La Bible : de sa rédaction à nos jours (3)
6 – Les moyens matériels de la transmission de la Bible
7 – La transmission de la Bible au Moyen Age
8 – L'invention de l'imprimerie au service de la Bible
7 – La transmission de la Bible au Moyen Age
8 – L'invention de l'imprimerie au service de la Bible
L'écriture
De nos jours, dans nos pays, la plupart des gens savent lire et écrire.
Personne ne peut véritablement se passer de la langue écrite, et il en est ainsi depuis longtemps. Mais au cours des temps, diverses formes d'écriture et diverses sortes de supports ont été employées.
Pour ce qui est des supports, nous sommes les témoins, depuis quelques années, d'une révolution qui nous a fait passer du papier au CD Rom, en passant par la bande perforée.
L'écriture était déjà connue du temps d'Abraham. Elle a d'abord été pictographique : des dessins figurent des objets et des actions, à la manière des idéogrammes chinois actuels. Dans cette écriture pictographique, un objet devant servir de signe était dessiné sous une forme simplifiée. En assemblant des figures isolées, on pouvait représenter même un déroulement d'actions ou des sujets abstraits. Mais ce procédé est compliqué, et devient un jour ou l'autre peu clair, car le nombre de figures croît à l'infini. Les plus anciennes écritures, soit le cunéiforme des Sumériens, ou les hiéroglyphes des Egyptiens, ont connu ce problème.
Ces écritures pictographiques furent donc remplacées par des écritures syllabiques, comme le démotique égyptien, dans lesquelles on ne représente plus des objets, mais des syllabes du mot prononcé. Toutefois, le nombre de syllabes à connaître demeurait très grand. C'est seulement à une phase ultérieure de l'évolution de l'écriture que l'alphabet apparut.
Cette évolution eut lieu progressivement au cours du deuxième millénaire avant notre ère. Datées de 1500 ans avant Jésus Christ environ, des inscriptions dans un alphabet dit « protosinaïque », déchiffrable aujourd'hui par les érudits, ont été découvertes dans une mine du sud-ouest du Sinaï. N'était-ce pas précisément le lieu et l'époque où Moïse était formé à l'école de Dieu ? Ce fut l'alphabet dit « phénicien », apparu vers 1100 avant Jésus Christ, qui se répandit dans le bassin méditerranéen oriental, et il parvint ainsi en Grèce. Après quelques transformations et ajouts (surtout des voyelles), il donna l'alphabet grec qui constitua plus tard la base de l'alphabet latin que nous utilisons encore aujourd'hui.
D'une manière merveilleuse, Dieu a ainsi pris soin qu'une écriture simple, mais sans équivoque, soit disponible au moment où la Bible commença à être rédigée.
On ne saurait terminer ce sujet sans citer l'existence de bibles en écriture Braille, à l'intention des aveugles.
La Bible complète dans ce mode d'écriture tient en 41 volumes de dimensions 30 x 25 x 7 cm, pesant en tout 45 kg et constituant une pile de 2,90m de hauteur.
Supports d'écriture
Le papyrus
A côté de la tablette d'argile, le papyrus était le matériau le plus répandu pour l'écriture dans l'Antiquité. Le tracé avec une plume et de l'encre sur un papyrus revenait plus cher que la gravure de signes dans l'argile humide, mais le résultat était plus durable, et le document plus facile à utiliser et à transporter. Les plantes de papyrus bordaient autrefois les rives du Nil, en taillis impénétrables. Les tiges à section triangulaire, d'une épaisseur de 6 cm environ, étaient coupées et dépouillées de leur écorce, puis on découpait la moelle en bandes longues et minces, que l'on plaçait côte à côte pour former une feuille. On disposait une deuxième couche perpendiculaire à la première. Après avoir imbibé le tout d'une colle faite de farine de froment, on pressait les feuilles et on les faisait sécher. Enfin, chaque feuille était frottée avec de l'huile de cèdre. Ce matériau se conservait si bien que, dans le climat sec de l'Egypte, il a survécu pendant des siècles jusqu'à notre époque. Jusqu'au 8ème siècle, le papyrus fut utilisé comme support d'écriture.
Le parchemin
Le papyrus était une découverte des Egyptiens et ils en gardèrent le monopole, l'exportant à des prix élevés. Lorsque le roi Eumène II (198-158 avant Jésus Christ) de Pergame en Asie Mineure, voulut agrandir sa bibliothèque pour lui donner une importance mondiale, le roi d'Egypte essaya de l'arrêter en bloquant l'exportation de papyrus. Eumène dut alors inventer son propre support d'écriture, selon la tradition. En réalité, le parchemin était connu en Babylonie dès 195 avant Jésus Christ, mais il ne s'imposa que vers le 4ème siècle de notre ère.
