« Je suis à mon bien-aimé » (Cant. 7 : 10)
Il est fort utile pour chacun d'apprendre à connaître la façon dont le Seigneur agit pour former les siens. Considérons dans l'Ecriture une personne qui en est un exemple. Elle avait la même nature et les mêmes sentiments que nous, et la même humble origine. Elle a été patiemment formée par une main d'amour, même s'il y avait au départ, de son côté, toutes sortes d'entraves au désir de son bien-aimé.
Au chapitre 4 du Cantique des cantiques, l'épouse - dont nous voudrions parler - est comparée à un jardin. Toutes sortes de plantes avec parfums d'agréable odeur s'y trouvent et tous les principaux aromates. L'époux a planté et entretenu avec soin ce jardin pour la joie et la satisfaction de son coeur. Il a permis au vent de l'épreuve de souffler pour que ses aromates s'exhalent (v. 16). C'étaient ses parfums et il désirait les respirer. Nous n'aimons pas le vent glacial du nord et cherchons si possible à l'éviter. Mais le Seigneur nous fait passer, s'Il le juge bon, par des chemins difficiles, avec le désir de nous « faire du bien à la fin » (Deut. 8 : 16).
Le chemin suivi par l'épouse dans le Cantique des cantiques était parfois rocailleux, mais elle a été constamment soutenue par l'amour merveilleux de l'époux. Il est resté le même, alors que la bien-aimée donnait parfois des signes de défaillance.
Personne ne met en doute que l'époux soit un type de Christ ; certains, en revanche, éprouvent plus de difficulté à identifier l'épouse. Cependant, on a tout lieu de penser qu'elle représente Israël - ou plus exactement « le résidu pieux » - qui, à la fin, sera établi dans une relation bénie avec le Messie. L'image de l'époux et de l'épouse est souvent employée par les prophètes avec l'intention de faire ressortir l'intimité d'une relation (Es. 62 : 5).
Nous désirons souligner ce qui s'applique aux besoins actuels du croyant. Notre amour est parfois si faible, notre marche si vacillante, que nous avons grand besoin d'être tirés par le Seigneur pour être en mesure de courir après Lui (1 : 4).
« Je suis noire, mais je suis agréable, filles de Jérusalem ! comme les tentes de Kédar, comme les tentures de Salomon. Ne me regardez pas, parce que je suis noire, parce que le soleil m'a regardée : les fils de ma mère se sont irrités contre moi, ils m'ont mise à garder les vignes ; ma vigne qui est à moi, je ne l'ai point gardée »(1 : 5-6).
L'épouse a déjà parlé de l'amour du roi, de son nom, de ses chambres. Et maintenant elle confesse être indigne des faveurs dont elle est l'objet. Nous pouvons emprunter son langage ; il convient de se souvenir du creux du puits dont nous avons été tirés (Es. 51 : 1). N'oublions pas non plus la beauté dont Sa grâce nous a revêtus - elle est représentée ici par ces magnifiques tentures de Salomon. Les épreuves traversées dans le monde, la persécution de la part de ses proches, le dur service dans la vigne des autres, la négligence à l'égard de son travail, tout cela ne laisserait-il pas des traces profondes ? Nous découvrons notre « laideur » à la lumière des perfections de Christ. « Ne me regardez pas », dit-elle. Combien souvent, au contraire, nos paroles trahissent la vanité de notre coeur, l'effort pour attirer l'attention des autres !
« Dis-moi, toi qu'aime mon âme, où tu pais ton troupeau, où tu le fais reposer à midi ; car pourquoi serais-je comme une femme voilée (ou « qui se détourne ») auprès des troupeaux de tes compagnons » (1 : 7).
Elle désire se nourrir là où il fait reposer son troupeau à midi - au moment de la plus forte chaleur. Ne cherchons pas notre nourriture et notre repos dans les choses de la terre, ce serait en vain ! Un réel appétit pour la nourriture spirituelle est toujours le meilleur antidote pour ne pas céder aux attraits trompeurs de ce monde pervers.
« Si tu ne le sais pas, ô la plus belle parmi les femmes ! sors sur les traces du troupeau, et pais tes chevreaux près des habitations des bergers »(1 : 8).
