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Les temps du prophète Osée

 
 L'époque de la prophétie d'Osée
 Bref rappel du contenu du livre d'Osée
 Quelques pensées au sujet du débat de l'Eternel avec son peuple (chap. 4-10)
 La conclusion du livre (chap. 14)
 
            Les tout premiers mots d'Osée revendiquent l'autorité de l'inspiration divine sur le livre tout entier : « La parole de l'Eternel qui vint à Osée ». Tout ce que le prophète va dire est vraiment la Parole de Dieu et non uniquement les paroles du prophète (voir aussi Jér. 1 : 2 ; Joël 1 : 1 ; Michée 1 : 1 ; …).
            Le nom d'Osée signifie « salut, délivrance ». Il était le fils de Beéri (v. 1). Tout son ministère s'est exercé dans le royaume d'Israël. Toutefois Juda est mentionné assez fréquemment, bien que le prophète n'en parle qu'incidemment afin de le mettre en parallèle avec le royaume d'Israël (1 : 7 ; 4 : 15 ; 5 : 5 ; 10 : 11-14 ; 12 : 1, 3). Jérusalem n'est pas nommée une seule fois ; c'est bien du  royaume des dix tribus que le prophète s'occupe avant tout. Certaines des localités d'Israël sont souvent citées : Guilgal, Béthel, Galaad…
            Osée paraît avoir eu connaissance de certains traits particuliers concernant Sichem (6 : 9). Il est frappant de voir que le royaume de Samarie est appelé « le pays », et son roi, « notre roi » (1 : 2 ; 7 : 5). Osée habite donc dans ce royaume ; il n'y est pas simplement « de passage », comme Amos.
            De nombreuses réminiscences des paroles d'Osée se retrouvent dans le livre de Jérémie, ce qui montre que ses écrits n'ont pas tardé à se répandre même dans le royaume de Juda. D'ailleurs le message du prophète lui a été tout de même indirectement destiné, d'où la mention de Jéroboam, fils de Joas, roi de Juda (1 : 2).
 
