Pardonner comme Dieu pardonne
Le véritable caractère du pardon selon Dieu
Le besoin de confession et de repentance afin que le pardon puisse s'exercer
L'exemple de David
Le pardon de Dieu à son peuple qui revient de ses mauvaises voies
Pas de pardon s'il n'y a pas de sentiment de culpabilité (l'affaire du veau d'or)
L'enseignement du Seigneur (pardonner à notre frère)
L'oeuvre de Dieu dans la conscience du coupable et le service d'amour à accomplir envers celui-ci
Des relations fraternelles sans nuage résultant d'un pardon selon Dieu
Le besoin de confession et de repentance afin que le pardon puisse s'exercer
L'exemple de David
Le pardon de Dieu à son peuple qui revient de ses mauvaises voies
Pas de pardon s'il n'y a pas de sentiment de culpabilité (l'affaire du veau d'or)
L'enseignement du Seigneur (pardonner à notre frère)
L'oeuvre de Dieu dans la conscience du coupable et le service d'amour à accomplir envers celui-ci
Des relations fraternelles sans nuage résultant d'un pardon selon Dieu
Nous sommes exhortés à pardonner « comme Dieu aussi, en Christ, nous a pardonné », « comme le Christ nous a pardonné » (Eph. 4 : 32 ; Col. 3 : 13). Ces expressions ne nous donnent pas seulement la mesure du pardon - un pardon entier, sans réserve et sans qu'il reste dans notre coeur le moindre souvenir du tort qui nous a été fait, à l'exemple de Celui qui assure : « Et je ne me souviendrai plus jamais de leurs péchés, ni de leurs iniquités » (Héb. 10 : 17). Elles nous montrent aussi quelle est la nature du pardon que nous avons à exercer.
N'est-il pas vrai que nous savons trop peu, en général, ce qu'est le pardon à accorder à celui qui a pu nous faire quelque tort ? Nous manquons à cet égard tout autant pour ce qui est de la nature du pardon que pour ce qui est de sa mesure.
En ce qui concerne la mesure, si même nous arrivons à dire : « Je pardonne », n'ajoutons-nous pas souvent, sinon en paroles tout au moins en pensée : « Mais je n'oublierai jamais » ? Ce n'est pas là pardonner comme nous sommes invités à le faire selon Eph. 4 : 32 et Col. 3 : 13.
Mais, à l'opposé, il y a un autre écueil : nous pourrions croire qu'il faut toujours aller, et aussitôt, vers celui qui nous a occasionné quelque dommage, qui a péché contre nous et, quel que soit l'état dans lequel il se trouve, lui déclarer un pardon sans réserve. Ce ne serait pas là non plus pardonner comme nous avons à le faire, ce serait méconnaître la nature et le véritable caractère du pardon, encourager le coupable à passer à la légère sur le mal au lieu de lui être en aide.
Un péché commis, nous ne l'oublions que trop, est avant tout un péché contre Dieu. Le verset 4 du Psaume 51, entre autres passages, nous l'enseigne clairement. Par conséquent, assurer de notre pardon quelqu'un qui n'a pas jugé la gravité du péché qu'il a commis en fait contre Dieu Lui-même, ce ne serait pas chercher son bien et, par suite, ce ne serait pas l'aimer d'un amour vrai.
Nous comprenons donc pourquoi le verset 14 de Col. 3 nous est donné à la suite de l'exhortation du verset 13 : « vous pardonnant les uns aux autres, si l'un a un sujet de plainte contre un autre ; comme le Christ vous a pardonné, vous aussi faites de même. Par-dessus tout cela, revêtez-vous de l'amour, qui est le lien de la perfection ». L'amour cherche toujours, selon la pensée de Dieu et non selon nos propres pensées, le bien de la personne aimée ; il saura, chaque fois, suggérer les moyens à employer pour toucher le coeur, atteindre la conscience de celui qui a commis le tort, de telle manière qu'il le reconnaisse avec droiture, le confesse et s'en humilie. Le pardon peut alors être déclaré.
Comment Dieu, en Christ, nous a-t-Il pardonné ? Après la confession de nos péchés et l'expression d'une sincère repentance. Il est prêt à pardonner à tout pécheur, en vertu de l'oeuvre de la croix, sa justice étant pleinement satisfaite par le sacrifice expiatoire de Christ, mais Il ne peut exercer ce pardon qu'à l'égard d'un pécheur repentant. Serait-il question de pardon pour celui qui ne réalise pas d'abord qu'il en a besoin ?
