bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

ELISEE, L'HOMME DE DIEU (5)

 12 – Le serviteur du prophète (2 Rois 5 : 20-27)
 13 – La hache empruntée (2 Rois 6 : 1-7)
 14 – Les raids des Syriens (2 Rois 6 : 8-23)
 15 – Le siège de Samarie (2 Rois 6 : 24-33 ; 7 : 1-20)
 

12 – Le serviteur du prophète (2 Rois 5 : 20-27)
 
            Maintes fois l'Ecriture place devant nous des gens qui mentent et qui trompent ; mais il n'y a pas de menteur plus effronté que Guéhazi. Pour lui comme pour Ananias et Sapphira (Act. 5), la convoitise était la racine du mensonge.
            La richesse de Naaman - les dix talents d'argent, les six mille pièces d'or, les dix vêtements de rechange - avait réveillé la convoitise du coeur de Guéhazi. Le besoin de Naaman avait conduit la grâce de Dieu à agir ; la richesse de Naaman suscite la convoitise du serviteur d'Elisée. La grâce avait apporté la bénédiction à Naaman ; la convoitise de Guéhazi est un démenti à cette grâce. Un homme riche, heureusement disposé à faire un don généreux, était une trop bonne occasion pour qu'un homme cupide la laisse échapper.
            Pour satisfaire cette avidité, Guéhazi ne recule devant aucune fourberie. Il court après Naaman et dit : « Mon maître m'a envoyé » (v. 22). Premier mensonge. Ensuite, il invente l'histoire des deux jeunes hommes d'Ephraïm -second mensonge. Après avoir reçu deux talents d'argent et deux vêtements de rechange, il revient avec deux des serviteurs de Naaman qui l'aident à porter le don jusqu'à la colline. Aller plus loin aurait été arriver en vue de la maison d'Elisée ; aussi s'arrête-t-il sur la colline et renvoie-t-il les hommes. Après avoir caché les biens dans la maison, « il entra et se tint devant son maître » (v. 25a), comme si rien ne s'était passé (Prov. 30 : 20). Lorsqu'Elisée lui demande où il est allé, il cherche à cacher ses premiers mensonges par un autre : « Ton serviteur n'est allé nulle part » (v. b). Un mensonge en amène d'autres.
            Sa fourberie est solennellement démasquée. Non seulement le terrible péché était connu du prophète, dans tous ces détails, mais le motif qui l'avait inspiré l'était aussi. Au fond du coeur de Guéhazi, était caché le désir d'acquérir une position sociale : être propriétaire d'oliviers, de vignes, de menu et de gros bétail, de serviteurs et de servantes.
            Enfin, le masque tombé, le châtiment suit le jugement. Guéhazi a pris des richesses de Naaman ; il doit prendre aussi sa maladie. Il a acquis deux vêtements de rechange par le mensonge et la tromperie ;  sa peau aussi est changée par le jugement de Dieu. Et la lèpre qu'il reçoit s'attache à lui pour tous les jours de sa vie. La richesse qu'il a obtenue sera vite dépensée ; la lèpre demeurera. Les eaux du Jourdain ne purifieront pas Guéhazi.
            C'est un trompeur qui se présente devant son maître ; il sort de sa présence lépreux, blanc comme la neige. En s'emparant des richesses de Naaman, il hérite de sa maladie et perd sa place de serviteur du prophète. Il paraîtra une fois encore à la cour du roi, mais ce ne sera plus comme serviteur d'Elisée.
            En s'occupant du péché de Guéhazi, le prophète le considère d'abord par rapport à Dieu et à sa grâce. Quel effet son acte aura-t-il sur le témoignage de Dieu ? Il voit que ce péché donne une vue entièrement fausse de la grâce de Dieu. Elisée avait pris soin de refuser les présents de Naaman, de peur que cet homme des nations ne pense que les bénédictions de Dieu peuvent être achetées par des dons. Le péché de Guéhazi tendait à rendre nul ce témoignage à la vraie grâce de Dieu. Ce n'était pas le « temps » de recevoir des présents (v. 26).
            N'y a-t-il pas un avertissement pour nous dans cette scène solennelle ? Si nous admettons dans notre coeur un désir ou une convoitise non jugés nous serons prêts à tomber dans la tentation lorsqu'elle se présentera sur notre chemin. En outre, un péché conduit à un autre. Nous ne pouvons nous arrêter à notre gré sur le chemin du péché. Comme l'a dit quelqu'un : « Un homme ne peut arrêter sa barque comme il le voudrait dans les rapides en amont des chutes du Niagara, mais il aurait pu les éviter tout à fait ».
            Il est évident qu'une position religieuse privilégiée ne met pas à l'abri d'un péché grave. Qui aurait pu avoir de plus grands avantages que ce serviteur ? Il vivait en compagnie d'un des plus grands prophètes que le monde ait connus - quelqu'un qui à maintes reprises est appelé un homme de Dieu - et néanmoins Guéhazi est tombé. « Que celui qui croit être debout prenne garde de ne pas tomber» (1 Cor. 10 : 12).
            Enfin nous apprenons que la pratique du péché détruit tout sentiment de la présence et de la puissance de Dieu. Guéhazi devait avoir été souvent témoin du pouvoir que l'homme de Dieu avait de lire dans les coeurs et de discerner le mobile des actions ; nul ne connaissait mieux que lui la capacité que Dieu donnait au prophète. Néanmoins, tandis que le serviteur cherche à satisfaire sa cupidité, il est tellement sous l'empire de sa convoitise que, sur le moment, il perd tout sentiment de la présence d'un Dieu omniscient.
            Ainsi, Guéhazi sort de la présence du prophète, placé sous le jugement de Dieu. C'est ainsi que plus tard, un autre pécheur sortira de la présence du Seigneur dans la nuit (Jean 13 : 30) ; de même, Ananias et Sapphira tomberont morts sous le jugement du Saint Esprit (Act. 5 : 5, 10).
 
