LE SANG PRÉCIEUX DE JÉSUS CHRIST (5)
« CELUI QUI SE NOURRIT DE MA CHAIR ET QUI BOIT MON SANG »
Il nous reste encore à considérer un passage qui parle du sang précieux de Christ. Il est mal compris dans une grande partie de la chrétienté, ce qui a conduit à des doctrines complètement fausses au sujet de la cène du Seigneur. Il s'agit des paroles du Seigneur concernant le fait de « manger sa chair » et de « boire son sang » (Jean 6 : 53).
A part l'entrée du Seigneur Jésus dans Jérusalem et le récit de ses souffrances, le miracle par lequel Il nourrit les cinq mille personnes (Jean 6 : 1-14) est le seul événement de sa vie sur la terre qui soit mentionné par les quatre évangélistes. Mais Jean relate en outre l'entretien que le Seigneur a eu ensuite avec les Juifs qui Le cherchaient, non parce qu'ils avaient vu des miracles, mais parce qu'ils avaient mangé des pains et avaient été rassasiés (v. 26). Partant de là, Il les exhorte à travailler pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, nourriture que lui seul, le Fils de l'homme pouvait donner. Cependant ces Juifs incrédules, qui venaient de voir le signe par lequel plus de cinq mille hommes avaient été nourris, exigent maintenant un autre signe et se réfèrent à la manne dans le désert, « le pain du ciel ». Le Seigneur rappelle alors que tous ceux qui avaient mangé la manne étaient morts ; Lui, au contraire, est le véritable pain venant du ciel, que son Père leur donnait. Celui qui vient à Lui, le Fils de Dieu devenu homme, et croit en Lui n'aura plus jamais faim ni soif, mais vivra éternellement, car Lui est « le pain de vie » (Jean 6 : 35, 48). Il est venu comme le pain qui descend du ciel « afin que celui qui en mange ne meure pas » (v. 50).
Il est évident que la façon de s'exprimer ici est symbolique. En contraste avec la manne de l'Ancien Testament, le Seigneur est « le pain vivant qui est descendu du ciel » (v. 51). Logiquement, le fait de « manger » - et celui de « boire », mentionné ensuite - est aussi une transcription imagée de la foi en Lui. Dans la vie naturelle, nous absorbons ce que nous mangeons et buvons, et finalement cela devient une partie de nous-mêmes. Cette figure peut facilement être appliquée à la foi et à la vie spirituelle.
Manger et boire une fois
Pour pouvoir manger « le pain de vie », il ne suffit pourtant pas de croire au Fils de Dieu vivant comme homme sur la terre ; il faut aussi la foi en sa mort expiatoire. Dans son amour, Il est devenu homme, afin de mourir et de se donner pour le monde entier. C'est pourquoi il ajoute : « Or le pain que moi je donnerai, c'est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde » (v. 51).
Bien que les Juifs aient déjà été scandalisés en entendant cette parole, le Seigneur Jésus va encore un peu plus loin, afin d'expliquer ce qu'Il vient de dire. « En vérité, en vérité, je vous dis : Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et ne buvez pas son sang, vous n'avez pas la vie en vous-mêmes » (v. 53). Comme « le pain qui vient du ciel », Il était devenu Homme sur la terre. Mais sa « chair », en tant qu'homme vivant, ne pouvait donner la vie éternelle à personne - elle devait passer par la mort ! Et pour confirmer clairement que seule la foi en Lui comme Celui qui est mort pour des pécheurs conduit à la vie éternelle, le Seigneur ajoute à « sa chair », « son sang ». Les deux ensemble parlent de Lui comme de Celui qui est mort pour des êtres perdus. Pour nous, Il a souffert dans la chair et a fait une fois pour toutes l'offrande de son corps (Héb. 10 : 10 ; 1 Pier. 4 : 1). Son sang précieux a été versé pour le pardon des péchés (Matt. 26 : 28). Par sa mort, Il a « annulé la mort » et Il a fait « luire la vie et l'incorruptibilité » (2 Tim. 1 : 10). Oui, il fallait que le Fils de l'homme soit élevé à la croix, comme le serpent par Moïse dans le désert, « afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle » (Jean 3 : 14-16). Ainsi, sa mort nous donne la vie éternelle. Dieu en soit à jamais béni !
