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Zacharie, sacrificateur et prophète


Zacharie, sacrificateur
Zacharie mis à l'écart
Zacharie prophète
 
 
            « Aux jours d'Hérode, roi de Judée, il y avait un sacrificateur nommé Zacharie, de la classe d'Abia ; sa femme était de la descendance d'Aaron, et son nom était Elisabeth. Ils étaient tous deux justes devant Dieu, marchant dans tous les commandements et dans toutes les ordonnances du Seigneur, sans reproche. Ils n'avaient pas d'enfant, parce qu'Elisabeth était stérile ; et ils étaient tous deux très âgés » (Luc 1 : 5-7).
 
            La suite du chapitre nous montre une page de l'histoire de ce couple et met en relief trois parties dans la vie de Zacharie : sacrificateur d'abord, puis mis à l'écart, enfin prophète. En fait, tout au long, il est indissociable, moralement, de son épouse : elle est vraiment « l'aide qui lui correspond » (Gen. 2 : 18). Ils étaient comme mariés « dans le Seigneur » (1 Cor. 7 : 39), car tous deux de la famille d'Aaron. L'heureux état de ce couple est déjà une première leçon à retenir ; il nous montre pourquoi, certainement, ils ont été, l'un avec l'autre, d'utiles canaux de la grâce de Dieu.
 
 
Zacharie, sacrificateur
 
            Dès les premières lignes, les caractères de ces époux sont mis en évidence : tous deux pieux et justes, mais sans enfant et très âgés.
 
            1- Justes
 
                        Zacharie et Elisabeth font partie de cette lignée de « justes » - ainsi qu'ils sont nommés dans la Parole - qui commence avec Abel pour se terminer par Corneille.
                        Le Seigneur rend lui-même témoignage à la justice d'Abel, parlant du sang versé sur la terre, « depuis le sang d'Abel le juste, jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie » (Matthieu 23 : 35).
                        Abel était celui qui offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et qui par ce sacrifice a reçu le témoignage d'être juste (Héb. 11 : 4).
                        Puis, nous trouvons Noé qui était un homme juste (Gen. 6 : 9), parfait, marchant avec Dieu et Le craignant (Héb. 11 : 7) ; il est appelé « prédicateur de justice » (2 Pier. 2 : 5).
                        Lot aussi a été un juste ; cette mention à son égard ne se trouve en fait que dans 2 Pierre 2 : 7.
 
                              Dans le Nouveau Testament, Joseph est appelé juste (Matthieu 1 : 19).
                        Siméon aussi était juste et pieux, attendant la consolation d'Israël, et l'Esprit Saint était sur lui (Luc 2 : 25).
                        Jean le Baptiseur est déclaré « juste et saint » (Marc 6 : 20).
                        Joseph d'Arimathée, « homme de bien et juste (lui ne s'était pas joint à leur dessein ni à leur action) ...attendait, lui aussi, le royaume de Dieu » (Luc 23 : 51).
                        Corneille, pieux, craignant Dieu et Le priant, était juste (Act. 10 : 22) ; il avait un bon témoignage de toute la nation des Juifs, faisait des aumônes et pratiquait le jeûne.
                        Zacharie et Elisabeth étaient justes, eux aussi.
 
                        La considération de cette lignée de « justes » nous amène à discerner ce qui est lié, d'une manière globale, à la justice pratique : la piété, la crainte de Dieu, l'attente et l'espérance, mais aussi le contraste constant avec le « milieu » qui environnait ces personnes.
                        Leur piété brille d'autant plus, pour la satisfaction de Dieu, qu'elle se manifestait au sein d'un ensemble impie et désobéissant :    
                                    - c'était la conduite de Caïn par rapport à celle d'Abel,
                                    - la génération corrompue et méchante du temps de Noé par rapport à ce patriarche,
                                    - le peuple juif incrédule par rapport à ce résidu fidèle dont faisaient partie Joseph, Zacharie et Elisabeth, Siméon, Jean le baptiseur, Joseph d'Arimathée
                                    - et, bien sûr, l'homme dans son péché par rapport à l'Homme Christ Jésus, les ténèbres par rapport à la lumière.
 