Le principe que nous venons d'évoquer est vrai, qu'il s'agisse du pardon accordé au pécheur repentant qui vient à Dieu, se tournant vers Christ pour le salut de son âme, ou du pardon gouvernemental ; il s'agit dans ce dernier cas du pardon demandé à Dieu, en particulier par un croyant tombé en faute et qui subit les conséquences de sa désobéissance sous le juste gouvernement de Dieu.
A quel moment, par exemple, David peut-il dire à l'Éternel : « Tu as pardonné l'iniquité de mon péché » ? Après Lui avoir « fait connaître son péché » et avoir « confessé ses transgressions ». Avant qu'il en arrive là, tandis qu'il se taisait encore, il éprouvait ce dont il parle dans les versets 3 et 4 du Psaume 32, ne connaissant pas le bonheur d'être pardonné. Le seul fait qui amène David de l'état dépeint dans les versets 3 et 4 du Psaume à celui mentionné à la fin du verset 5 : « Tu as pardonné l'iniquité de mon péché », c'est la confession : « Je t'ai fait connaître mon péché, et je n'ai pas couvert mon iniquité ; j'ai dit : je confesserai mes transgressions à l'Eternel ».
Il en est encore ainsi lorsqu'il s'agit non plus d'un croyant, considéré isolément, mais du peuple de Dieu.
Lisons la prière de Salomon lors de la dédicace du temple et, en particulier, les versets 46 à 53 de 1 Rois 8. Citons aussi une partie de la réponse de l'Éternel à cette prière, telle que nous la trouvons dans le second Livre des Chroniques : « Si je ferme les cieux et qu'il n'y ait pas de pluie, et si je commande à la sauterelle de dévorer la terre, et si j'envoie la peste parmi mon peuple, et que mon peuple, qui est appelé de mon nom, s'humilie, et prie, et cherche ma face, et revienne de ses mauvaises voies, moi aussi j'écouterai des cieux, et je pardonnerai leur péché. » (7 : 13-14).
Qu'il s'agisse d'un manquement individuel ou du péché du peuple, le chemin est toujours le même : humiliation, confession devant Dieu, abandon de la mauvaise voie. C'est alors seulement que Dieu peut pardonner, et Il se plaît à le faire.
Tel est l'enseignement que nous trouvons aussi dans le Nouveau Testament : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1 : 9).
Combien Moïse aurait désiré que l'Eternel pardonne le péché du peuple après l'affaire du veau d'or ! Quelle intercession que la sienne lorsqu'il retourne vers l'Eternel : « Et maintenant, si tu pardonnes leur péché... ; sinon, efface-moi, je te prie, de ton livre que tu as écrit » (Ex. 32:32). Mais l'Eternel ne pouvait pas exaucer la prière de son serviteur : « ...le jour où je visiterai, je visiterai sur eux leur péché » (Ex. 32 : 34).
Pourquoi donc ne pardonne-t-Il pas ? Parce que le peuple n'a pas confessé son péché et ne s'en est pas repenti. Afin de les amener à le reconnaître publiquement, Moïse avait pourtant brûlé au feu le veau que les fils d'Israël avaient fait, l'avait moulu jusqu'à ce qu'il fut en poudre et répandu ensuite sur la surface de l'eau, eau qu'il leur fit boire. Mais le peuple n'exprime aucun sentiment de repentance et Aaron lui-même - le plus coupable sans aucun doute puisqu'avec Hur il avait la charge du peuple, en l'absence de Moïse monté sur la montagne - méconnaît complètement la responsabilité qui était la sienne.
Aaron rejette toute la faute sur le peuple : « tu connais le peuple, qu'il est plongé dans le mal ». Il donne à Moïse, dans le dessein de se disculper, un récit des faits très inexact. Combien est saisissante la comparaison que l'on peut établir entre les faits eux-mêmes et le récit que donne Aaron :
- « Et Aaron leur dit : Brisez les pendants d'or qui sont aux oreilles de vos femmes, de vos fils et de vos filles, et apportez-les moi. Et tout le peuple arracha les pendants d'or qui étaient à leurs oreilles, et ils les apportèrent à Aaron ; et il les prit de leurs mains, et il forma l'or avec un ciseau, et il en fit un veau de fonte » (Ex. 32 : 2-4).
- « Et je leur ai dit : Qui a de l'or ? Ils l'ont arraché et me l'ont donné ; et je l'ai jeté au feu, et il en est sorti ce veau » (v. 24).
D'après son récit, Aaron n'aurait rien fait d'autre que « jeter au feu » l'or qui lui avait été apporté par le peuple ; quant au veau de fonte, à l'en croire, il n'y serait pour rien : « ... il en est sorti ce veau ».
