ELISEE, L'HOMME DE DIEU (6)
16 – Les sept années de famine (2 Rois 8 : 1-6)
17 – Le roi de Syrie (2 Rois 8 : 7-15)
18 – L'onction de Jéhu (2 Rois 9)
17 – Le roi de Syrie (2 Rois 8 : 7-15)
18 – L'onction de Jéhu (2 Rois 9)
Le siège de Samarie avec toutes ses horreurs et la grâce de Dieu dans toute sa plénitude furent vite oubliés. Ni la misère endurée ni la grâce reçue n'ont tourné la nation vers l'Eternel son Dieu. Néanmoins Dieu n'abandonne pas son peuple. Il agit encore en sa faveur, même si c'est par le moyen du châtiment envoyé à cause de sa méchanceté. Aussi nous entendons Elisée dire : « L'Eternel a appelé la famine » (v. 1). Il est non seulement révélé au prophète qu'une famine va venir, mais qu'elle est envoyée directement par l'Eternel, prouvant la vérité de cette parole : « Or le Seigneur, l'Eternel, ne fera rien, qu'il ne révèle son secret à ses serviteurs les prophètes » (Amos 3 : 7).
En outre, il s'est révélé à Elisée que si Dieu châtie son peuple, Il met aussi une limite à l'épreuve. La famine pèsera sur le pays pendant sept années. Il n'en va pas autrement dans l'histoire de l'Eglise ou des individus aujourd'hui. Nous lisons au sujet de l'assemblée à Smyrne : « Vous aurez une tribulation », mais elle est limitée à « dix jours » (Apoc. 2 : 10). De même, s'il y a nécessité pour les enfants de Dieu individuellement de passer par diverses épreuves, elles ne dureront qu' « un peu de temps » (1 Pier. 1 : 6).
Puis nous apprenons que si l'Eternel appelle une famine à cause du bas état de la nation, Il prendra soin des fidèles pendant la durée de l'épreuve. Ainsi, une fois encore, nous voyons la grâce de Dieu envers la Sunamite. Cette femme pieuse, qui avait pris soin du prophète dans les jours de prospérité, est maintenant avertie et instruite par le prophète pour les jours d'adversité. Ses circonstances ont apparemment changé. Il semblerait qu'elle soit maintenant veuve, avec un fils unique. Il lui est dit de quitter le pays pendant les années de famine.
Au bout des sept années, elle revient au pays d'Israël et fait appel au roi pour recouvrer sa maison et ses champs. Le roi est en conversation avec Guéhazi, l'ancien serviteur de l'homme de Dieu. Ses circonstances ont apparemment changé aussi. Des années auparavant, il avait convoité « des oliviers et des vignes, et du gros bétail, et des serviteurs et des servantes » (5 : 26), et grâce à ses possessions, il a gravi l'échelle sociale jusqu'à être maintenant l'associé et le compagnon du roi. Le roi veut bien passer une heure à écouter « les grandes choses » qu'Elisée avait faites. Guéhazi est en compagnie des grands de ce monde, mais pour parler des « grandes choses », il lui faut obligatoirement retourner en pensée à d'autres jours où il était le compagnon de l'humble homme de Dieu. Les « grandes choses » qu'Elisée avait faites ne sont qu'un souvenir pour Guéhazi.
Il se peut cependant qu'une oeuvre de grâce se soit faite dans le coeur de Guéhazi, conduisant ses pensées des richesses terrestres qu'il avait acquises aux bénédictions spirituelles qu'il avait perdues. Quoi qu'il en soit, il devient assurément devant le roi un témoin de la grâce de Dieu devant le roi, manifestée dans « les grandes choses qu'Elisée a faites » (v. 4). En outre, l'Eternel se sert de lui pour rendre à la Sunamite sa maison et ses champs comme auparavant il s'était servi d'Elisée pour avertir celle-ci de les abandonner. Mais combien la manière dont ces hommes sont employés diffère. L'Eternel se sert d'Elisée comme d'un ami qui vit dans son intimité, et connaît ses secrets. Guéhazi est employé comme l'ami intime d'un roi méchant. Elisée parle comme quelqu'un qui a l'intelligence de la pensée de l'Eternel. Guéhazi parle selon ce que les circonstances lui dictent. Car, tandis qu'il relate les souvenirs du temps passé au service d'Elisée, la femme et son fils qui avaient bénéficié de la plus grande des « grandes choses », paraissent devant le roi. L'Eternel se sert de cette coïncidence apparemment étrange pour faire rendre à la Sunamite ce qui lui appartenait.
