Jésus à Emmaüs et avec les siens assemblés à Jérusalem
Lire : Luc 24 : 13-32
Entre sa résurrection et son élévation dans la gloire, Christ est apparu aux siens une dizaine de fois. Il a rencontré successivement :
- Marie de Magdala qui se tenait près du tombeau de Jésus (Marc 16 : 9- 11 ; Jean 20 : 11-18).
- Quelques femmes qui revenaient du tombeau (Matt. 28 : 9-10).
- Pierre (Luc 24 : 34 ; 1 Cor. 15 : 5).
- Deux disciples qui se rendaient à Emmaüs (Marc 16 : 12 ; Luc 24 : 13- 32).
- Dix apôtres réunis dans la chambre haute, le premier jour de la
semaine (Luc 24 : 36-43).
- Onze apôtres (Thomas étant présent), le dimanche suivant (Jean 20 :
26-29 ; 1 Cor. 15 : 5).
- Sept disciples au bord de la mer de Galilée (Jean 21).
- Les onze apôtres sur une montagne en Galilée (Matt. 28 : 16 ; 1 Cor
15 : 6).
- Plus de 500 frères à la fois - Jacques (1 Cor. 15 : 6).
- Jacques, le frère du Seigneur (1 Cor. 15 : 7)
- Les apôtres, au moment de son ascension, sur le mont des Oliviers
(Marc 16 : 19-20 ; Luc 24 : 50-53 ; Act. 1 : 3-12).
Après son ascension, Jésus est aussi apparu à :
- Etienne, au moment de sa lapidation (Act. 7 : 55).
- Saul de Tarse, lors de sa conversion sur le chemin de Damas, et plus tard
(Act. 9 : 3-8 ; 1 Cor. 15 : 8).
- Jean, sur l'île de Patmos (Apoc. 1 : 13-18).
Au cours des diverses apparitions du Seigneur avant son ascension, « beaucoup de preuves certaines » (Act. 1 : 3) de sa résurrection ont été données. On en trouve quelques-unes dans les versets 39 à 43 de Luc 24. Dans ce chapitre, nous aimerions considérer plusieurs scènes montrant le Seigneur :
- cheminant avec les deux disciples qui allaient à Emmaüs
- à table avec eux
- se présentant au milieu des disciples assemblés à Jérusalem.
Jésus se met à marcher avec les deux disciples, mais leurs yeux sont « retenus »
Les deux hommes mentionnés au verset 13 faisaient partie des disciples de Jésus. Nous ne connaissons le nom que de l'un d'entre eux, Cléopas. S'agit-il de Clopas, cité dans Jean 19 : 25 comme étant l'époux de Marie, soeur de la mère de Marie ? Il ne semble pas. On a parfois suggéré aussi que Cléopas était accompagné par sa femme. Rien ne le prouve, même si tous deux se rendaient dans ce village, où ils habitaient.
Emmaüs était situé à « soixante stades » (environ dix kilomètres) de Jérusalem. Ils y sont pourtant retournés le soir même (v. 33), dès que Jésus est devenu invisible et a disparu, après s'être fait reconnaître.
La conversation de ces deux disciples était centrée sur un sujet que le Seigneur pouvait approuver : ils étaient occupés des « choses qui le concernent » (v. 27) – quoique surtout en relation avec Israël.
Alors Jésus les rejoint lui-même et marche, avec eux. La tristesse pouvait se lire sur leur visage et Il s'enquiert des motifs de leur peine. Il cherche à gagner leur confiance (comparer avec Jean 5 : 6 ; 20 : 15…). Son coeur plein d'amour veut les éclairer et répondre à leurs grandes préoccupations.
