LES DISPENSATIONS (10)
7 - Le gouvernement de Dieu
Après nous être occupés de la Loi, il ne sera pas hors de propos de nous arrêter un moment sur un sujet apparenté, celui du gouvernement de Dieu. Celui-ci tient une grande place dans toute l'Ecriture.
Dieu prend connaissance de toutes les actions des hommes ; il les pèse et les rétribue selon sa justice. « L'Eternel est un Dieu de connaissance, et par lui les actions sont pesées » (1 Sam. 2 : 3). « Voici le juste est rétribué sur la terre, combien plus le méchant et le pécheur ! » (Prov. 11 : 31). « Dieu amènera toute oeuvre en jugement, avec tout ce qui est caché, soit bien, soit mal» (Eccl. 12 : 14). « Moi, l'Éternel, je sonde le coeur, j'éprouve les reins ; et cela pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses actions » (Jér. 17 : 10). Et dans le Nouveau Testament : « On ne se moque pas de Dieu; car ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera » (Gal. 6, 7). C'est un principe valable dans toutes les dispensations.
La rétribution divine a un aspect actuel et un aspect futur. Les actions des hommes portent leurs conséquences durant leur vie, et elles en porteront au jour du jugement. On utilise le terme de gouvernement de Dieu pour désigner le principe de rétribution actuelle, c'est-à-dire au cours de notre passage sur la terre. Dieu agit comme gouverneur d'une parfaite justice. L'apôtre Pierre dit des gouverneurs qu'ils sont envoyés de la part de Dieu « pour punir ceux qui font le mal et pour louer ceux qui font le bien » (1 Pierre 2 : 14). Mais quelle que soit la manière dont ils s'acquittent de leur tâche, Dieu a la haute main sur tout et exerce son gouvernement selon la sagesse, sa toute-connaissance et sa souveraineté.
Le gouvernement au cours des dispensations
Dans le livre de la Genèse, c'est-à-dire avant la loi, nous voyons déjà ce gouvernement de Dieu, soit envers le monde (Babel, Sodome et Gomorrhe), soit envers les patriarches. Le principe que l'on moissonne ce que l'on a semé est remarquablement mis en évidence dans l'histoire de Jacob, comme aussi dans celle de ses fils.
La loi a un certain lien avec le gouvernement de Dieu. Non pas dans le fait que la loi formule les exigences de Dieu à l'égard de l'homme (ceci n'a rien à voir avec le gouvernement), mais en ce qu'elle annonce expressément les conséquences de l'obéissance ou de la désobéissance. Elle promet la vie et la bénédiction à celui qui la garde, la mort et la malédiction à celui qui la méprise. Le gouvernement de Dieu est donc implicitement contenu dans le principe de la loi: fais ces choses et tu vivras. Les commandements, les instructions et les avertissements donnés à Israël - de même que toute la bonté que Dieu avait témoignée à ce peuple qu'il avait choisi - augmentaient sa responsabilité et le plaçaient, aux termes mêmes de la loi, sous son gouvernement direct.
Le christianisme, malgré la révélation de la grâce, maintient dans toute sa force le principe du gouvernement de Dieu. « Si vous invoquez comme Père celui qui, sans acception de personnes, juge selon l'oeuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour ici-bas, sachant que vous avez été rachetés... par le sang précieux de Christ » (1 Pierre 1 : 17). Notre salut est assuré. Nous connaissons Dieu comme Père, mais il reste celui qui juge selon l'oeuvre de chacun. Plus encore que pour Israël autrefois, l'oeuvre de salut accomplie pour nous, et notre position indiciblement privilégiée, augmentent notre responsabilité. Et si Dieu disait à Israël qu'il avait pris pour son peuple : « Soyez saints, car moi je suis saint » (1 Pierre 1 : 15), il a encore plus de raisons de le dire à ceux qu'il a sanctifiés par le sang de Christ ! C'est pour quoi l'apôtre Pierre poursuit : « Comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite » (v. 16). Il ne s'agit pas pour nous d'acquérir un mérite ou une position par une marche dans l'obéissance et la fidélité. Il s'agit de marcher dans l'obéissance et dans la fidélité parce que Dieu nous a placés, par l'oeuvre de Christ, dans une position de sainteté, et a fait de nous ses enfants.
