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LE DERNIER VOYAGE DE PAUL DE JERUSALEM A ROME
 

 Paul, un  instrument choisi par Dieu « pour porter son nom devant les nations, les rois et les fils d'Israël »
 L'apôtre, encouragé par le Seigneur qui l'appelle à rendre témoignage de ce qui Le concerne « aussi à Rome »
 Une longue période d'emprisonnement et d'attente, mais non sans fruit pour Dieu
 Paul conduit de Césarée à Rome, Dieu dirigeant toutes les circonstances « pour l'avancement de l'évangile »
 

« Le Seigneur se tint près de lui (près de Paul) et dit : Aie bon courage ; de même que tu as rendu témoignage à Jérusalem de ce qui me concerne, il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome » (Act. 23 : 11).
 
 
Paul, un  instrument choisi par Dieu « pour porter son nom devant les nations, les rois et les fils d'Israël »
 
            Paul avait été jeté à terre par une grande lumière sur le chemin de Damas, et une voix venue du ciel s'était faite entendre : « Je suis Jésus que tu persécutes ». Il avait donc appris qu'il était interpellé ainsi par Celui dont il combattait avec rage les disciples. (Act. 9 : 3-5) Le Seigneur s'identifiait avec ses chers rachetés ; ils faisaient partie de Lui-même.
            Saul, frappé de cécité, reste trois jours sans manger ni boire, mais il prie (v. 12). Le Seigneur veut lui envoyer Ananias. Celui-ci se montre d'abord réticent et Jésus lui révèle que Saul est un instrument qu'Il s'est choisi, « pour porter son nom devant les nations, les rois et les fils d'Israël ». Il ajoute : « Je lui montrerai tout ce qu'il doit souffrir pour mon nom » (v. 15-16). C'est un admirable résumé du service que, dans sa grâce, Dieu a voulu confier à l'apôtre. Il va s'y adonner tout entier (1 Cor. 9 : 16 ; 1 Tim. 4 : 16) ; désormais, pour lui, « vivre, c'est Christ » (Phil. 1 : 21).
            Selon la volonté de Dieu, la première tâche confiée à Paul est d'instruire les païens. Ensuite, il est chargé de porter le nom de Jésus devant les rois (Hérode, Agrippa et même Néron, semble-t-il), et enfin devant les fils d'Israël. Ces derniers ont déjà été jusqu'ici les objets des soins de l'apôtre Pierre. La plupart, hélas, ont méprisé leur « droit d'aînesse » et ont refusé de recevoir la bonne nouvelle du salut. Saul - appelé désormais Paul - est à Antioche quand l'Esprit Saint ordonne de le mettre à part, avec Barnabas, pour le service auquel ils ont été appelés (Act. 13 : 2). Peu après, l'apôtre s'enhardit et déclare aux Juifs : « C'était à vous d'abord qu'il fallait annoncer la parole de Dieu ; mais puisque vous la rejetez et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les nations ; car ainsi nous a commandé le Seigneur : Je t'ai établi pour être la lumière des nations, afin que tu sois pour salut jusqu'au bout de la terre » (Act. 13 : 46-47 ; Es. 49 : 6).
            Mais les affections de ce fils de Benjamin resteront toujours extrêmement vives pour son peuple (Rom. 11 : 1). Sur ce point aussi il marche sur les traces de son Seigneur. Pensons aux larmes que Jésus a versées sur une Jérusalem coupable (Luc 19 : 41). L'apôtre y apporte un écho poignant : il déclare avoir souhaité d'être anathème (un objet de malédiction) et séparé de Christ, si ainsi ses frères pouvaient être sauvés ! (Rom. 9 : 3). Il éprouve à leur égard une grande tristesse et une douleur continuelle, dont les effets seront évidents durant chacun de ses voyages missionnaires.
            Quel exemple il nous donne, alors que nous sommes si vite remplis d'égoïsme et même d'indifférence à l'égard d'un pauvre monde qui se meurt autour de nous, sans Dieu et sans espérance !
            L'apôtre avait un vif désir : exercer son ministère à Rome, après s'être rendu à Jérusalem en passant par la Macédoine et par l'Achaïe (Act. 19 : 21 ; Rom. 11 : 15 ; 15 : 23-28). C'est aux chrétiens de Rome, alors qu'il se trouve à Corinthe, qu'il envoie son exposé le plus complet sur la doctrine du salut - l'épître aux Romains.
            L'apôtre avait été chargé de porter à Jérusalem les dons des chrétiens d'origine païenne. Son étape suivante serait donc de passer une fois de plus dans cette ville - pour la cinquième et dernière fois. Il se déclare « lié dans son esprit » (Act. 20 : 22) par ses affections. Aussi, malgré les avertissements donnés par l'Esprit de ville en ville, il persiste dans ce chemin. La prophétie d'Agabus était pourtant particulièrement solennelle : ce prophète annonçait que Paul serait lié, placé par les Juifs entre les mains des nations. Mais Paul monte sans écouter ses frères à Jérusalem, accompagné par quelques disciples des nations (Act. 21 : 11-14).