 
 
13 – La hache empruntée (2 Rois 6 : 1-7)
 
            Une fois encore l'histoire d'Elisée nous transporte des rois et des grands hommes à une simple scène domestique : la construction d'une habitation pour les fils des prophètes. Cet épisode révèle d'une manière très heureuse quelle était la vie simple et humble de cet homme de Dieu. Il est prêt à répondre aux difficultés des rois et de leurs armées et, au moment convenable, peut s'occuper d'abattre un arbre et de construire une maison. Avec beaucoup d'aisance, il peut s'occuper d'un grand de ce monde, et avec la même facilité, il sait accompagner les humbles fils des prophètes pour les aider dans leurs travaux. Tout grand prophète qu'il soit, il sait s'abaisser à de modestes tâches et marcher avec les petites gens.
            Dans le même esprit, un grand prophète de l'ère chrétienne peut porter les charges de l'Eglise et travailler à faire des tentes ; il peut être un instrument dans la main de Dieu pour sauver des centaines d'âmes d'un naufrage et aussi aider à ramasser des branches pour faire du feu. Et ne pouvons-nous pas dire que ces deux grands serviteurs - Paul et Elisée - ne font que manifester l'esprit de Celui qui est plus grand encore ? Leur Seigneur et Maître, qui « soutient tout par la parole de sa puissance » (Héb. 1 : 3), peut prendre un petit enfant dans ses bras ;  bien qu'étant toujours dans le sein du Père, Il entre dans l'humble demeure d'un pécheur !
            En outre, dans les gestes banals de ces serviteurs, il apparaît clairement quelle puissance était à leur disposition. Contrairement à toute expérience, la bête venimeuse qui attaque l'apôtre alors qu'il ramasse des branches est rejetée dans le feu sans qu'il n'en souffre aucun dommage. Et, contrairement à toutes les lois naturelles, le fer de la hache surnage. Ainsi les lois mêmes de la nature sont renversées, ou suspendues, afin de soulager la détresse de l'homme qui avait emprunté la hache. Dieu, le Créateur, peut changer les lois qui régissent la création afin de manifester la grâce et la puissance qui permettent à Pierre de marcher sur les eaux, aux jours du Seigneur, et au fer de surnager au temps du prophète.
            La manière même par laquelle le fer est amené à surnager rend manifeste cette puissance de Dieu ; car quelle relation peut-il y avoir entre la cause et l'effet, entre le fait de jeter un morceau de bois dans le fleuve et celui de voir le fer qui surnage ? Cette simple histoire ne cache-t-elle pas une leçon spirituelle plus grande ? Nous voyons la force du fleuve vaincue par un morceau de bois jeté dans les eaux. Le Jourdain est un type de la mort, et cet incident frappant peut signifier la puissance de la mort vaincue par la croix - et la Maison de Dieu édifiée par ce qui sort de la mort.
 
