ELIE, « UN PROPHETE DE L'ETERNEL » (4)
6 - JEZABEL
La fuite dans le désert (1 Rois 19 : 1-7)
Elie avait fait une belle confession devant le méchant roi, les faux prophètes et la nation idolâtre ; maintenant, il est appelé à rencontrer une opposition d'un caractère très différent, celle de la méchante Jézabel. Le roi était égoïste et indolent, ne cherchant que la satisfaction de ses convoitises et de ses plaisirs, et absolument indifférent à la religion. Jézabel, au contraire, était une femme animée d'une énergie intense, une fanatique, déployant un zèle infatigable pour l'idolâtrie, protégeant les sacrificateurs de Baal et persécutant les serviteurs de l'Eternel. Pour parvenir à ses fins religieuses, elle cherchait à manier la puissance temporelle et royale de son faible époux.
C'est pour cette raison que l'Esprit de Dieu se sert de Jézabel pour personnifier un système religieux corrompu, animé par Satan, qui poursuit sa voie avec un zèle intense et persistant ; il persécute toujours ou s'efforce de séduire les serviteurs de Dieu et cherche à manier le pouvoir temporel à ses propres fins. Jézabel s'efforçait de satisfaire les caprices et les convoitises d'Achab afin de le garder entièrement sous sa domination ; de même le système papal, que Jézabel représente, a cherché, au cours des siècles, à satisfaire les convoitises des rois et des hommes d'Etat, aussi bien que la masse des hommes, flattant leur avarice, leur vanité et leur orgueil, pour asservir les uns et les autres à sa puissance. De même que l'alliance d'Achab avec cette méchante femme a produit un grand trouble en Israël, l'union de l'Eglise et de l'Etat a provoqué la ruine de ce qui professe aujourd'hui être l'Eglise de Dieu sur la terre (Apoc. 2 : 20-23).
C'était la persécution acharnée de cette femme terrible qu'Elie devait maintenant affronter. Le courage lui manque soudain devant sa menace de vengeance et il s'enfuit « pour sa vie ». Traversant le pays de Juda, il arrive à Beër-Shéba, à l'extrême sud, en bordure du désert. Jusqu'ici, il avait agi sous la direction de la parole de l'Eternel, comme il avait pu le dire sur la montagne du Carmel : « C'est par ta parole que j'ai fait toutes ces choses » (18 : 36). En revanche, il n'agit pas ici pour obéir à une parole de l'Eternel, mais plutôt suite à la menace d'une femme. Il a laissé pour un moment la méchante et puissante Jézabel se placer entre lui et Dieu. Aussi l'homme qui s'était tenu pour Dieu devant le roi, les faux prophètes et tout Israël, fuit-il maintenant devant les menaces d'une femme. Certes, Jacques peut dire qu'Elie était un homme ayant les mêmes penchants que nous. En tout cela, Elie ne pense pas à Dieu ni au peuple de Dieu, mais à lui-même. Dieu avait conduit le prophète à un témoignage public, mais maintenant sa foi recule devant l'opposition que cette prise de position entraîne. Il abandonne le sentier de la foi et marche par la vue. Jusqu'ici, dans les circonstances exerçantes qu'il avait traversées, Elie avait été soutenu par la claire vision que lui donnait sa confiance dans le Dieu vivant. Mais dans cette nouvelle épreuve, sa foi défaille ; il perd de vue le Dieu vivant et ne voit plus que cette femme violente.
Face aux menaces de Jézabel, le Dieu qui l'avait conduit et préservé, la farine qui ne s'épuise pas, l'huile qui ne manque pas, la puissance de Dieu qui ressuscite les morts, qui fait descendre le feu du ciel et envoie la pluie, tout cela disparaît complètement de son esprit. En un instant, tout est oublié et le prophète ne voit plus qu'une femme déchaînée et la perspective toute proche d'une mort violente. « Et voyant cela, il se leva, et s'en alla pour sa vie » (v. 3). Pierre, en son temps, « voyant que le vent était fort... eut peur ; et… il commençait à enfoncer » (Matt. 14 : 30). Marchant par la vue, un grand apôtre s'enfonce dans les eaux et un grand prophète s'enfuit. S'il regarde aux choses visibles, l'homme de Dieu est plus faible que l'homme du monde. Ce n'est qu'en marchant par la foi, en voyant Celui qui est invisible que nous pourrons aller de l'avant au milieu des difficultés croissantes et des circonstances terrifiantes des jours dans lesquels nous vivons.