            La prédiction d'Agabus ne tarde pas à s'accomplir. Bien accueilli d'abord, il se rend chez Jacques, où il se laisse convaincre de donner une preuve spectaculaire de sa « fidélité » aux coutumes juives en acceptant d'accomplir les prescriptions prévues par la Loi dans un voeu de nazaréat, et même de payer les voeux de quatre autres Nazaréens (v. 20-26). Cet égarement ne pouvait lui réussir. Au bout de quelques jours, des Juifs venus d'Asie en pèlerinage à Jérusalem, qui connaissaient Paul et l'enseignement qu'il donnait ailleurs, l'accusent à tort d'avoir introduit des païens dans le temple. La foule ameutée se saisit de lui : il est traîné hors du temple.
            Il semble ne plus pouvoir échapper à la mort, mais Dieu intervient en faveur de son serviteur. Il se sert, comme Il le fera encore plus tard, du commandant de la garnison romaine, le tribun Lysias. Ce dernier, chargé de maintenir l'ordre public, intervient rapidement avec ses soldats. Paul va être emmené dans la forteresse Antonia, toute proche. Il aurait dû écouter Celui qui lui avait dit : « Hâte-toi, sors au plus tôt de Jérusalem, car ils ne recevront pas ton témoignage à mon égard » (Act. 22 : 18). Mais il persistait à croire que son témoignage aurait plus de force auprès de ses compatriotes, du fait qu'il était connu jusqu'alors pour un adversaire acharné de la « voie ».
            Paul, on s'en souvient, avait été mis à part pour servir Dieu au milieu des nations avant tout. Au moment de franchir la porte de la forteresse, il demande à Lysias l'autorisation de parler à la foule. Il l'obtient et rappelle en araméen sa jeunesse et sa conversion. Hélas, ses auditeurs s'agitent et crient : « Ote de la terre un pareil homme, car il n'aurait pas dû vivre ! » (v. 22). Lysias le fait alors rentrer rapidement dans la forteresse, avec l'intention de le mettre à la question par le fouet. Cependant, il apprend qu'il a affaire à un « Romain ». Il change immédiatement d'attitude et ordonne au sanhédrin de se réunir. Son désir est de tirer cette affaire au clair !
            L'apôtre est traduit devant ce tribunal ecclésiastique. Il sait bien qu'il ne peut s'attendre à recevoir de sa part un jugement équitable. Après avoir traité de « paroi blanchie » celui qui lui a frappé sur la bouche, il va habilement diviser ses ennemis. Il lui suffit de se présenter comme « pharisien, fils de pharisien » (Act. 23 : 6). Il jette ainsi volontairement au milieu des deux factions rivales présentes un brandon de discorde ; il ajoute qu'il est mis en accusation à cause de sa doctrine sur la résurrection, ce qui n'était qu'une partie de la vérité. Il n'aura plus alors l'occasion de prononcer même le nom de son Sauveur ! La haine entre pharisiens et saduccéens - les rationalistes de l'époque - (v. 8) était plus forte encore que celle qu'ils vouaient ensemble à Paul. La ruse de Paul a réussi : le désordre s'installe dans l'hémicycle, au point que craignant que son « prisonnier »  ne perde la vie au milieu de ces hommes déchaînés, Lysias intervient une fois encore et le fait reconduire à l'Antonia. Ainsi, Dieu intervient dans sa miséricorde pour garder son serviteur fourvoyé ; il le conduira où Il a décidé qu'il doit aller.
            Ces circonstances si éprouvantes confirment que le témoignage que Paul espérait rendre encore à Jérusalem, en dépit de toutes les mises en garde, s'était soldé par un véritable fiasco. Resté seul à nouveau dans sa cellule, découragé, il comprend son échec. L'apôtre a le plus grand besoin de réconfort ; et le Seigneur lui-même, dès « la nuit suivante » (Act. 23 : 11a), se tient auprès de sa brebis, malade et blessée (Ezé. 34 : 16). Sans un reproche, Il met en évidence son témoignage courageux à Jérusalem. Il le console et lui rappelle sa véritable mission : annoncer le salut aux nations ! Le message reçu cette nuit-là aura sur lui un effet comparable à celui qu'avaient eu, en un autre temps, la cruche d'eau et le gâteau fournis à Elie (1 Rois 19 : 5-9). Avec la force du Seigneur, Paul ira jusqu'au but.
 