 
 
14 – Les raids des Syriens (2 Rois 6 : 8-23)
 
            Après s'être servi  de la grâce de Dieu pour soulager un homme dans la détresse, Elisée devient maintenant un instrument pour sauver la nation coupable. Le prophète, qui a repris le roi d'Israël à cause de son incrédulité en recevant la lettre du roi de Syrie, l'avertit maintenant des plans secrets par lesquels son ennemi cherche sa destruction. Ainsi la grâce de Dieu intervient pour le sauver, « non pas une fois, ni deux fois » (v. 10), par la main de quelqu'un qui sait comment reprendre et quand avertir.
            Le roi de Syrie, apprenant que ses plans sont déjoués, non pas par un traître mais par Elisée, envoie pourtant des chevaux et des chars, et de grandes forces, pour le prendre. Le fait qu'il envoie de grandes forces contre un seul homme prouve d'une manière frappante que les incrédules sont conscients de leur faiblesse et de leur misère en présence d'un homme soutenu par la puissance de Dieu. C'est ce qu'éprouva le méchant Achab, lorsqu'il envoya ses capitaines et leurs cinquantaines pour s'emparer d'un Elie solitaire ; ce fut aussi le cas, beaucoup plus tard, lorsque les Juifs envoyèrent une compagnie de soldats et d'hommes pour prendre le Seigneur de gloire. Le monde sait instinctivement qu'un homme seul, si Dieu est avec lui, est plus fort qu'une grande armée sans Dieu.
            A vue humaine, la situation d'Elisée semble désespérée. Les Syriens ont pris toutes leurs précautions. La grande armée a pris soin de s'approcher de Dothan à la faveur de l'obscurité et a réussi à environner la ville. Il semble n'y avoir aucune issue pour le prophète. Aussi le serviteur d'Elisée, s'arrêtant aux choses visibles, s'exclame : « Hélas ! mon seigneur, comment ferons-nous ? » (v. 15).
            Elisée apaise les craintes du jeune homme. Il dit : « Ne crains pas ; car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux » (v. 16). Le jeune homme marche par la vue ; Elisée marche par la foi. Le prophète anticipe l'expérience de l'apôtre qui peut dire : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rom. 8 : 31).
            Mais il ne suffit pas à Elisée de jouir pour lui-même de la paix que lui donne sa foi, il ne cherche pas non plus seulement à tranquilliser son jeune homme. Il voudrait l'amener à son propre niveau spirituel. Conscient que Dieu seul peut l'accomplir, il prie l'Éternel d'ouvrir les yeux de son serviteur. Sa prière est exaucée : « L'Eternel ouvrit les yeux du jeune homme » (v. 17a). Elisée n'avait nul besoin quant à lui-même d'une telle intervention. Il avait déjà vu le char d'Israël et sa cavalerie escortant Elie lorsqu'il fut enlevé au ciel. La foi du prophète réalise que Dieu lui fournit le même cortège dans sa marche sur la terre. Le jeune homme a vu les chevaux et les chars et de grandes forces environnant la ville ; il voit maintenant la montagne « pleine de chevaux et de chars de feu autour d'Elisée » (v. 17b). L'armée syrienne peut encercler la ville, mais que peut-elle faire alors que la grande armée de Dieu est autour d'Elisée ? Paul peut être environné d'ennemis qui cherchent à le