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« Considérez bien vos voies »

 Aggée 1
 Juges 6
 Des « choses… écrites pour nous servir d'avertissement… »
 
 
Aggée 1
 
                        « Est-ce le temps pour vous d'habiter dans vos maisons lambrissées ? »
 
            Le prophète Aggée reproche à ses frères leur lenteur à construire le sanctuaire et les incite à reprendre sans plus attendre le travail interrompu depuis environ quatorze ans. Il avait été pourtant entrepris avec enthousiasme ; mais les graves difficultés, rencontrées  suite à la jalousie des Samaritains qu'ils avaient évincés, avaient suffi pour interrompre la tâche (Esd. 2 : 68-69 ; 4 : 1-4)  « Ce peuple » - le Seigneur ne dit pas : Mon peuple - avait trouvé une vague excuse pour tenter de justifier sa carence : « Le temps n'est pas venu, le temps de la maison de l'Eternel, pour la bâtir » (v. 2). Ils n'émettent pas de semblables objections pour courir à la construction de leurs propres maisons. Il y a toujours un vrai désir à l'origine de l'action. En fait, leurs paroles ne font que confirmer l'indifférence qui les empêche de vaquer au service de Dieu. Leurs « maisons lambrissées » (v. 4), c'est-à-dire richement décorées, étaient la preuve tangible de ce qui remplissait leurs coeurs et occupait leurs mains.
 
 
                        « Vous avez semé beaucoup, et vous rentrez peu »
 
            A plusieurs reprises, le prophète appelle ses frères à réfléchir sérieusement : « Considérez bien vos voies » (1 : 5, 7 ; 2 : 15, 18). Les conséquences de ce comportement égoïste étaient devenues tristement évidentes : « Vous avez semé beaucoup, et vous rentrez peu ; vous mangez, mais vous n'êtes pas rassasiés ; vous buvez, mais vous n'en avez pas assez ; vous vous vêtez, mais personne n'a chaud ; et celui qui travaille pour des gages, travaille pour les mettre dans une bourse trouée » (1 : 6). Ces expressions, en hébreu, traduisent toute l'inutilité de leurs efforts ; combien peu ils étaient récompensés de leurs rudes travaux, depuis qu'ils s'étaient montrés plus que négligents envers le sanctuaire ! La disette entraînait une hausse des prix, de sorte que leur argent, à peine gagné, se volatilisait littéralement. Il était devenu impossible d'épargner tant soit peu.
            L'invitation à considérer leurs voies concerne d'abord « le passé », ensuite elle envisage « l'avenir » : il est vraiment  urgent pour eux de réaliser ce qu'il convient de corriger dans leur comportement ! Sans plus attendre, il faut se rendre sur les montagnes boisées de la contrée et y couper les arbres nécessaires à l'achèvement de la construction (Néh. 2 : 8 ; 8 : 15). Le moment est venu sans doute de s'occuper de la charpente puisque les fondements ont déjà été posés, et que les murs sont au moins en partie édifiés. « Apportez du bois, et bâtissez la maison ; et j'y prendrai plaisir, et je serai glorifié, dit l'Eternel » (v. 8).
            Ils étaient si peu conscients de leur état spirituel, qu'ils espéraient tirer un grand profit personnel de leur travail acharné. La bénédiction que Dieu accordait à Israël était avant tout terrestre (Deut. 28 : 1-13). Mais elle dépendait de leur obéissance aux commandements divins. Aussi longtemps que le temple n'était pas reconstruit, l'habitation de Dieu ne se trouvait plus au milieu d'eux et la bénédiction de l'Eternel à l'égard de son peuple était « retenue ».
 