                        Que, dans le temps actuel, au milieu d'un monde dont Satan est le prince, nous puissions manifester, nous aussi, de semblables caractères, à la gloire de Dieu !
 
 
            2- La stérilité
 
                        Zacharie et Elisabeth étaient sans enfant. Cela nous parle de l'état d'impuissance et de mort dans lequel Dieu veut et peut manifester sa puissance en vie, lui « qui fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont pas comme si elles étaient » (Rom. 4 : 17). Il l'a fait pour six autres couples que mentionne la Parole ; celui de Zacharie et Elisabeth est le septième et le dernier. Chaque fois, la naissance d'un ou deux fils est le symbole particulier de la puissance de Dieu dans une telle circonstance.
                        Si nous considérons les caractères de l'enfant né de chacun de ces couples privés de descendance, nous serons émerveillés du déploiement de la grâce de Dieu à son égard ; nous sommes ainsi remplis d'admiration devant sa compassion qui prend en compte la tristesse et l'affliction du foyer privé d'enfant, devant sa puissance qui excelle là où il est évident que l'homme se trouve complètement démuni, devant sa grâce qui forme et enseigne celui qu'Il a fait naître !
 
                        Abraham et Sara ont eu Isaac, l'homme ressuscité, le fils de la promesse accomplie.
                        Isaac et Rebecca ont vu naître conjointement Esaü et Jacob, ce dernier étant l'homme de la discipline formative et de la grâce de Dieu.
                        Jacob et Rachel ont eu d'abord Joseph, un type si remarquable de Christ, celui dont « l'arc est demeuré ferme » (Gen. 49 : 24), puis, Ben-Oni, fils de ma peine est devenu Benjamin, fils de ma droite, « le bien-aimé de l'Eternel... qui habitera entre ses épaules » (Deut. 33 : 12).
                        Samson, nazaréen dès le ventre de sa mère, est né d'un couple fidèle, Manoah et sa femme.
                        Samuel, ce si grand prophète en Israël, cet homme de prière et d'intercession, a vu le jour chez Elkana et Anne.
                        La riche femme de Sunem a eu un fils dans la vieillesse de son mari ; l'Eternel le lui a repris et, par un miracle en grâce d'Elisée, le lui a redonné !
                        Enfin devait naître, chez Zacharie et Elisabeth, Jean le baptiseur qui fut « plus qu'un prophète » (Luc 7 : 26). Le Seigneur a dit qu'il était « la lampe ardente et brillante » (Jean 5 : 35) et que « parmi ceux qui sont nés de femme, aucun prophète n'est plus grand » que lui (Luc 7 : 28).
 
                        Assurément, « la main du Seigneur » était avec le fils de Zacharie et d'Elisabeth (Luc 1 : 66), comme elle l'a été pour les autres enfants que nous venons de citer. Mais, ne doutons pas que les foyers où ils sont nés étaient autant de creusets favorables à leur formation morale et spirituelle, du fait des exercices de ces croyants et des leçons déjà apprises. Avant que la main du Seigneur ne s'occupe de ses enfants en grâce, elle s'était d'abord intéressée à ceux qui allaient être leurs parents. Il est bon qu'il en soit ainsi et que la grâce de Dieu nous prépare, par des moyens divers et souvent douloureux, à notre tâche si délicate de père et de mère ; cela a été particulièrement le cas des parents de Jean le baptiseur lors de la deuxième période de la vie de Zacharie, quand ce croyant manquant de foi a été mis à l'écart.
 
