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ELISEE, L'HOMME DE DIEU (2)

 3 – Les fils des prophètes (2 Rois 2 : 15-18)
 4 – Les hommes de la ville (2 Rois 2 : 19-22)
 5 – Les moqueurs de Béthel (2 Rois 2 : 23-25)
 6 – Les rois et leurs armées (2 Rois 3)
 
 
 
3 – Les fils des prophètes (2 Rois 2 : 15-18)
 
           
            Les effets bénis de la formation d'Elisée sont maintenant manifestés à d'autres : le prophète devient un témoin devant le monde de celui qui est monté au ciel. Les fils des prophètes remarquent son nouveau caractère ; car, regardant Elisée, ils disent : « L'esprit d'Elie repose sur Elisée » (v. 15). Ils considèrent un homme sur la terre et ils voient l'esprit et le caractère d'un homme dans les cieux.
            Cela n'a-t-il rien à nous dire, à nous, en cette période du christianisme ? Cela n'illustre-t-il pas notre privilège et notre responsabilité les plus élevés comme chrétiens ? Car ne sommes-nous pas laissés sur la terre pour représenter l'Homme dans la gloire ? Paul pouvait parler des saints à Corinthe comme étant « la lettre de Christ », connue et lue de tous les hommes (2 Cor. 3 : 2). L'Esprit avait écrit Christ dans leurs coeurs et, dans la mesure où l'Esprit lisait Christ dans leurs coeurs, le monde lisait Christ dans leurs vies.
            Hélas, ne ressemblons-nous pas souvent aux fils des prophètes qui pouvaient apprécier l'esprit d'Elie dans un autre, tout en ne manifestant que peu de cet esprit ? Ils avaient une mesure de connaissance, car ils discernaient quand le moment était venu pour qu'Elie soit enlevé au ciel, mais ils n'avaient pas le coeur engagé pour faire avec lui ce dernier voyage. Ils regardaient « vis-à-vis » depuis Jéricho ; ils virent le prophète descendre au Jourdain ; jamais ils ne traversèrent le fleuve comme Elisée. En aucune manière ils ne marchèrent et ne parlèrent avec Elie au-delà du Jourdain. Ils ne virent pas le char de feu et les chevaux de feu ni le prophète ravi au ciel dans un tourbillon.
            Ils reconnaissent néanmoins et apprécient dans une mesure les effets bénis produits sur l'homme qui a vu ces miracles. Ils se prosternent devant lui en terre et manifestent ainsi qu'ils voient en Elisée quelqu'un qui se meut sur un niveau spirituel plus élevé qu'eux. Ils sont disposés à prendre la place de serviteurs de celui qu'ils reconnaissent comme serviteur de l'Eternel.
            Ne sommes-nous pas souvent comme ces hommes ? Nous savons que Christ est mort pour nous, mais nous sommes lents à accepter sa mort comme étant notre mort. Nous connaissons trop peu de chose d'une marche en communion avec Lui sur le terrain de la résurrection et ce que c'est que de le voir comme un Homme vivant dans la gloire. Toutefois nous pouvons apprécier dans d'autres l'effet de cette intimité personnelle avec Christ. Car on ne saurait ignorer l'homme caractérisé par l'esprit de Celui qui est monté au ciel. Le monde pouvait reconnaître Pierre et Jean « pour avoir été avec Jésus » (Act. 4 : 13) ; et regardant Etienne, les hommes « virent son visage comme le visage d'un ange » et « ils ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l'Esprit par lequel il parlait » (Act. 6 : 10, 15).
            Mais les fils des prophètes n'étaient pas seulement lents de coeur ; ils étaient lents à comprendre, et pire encore, ils étaient marqués par l'incrédulité. Et pourtant, avec tout cela, ils avaient une grande apparence de force naturelle : ils avaient leurs « cinquante hommes, des hommes vaillants » (v ; 16). Mais les pensées de la nature ne peuvent s'élever au-dessus des montagnes et des vallées de la terre. Seul le regard perçant de la foi peut voir l'homme dans le ciel.
            Ainsi l'incrédulité est le premier caractère de la sphère dans laquelle Elisée va être un témoin ; et celle-ci se trouve en ceux qui font une profession religieuse. La nature n'arrive pas à croire que la grâce de Dieu peut enlever un homme au ciel, bien qu'elle soit prête à suggérer que l'Esprit de Dieu peut emporter un homme pour le jeter sur la terre. Ils savaient certes qu'Elie allait être enlevé ; mais manifestement ils ne croyaient pas qu'il avait été enlevé au ciel. Ils avaient la connaissance, mais il leur manquait la foi. Elisée, honteux de leur incrédulité, les laisse éprouver la vanité de leurs ressources naturelles en permettant qu'ils envoient leurs cinquante hommes pour une recherche infructueuse de trois jours.
 