Les disciples qui n'ont pas reconnu Jésus s'étonnent de sa question
Les disciples épanchent alors leur coeur. Cléopas parle de « Jésus le Nazaréen », ce « prophète puissant en oeuvre et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple » (v. 19). Là se bornait leur connaissance ; ils n'avaient pas encore reconnu en lui le Fils de Dieu. Ils racontent comment les principaux sacrificateurs et les chefs ont condamné Jésus à mort et l'ont crucifié (v. 20). Mais leurs yeux « étaient retenus, de sorte qu'ils ne le reconnurent pas » (v. 16). L'évangile de Marc précise qu'Il leur était apparu « sous une autre forme » (16 : 12).
A la suite de la question posée par Jésus, Cléopas pense que c'est un étranger (v. 18). Il répond de manière presque agressive, sous l'influence d'une tristesse excessive, n'en doutons pas. Il se montre surpris qu'un homme puisse tout ignorer - du moins le croit-il - des événements tragiques qui viennent de se dérouler dans la sainte ville (Matt. 27 : 50-53). Il lui paraît inconcevable que quelqu'un puisse séjourner à Jérusalem, sans partager les terribles désillusions éprouvées par les disciples de Jésus !
Que de fois des croyants ont suivi un chemin comparable ! Leurs fausses espérances - sans base scripturaire - ont été déçues. Ils dédaignent tous les bienfaits liés au rassemblement des rachetés autour du Seigneur. Sa présence est pourtant le bien suprême. En se tenant à part, le risque grandit de s'égarer dans ce monde, si attrayant pour la chair.
Cléopas expose la raison de leur tristesse à Jésus
Cléopas fait alors part au compagnon attentionné, qui marche maintenant à leurs côtés, de leurs espérances déçues : « Nous espérions qu'il était celui qui doit délivrer Israël ; mais encore, avec tout cela, c'est aujourd'hui le troisième jour depuis que c'est arrivé » (v. 21). Or les Ecritures montrent clairement que c'est Christ qui est le centre des pensées divines ; ce n'est pas Israël.
Cléopas se souvient peut-être que Jésus avait, durant son ministère, parlé aux siens de Ses souffrances, de Sa mort, et qu'Il avait annoncé qu'elle serait suivie par Sa résurrection glorieuse, le troisième jour (Luc 9 : 22 ; 10 : 33). Il avait sans doute eu connaissance aussi des paroles adressées aux femmes, ce même jour, par les anges, pour leur rappeler que le Seigneur devait ressusciter « le troisième jour » (Luc 24 : 7) !
Or ce matin-là - justement trois jours après la crucifixion - des choses étranges avaient eu lieu - et ces deux disciples qui s'éloignaient de Jérusalem le savaient ! Des femmes s'étaient rendues au sépulcre de fort grand matin ; après avoir préparé des aromates. Leur intention était d'embaumer (ou plutôt d'oindre) le corps de leur Seigneur bien-aimé. Mais la tombe était vide, son corps avait disparu ! Elles avaient alors eu une vision d'anges ; ceux-ci leur avaient déclaré que Jésus était vivant ! (v. 23). Mais les disciples avaient visiblement cru que ce n'était que le fruit de leur imagination, égarée par la douleur !
Cléopas raconte ensuite que des disciples - « certains des nôtres » dit-il – étaient allés, eux aussi, au sépulcre. Ils avaient pu constater que les choses étaient absolument telles que les femmes les avaient décrites. Cléopas ajoute : « Mais lui, ils ne l'ont pas vu » (v. 25). On voit ici un exemple de l'action corrosive du doute sur nos pensées. Il conduit les disciples à infirmer et annuler pratiquement deux témoignages qui auraient dû suffire à ranimer leurs espérances !
Tout cela les a pourtant « fortement étonnés » (v. 22), mais ils se sont isolés et ils s'éloignent désormais du lieu de la bénédiction ! Pourquoi donc abandonner la compagnie des autres disciples, au lieu de continuer à partager avec eux cette terrible épreuve ? (Jean 16 : 20). Tels sont les fruits connus de la lassitude et du découragement dans une âme. Seule la Parole, habitant en nous richement (Col. 3 : 16) apporte les vraies ressources pour être rendu capables de résister à ces « flèches enflammées du Méchant » (Eph. 6 : 16), en gardant les yeux fixés sur Christ (Héb. 12 : 3).