 
L'époque de la prophétie d'Osée
 
            Osée commence son ministère sous le règne de Jéroboam 2, un vaillant monarque appartenant à la dynastie de Jéhu, qui avait renversé et remplacé celle d'Achab. Jéhu avait reçu d'Elisée l'ordre d'exterminer toute la famille d'Achab et d'abolir le culte de Baal. Mais il n'était pas allé jusqu'au bout de sa mission, soit qu'il n'osât pas ou ne voulut pas s'attaquer au culte des deux veaux d'or qui était célébré à Béthel et à Dan. Cette idolâtrie avait été établie par Jéroboam 1, dès le début de l'existence de ce royaume des dix tribus. Il lui avait paru nécessaire pour maintenir le schisme ; aussi l'avait-il en quelque sorte « consacré ».
Aucun monarque, dès lors - pas même Jéhu - n'avait eu le courage moral nécessaire pour supprimer ces veaux. Chacun craignait toujours qu'une fois ces idoles disparues, le peuple ne retourne à Jérusalem et ne s'attache à l'un des descendants de la dynastie de David. En pratique, la conduite de Jéhu s'est curieusement partagée entre l'obéissance et l'infidélité ! Dieu ne lui a donc pas accordé tout ce qu'Il tenait en réserve pour un serviteur vraiment docile.
            Jéhu a toutefois reçu la promesse que quatre de ses descendants occuperaient, après lui, le trône à Samarie (2 Rois 10 : 30). En revanche, à cause de sa désobéissance, un châtiment est infligé à son peuple infidèle. Il s'agit d'invasions successives des Syriens - elles débuteront déjà de son vivant : Dieu commence à « entamer Israël » (2 Rois 10 : 32-33) et le pays sera finalement entièrement occupé. Le fils de Jéhu, Joakhaz sera plus humilié encore que son père, à cause de sa propre infidélité, qui caractérisera aussi ses descendants. Il crie tout de même à l'Eternel qui, dans ses compassions, promet de leur susciter un sauveur « à cause de son alliance avec Abraham, Isaac et Jacob » (2 Rois 13 : 1-7). En effet, sous Joas, un des fils de Joakhaz, le relèvement d'Israël commence. Les Syriens sont refoulés au-delà du Jourdain. Même Juda, avec lequel Joas était aussi en guerre, sera vaincu (2 Rois 13 : 22-24 ; 14 : 8-14).
            Enfin Jéroboam 2, fils de Joas - déjà cité plus haut - monte sur le trône, et le petit Etat montre un rayonnement inconnu jusqu'alors et qu'il ne connaîtra plus par la suite. Les Syriens perdent non seulement tout ce qu'ils avaient conquis à l'est du Jourdain, dans le pays de Galaad, mais ils sont, à leur tour, envahis ! La frontière du royaume de Samarie s'étend alors jusqu'à Damas, de la vallée de Hamath au Nord et à la Mer morte, au sud !
            Mais cette grande prospérité matérielle s'accompagne à l'intérieur du pays d'un luxe effréné et d'excès de toutes sortes. Le culte de Baal est réintroduit subrepticement. Ainsi, sous des « dehors » brillants, la corruption gagne toujours plus de terrain (2 Rois 14 : 23-29). Cependant l'Eternel patiente encore, fidèle à ses promesses qui datent de loin. N'avait-Il pas annoncé qu'un quatrième descendant de Jéhu occuperait aussi le trône ? En effet, Zacharie succède à son père, mais son règne sera particulièrement court. Six mois plus tard, la dynastie de Jéhu, qui avait suscité tant d'espérances, prend fin.
            Aussitôt après l'assassinat de Zacharie, les conspirations, les meurtres, se multiplient dans ce malheureux royaume. Shallum, son meurtrier, ne règne qu'un mois. Après l'avoir à son tour frappé à mort, Ménahem lui succède. Puis Pékakhia, son fils, règnera deux ans et ce sera le tour de Pékakh de devenir roi. Finalement, Osée conspire contre lui et établit son règne. Au milieu d'une anarchie grandissante, l'ivrognerie, la débauche, l'adultère se développent. La patience de Dieu est parvenue à son terme et le peuple, entièrement dévoyé, est vaincu par l'armée Assyrienne. Les rares survivants sont déportés en Assyrie (2 Rois 15 : 8-31 ; 17).
            Déjà, durant le règne éphémère de Ménahem, ces Assyriens avaient commencé à intervenir. Deux partis s'étaient alors formés en Israël : l'un, partisan de la collaboration, croyait pouvoir s'appuyer sur l'Assyrie, l'autre qui redoutait une alliance avec cet immense empire, cherchait appui auprès de l'Egypte. Ce dernier parti amènera la ruine de Samarie. Après avoir conclu une alliance avec l'Egypte, le roi Osée se révoltera contre l'Assyrie : il sera aussitôt écrasé par leur terrible armée.
 
            Le ministère du prophète Osée a donc débuté pendant le règne de Jéroboam 2, et sa vie s'est prolongée jusqu'au règne de son homonyme, le roi Osée. Son activité prophétique a peut-être duré soixante ans ! Au moment où l'Eternel l'envoie avertir Israël, ce peuple se montre infidèle en servant deux idoles. L'une d'entre elles se caractérise par l'adoration des veaux d'or et l'autre par celle de Baal.
            Le peuple à la suite du schisme, avait délaissé le roi légitime, celui de Juda - un descendant de David. Le prophète réalise que ces égarements sont à l'origine de tous les autres péchés, et la cause évidente d'une ruine de plus en plus menaçante. Il dira, de la part de Dieu : « Ils ont fait des rois, mais non de par moi ; ils ont fait des princes, et je ne le savais pas. De leur argent et de leur or ils se sont fait des idoles, afin qu'ils soient retranchés. Ton veau t'a rejeté, Samarie ! Ma colère s'est enflammée contre eux. Jusques à quand seront-ils incapables d'innocence ? Car il est d'Israël, celui-là aussi : un ouvrier l'a fait ; il n'est pas de Dieu ; car le veau de Samarie sera mis en pièces ! Car ils ont semé le vent, et ils moissonneront le tourbillon ». Il n'y avait pas une tige de blé ; si toutefois elle germait, elle ne produirait pas de farine ; et si elle en produisait, des étrangers la dévoreraient. « Israël est dévoré ; maintenant, ils seront parmi les nations comme un vase auquel on ne prend pas plaisir » (Osée 8 : 4-8).
            Tant que ce double interdit n'était pas ôté du milieu d'Israël, les promesses de Dieu ne pouvaient pas s'accomplir entièrement.
 