Il n'en ira pas autrement, dans un jour encore à venir, pour le résidu pieux d'Israël, dont la veuve de Sunem est peut-être une figure : comme cette femme qui avait connu la grâce de Dieu, il sera ramené sur le terrain de la grâce, sur la terre de son héritage, et recevra, dans l'abondance de la bénédiction, tout ce qu'il a perdu dans le temps de son exil du pays de ses pères.
Il est remarquable de voir l'Eternel se servir d'hommes - qu'il s'agisse de prophètes, de serviteurs ou derois - et derrière chaque circonstance et chaque coïncidence, faire travailler toutes choses ensemble pour le bien de ceux qui l'aiment (Rom. 8 : 28).
Le service d'Elisée ne se limite pas à Israël et à sa terre. Nous lisons qu'il « vint à Damas » (v. 7), et on le trouve parmi les gens des nations. Ben-Hadad, roi de Syrie, est malade. Dans sa maladie, il reconnaît et honore l'homme de Dieu. Dans la prospérité, le roi avait envoyé une grande armée pour le prendre ; malade, il envoie un grand présent pour l'honorer. Quand tout va bien, il cherche à encercler Elisée pour le détruire ; quand il est malade, il cherche à se concilier le prophète pour qu'il l'assiste. Poussé par le besoin, il reconnaît l'autorité du Dieu que jusque-là il avait méprisé. Tel est l'homme et tels sont nos coeurs. Le monde, lorsqu'il se trouve confronté avec quelque terrible calamité, veut bien d'une manière extérieure reconnaître Dieu et se tourner vers lui. Hélas, même le croyant peut marcher avec insouciance sans s'occuper beaucoup de Dieu quand les choses vont bien, que les circonstances sont favorables et que la santé est bonne. Dans nos difficultés, nous devons nous tourner vers Dieu et nous faisons bien de le faire. Quel bonheur d'avoir un Dieu miséricordieux vers lequel se tourner ! Mais il vaut infiniment mieux, comme Hénoc autrefois, marcher avec Dieu et pouvoir dire alors, comme l'apôtre : « J'ai appris à être content dans les circonstances où je me trouve. Je sais être dans le dénuement, je sais aussi être dans l'abondance ; en toute circonstance et à tous égards je suis enseigné aussi bien à être rassasié qu'à avoir faim, aussi bien à être dans l'abondance qu'à être dans les privations » (Phil. 4 : 11-12).
Elisée était manifestement quelqu'un qui marchait avec l'Eternel et recevait Ses communications. Aussi il peut dire, en réponse au messager : « Certainement tu en relèveras ». Il n'y avait rien de fatal dans cette maladie. Mais le prophète ajoute : « L'Eternel m'a montré qu'il mourra certainement » (v. 10). Ainsi Elisée laisse entendre que Ben-Hadad va mourir, mais non de sa maladie.
En délivrant ce message, le prophète est visiblement affecté. Prévoyant toute la misère qui va s'abattre sur le peuple de Dieu, il pleure. Hazaël, complotant le meurtre de son maître, se sent mal à l'aise dans la présence de l'homme de Dieu. Sa conscience le reprend. Il demande : « Pourquoi mon seigneur pleure-t-il ? » (v. 12a). La réponse d'Elisée montre clairement que ses larmes n'ont pas pour cause la maladie du roi, ni la méchanceté d'Hazaël, mais les souffrances que le peuple de Dieu va endurer de la part de Hazaël. Elisée clôt son ministère public en pleurant sur un peuple qui restait insensible à tous ses miracles de grâce. Il préfigure ainsi son Maître, infiniment plus grand que lui, qui, dans les derniers jours de son ministère de grâce pleura sur la ville qui avait rejeté sa grâce et méprisé son amour. Celui aussi qui pouvait dire aux femmes de Jérusalem : « Ne pleurez pas sur moi ; mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants ; car voici, des jours viennent où l'on dira : Bienheureuses les stériles, bienheureux les ventres qui n'ont pas enfanté, et les seins qui n'ont pas nourri » (Luc 23 : 28-29).
Dans un même esprit, Elisée, connaissant la carrière future d'Hazaël, prédit les profondeurs de mal et de cruauté dans lesquelles il tombera. « Je sais », dit le prophète, « le mal que tu feras aux fils d'Israël : tu mettras le feu à leurs villes fortes, et tu tueras avec l'épée leurs jeunes hommes, et tu écraseras leurs petits enfants, et tu fendras le ventre à leurs femmes enceintes » (v. 12b).