tuer, ou pris au milieu d'une tempête déchaînée prête à l'engloutir, mais quel mal peut donc l'atteindre si l'ange du Seigneur se tient près de lui (Act. 27 : 23) ? Il se peut que l'armée rangée contre Elisée soit puissante, mais l'armée de Dieu est encore plus forte. « Les chars de Dieu sont par vingt mille, par milliers redoublés » (Ps. 68 : 17). Quel bienfait aussi de pouvoir poursuivre notre pèlerinage au travers d'un monde hostile avec l'heureuse assurance de la foi ! Nous avons près de nous Celui qui a dit : « Je ne te laisserai pas et je ne t'abandonnerai pas » (Héb. 13 : 5) ; et nous sommes les objets des soins providentiels de ces armées angéliques envoyées « pour servir en faveur de ceux qui vont hériter du salut » (Héb. 1 : 14).
            En outre, il nous est accordé de voir Elisée traiter les ennemis de Dieu selon les voies de la grâce, tout en manifestant en même temps qu'ils sont entièrement en son pouvoir. L'Eternel ouvre les yeux du jeune homme ; en revanche, Il frappe de cécité les ennemis du prophète. Il en a été ainsi spirituellement lorsque le Seigneur se trouvait ici-bas, car il était venu « afin que ceux qui ne voient pas voient ; et que ceux qui voient deviennent aveugles » (Jean 9 : 39). Reconnaître son aveuglement et se soumettre à Dieu est le chemin à suivre pour recouvrer la vue, comme l'aveugle de l'évangile de Jean en fit l'expérience, au chapitre 9.
            Ces Syriens rendus aveugles sont complètement sous la puissance d'Elisée. Il les conduit à Samarie et quand leurs yeux sont ouverts, ils découvrent qu'ils sont captifs - emmenés captifs par l'homme même qu'ils avaient voulu prendre ! Mais si Elisée a avec lui la puissance de Dieu, il est aussi le messager de la miséricorde de Dieu. Les Syriens réalisent certainement que, en ce qui les concerne, leur cas est désespéré. Ceux qui avaient tout à l'heure encerclé la petite ville de Dothan sont maintenant dans la forteresse de leur ennemi. Lorsqu'il devient évident que rien d'autre que la miséricorde ne peut les sauver de la destruction, ils en sont les objets. Non seulement ils sont épargnés, mais un « grand festin » est placé devant eux ; et après avoir mangé, ils sont renvoyés à leur maître (v. 23). Ils sont amenés à réaliser que « ce sont les bontés de l'Eternel que nous ne sommes pas consumés » (Lam. 3 : 22). Telles sont les voies bénies de la grâce de Dieu.
            L'homme qui avait, pour le protéger, une montagne pleine de chevaux et de chars de feu - qui était environné par la toute puissance de Dieu - pouvait se permettre d'user de miséricorde envers ceux qui étaient totalement en son pouvoir. L'homme naturel, étranger à ces ressources de puissance, ne peut se risquer à manifester la grâce. Trouvant l'ennemi en son pouvoir, le roi voulait les frapper. Elisée, instrument de la puissance divine, ne peut pas ne pas faire connaître sa miséricorde ; et celle-ci est à la mesure de celle-là. Si la puissance de Dieu assure une victoire complète sur « de grandes forces » la grâce de Dieu fait à l'ennemi vaincu un « grand festin ». Telles sont, répétons-le, les voies de grâce d'un grand Dieu.
 