 
Bref rappel du contenu du livre d'Osée
 
            Le livre peut se diviser en deux parties : la première va jusqu'au chapitre 3 inclus ; la seconde contient les chapitres 4 à 14.
 
            Dans la première partie, on trouve ce que nous proposons d'appeler « l'adultère d'Israël » : l'idolâtrie et les nombreuses dérives du peuple sont dépeintes sous la forme d'un mariage « symbolique » du prophète avec une femme de mauvaise vie. Cette image sera reprise ensuite par plusieurs prophètes. Pour l'Eglise aussi, Jacques dira : « Adultères, ne savez-vous pas que l'amitié du monde est inimitié contre Dieu » (Jac. 4 : 4). Chers lecteurs, avons-nous compris la gravité d'une telle infidélité à l'égard du Seigneur ? Le mariage d'Osée est une image de la relation d'Israël vis-à-vis de l'Eternel.
            Le nom donné aux trois enfants évoque ce que sont devenues les relations d'Israël avec son Dieu, du fait de son inconduite. Cette situation perdure encore.
                      - Jizréel : Dieu sème (ou Dieu disperse).
                       - Lo-Rukhama : elle n'a pas obtenu miséricorde,
                      - Lo-Ammi : Pas mon peuple.
            Dieu a montré « la nudité et la honte » d'Israël. Mais, au lieu de chasser définitivement « l'épouse » ingrate et coupable, Il l'a attirée et menée au désert ; là, dans sa miséricorde, Il lui parle au coeur (2 : 14) Même la sinistre vallée d'Acor, où avait eu lieu le jugement du péché d'Acan (Jos. 7 : 26), devient une porte d'espérance. Il en va de même « moralement » pour nous. La vallée du trouble, le lieu où nous avons eu affaire à Dieu au sujet de nos fautes passées, devient pour nous une « porte d'espérance » (Es. 65 : 10).
Au début du chapitre 3, Dieu invite Osée à accomplir un autre acte symbolique. Il servira à évoquer un « aspect » de l'histoire morale du peuple pendant la période de son infidélité, avant son rétablissement. Le prophète s'est attaché « par amour » à sa femme. Or elle se montre infidèle, mais il l'aime toujours. Il la rachète. Il a désormais des droits sur elle ; elle devra l'attendre pendant « beaucoup de jours ».
            De même Israël attend encore, dépouillée, répandue et ravagée (Es. 18 : 7). Mais « à la fin des jours », il recherchera son Dieu et son roi, le vrai David. Il se tournera avec crainte vers l'Eternel et vers sa bonté (Osée 3 : 5).
            Au moment où cette prophétie est prononcée, la descendance de Jéhu était sur le trône, mais pour peu de temps encore. La prospérité matérielle qu'Israël connaissait est décrite : « Ses délices, sa fête… sa vigne, son figuier » (2 : 5, 11-12). Mais cette situation favorable allait bientôt prendre fin, ainsi que la confiance illusoire que ce peuple avait mise dans de telles vanités passagères (Ps. 107 : 39).
 