Hazaël se récrie, disant qu'il n'est pas un chien pour agir avec tant d'insensibilité et de brutalité. Sa protestation est sans doute absolument sincère. De tels actes étaient peut-être pour l'heure entièrement étrangers à ses pensées et odieux à ses yeux. Il ne connaissait pas son propre coeur. Il ne savait pas que « le coeur est trompeur par-dessus tout, et incurable » (Jér. 17 : 9). Comme nous-mêmes trop souvent, il ne réalisait guère l'abîme de méchanceté et de cruauté du coeur que retiennent bien des barrières jusqu'à ce que, enflammé soudain par des circonstances qui suscitent l'occasion, il se révèle dans toute son horreur. Au lieu de demander : « Qu'est ton serviteur, un chien ? » (v. 13a), Hazaël aurait beaucoup mieux fait, comme nous aussi ferions mieux, de se placer sur le terrain de la femme syrophénicienne qui reconnut qu'elle était en fait un chien, pour découvrir alors seulement qu'il y a, même pour un chien, de la grâce dans le coeur de Dieu (Marc 7 : 24-30).
Dans l'histoire d'Hazaël, les circonstances du moment étaient mûres pour manifester la méchanceté de son coeur. Ainsi Elisée répond seulement : « L'Eternel m'a montré que tu seras roi sur la Syrie » (v. 13b). Sans un mot de plus, Hazaël « s'en alla d'avec Elisée, et vint vers son maître » (v. 14). Il fait l'hypocrite devant le roi, délivrant une partie du message d'Elisée, mais cachant le fait qu'il mourrait certainement. L'occasion était là pour ce meurtrier. Comme premier ministre, il avait accès auprès du roi, et la maladie offrait une occasion favorable à un homme sans scrupule pour usurper le trône. La perspective d'exercer un pouvoir de discrétionnaire, comme monarque régnant, avait une attraction tellement irrésistible sur Hazaël, qu'il était prêt à envisager même un meurtre pour parvenir à ses fins. La maladie et la faiblesse du roi rendaient le forfait si facile. La maladie serait un moyen bien simple de couvrir le meurtre. Tous savaient que le roi était malade, et celui-ci avait envoyé un premier ministre vers le prophète pour demander s'il allait mourir. Personne n'avait besoin de savoir ce qu'Elisée avait dit à Hazaël. Quoi de plus facile que de prendre une épaisse couverture, de la plonger dans l'eau et d'étouffer le roi sans défense, déjà affaibli par la maladie, et ensuite de répandre partout la nouvelle que la maladie avait eu une issue fatale !
C'est ce qui se passa ; le premier ministre devint un meurtrier, et le meurtrier un usurpateur du trône. L'homme qui acquiert un trône par le meurtre n'hésitera pas à maintenir ce trône par la violence et la cruauté. Comme Elisée l'avait prévu, Hazaël mettra le pays du peuple de Dieu à feu et à sang.
Les grands miracles d'Elisée - témoignages de la grâce de Dieu envers une nation coupable - ont tous été vains. Israël refuse de se tourner des idoles vers le Dieu vivant. Le prophète peut pleurer sur les malheurs qui vont venir sur la nation, il peut prédire les misères qui s'ensuivront, être employé pour désigner les instruments qui exécuteront le jugement, mais, bien qu'il atteigne un âge avancé, nous n'entendons plus parler de miracles.
Ainsi Elisée envoie un des fils des prophètes pour oindre Jéhu roi, selon la parole de l'Eternel. Le jeune homme doit exécuter sa mission d'une manière qui montrera clairement qu'Elisée n'a rien de commun avec Jéhu, car une fois son message délivré, il doit ouvrir la porte et s'enfuir sans attendre.
Le jeune homme avait deux déclarations à faire à Jéhu ; d'abord que l'Eternel l'avait oint « roi sur le peuple de l'Eternel, sur Israël » (v. 6). Ensuite, qu'il devait frapper la maison d'Achab et venger ainsi le sang des serviteurs et des prophètes de l'Eternel, répandu par la méchante Jézabel (v. 7).
Parvenir à la royauté correspondait tout à fait aux ambitions de Jéhu. Frapper la maison d'Achab lui apparaissait judicieux pour établir son trône. Aussi il exécute les directives de l'Éternel avec toute l'énergie et le zèle possibles. Mais ses motifs n'étaient pas ceux de Dieu. Dieu s'occupait du mal, vengeant le sang de ses serviteurs et maintenant sa propre gloire. Jéhu se débarrassait de tous ceux qui pourraient s'opposer à ses ambitions. Il est très zélé pour s'occuper du mal lorsque cela sert son propre dessein, mais tout à fait indifférent lorsqu'il estime qu'il est avisé de fermer les yeux. Ainsi il tire impitoyablement vengeance des péchés de la maison d'Achab, mais laisse impunis ceux de la maison de Jéroboam. Il abolit le culte de Baal, mais il conserve les veaux d'or. Sa main était prête à prendre l'épée contre les ennemis de l'Eternel lorsque cela servait ses propres fins ; son coeur était totalement indifférent à la loi de l'Eternel. Ainsi nous lisons : « Mais Jéhu ne prit pas garde à marcher de tout son coeur dans la loi de l'Eternel, le Dieu d'Israël » (10 : 31).