Le Seigneur « ouvre les Ecritures » aux deux voyageurs en leur parlant dans le chemin
Après avoir d'abord écouté les deux hommes exposer leurs sujets de tristesse, leur nouveau compagnon de voyage les reprend avec amour: « O gens sans intelligence et lents de coeur à croire tout ce qu'ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ endure ces souffrances et qu'il entre dans sa gloire ? » (v.25-26). Ils n'avaient pas encore reçu le Saint Esprit et leur intelligence restait obscurcie. Leur coeur est lent à croire, à se confier, à s'abandonner à la vérité divine (voir aussi Marc 6 : 52 ; 8 : 17-18). Bien souvent encore, malgré la présence du Saint Esprit en nous, notre ignorance vient de notre incrédulité !
Puis le Seigneur leur « ouvre » les Ecritures (v. 27, 32) ; en L'écoutant, ils découvrent plusieurs aspects si précieux de ces choses qui Le concerne et qui, jusqu'alors, leur avaient absolument échappé. La clé de l'Ancien Testament, en particulier celle des prophéties, consiste, ne l'oublions jamais, à y rechercher Jésus avant tout. Il donne à ceux qui sont attentifs et qui « sondent » les Ecritures (Jean 5 : 39) une compréhension toute nouvelle de la signification de la Croix (v. 26). Ce n'est pas une tragédie inexplicable (v. 20), mais une partie essentielle du propos de Dieu, de ses desseins. Elle n'est en aucune manière un « obstacle » au travail rédempteur de Jésus (v. 21), mais elle est au contraire son fondement indispensable. Il fallait que Christ passe par des souffrances avant d'entrer dans sa gloire (1 Pier. 1 : 11).
De l'Ancien Testament, de « Moïse » et de « tous les Prophètes » (v. 27), ces disciples avaient jusqu'alors retenu une partie seulement de ce qui leur était dit, sans d'ailleurs toujours le comprendre et le croire.
Le Seigneur fait brûler les coeurs de ses disciples
Le Seigneur retrace les grandes lignes de l'enseignement à son égard, dans les Ecritures alors disponibles. On peut penser par exemple qu'il s'agissait entre autres, dans la Genèse, de la promesse faite au sujet de la semence de la femme (Gen. 3 : 15), ou de l'Agneau de la Pâque (Ex. 12), ou encore du bouc sur lequel on devait confesser tous les péchés du peuple, avant de l'envoyer au désert (Lév. 16). Il a pu aussi leur parler du serpent d'airain élevé sur une perche (Nom. 21 ; Jean 3 : 14) et de ce prophète plus grand, promis par Moïse dans le Deutéronome, qu'il faudrait écouter (18 : 15). Peut-être a-t-Il expliqué qui était l'objet du désir de toutes les nations (Agg. 2 : 7), ou le Berger frappé de Zacharie (13 : 7), ou encore le Soleil de Justice dans la prophétie de Malachie (4 : 2) ? Certains passages comme Genèse 22 et Esaïe 53 évoquent en même temps sa mort et sa résurrection. Jésus a insisté auprès d'eux sur l'importance que revêt l'examen avec révérence de l'Ecriture tout entière (v. 25-27).
C'est ainsi que le Seigneur fait brûler les coeurs de ses deux disciples (v. 32).
Les yeux des deux hommes sont ouverts par Jésus
Quelle courte étape et pourtant si extraordinaire pour ces deux voyageurs ! Jamais il n'y eu pareille exposition de l'Ecriture. Arrivés à destination, ils ne peuvent supporter la pensée de se séparer de Celui duquel ils viennent de recevoir une si grande bénédiction. Or Jésus fait comme s'Il allait plus loin ; jamais Il ne s'impose. Ils Le pressent : « Reste avec nous, car le soir approche et le jour a baissé » (v. 29). Ce crépuscule n'est-il pas une image de la tristesse qui peut envahir notre âme ? Sans Jésus notre ciel est voilé. S'Il les quitte maintenant, ils craignent de retomber dans ces angoisses dont ils viennent de sortir.