 
 
15 – Le siège de Samarie (2 Rois 6 : 24-33 ; 7 : 1-20)
 
            Le récit de la grâce manifestée envers les envahisseurs syriens s'est terminé par cette constatation : « Et les bandes des Syriens ne revinrent plus dans le pays d'Israël » (6 : 23). Néanmoins leur hostilité envers le peuple de Dieu subsistait. Aussi lisons-nous : « Et il arriva, après cela, que Ben-Hadad, roi de Syrie, rassembla toute son armée, et monta, et assiégea Samarie » (v. 24) - la ville même où une grâce si remarquable avait été déployée.
            Le « siège » fait ressortir les profondeurs de mal dans lesquelles la nation était tombée et, en outre, manifeste par ce dernier service public d'Elisée, la hauteur à laquelle la grâce de Dieu est en mesure de s'élever.
            Joram, le roi apostat, était déjà redevable à Elisée de lui avoir sauvé la vie et d'avoir préservé son armée de la destruction. Manifestement, cette grâce insigne n'avait produit aucun changement d'attitude, ni chez le roi, ni au milieu du peuple. Maintenant, dans son gouvernement, Dieu permet à l'ennemi d'assiéger Samarie, ce qui engendre « une grande famine » dans la ville (v. 25). Dans la terrible extrémité à laquelle les habitants sont réduits, s'accomplit en partie la prophétie solennelle prononcée plus de cinq cents ans auparavant. Moïse avait averti le peuple d'Israël que, s'ils se détournaient de Dieu, le temps viendrait où, assiégés par leurs ennemis, ils seraient réduits à une extrémité telle que des femmes tendres et délicates mangeraient en secret leurs jeunes enfants (Lév. 26 : 21-29 ; Deut. 28 : 49-57). Cette abomination était en train de se commettre.
            Cet acte terrible, au lieu de ramener le roi vers Dieu, devient l'occasion de révéler l'inimitié de son coeur. A l'ouïe de cette horreur, le roi, dans son angoisse, déchire ses vêtements, découvrant qu'il « avait un sac sur sa chair, en dedans » (v. 30). Ainsi, associée avec ses mauvaises voies, il y avait une profession de religion. Les hommes dans leur détresse peuvent, hélas, comme Joram, avoir recours à quelque simagrée religieuse, mais ils ne se tournent pas vers Dieu.
            Le roi dit : « Ainsi Dieu me fasse, et ainsi il y ajoute, si la tête d'Elisée, fils de Shaphath, demeure sur lui aujourd'hui ! » (v. 31). Face à cette nouvelle détresse, toutes les grâces reçues dans le passé sont oubliées. Désespéré, Joram menace la vie de l'homme de Dieu. Il jette le blâme sur la seule tête qui n'avait rien à voir avec ce péché. Là-dessus il envoie un messager chez Elisée, où sont assemblés les anciens.
            Elisée, prévenu manifestement par Dieu, dit : « Ce fils d'un meurtrier envoie pour m'ôter la tête » (v. 32). Il leur commande de fermer la porte au messager du roi, car le bruit des pieds de son maître est après lui. Arrivé à la porte, le roi ose dire : « Voici, ce mal est de par l'Éternel ; pourquoi m'attendrais-je encore à l'Eternel ? » (v. 33).
            La terrible condition de la nation et la méchanceté de son roi sont ainsi complètement découvertes. Simultanément le peuple de Samarie se bat pour se procurer la tête d'un âne ou un peu de fiente de pigeon. Les femmes mangent leurs enfants ; le roi en fureur va et vient sur la muraille ; mais Elisée est paisiblement assis dans sa maison, s'attendant à l'Eternel. Puis arrive le messager, suivi par le roi qui accuse Dieu de tout le mal. Il dit en quelque sorte : « A quoi sert donc Elisée, assis dans sa maison à ne rien faire ? Il m'a délivré une fois de la mort, pourquoi n'agit-il pas maintenant ? Il déclare s'attendre à l'Eternel : à quoi cela sert-il ? Rien ne change. Je ne veux plus rien avoir à faire avec l'Éternel et j'ôterai la tête d'Elisée, son prophète ».
            Ce fils d'un meurtrier, qui vient lui-même de jurer qu'il va commettre un meurtre, accuse l'Eternel d'être l'auteur de tout le mal qui est venu sur la ville coupable. Ainsi la culpabilité de la nation dans la personne de son roi est venue à son comble.