Selon le principe de la loi, la vie et la bénédiction étaient la rétribution - selon le gouvernement de Dieu - de la justice pratique. Selon le principe de la grâce, la vie et la bénédiction sont le don de Dieu à celui qui croit ; mais Dieu attend de ceux qu'il a justifiés qu'ils marchent dans la justice pratique, et leur marche porte avec elle ses conséquences présentes et futures. « Ne nous lassons pas en faisant le bien, car, au temps propre nous moissonnerons, si nous ne défaillons pas » (Gal. 6 : 9). Selon 1 Pierre 4 : 17, le gouvernement de Dieu commence par ceux qui appartiennent à sa maison, alors que ceux qui n'obéissent pas à l'évangile en seront les objets plus tard.
Le Millénium sera rétablissement parfait du gouvernement de Dieu sur la terre, exercé par Christ. Ce sera un gouvernement immédiat : « Chaque matin, je détruirai les méchants du pays (ou : de la terre), pour retrancher de la ville de l'Éternel tous les ouvriers d'iniquité » (Ps. 101 : 8).
Le gouvernement et la grâce
Si le principe du gouvernement de Dieu est simple à comprendre, la manière dont Dieu l'exerce est souvent hors de notre compréhension.
Les voies de Dieu envers les hommes ne comportent pas seulement son gouvernement. Elles sont caractérisées par plusieurs principes, qui chacun ont leur source dans ce que Dieu est en lui-même. Juste et saint, il se doit de juger et de rétribuer justement. Dieu d'amour, il se doit d'user de grâce et de patience. Dans sagesse, il sait comment allier des éléments qui peuvent nous paraître inconciliables. « Ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables » (Rom. 11 : 33).
« Parce que la sentence contre les mauvaises oeuvres ne s'exécute pas immédiatement, à cause de cela le coeur des fils des hommes est au-dedans d'eux plein d'envie de faire le mal » (Eccl. 8 : 11). La patience de Dieu a sa place dans toutes ses voies envers l'homme, et celui-ci, bien trop souvent, n'en profite pas. Elle « attendait » déjà « dans les jours de Noé » (1 Pier. 3 : 20), et elle attend encore aujourd'hui, tandis que la bonté de Dieu pousse les hommes à la repentance. Mais ceux qui la méprisent amassent pour eux-mêmes la colère « au jour... de la révélation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres » (Rom. 2 : 4-5).
Et ce n'est pas seulement la patience, mais la grâce de Dieu, que nous voyons constamment manifestée dans ses voies. Dès le début de l'histoire du peuple d'Israël, il se manifeste comme « l'Éternel, Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté et en vérité... pardonnant l'iniquité, la transgression et le péché, et qui ne tient nullement celui qui en est coupable pour innocent » (Ex. 34 : 6-7). Quelques siècles plus tard, le psalmiste reconnaît : « Il ne nous a pas fait selon nos péchés, et il ne nous a pas rendu selon nos iniquités » (Ps. 103 : 10).
Quand la rétribution a-t-elle lieu?
« J'ai vu le méchant puissant, et s'étendant comme un arbre vert croissant dans son lieu natal ; mais il passa, et voici il n'était plus ; et je l'ai cherché, et il ne s'est plus trouvé » (Ps. 37 : 35-36). Ici la rétribution s'exécute sous les yeux de celui qui s'exprime. Dans d'autres passages, elle est présentée au futur ; elle interviendra au jour où Dieu prendra en mains ses droits sur la terre : « Encore un peu de temps et le méchant ne sera plus ; et tu considéreras son lieu, et il n'y sera plus ; et les débonnaires posséderont le pays, et feront leurs délices d'une abondance de paix » (v. 10-11). Dieu décide souverainement si son jugement doit s'exécuter maintenant ou plus tard. Dans la perspective de l'Ancien Testament, il s'agit de toute façon d'un jugement en rapport avec la terre, la vie et la bénédiction n'étant pas révélées au-delà du Millénium.
