BREVES NOTES SUR L'EVANGILE DE MATTHIEU (3)
CHAPITRE 3 :
Ce chapitre présente Jean le Baptiseur (v. 1-4), son service et son message (v. 5-12) et le baptême du Seigneur par Jean (v. 13-17).
1- La prédication de Jean le Baptiseur : v. 1-12
1.1 Arrivée de Jean le Baptiseur dans le désert de Judée (v. 1-4)
Jean est un nazaréen (Nom. 6) ; son habit et sa nourriture le montrent (v. 4). Il porte aussi les mêmes caractères que le prophète Elie (Matt. 11 : 13-14 ; 2 Rois 1 : 8). Le Seigneur dira à son sujet : « Parmi ceux qui sont nés de femme, il n'en a été suscité aucun de plus grand que Jean le Baptiseur ; mais le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui » (Matt. 11 : 11). Jean était envoyé pour préparer le chemin du Seigneur immédiatement avant sa venue ; c'est en cela qu'il était plus grand que ses prédécesseurs. Les grands personnages d'autrefois se faisaient annoncer par des hérauts. L'état du peuple juif nécessitait qu'il soit préparé moralement à recevoir le Messie. Hélas, les versets 1 à 19 du chapitre 11 montrent qu'en général ce peuple au coeur endurci - comme celui de tous les hommes - n'a pas reçu le message. Toutefois beaucoup sont venus à Jean et ont confessé leurs péchés (v. 6).
Le désert de la Judée où Jean prêchait ne semblait pas être l'endroit propice pour se faire entendre par beaucoup de personnes. Mais Jean gardait ses distances vis-à-vis du peuple juif qui n'était pas disposé à recevoir son Messie et il devait donc prendre cette position de séparation. D'ailleurs tout au long de cet évangile apparaissent ceux qui forment ce résidu ; ils sortent du milieu du peuple pour écouter Dieu et pour suivre Jésus. C'est l'évangile du Roi rejeté ; le royaume prend une forme mystérieuse comme le montrent les paraboles du chapitre 13.
Notre coeur naturel n'est-il pas aussi comme un « désert » ? Il n'est jamais prêt à recevoir le Seigneur. Il faut que Dieu l'attire par son amour et par sa grâce toujours prêts à se déployer envers l'homme endurci par le péché. En un sens, Dieu veut faire tout le chemin entre l'homme et lui-même (Jean 6 : 44) ; mais, d'un autre côté, la responsabilité de l'homme demeure. Dieu désire avoir notre coeur, et non de simples formes. La réalité de notre foi doit se montrer par la manifestation du fruit de l'Esprit dans notre vie.
La première parole de Jean est : « Repentez-vous, car le royaume des cieux s'est approché »(v. 2). Le Seigneur Jésus adressera le même appel à ceux qui l'écouteront (4 : 17). Ses disciples, marchant parmi les brebis perdues de la maison d'Israël, devront faire de même (10 : 7). Son message était la continuation de celui des prophètes - Jérémie en particulier - qui appelaient déjà à la repentance, mais il était plus pressant encore, car le Roi était là. Jean n'était « pas la lumière », mais venait « pour rendre témoignage de la lumière » (Jean 1 : 8) qui allait être manifestée dans sa plénitude dans la personne de Jésus ; dans tout son ministère, il a toujours été très attentif à ne pas être confondu avec le Seigneur.
L'expression « royaume des cieux » est propre à Matthieu, mais l'évangéliste emploie aussi l'expression « royaume de Dieu », la seule que l'on trouve dans les autres évangiles. Ces deux expressions ont un sens proche l'une de l'autre ; dans certains cas (Matt. 19 : 23), on ne peut pas faire la différence. Lorsqu'elles sont distinguées, la première souligne le fait que le Roi est maintenant dans le ciel ; l'autorité s'exerce depuis le ciel, comme c'est le cas actuellement sur ceux qui reconnaissent l'autorité du Seigneur. Cette expression est celle qui convenait pour les Juifs : ils ne prononçaient pas le mot « Dieu ». Le « royaume de Dieu » a une portée plus large et plus étendue dans le temps : c'est le domaine sur lequel s'exerce et s'exercera l'autorité de Dieu.
1.2 Le baptême de Jean (v. 5-6)
Le baptême de Jean, pour la repentance, n'était applicable que dans la période précédant immédiatement la venue du Seigneur sur la terre.
La preuve d'un travail divin était ainsi donnée par ceux qui sortaient vers Jean, alors qu'il prêchait dans un désert ! Dieu prépare les âmes qui sentent leurs besoins, leur misère, qui sentent aussi qu'elles ont quelque chose à confesser. Ceux qui venaient à ce baptême manifestaient une véritable repentance ; une réforme extérieure ne suffisait pas, il devait y avoir des fruits produits dans le coeur et dans la vie.