C'est ainsi que se développa en Asie Mineure le parchemin, appelé ainsi d'après la ville de Pergame. Ce matériau, le plus noble et peut-être le plus précieux de tous, était préparé à partir de peaux d'animaux traitées spécialement à l'eau de chaux (peaux de moutons ou de chèvres, puis, beaucoup plus tard, peaux de veaux appelées « velin »). Comme sur le papyrus, on écrivait sur le parchemin avec de l'encre, mais ce dernier se conservait plus longtemps, et, grâce à sa résistance, on avait toujours la possibilité de le gratter et d'y écrire à nouveau par-dessus. Ainsi, une même feuille de parchemin pouvait être utilisée plusieurs fois.
Malheureusement, c'est ce qui a été souvent pratiqué au Moyen Age. Dans les monastères, les moines, souvent très pauvres, effaçaient leurs vieux manuscrits avec de la pierre ponce et du sable pour les réutiliser. Ensuite, ils y écrivaient ou peignaient maintes fois encore. Parfois même on en fabriquait des semelles de chaussures. Ce faisant, on a fréquemment détruit sans le savoir des documents irremplaçables !
Des techniques modernes, comme la photographie à la lumière ultraviolette ou un procédé chimique, permettent, de nos jours, de faire apparaître un texte ancien, jamais complètement effacé, sur un parchemin réutilisé. De tels parchemins écrits plusieurs fois, appelés « palimpsestes », comptent parmi les plus intéressants éléments qui soient parvenus dans les mains des érudits d'aujourd'hui.
Outre ces matériaux d'écriture, on a aussi utilisé le cuir, beaucoup moins fin.
Le cuir
Le cuir, connu depuis des siècles devait aussi être préparé à partir de peaux d'animaux. Le procédé était cependant moins coûteux et, à la différence du parchemin, la peau n'était pas traitée à l'eau de chaux, mais avec du tannin.
Le papier
Le papier, inventé au premier siècle après Jésus Christ en Extrême-Orient, s'est imposé dans nos pays à partir du 14ème siècle.
Les supports modernes
Dès la parution de la bande magnétique, du CD Rom, ces supports ont été employés pour la diffusion de la Bible.
Les monastères, centres spirituels au Moyen Age
Les monastères occupent une place prépondérante dans la transmission de la Bible au Moyen Age (env. 500-1500). Ils furent à l'origine de nombreuses activités spirituelles qui leur assurèrent une position dominante.
En Europe, on ne disposait nulle part ailleurs d'un semblable potentiel de connaissances, d'érudition et de temps. Mais l'attention des moines se portait principalement sur l'Ecriture Sainte. Elle fut recopiée avec zèle, mais aussi interprétée et commentée.
D'abord, ce furent les copies en onciales de la version des Septante, ou du Nouveau Testament grec ; ensuite, à mesure que la Bible en latin faisait son entrée dans les églises, on fit des copies de la Vulgate en latin.
A partir de l'époque de Charlemagne (768-814), on utilisa des petites lettres appelées « minuscules ».
Puis apparut l'usage de l'écriture cursive, une véritable écriture à main courante, où les lettres individuelles étaient rassemblées en mots par des traits de liaison.
De magnifiques psautiers, évangiles et livres de l'Apocalypse, enrichis d'illustrations vivantes et colorées, ainsi que de splendides ornementations furent confectionnés.
Ces magnifiques ouvrages, si bien faits qu'ils semblent imprimés, témoignent de l'habileté de ces hommes qualifiés, de leur patience et d'un amour sans borne pour la Parole de Dieu.
Confection de nombreuses copies de la Bible
Plus tard, les copistes commencèrent à rationaliser le travail.
Un moine lisait le texte, et dix ou même vingt autres le mettaient par écrit. Il y avait donc alors de véritables « éditions en série » comptant parfois plus de vingt exemplaires de la Bible ou de livres bibliques isolés.
Mais une telle pratique comportait des inconvénients, car plus on écrivait vite, plus le risque d'erreurs était important.
Ces erreurs de lecture, d'audition ou d'écriture réduisirent toujours plus la valeur des manuscrits, et entraînèrent avec le temps une confusion provenant de multiples divergences entre les différents textes ; la complète clarification ne sera faite qu'à notre époque.
A la fin du Moyen Age, annonçant la prochaine découverte de l'imprimerie, apparurent les livrets xylographiques : non seulement les illustrations, mais aussi le texte étaient gravés à l'envers sur des planches de bois, chaque planche se présentant comme l'image dans un miroir de la page reproduite.
Johann Gutenberg, un grand inventeur
C'est en 1448 que l'imprimerie avec des lettres métalliques mobiles fut inventée. Johannes Gensfleisch, surnommé Johann Gutenberg, acheva la mise au point de l'imprimerie à Mayence. Probablement dès 1450, Gutenberg commença les travaux préliminaires à l'impression de la « Bible à quarante-deux lignes » (expression qui provient de la disposition du texte de chaque page sur deux colonnes de quarante-deux lignes). Tout ce dont il avait besoin pour son entreprise, depuis les lettres jusqu'à l'encre d'imprimerie, devait être confectionné selon ses plans.
