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ELISEE, L'HOMME DE DIEU (4)


 9 – Le temps de la famine (2 Rois 4 : 38-41)
 10 – Le peuple rassasié (2 Rois 4 : 42-44)
 11– La guérison du lépreux (2 Rois 5 : 1-19)
 

9 – Le temps de la famine (2 Rois 4 : 38-41)
 
            Chaque scène nouvelle dans la vie bien remplie du prophète découvre un peu plus la ruine d'Israël, pour manifester que, là où le péché abonde, la grâce surabonde. Nous avons déjà vu la malédiction à Jéricho, les moqueurs à Béthel, la rébellion de Moab, la veuve et la femme de Sunem dans leurs besoins. Et maintenant nous lisons : « Or il y avait une famine dans le pays » (v. 38).
            A ce moment-là, Elisée vient à Guilgal. Les fils des prophètes sont assis devant lui, et cette attitude indique que, dans leur besoin pressant, ils attendent du soulagement de l'homme de Dieu. Ils supposent avec raison que celui qui avait sauvé des armées de la destruction et ressuscité l'enfant mort de la Sunamite avait des ressources pour répondre à leur nécessité dans un temps de famine. Il y avait chez les fils des prophètes la foi pour faire usage de la grâce de Dieu apportée par Elisée. Dieu se plaît à répondre à la foi, quelque faible qu'elle soit. Il ne déçoit jamais ceux qui s'attendent à Lui, même s'Il opère d'une façon qui, tout en répondant à nos besoins, met en évidence notre faiblesse.
            Ainsi Elisée dit à son jeune homme de mettre la grande marmite, et de cuire un potage pour ceux qui s'attendaient à lui pour leur nourriture. Il semblerait que dans ce temps de famine, ils avaient tout naturellement utilisé un récipient plus petit pour ménager leurs modestes ressources. La raison plaiderait pour une petite marmite en période de disette. Une gestion sage et prudente l'exigerait. Pour Dieu toutefois il n'y a pas manque de ressource ; et la foi, introduisant Dieu, réclame la « grande marmite » : pour l'abondance du ciel, seule une telle contenance convient. D'un grand Dieu nous pouvons attendre de grandes choses.
            Le prophète donne à son serviteur l'ordre de cuire un potage. Toutefois il y avait là quelqu'un à qui aucune instruction n'avait été donnée et qui ne peut s'empêcher de se mêler du travail du serviteur ; quelqu'un qui n'était pas satisfait, comme les fils des prophètes l'étaient, d'être assis devant Elisée. Non, dans son activité fébrile, il faut qu'il sorte « aux champs » de son propre chef et il veut aider à répondre au besoin commun en ajoutant sa contribution dans la marmite.
            Pour jouir de la nourriture du ciel, il nous faut absolument nous tenir tranquilles dans la présence de Christ, comme les fils des prophètes assis devant Elisée. Ainsi plus tard, une Marie assise aux pieds de Jésus sut trouver le lieu des riches ressources, plutôt qu'une Marthe tourmentée de beaucoup de choses (Luc 10 : 38-40). Sans doute l'homme qui « sortit aux champs pour cueillir des herbes » était-il sincère et pensait-il, comme Marthe en son temps, qu'il contribuait au bien général. Mais c'était l'intrusion de la chair à Guilgal, à l'endroit même qui signifiait son retranchement. Le résultat fut que, par le zèle charnel d'un homme, la mort entra dans la marmite.
            Cet homme, quittant la présence d'Elisée, sort aux champs pour cueillir des herbes. Il pensait ajouter quelque chose venant des champs aux ressources qu'Elisée tirait du ciel. Les champs, dans l'Ecriture, sont en général l'image du monde cultivé. La culture de ce monde ne peut rien ajouter à la nourriture du ciel. Les Colossiens, en leur temps, étaient en danger de chercher à compléter le christianisme par l'addition de l'éloquence, de la philosophie et de la superstition humaines. Ils veulent ajouter des « coloquintes sauvages » au potage céleste. Au lieu d'amener l'âme dans une relation plus étroite avec Dieu, de tels efforts finissent par séparer l'âme de Dieu.