Quelle grâce de Sa part, il ne laisse jamais un travail inachevé (Phil. 1 : 6) ! « Il entra pour rester avec eux » (v. 30a). Il prend alors spontanément dans ce foyer la place qui est la Sienne de droit. « Et il arriva que, comme il était à table avec eux, il prit le pain et il le bénit ; puis il le rompit et le leur distribua » (v. 30). C'était déjà chez Lui un geste familier pour ses disciples ; mais ce geste avait pris une signification bien particulière : il leur rappelait désormais ses souffrances et sa mort.
Chers lecteurs croyants, n'est-Il pas toujours Celui qui reçoit, distribue et bénit ? « Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent ; mais lui devint invisible et disparut de devant eux » (v. 31). Sans doute avaient-ils vu ses mains et ses pieds, « par les hommes percés quand Il mourait pour nous » ? Il les montrera en tout cas peu après aux disciples réunis, pour qu'ils Le reconnaissent (v. 39). Leurs yeux s'ouvrent : ce verbe est souvent employé dans la Parole pour la guérison d'un aveugle (Matt. 9 : 30 ; 20 : 33 ; Jean 9 : 10). Les termes qui décrivent ce repas rappellent ceux qui sont employés au moment de l'institution de la Cène.
Les disciples retournent à Jérusalem
« Ils se dirent l'un à l'autre : Notre coeur ne brûlait-il pas au-dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin, et qu'il nous ouvrait les Ecritures ? » (v. 32). Alors ils n'ont plus aucun doute sur la résurrection de Jésus et sont pressés par le désir de faire part aux onze et aux autres disciples de la grande nouvelle qui les remplit de joie. Ils ne craignent plus ce voyage nocturne dont ils ont cherché à dissuader leur compagnon alors inconnu. Ils reprennent donc aussitôt le chemin de Jérusalem.
Mais avant qu'ils ne puissent parler, ils sont reçus par ce cri joyeux : « Le Seigneur est réellement ressuscité et il est apparu à Simon » (v. 34). La manifestation de Jésus à Pierre était une nouvelle preuve de sa tendre miséricorde envers ce pauvre disciple qui, dans ses amers regrets, devait éprouver un si pressant besoin de revoir son Maître et d'entendre, de Sa bouche, une parole de pardon
Le Seigneur apparaît au milieu des disciples assemblés à Jérusalem
Le Seigneur aurait pu remonter au ciel aussitôt après sa résurrection ; mais d'abord Il reprend son activité en faveur de Ses brebis, et répond à leurs immenses besoins, si variés ; Il poursuivra ses tendres soins « jusqu'à la fin » (Jean 13 : 1). La compassion manifestée à l'égard de ceux dont les pieds s'étaient égarés rappelle les promesses de l'Ecriture : « Me voici, moi, et je rechercherai mes brebis et j'en prendrai soin… la perdue, je la chercherai, et l'égarée, je la ramènerai, et la blessée je la banderai, et la malade, je la fortifierai » (Ezé. 35 : 11, 16). Avons-nous tous, chers lecteurs, goûté de tels soins de la part de ce Berger fidèle ?
Jésus désirait encore rencontrer plusieurs fois ses chers disciples et leur apporter la preuve qu'Il était non seulement vivant mais qu'Il restait un homme pour l'éternité. Maintenant encore, c'est au moment où nous sommes tous occupés de Lui qu'Il apparaît soudain, en prononçant ces merveilleuses paroles - qui s'adressent à ses rachetés de tous les temps : « Paix à vous ! … Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi des raisonnements s'élèvent-ils dans vos coeurs ? Voyez mes mains et mes pieds : c'est moi-même ! » (v. 36-39).
Ph. L 23. 02. 10