Bonne ou mauvaise influence ?
Adam et Eve
Lot et sa famille (Gen. 19)
Jonathan et son porteur d'armes (1 Sam. 14)
Jézabel et Achab, Joram, Achazia
Jéhoïada et son neveu Joas (2 Chron. 24)
Les Lévites au temps de Malachie (Mal. 2)
Pierre (Jean 21)
Paul
Le comportement d'une personne a souvent de grandes répercussions sur son entourage. Il est évident que nous exerçons sur les autres une influence et qu'ils en ont également une sur nous. C'est d'autant plus vrai si nous vivons à proximité l'un de l'autre. L'Ecriture donne beaucoup d'exemples à ce sujet et montre que l'influence exercée sur autrui peut être bonne et heureuse, mais aussi, hélas ! néfaste.
Au début de l'histoire humaine, Eve succombe aux séductions du Tentateur. Elle ne sera pas seule à tomber ; elle entraîne son mari, Adam, dans le péché. Incitée par Satan à désobéir ouvertement, elle prend de ce fruit au sujet duquel Dieu avait dit : « Tu n'en mangeras pas ; car, au jour où tu en mangeras, tu mourras certainement » (Gen. 2 : 17). Elle en mange pourtant; et « elle en donna aussi à son mari pour qu'il en mange avec elle, et il en mangea » (3 : 6). A ce moment-là, la race humaine était encore limitée à deux personnes. Mais le péché de l'un devient le péché de l'autre, et toute leur descendance sera pécheresse (Rom. 5 : 12).
Deux anges, envoyés par Dieu pour une mission solennelle, arrivent un soir à Sodome et sont reçus de façon très hospitalière dans la demeure de Lot (v. 1-3). Rapidement, la maison est entourée par tous les hommes méchants de Sodome ; en fait, toute la ville est là ! Les deux visiteurs paraissent gravement menacés. Mais ils font entrer Lot et ferment la porte. Puis ils frappent de cécité tous ces hommes pervers, qui se fatiguent en vain à chercher l'entrée (v. 10 : 11).
Ils demandent alors à Lot : « Qui as-tu encore ici ? Gendre, et tes fils, et tes filles, et tout ce que tu as dans la ville, fais-les sortir de ce lieu, car nous allons détruire ce lieu » (v. 12-13). La conscience de Lot a dû être reprise par une telle question. S'il s'était rendu seul à Sodome, il aurait pu chercher à supporter stoïquement les conséquences de son faux-pas. Mais il n'y était pas allé seul ; sa femme et ses enfants l'avaient accompagné. Et d'autres, peut-être, étaient nés là.
Or personne ne peut vivre totalement isolé au milieu du monde – de ce monde corrompu. On peut chercher à exercer là une bonne influence, comme le faisait timidement Lot. Mais on subit aussi l'influence, plus ou moins marquée, de son entourage, de ceux avec lesquels on travaille et de ceux que l'on fréquente. Et si le coeur est attiré par les choses qui sont dans le monde (1 Jean 2 : 15-17), on abandonne peu à peu le chemin de la séparation du mal.
La femme de Lot semble avoir été plus marquée que son mari par l'atmosphère de Sodome. Elle regrette visiblement beaucoup de devoir quitter la ville. Et Lot lui-même en est littéralement arraché. Il reçoit l'ordre de se sauver pour sa vie sur la montagne, sans se retourner (v. 17). Sa femme regarde en arrière et devient une statue de sel (v. 26).
Deux filles de Lot échappent avec lui à la destruction. Elles ont passé à Sodome leur adolescence, ou peut-être déjà leur enfance. Leur conduite ultérieure montre à quel point l'immoralité de cette ville les a corrompues (v. 30-38). Leur manière de penser et d'agir en sera le reflet.
Lot n'avait certainement pas mesuré toutes les conséquences de sa décision, au moment où il avait cessé de marcher en compagnie d'Abraham (13 : 10-11). Il avait choisi pour lui la plaine, fort attrayante à ses yeux, sans chercher à connaître la pensée de Dieu. Son choix a eu une influence désastreuse sur sa vie personnelle et sur celle de toute sa famille. Sa femme, ses fils, et une partie de ses filles ont péri dans la destruction de Sodome.