            En outre, il n'est pas difficile de cueillir des coloquintes sauvages. C'était un temps de famine et néanmoins, avec la plus grande facilité, cet homme en amasse « plein sa robe ». Il pouvait y avoir famine de nourriture saine et substantielle ; les coloquintes sauvages ne manquaient pas !
            Le mal est découvert aussitôt que le potage est versé. Les convives détectent le poison. Si un seul homme s'était plaint du potage, on aurait pu penser que son goût était en défaut. Mais nous lisons : « Comme ils mangeaient du potage, on cria et dit : Homme de Dieu, la mort est dans la marmite ! Et ils n'en pouvaient manger » (v. 40). Ce qui aurait dû être une nourriture pour entretenir la vie, était devenu, à la suite de l'acte d'un seul, un moyen de la détruire.
            Ils ne savent peut-être pas résoudre la difficulté ; mais au moins ils sont conscients du danger et, de plus, ils se tournent avec raison vers l'homme de Dieu pour être dirigés.
            Leur appel à Elisée n'est pas vain, car il a des ressources pour répondre à ce nouveau besoin. Il connaît un antidote pour le poison. Ses directives sont simples : « Apportez de la farine » (v. 41). Aussitôt qu'elle est jetée dans le potage, il n'y a plus rien de mauvais dans la marmite. Cette farine ne parle-t-elle pas de Christ ? Les pensées de la nature, la philosophie de l'homme, les éléments du monde, la religion de la chair - choses par lesquelles l'homme cherche à ajouter quelque chose aux ressources de Dieu pour répondre aux besoins des siens - sont tous mis à nu et corrigés par l'introduction de Christ. C'est ainsi que l'apôtre répondit à la tentative d'introduire des « coloquintes sauvages » qui menaçait les saints à Colosses. L'apôtre détecte le poison - les paroles séduisantes des moralistes, la philosophie et les vaines déceptions du monde, l'insistance des ritualistes à respecter les jours de fête, les nouvelles lunes et les sabbats, et le culte des anges des superstitieux. Pour répondre à ces influences funestes qui détruisent la vraie vie du christianisme, il présente Christ. Il dit de toutes ces choses qu'elles ne sont pas « selon Christ ». Elles peuvent être présentées dans « des discours spécieux » et avec une grande « apparence de sagesse » et une fausse « humilité », mais elles ne sont pas « selon Christ ». Il présente alors Christ dans toute sa gloire, comme Chef de l'Assemblée, « qui est son corps » (Eph. 1 : 22). Il jette pour ainsi dire la farine dans la marmite. Il nous dit que nous avons tout ce dont nous avons besoin en Christ, car « en lui habite toute la plénitude de la déité » et en outre, nous sommes « accomplis en lui ». « Christ est tout et en tous » (Col. 2 : 9 ; 3 : 11).
 
 
 
10 – Le peuple rassasié (2 Rois 4 : 42-44)
 
            Dans ce temps de famine, un homme vient de Baal-Shalisha avec vingt pains d'orge et du grain en épi dans un sac, un don des premiers fruits à l'homme de Dieu. Aussitôt Elisée dit : « Donne cela au peuple, et qu'ils mangent » (v. 42). Il a reçu gratuitement et il donne gratuitement. Il ne garde pas pour son usage personnel ce qui lui a été donné. En donnant, le don se multiplie de sorte que, non seulement son propre besoin est satisfait, mais il est répondu aux besoins de cent hommes et au-delà.
            Le serviteur du prophète ne peut pas comprendre comment vingt pains peuvent suffire aux besoins de cent hommes, mais de nouveau, la parole d'Elisée est : « Donne-le au peuple, et qu'ils mangent » (v. 43). Il dit en quelque sorte : Si seulement tu donnes selon la parole de l'Eternel, tu verras qu'il y en aura assez pour satisfaire les besoins du peuple et qu'il y en aura de reste. L'homme naturel soulève des questions et dit : Comment cela peut-il se faire ? Il lui est répondu de ne pas raisonner mais seulement d'obéir et tout ira bien.
