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Vigilance et obéissance

De Guilgal à Jéricho

L'alliance avec les Gabaonites
 
Lire : Josué  5 à 9                                                                   
 
            Le livre de Josué relate la prise de possession de Canaan, selon la promesse de Moïse, rappelée dans le Deutéronome. Le premier obstacle à franchir était le Jourdain, le fleuve de la mort. Il parle de notre mort et de notre résurrection avec Christ. A la Mer Rouge, la verge de Moïse avait frappé les eaux ; au Jourdain, c'est l'arche qui entre la première dans le fleuve et qui en sort la dernière. Tout le peuple a passé. Pour nous Christ est entré dans la mort et Il est ressuscité pour nous prendre auprès de Lui et faire de nous des ressuscités.
Ce livre a son application dans l'épître aux Ephésiens où le croyant est vu assis dans les lieux célestes ; au chapitre 5, sont données des exhortations - parce que nous vivons sur la terre - en ce qui concerne notre comportement et nos relations domestiques ; le chapitre 6 précise que nous avons à revêtir l'armure complète de Dieu pour lutter « contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes » (v. 12) : ce combat spirituel est celui que présente le livre de Josué.
 
 
De Guilgal à Jéricho
 
            Guilgal nous parle de la mortification de la chair. Nous avons à la réaliser pratiquement ; c'est ce que signifie cette expression : « J'ai roulé de dessus vous l'opprobre de l'Egypte » (Jos. 5 : 9). Tout ce qui caractérise notre vieille nature doit être dépouillé et en pratique, si nous voulons nous maintenir à la hauteur de notre position, selon Ephésiens 2 : 5-6.
            Dans le désert, la grâce avait supporté le peuple et un seul combat avait été livré, celui d'Amalek, image de la chair. C'est à Guilgal que le chef de l'armée de l'Eternel se présente et les encouragements sont donnés avant d'affronter Jéricho. Cette victoire est remportée d'une manière extraordinaire, divine, sans donner un coup d'épée. Les Hommes d'Israël ont fait le tour de la ville pendant sept jours et sept fois le dernier jour et en poussant des cris, ils voient les murailles tomber !
            Le peuple s'était conformé aux instructions divines et il est témoin de cette victoire éclatante. Ces combats et ces victoires, différents des luttes et des difficultés que nous pouvons rencontrer dans la vie, sont « contre les puissances spirituelles de méchanceté » (Eph. 6 : 12). Satan veut nous empêcher de jouir de notre position céleste, de ce ciel, où nous pouvons entrer aujourd'hui avec des corps glorieux.
           
 
 
           Après une victoire, nous oublions parfois de nous juger ; nous oublions de revenir à Guilgal. Josué a négligé de le faire avant de chercher à vaincre une toute petite ville, Aï. A vue humaine, il semblait facile d'avancer et de ne pas engager tout le peuple pour ne pas le fatiguer. On n'a pas alors le sentiment que la chair ne sert de rien ! Combien de fois n'avons-nous pas eu de telles défaites dans les choses de Dieu pour cette raison ? Quand il y a dans la vie d'un chrétien, ou dans la vie d'une assemblée, des « à-coups » de cet ordre - par exemple quand nous nous sommes trompés dans l'administration des droits du Seigneur dans le rassemblement -, c'est qu'il y a au fond de nous-mêmes quelque chose qui n'est pas en bon état.
            Le chemin du chrétien est un chemin d'expériences. Tenir ferme, ce n'est pas rassembler ses troupes devant Aï ; c'est retourner au point de départ, à Guilgal. C'est là que l'Ange de l'Éternel avait dit : « C'est comme chef de l'armée de l'Eternel que je suis venu maintenant » (Jos. 5 : 14). Si Guilgal est la source de la victoire, retournons-y, sans oublier de le faire également après une nouvelle victoire. Nous avons pu faire une expérience heureuse, mais elle ne donne pas de force en elle-même pour la victoire suivante. La leçon pour nous, c'est que la chair ne vaut rien. Nous devons nous défier de nous-mêmes et rechercher la pensée du Seigneur. Ce que j'étais, je ne le suis plus, par la seule grâce de Dieu. C'est cela Guilgal.
            Il y avait un mal caché dans la tente d'Acan, des convoitises l'avaient attiré. On dira peut-être que Dieu est bien sévère de frapper tout un peuple et de permettre cette défaite devant une toute petite ville, mais le péché d'un frère ou d'une soeur, c'est le péché de l'assemblée ! Dieu dit : « Israël a péché... ils ont volé... ils ont menti... » (Jos. 7 : 11). Dieu ne dit pas : « Acan a fait cela ». L'assemblée est un tout, redisons-le, et l'assemblée n'existe pas seulement quand nous sommes rassemblés. Son existence devant Dieu se poursuit trois cent soixante-cinq jours sur trois cent soixante-cinq. N'oublions jamais que nous sommes un seul corps et c'est vrai de tous les croyants sur la surface de la terre.
            Ici, nous voyons plutôt un peuple rassemblé autour du tabernacle. Les saints rassemblés constituent l'expression visible de tout le Corps et nous avons, s'il y a du désordre, à nous conduire comme Dieu le veut. Quand la discipline de l'assemblée a été exercée, la grâce peut se déployer. Ne séparons jamais la grâce du gouvernement de Dieu. Quand la restauration a lieu, la bénédiction est donnée.
            La victoire, pour la seconde fois, est obtenue par des moyens très compliqués que Dieu lui-même ordonne. Dieu est simple quand nous sommes simples. Dieu nous apprend une leçon et Il nous fait faire l'expérience de ce qui arrive quand nous regardons à nous-mêmes.
 