Il « s'en alla pour sa vie ». Ce n'était pas pour son Dieu ni pour Son peuple ou pour le témoignage de Dieu – mais c'est pour sa vie qu'il s'en alla. N'ayant que lui-même devant les yeux, il s'enfuit aussi loin que possible du lieu du témoignage. Il se propose de quitter le pays de la promesse, tourne le dos au peuple de Dieu et s'enfuit à Beër-Shéba.
Hélas, face à l'épreuve, nous pouvons, nous aussi, oublier facilement tout ce que le Seigneur a été pour nous dans le passé. Le chemin par lequel Il nous a conduits, la grâce qui nous a préservés, le coeur qui nous a aimés, la main qui nous a soutenus, la parole qui nous a dirigés, tout est oublié en présence d'une épreuve si terriblement réelle pour la vue et les sens. Nous voyons la tribulation, et perdons Dieu de vue. Au lieu de nous tenir devant le Dieu vivant, nous fuyons devant une épreuve passagère. Nous cherchons à lui échapper, au lieu de rechercher la grâce de Dieu pour nous soutenir, et apprendre par ce moyen la pensée de Dieu.
Arrivé à Beër-Shéba, Elie laissa son jeune homme et s'en alla dans le désert le chemin d'un jour. Dans ce lieu solitaire, il se mit à prier. Mais combien cette prière est différente de ses requêtes précédentes. Auparavant, il avait prié pour la gloire de Dieu et la bénédiction de la nation : maintenant, il faisait des demandes pour lui. Et quelle requête ! Il s'écrie : « C'est assez ! Maintenant, Eternel, prends mon âme, car je ne suis pas meilleur que mes pères » (v. 4). Il n'a que lui-même devant les yeux. Dans sa fuite devant Jézabel et sa prière dans le désert il n'a que lui en vue. C'est « sa vie » pour laquelle il fuit et c'est pour lui-même qu'il prie.
Tout ceci parle du profond découragement du prophète. Il avait vu le déploiement magnifique de la puissance de l'Eternel sur la montagne du Carmel ; il avait vu le peuple, la face contre terre, reconnaître : « L'Eternel, c'est lui qui est Dieu » (18 : 39). Il avait exécuté le jugement sur les prophètes de Baal ; il avait vu la pluie venir en réponse à sa prière et, sans doute, s'attendait-il à un grand renouveau du culte de l'Eternel et à la bénédiction pour Israël, à la suite de son ministère. Apparemment, tout avait échoué. Elie n'était pas préparé à cela. Il avait pensé qu'il était meilleur que ses pères et que sous son ministère puissant, il y aurait un retour vrai et général à l'Eternel, mais ce n'avait pas été le cas. Les années de famine, la destruction des prophètes de Baal, la pluie du ciel, tout semblait avoir été en vain ; tellement vain, en fait, qu'Elie - l'homme qui avait représenté Dieu - doit fuir pour sa vie. Pauvre Elie : il pouvait affronter le roi, les prophètes de Baal et tout Israël, mais il n'était pas préparé à faire face à l'échec de sa mission. Son ultime effort pour ramener le peuple de Dieu avait été vain. Il n'y avait plus rien à faire ; sa vie était un échec. La meilleure chose, par conséquent, serait de mourir. Il trouverait ainsi le repos après un labeur inutile et un conflit désespéré.
Quel bienfait de se tourner du serviteur vers le Maître parfait et de voir la perfection infinie de Celui-ci briller dans son rejet ! Après tous ses miracles de grâce, ses paroles d'amour, ses actes de puissance, il est méprisé et rejeté, traité de mangeur et de buveur, et on tient conseil pour le faire mourir. Dans ce monde de rejet total et d'échec apparent de tout son ministère, il se tourne vers le Père et peut dire : « Je te loue, ô Père... Oui, Père, car c'est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Matt. 11 : 26).
Elie n'est pas mort et il n'est jamais passé par la mort. Dieu avait un autre plan pour son bien-aimé serviteur. Il ne voulait pas laisser son serviteur quitter ce monde en homme déçu, accablé sous le poids du découragement, pour mourir dans un lointain désert. Son introduction dans le ciel sera très différente. Le char de Dieu attend le moment choisi par l'Eternel pour le transporter au ciel avec gloire et honneur. Entre-temps, il est l'objet des tendres soins de Dieu. Il donne le sommeil à son bien-aimé ; des anges le servent ; la nourriture lui est fournie et sa soif est apaisée.