La réponse pleine de grâce de l'époux ne se fait pas attendre. Il s'adresse à elle pour la première fois dans le Cantique et l'appelle déjà « la plus belle parmi les femmes ». Elle l'est à ses yeux ; sa tendresse vient en aide à son état misérable !
Pour trouver de la nourriture et goûter du repos, il faut sortir « sur les traces du troupeau ». Christ a ses bergers dans ce monde. Lui-même est le « grand Pasteur des brebis » (Héb. 13 : 20). Il les « fait reposer dans de verts pâturages » et les « mène à des eaux paisibles » (Ps. 23 : 2). Si « l'épouse » accepte de paître ses chevreaux près des habitations des bergers, elle sera, elle aussi, nourrie. « Si tu ne le sais pas… » : ces mots parlent à la conscience. Le bien-aimé n'avait-il pas tout lieu de s'attendre, après tant de soins fidèles, à ce qu'elle connaisse le vrai chemin ?
Chrétiens, recherchons avec soin le terrain scripturaire du rassemblement autour du Seigneur et restons-y. Le verset 12 rappelle à notre coeur que notre « nard » doit exhaler son odeur « quand le roi est à table ». Consolés, nourris, guidés par sa grâce, ne négligeons pas de Lui apporter l'adoration qu'Il est en droit d'attendre (Jean 4 : 23).
L'expérience de l'épouse va s'enrichir ; elle va prendre plaisir à s'asseoir à l'ombre de pommier - une figure de Christ (2 : 3). L'époux la fera aussi entrer dans la maison du vin où elle connaîtra la vraie joie. Elle apprendra avec bonheur qu'elle est sous la « bannière » de l'amour (v. 4). Aucun clou forgé par les hommes n'aurait pu retenir Christ sur la croix ; seul cet amour, que des fleuves ne peuvent submerger, l'y a retenu (8 : 7).
« La voix de mon bien-aimé ! le voici qui vient, sautant sur les montagnes, bondissant sur les collines… Le voici, il se tient derrière notre mur, il regarde par les fenêtres, il regarde à travers les treillis. Mon bien-aimé m'a parlé, et m'a dit : Lève-toi, mon amie, ma belle et viens ! » (2 : 8-10).
Que de fois dans l'histoire de peuple de Dieu, à un temps de bénédiction et de grande joie succède une période de « torpeur spirituelle ». Après la maison du roi, on se trouve ici dans la maison à treillis de l'épouse ; elle s‘y repose. Mais une voix bien connue l'éveille, celle de l'époux qui approche. Il se montre derrière les treillis et cherche à l'attirer par sa beauté. Il est patient - à deux reprises il l'invite à venir vers lui (v. 10-13 ; Job 33 : 14)). Il lui parle d'un monde nouveau de bénédictions, où aucun orage ni vent d'hiver ne menacera plus le bonheur des élus (v. 11-13).
De même que chez l'épouse, la fraîcheur première a vite disparu de l'Eglise. Ce n'est plus l'heureux temps décrit avec tant de détails au début du livre des Actes (4 : 32-33). Une sorte de « nuit spirituelle » s'est abattue sur les saints ; ils n'ont plus marché d'une manière digne de leur appel ! (Eph. 4 : 1). Quand le premier amour est perdu, on se contente facilement d'une activité routinière. Seule la voix si connue, qui annonce sa proche venue, peut réveiller l'amour pour Lui. A quatre reprises, dans l'Apocalypse, le Seigneur rappelle à son Eglise : « Je viens bientôt » (3 : 11 ; 22 : 7, 12,20).
L'épouse est précieuse à ses yeux, il l'appelle « mon amie, ma belle ». Quel encouragement pour elle ! Et pour chacun d'entre nous, amis chrétiens, il est précieux d'entendre le Seigneur nous appeler ainsi, en dépit de notre froideur et de nos errements. Ne restons pas oisifs sur un lit de paresse (Rom. 13 : 11). Courage ! Bientôt nous atteindrons ce lieu de délices, où l'Agneau aura à ses côtés « la perle dont l'éclat reflétera le sien », comme l'exprime un cantique.