Remarquons encore un point bien instructif. Lorsque les anges l'invitent à sortir de la ville et qu'il cherche à convaincre ses gendres de la quitter avec lui, ceux-ci pensent que leur beau-père plaisante (v. 14). Cela montre combien son témoignage était faible. Se trouvant là où il ne devait pas être, Lot ne pouvait pas exercer d'influence favorable sur son entourage, alors même qu'il tourmentait jour après jour « son âme juste » (2 Pier. 2 : 7-8). Ne pensons donc pas qu'en vivant en compagnie de ceux qui suivent un mauvais chemin, nous pourrons avoir sur eux un effet salutaire. Au contraire, le risque est grand que nous soyons entraînés à adopter, insensiblement, leurs pensées erronées et leurs mauvaises façons de faire.
Lors d'une guerre avec les Philistins, dans une période de tiédeur et de misère générales, la foi intrépide de Jonathan se manifeste. Il est prêt à surmonter des obstacles apparemment infranchissables. Par son attitude, son porteur d'armes est encouragé à montrer lui aussi l'énergie de la foi. Il accepte de suivre Jonathan dans ce qui, aux yeux des hommes, ressemble à une folle aventure. « Fais tout ce qui est dans ton coeur; va où tu voudras, voici, je suis avec toi selon ton coeur », lui dit-il (v. 7). Chacun est encouragé « par la foi qui est dans l'autre » (Rom. 1 : 12).
Le succès initial de ces deux vaillants combattants conduira toute l'armée à les suivre et à vaincre les ennemis – même si un commandement malencontreux du roi Saül a failli tout gâter (v. 24).
Terrible a été l'influence malfaisante de Jézabel, une idolâtre, sur son mari Achab, roi d'Israël, et sur sa descendance. « Certainement il n'y eut point de roi comme Achab, qui se vendit pour faire ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel, sa femme Jézabel le poussant » (1 Rois 21 : 25). Rappelons en particulier les menaces qui plongeront le prophète Elie dans le découragement, et le crime contre Naboth, un Israélite pieux (chap. 19 et 21). Les conséquences de cette mauvaise influence se feront encore sentir dans les générations suivantes.
A l'époque d'Achab, Josaphat régnait sur Juda. C'est l'un des rois dont l'Ecriture rend un témoignage particulièrement bon (2 Chr. 17 : 3-4). Malheureusement, par le mariage de leurs enfants, Josaphat et Achab se sont alliés (18 : 1). Le résultat en a été désastreux. Joram, fils de Josaphat, « marcha dans la voie des rois d'Israël, selon ce que faisait la maison d'Achab, car il avait pour femme une fille d'Achab; et il fit ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel » (21 : 6). Cette mauvaise influence s'est exercée également sur le peuple : « Il fit aussi des hauts lieux dans les montagnes de Juda, et fit que les habitants de Jérusalem se prostituèrent et il y poussa Juda » (v. 11).
Et qu'en a-t-il été d'Achazia, fils de ce Joram? Sa mère Athalie l'avait conduit dès l'enfance dans un chemin d'impiété. « Lui aussi marcha dans les voies de la maison d'Achab ; car sa mère était sa conseillère à mal faire. Et il fit ce qui est mauvais aux yeux de l'Eternel, comme la maison d'Achab ; car ils furent ses conseillers après la mort de son père, pour sa ruine » (22 : 3-4). « Ce fut aussi selon leur conseil » qu'il s'allia avec le fils d'Achab, un autre Joram, pour faire la guerre contre Hazaël, roi de Syrie, et cette alliance le conduisit à sa «ruine complète» et à la mort (v. 5-7).
L'aboutissement de tout cela a été le règne d'Athalie – « cette méchante femme » (24 : 7) – qui a voulu exterminer toute la descendance royale de David. Mais Dieu a préservé Joas, un tout petit enfant, pour l'accomplissement de ses desseins (22 : 10-12).
