MARCHER AVEC JESUS CHRIST (15)
15 - La Cène
Chers amis,
Comme je l'ai dit la dernière fois, je désire aborder le sujet de la Cène.
Il est remarquable que les deux grandes institutions permanentes du christianisme, le baptême et la Cène, soient toutes deux en rapport avec un Seigneur mort. Comme nous l'avons vu, le baptême est en relation avec notre position extérieure dans ce monde. Il est donc absolument individuel. Même si trois mille personnes sont baptisées en même temps, comme en Actes 2, cet acte reste pour chacune d'elles un engagement individuel. La Cène, en revanche, bien que prise sur la terre, est en relation avec notre position intime comme membres du corps de Christ. Aussi la communion est-elle ici une caractéristique essentielle. Une personne isolée qui prendrait du pain et du vin pour célébrer la Cène n'agirait pas selon la pensée de la Parole de Dieu. Aussi l'apôtre Paul, à qui a été confiée la mission spéciale de révéler la vérité de l'Assemblée et de son union avec Christ, dit alors : « Christ ne m'a pas envoyé baptiser » (1 Cor. 1 : 17) bien que lui ait été baptisé et qu'il en ait aussi baptisé quelques autres. Mais dans cette même épître, il parle d'une révélation particulière qu'il a reçue du Seigneur sur la Cène (11 : 23). A deux reprises et sous deux aspects complémentaires, il va développer ce sujet si important.
Le côté individuel a une grande place dans l'Ecriture. Chaque homme doit se convertir pour lui-même et venir personnellement à Dieu ; il doit croire personnellement au Seigneur Jésus et à l'efficacité de Son sang qui a coulé sur la croix. On ne le répétera jamais assez, le salut est individuel. « Qui croit au Fils a la vie éternelle (Jean 3 : 36). Mais le croyant n'est pas appelé à vivre seul et l'Ecriture lie aussi à la communion les uns avec les autres de grandes bénédictions. Ce n'était pas par hasard que les disciples étaient assemblés lorsque le Seigneur Jésus institua la Cène. Le sens même de la Cène comme mémorial de la mort du Seigneur était posé. Mais, selon l'enseignement de 1 Cor. 10 : 16-17, la Cène ne peut être célébrée que dans la pensée que le corps de Christ est un, formé de tous les rachetés du Seigneur Jésus. Toute prétention de la célébrer en excluant quelque membre du corps de Christ que ce soit, qui marche comme tel et non selon des principes étrangers à la Parole, détruit le caractère de la Cène du Seigneur.
L'institution de la Cène
C'est « la nuit où il fut livré » que le Seigneur institua la cène (1 Cor. 11 : 23). Matthieu 26, Marc 14 et Luc 22 nous en parlent. Les deux premiers passages nous montrent que la Cène a été instituée immédiatement après que le Seigneur eut parlé de la trahison de Judas et que celui-ci fut sorti. Du récit de Luc nous pourrions déduire que Judas ne s'en est allé qu'après la Cène. Mais cet évangéliste ne raconte pas les événements dans un ordre chronologique. Dans son Evangile, tout est présenté plutôt selon un ordre moral.
Ces trois passages nous montrent que le Seigneur institua la Cène à la fin du repas de la Pâque. Cette fête juive commémorait le sacrifice de l'agneau juste avant la sortie du pays d'Egypte (Ex. 12). D'année en année, Son sang devait rappeler au peuple d'Israël qu'il avait été mis alors à l'abri du jugement de Dieu. Maintenant, l'heure était venue où devait être mis à mort le véritable agneau pascal (1 Cor. 5 : 7) dont le sang allait être versé pour un grand nombre, en rémission de péchés (Matt. 26 : 28). Le Seigneur Jésus savait qu'Il serait pris cette nuit-là pour être crucifié. Il savait qu'Il devrait porter nos péchés en son corps sur le bois (1 Pierre 2 : 24), être fait péché pour nous (2 Cor. 5 : 21) et qu'il serait alors abandonné de Dieu. Il connaissait tout le prix qu'Il devrait payer pour notre salut. Nous le voyons un peu plus tard à Gethsémané lorsque Satan intervient à nouveau, comme au début de Son ministère, pour l'amener si possible, en cet instant encore, à désobéir.