Au jour de sa foi les corbeaux peuvent le nourrir et la veuve l'entretenir ; au jour de son abattement, les anges le servent et Dieu lui-même le nourrit. Quel Dieu que celui qui prend soin de nous ! « Ses compassions ne cessent pas… S'il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bontés » (Lament. 3 : 22, 32). Telle a été l'expérience d'Elie ; réveillé par l'ange, « il regarda, et voici, à son chevet, un gâteau cuit sur les pierres chaudes, et une cruche d'eau » (v. 6). En outre, l'Éternel des jours d'Elie est le Jésus du temps de l'évangile et, dans des circonstances semblables, les disciples errants peuvent passer toute la nuit à pêcher sans rien prendre, mais trouver, le lendemain, le Seigneur de gloire répondant aux besoins de ses disciples défaillants avec un feu de braises, et du poisson mis dessus, et du pain et une invitation pleine d'amour : « Venez, mangez » (Jean 21 : 12).
Pour nous, il en est de même. Notre foi peut faiblir ; nous pouvons être abattus en raison de l'échec apparent de tout notre service et, dans des moments de découragement et de déception, nous pouvons perdre toute énergie et avoir des pensées amères, prier sans discernement, murmurer même sur notre sort ; et pourtant les tendres soins de Dieu ne cessent jamais ; ses compassions ne font jamais défaut.
Après avoir réconforté son serviteur par le sommeil et la nourriture, l'Eternel lui parle : « Le chemin est trop long pour toi » (v. 7). Quel chemin que celui d'Elie à travers ce monde ! Kerith, Sarepta, Carmel, Horeb, en sont les étapes et le char de feu est prêt à y mettre fin en puissance et en gloire ; mais chaque étape était « trop longue » pour Elie. La puissance déployée, le courage demandé, la foi requise, l'opposition à rencontrer, les privations à endurer - tout était trop grand pour un homme ayant les mêmes passions que nous. Si un seul moment Elie perd de vue le Dieu vivant, s'il néglige de marcher dans la dépendance journalière de Dieu, il découvre aussitôt qu'il n'est pas meilleur que ses pères et que le chemin est « trop long » pour lui.
Pour nous, chrétiens, il est bon de réaliser que le repos n'est pas ici-bas. Nous sommes aussi sur un chemin qui se termine dans la gloire, mais dans lequel il y a des épreuves à rencontrer, des difficultés à vaincre, un témoignage à rendre et de l'opposition à soutenir. Nous aussi nous pouvons trouver que le chemin est « trop long », et que nous sommes trop petits pour le chemin.
Mais si le chemin était trop long pour Elie, il ne l'était pas pour le Dieu d'Elie. Dans son tendre amour, Dieu pourvoit aux besoins de son serviteur ; et « avec la force de ces aliments » (v. 8) - les aliments que Dieu avait fournis – il alla son chemin quarante jours et quarante nuits, jusqu'à Horeb, la montagne de Dieu.
Toutes choses sont possibles pour Dieu. En voyant la longueur du chemin et notre propre petitesse, nous pouvons bien nous écrier : « Qui est suffisant pour ces choses ? » (2 Cor. 2 : 16). Mais la réponse vient aussitôt : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse » (2 Cor. 12 : 9). Et alors, si toute la grâce et la puissance du Christ ressuscité sont à notre disposition, nous pouvons bien poursuivre notre chemin fortifiés « dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2 Tim. 2 : 1).
7 - HOREB
La montagne de Dieu (1 Rois 19 : 9-18)
Arrivé à Horeb, la montagne de Dieu, le prophète cherche refuge dans une caverne. De nouveau la parole de l'Eternel vient à lui avec cette question qui le sonde : « Que fais-tu ici, Elie ? » (v. 10). Le prophète avait fui le lieu du témoignage public et du service actif - il avait fui à la menace d'une femme, fui pour sa vie. Il avait quitté le sentier du service avec ses souffrances, son opposition et ses persécutions et s'était cherché un refuge au milieu des solitudes du désert et dans les cavernes des montagnes. Maintenant sa conscience doit être sondée et il doit rendre compte de ses actions à l'Eternel. Quelqu'un a dit : « A Horeb, la montagne de Dieu, toutes choses sont nues et découvertes ; et Elie a affaire avec Dieu et avec Dieu seul ».
Il est difficile de continuer dans le chemin du service ; apparemment, tout aboutit à l'échec. Lorsqu'il n'y a pas de résultats immédiats à nos travaux, lorsque le ministère est négligé, le serviteur méprisé et même combattu, c'est alors que nous sommes prêts à fuir nos frères, à abandonner le service actif et à chercher le repos sous un genêt ou l'isolement dans une retraite cachée. Mais le Seigneur nous aime trop pour nous laisser nous reposer dans les retraites tranquilles de notre choix. Il soulève dans notre conscience la question : « Que fais-tu ici ? ».