            Ainsi, aux jours du Seigneur, Jude raisonnant comme un homme naturel peut demander : « Comment se fait-il… ? » en présence de communications qui dépassent toute l'intelligence humaine. A de telles pensées, il n'est pas donné de réponses qui satisferaient la raison humaine, mais le Seigneur dit : « Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole » (Jean 14 : 22-23) ; ce qui conduira à faire l'expérience de choses qui sont au-delà de toute explication humaine. Jude voudrait bien raisonner pour comprendre, mais il lui est dit d'obéir pour voir.
Elisée répond de la même manière au « comment » du serviteur étonné et raisonneur. Il lui faut agir selon la parole de l'Eternel et il fera l'expérience de la bénédiction, même s'il ne peut pas expliquer sa puissance et sa grâce !
            C'est ce qui se produisit : « Il le mit devant eux, et ils mangèrent, et ils en eurent de reste, selon la parole de l'Eternel » (v. 44). Le prophète donne de ce qu'il avait reçu gratuitement, le serviteur obéit, les besoins sont satisfaits ; et le don s'est tellement multiplié que non seulement tous sont rassasiés, mais il y en a « de reste ».
 
   Car pour avoir ces bonnes choses d'en haut,
Il nous faut les partager.
Si nous cessons de donner, nous cesserons d'avoir
Telle est la loi de l'Amour.
 
 
11– La guérison du lépreux (2 Rois 5 : 1-19)
 
            Jusqu'ici Elisée a été le ministre de la grâce de Dieu au milieu d'Israël ; maintenant il va être un canal de bénédiction pour un étranger. La grâce s'étend à un homme des nations.
            Toute cette scène semble être une préfiguration de la dispensation actuelle dans laquelle Israël est mis de côté et la puissance gouvernementale donnée aux nations. Les temps des nations sont préfigurés par le fait que l'Éternel avait accordé la délivrance aux Syriens - l'ennemi déclaré d'Israël - et que des captifs avaient été emmenés d'Israël. La puissance avait été transférée aux nations et une petite fille d'Israël est captive. Pendant cette période, l'Éternel use de grâce envers le Gentil.
            En Naaman, nous voyons l'homme dans son meilleur état. Socialement, c'était « un grand homme » ; professionnellement, c'était un homme qui avait réussi ; et personnellement, c'était un homme vaillant. Tel était Naaman aux yeux du monde. Toutefois, celui qui est en faveur auprès du roi et fait figure de héros national, est déclaré lépreux par Dieu. La lèpre est un type adéquat du péché sous deux aspects. Le côté repoussant de la maladie parle de la souillure du péché, qui rend l'homme foncièrement pécheur. Le caractère incurable de la maladie présente la condition désespérée à laquelle le péché le réduit. Comme hommes déchus, nous sommes non seulement pécheurs par nature, mais aussi sans force pour changer notre état. Pour être bénis, nous sommes dépendants de la grâce de Dieu. La Parole dit : « Vous êtes sauvés par la grâce, par le moyen de la foi... non pas sur la base des oeuvres » (Eph. 2 : 8-9).
            Ainsi la maladie de Naaman, liée à sa condition désespérée, le désignait tout naturellement pour être un objet de la grâce et de la miséricorde souveraines de Dieu. Ce qui donnait à Naaman une place aussi élevée devant le monde n'avait aucune valeur aux yeux de Dieu. Le Seigneur, qui en Luc 4 : 27, cite Naaman comme une illustration de la grâce atteignant un homme des nations, ne dit pas qu'il y avait en ce temps-là beaucoup de grands hommes, ou d'hommes honorables, ou d'hommes vaillants. Aucune de ces qualités n'en aurait fait des objets propres pour la grâce ; aussi il dit : il y avait « plusieurs lépreux ».