C'est dans ce jardin qu'Il dira à ses bien-aimés : « Restez ici et veillez avec moi ». Lorsqu'Il les trouve dormant, Il leur dit avec tristesse : « Ainsi, vous n'avez pas pu veiller une heure avec moi ? » (Matt. 26 : 38-40).
Pour les disciples, un tel repas n'était pas une chose étrange. Comme pour le baptême, le Seigneur se soumet à une coutume établie et lui donne une signification nouvelle et profonde, en la mettant en relation avec Lui-même et avec sa mort. D'après Jérémie 16 : 6-7, nous voyons que c'était une habitude juive d'avoir des repas de deuil au cours desquels on mangeait et on buvait en souvenir d'un bien-aimé qui était mort. Dieu Lui-même n'avait-il pas aussi institué le repas de la Pâque comme souvenir de la délivrance merveilleuse du jugement de Dieu sur la puissance du Pharaon et de l'Egypte, en vertu du sang de l'agneau égorgé cette nuit-là ? Dans l'Ancien Testament, il n'est pas fait mention d'une coupe lors de la fête de la Pâque, mais le Seigneur l'ajoute (Luc 22 : 17). Après avoir pour ainsi dire complété ce souper, Il en met de côté la célébration rituelle (Luc 22 : 18) tout en conservant sa forme pour la nouvelle institution qu'il allait établir. « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi ; de même la coupe aussi, après le souper... » (v. 20).
La signification de la Cène
« Faites ceci en mémoire de moi ». Nous pouvons donc nous souvenir du Seigneur. Non pas de sa gloire avant qu'Il devienne homme ou de sa marche sur la terre ; ni de sa crucifixion ni de ses souffrances. Mais : « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur » (1 Cor. 11 : 26). Les symboles utilisés le confirment pleinement. Le pain qui, selon les paroles du Seigneur, représente son corps ; Il le donne rompu à ses disciples. Ensuite, Il donne le vin comme type de son sang. La séparation du corps et du sang parle d'elle-même d'un Sauveur mort.
C'est là la signification de la Cène. C'est un repas pris en commun en souvenir de Celui qui a été mort.
Combien les éléments utilisés sont simples. Y a-t-il quelque chose de plus commun que le pain que chacun mange quotidiennement ? Y a-t-il quelque chose de plus commun dans les pays du sud que le vin, qui est bu comme le sont le café et le thé dans d'autres pays ? Mais quelle signification le Seigneur n'a-t-il pas liée à ce repas !
C'est un vrai repas. Nous mangeons du pain et buvons du vin. Il est bon que nous en soyons conscients afin que nous mangions et buvions véritablement et ne prenions pas seulement deux miettes de pain et une goutte de vin ! Le pain est du pain ordinaire de même que le vin, et ils le demeurent. Ils ne sont pas transformés par l'action de grâce rendue avant le pain et avant la coupe. En nous référant à 1 Corinthiens 11 : 24 et Luc 22 : 19, nous voyons que le fait de bénir mentionné en Matthieu 26 : 26 et en Marc 14 : 22 signifie rendre grâces, louer. Cela apparaît aussi tout au début d'Ephésiens 1 : 3, où l'apôtre bénit Dieu. En Matthieu 14 : 19 aussi le Seigneur bénit, et personne n'oserait soutenir que les cinq pains et les deux poissons ne sont pas demeurés des pains et des poissons.