 
            3- La prière
 
                        Juste, sans enfant, Zacharie a été aussi, dans cette première partie de son histoire, un homme de prière : « tes supplications ont été entendues » (v. 13). Certainement, dans ce foyer uni dans la piété et l'obéissance, Elisabeth avait également sa place dans les prières présentées à l'Eternel ; mais, la Parole, toujours précise, met en relief la responsabilité particulière du mari et son autorité en ne désignant que celui-ci comme auteur de ces intercessions, quand bien même son épouse s'y était associée. En même temps est sous-entendue la position de soumission de cette femme, une position qu'elle garde tout au long de ce que nous rapporte le récit de Luc. Cette soumission est en complet accord avec son rôle d'aide correspondant à son mari.
                        Zacharie avait donc prié et supplié ; mais il semble que ses paroles étaient allées au-delà de ses pensées et surtout de sa foi. N'en est-il pas souvent ainsi pour nous-mêmes ? Nous répétons des demandes, nous supplions le Seigneur, mais n'est-ce pas en doutant au fond de nous-mêmes? Et, quand la réponse arrive malgré notre manque de foi, est-ce que nous ne sommes pas comme ces croyants dont nous parle Actes 12 : 12-17, ou encore comme Zacharie auquel l'ange Gabriel est obligé de dire de la part de Dieu : « ...tu n'as pas cru mes paroles » (v. 20). Puissions-nous « demander avec foi, ne doutant nullement » (Jac. 1 : 6) !
                        Ah, si nos exercices à l'égard des besoins à exposer étaient plus profonds, si nous entrions mieux dans la connaissance de la sympathie de Christ envers les saints et l'assemblée, nos prières seraient des demandes précises, même pour des besoins généraux ; elles seraient comme des « cris », bannissant toute longueur inutile, toute vaine redite, tout cliché usé jusqu'à en perdre toute force d'expression. Que nous veillions aussi à ne pas transformer nos demandes en méditations, comme si nous avions à enseigner Celui qui nous écoute ! Quelle réponse et quel exaucement pourrions-nous en attendre, si la grâce et la miséricorde divines ne trouvaient, malgré tout, leurs motifs  pour se déployer ? Oui, « persévérons dans la prière, veillant en elle avec des actions de grâce » (Col. 4 : 2).
                        Comme Zacharie, comme Jacob « trop petit pour toutes les grâces » (Gen. 32 : 10), nous voilà souvent incapables, par manque de confiance et de foi, de saisir les bénédictions mises à notre portée : « Comment connaîtrai-je cela… ? » (v. 18). Et Dieu doit nous reprendre, comme il l'a fait pour Zacharie par le moyen de l'ange Gabriel : « ...tu n'as pas cru mes paroles qui s'accompliront en leur temps » (v. 20). Malgré l'incrédulité de nos coeurs, Dieu poursuit, quand même et toujours, ce qu'Il s'est proposé. Il accomplit ce que sa bouche a dit, sans nous ou malgré nous, quand nous restons en retrait de ses promesses, subissant, de ce fait, une grande perte pour nous-mêmes. Ni le sommeil des disciples à Gethsémané, ni le reniement de Pierre, n'ont arrêté Christ dans l'ultime étape de son chemin et dans l'accomplissement de son oeuvre.
                        Ainsi la deuxième phase de l'histoire de Zacharie va se dérouler en quelque sorte sans lui et en dehors de lui, car, rendu muet, il sera mis à l'écart.
 
 
 
Zacharie mis à l'écart
 
            1- La discipline
 
                        La perte subie par Zacharie incrédule se manifeste dans son incapacité, pour un temps, à rendre témoignage. Bouche fermée, il ne peut rapporter les choses magnifiques de Dieu telles qu'il les a vues et entendues dans le temple ; tant il est vrai que la fidélité et la puissance d'un témoignage découlent de la foi et de l'obéissance. N'ayant pas cru, le privilège du témoignage lui est retiré. Il ne peut que se taire sur l'extraordinaire de la révélation qui lui a été faite, sur la miséricorde dont ils sont les objets, lui et sa femme, sur la manière merveilleuse dont leurs prières sont exaucées. N'est-ce pas une solennelle leçon pour nous ?
                        Ce que nous apprenons également et qui nous touche de près, c'est que Dieu ne fait pas preuve de partialité. Parce qu'Il est saint, Il juge selon l'oeuvre de chacun (1 Pier. 1 : 17). Combien cette pensée devrait, en effet, nous amener à davantage de crainte et de sainteté dans notre conduite ! Ce sacrificateur avait manifesté, avec son épouse, piété et justice ; c'était un vieillard, comme il se nomme lui-même au verset 18 ; il n'en reste pas moins qu'aux yeux de Dieu, il n'a pas cru : il a manqué de foi ! Et Dieu ne peut pas passer à la légère sur ce manquement, comme nous le ferions facilement pour nous-mêmes. Aussi le met-il de côté, décision prise sans délai et qui s'applique immédiatement.
                        Zacharie éprouve certainement la soudaineté de cette discipline et connaît aussitôt une douloureuse humiliation publique :
                                    - il est contraint de faire attendre le peuple, « la multitude du peuple était en prière, dehors » (v. 10) et s'étonnait de ce retard (v. 21) ;
                                    - il est incapable d'expliquer ce qui s'est passé, mais il faut qu'il soit connu de tous tel qu'il est, muet, sous le coup du châtiment de Dieu ;
                                    - il doit, peine supplémentaire, achever son temps sacerdotal dans cet état (v. 23).
 