Dieu, dans son juste jugement, tout en se servant de Jéhu pour s'occuper de la méchante maison d'Achab, n'est pas indifférent aux motifs mélangés qui poussaient Jéhu, et au fait qu'en exécutant la vengeance de l'Eternel, il se laissait simplement aller aux penchants de son coeur cruel. Si Dieu doit agir en jugement, c'est son oeuvre étrange. Si Jéhu entreprend de s'occuper du mal, c'est une tâche selon son coeur. Ainsi, si Dieu se sert de lui pour exécuter le jugement sur Jizreël, Il dit toutefois par le prophète Osée : « Je visiterai le sang de Jizreël sur la maison de Jéhu, et je ferai cesser le royaume de la maison d'Israël » (Osée 1 : 4).
Sur le commandement de l'Eternel, Elisée avait envoyé un jeune homme pour oindre Jéhu roi. Sa mission accomplie, il devait fuir et ne pas attendre. Le prophète montrait ainsi clairement qu'il n'y avait rien de commun entre lui et cet homme violent et sans principes. Jéhu, de son côté, tout en étant prêt à exécuter des instructions qui s'accordaient avec ses ambitions, n'avait aucune considération pour l'homme de Dieu. Ainsi, pendant son règne, et celui de son fils, le prophète est totalement ignoré : durant quarante-cinq ans, nous n'entendons pas parler d'Elisée.
Pendant ces années, les rois et le peuple s'écartent de l'Eternel et suivent une voie mauvaise. Jéhu ne prit pas garde à marcher dans la loi de l'Eternel ; il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam. Son fils, Joakhaz, fit ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel. En conséquence, la colère de l'Eternel s'embrasa contre Israël et ils furent livrés entre les mains de leurs ennemis (10 : 31-33 ; 13 : 1-3).
Au cours du règne de Joas, son successeur, la longue vie d'Elisée arriva à son terme. Le roi, malgré sa méchanceté, savait apprécier la piété chez les autres. Il sentait sans doute que la présence d'Elisée dans le pays était une puissance de bien réelle. Aussi est-il sincèrement troublé à l'approche de la mort du prophète. Il pleure au lit de mort d'Elisée et semble réaliser que les chars d'Israël et leur cavalerie qui avaient enlevé Elie aux cieux, attendaient maintenant Elisée parvenu à ses derniers moments.
Joas, comme son père et son grand-père, avait négligé le prophète de son vivant ; et pourtant, lorsqu'il le visite enfin, il découvre, même à l'heure où le prophète va mourir, qu'il y a chez lui de la part de l'Eternel la puissance de la grâce pour délivrer. Le roi est invité à prendre un arc et des flèches et à mettre sa main sur l'arc. Puis Elisée met ses mains sur les mains du roi et lui commande de tirer. Il montre ainsi que la main du roi, fortifiée par celle du représentant de l'Eternel, le délivrerait de ses ennemis.
Le roi n'est-il pas ainsi amené à saisir quelle perte il a faite en oubliant l'homme de Dieu ? S'il s'était seulement tourné plus tôt vers le prophète, n'aurait-il pas eu la puissance et la grâce de Dieu avec lui pour le délivrer de tous ses ennemis ? A-t-il même alors appris la leçon ? Elisée va le mettre à l'épreuve. Le prophète paraît dire : Je t'ai montré que cette flèche signifie une victoire sur tes ennemis ; prends maintenant des flèches et frappe contre terre.
Hélas, la foi du roi ne s'élève pas jusqu'aux ressources de Dieu. « Il frappa trois fois, et s'arrêta » (v. 18). Si sa foi avait été plus simple, n'aurait-il pas vidé son carquois ? Il disposait de la puissance pour une destruction complète de l'ennemi, mais il n'avait ni la foi ni le discernement spirituel pour en faire usage. Souvent, comme lui, nous sommes amenés dans des circonstances qui révèlent notre bas état, et où seules la foi et la spiritualité auraient su agir !