            En outre, dans cette belle scène, nous voyons non seulement l'activité de la grâce envers un pécheur, mais la façon dont Dieu fait connaître cette grâce. Il agit d'une façon qui met de côté tout notre orgueil. Il « a choisi les choses folles du monde pour couvrir de honte les hommes sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes ; et Dieu a choisi les choses viles du monde, celles qui sont méprisées et celles qui ne sont pas, pour annuler celles qui sont – afin que personne ne se glorifie devant Dieu » (1 Cor. 1 : 27-29). En accord avec ces voies de Dieu nous passons directement d'un « grand homme » à une « petite fille » - loin des siens, en pays étranger et dans l'humble position d'esclave de la femme de Naaman. Dieu va bénir celui qui, aux yeux du monde, est un grand homme ; pour cela, Il va se servir dans cette oeuvre de grâce d'une petite fille. Mais si sa position dans ce monde était insignifiante, si elle était petite, sa foi était grande. Car elle peut dire : « Oh, si mon seigneur était devant le prophète qui est à Samarie ! alors il le délivrerait de sa lèpre » (v. 3). C'est certainement là le langage de la foi. Elle n'avance pas qu'il pourrait peut-être le soulager et éventuellement le guérir ; mais avec la hardiesse et l'assurance de la foi, elle dit : « il le délivrerait de sa lèpre ». Elle parle comme quelqu'un qui connaît la puissance curative de la grâce. Naaman, comme cela a été dit, pouvait ressentir son mal ; la petite fille connaissait le remède. Sa confiance est d'autant plus remarquable qu'elle n'avait pu, au cours de son existence, voir un seul cas de guérison de lèpre ; car le Seigneur lui-même dit qu'au temps d'Elisée il y avait plusieurs lépreux mais « aucun d'eux ne fut rendu net sinon Naaman, le Syrien ».
            Les paroles de la petite fille produisent leur effet. Elles éveillent le désir d'être guéri dans le coeur travaillé de Naaman. Mais les voies de la grâce ne peuvent être comprises par l'homme naturel. Rempli de ses propres pensées, il ne prête que peu d'attention aux paroles de la petite fille. Elle, avec sa connaissance de la grâce et de la puissance de Dieu, parle du prophète qui est à Samarie ; lui, suivant ses pensées naturelles, se tourne vers le roi de Syrie, croyant que la bénédiction ardemment désirée peut être obtenue par l'intermédiaire des grands de la terre moyennant le paiement d'une grosse somme d'argent.
            Le roi de Syrie est une image de l'homme dans sa suffisance. Il n'est que trop heureux que son serviteur Naaman reçoive la bénédiction, mais il voudrait bien qu'il l'obtienne par son canal. Alors il dit : « Soit ! Va, et j'enverrai une lettre au roi d'Israël » (v. 5).
            Un roi écrira à un autre roi. Mais Dieu ne demande pas le patronage de rois et il ne l'admet pas non plus. La grâce est à la disposition du coupable, que ce coupable soit parmi les hauts placés du pays ou parmi les humbles - « un grand homme » ou « une petite fille » - mais le patronage de rois ne peut l'assurer, pas plus que l'or ne peut l'acheter.
            Naaman doit faire l'expérience que tous les efforts de l'homme pour obtenir la bénédiction ne font que dégrader sa condition. Il se rend avec ses présents et la lettre du roi de Syrie vers le roi d'Israël. Celui-ci est conscient que seul Dieu peut agir dans un tel cas, mais il ne connaît pas l'homme de Dieu, par lequel la grâce de Dieu est dispensée. Sans la foi en Dieu et ne connaissant pas l'homme de Dieu, il conclut que le roi de Syrie cherche une occasion contre lui en demandant ce qui est au-delà de la puissance de l'homme. Naaman comprend qu'il est vain de s'adresser à un homme mais, même alors, il ne lui vient pas la pensée d'aller vers le prophète. Il semble donc que tout est terminé et que Naaman n'a plus qu'à rentrer en Syrie dans sa souillure et sa misère.