 
L'apôtre, encouragé par le Seigneur qui l'appelle à rendre témoignage de ce qui Le concerne « aussi à Rome »
 
            Paul doit aller à Rome. Il ira, car la volonté de Dieu doit s'accomplir : « Il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome » (Act. 23 : 11). Mais ce voyage va durer des années et se dérouler de façon bien inattendue pour l'apôtre (voir aussi pour Pierre : Jean 21 : 18).
            C'est en effet désormais comme un prisonnier qu'il va poursuivre sa route ! Les paroles du Seigneur se gravent dans le coeur de Paul. Elles seront son ferme soutien, même lorsque toute espérance de salut disparaîtra (Act. 27 : 20), ou pendant les longues heures de solitude et d'attente en prison.
            Plus de quarante Juifs voulaient toujours tuer l'apôtre ! Dans leur folie, ils s'y obligent par un serment d'exécration et font une démarche habile auprès du sanhédrin pour le persuader de demander à la puissance occupante d'autoriser une nouvelle comparution de l'apôtre devant ce tribunal religieux. Ils projetaient en fait de l'assassiner sur le chemin à parcourir pour aller au tribunal. Mais un neveu de l'apôtre - Paul avait donc une soeur à Jérusalem - avait entendu parler du guet-apens. Il est le faible instrument dont Dieu se plaît à se servir, ici comme ailleurs. Il vient courageusement avertir son oncle dans la forteresse. Il est ensuite admis auprès de Lysias dont le coeur a été disposé à recevoir paternellement cet enfant, pourtant si insignifiant aux yeux du monde (Act. 23 : 16-22). Averti du complot tramé contre Paul, Lysias décide d'envoyer Paul, à la troisième heure de la nuit, à Césarée. L'apôtre quitte Jérusalem, entouré par une très forte escorte, sous les ordres de deux centurions de confiance (v. 23-24). Felix, le gouverneur, se trouvait alors dans cette ville.
            Le Seigneur a donc délivré son serviteur par un tout autre moyen qu'à Philippes (Act. 16 : 26). Il montre clairement que « toutes choses Le servent » (Ps. 119 : 91). Le jeune neveu, le fait que Paul était un citoyen romain, l'orgueilleux mépris probable de Lysias pour les Juifs, sont autant de choses qui « travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu » (Rom. 8 : 28) et qui vont permettre à Paul d'aller rendre témoignage à Rome !
            Apprenant que l'accusé était aussi un Juif de Cilicie, Félix le fait garder dans le prétoire - c'était plutôt une faveur -, en attendant l'arrivée de ses accusateurs. Ananias lui-même, avec les anciens, et un orateur connu, Tertulle, se présentent cinq jours après et profèrent de grossières calomnies contre Paul. Ils l'accusent ainsi d'être le meneur de la secte méprisée des « nazaréens », d'avoir provoqué une sédition et même la profanation du temple. Ils se plaignent aussi - plutôt imprudemment - de ce que Lysias leur ait arraché avec une grande violence « leur prisonnier ». Connaissant la voie, cette « nouvelle doctrine », le « très excellent Festus » comprend que Paul est innocent. Les Juifs le couvrent - ainsi que les Romains en général - de compliments trompeurs. Il  ajourne pourtant l'affaire, en prétextant avoir besoin d'un complément d'information auprès de Lysias.
            Paul reste donc prisonnier, mais il est autorisé à recevoir la visite de ses amis (Act. 18 : 22). Felix et Drusille, sa femme juive, viennent aussi le voir. Felix est effrayé quand il entend Paul exposer avec hardiesse ses convictions. Elles reposent sur « la Loi et les prophètes ». L'apôtre leur parle de la nécessité de servir Dieu, de la justice, de la maîtrise de soi et surtout du jugement à venir (Act. 24 : 25) ! Alors le gouverneur lui répond : « Pour le présent, retire-toi ». Il promet à l'apôtre de le rappeler quand il trouvera « un moment convenable ». En fait, sa conscience, endurcie par l'argent (v. 26), empêchait la Parole de pénétrer. Ainsi souvent les hommes écoutent l'Ennemi. Il leur suggère de répondre aux appels de la grâce divine par un vague « plus tard » ; et ils laissent échapper l'occasion, peut-être unique, de recevoir le vrai salut et de connaître le véritable bonheur.
 