Manger sa chair et boire son sang signifie d'abord croire en son oeuvre et en sa mort sur la croix, s'approprier par la foi qu'Il est mort pour nous et pour nos péchés. Ceci, nous le faisons une fois. La forme verbale grecque, l'aoriste, utilisée pour « manger » (Jean 6 : 50, 51 et 53), et pour « boire », (v. 53), indique une action ponctuelle, unique. Par la foi en Celui qui est mort pour nous sur la croix, nous avons reçu la vie éternelle. Cette vie, qui a son siège éternel dans la personne de Christ, le Fils de Dieu, est maintenant devenue notre vie, et nous l'avons donc en nous-mêmes. Mais combien solennel est le fait que celui qui ne croit pas, n'a pas la vie (v. 53 ; comp. 1 Jean 5 : 11, 12, 20) !
Manger et boire continuellement
Celui qui a mangé la chair et bu le sang du Fils de l'homme une fois de la manière indiquée, et qui, de ce fait, a reçu la vie éternelle, a besoin d'alimenter la nouvelle vie. Cette nourriture fait l'objet de tout le chapitre 6 de l'évangile de Jean. C'est Christ, le Fils de Dieu devenu homme, qui s'est abaissé lui-même si infiniment bas et est mort pour nous, le « Fils de l'homme ». Lui est la vraie manne, « le véritable pain qui vient du ciel » (v. 32).
Cette alimentation spirituelle constante, régulière, et ses effets, forment le sujet des versets 54 à 58. Ici, les verbes « manger ou se nourrir » et « boire » sont employés, en grec, au participe présent, ce qui indique un fait continu ou général. De même que, durant les quarante ans de la traversée du désert, les Israélites recueillaient chaque jour la manne pour s'en nourrir, ainsi nous pouvons et nous devons, comme chrétiens, nous occuper chaque jour d'un Christ mort pour nous, si nous voulons croître et prospérer spirituellement. Pour l'apôtre Paul, Christ était le contenu, le modèle, le but et la force de sa vie. Pourrait-il y avoir un objet plus élevé et plus glorieux que Lui pour le coeur du croyant ? Lui, le Fils de l'amour du Père et l'objet de son plaisir, en qui habite toute la plénitude de la déité corporellement (Col. 2 : 9), qui nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous ; qui, après sa mort et sa résurrection, est assis maintenant à la droite de Dieu dans la gloire, d'où nous L'attendons quand Il viendra recueillir auprès de Lui tous les rachetés, - Lui est la vraie nourriture pour nos âmes, « le véritable pain qui vient du ciel ». En nous nourrissant spirituellement de Lui d'une manière constante, nous demeurons pratiquement en Lui et Lui en nous, et ceci dans la dépendance et dans la confiance qu'Il a lui-même manifestées envers son Père durant sa vie sur la terre (v. 56 et 57).
Quand le Seigneur Jésus nous dit : « Apprenez de moi, car je suis débonnaire et humble de coeur » (Matt. 11 : 29), Il nous invite à nous nourrir de Lui spirituellement comme étant la vraie manne. Quand Paul désirait que les Philippiens soient remplis de la pensée du Christ qui s'est abaissé lui-même et qui est devenu obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix, ceux-ci ne pouvaient avoir cette pensée qu'en mangeant la chair et en buvant le sang du Fils de l'homme (Phil. 2 : 5-8). Lorsqu'il s'agit de notre marche, Pierre place devant nos yeux le modèle de Christ, « lui qui n'a pas commis de péché, et dans la bouche duquel il n'a pas été trouvé de fraude ; qui, lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas l'outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement », afin que nous suivions ses traces (1 Pierre 2 : 21-23). Oui, sa chair est en vérité un aliment et son sang en vérité un breuvage pour l'âme de tout homme qui L'a reçu comme sa vie !