Cette constatation est très importante pour nous faire comprendre que la doctrine de la transsubstantiation selon laquelle, par les paroles liturgiques prononcées par un prêtre, le pain et le vin deviennent véritablement le corps et le sang du Seigneur, de même que la doctrine de la consubstantiation qui avance que Christ est corporellement présent dans le pain, sont en totale contradiction avec l'Ecriture. Elles présentent dans leurs conséquences la négation de l'oeuvre parfaite de Christ accomplie une fois pour toutes. A maintes reprises, le Seigneur emploie des images en parlant de Lui. Il dit par exemple : « Moi je suis la porte des brebis » et « Moi, je suis le bon berger » (Jean 10 : 7, 11). En Jean14 : 6, Il dit : « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie ». Il est parfaitement clair que le Seigneur emploie là des images comme le pain et le vin sont des symboles de Son corps et de Son sang.
La mort du Seigneur
Qui peut comprendre la signification profonde de ces quelques mots ? Lui, le Seigneur, est entré dans la mort. Conseils merveilleux de Dieu ! Le Prince de la vie, Lui la source de la vie, a été mort et enseveli ! Preuve évidente qu'il a parfaitement pris notre place sous le jugement de Dieu ! Il n'a pas seulement porté nos péchés en son corps, mais Il a aussi été fait péché. Quels sentiments de reconnaissance, de louange et d'adoration s'éveillent dans nos coeurs, lorsque nous Le voyons ainsi, donnant sa vie pour des impies ! Pour nous, Il est allé à la mort. Son amour pour nous était si grand qu'Il a voulu payer ce prix pour notre salut. « L'amour est fort comme la mort… Beaucoup d'eaux ne peuvent éteindre l'amour, et des fleuves ne le submergent pas ; si un homme donnait tous les biens de sa maison pour l'amour, on l'aurait en un profond mépris » (Cant. 8 : 6, 7).
Quelle obéissance a été la sienne : Il a été jusqu'à la mort pour accomplir la volonté de Dieu. Quelle détermination il a manifestée en prenant cette position de dépendance volontaire qui L'a conduit « jusqu'à la mort, et à la mort de la croix » (Phil. 2 : 8) !
Aussi le Seigneur, comme un hôte, nous invite-t-Il à venir à Sa table pour y annoncer sa mort. Nous ne venons pas pour recevoir mais pour nous souvenir de Lui. La Cène n'est pas un sacrement par lequel nous pourrions obtenir une grâce quelconque. Nulle part l'Ecriture ne suppose cette doctrine. Le Seigneur glorifié nous invite à Sa table afin que nous nous souvenions de Sa mort qu'Il a soufferte il y a plus de 2000 ans. Dans l'éternité également nous le ferons. En Apocalypse 5, nous voyons l'Agneau dans le ciel « qui se tenait là, comme immolé », ainsi que le Seigneur l'a été une fois sur la terre. Et de même qu'à la vue de l'Agneau immolé, la reconnaissance et l'adoration rempliront un jour le ciel, la louange monte de nos coeurs de rachetés lorsque nous annonçons Sa mort. Quand nous Le contemplons, nos affections pour Christ, par l'action du Saint Esprit en nous, se réchauffent et se remplissent de gratitude envers Dieu ; par nos cantiques et nos actions de grâces, et bien souvent dans le silence, montent vers Lui des accents de reconnaissance, de ferveur et d'adoration.
Nous ne pouvons évidemment nous rassembler pour le culte que comme chrétiens. Seuls peuvent prendre cette place ceux qui savent que leurs péchés sont pardonnés et qu'ils ont la paix avec Dieu. En participant à la Cène, ils expriment qu'ils ont communion avec Lui et qu'ils ont part à son oeuvre (1 Cor. 10 : 16). Toute inquiétude au sujet de ses péchés personnels n'a pas sa place ; elle serait même une négation de l'oeuvre parfaite par laquelle Il a rendu les siens parfaits à perpétuité (Héb. 10 : 14).