Le jeune Joas a donc eu la vie sauve grâce à la détermination de sa tante, Jéhoshabhath, épouse du souverain sacrificateur Jéhoïada. Les plans de Dieu reposent sur ce faible enfant, seul survivant de la famille de David à cette époque. Après le massacre de tous les autres membres de cette famille par Athalie, il est caché pendant six ans dans le temple.
Alors Jéhoïada intervient (chap. 23). Il réunit à Jérusalem les lévites et les chefs de Juda, et fait alliance avec le très jeune Joas, s'appuyant sur les promesses inaltérables de Dieu (Ps. 89 : 34-37). Joas devient roi et Athalie est mise à mort.
Durant les premières années de son règne, Joas a pour conseiller ce fidèle souverain sacrificateur. Ainsi, « Joas fit ce qui est droit aux yeux de l'Eternel, tous les jours de Jéhoïada, le sacrificateur » (24 : 2). Son comportement est la conséquence d'une si précieuse compagnie, qui lui a été accordée par la grâce divine. Il entreprend la réparation de la maison de l'Eternel. Le peuple apporte généreusement le tribut fixé par la loi de Moïse. Le culte et les holocaustes sont rétablis.
La vie de Jéhoïada est exceptionnellement longue : 130 ans (v. 15). Et sa mort marque un changement complet dans l'attitude de Joas. Celui-ci avait-il une foi personnelle ou marchait-il dans un bon chemin simplement parce qu'il subissait la bonne influence de son oncle ? Hélas ! une autre «influence», mauvaise celle-ci, se manifeste alors: les chefs du peuple viennent flatter Joas (Prov. 29 : 5). Il les écoute et suit leurs mauvais conseils (v. 17). La fin de sa vie est marquée par des actes qui font frémir.
Quel avertissement pour chacun de nous ! L'éducation, les bonnes habitudes, d'heureuses dispositions… ne sont pas la foi. La foi de nos parents non plus n'est pas la nôtre. Quand ils ne seront plus là, suivrons-nous encore le Seigneur ?
Le prophète doit faire de sérieux reproches aux sacrificateurs. Ils constituaient la partie la plus privilégiée de la tribu de Lévi. Et Dieu avait fait « alliance avec Lévi », en lui confiant un service particulier (v. 4, 8). Au début de l'histoire d'Israël, lors de l'affaire du veau d'or, lorsque Moïse avait lancé l'appel : « A moi, quiconque est pour l'Eternel ! », tous les fils de Lévi s'étaient rassemblés vers lui (Ex. 32 : 26). Ils avaient déployé un zèle que Dieu avait approuvé, et qui avait amené sur eux une bénédiction. S'ils devaient être dispersés en Israël, selon la prophétie de Jacob (Gen. 49 : 7), c'était finalement pour y exercer des services de grande valeur : « Ils enseigneront tes ordonnances à Jacob et ta loi à Israël ; ils mettront l'encens sous tes narines et l'holocauste sur ton autel » (Deut. 33 : 10). Ainsi, selon la pensée de Dieu, « les lèvres du sacrificateur gardent la connaissance, et c'est de sa bouche qu'on recherche la loi, car il est le messager de l'Eternel des armées » (Mal. 2 : 7).
Mais, à l'époque de Malachie, Dieu doit constater que l'état de la tribu de Lévi est aussi mauvais que celui du reste d'Israël. Il rappelle ce que Lévi a été autrefois : « La loi de vérité était dans sa bouche, et l'iniquité ne se trouva pas sur ses lèvres ; il marcha avec moi dans la paix et dans la droiture, et il détourna de l'iniquité beaucoup de gens » (v. 6). Ces Lévites fidèles avaient donc suivi l'Eternel et leur influence sur les autres avait été bonne. Les sacrificateurs avaient accès aux documents sacrés des Ecritures, que le peuple n'avait pas à sa disposition. Mais en principe, le peuple pouvait constamment bénéficier de l'instruction donnée par les sacrificateurs.
Hélas ! le verset 8 témoigne d'une situation bien différente : « Mais vous vous êtes écartés du chemin, vous avez fait broncher beaucoup de gens à l'égard de la loi, vous avez corrompu l'alliance de Lévi, dit l'Eternel des armées ». Au lieu d'une influence bénéfique sur le peuple de Dieu, ces Lévites en avaient exercé une mauvaise. Ils s'étaient eux-mêmes écartés du bon chemin et en avaient entraîné d'autres.