 
 
4 – Les hommes de la ville (2 Rois 2 : 19-22)
 
 
            Le monde au milieu duquel Elisée est un témoin de la grâce de Dieu n'est pas seulement un monde incrédule mais, par la suite de son incrédulité, il gît sous la malédiction. Ainsi, avec beaucoup d'à-propos, la mission de grâce d'Elisée commence à Jéricho, le lieu de la malédiction. Josué avait dit : « Maudit soit devant l'Eternel l'homme qui se lèvera et bâtira cette ville de Jéricho ! Il la fondera sur son premier-né, et en posera les portes sur son plus jeune fils » (Jos. 6 : 26). Et c'est ce qui se produisit car, aux jours d'Achab, un homme se leva qui défia l'Eternel en construisant Jéricho, non sans la perte de ses deux fils, « selon la parole de l'Eternel, qu'il avait dite par Josué, fils de Nun » (1 Rois 16 : 34).
            L'emplacement était bon, mais les eaux étaient mauvaises et la terre stérile. Tel est ce monde ; extérieurement plaisant parfois, mais partout la flétrissure de la malédiction. Ses sources de rafraîchissement ne satisfont pas. Il promet beaucoup, mais n'amène rien à maturité. Il ne peut pas répondre aux besoins de l'homme.
            Mais Elisée est là, avec la grâce qui guérit ; image magnifique de Christ qui, n'ayant rien des biens de ce monde, dispense néanmoins la bénédiction de tous côtés, mettant sa grâce au service des autres. Les hommes de la ville ont la foi pour profiter de la grâce qui est en Elisée. Ils viennent à lui avec leur besoin. Le prophète demande un vase neuf, y fait verser du sel, qui nous parle de ce caractère de la grâce qui préserve du mal, et qui se lie, non pas à la chair, mais à un « vase neuf » (v. 20). Est-ce que Christ n'a pas été le « vase neuf » rempli de la grâce sanctifiante de Dieu ?
            Puis, lisons-nous, Elisée « sortit vers le lieu d'où sortaient les eaux, et y jeta le sel, et dit : Ainsi dit l'Éternel : J'ai assaini ces eaux ; il ne proviendra plus d'ici ni mort ni stérilité » (v. 21). Il en sera ainsi dans les jours à venir : dans le lieu même où la malédiction a été prononcée, où la malédiction est tombée, là la malédiction sera enlevée. Dieu demeurera avec les hommes - des vases neufs, rendus semblables à Christ rempli de la grâce sanctifiante. Alors effectivement, il n'y aura plus ni mort ni malédiction, car les premières choses seront passées.
 
 
 
5 – Les moqueurs de Béthel (2 Rois 2 : 23-25)
 
 
            En lisant l'histoire d'Elisée, nous devons toujours nous souvenir que sa mission était de présenter la grâce de Dieu à une nation coupable. Pour cette raison, ses miracles sont, presque sans exception, des miracles de grâce. Les trois exceptions - la malédiction des jeunes moqueurs, la lèpre qui s'attache à Guéhazi, et la mort du capitaine sur la main duquel le roi s'appuyait - sont en parfaite harmonie avec la mission du prophète. Dans chacun des cas, le jugement est le résultat direct du mépris de la grâce.
            Si donc, dans nombre de miracles frappants, un témoignage est rendu à la grâce souveraine de Dieu, il y a aussi un témoignage au jugement inévitable qui tombera sur ceux qui rejettent, falsifient ou méprisent la grâce de Dieu. Au début de son ministère, Elisée doit apprendre que, s'il apporte la grâce et la bénédiction dans le lieu de la malédiction, il aura à faire avec ceux qui rejettent la grâce et se moquent de son messager. Ainsi, alors que le prophète monte à Béthel, il rencontre une bande de petits garçons qui tournent en ridicule l'ascension d'Elie. Par dérision, ils disent à Elisée : « Monte, chauve ! Monte, chauve ! » (v. 23).
            Les fils des prophètes trahissent de l'ignorance et de l'incrédulité quant à l'ascension. Les « hommes de la ville » y sont peut-être indifférents ; mais les enfants de Béthel s'en moquent. A Béthel, le lieu qui a dans l'histoire d'Israël porté le caractère de la maison de Dieu, nous trouvons une troupe de moqueurs. Il n'en va pas autrement au jour actuel de la grâce. Il y a toujours de l'ignorance et de l'incrédulité dans le cercle religieux, et de l'indifférence parmi les hommes du monde ; mais la marque la plus terrible des derniers jours sera l'apparition de moqueurs dans la profession chrétienne - qui professe être la maison de Dieu. Pour de tels, il ne reste que le jugement qui commence par sa maison (2 Pier. 3 : 3 ; 1 Pier. 4 : 17).
            Il en était ainsi aux jours d'Elisée. L'ascension d'Elie au ciel, la double portion de l'esprit qui repose sur Elisée, les activités de la grâce pour la bénédiction de l'homme, ne sont que des sujets de raillerie. Le résultat solennel est que celui qui est le ministre de la grâce invoque le jugement sur ceux qui le rejettent.
 