 
                        « J'ai soufflé dessus » 
 
            Le prophète rappelle au peuple, en relation avec leurs récoltes : « Voici, ce n'a été que peu » (v. 9). Et « ce peu », qu'ils avaient tout de même précieusement engrangé, avait encore diminué ou même parfois entièrement disparu ! Apparemment, c'était peut-être dû à la mauvaise qualité de la récolte ou aux dégâts causés par les insectes, la « brûlure » ou la « rouille ». Mais en fait Dieu se servait de tous ces agents nuisibles pour discipliner son peuple (Deut. 28 : 22).
            « J'ai soufflé dessus » : c'est une métaphore pleine d'énergie ! L'Eternel avait permis que leurs maigres récoltes soient finalement anéanties. Il pose lui-même la question : « Pourquoi ? ». Et Il donne aussitôt la réponse : « A cause de ma maison, qui est dévastée, - et vous courez chacun à sa maison. C'est pourquoi au-dessus de vous les cieux ont retenu la rosée » (v. 9-10 ;  Gen. 27 : 39 ; Deut. 28 : 23). Il ajoute : « la terre a retenu son produit ; et j'ai appelé la sécheresse sur la terre, et sur les montagnes, et sur le blé, et sur le moût, et sur l'huile, et sur ce que le sol rapporte, et sur les hommes et sur les bêtes, et sur tout le travail des mains » (v. 11). Quel terrible tableau !
 
 
                        « Ils écoutèrent la voix de l'Eternel »
 
            Alors tout le peuple et ses chefs écoutent la voix de l'Eternel, leur Dieu, et le craignent. Dieu réveille l'esprit de Zorobabel, le gouverneur, et celui de Joshua, le grand sacrificateur, et aussi de tout le reste du peuple. « Ils vinrent et travaillèrent à la maison de l'Eternel des armées, leur Dieu » (v. 14). Ils considèrent vraiment leurs voies, réalisent leur éloignement de la pensée de Dieu. S'Il avait permis leur retour dans le Pays, c'était pour bâtir la maison de Dieu. Cyrus lui-même l'avait compris ! Alors tout le peuple est saisi de crainte : il réalise enfin que le temps que notre chair soustrait à Dieu ne peut être d'aucun profit (Jean 6 : 63).
            Ils agissent ainsi dans la présence des prophètes, Aggée et Zacharie ; et Dieu note soigneusement le jour où le travail pour bâtir Sa maison reprend (v. 15).
 
 
 
Juges 6
 
            Nous trouvons dans l'Ancien Testament de nombreux exemples de croyants fidèles au milieu d'un déclin généralisé. Leur conduite dans un temps de ruine est bien différente du tableau qu'Aggée a dû brosser. Leurs exercices intérieurs réjouissent Dieu ! Il est toujours Celui qui voit dans le secret (Matt. 6 : 6). Nous pensons en particulier à un serviteur du temps des Juges : Gédéon. Il fait partie de cette « grande nuée des témoins de la foi » établie au chapitre 11 des Hébreux (v. 32).
            Il vivait au milieu d'Israël qui, une fois encore, avait abandonné son Rédempteur. Celui-ci l'avait livré dans les mains de Madian, qui l'opprimait depuis sept ans déjà. Ce n'est pas volontiers que Dieu nous afflige ; s'Il nous discipline, c'est pour notre profit. Son désir est « que nous participions à sa sainteté » (Héb. 12 : 10).
            Gédéon, comme les autres, s'était appauvri. A la suite des exactions répétées de l'ennemi, il manquait de nourriture pour les siens. Il est toujours utile de rechercher et d'apprendre à connaître les motifs de notre affaiblissement spirituel. Cependant, il ne faut pas se laisser décourager, mais suivre l'exemple de Gédéon. Il faut mettre de côté du froment, une belle figure de Christ, en vue de notre propre subsistance et aussi de celle de notre « famille » - au sens large, celle de la foi !
            Gédéon craint l'ennemi : il ne bat pas le froment dans l'aire, mais dans un pressoir. Son activité persévérante est précieuse aux yeux de Dieu. Un élan de foi, si faible soit-il, retient toujours Son attention. Gédéon honore Dieu par son zèle au milieu de la débâcle, et Dieu va l'honorer par sa présence (1 Sam. 2 : 30). L'Abiézérite se croit à l'abri de tout regard ; pourtant l'Ange de l'Eternel, présent mais invisible, le regarde travailler (Ps. 139 : 1-6). Chers lecteurs, avons-nous l'habitude de nous retirer à l'écart pour nous nourrir de Christ, même aux moments les plus sombres de notre frêle existence ?
            L'instant d'après, cet Ange de l'Eternel, appelé aussi dans l'Ecriture « l'Ange de sa face » (Es. 63 : 9), se montre à Gédéon et l'assure que l'Eternel est avec lui. Il l'appelle « fort et vaillant homme » (v. 12) ; cette appréciation paraît étrange aux yeux de Gédéon. Il se sent si petit à tous égards ! Mais Dieu sait ce qu'Il va faire de lui. Il a discerné chez ce jeune serviteur une foi sincère et un désir réel de s'identifier aux souffrances et à la pauvreté de ses frères : ses paroles le confirment.
            Si nous avons de telles dispositions dans le coeur, nous serons aptes au service que Dieu veut nous confier en faveur de Son peuple. Tel a été le cas pour Gédéon. Il ne faut pas s'installer dans la faiblesse ; la force est en Dieu, regardons à Lui (Jos. 7 : 10).
 