Ne nous arrive-t-il pas d'essayer, à la manière d'Aaron, de trouver quelques excuses à nos fautes, au lieu de les confesser avec droiture ?
Il n'y a donc aucun sentiment de culpabilité, aucune confession du péché, aucune repentance, ni parmi le peuple, ni chez Aaron auquel le peuple avait été confié par Moïse ; aussi l'Eternel ne pouvait pas pardonner.
Les différentes portions de la Parole que nous venons de considérer nous disent quel est le caractère du pardon que nous devons exercer, si nous voulons être « imitateurs de Dieu » (Eph. 4 : 32 ; 5 : 1). Cet enseignement est confirmé par le Seigneur Lui-même : « Si ton frère pèche, reprends-le, et s'il se repent, pardonne-lui ; si sept fois par jour il pèche contre toi, et que sept fois il retourne à toi, en disant : Je me repens, tu lui pardonneras » (Luc 17 : 3-4).
Sans doute doit-il y avoir dans nos coeurs, dès que le tort nous a été fait, un désir de grâce et de pardon à l'égard du coupable ; mais, dans la déclaration que nous pouvons lui en faire, le pardon est subordonné à la confession du péché et à la repentance.
La confession est souvent difficile à faire, la repentance pénible à réaliser. Un incrédule n'aime guère prendre une telle place devant Dieu ; entendre des choses agréables, chanter de beaux cantiques, il y consent parfois assez volontiers, mais il lui est dur de passer des versets 3 et 4 au verset 5 du Psaume 32. Et un croyant qui a péché éprouve la plupart du temps - car le coeur humain est toujours le même - d'aussi grandes difficultés à confesser avec droiture ce en quoi il a manqué et à s'en repentir sincèrement. Pour qu'un tel résultat soit produit, il faut une oeuvre que Dieu seul peut opérer dans la conscience.
Toutefois si l'humiliation, la confession et la repentance ne sont pas produites chez le coupable, celui auquel le tort a été fait doit-il demeurer indéfiniment dans une position d'attente, sans exercer quelque action que ce soit ? Ce serait un manque d'amour, peut-être tout autant que le fait d'aller déclarer un plein pardon à celui qui a commis la faute sans qu'il y ait eu de sa part confession du péché et expression d'un réel repentir.
Certainement Dieu seul peut opérer, mais Il se plaît à se servir d'instruments en vue de ce travail, dans nombre de cas tout au moins. Ne perdons pas de vue, sous prétexte de notre impuissance, la responsabilité qui est la nôtre dans un service à accomplir. Ce service doit être rempli, non pas avec le sentiment que c'est nous qui allons opérer dans un coeur, mais avec la confiance que Dieu voudra agir Lui-même, à son moment, répondant ainsi à l'attente de la foi.
L'amour dont Col. 3 : 14 nous exhorte à être « revêtus » conduira celui dont le coeur est disposé au pardon - mais qui pourtant ne peut encore le déclarer - vers celui dans la conscience duquel une oeuvre doit être faite. Et cet amour, s'exerçant dans la vérité, saura trouver le chemin du coeur ; il agira avec persévérance, sans se laisser rebuter par tout ce qui serait de nature à le décourager, et n'aura de repos dans ce service que lorsque celui qui a commis le tort, brisé par la seule puissante grâce de Dieu, aura été amené à la repentance et confessera son péché avec droiture et humiliation.
Les résultats seront manifestés quand le travail de Dieu aura été achevé. Alors, le pardon pourra être déclaré sans restriction ni réserve ; dans sa mesure et dans sa nature, ce sera vraiment un pardon selon Dieu.
Si nous savions mieux réaliser ces choses, nous verrions un heureux développement des relations fraternelles ; souvent, les nuages seraient vite et complètement dissipés. Hélas, que de manquements nous avons à confesser à ce sujet ! Il est si fréquent que nous laissions des différends, des fautes graves, sans qu'il y ait, de part et d'autre, les exercices et les activités auxquels la Parole nous convie. Parfois encore, nous accordons notre pardon sans attendre, et même sans essayer de produire, confession ou repentance, ce qui est sans doute beaucoup plus facile parce que cela ne nécessite aucun vrai travail de coeur, aucune manifestation de réelle sollicitude, mais ce qui entrave la restauration du coupable.
Dans un cas aussi bien que dans l'autre, il y a une perte et pour ceux qui sont intéressés à l'affaire et pour l'assemblée.
P. Fuzier - « Messager Evangélique » 1956 p. 85-91