Gutenberg conçut deux cent quatre-vingt-dix caractères différents ; ainsi, on pouvait à peine distinguer le texte imprimé d'un manuscrit. Pour une page de la Bible à quarante-deux lignes, il lui fallait environ deux mille cinq cents lettres. L'ouvrage complet comporte deux tonnes, soit mille deux cent quatre-vingt-deux pages imprimées. Chacun des six compositeurs qui travaillaient dans l'atelier de Gutenberg devait avoir assez de lettres pour trois jours d'avance (à cause de la chaîne composition-impression), et il fallut préparer une énorme réserve de près de quarante-huit mille lettres. Cette première bible ne fut pas seulement imprimée sur du papier mais aussi sur du parchemin. Il fallait environ une journée pour la composition d'une page. Ensuite elle allait à la presse qui permettait à peu près dix impressions à l'heure ; on l'en retirait et on la suspendait pour la laisser sécher, le papier étant humidifié avant utilisation. Dans la composition, on laissait un emplacement libre pour la première lettre de chaque nouveau chapitre.
Cette initiale était peinte à la main, en rouge, par le rubricateur qui peignait aussi les titres en lettres rouges. Quant aux enluminures, elles étaient réalisées par des spécialistes, les enlumineurs.
Il a fallu deux années entières pour terminer cette première impression. Elle comportait cent quatre-vingts exemplaires de la Bible dont quarante-cinq ont été conservés, pour certains seulement par fragments.
La Vulgate (Bible en latin) fut le premier livre à être imprimé en série.
Rapidement, la technique de l'imprimerie se répandit en Europe et des ateliers s'établirent en Allemagne, en Hollande, en France, en Italie, en Espagne. On imprimait alors soit le texte latin, soit des traductions de la Vulgate. Ainsi, la Réforme allait bénéficier de cette merveilleuse découverte.
Editions de bibles à des prix plus abordables
Le désir pressant d'apporter aux hommes la Bible à un prix plus abordable fut le but de la fondation des Sociétés bibliques. Sans ressources propres, grâce à des dons de fondations ou des collectes, elles ont pu réaliser de très importantes éditions de bibles.
On trouve déjà la pensée fondatrice des Sociétés bibliques au début du 16ème siècle. Le chevalier Anemont de Coct dut s'enfuir de France à Bâle au temps de la Contre-Réforme, et consacra là toute sa fortune à l'impression de bibles à prix modéré.
Toute la Bible disponible en pages déjà composées
Au début du 18ème siècle, en Allemagne, Auguste Hermann Francke fut l'initiateur d'une oeuvre remarquable. Il installa une imprimerie dans son orphelinat de Halle. Pour la première fois, la composition complète d'une bible entière fut gardée à disposition. Cela représentait plus de trois millions de lettres, signes et espaces, constamment prêts à être utilisés et permettant de répondre rapidement à toute demande d'édition. Mais ce procédé nécessitait un important capital initial, qui fut offert par un ami de Francke, le baron von Canstein. Ce fut l'origine, en 1710, de la « von Cansteinsche Bibelanstalt » (Institution von Canstein pour la Bible) qui diffusera jusqu'en 1804 trois millions de bibles et nouveaux testaments.
Une jeune fille galloise à l'origine de la plus importante société biblique
Le 19ème siècle fut marqué par un essor considérable de la diffusion de la Parole de Dieu, et en particulier grâce à la « Britsh and Foreign Bible Society » (soit la Société biblique britannique et étrangère) qui fut fondée le 7 mars 1804. L'histoire de la fondation de cette institution est bien remarquable. Une jeune fille galloise, Mary Jones, née dans une humble famille d'un village pauvre, avait été profondément touchée par les versets de la Bible qu'elle avait entendus à l'école du dimanche, et désirait ardemment se procurer un exemplaire du précieux livre, pour sa lecture personnelle. Mais elle ne savait pas lire et dut d'abord faire l'apprentissage de la lecture, quand une classe s'ouvrit dans un village voisin. Elle put alors déchiffrer l'unique exemplaire de la Bible qui se trouvait dans son village, mais désirait en acquérir personnellement un exemplaire.
Elle économisa donc sou après sou, et après plusieurs années, lorsqu'elle crut avoir rassemblé une somme suffisante, elle partit à pied pour une ville distante de quarante kilomètres où elle pensait pouvoir se procurer le précieux livre. Là, elle apprit que toutes les éditions galloises de la Bible étaient épuisées. Il restait bien un invendu disponible, qui avait été réservé pour une personne qui ne l'avait jamais réclamé, mais son prix représentait le double des économies de Mary.