Dans cette attente, comme la colombe craintive, tenons-nous cachés « dans les fentes du rocher » (2 : 14). A l'abri de ce Rocher frappé pour nous (Ex. 17 : 6 ; 1 Cor. 10 : 4), nous sommes à l'écart des souillures et des dangers (v. 14, 17 ; Ps. 18 : 2). Son désir est de voir notre visage et d'entendre notre voix. Répondons à ses désirs et restons attentifs à la mise en garde qui suit dans ce livre.
« Prenez-nous les renards, les petits renards qui ravagent les vignes, car nos vignes sont en fleur » (2 : 15).
Méfions-nous beaucoup de ces petits renards qui ravagent les vignes en fleur, et qui, en grandissant, deviennent de plus en plus exigeants. Ne tolérons pas les petites fraudes dans notre vie - ces péchés « habituels » d'allure insignifiante, subtils et secrets. Ces manquements répétés ne tarderaient pas à prendre de l'ampleur et à dominer sur nous (Rom. 6 : 12). Le Seigneur serait frustré de ce qui lui appartient en propre.
Parmi ces « renards » destructeurs et rusés, il faut distinguer par exemple la prétention, la cupidité, la jalousie, la vanité, la légèreté. Elles « se glissent » habilement dans nos pensées. Chassons sans pitié tous ces petits renards, dès qu'ils sont décelables ! Demandons au Seigneur de nous y aider (Job 34 : 32).
L'épouse comprend de mieux en mieux combien le roi lui est attaché et elle s'écrie : Mon bien-aimé est à moi et je suis à lui (v. 16). Celui-ci exprime son désir de lui rendre visite, « jusqu'à ce que l'aube se lève et que les ombres fuient (v. 17).
« Sur mon lit, durant les nuits, j'ai cherché celui qu'aime mon âme ; je l'ai cherché mais je ne l'ai pas trouvé »(3 : 1).
Sa présence apporterait le jour - en son absence, c'est toujours la nuit ! La présence ou l'absence de Jésus sont-elles ainsi ressenties par notre âme ? La bien-aimée a de ferventes affections, elle dit à quatre reprises : « celui qu'aime mon âme » (v. 1-4). Elle recherche sa compagnie. Ce n'est ni l'aurore, ni la saison des chants, ni le pays plein de charmes qu'elle désire ; c'est sa personne ! Seul, Christ peut satisfaire le croyant.
Elle doit reconnaître à plusieurs reprises : « Je ne l'ai pas trouvé ». Elle le cherchait, mais en même temps elle voulait conserver ses aises. Le « lit » évoque souvent la paresse dans l'Ecriture. S'étant pourtant enfin levée, elle pense à tort le retrouver au milieu de l'agitation de la ville. En fait, il paît au milieu des lis - une figure des croyants !
Les personnes auxquelles l'épouse s'adresse ne sont pas qualifiées pour lui répondre. Les gardes sont là pour veiller au respect des lois et à l'ordre public ; ce n'est pas leur rôle d'aider aux recherches de l'amour - leurs préoccupations sont tout autres (Act. 18 : 14-15).
Plusieurs d'entre nous voudraient avoir Christ, tout en suivant dans ce monde le chemin qui leur plaît et en laissant aux désirs de leur chair une place dans leur vie. Ces voeux sont incompatibles avec le sentier que le chrétien doit suivre ; il est appelé à sortir hors du camp, portant l'opprobre de Christ (Héb. 13 : 13).
Tous les obstacles - le lit, la ville, les gardes - surmontés, il faut peu de temps à l'épouse pour retrouver son bien-aimé. L'ayant trouvé, elle le saisit et ne le lâche plus ! Agissons de même !
Actuellement, le grand besoin du peuple de Dieu est d'être rempli de cet amour, prêt à tout surmonter pour retrouver une communion perdue. Or c'est plutôt l'apathie, le manque d'attachement à Christ qui dominent (Es. 64 : 7).
« Viens avec moi du Liban, ma fiancée, viens du Liban avec moi ; regarde du sommet de l'Amana, du sommet du Senir et de l'Hermon, des tanières des lions, des montagnes des léopards » (4 : 8).