 
Une longue période d'emprisonnement et d'attente, mais non sans fruit pour Dieu
 
            Deux ans d'attente vont s'écouler : la patience doit avoir son « oeuvre parfaite » (Jac. 1 : 4). La cellule de Paul reste sûrement un lieu de prédication ardente, « que l'occasion soit favorable ou non », comme il écrit à son enfant bien-aimé (2 Tim. 4 : 2). Ainsi que pour Pierre en prison, ceux qui sont chargés de la garde du prisonnier, peuvent observer sa conduite et bénéficier de ses enseignements (voir Act. 12 : 4-6). L'apôtre trouve dans la communion avec le Seigneur les forces nécessaires pour porter le faix de chaque jour et poursuivre sans se lasser le combat.
            Felix est remplacé par un certain Porcius Festus, et ce dernier, désireux de gagner la faveur des Juifs, laisse Paul en prison (Act. 24 : 27).
            C'est durant cette période que Paul a écrit les épîtres dites « de la prison », adressées aux Colossiens, aux Ephésiens, à Philémon et aux Philippiens. La valeur de telles lettres, qui font partie du canon des Ecritures, est inestimable.  A six reprises au moins, Paul s'y présente comme le « prisonnier de Jésus Christ » (Eph. 3 : 1 ; 4 : 1 ; 2 Tim. 1 : 8 ; Phm 1, 9 ; Phil. 1 : 13). Dans l'épître aux Ephésiens, il ajoute qu'il est captif « pour vous, les nations » (3 : 1) avant de les exhorter à marcher « d'une manière digne de l'appel dont vous avez été appelés, avec toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant l'un l'autre, vous appliquant à garder l'unité de l'Esprit par le lien de la paix » (Eph. 4 : 1-3). Un tel enseignement concerne tous les rachetés du Seigneur. Dans l'épître à Philémon, Paul encourage celui-ci à recevoir son esclave, Onésime, « autrefois inutile ». Il est maintenant converti : Paul l'a rencontré en prison et il l'a « engendré » lorsqu'il était dans les chaînes  (v. 10). Onésime a servi l'apôtre « enchaîné à cause de l'évangile » (v. 13) à la place de Philémon.
            Paul suivait de près les traces de son Seigneur (1 Cor. 14 : 1) : on ne trouve pas trace d'égoïsme chez cet enfant de Dieu qui était pourtant « dans les tribulations de toutes manières » (2 Cor. 4 : 8-10). Il a estimé de son devoir de renvoyer Onésime à son maître - au lieu de continuer de jouir des soins de ce frère en Christ qui lui était devenu très cher.
            Du fond de sa geôle, l'apôtre encourage aussi les chers frères et soeurs à Philippes à se réjouir toujours dans le Seigneur (Phil. 4 : 4). Il leur fait part de ses circonstances afin de les encourager. Il a acquis la conviction que ses épreuves présentes servent plutôt à « l'avancement de l'évangile ». Il est devenu évident, dans tout le prétoire - cette enceinte gardée militairement, où siégeait le tribunal - et partout ailleurs, qu'il est prisonnier pour Christ. La plupart des frères ont été encouragés dans le Seigneur par ses liens et ils ont maintenant beaucoup plus de hardiesse pour annoncer la Parole, sans crainte (1 : 12-14) ! Paul fait part du travail que Dieu poursuit en lui : « J'ai appris à être content dans les situations où je me trouve. Je sais être dans le dénuement, je sais aussi être dans l'abondance… Je peux tout en celui qui me fortifie » (4 : 11-12). Un tel exemple doit nous instruire ; nous apprenons à tout recevoir de la main du Seigneur (Lam. 3 : 37-38).