 
L'alliance avec les Gabaonites
 
            Le chapitre 9 débute par le fait que la terreur s'était emparée de tous les habitants du pays. Ils forment une coalition contre Israël. Mais le mal intérieur est plus pénible. Il est caché et fait des ravages, tant sur le plan moral que sur le plan doctrinal. Satan voyant sa défaite, essaie de s'emparer de la chair du croyant et cela est plus fréquent qu'on ne le croit. On peut être exercé au sujet du ministère d'un frère ou de la tenue de quelques-uns, mais Satan parvient souvent à nous endormir sur ces points ! La chair se mêle de tout. Dans des affaires difficiles, on dit parfois : « Mais c'est un frère, on ne peut pas lui en tenir rigueur toute sa vie ». Sachons bien qu'il vaut mieux avoir affaire au lion rugissant qu'au serpent ! Les dangers pour la foi sont moindres. Ce ne sont pas les persécutions de Smyrne qui avaient les plus graves conséquences, mais l'alliance des chrétiens avec le monde, à Pergame.
            Quand l'ennemi agit, un coeur pieux et exercé le sent. Ceux qui ont peur ici, ce sont les ennemis (v. 2). Quand l'ennemi se déguise en ange de lumière, il introduit au sein du peuple de Dieu des hommes qui n'ont pas extérieurement l'aspect de méchants. Ces Gabaonites sont des gens sympathiques. Ils ont même eu peur de Dieu, mais ils utilisent des moyens à leur portée pour échapper à la destruction. Ils ont l'air de venir de loin. C'est de la ruse ! Quand l'ennemi se déguise en ange de lumière, il faut redoubler de vigilance. Vigilance et obéissance sont le résumé de ce chapitre. L'une et l'autre ont fait défaut. On dira : « Ce sont des hommes réputés prudents qui ont agi ainsi », mais le peuple a oublié que c'étaient des ennemis à détruire ! Ils viennent au camp de Josué à Guilgal. Josué était à sa place, mais il fallait encore avoir la pensée de Dieu, connaître Sa volonté. Manier le couteau de la circoncision et l'avoir dans sa poche sont deux choses différentes ! Si le coeur n'est pas engagé, rien n'est fait. C'était une situation bien embarrassante, car Josué même n'a pas eu un oeil spirituel et les sens exercés pour discerner le bien et le mal. Pour cela, il fallait l'état moral et spirituel que Dieu requiert. Josué n'avait-il pas confiance en lui-même, alors qu'il aurait fallu interroger le Seigneur ? C'est ce que nous avons à faire dans nos réunions d'administration, afin de « ne pas imposer les mains précipitamment ». Souvent nous sommes pressés d'agir et portés à marcher dans l'amour sans discernement.
            Quelle folie d'interroger ces hommes pour savoir ce qu'il en est ! Cela ne peut avoir de bons résultats. Il fallait consulter Dieu et Sa Parole. Elle répond à tout et à tous les cas, car le Seigneur manifeste sa pensée, mais il faut savoir attendre.
            Satan n'est jamais en repos. S'il peut jeter une ombre ou mettre une distance entre mon coeur et Christ, il a gagné du terrain. Il nous faut de la vigilance et de la dépendance. On va souvent de l'avant avec ses propres forces et on agit en disant : « Dans telle assemblée on agit ainsi », alors que nous devrions entièrement dépendre du Seigneur.
            Les Gabaonites ont surpris par leurs paroles ; ils se sont montrés rusés. Un croyant ne doit jamais agir par la ruse, même avec de bons motifs. La ruse est la tactique du monde et dans ce sens-là on doit se méfier de tout. Il est dit : « Que les vieillards soient sobres, sages, sains dans la foi… » (Tite 2 : 2). Cela peut paraître surprenant, après soixante ou soixante-dix ans de vie chrétienne ! Mais la Parole est là, car à cet âge, on peut être disposé à faire grâce, alors que la grâce ne doit jamais être exercée aux dépens de la vérité.