                        Avec quelle hâte Zacharie a dû regagner sa maison, au pays des montagnes de Judée, pour se soustraire aux regards et méditer, dans le silence et la solitude, sur ce qui était survenu et sur ce qui allait arriver quand les paroles de l'ange trouveraient leur accomplissement !
                        Elisabeth aussi « se cacha cinq mois » (v. 24), à cause d'une pudeur liée au fait qu'à son âge avancé, elle se trouvait enceinte, mais également parce qu'elle partageait certainement dans une mesure l'humiliation et la peine de son mari.
                        Que d'événements bouleversants dans ce foyer où, jusqu'alors, tout semblait aller si bien et d'une manière si conforme aux commandements et aux ordonnances du Seigneur ! Aux yeux de la chair et du raisonnement humain, tout cela pouvait paraître injuste et immérité, comme ce qui était arrivé à Job, cet homme « parfait et droit », à cette différence que celui-ci n'avait manqué de rien. Et pourquoi, dans un temps où le résidu était si faible et si peu nombreux, être privé d'une « bouche » si utile ? Mais la suite du récit montre qu'au contraire, il y avait, de la part de Dieu à l'égard de Zacharie et de sa femme, beaucoup de grâce et d'amour véritable.
                        Elisabeth constitue un exemple remarquable pour nous tous. Elle n'exprime absolument rien qui pourrait dénoter une insoumission quelconque à la volonté de Dieu, une tentative de justifier son époux, comme nous le faisons si souvent quand l'amour propre familial est en jeu. Il n'y a chez elle ni colère, ni raisonnement. Là encore, elle est l'aide qui correspond dans la situation de son mari ; et pourtant, il lui était beaucoup plus difficile et délicat de l'être à ce moment-là - davantage en tout cas que quelque temps auparavant, quand tout semblait « normal ».
                        Quelle que soit la cause d'une mise à l'écart, même injustifiée en apparence, soyons persuadés que le divin Maître sait se servir de tout - de notre inintelligence, de notre insuffisance dans la manière d'agir - pour poursuivre Son travail en grâce et pour nous enseigner ce n'aurait pas été possible autrement. Considérons l'exemple de la bien-aimée du Cantique des cantiques. Elle a été frappée, blessée, humiliée par les gardes de la ville, alors qu'elle cherchait et appelait son bien-aimé. Mais ensuite, quelle description elle a été rendue capable d'en faire ! (Cant. 5 : 6-16). Sans ses souffrances apparemment injustes, aurait-elle pu le faire aussi bien ?
 