            Mais poursuivons à grands traits le récit du livre des Actes. A l'occasion d'une visite de Porcius Festus à Jérusalem, les Juifs lui demandent « la grâce » de renvoyer Paul à Jérusalem, afin  d'y être soi-disant jugé. Ils sont en réalité toujours animés des mêmes intentions homicides. Toutefois Festus refuse : ils doivent venir à Césarée s'ils veulent accuser ce citoyen romain. Les principaux du peuple juif obtempèrent. Arrivés à Césarée, ils portent de nombreuses et graves accusations contre Paul « qu'ils ne pouvaient pas prouver » (Act. 25 : 7) ! Festus, comme Pilate pour le Seigneur Jésus, aurait voulu complaire aux Juifs. Aussi, cherche-t-il à convaincre Paul de retourner à Jérusalem. Mais celui-ci répond avec dignité et courage : « Je suis ici devant le tribunal de César, c'est là que je dois être jugé… J'en appelle à César ». Festus confère avec son conseil et lui répond : « Tu en as appelé à César, tu iras à César » (v. 10-12).
            Or, sur ces entrefaites, Agrippa II, le descendant d'une dynastie cruelle et l'arrière petit-fils d'Hérode le grand, arrive à Césarée, avec Bérénice, sa soeur. Il vient probablement féliciter, selon la coutume, Festus d'avoir été nommé gouverneur. Peu versé dans les controverses des Juifs et tenu d'envoyer à l'empereur un rapport détaillé sur le cas de Paul, Festus  parle à Agrippa de son étrange prisonnier. Il cherche, comme Lysias précédemment (Act. 23 : 26-30), à mettre en évidence ses « capacités », vraies ou supposées, de bon gestionnaire ! L'homme cherche toujours à recevoir « de la gloire l'un de l'autre » au lieu de chercher celle qui vient de Dieu seul (Jean 5 : 44).
            Sa façon de parler à Agrippa de ce sujet qui l'embarrasse trahit son ignorance absolue des choses de Dieu. Il croit que cette violente querelle religieuse  concerne « un certain Jésus qui est mort, mais que Paul affirme être vivant » (Act. 25 : 19). L'apôtre n'avait pas été un des témoins de la résurrection, mais plus tard, il avait eu la vision d'un Christ glorifié. Il peut donc, à bon droit, affirmer qu'Il est vivant ! Agrippa se montre alors intéressé à entendre Paul. Une rencontre est fixée au lendemain.
            L'apôtre sera donc introduit au milieu d'une cour qui s'est déplacée en grande pompe. Les chefs militaires, les principaux personnages de la ville, sont là. L'occasion leur est fournie d'écouter la Parole de Dieu et ce sera peut être l'unique fois ! Vont-ils  recevoir le grand message de la grâce adressé à tous les pécheurs, « les grands et les petits » comme le dit Paul, resté « debout jusqu'à ce jour » (Act. 26 : 22).
            Avant que Paul se voie donner la parole par Agrippa, Felix cherche encore à justifier sa requête : il compte sur la sagesse du roi Agrippa pour l'aider à rédiger la lettre qu'il doit adresser à l'empereur, lorsque l'accusé sera amené à Rome (v. 25-27).
 