            On entend souvent dire : « Le Seigneur prendra soin de cette affaire », mais si nous ne cherchons pas réellement Sa pensée, Il ne va pas nous forcer à l'accepter. Si j'ai tendance à vouloir élargir le chemin de la foi et que je dise : « Ce sont des enfants de Dieu et rien n'est plus heureux que de m'édifier avec eux », est-ce qu'en cela j'agis en suivant le chemin du Seigneur ?
            Les fils d'Israël partent. On s'engage précipitamment. On se fie à sa propre sagesse. Prenons l'exemple d'une demande d'admission à la table du Seigneur. Il faut placer la chose devant le Seigneur sans rien exprimer précipitamment. On peut dire quelques mots à l'intéressé : « Tu as demandé ta place, je m'en réjouis » ; mais on doit en rester là. Il y a parfois des demandes exerçantes pour une assemblée, mais elles ne sont pas insolubles pour le Seigneur, si elles le sont pour nous. On dit alors : « Vous vous permettez de juger ». Nous n'avons pas en effet à juger les motifs de quelqu'un, mais à juger les faits extérieurs, non pas pour condamner, mais pour peser les choses devant Dieu. Saül a attendu six jours et le septième, il ne tient plus en place et alors ce sont ses sentiments qui jouent. Nous n'avons jamais à être fébriles !
            Les Gabaonites reçoivent la promesse de ne pas être détruits, mais quelle confusion pour le peuple tout entier ! On avait dit : « chose sainte », puis après coup on a examiné. On veut mettre les Gabaonites à mort, mais les princes en Israël s'étaient liés par serment. Ils baissent la tête et Josué avec eux. Il faut expliquer tout cela au peuple. Est-ce une marche saine pour une assemblée, si elle reçoit un dimanche et doit retrancher le dimanche suivant les mêmes personnes, ces dernières s'étant déjà retirées ?
            C'est l'assemblée qui est responsable de l'administration. Parfois on voudrait rectifier le tir. Mais une décision d'assemblée ne se rectifie pas toujours et dans tous les cas, les conséquences sont là : les Gabaonites resteront attachés à l'autel. Ils ont un service effacé, comme puiseurs d'eau et coupeurs de bois, mais ce service a toute son importance. L'Éternel a lié la chose. Il n'a pas fait descendre le feu du ciel sur eux, car Dieu voyait plus loin.
            Au-delà du livre de Josué, il y a le livre des Juges, celui de Ruth et le premier livre de Samuel où un roi choisi selon le coeur du peuple apparaît : c'est Saül. Ce roi n'a rien compris à la leçon de Guilgal. Impatient et mal disposé, il fait mettre à mort les Gabaonites (2 Sam. 21). Il veut remettre de l'ordre charnellement, et c'est aussi une tendance de nos coeurs de vouloir redresser à notre guise quand nous nous sommes trompés.
 
 
            Que le Seigneur nous accorde de tirer les leçons salutaires de ces chapitres, car toute l'Ecriture est inspirée de Dieu. Nous n'avons pas de scènes semblables dans le Nouveau Testament, mais celles de l'Ancien Testament illustrent le Nouveau.
            Que le Seigneur nous donne du discernement spirituel, au lieu d'affirmer : « Moi, je pense que... » ! Ayons de saines pensées, en rapport avec la place que nous prenons auprès de Lui dans le renouvellement de notre entendement (Rom. 12 : 2) - en réalisant que pour marcher de façon convenable, il faut le faire à Son pas. Josué a négligé Guilgal une première fois avant Aï ; et dans la seconde scène, il est bien à Guilgal, mais il n'a pas réalisé ce que cela impliquait.
 
                        Ph. Rollet – D'après les notes prises lors d'une méditation (juin 1976)