            A ce moment toutefois, Elisée intervient et il apparaît clairement que, s'il n'avait pas parlé, Naaman ne serait jamais venu vers lui, bien qu'il ait entendu parler au début de ce prophète. Et il n'en va pas autrement du pécheur et de Christ. Nous pouvons bien entendre parler de Christ, mais il est écrit : « Nul ne peut venir à moi, à moins que le Père qui m'a envoyé ne le tire » (Jean 6 : 44) ; et encore : « Personne ne peut venir à moi, à moins que cela ne lui soit donné du Père» (Jean 6 : 65).
            A la suite de l'intervention d'Elisée, Naaman, qui désire ardemment la bénédiction, vient vers le prophète. Le voilà enfin arrivé à la bonne source ; mais il est venu de la mauvaise manière. Il n'est pas encore dans la condition convenable pour recevoir la bénédiction. Il vient avec ses chevaux et ses chars et se tient à l'entrée de la maison d'Elisée. Les chevaux et les chars parlent de la pompe et de l'orgueil de l'homme. Naaman a découvert que la puissance des rois est sans effet, que l'argent et les dons ne servent à rien ; il doit maintenant apprendre que sa propre grandeur et sa propre importance ne lui assureront pas la moindre attention de la part de Dieu qui « ne fait pas acception de personnes ». C'est pourquoi le message qui, écouté et suivi, lui apportera la guérison ne fait aucune mention de sa dignité. Elisée le considère comme un homme simplement lépreux qui a besoin d'être purifié. Il ne fait aucun cas de toute la pompe et de toute la grandeur de Naaman ; il ne cherche pas non plus à se glorifier de la visite de cet important personnage. Il lui envoie seulement un message. En fait, délivrer un message demeure toujours le service du prédicateur.
            Toutefois la nature se rebelle contre un tel traitement. L'orgueil de l'homme voudrait bien recevoir quelque considération. Mais, si Naaman doit recevoir la bénédiction, cela ne peut être que sur le terrain de la grâce, et la grâce ne reconnaît aucun mérite dans celui qui la reçoit, sinon elle ne serait pas la grâce ! C'est pourquoi la grâce souveraine est si offensante pour l'homme naturel. « Naaman se mit en colère », et le véritable obstacle à la bénédiction s'avère être la haute pensée qu'il avait de lui-même. « Je me disais... » : voilà le mal ! Il se disait qu'il n'aurait qu'à rester assis dans son char et qu'Elisée viendrait et se tiendrait devant lui et qu'il ajouterait de l'éclat à la scène en invoquant le nom de l'Éternel son Dieu, tout en promenant sa main sur la place malade, et qu'ainsi il serait guéri.
            En outre, Naaman répugne à se laver dans le Jourdain. S'il est question de se laver dans un fleuve, certainement les grandes rivières de son propre pays – l'Abana et le Parpar – sont meilleures que toutes les eaux d'Israël. Il en est de même aujourd'hui de plus d'un pécheur qui admet la nécessité d'un changement moral dans sa vie, mais non pas une nouvelle naissance ! Les hommes se soumettront à une réforme effectuée par des moyens humains (doctrine du réarmement moral), mais ils ne sont pas préparés à être mis de côté dans la mort de Christ. Naaman s'attendait à une scène théâtrale - à ce que sa guérison soit opérée avec pompe - et voici que ce prince parmi les hommes est renvoyé avec un message bref et sec. Il lui est enjoint, comme cela aurait été dit à n'importe quel autre malheureux, d'aller se laver sept fois dans le Jourdain ouvert à tous. C'était là traiter le puissant Naaman d'une façon trop désinvolte. Le message ignorait toute sa grandeur ; et lui proposait une cure accessible au premier venu. Elisée n'aurait pu traiter l'individu le plus insignifiant du pays avec moins de considération. Un tel traitement et un tel message étaient intolérables pour le grand général. « Et il se tourna, et s'en alla en colère ».