            L'apôtre était « un vase d'élection » pour porter le nom du Seigneur devant les rois (Act. 9 : 15). N'était-il pas un ambassadeur du Roi des rois ? Malgré ses chaînes, il va user une fois de plus de toute hardiesse pour parler du Seigneur car la Parole de Dieu n'est pas liée (Eph. 6 : 20 ; 2 Tim. 2 : 9). Que dira-t-il devant ces grands personnages ? Où puisera-t-il les moyens de se défendre comme Agrippa lui en offre la possibilité ?
            On trouve ici le troisième récit de la conversion de Paul. Il possède tout ce que ses auditeurs n'ont pas. Il a été éclairé, il semble même l'être de plus en plus ! Rempli du Saint Esprit, il évoque l'éclatante lumière venue d'en haut ; elle a soudain brillé sur ce chemin où ses pas s'égaraient toujours plus.
            Le Seigneur Jésus le soutient « selon sa promesse » : il se décrit comme « un monument de la grâce » et rappelle une parole du Seigneur, que le récit d'Actes 9 n'avait pas mentionnée. Lorsqu'il était tombé à terre, Jésus lui a dit : « Il t'est dur de regimber contre les aiguillons » (v. 14). Les paroles de Dieu, toutes ensemble, sont envoyées pour pénétrer notre conscience, pour toucher notre coeur. Soyons attentifs à ses appels ! L'apôtre pouvait dire : « Je n'ai pas été désobéissant à la vision céleste » (v. 19). Il n'a pas cessé depuis d'inviter chacun à se repentir, à « se tourner vers Dieu en faisant des oeuvres qui conviennent à la repentance » (v. 20).
            Par leur « situation sociale », leurs responsabilités dans ce monde, les auditeurs de l'apôtre étaient bien différents de ceux qui constituaient ses auditoires habituels. Mais Paul voulait qu'ils soient sauvés - eux aussi - et qu'ils deviennent comme lui, « à part ces liens » (v. 29). On connaissait sa vie antérieure, sa haine déterminée contre les chrétiens. Cet homme doué, instruit aux pieds de Gamaliel, aurait pu recevoir les plus grands honneurs - si seulement il était resté pharisien ! D'où venait donc un tel changement dans sa vie ? Il connaissait maintenant depuis longtemps déjà la captivité et les liens, il se trouvait associé à ceux que le monde rejette, à ceux qui sont pauvres et méprisés ? Il marchait sur les traces de Celui qui étant riche, a vécu dans la pauvreté afin que nous soyons enrichis (2 Cor. 8 : 9).
            C'était à la suite de cette révélation de Jésus Christ sur le chemin de Damas que les pensées de Paul étaient devenues complètement différentes : « Les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai considérées à cause du Christ, comme une perte. Plus encore, je considère toutes choses comme une perte, à cause de l'excellence de la connaissance de Christ, mon Seigneur, à cause de qui j'ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ (Phil. 3 : 7-8).
            Une âme ainsi se convertit par la puissance de Dieu ; elle est arrachée à Satan. Le sang versé à la croix la purifie et elle jouit de la paix et du salut. L'évangile que Paul présentait reposait en outre sur la présence de Jésus dans la gloire. Il n'était plus dans la mort, dont la puissance et celle de Satan avaient été vaincues à la croix. En accomplissant l'oeuvre de notre salut, Christ nous a retirés pour toujours de l'empire de Satan. Passé de son pouvoir à celui - infiniment plus grand - de Dieu, nous sommes rendus capables de « marcher d'une manière digne du Seigneur afin de lui plaire à tous égards » (Col. 1 : 10).
            Quelle connaissance Paul avait acquise de Celui qu'il persécutait auparavant ! On pouvait l'enchaîner, le jeter en prison - une joie incomparable habitait son coeur ! Il aurait pu s'écrier, avec le cantique :
 