 
 
6 – Les rois et leurs armées (2 Rois 3)
 
 
            Jusqu'ici Elisée a été le ministre de la grâce dans un cercle limité ; il commence maintenant son ministère public en relation avec la nation apostate. Par son intervention, trois rois et leurs armées sont préservés de la destruction et une grande victoire est remportée sur les ennemis du peuple de Dieu.
            Toute la scène présente d'une façon vivante la condition basse et humiliante du peuple qui fait profession d'être en relation avec Dieu. Joram, le roi des dix tribus, même s'il ôte quelques idoles, fait ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel et ne se détourne pas des péchés de Jéroboam par lesquels il avait fait pécher Israël. Dans le gouvernement de Dieu, il est permis à Moab de se révolter. Pour étouffer cette rébellion, Joram cherche l'aide du roi de Juda. Josaphat, quant à lui même, craint Dieu ; mais il tombe dans le piège. Il abandonne la séparation selon Dieu, entre dans une alliance profane avec Joram et s'abaisse ainsi au niveau de ce méchant roi. Il s'unit à lui pour combattre ses combats, disant : « J'y monterai ; moi je suis comme toi, mon peuple comme ton peuple, mes chevaux comme tes chevaux » (v. 7).
            En outre, ces deux rois - qui font profession d'adorer l'Éternel - se trouvent alliés au roi païen d'Edom, ennemi de Dieu. Nous avons ainsi l'étrange alliance d'un méchant roi, d'un roi craignant Dieu et d'un roi païen.
            Sans penser à Dieu ou sans le consulter, ces trois rois font leurs plans et entreprennent de les mettre à exécution. Tout s'annonce pour le mieux jusqu'au moment où, au bout de sept jours, ils sont confrontés à des circonstances qui les menacent de destruction, non par la main de l'ennemi mais par manque d'eau.
            Troublé par une conscience mal à l'aise, le roi d'Israël voit dans ces circonstances la main de l'Eternel qui, suppose-t-il, a appelé ces trois rois pour les livrer en la main de Moab. Mais si l'épreuve éveille les craintes coupables du roi apostat, elle manifeste aussi le caractère pieux du roi de Juda. Les deux rois pensent à l'Eternel ; l'un d'eux voit dans l'épreuve la main de l'Éternel contre eux en jugement ; l'autre y voit une occasion de se tourner vers Lui comme leur seule ressource. Josaphat dit : « N'y a-t-il point ici un prophète de l'Eternel, afin que nous consultions l'Éternel par lui ? » (v. 11). Il aurait beaucoup mieux fait de s'enquérir de lui avant de se lancer dans cette expédition en compagnie du roi d'Israël. Néanmoins, face à ces terribles circonstances, il est ramené à l'Eternel.
            Cette question amène Elisée sur la scène. Les premières paroles du prophète sont un témoignage plein de hardiesse contre le méchant roi d'Israël auquel il refuse de s'associer, car il demande : « Qu'y a-t-il entre moi et toi ? » (v. 13). Cette question ne démasque pas seulement l'apostasie du roi d'Israël ; elle est un reproche au roi de Juda, Josaphat, un croyant, mais qui, marchant selon la chair, avait conclu une alliance profane avec Joram. Elisée, marchant selon l'esprit d'Elie, refuse toute association avec Joram.
            Le roi de Juda n'aurait sans doute jamais consenti à faire des compromis avec la religion de Joram. Toutefois il se laisse entraîner, pour combattre les ennemis de l'Eternel, dans une alliance avec quelqu'un avec qui il est impossible d'adorer. Hélas, combien souvent aux jours du christianisme, cette scène ne s'est-elle pas répétée ! Sous prétexte d'amour et de collaboration dans le service du Seigneur, le croyant a été entraîné à s'associer à ceux avec lesquels il ne pouvait pas s'unir pour le culte. De telles alliances placent la bénédiction des hommes au-dessus de l'honneur dû au Seigneur. Ne sommes-nous pas ainsi mis en garde contre un acte de « bonté facile » de la nature humaine qui peut parfois nous entraîner à dire étourdiment à ceux qui sont dans une fausse position : « Moi je suis comme toi, mon peuple comme ton peuple ? ». N'entendons-nous pas l'avertissement : « Veillez et priez, afin que vous n'entriez pas en tentation ? » (Marc 14 : 38). Non seulement « veillez » contre les pièges de l'Ennemi, mais « priez » afin que chaque pas soit fait dans la dépendance de Dieu. Il est bon de nous tourner vers Dieu lorsqu'un faux pas nous a plongé dans les difficultés ; mais il vaut infiniment mieux marcher dans un esprit de prière et de dépendance, et éviter ainsi tout sentier tortueux.