Prenons garde ! Et souvenons-nous de l'exhortation de Paul à son enfant Timothée : « Sois le modèle des fidèles, en parole, en conduite, en amour, en foi, en pureté » (1 Tim. 4 : 12).
Certaines personnes ont un caractère tel qu'elles exercent, même involontairement, une forte influence sur leur entourage. C'est ce que nous voyons en Pierre. Lorsque le Seigneur pose une question aux disciples, c'est souvent lui qui répond, et qui semble le faire au nom de tous. Dans certains cas, c'est une bonne réponse, qui peut avoir été utile à ses condisciples. Il en est ainsi par exemple lorsque Jésus demande : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Matt. 16 : 15) ou « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » (Jean 6 : 67).
Mais dans d'autres cas, l'influence sur les autres n'est pas bonne. Lorsque, très sûr de lui, Pierre affirme : « Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point », «tous les disciples dirent la même chose » (Matt. 26 : 35).
Après sa chute et son reniement, cet homme énergique a certainement été fort abattu. En Jean 21, nous le voyons en Galilée avec quelques autres disciples, attendant que le Seigneur vienne les retrouver là (Matt. 28 : 10). « Simon Pierre leur dit : Je m'en vais pêcher. Ils lui disent : Nous allons aussi avec toi » (v. 3). Sa décision était personnelle ; mais son influence habituelle sur tout le groupe suffit à amener les autres à l'imiter. Cette pêche selon l'initiative de l'homme n'a rien produit. Ensuite, quand l'action a été réalisée selon les directions précises du Seigneur, le résultat a été magnifique (v. 6).
Après avoir profondément sondé le coeur de Pierre, Jésus lui adresse des paroles pleines de grâce qui seront de nature à le rassurer entièrement : « Pais mes agneaux… Sois berger de mes brebis… Pais mes brebis » (v. 15-17). Et le disciple reprendra vaillamment son service. Le jour de la Pentecôte, il se lèvera avec les onze et jettera un tout autre filet, combien merveilleux et efficace ! Par son moyen, un grand nombre d'âmes seront amenées à Christ (Act. 2 : 14, 41 ; Marc 1 : 17).
Ceux qui sont « à la tête » (Rom. 12 : 8) doivent particulièrement veiller sur leur comportement. Ils exercent, souvent à leur insu, une influence sur ceux qui les entourent, et qui sont facilement tentés de les suivre, de calquer leur attitude sur la leur. Parfois, les brebis du Seigneur se montrent incertaines à l'égard du chemin à choisir. Beaucoup de croyants sont disposés à suivre celui chez qui ils sentent une certaine autorité. Mais soyons en garde contre toute autorité qui pourrait se substituer à celle du Seigneur. Même si nous pouvons profiter des conseils sages et utiles de nos frères et soeurs, c'est au Seigneur que nous devons demander la direction. Il est prêt à nous l'accorder : « Je t'instruirai, et je t'enseignerai le chemin où tu dois marcher ; je te conseillerai, ayant mon oeil sur toi » (Ps. 32 : 8).
L'apôtre pouvait écrire, conduit par le Saint Esprit : « Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ » (1 Cor. 11 : 1). Par sa conduite fidèle et sa piété, Paul a pu avoir une bonne influence spirituelle partout où il se trouvait. Même lorsqu'il était prisonnier, plusieurs continuaient à suivre son exemple et servaient aussi le Seigneur comme lui. Il écrit aux Philippiens : « Soyez tous ensemble mes imitateurs, frères, et portez vos regards sur ceux qui marchent ainsi suivant le modèle que vous avez en nous » (3 : 17).
Demandons au Seigneur de nous aider à lui ressembler. Si les personnes avec lesquelles nous sommes en contact peuvent discerner que nous avons été avec Christ, elles seront à leur tour attirées vers Lui.
Pour conclure, rappelons ce verset des Proverbes, le livre de la sagesse :
« Qui marche avec les sages devient sage, mais le compagnon des sots s'en trouvera mal » (13 : 20).
Ph. L – "Messager évangélique" 2010