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LES DISPENSATIONS (7)
 
 
5 - Le royaume de Dieu
 
                        Introduction
 
            Dieu, parce qu'il est Dieu, le Créateur, possède l'autorité sur toutes choses. En tout temps, il tient tout entre ses mains. Dans ce sens, il est parfois appelé Roi, et son autorité royaume (cf. Ps. 22 : 28 ; 103 : 19 ; Dan. 4 : 3, 34, 37). Mais les mots royaume de Dieu évoquent quelque chose qui n'a pas été de tout temps. Il était dans les plans de Dieu d'établir son autorité sur la terre, de manière qu'elle y soit reconnue publiquement et officiellement. Et c'est entre les mains du Fils de l'homme qu'il veut la placer, selon le Psaume 8. Le royaume de Dieu est la réalisation de ce dessein.
            Les expressions « royaume de Dieu », « royaume des cieux », « mon royaume »… sont fréquentes dans le Nouveau Testament, tout particulièrement dans la bouche du Seigneur. Beaucoup de paroles du Seigneur sont rapportées dans Matthieu avec « royaume des cieux » et dans un autre évangile avec « royaume de Dieu ».
            On peut être quelque peu déconcerté par l'apparente diversité de sens de ces expressions. Quand nous lisons : « Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point » (Marc 10 : 15), nos pensées se portent sur le ciel. Quand nous lisons les paraboles de Matthieu 13 : « Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde... à du levain... à un trésor caché... à un marchand qui cherche de belles perles... », nos pensées s'orientent vers l'état actuel de la chrétienté ou vers l'Eglise. Quand nous entendons le Seigneur dire à ses disciples : « Et moi, je vous confère un royaume comme mon Père m'en a conféré un, afin que... vous soyez assis sur des trônes, jugeant les douze tribus d'Israël » (Luc 22 : 29), nous pensons au Millénium.
            Les choses s'éclairent lorsqu'on saisit que le royaume de Dieu est intimement lié à la venue de Christ sur la terre. C'est, selon les prophéties de l'Ancien Testament, l'ère qui doit être introduite par la venue du Messie pour Israël, et par la domination universelle du Fils de l'homme. Cette ère est caractérisée par l'autorité de Dieu établie et reconnue officiellement sur la terre, et par une abondance de bénédictions.
            Lors de sa première venue, le Seigneur Jésus proclame que le temps est accompli et que le royaume de Dieu s'est approché. Mais voilà que le Roi est rejeté et crucifié. Un état de choses nouveau, que l'Ancien Testament n'avait pas révélé, est alors introduit. Le royaume est établi sous une forme mystérieuse et transitoire, le Roi étant dans le ciel, et ses sujets sur la terre. Pendant ce temps, les droits du Roi ne sont reconnus que de ceux qui l'ont reçu par la foi, et eux-mêmes sont des étrangers sur la terre. Les Juifs perdent pour un temps leurs privilèges particuliers et le salut est offert à toutes les nations. L'Église se constitue.
            Après ce temps, par la seconde venue de Christ, sa venue avec puissance et avec gloire, les plans de Dieu concernant le royaume s'accomplissent en plénitude.
            Le sujet du royaume est donc étroitement lié à celui des dispensations.
                        - Durant la dispensation de la loi, le royaume est annoncé comme une chose future.
                        - Durant la vie du Seigneur sur la terre, le royaume est proposé, mais rejeté : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous » (Luc 19 : 14). Le plein accomplissement du royaume est différé.
                        -Durant le temps de l'Église, le royaume existe, mais sous une forme mystérieuse. Israël comme peuple est mis de côté pour un temps, et l'évangile est prêché à toutes les nations.
                        - Lors du Millénium, le royaume est établi en gloire. C'est le temps du «rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps» (Act. 3 : 21), la glorieuse réponse de Dieu à l'introduction du péché dans le monde.
 