                        Cette mise à l'écart de Zacharie a duré au moins neuf mois. Il était mis à l'écart et il s'y est tenu lui-même. Jamais nous ne le voyons sortir ou tenter de sortir de cette position. Marie vient dans sa maison et il nous est dit que c'était « la maison de Zacharie » (v. 40) ; mais c'est Elisabeth qu'elle salue. De Zacharie, il n'est pas question ; peut-être était-il réellement absent ; ou peut-être, présent, s'effaçait-il. Marie va rester trois mois dans cette maison, avec Elisabeth, sans qu'il soit parlé de Zacharie, son mari. Puis, Elisabeth « mit au monde un fils » (v. 57). « Ses voisins et ses parents apprirent que le Seigneur avait magnifié sa miséricorde envers elle, et ils se réjouirent avec elle » (v. 58). Zacharie est toujours ignoré, jusqu'au bout, jusqu'à cette naissance, un événement si important, surtout dans cette maison ! Rien ne nous laisse entrevoir qu'à un quelconque moment, il se soit mis en avant.
                        Nous pouvons songer à tout ce que ce cher croyant a pu apprendre durant un temps aussi long. Combien peut nous paraître long, souvent, le temps de l'affliction, celui de la patience ! Dans le secret et la solitude morale, Dieu a parlé à Zacharie pour l'enseigner ; c'est ainsi que le Seigneur nous forme pour Lui dans le silence, parlant au coeur et à la conscience. Il travaille de la sorte jusqu'à ce que le fruit soit mûr. Ce fruit venu à son terme, plein résultat de cette discipline formatrice, le Seigneur en connaissait tout le prix, toute la saveur. Il avait mesuré la soumission de Zacharie, son humilité, sa contrition, sa confiance. Seulement, Il désirait maintenant une manifestation publique, pour sa gloire. Il voulait montrer ce que sa grâce avait opéré dans ce croyant incrédule ; aussi le met-Il à l'épreuve. Et après plusieurs mois de discipline, voici encore huit jours d'épreuve.
 
 
            2- L'épreuve
 
                        L'ange avait dit à Zacharie : « Tu seras réduit au silence, sans pouvoir parler, jusqu'au jour où cela arrivera » (v. 20). Or, même le lendemain de ce jour de naissance, il ne parlait pas, ni trois jours après, ni sept jours plus tard. Huit jours après cette naissance, jour de la circoncision de son fils, peut-être Zacharie se posait-il des questions quant à l'accomplissement des paroles de l'ange et quant à la véracité de la promesse ? C'était vraiment un test, c'est-à-dire une mise à l'épreuve de sa foi, de sa patience et de sa soumission. Qui, à sa place, n'aurait pas été découragé, plein d'amertume ou de dépit, envahi même par des sentiments proches de la révolte ?
                        Même pendant ces huit jours supplémentaires de mutité, ces huit jours d'épreuve, Zacharie reste toujours de côté. Elisabeth déclare que son fils « sera appelé Jean » (v. 61) ; et c'est à ce moment-là que Zacharie réapparaît, car on lui fait signe. Il ne s'est pas avancé de lui-même ; jusqu'au bout de son temps de discipline et d'épreuve, il reste un remarquable exemple pour chacun, en humilité et en soumission. Il écrit le nom que l'ange lui avait prescrit de donner à son fils, donnant ainsi un témoignage irrévocable de son obéissance : « Jean est son nom » (v. 63). C'est au présent ; c'est un fait ; c'est la preuve que Zacharie assume sa pleine responsabilité de chef de famille. Ce qu'Elisabeth avait déclaré auparavant - « il sera appelé Jean » - était le signe qu'il ne lui revenait pas à elle de choisir le nom de son fils mais qu'elle s'effaçait devant celui qui, bien qu'à l'écart encore, devrait faire face, le moment venu, à sa responsabilité de père en obéissant à ce qui lui avait été ordonné quelque neuf mois plus tôt.
                        Elisabeth est un exemple insigne de soumission. La mise de côté de son mari aurait pu la conduire à s'arroger des prérogatives qui ne lui revenaient pas. Elle aurait pu même mépriser son mari ; elle ne le fait en aucune manière ! Elle reste à sa place. Elle n'a pas cherché à le justifier ; elle ne s'est pas rebellée, l'Esprit Saint ayant même toute liberté pour se manifester en elle (v. 41) ; elle n'a pas pris une place qui ne lui revenait pas. Elle aussi, assurément, a connu une discipline formatrice et de profonds exercices pour demeurer, à côté de son mari, « l'aide qui lui correspondait ». Si nous insistons particulièrement sur ce caractère, c'est que cette expression, si souvent répétée, est peut-être bien souvent mal comprise et, encore plus souvent, réalisée avec beaucoup de faiblesse ; mais, ici, en Elisabeth, nous en avons une illustration remarquable.
 
