère constant de Dieu. C'est de cette partie de la Loi que parle le Seigneur ici, et son application nous concerne absolument.
 
            Le Seigneur « a rendu la loi grande et honorable » ; aussi « l'Eternel a pris plaisir en lui à cause de sa justice » (Es. 42 : 21 ; Matt. 3 : 15 ; 5 : 17-19). Au-delà de ce qui nous concerne dans ces passages, le plaisir que Dieu a trouvé en son Fils est mis en évidence. A la fin des heures de la croix, Il a encore dit « afin que l'Ecriture soit accomplie : J'ai soif » (Jean 19 : 28).
 
            Le verset 18 est l'un de ceux qui démontrent la valeur de la Parole de Dieu. Ce qui est dit de la Loi peut s'appliquer à la Parole tout entière. Dans les langues originales, même le choix des mots est inspiré ; même la plus petite lettre grecque, un « iota », ne passera point avant que tout ne soit réalisé. La Parole de Dieu est éternelle (1 Pier. 1 : 25), mais son application et son accomplissement doivent être entièrement achevés sur la terre. C'est ici-bas qu'on apprend à la connaître, pour y obéir et la transmettre d'une génération à l'autre ; c'est ainsi que l'on montre le prix qu'on y attache, le respect que l'on a pour elle et l'autorité qu'elle a sur nous.
            Nous avons à garder la Loi avec le sens que le Seigneur lui donne ici ; nous avons à garder toute la Parole. Prenons garde à ne pas donner à certains passages plus d'importance qu'à d'autres, à ne pas estimer « secondaires » certaines parties parce qu’elles ne s’appliquent pas directement à la période chrétienne.
            Vers l’an 500 de notre ère fut achevé le Talmud, qui parmi d’autres écrits du même genre, fait autorité aujourd’hui parmi les Juifs. Il s’agit d’une immense compilation de règles et de doctrines judaïques dont un très grand nombre sont étrangères à l’Ancien Testament. Au départ transmis oralement pour ne pas porter préjudice à la Parole de Dieu, il fut pour finir écrit et joue un grand rôle dans la religion juive.
            Plus près de nous, des hommes qui ne croient pas en Dieu étudient la Parole comme un livre humain, en minimisant sa signification et en raisonnant sur le texte. Ils portent atteinte à l'inspiration divine de la Bible, et il faut donc être très prudent en lisant certaines versions de la Bible et, hélas, même des commentaires bibliques.
 
            Celui qui enfreint un « petit » commandement sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; celui qui l'aura pratiqué et enseigné ne sera pas appelé le plus grand, mais simplement grand, car ce doit être le cas de tous les croyants.
            Dieu nous a parlé de deux manières : par la Bible, Parole écrite, d'inspiration divine, et d'autre part « dans le Fils », appelé la Parole. « La Parole devint chair » (Jean 1 : 14). L'une et l'autre de ces « Paroles de Dieu » ont toujours été attaquées par l'ennemi qui pousse des hommes à frelater la Parole de Dieu ou à la falsifier (2 Cor. 2 : 17 ; 4 : 2); d’autres troublent les croyants et veulent pervertir l’évangile du Christ (Gal. 1 : 7) ; de son côté, l’apôtre Pierre parle de ceux qui sont ignorants et mal affermis qui tordent le sens des Ecritures pour leur propre destruction (2 Pier. 3 : 16). Quant à nous, joignons les unes aux autres les sept vertus mentionnées en 2 Pier. 1 : 5-7 ! Nous ne serons pas, dès lors, « inactifs ni stériles pour ce qui concerne la connaissance de notre Seigneur Jésus Christ » (v. 8), révélée à nos cœurs par sa Parole et son Esprit. Il en résultera de la gloire pour Lui dans notre vie de chaque jour.
           
            La manière dont les scribes et les pharisiens traitaient la Loi montrait le caractère que leur « justice » avait aux yeux de Dieu (v. 20) ; ils se drapaient dans leur propre justice qui leur permettait de retenir dans leur filtre le moucheron, tandis qu'ils avalaient le chameau (23 : 24) : quelle hypocrisie !
            On n'entre pas dans le royaume sur la base d'une justice par les œuvres mais sur la base de la justice de Dieu, par la foi en Christ et en son œuvre rédemptrice. Nous sommes sous la grâce, mais nous avons besoin d’écouter les enseignements que le Seigneur donne ici, afin de pratiquer la justice selon Dieu en étant attentifs à tout ce que la Parole enseigne.