            La seconde partie du livre est le recueil des « discours » successifs d'Osée. En se servant du prophète, Dieu poursuit un débat avec son peuple. L'image symbolique, employée dans la première partie, n'est plus employée. Il semble que toute cette portion du livre a été écrite d'un seul « jet » - peut-être une sorte de « résumé » des pensées d'Osée durant sa longue carrière. Elle est rédigée avec une vivacité extraordinaire, et contient de nombreuses images, souvent très particulières. Le style de cet homme de Dieu devient plus souvent « haché ». Les reproches, les menaces et les promesses sont ses trois thèmes ; ils reviennent périodiquement. Les péchés du peuple lui sont rappelés, son châtiment est décrit, mais la grâce de Dieu est toujours plus ou moins clairement promise !
            La pensée prophétique se déroule dans toute cette partie du livre. Ces thèmes sont successivement exposés dans les chapitres 4 à 6, 7 à 11 et 12 à 14. La pensée dominante, c'est l'accusation ; puis suivent de grandes menaces, mais les promesses, malgré tout, ont toujours leur place.
            Toutefois, il ne faudrait pas trop s'attendre à un ordre précis dans l'exposé. Un prophète - et Osée en particulier - n'était pas généralement astreint à un agencement déterminé à l'avance de son message. « La prophétie n'est jamais venue par la volonté de l'homme, mais de saints hommes de Dieu ont parlé, étant poussés par l'Esprit Saint (2 Pier. 1 : 21). Ce dernier les dirige comme Il veut. Sans doute on retrouve toujours les « courants » de pensée mentionnés, mais souvent le coeur du prophète déborde : l'ordre n'est plus absolument respecté - à la différence, par exemple, du livre d'Amos.
            La nature d'Osée était ardente ; il était étreint par la douleur en voyant son peuple rester sourd à ses reproches et courir, inconscient semble-t-il, à sa ruine. Il devait annoncer la parole ; elle était dans son coeur comme un feu brûlant (Jér. 20 : 9). Il déclare : « Ils ne demeureront pas dans le pays de l'Eternel, mais Ephraïm - qui représente souvent les dix tribus - retournera en Egypte et mangera en Assyrie ce qui est impur » (Osée 9 : 3).
Cet homme de Dieu, dans son amour profond, ne pouvait pas davantage que Jérémie rester longtemps silencieux. Mais pas un seul de ses discours prophétiques ne peut, semble t-il, s'achever par la menace. De sorte que - sans lien apparent avec les pensées qui précèdent dans le texte - il apporte soudain une promesse de salut, de la part de l'Eternel (2 : 1-3, 16 ; 3 : 5 ; 11 : 8-11). Par exemple celle-ci : « Je ne donnerai pas cours à ma colère, je ne détruirai pas de nouveau Ephraïm ; car je suis Dieu, et non pas un homme - le Saint au milieu de toi ». Puis la terrible réalité s'impose à nouveau à son esprit et lui rappelle son premier « devoir », celui de la répréhension. Toutefois, à la fin de son livre, la grâce l'emportera définitivement.
            Le caractère visiblement très sensible d'Osée explique en partie tout ce que son langage peut avoir parfois de brusque, de saccadé. Et ses images, toujours hardies et colorées, sont parfois à peine esquissées. Les tournures deviennent alors souvent énigmatiques ; tout se passe comme si les termes usuels ne lui suffisaient plus pour exprimer le « trop plein » de ses pensées. Il peut passer d'une idée à une autre, sans lien apparent. Le blâme, l'indignation, l'amour bouillonnent simultanément dans son coeur qui ressemble à un torrent impétueux !
            On est frappé par ce débat intérieur continuel qui se livre chez le prophète. A bien des égards, sa mission est la même que celle de Jérémie. Il voit venir la catastrophe et doit reconnaître avec douleur que l'endurcissement de ses contemporains la rend inévitable ! Sa pénible tâche est, dès lors, de justifier le jugement divin ; c'est vraiment un « fardeau » -sens du mot oracle - qui revient « chaque matin » (Ps. 73 : 14). Il voit, hélas, qu'il n'y a plus rien qui puisse arrêter le bras de Dieu, grandement offensé par un égarement devenu continuel !
            Du point de vue des « oracles », le livre d'Osée a une importance particulière. Bien qu'il ne prédise qu'un seul fait de la vie de Christ et encore d'une manière typique indirecte (3 : 1), il annonce du moins clairement que le Messie doit être un descendant de David (14 : 1 ; voir aussi 2 : 1-3, 16). Il trace également un beau tableau de la joie dans les temps messianiques.
            Osée est cité neuf fois dans le Nouveau Testament, ce qui est beaucoup pour un livre aussi court :
                      Osée 1 : 10 ; 2 : 23 ; Rom. 9 : 25-26, 1 Pier. 2 : 10 ;
                              6 : 6 ; 1 Cor. 15 : 4, Matt. 9 : 13 ; 12 : 7 ;
                              10 : 8 ; Luc 23 : 30, Apoc. 6 : 16 ;
                              11 : 1 ; Matt. 2 : 15 ;
                              14 : 3 ; Héb. 13 : 15.
 