            Cette scène solennelle ne préfigure-t-elle pas les heures plus solennelles encore de la croix, où la méchanceté du monde a atteint son point culminant en condamnant Celui qui, seul de toute la race humaine, ne méritait aucune condamnation ? Toutefois si, dans ce siège de Samarie, le péché de la nation se manifeste dans toute son horreur, c'est afin que la grâce de Dieu puisse se déployer dans toute sa plénitude. Là où le péché abonde, la grâce surabonde, préfigurant ainsi, une nouvelle fois, cette manifestation suprême de la grâce qui, s'élevant au-dessus de tout le péché de l'homme à la croix, proclame par celle-ci le pardon et la bénédiction au monde entier !
            Elisée était resté jusque-là « assis dans sa maison » (v. 32). Mais lorsque le roi a entièrement manifesté ses intentions, il sort de son silence. Le moment voulu de Dieu est là. « Et Elisée dit : Ecoutez la parole de l'Eternel » (7 : 1a). Nous avons vu que ce que cet homme dit - et beaucoup d'autres avec lui - met à nu le péché de son coeur. Maintenant nous allons entendre que ce que Dieu dit révèle la grâce du sien : « Ainsi dit l'Eternel : Demain à cette heure-ci, la mesure de fleur de farine sera à un sicle, et les deux mesures d'orge à un sicle, à la porte de Samarie » (v. 1b).
            Dans ce message de grâce, il n'y a pas un mot sur les abominations qui s'étaient commises dans la ville, pas un mot sur la méchanceté insolente du roi. Il ne fait qu'annoncer la bénédiction, selon une grâce souveraine et sans mélange, à la cité même dans laquelle le péché avait atteint son comble ; car toute cette bénédiction serait vue « à la porte de Samarie ».
            Ce message nous rappelle ainsi une fois encore cette proclamation universelle de la grâce. Les apôtres sont envoyés prêcher la repentance et la rémission des péchés au nom de Christ à toutes les nations ; et le message doit commencer « par Jérusalem » (Luc 24 : 47). C'est à toutes les nations, car elles sont toutes coupables, mais cela commence dans la ville la plus enténébrée de la terre. Rien n'est dit de son horrible culpabilité, rien non plus de la haine insolente et blasphématoire de ses chefs, mais, selon une grâce souveraine et inconditionnelle, le pardon est proclamé au Nom de Jésus à la cité même qui L'a cloué à la croix.
            Ainsi la ruine de la nation a été rendue manifeste et la grâce de Dieu annoncée. Nous allons voir maintenant quel cas l'homme fait de la grâce de Dieu ! D'abord le capitaine, sur la main duquel le roi s'appuyait, traite le message avec une moquerie incrédule, mais ce n'est que pour entendre prononcer son jugement : « Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu n'en mangeras pas » (v. 2). Il n'y a pas beaucoup de riches, pas beaucoup de grands de ce monde qui se laissent pénétrer par la grâce.
            Ensuite, quatre hommes lépreux sont placés devant nous - des pécheurs convaincus de l'être, dirions-nous. Ils réalisent ce que le capitaine lui-même n'avait pas compris : la mort est certaine à moins que la grâce de Dieu se manifeste. L'armée syrienne est autour d'eux et la mort aussi. Ils se lèvent et affrontent la mort, pour découvrir que, si leur état désespéré les a amenés dans le lieu de la mort, il les a conduits au lieu même où le Seigneur a remporté une éclatante victoire. Ils découvrent qu'Il les a précédés : « Le Seigneur avait fait entendre dans le camp des Syriens un bruit de chars et un bruit de chevaux, le bruit d'une grande armée » (v. 6). Les chars et les chevaux, qui avaient assisté Elie lors de son enlèvement et entouré Elisée pour le protéger, exécutent maintenant sur les ennemis du Seigneur une juste sentence. Si la grâce doit être manifestée à des pécheurs coupables, l'ennemi doit d'abord être rencontré et vaincu selon un jugement équitable.