                        Voilà ce fruit paisible de la justice rendu par ceux qui sont exercés par la discipline (Héb. 12 : 11). Zacharie et Elisabeth ont été de ceux-là.
 
 
 
Zacharie prophète
 
            C'est, sans doute, la plus belle partie de son histoire. En tant que sacrificateur de l'ancienne alliance, Zacharie offrait le parfum sur l'autel, ombre des choses à venir ; maintenant, il est devenu prophète, c'est-à-dire qu'il parle pour Dieu, devant Dieu et comme oracle de Dieu. Maintenant apparaît l'explication de la sévérité apparente de la mesure de discipline dont il a été l'objet. Devant nous se trouve mis en lumière le but que Dieu se proposait, pour Lui-même d'abord, pour ces époux pieux et justes ensuite ; un but qui était le terme du plein déploiement de son amour et de sa grâce. En quelque sorte, derrière Zacharie une porte se ferme sur ces neuf mois passés dans le silence ; une autre s'ouvre à ses yeux sur la lumière et la gloire de Dieu.
            La louange que Zacharie exprime résulte de cette contemplation, non pas du souvenir de l'expérience vécue. Elle n'est pas nourrie de ses propres sentiments ; ce n'est pas de lui qu'il parle, mais de la gloire, de la grâce de Dieu et de ses voies envers son peuple. Et même quand il se penche vers son fils d'une manière si touchante, ce n'est pas pour trouver dans cet enfant l'accomplissement de leurs désirs, ni ce qu'il était pour Elisabeth et lui, mais pour proclamer ce qu'il était pour Dieu, dans la révélation de Ses voies à son égard.
          Quel merveilleux exemple, pour nous parents, que ces affections de Zacharie admirablement dirigées ! Au lieu de cultiver des sentiments égoïstes quant à nos enfants et quant à leur avenir, puissions-nous élever nos regards plus haut. Sachons discerner les pensées du Seigneur à leur propos, non par suite d'un effort personnel de désintéressement, mais en vivant dans la présence du Seigneur, contemplant sa gloire et jouissant de sa grâce. C'était la part de Zacharie qui déclare : « Et toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut … » (v. 76). Songeons à ce vieillard, à tout ce qu'il vient de traverser, à son épouse si douce, si attachante elle aussi, et à ce tout petit enfant de huit jours à peine lequel, adulte de trente ans, sera décapité pour le caprice cruel d'une danseuse (Marc 6 : 21, 25) ! Tel devait être le terme du chemin que son père considère selon les pensées du Seigneur, telles qu'elles lui sont révélées : « Tu iras devant la face du Seigneur pour préparer ses voies, pour donner la connaissance du salut à son peuple, dans le pardon de leurs péchés, par la profonde miséricorde de notre Dieu, selon laquelle l'Orient d'en haut nous a visités, afin de luire à ceux qui sont assis dans les ténèbres et dans l'ombre de la mort, pour conduire nos pieds dans le chemin de la paix » (v. 76-79).
            Quelle élévation dans ce propos ! Il valait la peine, pour la gloire de Dieu, pour que soit annoncé ce message de Sa part en prophétie, que Sa main d'amour pèse sur cet homme juste et pieux, un moment incrédule, sur ce foyer uni et fidèle au sein duquel devait apparaître un si grand prophète, Jean le baptiseur.
            Il ne sera plus parlé ni de Zacharie, ni d'Elisabeth, ni de ce qu'ils ont pu partager du ministère de leur fils, dans son ardeur, ses souffrances, ni de leur peine quand il a été emprisonné, puis mis à mort. La Parole les a placés devant nous quand c'était utile pour en tirer instruction, avertissement et consolation. Qu'il en soit ainsi pour chacun !
 
 
                                   P-E  Fuzier - « Messager Evangélique » 1988 p. 106-111; 132-139