Il en résulte aussi qu'au moment du culte, aucun don n'est en activité, mais que nous nous réunissons uniquement comme adorateurs, pour offrir des sacrifices de louanges et de reconnaissance, « le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13 : 15). Un apôtre s'approche comme un simple croyant ; celui qui a une position de conducteur dans l'assemblée et celui qui a un don particulier dans le service de la Parole sont assemblés comme simples adorateurs au milieu d'adorateurs.
Avez-vous déjà entendu l'invitation du Seigneur et y avez-vous prêté l'oreille : « Faites ceci en mémoire de moi. » (Luc 22 : 19) ?
Quand et combien de fois faut-il prendre la Cène ?
Dans l'éternité, nous louerons et adorerons l'Agneau à toujours. Dans les bienheureux premiers temps de l'Assemblée, la Cène était apparemment prise tous les jours (Actes 2 : 46). Lorsque par la suite, les circonstances changèrent de sorte que les chrétiens ne purent plus se rassembler tous les jours, nous voyons qu'ils le firent chaque premier jour de la semaine. Dieu, qui veut nous donner à connaître en toutes choses Sa volonté, l'a relaté dans sa Parole pour que nous puissions le savoir. En Actes 20 : 7, nous lisons que les frères étaient assemblés pour rompre le pain. Ils n'étaient pas réunis pour entendre Paul, tout apôtre qu'il ait été. Ils étaient rassemblés pour un objet plus élevé bien que, dans cette réunion, Paul ait eu aussi le temps de prêcher. C'était donc une habitude de se rassembler dans ce but.
Si nous avons quelque peu compris ce merveilleux privilège de pouvoir prendre cette place d'adorateur pour annoncer « la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne », si nous avons entendu l'invitation de notre bien-aimé Seigneur, notre coeur ne désire-t-il pas y répondre aussi souvent que possible ?
Et quel jour semble le plus approprié pour nous souvenir de la mort du Seigneur ? N'est-ce pas le dimanche, « le jour du Seigneur », le jour où Il est ressuscité et où, deux semaines de suite, Il se présenta au milieu de ses disciples assemblés (Jean 20) ?
Se juger soi-même
Mais en rapport avec la Cène, la Parole nous exhorte au jugement de nous-mêmes, à nous éprouver nous-mêmes. Non pas pour examiner si nous sommes dignes de prendre cette place ; car tout chrétien comme tel en est digne. Douter de la position de saints et bien-aimés que Christ nous a acquise, c'est douter de la valeur de l'oeuvre du Seigneur Jésus.
Il s'agit de savoir si nous prenons cette place d'une manière digne du Seigneur. S'il est vrai que la Cène est un repas, et que ce que nous y goûtons est simplement du pain et du vin, il n'en demeure pas moins que c'est à la table du Seigneur que nous prenons place, et que le Seigneur est Celui qui reçoit. Le pain rompu et le vin versé sont les signes de son corps donné et de son sang répandu pour nous. Il nous faut en être conscients lorsque nous nous approchons de ce lieu pour exercer ce service. C'est pourquoi l'examen de soi-même et le jugement de soi-même sont nécessaires. Tout ce qui n'est pas en accord avec cette place sainte entre toutes sur la terre, doit d'abord être reconnu, confessé et jugé devant Dieu.
Les Corinthiens avaient oublié cela. Ils n'avaient pas « discerné » le corps du Seigneur, car ils agissaient comme si c'était leur propre repas. Aussi le Seigneur avait-il dû intervenir en discipline : « C'est pour cela que beaucoup sont faibles et malades parmi vous, et qu'un assez grand nombre dorment » (1 Cor. 11 : 30). Si nous ne pensons pas à l'honneur dû au Seigneur, Il le sauvegardera Lui-même. C'est une pensée sérieuse !
Avec mes cordiales salutations.
D'après H. L. Heijkoop
(A suivre)