 
 
Des « choses… écrites pour nous servir d'avertissement… » (1 Cor. 10 : 11)
 
                        « Le  jour des petites choses » (Zach. 4 : 10)
 
            Présentement, la ruine de l'Eglise - même si elle porte encore le nom de Christ - est consommée ; elle est devenue criante. Cependant, comme aux jours d'Esdras, Dieu a réveillé un faible résidu et l'a appelé à construire. Il doit se garder soigneusement d'ajouter à la ruine ! Il n'est pas question de construire « à l'identique » ! Du temps d'Esdras, ceux dont l'Eternel avait réveillé l'esprit pour remonter à Jérusalem et bâtir la maison de Dieu, comprenaient avec douleur que les jours glorieux du règne de Salomon appartenaient au passé. Ils voyaient qu'ils devaient édifier sur le même emplacement, mais que le bâtiment était beaucoup plus modeste. Il n'y avait plus d'or ni d'argent, ni de pierres précieuses enchâssées dans les murs. Tout cela pourtant appartenait à Dieu, mais il n'avait pas estimé à propos de le leur donner à profusion, comme dans le passé.
            Aussi certains pleuraient, au souvenir de la gloire passée ; d'autres, plus jeunes probablement, poussaient pourtant des cris de joie (Esdras 3 : 12- 13). Et le prophète Zacharie les exhorte - et nous le sommes aussi - à ne pas mépriser le « jour des petites choses » (Zach. 4 : 10).
 
 
                        Un « temple spirituel »
 
            Pour ces Juifs, la maison de Dieu était un temple matériel où Il se plaisait à faire habiter son Nom. Pour les chrétiens, il s'agit d'un temple spirituel, composé de « pierres vivantes », appelé à être une « habitation de Dieu par l'Esprit » (Eph. 2 : 22). Ne nous laissons pas décourager par le souvenir du temps où par un effet de la grâce de Dieu, il y avait un admirable tableau de l'Assemblée, alors à ses débuts (Act. 2 : 43-47). Les mêmes ressources sont à notre disposition : la Parole, le Saint Esprit, la prière. Peu importe s'il y a peu d'apparence extérieure. Ne laissons pas notre coeur se détourner devant ce qui peut être un piège. Ayons le désir profond de garder Sa parole et de ne pas renier Son nom. L'Eglise, aux yeux de Dieu, est une à travers les siècles et le restera pendant l'éternité. Il n'y en aura pas une autre.
            Déjà, pour le temple matériel, on trouve des expressions significatives dans ce sens : « Ils commencèrent à bâtir la maison de Dieu qui est à Jérusalem (Esd. 5 : 2). Quoique détruite, elle s'y trouvait donc toujours. Les anciens interrogés par les opposants, répondent : « Nous bâtissons la maison qui fut bâtie anciennement, il y a bien des années » (Esd. 5 : 11). Le roi de Babylone avait pu donner un jour l'ordre de la détruire et le roi Cyrus plus tard, dirigé par Dieu, de la bâtir : il s'agissait toujours de la même maison. Pour encourager les fidèles qui, en fixant les yeux sur le bâtiment, sentaient leur grande misère, Aggée annonce de la part de l'Eternel : « Je remplirai cette maison de gloire… la dernière gloire de cette maison sera plus grande que la première ». Mais pour montrer que cette gloire sera d'ordre spirituel, Dieu ajoute : « Dans ce lieu, je donnerai la paix » (Agg. 2 : 7-9).
 