Une telle question n'avait pas été posée dans la solitude du Kerith ou dans la maison de Sarepta. Le prophète avait été conduit au torrent isolé et à la maison de la veuve par la parole de l'Éternel ; il s'était enfui dans la caverne à Horeb à la menace d'une femme.
Elie donne une triple raison à sa fuite dans la caverne (v. 10) :
- D'abord il dit : « J'ai été très jaloux pour l'Eternel, le Dieu des armées ». Il sous-entend que son zèle pour l'Eternel avait été entièrement vain et qu'ainsi il avait abandonné tout témoignage public. Etre occupé de notre propre zèle conduira toujours au désappointement, sinon à l'abandon du sentier du service.
- Puis, il se plaint du peuple de Dieu : « les fils d'Israël ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels et ils ont tué tes prophètes ». Il entend par là que la condition désespérée du peuple de Dieu rendait inutile la poursuite de son travail au milieu d'eux.
- Enfin il dit : « et je suis resté, moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l'ôter ». Le prophète affirme qu'il est resté seul et que le peuple même devant lequel il avait rendu un si puissant témoignage s'est dressé contre lui. Aussi leur a-t-il tourné le dos et cherché du repos et un refuge dans cette caverne isolée.
La question de l'Eternel met en lumière le vrai état de l'âme du prophète, mais il doit encore apprendre le motif profond de sa fuite. Ce n'est pas du tout parce que son zèle n'a pas réussi à produire un changement ; ce n'est pas non plus à cause de la terrible condition du peuple de Dieu, ni davantage parce qu'ils cherchaient sa vie.
Jamais il n'y a eu de zèle pareil à celui du Seigneur. Il pouvait dire : « Le zèle de ta maison me dévore » (Jean 2 : 17) et pourtant Il a dû constater : « J'ai travaillé en vain, j'ai consumé ma force pour le néant et en vain » (Es. 49 : 4). Jamais non plus la condition d'Israël n'a été plus terrible que lorsque le Seigneur travaillait au milieu de son peuple. Et combien a-t-Il pu dire en vérité dans les jours de son humiliation : « Ils cherchent ma vie pour me l'ôter ». Mais bien que son zèle et son travail aient été vains, malgré la condition du peuple et quoique à maintes reprises ils aient cherché à lui ôter la vie, jamais un seul instant il ne s'est écarté du sentier d'obéissance parfaite à son Père. Jamais il n'a cherché la sûre retraite d'une caverne isolée. Il a poursuivi sa marche parfaite dans ce sentier de l'obéissance au Père et d'un service désintéressé envers les hommes. Quel est le secret de cette vie admirable ? Nous l'apprenons en l'entendant dire : « Je me suis toujours proposé l'Eternel devant moi ; parce qu'il est à ma droite je ne serai pas ébranlé » (Ps. 16 : 8). De plus, il ne regardait pas aux aspérités du chemin qu'il avait à suivre, mais au but glorieux de sa marche : « Même ma chair reposera en assurance... Tu me feras connaître le chemin de la vie ; ta face est un rassasiement de joie, il y a des plaisirs à ta droite pour toujours » (Ps. 16 : 9, 11).
Elie avait donc fui simplement parce qu'il avait négligé de se proposer toujours l'Eternel devant lui ; et il regardait aux difficultés du chemin plutôt qu'au but glorieux vers lequel ce sentier conduisait. L'échec de sa vie de dévouement à produire un changement, le mauvais état du peuple et la persécution dont il était l'objet ne l'auraient jamais écarté du chemin du service s'il avait toujours eu l'Eternel devant lui. Qu'importent les difficultés du chemin s'il se termine par l'enlèvement au ciel dans un char de gloire !
Ainsi l'Eternel s'adresse de nouveau à Elie : « Sors, et tiens-toi sur la montagne devant l'Eternel » (v. 11). Ces mots révèlent le secret de son échec. Elie pouvait donner bien des motifs plausibles à sa fuite dans la caverne, mais la vraie raison est là : il avait négligé de se proposer l'Eternel devant lui. Le secret du témoignage hardi devant Achab, de sa puissance pour ressusciter le fils de la veuve, du pouvoir de faire descendre le feu du ciel et de commander à la pluie, c'était simplement qu'il marchait et agissait par la foi, devant le Dieu vivant. Le secret de sa fuite, en revanche, c'était qu'il agissait dans la crainte d'une femme. Lorsqu'il s'adresse au roi apostat, il peut dire : « L'Eternel... devant qui je me tiens » (17 : 1) ; lorsqu'il considère la méchante reine, c'est plutôt : Jézabel devant qui je fuis.