            Eh bien ! A s'en aller, il valait mieux qu'il s'en aille en colère, car au moins cela montrait qu'il était profondément affecté. Mieux vaut répondre ainsi que décliner poliment l'invitation de Dieu en disant : « Je te prie, tiens-moi pour excusé » (Luc 14 : 18-19). Pour ceux qui ont ainsi refusé la grâce divine, il n'y a point d'espoir ; mais pour l'homme qui s'en va en colère, il y a encore l'espoir qu'il reviendra à de meilleures dispositions, car au moins il est touché.
            Naaman s'était attendu à quelque grande démonstration ; la nature aime la pompe, le sensationnel et la sentimentalité ; mais Naaman doit apprendre, comme tout pécheur, que la grande puissance de l'Évangile n'est pas - « dans le tremblement de terre », ni dans « le feu », mais dans la « voix douce et subtile » de la parole de Dieu parlant à la conscience.
            Heureusement pour Naaman, il avait ses compagnons qui purent raisonner avec lui et le convaincre de sa folie. La petite fille avait rendu son témoignage ; le prophète avait délivré son message - si clair et précis ; maintenant « ses serviteurs s'approchent de lui » et font valoir la simplicité du message. Il y a ceux, aujourd'hui, qui font l'oeuvre de la petite fille - ils invitent à venir entendre. Il y a ceux qui délivrent le message - les prédicateurs de l'Evangile. Il y a ceux qui interviennent auprès des âmes individuellement afin que les difficultés et les obstacles internes à la réception de l'évangile puissant être ôtés. Ainsi, avec un intérêt plein d'affection, les serviteurs plaident auprès de leur maître. « Mon père », disent-ils, « si le prophète t'eût dit quelque grande chose, ne l'eusses-tu pas faite ? Combien plus, quand il t'a dit : Lave-toi et tu seras pur » (v. 13). Comme ces serviteurs connaissaient bien leur maître ! C'était un « grand » homme et il avait, tout au long de sa vie, accompli de grands exploits. Il avait acquis une position élevée dans un des royaumes de l'homme ; mais, s'il veut entrer dans le royaume des cieux, il doit se convertir et devenir comme un petit enfant.
            C'est ce qui arriva ; les arguments des serviteurs l'emportent, car nous lisons : « Et il descendit » (v. 14). Son orgueil, sa grandeur, sa vaillance, tout ce qu'il était comme homme naturel est abandonné en tant que moyen d'obtenir la bénédiction. Les rois et leurs riches présents sont abandonnés ; l'Abana et le Parpar sont oubliés et, dans l'obéissance de la foi, il descend et se plonge sept fois dans le Jourdain, « selon la parole de l'homme de Dieu ». Aux yeux du monde un tel acte peut paraître le comble de la folie, comme l'est la prédication de la croix pour les sages de ce monde. Le Jourdain signifie la mort et il typifie, dans cette scène, la mort de Christ rencontrant la sainteté de Dieu. Si le pécheur doit être nettoyé de sa culpabilité, ce ne peut être que sur le terrain de la mort de Christ. En type, Naaman le reconnaît parfaitement, sans réserve, en se plongeant sept fois dans le Jourdain. Il reconnaît qu'il n'y a de purification que par les eaux de la mort dans lesquelles il est amené par « l'obéissance de la foi ».