Ces Juifs qui ont accepté le baptême de Jean ont reçu, par là même, l'assurance du pardon de leurs péchés (Marc 1 : 4) et ils étaient prêts à entrer avec un Christ vivant dans son royaume.
1.3 La repentance (v. 7-10)
Des représentants de deux sectes juives viennent vers Jean au bord du Jourdain :
- les pharisiens : religieux et formalistes, ils étaient très attachés à la Loi de Moïse et à la tradition qui s'y était ajoutée au cours des siècles (Marc 7 : 8)
- les sadducéens : ces Juifs rationalistes rejetaient la tradition, ne retenant que les prescriptions morales de l'Ancien Testament ; de plus, ils niaient la résurrection des morts, l'existence des anges et des démons (Act. 23 : 8).
Le message que Jean leur adresse (v. 7-12) est tout différent de celui qui était présenté à ceux qui s'approchaient avec humilité et droiture. A ces hommes qui venaient seulement dans le but de se joindre à un mouvement religieux tout en conservant la considération des hommes et leur influence au milieu du peuple, Jean doit parler de jugement. Il n'y avait pas en eux le travail intérieur recherché par Dieu. Leur ruse et leur hypocrisie sont dévoilées ici par cette expression cinglante : « race de vipères » (v. 7), que le Seigneur emploiera lui-même plus tard à l'égard des pharisiens et des scribes (12 : 34 ; 23 : 33).
Il ne suffisait pas d'être un descendant d'Abraham selon la chair (v. 9 ; Jean 8 : 39) ; il fallait une vraie repentance de ses péchés (v. 8), de sorte que ni les pharisiens ni les sadducéens ne pouvaient recevoir le baptême de Jean (Luc 7 : 29-30).
La repentance est une étape incontournable du chemin par lequel l'homme vient à Dieu ; « la bonté de Dieu te pousse à la repentance », dit Paul dans l'épître aux Romains (2 : 4). C'est le jugement complet, conforme à l'appréciation de Dieu, de ce que l'on est par nature et de ce que l'on a fait. C'est la condamnation d'une vie passée qui a déshonoré Dieu. Il est indispensable que ce jugement soit porté, et qu'il le soit avec sincérité, en profondeur. La réalité de cette repentance va de pair avec la manifestation d'un fruit visible, par un changement évident dans le comportement et la marche produit par la conversion.
Dire que l'on s'est repenti et continuer à marcher comme auparavant est la preuve que l'on ne s'est pas vraiment repenti ! Il faut que Dieu nous éclaire comme il faut qu'il le fasse pour tout homme avant qu'il vienne à Lui.
Un croyant qui a péché doit aussi se repentir : il prend conscience de la gravité de son acte aux yeux de Dieu, il en est attristé, et cette tristesse produit une repentance qui génère un sentiment de délivrance (2 Cor. 7 : 9-11). La confession au Seigneur d'un péché commis en pensée, en parole ou en acte est indispensable pour retrouver la communion avec Dieu et avec ses frères et soeurs dans la foi. Ne faisons pas Dieu menteur en disant que nous n'avons pas péché ! (1 Jean 1 : 6-10).
1.4 Le baptême de l'Esprit Saint et de feu (v. 11-12)
Le « baptême de l'Esprit Saint » est attribué ici au Seigneur : « lui vous baptisera de l'Esprit Saint… » (v. 11). Il a envoyé l'Esprit après avoir été glorifié au ciel (Act. 1 : 4, 5, 8 ; 2). Par ce baptême, les chrétiens sont unis en un seul corps (1 Cor. 12 : 13) pour former l'Assemblée.
Le feu parle des peines éternelles, une réalité confirmée ailleurs (25 : 41). Le « baptême de feu » symbolise le jugement à venir ; c'est un feu « qui ne s'éteint pas » (v. 12). Il s'exercera, « à la révélation du Seigneur…. en flammes de feu… sur ceux qui ne connaissent pas Dieu, et sur ceux qui n'obéissent pas à l'évangile… (2 Thes. 1 : 7-8). Jésus Christ « nettoiera entièrement son aire » ; la balle sans valeur sera séparée du bon grain et brûlée, image de ce que sera la terrible destinée de ceux qui ne se seront pas repentis.
2- Le baptême de Jésus : v. 13-17
2.1 Jésus baptisé par Jean (v. 13-15)
Le Seigneur commence son ministère public en venant au baptême de Jean et en se joignant à ceux qui viennent confesser leurs péchés.