 
Quelques pensées au sujet du débat de l'Eternel avec son peuple (chap. 4-10)
 
            Sans vouloir suivre ces chapitres verset après verset - ce que nous engageons toutefois vivement le lecteur à faire ((2 Tim. 3 : 16-17) -, nous voudrions rappeler quelques pensées, quelques expressions d'Osée. Ne perdons pas de vue que Dieu parle aussi à notre propre coeur et à notre propre conscience. Nous ressemblons si souvent à ce peuple égaré et rebelle, nous qui avons pourtant reçu de Dieu une révélation tellement plus complète ; elle a été apportée par la présence de Christ sur la terre, en particulier au moment de son oeuvre à la croix (Jean 14 : 9b) !
 
            C'est bien souvent l'ignorance de l'enseignement contenu dans la Parole qui est la source de nos égarements. Dieu avait donné sa Loi à Israël, à la sortie d'Egypte. Mais Il s'écrie ici : « Mon peuple est détruit faute de connaissance » (4 : 6). Ni les sacrificateurs ni les prophètes n'ont été d'aucune aide pour enseigner le peuple. Les services « religieux » étaient populaires mais au fond ce n'était plus qu'une routine sans vie (Matt. 15 : 1-9). N'en est-il pas souvent ainsi de nos jours et au milieu de la profession chrétienne ? Ils avaient cessé de prendre garde à l'Eternel. « La fornication, et le vin et le moût ôtent le sens » ; il faut saisir la portée de ces termes à notre égard et sur le plan spirituel (4 : 10-11).
            « Mon peuple interroge son bois, et son bois est son oracle » (v. 12). Ephraïm s'était attaché aux idoles et à l'occultisme (encore un grand danger actuel). « Laissez- le faire », déclare l'Eternel qui, chose terrible, renonce à le discipliner. Inutile désormais de monter à Guilgal ou à Béthel, jusqu'alors ils étaient des lieux de bénédiction : Dieu a retiré sa faveur. Car « Israël était devenue revêche comme une génisse rétive » (4 : 16). L'Eternel répandra sur eux sa fureur comme de l'eau (5 : 10), jusqu'au jour où ils se reconnaîtront coupables et rechercheront Sa face (v. 15a). « Dans leur détresse, ils me chercheront dès le matin » (v. 15b), après la longue nuit de l'épreuve. « le matin sans nuages » sera enfin la part du résidu repentant (2 Sam. 23 : 4 ; Zach. 12 : 10-14).
            « Venez, revenons à l'Eternel, car lui a déchiré, et il nous guérira » (6 : 1). « Sa sortie est préparée comme l'aube du jour… comme la pluie de la dernière saison qui arrose la terre » (6 : 1-3). Quel bel élan, hélas encore passager, semble présager ces paroles ! Mais la piété d'Ephraïm est devenue « comme la rosée qui s'en va de bonne heure » (v. 4). Qu'en est-il de la nôtre, chers lecteurs ? Dans leur terrible état moral, il était vain d'apporter des bêtes à la Maison de l'Eternel ! Il « aime la bonté et non les sacrifices » (6 : 6). Il faut nous en souvenir.
            Hélas, il peut être dit des hommes du peuple : « Ils réjouissent le roi par leur méchanceté et les princes par leurs mensonges » (7 : 3) - des princes, qui par ailleurs, se sont rendus malades par « l'ardeur du vin » (v. 5). Le mauvais état d'Israël avait déjà été décrit sous les traits d'une femme adultère, puis d'une génisse rétive. Il est maintenant comparé à « une masse de pâte levée » ; le levain, dans l'Ecriture, est toujours une image de la corruption morale ou doctrinale (7 : 4). Il ressemble aussi à « un gâteau qu'on n'a pas retourné » au moment convenable (v. 8), à « une colombe niaise » : Israël était devenu inintelligent au point d'hésiter entre l'Egypte et l'Assyrie, au lieu de se tourner délibérément vers l'Eternel et d'écouter sa voix (v. 11). Il est encore comparé à « un arc trompeur », une arme inutilisable à l'heure du combat (v. 16). Sommes-nous devenus tels que le Seigneur ne puisse plus se servir de nous quand Il le voudrait ? Question solennelle.