                        Si vous saviez quel Sauveur je possède !
                        Il est l'Ami le plus tendre de tous.
                        Il sympathise, il prie, il intercède.
                        Oh, je voudrais qu'il fût aussi pour vous !
                        Mon Sauveur vous aime,
                        Ah ! Cherchez en Lui votre Ami suprême, votre seul appui.
 
                        Si vous saviez la paix douce et profonde
                        Que le Sauveur en mon âme apporta !
                        Céleste paix que méconnaît le monde,
                        Elle jaillit pour vous de Golgotha.
                        Mon Sauveur vous aime,
                        Ah ! Cherchez en Lui, votre Ami suprême, votre seul appui.
 
            Et ce cher apôtre, en paix avec Dieu, malgré toutes ses souffrances, restait toujours paisible et joyeux. Il ne voulait pas garder « ce trésor » pour lui-même. Il saisissait l'occasion de redire autour de lui tout ce que Jésus avait fait à son égard. D'où ces récits fréquents de sa conversion !
            Quand Festus l'entend parler de la résurrection de Christ, il s'écrie d'une voix forte : « Tu es fou, Paul, ton grand savoir te fait tourner à la folie » (Act. 26 : 24).  Mais, sans se départir de son calme, l'apôtre affirme au contraire que ses paroles sont vraies et remplies de bon sens. Le roi, dit-il, a connaissance de ces choses. Il interpelle Agrippa : « Crois-tu aux prophètes ? », et il affirme aussitôt : « Je sais que tu y crois » (v. 27).
            Alors Agrippa quitte les lieux, toujours suivi par ses courtisans. Sa réponse se veut évasive, probablement teintée d'ironie : « Bientôt, tu vas me persuader de devenir chrétien ! » (v. 28). Toutefois, avant de quitter la ville, il reconnaît que cet homme n'a rien fait qui mérite la mort ou des liens. Il aurait pu être relâché, s'il n'en avait pas appelé à César (v. 32) ! Mais Paul voulait aller à Rome, par obéissance au Seigneur.
 
 
Paul conduit de Césarée à Rome, Dieu dirigeant toutes les circonstances « pour l'avancement de l'évangile »
 