 
                        Proclamer l'unité du corps de Christ
 
            Aujourd'hui, comme autrefois, ceux que Dieu « réveille »doivent rendre témoignage à la vérité de l'Eglise, malgré la corruption ambiante. De même qu'au temps d'Esdras, le « rassemblement » avait lieu autour de l'autel réédifié, c'est maintenant autour de la table du Seigneur que se réunissent les « deux ou trois » témoins que le Seigneur a suscité pour bâtir sa maison. Le résidu, malgré sa faiblesse, proclame ainsi l'unité du Corps de Christ.
            Une opposition devant un témoignage fidèle ne peut tarder à se manifester. Elle est toujours fomentée par l'Ennemi qui use, tour à tour, de ses deux armes favorites : la ruse et la violence. Il cherche à effrayer ceux qui bâtissent, et va dans ce but jusqu'à la persécution ouverte. Quelles sont ses intentions ? Rendre lâches les mains des ouvriers. Devant de telles attaques concertées, des désertions pourraient parfois se produire. Les croyants sont peut-être encore là, mais ils ne sont plus animés du « même esprit » (Phil. 1 : 27-28).
 
 
                        Attention à notre état intérieur !
 
            Le livre d'Aggée met déjà en évidence les vrais motifs des langueurs, de la famine spirituelle : tout cela est essentiellement dû à notre état intérieur. Où sont en effet nos premiers élans ? Comment l'amour de nos fiançailles s'est-il évanoui ? Nous marchions pourtant « après le Seigneur ». Peu nous importait que le pays soit non semé et aride ; le monde avait ce caractère à nos yeux et Christ seul occupait toute la place dans nos affections (Jér. 2 : 2).
            Parfois des croyants se déclarent découragés, en raison des réelles difficultés survenues dans l'Assemblée ; des murmures se font de plus en plus entendre. Mais critiquer ainsi nos frères peut cacher l'envahissement de notre coeur par de l'égoïsme et de la mondanité. Notre conduite trahira vite notre état réel ! On cherche ses aises, on montre un goût de plus en plus grand pour les faux attraits du monde : le coeur s'attiédit d'abord et devient vite froid. Dès lors, les intérêts du Seigneur sont rapidement au dernier plan.
            La recherche de nos propres intérêts est incompatible avec une occupation fervente en faveur de l'oeuvre du Seigneur. Aucun accord n'est possible. Si le coeur est partagé, ce sera toujours le « côté de Dieu » qui sera rapidement délaissé. Notre chair, toujours vivace, attirée par les choses qui sont dans le monde, cherche à nous y attirer.
 
 
                        Un chemin qui aura la faveur de Dieu
 
            Le message apporté par les prophètes Aggée et Zacharie - unis dans ce travail de restauration – ayant été reçu, les résultats d'un tel réveil ne se feront pas attendre. Il en va  de même chaque fois que des croyants, désireux de retrouver la communion avec Dieu, sont décidés à suivre le seul chemin possible : celui de la repentance. Chrétiens, nous qui appartenons désormais à Celui qui pour nous est mort et ressuscité, c'est pour Lui que nous devons vivre (2 Cor. 5 : 14-15).
            « Je suis avec vous », leur dit l'Eternel. Alors ils viennent et travaillent à la maison de l'Eternel des armées (Agg. 1 : 13-15). Dieu se souvient de son alliance. Il rappelle à leurs coeurs que Sa parole et Son Esprit demeurent au milieu d'eux (2 : 5). Tous sont appelés - et nous le sommes aussi - à la sainteté pratique, sans laquelle aucun travail ne peut être reconnu devant Dieu.
            « Dès ce jour-ci je bénirai »,  promet encore l'Eternel dans un nouveau message (2 : 19). « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela – tout ce qui est nécessaire à la vie - vous sera donné par-dessus » (Matt. 6 : 33) : cette exhortation du Seigneur est toujours de saison. Chaque enfant de Dieu doit suivre ce chemin et il connaîtra la faveur de Dieu, son Père.
 
 
                                                                                           Ph. L      le 27. 07. 10