On comprend l'étonnement et les hésitations de Jean le Baptiseur quand Celui dont il ne s'estimait pas « digne d'enlever ses sandales » (v. 11) vient pour être baptisé. Le message de Jean avait amené quelques personnes du peuple à se repentir et à entrer ainsi dans les voies de Dieu pour recevoir le Messie. Et voilà que Jésus venait aussi à ce baptême ! Tous ceux qui entrent dans le chemin que Dieu a tracé découvriront que le Seigneur Jésus est là avec eux. Certes, Lui-même n'avait rien à confesser. Il avait été enfanté sans péché et il s'était conservé pur, sans connaître ni commettre le péché. Mais Il était là avec ceux que la Parole appelle les « excellents » de la terre (Ps. 16 : 3), associé aux humbles et aux repentants de son peuple.
Le Jourdain est le fleuve de la mort, et il présente, en image, Christ entrant dans les eaux de la mort. Il montrait ainsi, en entrant dans son ministère, ce qu'Il allait accomplir ! Il est entré dans les eaux parce qu'il lui était « convenable d'accomplir toute justice » (v. 15), pour Dieu premièrement - c'était pour Lui d'abord que Jésus était venu - mais aussi pour amener « de nombreux fils à la gloire » (Héb. 2 : 10). Et pour cela il fallait ses souffrances et sa mort ! Alors Dieu a ressuscité son Fils d'entre les morts et Il « lui a donné la gloire » (1 Pier. 1 : 21), car Jésus remonta aussitôt de l'eau » (v. 16), n'ayant rien à confesser quant à Lui-même. Mais Il était venu refaire l'histoire de l'homme sur la terre et en particulier celle de son peuple ; sur la croix, « il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités » (Es. 53 : 5).
2.2 Le Saint Esprit descendant sur Christ (v. 16)
Jean obéit, il n'insiste pas. Il « laisse faire » le Maître qui vient à lui pour être baptisé ! Mais c'est lui, le Seigneur, qui était au-dessus de tout et occupait la place centrale. C'est par rapport à lui que les choses sont dirigées. Il est distingué de la foule. Les cieux s'ouvrent à lui pour mettre en évidence qu'Il est le Fils de Dieu. Il y a une Personne divine sur la terre, que le ciel peut contempler.
Le Seigneur est baptisé de l'Esprit Saint qui descend sur Lui comme cette huile de l'onction qui autrefois désignait le roi (1 Sam. 16 : 13). Et l'Esprit est non seulement descendu sur lui, mais il y est demeuré (Jean 1 : 33). Le sceau du Père est mis sur Lui. Il pourra ainsi commencer son ministère de grâce dans la puissance de l'Esprit Saint (Act. 10 : 38). L'Esprit Saint vient sur le Seigneur comme Personne divine. Il est bien remarquable de voir réunies dans cette scène les trois personnes divines : Père, Fils et Saint Esprit.
La colombe exprime la pureté, l'humilité et la douceur qui ont caractérisé le service du Seigneur. Dieu se sert de cette image pour montrer toute la satisfaction qu'Il trouvait dans son Fils bien aimé.
2.3 « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir » (v. 17)
Dieu avait déjà vu marcher Jésus pendant les trente années précédentes et Il avait trouvé en Lui sa pleine satisfaction ! Maintenant Il revendiquait la gloire de son Fils au moment où Il entrait dans son ministère public. Dieu proclamera à nouveau cette gloire sur la montagne de la transfiguration (Matt. 17 : 5 ; 2 Pier. 1 : 17-18). Le Fils de Dieu, l'homme parfait ne devait pas être confondu avec aucun autre !
Cette merveilleuse parole d'amour et d'approbation : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé » est une expression qu'on retrouve à sept reprises dans le Nouveau Testament, dont cinq fois avec l'expression ajoutée ici : « en qui j'ai trouvé mon plaisir ». Nous pouvons remarquer, en lisant les Evangiles, le livre des Psaumes, ou celui d'Esaïe, comment Dieu montre qu'Il a trouvé son plaisir à chaque étape de la vie du Seigneur Jésus (Ps. 40 : 7-8 ; Es. 42 : 1, 21 ; Matt. 3 : 17 ; Es. 53 : 10 ; 48 : 14 ; Matt. 17 : 5). Ainsi du commencement à la fin, toute la vie de Jésus a été pour le plaisir de Dieu !
Quel prix a pour ton coeur, ô Père,
Jésus, le Fils de ton amour !
De la piété le grand mystère
Nourrit notre foi chaque jour.
Sur les sentiers de cette terre,
Sa joie était de te servir.
Et de la crèche au mont Calvaire,
En lui tu trouvas ton plaisir.
Ton Fils unique a fait connaître
Ta grâce, ô Dieu, ta vérité ;
Dans la splendeur de tout ton Etre,
Tu fus alors manifesté.