            Si, comme ces Israélites, nous nous mêlons aux étrangers - si nous fraternisons avec le monde - notre force spirituelle sera vite consumée. Ainsi, comme Ephraïm, on peut avoir des « cheveux gris », sans même le savoir ! (v. 9) et être pourtant simultanément remplis d'orgueil : le verset 16 souligne « l'insolence de leur langue ».
            Déjà cité plus haut, le chapitre 8 confirme que les jugements vont fondre sur les coupables. En vain affirmeront-ils : « Nous te connaissons, nous, Israël (v. 2) ; la réponse divine sera implacable : « Je ne vous connais pas » (Luc 13 : 27). Israël est vu ici semblable à un « âne sauvage » qui se tient isolé. Sans doute est-ce à cause de son obstination et de son égoïsme ? (8 : 9 ; Prov. 18 : 1).
            Chrétiens, nous connaissons le remède souverain pour tenir dans la mort (2 Cor. 4 : 10) de telles tendances toujours latentes : prenons le joug de Christ et apprenons de Lui (Matt. 11 : 29).
            Ephraïm signifie « double fertilité ». Mais il n'y aura pas de récolte au jour de la moisson : la joie fera défaut (9 : 1-9). Dieu va juger le pays (Deut. 28 : 38-42). Il n'y aura pas non plus de « fruit » à la maison. Pourquoi leur donner des enfants qui, plus tard, adoreront les idoles ou seront mis à mort par les Assyriens ? Même le « prophète » - celui du moins qui prétend l'être - est comparé ici à « un piège d'oiseleur » (Jér. 27 : 16) !
            Ainsi, ce qu'annonce la fin du chapitre est encore aujourd'hui de saison pour Ephraïm: « Ils ne l'ont pas écouté et ils seront errants parmi les nations » (v. 17).
            Pourquoi donc l'iniquité se développait-elle si vite au milieu d'Israël, envahissant cette vigne branchue ? Leur coeur était partagé, double : ils cherchaient à servir deux maîtres (Matt. 6 : 24). N'avons-nous pas aussi souvent en pratique « un coeur et un coeur » ? (10 : 1-2 ; 1 Chr. 12 : 33). Ils juraient faussement, ne respectaient pas l'alliance conclue (v. 4) ; ils adoraient les idoles. Aussi Béthel, autrefois la « maison de Dieu », est maintenant appelée par l'Eternel « Beth-Aven », c'est-à-dire maison de vanité et d'iniquité. Et l'habitant de Samarie tremblait pourtant à la seule idée que le veau d'or qui s'y trouvait pouvait être détruit. Or bientôt ils auront de vraies raisons de mener deuil au sujet de leur idole, elle sera alors réduite en cendres ! (10 : 5-6).
            On comprend que leurs coeurs si durs ont besoin d'être labourés ; ils le seront certainement ! Mais soudain Osée fait résonner, une fois encore, le vibrant appel de la grâce : « Semez pour vous en justice, moissonnez selon la piété… défrichez pour vous un terrain neuf, c'est le temps pour chercher l'Eternel jusqu'à ce qu'Il vienne… (v. 12).
            Vous, chers lecteurs, qui peut-être remettez toujours à plus tard la question de votre salut, sachez que c'est aujourd'hui le temps favorable pour venir à Lui.
 
                       Demain ? Sais-tu ce que demain t'apporte ?
                       Plusieurs, en vain, frapperont à la porte.
 