            Elisée, tout en refusant de s'associer avec Joram, et en reprenant indirectement Josaphat, n'hésite pas à s'unir avec ce qui est de Dieu, avec l'homme qui, dans une mesure si petite soit-elle, tient pour Dieu. Il a ainsi égard à la présence de Josaphat ; sinon il n'aurait pas regardé le roi d'Israël ni ne l'aurait vu.
            Toutefois, la confusion causée par cette alliance profane entre les deux rois est si grande qu'Elisée n'arrive pas à discerner la pensée de l'Eternel. Aussi fait-il appeler un joueur de harpe. Son esprit doit être affranchi de tout ce qui l'environne et mis en contact avec des scènes célestes pour connaître la pensée de l'Eternel. Un joueur de harpe n'était pas nécessaire pour condamner le roi apostat d'Israël ni pour réprimer la folie et la faiblesse du roi de Juda ; mais quand il s'agit de discerner la pensée du ciel, alors aussitôt il est besoin d'un joueur de harpe. L'homme de Dieu doit avoir son esprit détourné de la confusion totale qui règne autour de lui, de la destruction qui guette le peuple de Dieu et de la détresse qui en résulte et dans laquelle il est plongé. Il ne peut apprendre la pensée de l'Eternel en s'appesantissant sur l'affligeant état de choses. Il n'y est pas indifférent ; il ne l'ignore pas ; mais s'il doit apprendre comment l'Eternel veut qu'il agisse, il doit être élevé au-dessus des circonstances pénibles d'une scène terrestre, jusque dans le calme serein de cette scène céleste dans laquelle Elie était monté et de laquelle Elisée était venu pour apporter la grâce souveraine de Dieu au milieu d'un peuple ruiné.
            Est-ce qu'aujourd'hui nous n'avons pas parfois besoin d'un « joueur de harpe » - ou plutôt de ce que le joueur de harpe signifie ? Ne sommes-nous pas souvent confrontés à des circonstances dans lesquelles le mal est si manifeste qu'il est facilement détecté et condamné sans qu'il soit besoin d'une grande spiritualité ? Mais discerner la pensée du Seigneur demande un niveau spirituel beaucoup plus haut. Pour cela, il faut que notre esprit soit libéré des choses de la terre afin que, regardant au Seigneur sans distraction, nous puissions voir la condition des siens comme Lui la voit, et avoir ainsi Sa pensée. Le fait qu'il est facile de découvrir le mal qui afflige le peuple de Dieu mais difficile de trouver le remède, prouve seulement combien nous avons besoin du joueur de harpe : ce n'est qu'en faisant abstraction dans notre esprit de la confusion qui règne au sein du peuple de Dieu que nous pourrons apprendre quelle est la pensée du Seigneur.
            Si Elisée n'avait tenu compte que de la méchanceté de Joram, du manquement de Josaphat et des circonstances désastreuses dans lesquelles cette alliance profane les avait entraînés, il aurait pu dire que les rois ne faisaient que moissonner ce qu'ils avaient semé et que c'était clairement la pensée de l'Eternel qu'ils subissent une grande défaite.
            Par le joueur de harpe, Elisée est élevé au-dessus des circonstances du peuple de Dieu sur la terre, dans le calme de la présence de l'Eternel dans le ciel, pour y apprendre que Sa pensée est très différente de ce que nous pourrions attendre. Elisée découvre que l'Eternel allait se servir de l'occasion du manquement de son peuple et de sa détresse, pour revendiquer sa propre gloire et magnifier sa grâce. Non seulement Il préserverait son peuple de la destruction que leur propre folie méritait, mais Il leur accorderait une victoire éclatante sur leurs ennemis. Et c'est ce qui arriva : les rois et leurs armées sont sauvés par l'intervention pleine de grâce et miraculeuse de Dieu et une grande victoire est remportée sur leurs ennemis.
            Toutefois, prenons soin de remarquer que, malgré la grâce de Dieu délivrant son peuple de la destruction et lui donnant la victoire sur ses ennemis, il n'y a point de retour vers Dieu. En Juda, il y a certes des réveils, comme aussi des victoires accordées au peuple ; mais dans toute la triste histoire des dix tribus, même si Dieu vient à leur secours dans leur détresse, aucun réveil pour Dieu n'est mentionné.
 
 
 
                                                                                                H. Smith
 
    (A suivre)