Dans le Nouveau Testament, la rétribution est le plus souvent envisagée en rapport avec la venue du Seigneur : « Car le fils de l'homme viendra dans la gloire avec ses anges, et alors il rendra à chacun selon sa conduite » (Matt. 16 : 27) ; « Voici, je viens bien bientôt et ma récompense est avec moi, pour rendre à chacun selon que sera son oeuvre » (Apoc. 22 : 12). L'apôtre Paul parle très souvent du jour de la rétribution : « Ne jugez rien avant le temps, jusqu' à ce que le Seigneur aussi mettra en lumière les choses cachées des ténèbres, et qui manifestera les conseils des coeurs ; et alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu » (1 Cor. 4 : 5 ; cf. 2 Cor. 5 : 10). La pensée de la rétribution est associée à la venue du Seigneur en gloire (1 Thes. 3 : 13 ; 2 Thes. 1 : 10), celle de la délivrance finale, à sa venue pour prendre les siens auprès de lui (1 Thes. 1 : 10 ; 4 : 16-18).
Dans certains passages, le fait de la rétribution est mis en évidence sans que soit précisé le moment où elle est effectuée. Par exemple, à propos de l'aumône le Seigneur dit : « Ton Père qui voit dans le secret te récompensera » (Matt. 6 : 4). Il ne dit pas quand. De même, l'apôtre Paul écrit : « Celui qui sème chichement moissonnera aussi chichement, et celui qui sème libérale moissonnera aussi libéralement » (2 Cor. 9 : 6). Dans d'autres passages, la rétribution est manifestement pour le temps pendant lequel nous sommes sur la terre : « Du jugement dont vous jugerez, vous serez jugés ; et de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré » (Matt. 7 : 2). Parfois aussi, les deux étapes sont mentionnées : « Il n'y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou soeurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou champs, pour l'amour de moi et pour l'amour de l'évangile, qui n'en reçoive maintenant, en ce temps-ci, cent fois autant... avec des persécutions, et dans le siècle qui vient, la vie éternelle » (Marc 10 : 29-30).
Qui est celui qui rétribue?
Dans l'Ancien Testament, cette fonction appartient à l'Éternel, au « Dieu des rétributions »; c'est lui qui « rend certainement ce qui est dû » (Jér. 52 : 56). « Il rend à l'homme selon son oeuvre » (Prov. 24 : 12). Cependant il utilise très souvent des instruments humains, qui, sans même en avoir conscience, agissent de sa part (voir par ex. Jug. 1: 7 ; 2 Sam. 16: 11 ; Es. 10: 5-7).
Dans le Nouveau Testament, le jugement final est présenté comme appartenant à Jésus Christ. « Le Père ne juge personne, mais il a donné tout le jugement au Fils ; ...il lui a donné autorité de juger aussi, parce qu'il est Fils de l'homme » (Jean 5 : 22, 27; cf. Act. 17 : 31 ; Rom. 2 : 16). Par contre, le gouvernement des enfants de Dieu s'exerce de la part de leur Père : « Si vous invoquez comme père celui qui sans acception de personnes juge selon l'oeuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte... » (1 Pier. 1 : 17).
Gouvernement et discipline paternelle
La discipline paternelle, telle que la présente Hébreux 12 : 4-11, est l'ensemble des soins exercés par notre Père « afin que nous participions à sa sainteté » (v. 10). Entre la discipline et le gouvernement, il y a des éléments communs et des différences. Le gouvernement est une conséquence du passé, la discipline s'effectue en vue du futur. De plus, le gouvernement peut être un motif de joie ou de tristesse, suivant que nous avons semé « pour la chair » ou « pour l'Esprit ». Par contre, «aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie » (Héb. 12 : 11).
Un acte de gouvernement, lorsqu'il résulte du mal que nous avons fait, est une discipline dont notre Père se sert pour notre bien. Mais il y a des actes de discipline de Dieu qui ne sont aucunement une rétribution des mauvaises actions.
Nous voyons déjà cela dans l'Ancien Testament. Les amis de Job sont gravement trompés en confondant les voies de Dieu en discipline avec ses voies en gouvernement. Pour eux, les malheurs de Job ne pouvaient être que le jugement divin motivé par les fautes cachées du patriarche (Job 4 : 7-8). En réalité, Job était à l'école de Dieu. Il avait de grandes leçons à apprendre, et ses épreuves étaient envoyées de Dieu dans le but de les lui enseigner. Lorsque ce résultat fut atteint, « I'Eternel rétablit l'ancien état de Job » et il « bénit la fin de Job plus que son commencement » (42 : 10, 12).
J.-A. M – article paru dans le « Messager Evangélique » (1999 p. 240-276)
(A suivre)