Elisée reprend le roi pour son manque de foi, tout en lui disant que la grâce de l'Eternel s'exercera trois fois en sa faveur. Ainsi la dernière parole de ce serviteur honoré de Dieu annonce la délivrance miséricordieuse et est en accord avec le ministère de grâce qui avait caractérisé sa longue carrière.
Il semblerait, par l'allusion au « char d'Israël et sa cavalerie » (v. 14), que le roi Joas supposait qu'Elisée serait enlevé aux cieux de la même manière qu'Elisée. Mais le récit de sa fin n'indique aucun déploiement extérieur de puissance surnaturelle. Dans un contraste frappant avec la fin du sentier d'Elie, nous avons la simple déclaration : « Elisée mourut, et on l'enterra » (v ; 20).
Néanmoins Dieu honorera son serviteur dévoué à sa manière et en son temps. Dieu a fait un grand honneur à Moïse en l'enterrant dans un sépulcre inconnu de tous, mais celui qu'Il réserve à Elisée est peut-être plus grand encore : en accord avec son ministère de grâce, Dieu se servira de sa mort pour illustrer le plus grand de tous les miracles de grâce : tirer la vie de la mort. Ainsi au commencement de l'année suivante, un homme est enterré dans le sépulcre d'Elisée, « il reprit vie, et se leva sur ses pieds » (v. 21).
« S'il livre son âme en sacrifice pour le péché, il verra une semence » (Es. 53 : 10), est-il écrit de Celui duquel Elisée n'était qu'un type. Lorsque le Seigneur Jésus entre dans la mort, Il s'acquiert une semence. « A moins que le grain de blé ne tombe en terre et ne meure, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12 : 24). Ce grand mystère n'est-il pas préfiguré dans cette belle scène ? L'ennemi tenait le peuple de Dieu en esclavage, la mort était sur eux, et la seule chose que l'homme pouvait faire était d'enterrer ses morts. Mais lorsque le mort entre en contact avec celui qui, en type, était entré dans la mort en grâce - celui qui, pourrions-nous dire, avait refusé d'être introduit dans la gloire par les chars et la cavalerie, et avait choisi le chemin du tombeau - il y a, comme résultat glorieux, la vie et la résurrection. La vie est tirée de la mort ! De plus, il y a délivrance de l'ennemi : l'Eternel usa de grâce envers son peuple et « eut compassion d'eux, et se tourna vers eux, à cause de son alliance avec Abraham, Isaac, et Jacob ; et il ne voulut pas les détruire, et il ne les rejeta pas de devant sa face » (v. 23).
C'est ainsi que se termine l'histoire merveilleuse de cet homme de Dieu, qui eut le grand privilège d'être un messager de la grâce de Dieu au milieu d'une nation apostate et devant un monde mauvais.
Tel un étranger céleste, il a passé son chemin, séparé moralement de tous, mais serviteur de tous en grâce, accessible tant aux riches qu'aux pauvres. On le trouve dans toutes les situations ; il entre en contact avec toutes les classes des hommes ; son service s'accomplit parfois dans les limites de la terre d'Israël et parfois au-delà de ses frontières. Mais, où qu'il soit, dans quelque circonstance qu'il se trouve, avec qui que ce soit qu'il ait à faire, son seul et unique but est de faire connaître la grâce de Dieu.
Parfois on se moque de lui ; parfois il est ignoré et oublié, parfois les hommes complotent contre sa vie ; mais, malgré toutes les oppositions, il poursuit son service d'amour, ôtant la malédiction, préservant la vie des rois, nourrissant les affamés, aidant les nécessiteux, guérissant les lépreux et ressuscitant les morts.
Il n'admet rien dans ses voies et son mode de vie qui soit incompatible avec son ministère de grâce. Il refuse les richesses de ce monde et les présents des hommes, acceptant d'être pauvre pour que d'autres soient enrichis.
Tout ceci le rend propre à être un type de Celui, beaucoup plus grand que lui, par qui la grâce et la vérité vinrent dans ce monde, qui habita au milieu de nous, plein de grâce et de vérité ; qui vécut dans la pauvreté afin que nous soyons enrichis ; qui endura la contradiction des pécheurs et qui enfin donna sa vie afin que la grâce règne par la justice.
En outre, si Elisée est un type du Christ qui devait venir, il est aussi un modèle pour tout croyant, nous enseignant qu'au milieu de toutes les circonstances de la vie, nous devrions être, en face des besoins des hommes, les messagers de la grâce qui nous a cherchés dans toute notre déchéance pour nous placer enfin avec l'Homme dans la gloire et nous rendre semblables à Lui, là où nous serons pour toujours « à la louange de la gloire de sa grâce » (Eph. 1 : 6).
H. Smith