Elie doit apprendre une autre leçon pour être ramené dans la présence de l'Eternel. Il avait vu le feu descendre sur le Carmel, il avait vu les cieux « noirs par d'épais nuages accompagnés de vent » (18 : 45) à l'approche de la pluie et Elie avait associé la présence de l'Eternel à ces manifestations terrifiantes de la nature. Il avait pensé qu'à la suite de ces grands déploiements de la puissance de Dieu, toute la nation se tournerait vers Dieu dans une profonde repentance et, effectivement, sur le moment, ils tombèrent sur leurs faces et reconnurent : « L'Eternel, c'est lui qui est Dieu ! » (18 : 39). Mais il n'y avait pas eu de véritable réveil. Elie doit apprendre que le vent, le tremblement de terre et le feu peuvent en effet être des serviteurs de Dieu pour réveiller les hommes ; mais à moins que la « voix douce, subtile » ne soit perçue, nul homme n'est vraiment gagné pour Dieu. Le tonnerre du Sinaï doit être suivi de la voix douce et subtile de la grâce pour que le coeur de l'homme soit touché et gagné. Dieu n'était pas dans le vent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu, mais dans la voix douce et subtile.
« Et il arriva, quand Elie l'entendit, qu'il enveloppa son visage dans son manteau, et sortit et se tint à l'entrée de la caverne » (v. 13a). Elie est en présence de l'Eternel, avec le résultat immédiat qu' « il enveloppa son visage dans son manteau ». Loin de l'Eternel, il parle de lui-même ; en présence de l'Eternel, il se cache. Mais il y a encore de l'orgueil, de l'amertume et de la colère dans son coeur, aussi l'Eternel le sonde-t-il encore une fois par la question : « Que fais-tu ici, Elie ? » (v. 13b). Dieu veut que tout soit mis à nu dans sa présence. Elie décharge de nouveau son coeur. Tout ce qu'il dit est vrai quant aux faits, mais l'esprit dans lequel cela est dit est absolument faux. Il est facile de discerner l'orgueil blessé, l'esprit rempli d'amertume, qui se cachent derrière ses paroles et amènent le prophète à parler en bien de lui et seulement en mal du peuple de Dieu.
Après avoir renouvelé ses plaintes et montré ce qui est dans son coeur, le prophète doit entendre le jugement solennel de Dieu :
- D'abord, l'Eternel dit : « Va, retourne par ton chemin » (v. 15). Le prophète doit revenir sur ses pas.
- Puis il doit désigner d'autres instruments pour poursuivre l'oeuvre de l'Eternel. Elie s'était plaint du mal chez le peuple de Dieu ? Il aura maintenant la triste mission de désigner Hazaël pour roi sur la Syrie - un instrument pour châtier le peuple de Dieu. Elie s'était enfui à la menace de la méchante Jézabel ? Il doit désigner Jéhu pour roi sur Israël - l'instrument pour exécuter le jugement sur Jézabel. Elie avait parlé en bien de lui-même et avait cru qu'il était resté, lui seul ? Il doit désigner Elisée pour qu'il soit prophète à sa place. Le prophète, dans sa plainte, a oublié Dieu et tout ce que Dieu faisait en Israël à tel point qu'il pensait être resté seul et être le seul par qui Dieu pouvait agir ? Il lui faut apprendre que Dieu s'était réservé sept mille hommes qui n'avaient pas fléchi les genoux devant Baal (v. 18). Elie avait, en effet, été très jaloux pour Dieu, mais il n'avait pas été capable de découvrir ces sept mille hommes. Il savait voir le mal dans le peuple, il savait voir ce que Dieu faisait en jugement, mais il s'était montré incapable de discerner ce que Dieu faisait en grâce.
Face à ce message solennel, le prophète est réduit au silence. Il n'a plus rien à dire pour lui-même. Sur le Carmel, il avait dit devant le roi et tout Israël : « Je reste, moi, seul prophète de l'Eternel » (18 : 22) ; sur la montagne de Horeb, il dit deux fois dans la présence de l'Eternel : « Je suis resté, moi seul » (v. 10, 14). Mais finalement, il doit apprendre cette leçon salutaire qu'il n'est qu'un parmi sept mille.
Nous pouvons enfin remarquer un autre trait touchant de cet incident : c'est la délicatesse dans la manière d'agir de Dieu, même lorsqu'Il doit reprendre.
Un autre a dit : « Dieu agissait envers Elie comme envers un serviteur bien-aimé et fidèle, même dans le moment où il lui faisait sentir son manque de foi ; car il n'a pas permis que d'autres le sachent alors, bien qu'il nous l'ait communiqué pour notre instruction ».
H. Smith
(A suivre)