Le pasteur qui l'avait reçue lui céda tout de même l'exemplaire tant désiré à un prix qui restait dans les possibilités de Mary, mais, ému par l'histoire de cette jeune fille, il déclencha un mouvement en faveur de la réimpression de la Bible en langue galloise à un prix abordable, mouvement qui élargira son but à la diffusion de la Bible dans tous les pays du monde, et ce fut là l'origine de ce qui devint plus tard la Société biblique britannique et étrangère.
Cet organisme a développé beaucoup de filiales dans le monde entier et en cent ans, il a diffusé cent millions de bibles, nouveaux testaments ou parties de la Bible.
D'autres sociétés bibliques voient le jour
Pour les pays germanophones, le « Württembergische Bibelanstalt » (Institut biblique du Würtemberg), fondé en 1812, a oeuvré pour la diffusion de la Parole de Dieu, mais a aussi joué un rôle important dans l'édition de la Bible dans les langues originales à l'intention des spécialistes. Depuis 1975, cette oeuvre s'est fondue dans le « Deutsche Bibelstiftung » qui a aussi repris l'activité de l'Institution von Canstein, citée plus haut.
En France, la Société biblique de Paris a été fondée dès 1818. Sa création, aidée par la Société biblique britannique, répondait à un immense besoin. Les exemplaires de la Bible subsistant en France après un siècle de persécution des protestants, principaux lecteurs des Saintes Ecritures, étaient en nombre incroyablement faible. Ne rapporte-t-on pas qu'en 1825, à Saint-Hyppolyte du Fort (Gard), pour une population presque exclusivement protestante de 5300 habitants, il n'y avait que 100 bibles ou nouveaux testaments.
En 1948, l'Alliance biblique française a succédé aux différentes sociétés bibliques qui travaillaient dans notre pays. Il existe aussi en France une Maison de la Bible liée à la Société Biblique de Genève, qui a été fondée en 1940 pour répondre aux besoins des croyants francophones pendants les dures années de la seconde guerre mondiale. Toutes ces institutions ont pour objet principal la traduction, l'édition et la diffusion de la Bible.
En France, la Bonne Semence (30, Rue Châteauvert – 26000 Valence) diffuse des bibles à des tarifs très réduits et peut sur votre demande et sans engagement de votre part vous offrir gratuitement un nouveau testament
La Bible est le livre le plus imprimé !
Le nombre total d'exemplaires de la Bible imprimés depuis l'invention de Gutenberg s'élèverait à plus de deux milliards ! De nos jours, la cadence de son impression ne fait que croître.
La Bible est le livre le plus traduit !
La diffusion de la Bible est étroitement liée au travail inlassable de traduction. Au temps de Luther, il y avait environ quinze traductions en différentes langues. En 1600, leur nombre était de quarante, en 1700 seulement cinquante-deux. Ensuite ce nombre fit un bond : après les soixante-quinze traductions en 1800, on atteignait en 1900 les cinq cent soixante-sept.
Actuellement, la Bible, ou des portions de celle-ci, existe en plus de deux mille langues ! Ce nombre est en progression constante.
Vous venez de lire de quelle manière particulière la Bible a été transmise ; c'est Dieu lui-même qui veille sur sa Parole.
Il a créé les conditions pour que la Bible puisse être diffusée en un très grand nombre d'exemplaires.
Il a aussi attisé le zèle avec lequel la Bible fut copiée, imprimée, et diffusée.
Nombre de langues dans lesquelles la Bible est traduite
1975 |
1982 |
1990 |
1994 |
1996 |
|
La Bible complète | 257 | 279 | 318 | 341 | 355 |
Nouveau Testament | 368 | 551 | 726 | 822 | 880 |
Une partie de la Bible | 924 | 933 | 902 | 929 | 932 |
Total | 1 549 | 1 763 | 1 946 | 2 092 | 2 167 |
Nombre d'exemplaires imprimés
1970 |
1 975 |
1982 |
1992 |
1996 |
|
Bible complète | 5 159 032 | 6 230 607 | 10 883 159 | 16 871 360 | 9 370 487 |
Nouveau Testament | 11 717 092 | 10 738 146 | 12 177 593 | 13 759 552 | 12 157 875 |
Parties | 32 835 300 | 27 301 781 | 32 575 846 | 30 167 612 | 22 209 877 |
Sélections | 123 692 991 | 259 196 773 | 428 996 939 | 557 386 823 | 476 920 867 |
Total | 173 404 415 | 303 467 307 | 484 633 537 | 618 185 347 | 530 659 106 |
(Source : Alliance biblique universelle)
A.R et S. D – adapté de l'édition originale en allemand : « Dieerstaunliche Gerschichte der Bibel »
A suivre