            Ces hommes semaient uniquement de mauvaises graines et ils pensaient pourtant obtenir une bonne récolte ! Quelle folie ! Avons-nous relu récemment Galates 6 : 7-9 et réfléchi à sa portée solennelle pour chacun de nous ?
            Le premier verset du chapitre 11 est cité par Matthieu (2 : 15), au sujet du séjour en Egypte de Jésus, encore un jeune enfant. Israël a entièrement failli, aussi Dieu va-t-il lui substituer son Fils (Es. 49 : 3). Il recommencera l'histoire de ce peuple - et celle de l'homme en général - mais, cette fois-ci, ce sera à la gloire de Dieu.
            Après avoir désigné mystérieusement Celui qui va accomplir ses pensées de grâce et de salut, Dieu montre ses propres pensées. Le châtiment qu'Il doit exercer sur les dix tribus lui est extrêmement douloureux. C'est toujours pour Lui une oeuvre inaccoutumée. Ses compassions de Père s'émeuvent vis-à-vis de cet enfant rebelle. Il rappelle comment il a enseigné à Ephraïm à marcher ; quand c'était nécessaire, Il l'a pris dans ses bras. Mais « ils n'avaient pas compris qu'Il voulait les guérir » ! Israël, délivré autrefois de l'esclavage, était maintenant lié à Lui par des liens d'amour. Aussi l'Eternel est-il disposé à leur donner encore « doucement à manger » comme on le fait quand il s'agit de nourrir un grand malade (11 : 3 -4). Comment répondons-nous à tout cet amour de Dieu ? Ne serons-nous pas obligés de confesser que « d'autres seigneurs ont dominé sur nous » (Es. 26 : 13) ?
            En tout cas « l'Assyrien sera leur roi » (v. 5), car ils ont refusé de revenir à l'Eternel. Le temps des nations commence.
            Cependant, aussitôt, quelle expression touchante des compassions de Dieu, nouvelles chaque matin : « Que ferai-je de toi Ephraïm ? » (v. 8) ! Il ne peut se résoudre à les traiter de la même manière que ces villes situées dans la plaine de Sodome, Adma et Tseboïm : elles ont complètement disparu sous le soufre et le feu (Gen. 19 : 24). Tandis qu'en Israël, un « résidu » selon l'élection de la grâce, subsistera car Dieu se réserve toujours quelques fidèles. A travers les siècles, la lignée de la foi ne s'est jamais interrompue. En entendant le Lion de Juda (Christ lui-même) rugir, le résidu sera prêt à suivre l'Eternel et il sera rassemblé dans ses demeures (v. 10).
            Mais pour l'instant Dieu voit chez Ephraïm les mêmes dispositions que plus tard à Laodicée. Israël est prêt à dire comme elle : « Je me suis enrichi » (12 : 9 ; Apoc. 3 : 17). Mais Dieu ne se laisse pas tromper par cette prospérité extérieure ! Il sait bien que, du point de vue moral, son peuple est « le malheureux, le misérable, le pauvre, l'aveugle et le nu ». Un état similaire s'est installé aujourd'hui dans la « chrétienté professante ». Dieu constate qu'Ephraïm « se repaît de vent » et multiplie le mensonge et la dévastation (12 : 2). C'est un marchand qui aime user de sa « fausse balance » pour extorquer l'argent de son prochain (v. 8). Il a amèrement provoqué la colère de son Seigneur, qui lui « rendra ses mépris » (v. 15).
Dieu le compare ici - ainsi que Juda - à leur ancêtre commun, Jacob. Ce rusé calculateur s'était appliqué à supplanter son frère. Ces versets nous éclairent sur la rencontre de Jacob avec Dieu, à Peniel. Comment donc le patriarche a-t-il triomphé de Dieu, quand il a lutté avec Lui ? Ce n'est certes pas par sa force - l'Ange touche à peine sa hanche et il devient boiteux -, mais c'est par ses larmes et ses supplications. Puis, « à Béthel, il le trouva » (v. 5). Crier à Dieu, s'humilier, ôter les dieux étrangers, Jacob a su faire tout cela, mais Ephraïm ne l'a pas voulu. Mettons en pratique l'exhortation : « Toi, retourne à ton Dieu, garde la piété et le jugement, et attends-toi à ton Dieu continuellement » (v. 7 ; Es. 31 : 6).
            Dans la bouche de Dieu, tour à tour, des reproches, la tendresse, les appels à se repentir se sont fait entendre. Mais c'est en vain ! Alors Dieu doit  juger : ils ont été « comme la balle chassée par le tourbillon hors de l'aire » (13 : 3).
            Toutefois Il se servira ensuite de sa grâce souveraine pour ramener enfin Israël (le résidu) à Lui ! Il n'y a pas de Sauveur hors moi, dit-Il (13 : 4 ; Act. 4 : 12). Il est remarquable de constater à quel point la prospérité et le rassasiement - tels que nous les connaissons dans nos pays occidentaux - ont joué un rôle important dans l'éloignement coupable d'Israël. (v. 6 ; Deut. 32 : 15, 18). La facilité, le confort sont toujours pour le croyant un grand danger. Ces tendances s'opposent absolument à l'épanouissement de notre vie chrétienne. Combien de nos frères, en revanche, dans plusieurs parties du monde, doivent s'en remettre au Seigneur chaque jour pour obtenir une réponse à leurs besoins vitaux et le maintient de leur sécurité. Ils reçoivent souvent de grandes bénédictions spirituelles, et leur ferveur pour servir Christ nous fait honte. Ils réalisent la vie de la foi en pratique et une vraie communion avec Dieu.
 