            Mais pour que l'ennemi soit vaincu, il faut l'oeuvre de Dieu. Personne n'était avec le Seigneur quand Il a annulé la puissance de l'Ennemi. La ville est dans une situation désespérée et personne ne peut rien faire. Dieu fait tout ; et la ville, selon Sa grâce souveraine, a part à la bénédiction. Il n'y avait personne avec le Seigneur de gloire lorsqu'Il est allé à la croix. Il était seul déjà quand Il anticipait les terreurs du calvaire ; seul quand Il a affronté l'Ennemi ; seul quand Il a souffert sur la croix ; seul quand Il a enduré d'abandon ; seul quand Il a porté le jugement. Mais les pécheurs coupables qui croient ont part aux résultats de sa victoire. Et nous en avons ici l'image, car les lépreux « mangèrent et burent » (v. 8) et ils trouvèrent de l'argent et de l'or et des vêtements.
            En outre, ils répandirent les « bonnes nouvelles ». Si « nous nous taisons... l'iniquité nous trouvera » (v. 9), disent-ils. Notre nature égoïste nous porte à nous taire, et nous en éprouvons une perte. Il se peut que nous ayons si faiblement goûté de la grâce de Dieu, et si peu compris combien nous avons été enrichis d'argent, d'or et de vêtements de source divine, que nos coeurs sont restés secs. Alors, nous nous taisons ; nous risquons de nous laisser attirer à nouveau par le monde et de faire venir du mal sur nous. Il est bon que, comme l'aveugle de l'évangile, nous déclarions le peu que nous connaissons ; non seulement alors nous conservons ce que nous avions, mais il nous est donné une lumière et une bénédiction toutes nouvelles.
            Ces quatre hommes font une confession hardie. Ils commencent par les portiers, d'humbles gens. Ceux-ci le rapportent dans la maison du roi, à l'intérieur ; puis les bonnes nouvelles parviennent aux oreilles du roi. Elles se répandent ainsi habituellement, des plus humbles aux plus grands.
            Le roi, d'un caractère très différent des lépreux, présente un tout autre état d'âme. Il n'est pas indifférent, car il se lève de nuit. Il ne rejette pas non plus la bonne nouvelle comme le capitaine ; mais il ne la reçoit pas avec la simplicité des quatre lépreux. Il n'oppose pas une incrédulité effrontée, mais il raisonne. Or la foi est affaire de conscience et de coeur, non de raisonnement. La parole dit : « Si tu crois dans ton coeur » (Rom. 10 : 9). Certains, comme les lépreux, croient avec empressement ; d'autres, tel le roi, sont lents de coeur à croire. Derrière cette lenteur se cache un esprit raisonneur et un manque de sentiment du besoin. Animé d'un tel esprit, le roi dit : « Je veux vous dire ce que les Syriens nous ont fait » (v. 12). Cependant, comme il y avait eu pour Naaman quelques serviteurs avisés pour lui faire entendre raison, un serviteur sage est prêt ici à répondre au roi. Il va faire justice de ses dires en envoyant deux témoins : ceux-ci suivent les traces de l'ennemi « jusqu'au Jourdain » (v. 15). Nous pouvons suivre tous nos ennemis jusqu'à la croix, pour ne plus jamais avoir affaire à eux. Dans la mort de Christ, tout ennemi a trouvé sa fin pour le croyant.
            Ainsi les messagers reviennent et le roi lent de coeur participe à la bénédiction comme les lépreux simples de coeur et le peuple affamé de la ville. Le seul homme auquel elle est refusée est un moqueur incrédule : le capitaine sur la main duquel le roi s'appuyait. Dans la bousculade à la porte de la ville, il est foulé aux pieds et meurt (v. 20). Cela pouvait paraître un malencontreux accident, mais c'était le gouvernement de Dieu ! La parole du prophète s'accomplissait : « Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu n'en mangeras pas ». Il en va de même aujourd'hui de ceux qui rejettent la grâce de Dieu. A de tels la Parole dit : « Voyez, arrogants, étonnez-vous et disparaissez » (Act. 13 : 41).
 
 
 
                                                                                                H. Smith
 
    (A suivre)