Ce n'est pas la cène du Seigneur
Dans de nombreux cercles de la chrétienté, manger la chair et boire le sang du Fils de l'homme est appliqué à la cène du Seigneur. Les versets que nous avons considérés sont utilisés par les églises officielles pour faire de la cène du Seigneur un « sacrement », c'est-à-dire un « mystère religieux ». En conséquence, le pain et la coupe seraient des signes extérieurs nécessaires au salut ; ceux-ci, « administrés » avec toute la solennité requise, communiqueraient par la foi « le salut de Christ ». S'il en était véritablement ainsi, cela signifierait que la participation à la cène du Seigneur est la condition pour recevoir la vie éternelle. A l'inverse, celui qui n'y participerait pas n'aurait pas la vie en lui-même (v. 53).
De même la thèse selon laquelle, lors de la participation au pain et à la coupe, la chair et le sang de Christ seraient pris symboliquement comme une véritable nourriture spirituelle, n'est pas en accord avec le sens de la cène du Seigneur.
Si nous examinons les passages qui nous parlent de ce repas et de sa signification, nous trouvons les caractéristiques suivantes :
1. Nous le faisons en mémoire de notre Seigneur mort (Luc 22 : 19 ; 1 Cor. 11 : 24, 25).
2. Par la participation au pain et à la coupe, nous exprimons la communion du sang et du corps du Seigneur (1 Cor. 10 : 16 ; comp. « tous » en Matt. 26 : 27).
3. Par le fait de manger ensemble du seul pain, nous rendons visible l'unité du corps de Christ (1 Cor. 10 : 17).
4. Nous annonçons, dans le monde qui l'a rejeté, la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'Il vienne (1 Cor. 11 : 26).
La Parole de Dieu ne contient pas le moindre argument pour l'interprétation selon laquelle la participation à ce repas conférerait une part au salut. C'est une fausse doctrine perverse.
Notre rassemblement pour la fraction du pain, comme croyants, a pour but de faire, dans ce monde, quelque chose qui honore et glorifie notre Seigneur et Sauveur, non de recevoir une nourriture spirituelle. Nous venons là non pour obtenir, mais pour apporter ! Dans la participation au pain et à la coupe, il est peut-être possible de discerner néanmoins une figure du fait que les participants ont, par la foi, spirituellement mangé et bu « la chair et le sang » du Seigneur Jésus selon Jean 6. Indépendamment de la cène, nous retirerons toujours de la bénédiction en étant occupés de Lui !
Le pain et la coupe, que nous recevons pour ainsi dire de la main du Seigneur, dirigent aussi nos pensées et nos sentiments sur Lui dans sa mort. Dans le souvenir de sa Personne, de son amour et du don de Lui-même dans la mort, nous avons le privilège, en tant que sacrificateurs occupés de l'offrande faite une fois pour toutes du corps de Jésus Christ et de son précieux sang, d'entrer avec une pleine liberté dans les lieux saints, et de nous tenir, avec adoration, dans sa présence et celle de Dieu.
Lui apporter, et apporter au Père notre adoration en esprit et en vérité, est un privilège grand et élevé ; en contraste avec toutes les autres activités spirituelles, nous ne le connaissons pas seulement sur la terre, mais nous l'exercerons un jour en perfection, dans la gloire du ciel.
L'apôtre Jean a pu contempler, il y a déjà très longtemps, une vision dans le ciel, où immédiatement après la venue du Seigneur, les vingt-quatre Anciens, représentant symboliquement tous les saints, seront rassemblés autour du trône pour offrir à l'Agneau, dans un joyeux élan, la louange et l'adoration (Apoc. 5). Tandis que le parfum - les prières des saints encore sur la terre - s'exhale des coupes d'or devant Dieu, ils chantent un cantique nouveau qu'ils accompagnent des accords de leurs harpes : « Tu es digne de prendre le livre et d'en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre » (v. 9-10).
Ensuite, lorsque les armées innombrables des anges, et même la création entière, s'unissent à la louange de l'Agneau et que les quatre « Vivants », par leur amen, y mettent leur sceau, les vingt-quatre Anciens, qui ont connaissance du mystère infiniment profond de la rédemption, tombent sur leurs faces et adorent. Cela surpasse la louange de la création et l'amen des quatre « Vivants » ; c'est l'expression de sentiments que seule la jouissance de la réconciliation avec Dieu peut produire.
A . R. - extrait d'un ouvrage traduit de l'allemand et édité par E.B.L.C Chailly-Montreux Suisse