 
La conclusion du livre (chap. 14)
 
            Un dialogue merveilleux s'engage, après ce long et douloureux débat entre l'Eternel et son peuple, à la dernière page de ce livre. L'Esprit met dans la bouche d'Israël des paroles de repentance : « Dites-lui : Pardonne toute iniquité… et nous te rendrons les sacrifices de nos lèvres » (14 : 2-3). Dieu est toujours attentif au premier mouvement de retour (Luc 15 : 20). Il promet aussitôt : « Je guérirai leur abandon de moi » (14 : 4). La plus grave des maladies est toujours celle de l'âme. Il faut lui prodiguer des soins en priorité !
            « Je les aimerai librement » (v. 4), déclare l'Eternel. Sa colère s'est détournée d'eux. Il sera pour Israël « comme la rosée ». Désormais, ses affections pourront se donner libre cours. Ses plus riches bénédictions seront pour eux (v. 5-7). La rosée des cieux, la floraison du lis, la magnificence et le parfum de l'olivier ainsi que son ombre, la fleur de la vigne et le vin du Liban sont tour à tour mentionnés. Israël ne porte plus désormais de fruit pour lui-même (10 : 1). On reconnaîtra au passage deux des symboles d'Israël : l'olivier et la vigne.
Quelle est la réponse que donne le coeur d'Ephraïm au don de si grandes grâces ? Il répudie enfin toute relation avec les idoles (v. 8 ; 1 Jean 5 : 21) ! L'amour de son Dieu lui suffit dorénavant. L'Eternel lui répond et le regarde (v. 8) : nous serons toujours illuminés par son regard. Ephraïm se compare à un cyprès vert : cette image évoque la stabilité et la bénédiction du peuple sous le règne futur du Messie. Dieu dit alors : « De moi provient ton fruit ». Si nous demeurons dans son amour, Il se plaira à nous en faire porter de plus en plus (v. 8d ; Jean 15 : 8-10). Toutes nos sources sont en Lui (Ps. 87 : 7).
 
            Le nom de cette prophétie : Osée (délivrance) était déjà une promesse. Si, à certains égards, nous avons pu nous reconnaître sous les traits d'Ephraïm, recevons le sérieux avertissement que ce livre contient. Qui est sage et intelligent ? C'est celui qui comprend les pensées de Dieu et cherche, en tout temps, à marcher dans ses voies : elles seules sont droites (v. 9).
 
                                                                                                                   Ph. L.   le 09. 09. 10