            Il en est ainsi du pécheur aujourd'hui. La bénédiction ne peut venir à nous qu'en grâce par la mort et la résurrection de Christ, et nous sommes sous l'efficace de cette mort par la foi en Christ. L'Israélite, comme Naaman, était à l'origine « un Araméen qui périssait » (Deut. 26 : 5) et, pour lui, le Jourdain signifiait la fin d'une période de sa vie (la vie dans le désert), et l'introduction dans une nouvelle sphère de bénédiction. Le Jourdain marquait la frontière du territoire syrien. La mort met fin au lien avec la Syrie. En se plongeant dans le Jourdain, Naaman, en type, en finit avec sa vie d'autrefois et commence une vie entièrement nouvelle ; sa chair devient comme la chair d'un jeune garçon. Son ancien état de lépreux, dans lequel la corruption et la mort opéraient, ne convenait absolument pas devant Dieu, l'excluant de Sa présence. Cela a été réglé par les eaux de la mort. Une nature mauvaise ne peut être pardonnée ; il doit y être mis fin par la mort. De même, pour le croyant, la vieille nature est condamnée et mise de côté dans la mort de Christ. L'âme qui, dans l'obéissance de la foi, se soumet au moyen de délivrance de Dieu, entre dans une vie nouvelle.
            Le prophète met l'accent sur l'importance de cette leçon en prescrivant de se laver sept fois, montrant combien nous avons besoin d'apprendre à fond la leçon de notre mort avec Christ, qui met fin à l'état dans lequel nous vivions pour nous-mêmes, afin qu'en nouveauté de vie nous vivions à Dieu.
            Pour Naaman, le résultat fut que sa chair redevint comme la chair « d'un jeune garçon ». Quel changement merveilleux ! L'homme qui, au début du récit, est décrit comme « un grand homme », devient à la fin comme « un jeune garçon ». En outre, un nouvel esprit le possédait. L'orgueil d'un grand homme avait cédé la place à l'humilité d'un jeune garçon ; car nous lisons : « Et il retourna vers l'homme de Dieu, lui et tout son camp, et il vint et se tint devant lui » (v. 15). Il ne se conduit plus comme un personnage important assis dans son char ; il est devenu un homme humble se tenant devant le prophète.
            Ce n'est cependant pas tout. Il a cru dans son coeur ; il doit maintenant faire confession de sa bouche : « Il n'y a point de Dieu en toute la terre, sinon en Israël ». Non seulement il est purifié, mais il est amené à connaître Dieu. « Je sais », peut-il dire. L'évangile qui répond à nos besoins révèle Dieu à nos âmes.
            Ensuite, il voudrait bien exprimer sa gratitude à celui par lequel il a été si richement béni. Elisée refuse le présent, de peur qu'en quelque manière il paraisse falsifier la grâce de Dieu aux yeux de ce Gentil qui avait reçu la bénédiction sans argent et sans prix. Naaman, le possesseur de grandes richesses, avait sans doute pris l'habitude de penser que tout pouvait, et même devait être acheté par la puissance de l'argent. Il doit apprendre, de même que le pécheur aujourd'hui, qu'il y a des bénédictions au-delà de toute autre bénédiction, et des joies au-delà de toute joie terrestre. Il reçoit la vie qui est éternelle, celle que toutes les richesses de ce monde ne peuvent acheter, bien que, hélas ! ces richesses puissent fermer le chemin qui conduit à la vie et à la bénédiction.
            En outre, le coeur de Naaman s'ouvre en louanges à l'Eternel. Il dit : « Ton serviteur n'offrira plus d'holocaustes ni de sacrifices à d'autres dieux, mais seulement à l'Eternel » (v. 17).
            Enfin, le changement opéré dans sa vie est manifesté par sa conscience exercée et délicate. Il a tout de suite senti qu'adorer l'Eternel était absolument incompatible avec le fait de se prosterner devant une idole dans la maison de Rimmon. Toutefois sa position officielle demanderait peut-être qu'il entre dans la maison de l'idole. En réponse à cette difficulté, la parole d'Elisée est : « Va en paix ». Cela ne signifie en aucune manière qu'Elisée approuvait le fait que Naaman se prosterne devant l'idole dans la maison de Rimmon. Il voyait que Naaman était exercé devant l'Eternel et, sans anticiper la difficulté, il sait qu'il peut laisser avec sûreté Naaman avec l'Eternel. Nous pouvons bien penser que Naaman n'est jamais entré dans la maison de Rimmon.
 
 
                                                                                                H. Smith
 
    (A suivre)