L'époux qui veille sur sa bien-aimée, l'avertit : Il y a sur la terre des sites remarquables, ceux du Liban en font partie, mais des dangers se cachent souvent dans les lieux les plus attirants. Le lion rôde autour de sa tanière, cherchant qui il pourra dévorer ; les léopards, avec leur démarche féline silencieuse, sont toujours à l'affût d'une proie. Le Seigneur connaît les dangers auxquels nous sommes, hélas, souvent prêts à nous exposer imprudemment ! Dans sa bonté, Il cherche toujours à nous éloigner des endroits dangereux : « Viens avec moi du Liban », dit-Il. Seul l'amour pour Lui, un désir fervent de rester dans sa compagnie peut nous garder de ces dangers qui accourent, subtils, inconnus. Attachons-nous toujours à « ce qui est en haut » (Col. 3 : 1) ; là, nos vrais biens sont cachés en Christ.
« Ma soeur, ma fiancée » (v. 10) : ces noms sont un tendre rappel des liens qui l'unissent à lui. Le Seigneur s'est acquis des droits exclusifs sur tous les siens. Chacun d'eux est désormais semblable à une « fontaine scellée » (v. 12). Lui seul a le droit d'y boire ; chacun est semblable à un jardin clos, où rien d'étranger ne doit avoir la possibilité de s'introduire. Toutes les fleurs avec leurs parfums, tous les fruits, dans ce jardin, Lui appartiennent.
Aujourd'hui le Seigneur cultive encore un tel « jardin » sur la terre. L'apôtre peut dire, avec l'Assemblée en vue : « Vous êtes le champ de Dieu », où l'un plante, l'autre arrose et où Dieu donne l'accroissement à ses plantes (1 Cor. 3 : 6-9). Afin que « ses aromates s'exhalent », il fait souffler - en temps utile - le vent du nord ou celui du midi.
L'épouse exprime son désir de goûter la présence de l'époux (v. 16) et il y répond avec joie (5 : 1). Tel a été le voeu exprimé par les disciples d'Emmaüs : « Ils le pressèrent, en disant : Reste avec nous… Il entra pour rester avec eux… leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent » (Luc 24 : 29-31). Ici, l'époux vient cueillir des fruits dans son jardin et il s'en nourrit. Puis Il partage avec les siens ce que notre faible amour a su lui préparer.
Quelle différence avec la scène suivante ! L'époux est absent et l'amour de son épouse s'est refroidi !
« Je dormais, mais mon coeur était réveillé. C'est la voix de mon bien aimé qui heurte : Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles, des gouttes de la nuit » (5 : 2).
On peut, hélas, se reconnaître facilement dans l'égoïsme et la nonchalance de la bien-aimée. Il s'agit cette fois chez elle d'un déclin très sérieux ; la récidive a toujours un tel caractère.
Mais l'amour du Seigneur reste inchangé. Il heurte à sa porte et demande : « Ouvre-moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite ! Car ma tête est pleine de rosée, mes boucles des gouttes de la nuit ». Dans son amour, il choisit le meilleur chemin pour toucher ce coeur. « Ouvre-moi » : il exprime son désir d'entrer chez elle, et le fait en lui adressant des paroles pleines d'affection. Puis il lui parle des difficultés éprouvées sur le chemin suivi pour la rejoindre. Le Seigneur entretient ses rachetés des souffrances endurées à la croix pour les sauver.
Parcourir cette scène donne une idée des moyens employés par Christ pour guérir une de ses brebis de son abandon (Osée 14 : 4). Il veut nous réveiller de l'indifférence et nous ramener à la jouissance de son amour.
« Je me suis dépouillé de ma tunique, comment me revêtirais-je ? J'ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? » (5 : 3)
La bien-aimée, encore léthargique, multiplie les excuses. Elle répugne à se lever pour ouvrir le loquet, situé pourtant de son côté (Apoc. 3 : 20) !
« Mon bien-aimé a avancé sa main par le guichet, et mes entrailles se sont émues à cause de lui. Je me suis levée pour répondre à mon bien-aimé, et de mes mains a dégoutté la myrrhe, et de mes doigts, la myrrhe limpide, sur les poignées du verrou. J'ai ouvert à mon bien-aimé, mais mon bien-aimé s'était retiré, il avait passé plus loin ; mon âme s'en était allée pendant qu'il me parlait. Je le cherchai, mais je ne le trouvai pas ; je l'appelai, mais il ne me répondit pas » (chap. 5 : 4-6).