            Le voyage vers Rome est décidé : Paul voyagera par mer et sera confié, avec quelques autres captifs, à un centurion nommé Julius. Deux fidèles compagnons, Luc et Aristarque, accompagnent l'apôtre que le centurion traite avec humanité.
            Le voyage sera long, difficile, semé d'obstacles suscités par l'Ennemi. Il commence bien et Paul est autorisé, en atteignant Sidon, à se rendre chez ses amis pour y jouir de leurs soins (Act. 27 : 2-3). Douce rencontre, permise par le Seigneur, avec ceux de la maison de la foi, -  avant les terribles épreuves qui devaient suivre. A Myra, le centurion trouve un bateau d'Alexandrie qui doit se rendre en Italie. Fidèle à sa responsabilité, que nous partageons avec lui (Ezé. 3 : 17-18), il avertit ses compagnons de voyage des dangers qui les menacent (Act. 27 : 10). Mais le centenier préfère écouter le capitaine et le propriétaire du bateau avec leur sagesse « humaine », plutôt que le prisonnier.
            Si nous refusons d'écouter les avertissements de la Parole, il faut s'attendre à entendre comme ces hommes plus tard, au milieu d'une grande détresse : « Vous auriez dû m'écouter » (Act. 27 : 21 ; Prov. 5 : 11-14). Une accalmie trompeuse se produit, il semble que tout ira bien. Nous en connaissons aussi parfois dans notre vie ; notre vigilance à l'égard du péché et des dangers est alors vite émoussée. « Veillez et priez, afin que vous n'entriez pas en tentation » (Matt. 26 : 41), dit le Seigneur aux siens.
            Or, après ce vent qui soufflait doucement, Dieu fait sortir un autre vent, violent celui-ci (Ps. 107 : 25). Le navire emporté, s'en va à la dérive. Il faut se délester de tout ce à quoi l'homme s'attache si facilement (Act. 27 : 27 : 18-19, 38). Et toutes ces mesures humaines se révèlent infructueuses ! L'apôtre reste calme et relève le courage de l'équipage et des passagers. Quelle est notre attitude quand la tempête survient dans notre microcosme ? Paul, le prisonnier de Jésus Christ se confie pleinement dans le Seigneur. Il peut dire : Je crois Dieu – ce qui va beaucoup plus loin que de dire : Je crois en Dieu !
            Il ne se sépare pas de ce bouclier de la foi sur lequel était gravé : « Dieu à qui j'appartiens et que je sers » (v. 23). A tous ces hommes, saisis de panique, il révèle qu'un ange est venu lui dire : « Ne crains point, Paul : il faut que tu comparaisses devant César » (v. 24). Dieu lui a donné tous ceux qui voyagent avec lui. Et l'ambassadeur, lié de chaînes déclare : « J'ai confiance en Dieu : il en sera exactement comme il m'a été dit » (v. 25).Il y a quatorze jours que l'embarcation est emportée par la mer déchaînée ; les hommes craignent de tomber dans les écueils - ils sont si nombreux dans ce monde ! Alors le serviteur de Dieu prend les choses en mains : enfin on l'écoute. Il y a chez lui les mêmes compassions que chez son Maître. Il les invite à prendre un peu de nourriture, il les réconforte et rend grâces devant tous. Le navire se brise. Satan, derrière la scène, pousse les soldats à tuer les prisonniers. Ses plans sont déjoués… L'apôtre doit aller à Rome. Tous parviennent sains et saufs sur le rivage.
            Durant le séjour à Malte, Paul ne souffre aucun mal de la morsure d'une vipère - une figure de Satan (Act. 28 : 3-6). Il rend là aussi un très bon témoignage. Tous les malades dans l'île sont guéris par la puissance de Dieu.
            Trois mois plus tard, son voyage s'achève. Durant les dernières étapes, vers sa destination finale, à Pouzzoles, il trouvera les frères et restera sept jours avec eux. Et ceux de Rome, ayant appris ce qui s'était passé, viennent au devant d'eux ; « quand il les vit, Paul rendit grâces à Dieu et prit courage » (v. 15). Le même centurion l'accompagne encore – pour la bénédiction éternelle de son âme, nous l'espérons.
            Arrivés à Rome les prisonniers sont remis au préfet du prétoire. Paul sera encore deux ans prisonnier, mais il peut rester chez lui, avec un soldat qui le garde - et profite ainsi probablement de ses enseignements ! (v. 16). Inlassablement, du matin jusqu'au soir, il expose la vérité aux Juifs - jusqu'au moment où ils se retirent (v. 25, 29 ; Héb. 10 : 38-39). Encore à Rome, Paul écrira ses épîtres dont nous pouvons tirer le plus grand profit. Accessible à tous ceux qui ont des besoins spirituels, il prêche sans relâche le royaume de Dieu et les choses qui regardent le Seigneur Jésus Christ. Ayant rendu témoignage jusqu'au bout, il quittera cette terre pour être avec Christ, ce qui est, de beaucoup, meilleur (Phil. 1 : 23). Retenons l'un de ses tout derniers messages dans l'Ecriture : « Dans ma première défense, personne n'a été à mes côtés… Mais le Seigneur s'est tenu près de moi et m'a fortifié, afin que par moi la prédication soit pleinement accomplie et que toutes les nations l'entendent ; et j'ai été délivré de la gueule du lion… A lui la gloire, aux siècles des siècles ! Amen » (2 Tim. 4 : 16-18).
 
 
                                                                                              Ph. L   le 05. 03. 10