Par son absence et les traces de ses souffrances (représentées par la myrrhe), l'époux veut ranimer les affections de l'épouse. Le moyen choisi se révèle efficace car l'épouse est maintenant entièrement éveillée. Pour retrouver notre communion personnelle avec le Seigneur, sommes-nous disposés à déployer la même ardeur que le fait ici cette jeune épouse ? Ceux qui Le cherchent de la sorte ne seront jamais déçus, même s'il leur faut passer par de douloureuses expériences, avant de retrouver la jouissance de son amour. C'est justement le cas pour l'épouse.
« Les gardes qui font la ronde par la ville me trouvèrent ; ils me frappèrent, ils m'ont blessée ; les gardes des murailles m'ont ôté mon voile de dessus moi » (5 : 7)
Qu'elle soit ainsi errante, sans son époux est contraire à l'ordre établi ; c'est à bon droit que les gardes la réprimandent. Mais ils n'hésitent pas à la blesser, à lui ôter le voile dans lequel elle est enveloppée. Toutes ces humiliations sont difficiles à supporter mais Dieu les permet pour notre bien. « Les blessures d'un ami sont fidèles » (Prov. 27 : 6). Dans ces moments pénibles, malgré sa souffrance, elle reste fidèle à son bien aimé. La rudesse des gardes réveille au contraire chez elle des élans de coeur, et elle en fait part aux autres.
« Je vous adjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien aimé, que lui direz-vous ? Que je suis malade d'amour. - Ton bien-aimé, qu'est-il de plus qu'un autre bien-aimé, ô la plus belle entre les femmes. Ton bien-aimé qu'est-il de plus qu'un autre bien-aimé, que tu nous adjures ainsi ? » (5 : 8-9).
L'épouse n'hésite pas à penser que son bien-aimé est connu de tous, comme Marie de Magdala au sépulcre de Jésus (Jean 20 : 15). Mais pour ces jeunes filles, l'époux est jusqu'ici un inconnu. Etonnées par un amour aussi fervent, elles demandent avec curiosité : « Ton bien-aimé, qu'est-il de plus qu'un autre bien-aimé… ? ». Elles n'ont jamais connu les délices intimes d'un si grand amour ; elles ne peuvent pas comprendre l'attrait irrésistible éveillé chez leur compagne. Pour celle-ci, c'est une nouvelle étape sur le chemin de la restauration. Elle avait pris ses aises loin du bien-aimé et négligé d'ouvrir à son appel. Maintenant, dans sa réponse, elle montre la réalité de ses affections. Elle ne trouve pas de termes assez brûlants, de comparaisons assez éloquentes, pour le décrire !
Chers amis lecteurs, en serait-il de même si soudain quelqu'un nous interrogeait au sujet du Seigneur Jésus ? Qu'est-il - de plus - pour nous ? Saurions-nous parler de son amour, de son abaissement, de son obéissance jusqu'à la mort de la croix ? Les mots viendraient-ils aisément pour décrire sa grâce, parler de sa sagesse, des perfections de sa marche et de son service ? Pour les hommes, qui en général le méprisent, Il est Celui dont Esaïe peut dire : « Il n'a ni forme ni éclat ; quand nous le voyons, il n'y a point d'apparence en lui pour nous le faire désirer » (Es. 53 : 2). Mais quel prix Il a pour le coeur de Dieu et celui de ses rachetés !
« Mon bien-aimé est blanc et vermeil, un porte-bannière entre dix mille. Sa tête est un or très fin ; ses boucles sont flottantes, noires comme un corbeau… Son palais est plein de douceur, et toute sa personne est désirable. Tel est mon bien-aimé, tel est mon ami, filles de Jérusalem ! » (5 : 10-16).
Relisons avec attention l'ensemble du portrait qu'elle fait de son bien-aimé. Une si glorieuse description ne peut s'appliquer qu'à Christ : tant de perfections passent devant nous. « Toute sa personne est désirable » : Il est LE SEUL qui soit parfaitement digne de toute louange.
Jésus, Fils bien-aimé du Père, qui t'es abaissé jusqu'à nous,
A tous les enfants de lumière que ton saint nom est grand et doux !
A toi, Jésus, nul n'est semblable, car toi seul es la vérité ;
Tout, dans ta Personne adorable, est amour, grandeur et beauté.
« Où est allé ton bien aimé, ô la plus belle entre les femmes ? De quel côté s'est-il tourné ? et nous le chercherons avec toi » (6 : 1).
Après l'avoir entendue, les filles de Jérusalem questionnent anxieusement la bien-aimée. L'ardente description de la Sulamithe (la forme féminine de Salomon) amène d'autres à le rechercher. Tel devrait toujours être le résultat de notre témoignage. « De l'abondance du coeur, la bouche parle » (Matt. 12 : 34). Si notre conduite confirme nos paroles, les personnes de notre entourage seront remplies à leur tour du désir de connaître Christ ; de tels accents de louange et une marche fidèle les conduiront à Lui.
Pendant le temps nécessaire pour que sa bien-aimée connaisse de telles expériences, les sentiments de l'époux n'ont pas varié, malgré les errements de l'épouse. Elle est toujours sa colombe, sa parfaite. Le monde entier devra apprendre qu'Il a aimé son Epouse et qu'elle occupe pour l'éternité toute la place dans ses affections. Ce sera la part d'un Israël restauré, au milieu des nations, dans un proche avenir. Et l'Eglise, elle aussi, ayant bientôt fini son pèlerinage à travers le désert, selon la promesse du Seigneur, verra les ennemis venir se prosterner à ses pieds : « Ils connaîtront que moi je t'ai aimé » (Apoc. 3 : 9).
« Je suis à mon bien aimé, et son désir se porte vers moi » (7 : 10).
L'épouse est consciente d'être l'objet de toutes ses affections. C'est la note la plus élevée du Cantique, la plus humble aussi. Etre assurés que le Seigneur nous aime n'est pas du domaine de la prétention. Notre âme est établie dans la grâce ; la réalité de notre amour fait qu'il coule « aisément » vers le bien-aimé (7 : 9). L'époux lui dit encore : Viens ! Elle s'était montrée lente, dans le passé, à lui répondre. Or, maintenant c'est elle qui dit : « Viens, mon bien-aimé » (v. 11).
« Qui est celle-ci qui monte du désert, s'appuyant sur son bien-aimé ? »(8 : 5 ; voir 3 : 6).
L'épouse est manifestée au monde en sa compagnie. Elle s'appuie sur lui, expression d'une faiblesse reconnue qui se plaît à trouver son repos sur la force. Quand le pèlerinage actuel de l'Eglise dans le désert aura pris fin, et que les noces de l'Agneau seront venues, l'Epouse sera vue, associée à Christ.
Plus de nuit, plus de distance ! Ton Epouse à ton côté,
Reflètera ta puissance, et ta grâce, et ta beauté.
Fruit de ton amour suprême, on la verra dans ce jour,
Environnée elle-même de ton éternel amour.
Rien, jamais, n'a pu éteindre cet amour divin, éternel, insondable. « Beaucoup d'eaux ne peuvent éteindre l'amour, et des fleuves ne le submergent pas » (v.7 ; Rom. 8 : 35). Et c'est de son amour même que notre amour peut vivre et se développer.
« Je fus alors à ses yeux comme celle qui a trouvé la paix » (8 : 10).
Le Cantique va s'achever, mais l'épouse déclare encore ce qu'elle a goûté dans le bien-aimé. Et le croyant, dont les affections ont été attirées vers Christ, reconnaît comme elle avoir enfin trouvé la paix !
Nous chantons parfois :
Cette paix que Jésus donne,
Je ne la connaissais pas ;
Tout sur mon sentier rayonne
Depuis qu'Il conduit mes pas.
Le Cantique des cantiques est d'un grand prix pour les rachetés. Nous y trouvons des applications morales bénies ; il met en évidence ce que doivent être nos affections pour le Seigneur. Pour pouvoir être utile, la connaissance de l'Ecriture et de la pensée de Dieu doit reposer sur un amour constamment renouvelé pour le Seigneur, Celui que notre coeur attend avec ferveur.
Conduit par le Saint Esprit, que chacun des lecteurs puisse dire en vérité : « Amen ; viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22 : 20).
Ph. L. le 15. 08. 10