 
                        L'annonce du royaume, dans l'Ancien Testament
 
            Après le premier roi d'Israël – Saül, le roi selon le coeur de l'homme - Dieu choisit David, «un homme selon son coeur», et lui donne la royauté sur son peuple. Il agit envers lui selon sa grâce souveraine. Non seulement il comble David de ses faveurs, mais il fait une alliance avec lui - une alliance inconditionnelle, comme celle qu'il avait faite avec Abraham. Il lui dit : « Quand tes jours seront accomplis et que tu dormiras avec tes Pères, je susciterai après toi ta semence... et j'affermirai son royaume. Lui, bâtira une maison à mon nom; et j'affermirai le trône de son royaume pour toujours. Moi, je lui serai pour Père, et lui me sera pour fils... Et ta maison et ton royaume seront rendus stables à toujours devant toi, ton trône sera affermi pour toujours » (2 Sam. 7 : 12-16). Salomon a bien eu le privilège d'hériter du trône de David et de bâtir une maison pour l'Éternel, mais la fin de son règne a été une faillite. Et ses descendants n'ont eu la royauté que pendant quelques siècles. Ce n'est qu'en Christ, le Fils de Dieu, que les promesses faites à David se réaliseront parfaitement. Dans le récit de 1 Chroniques 17, parallèle à celui de 2 Samuel 7, l'Éternel ne dit pas seulement ton royaume (celui de David) et son royaume (celui du fils de David), mais mon royaume (v. 14). Dieu, en quelque sorte, revendique pour lui le royaume de David. Dans le même livre, on voit Salomon « s'asseoir sur le trône du royaume de l'Éternel sur Israël » (28 : 5).
            Le prophète Daniel nous conduit plus loin. Tout d'abord, par l'interprétation du songe de la grande statue aux pieds de fer et d'argile, il nous montre toutes les autorités terrestres définitivement balayées devant celle que Dieu établira : « Et dans les jours de ces rois, le Dieu des cieux établira un royaume qui ne sera jamais détruit ; et ce royaume ne passera point à un autre peuple ; il broiera et détruira tous ces royaumes, mais lui, il subsistera à toujours » (Dan. 2 : 44). Ensuite, au chapitre 7, le prophète nous fait voir « quelqu'un comme un fils d'homme » s'approchant de « l'Ancien des jours » et recevant « la domination, et l'honneur, et la royauté », pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servent. « Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » (v. 13, 14). Celui qui règne ici, ce n'est plus le Fils de David (bien que ce soit la même personne), c'est le Fils de l'homme. L'étendue de sa domination, ce n'est plus Israël et les nations voisines, c'est toute la terre. Le même chapitre 7 nous montre en outre « des saints » qui reçoivent et qui possèdent le royaume (v. 18, 22, 27).
            L'Ancien Testament ne va pas au-delà de ce règne glorieux, et utilise pour le décrire les expressions « éternel », « à jamais », « qui subsiste à toujours », « qui n'est jamais détruit ». Ce royaume n'aura pas de fin, dans le sens que rien sur la terre ne pourra en arrêter le cours. Nous savons par le Nouveau Testament qu'il durera mille ans (Apoc. 20 : 1-7), d'où son nom de Millénium.
            De nombreuses prophéties décrivent ce règne de justice et de paix sous le sceptre du Messie (voir, entre autres passages, Psaume 101, Esaïe 2 : 2-4 ; 11 : 1-10, Jérémie 32 : 37-33, 18, Ezéchiel 40-48). C'est la bénédiction finale de la terre, introduite par le jugement de tout ce qui s'oppose à Dieu. En fait, l'Ancien Testament lie tout ce que Dieu peut avoir en réserve pour ses saints - la bénédiction, la vie, le bonheur, la gloire - à ce royaume qu'il établira sur la terre.
 
 
                        La prédication du royaume, dans les Évangiles
 
            Ce qui précède explique le sens général que l'expression royaume de Dieu a encore dans le Nouveau Testament. Dans ce sens général, les expressions « entrer dans le royaume », « hériter de la vie éternelle » et « être sauvé » sont pratiquement équivalentes. On le voit par exemple dans l'histoire du jeune homme riche. Il s'informe pour savoir ce qu'il doit faire pour « avoir la vie éternelle » ; le Seigneur lui parle « d'entrer dans la vie », puis il dit aux disciples la difficulté pour un riche « d'entrer dans le royaume de Dieu » ; les disciples se demandent alors qui peut « être sauvé » ; dans sa conclusion, le Seigneur parle « d'hériter de la vie éternelle » (Matt. 19 : 16, 17, 23, 24, 25, 29). Dans les épîtres, L'expression « hériter du royaume de Dieu » est aussi employée dans le même sens (cf. 1 Cor. 6 : 9, 10 ; Gal. 5 : 21).
            Lorsque le Seigneur Jésus est venu sur la terre, l'empire romain (celui que représentent les pieds de la statue de Daniel 2) avait le pouvoir universel. Tout était prêt pour que « la pierre... détachée sans mains»  broie la statue et devienne « une grande montagne qui remplit toute la terre », c'est-à-dire pour que le Christ établisse son règne.
            L'ange annonce à Marie : « Il sera grand et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père ; et il régnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n'y aura pas de fin à son royaume » (Luc 1 : 32, 33). Sa venue est envisagée d'abord pour Israël.
            Lorsque Jésus paraît, Jean le Baptiseur, puis le Seigneur lui-même, et enfin ses disciples, proclament le message : « Repentez-vous, car le royaume des cieux s'est approché » (Matt. 3 : 2 ; 4 : 17 ; 10 : 7). Dans le Sermon sur la montagne, le Seigneur explique les principes moraux du royaume (Matt. 5-7). Puis il va « par toutes les villes et par les villages, enseignant... et prêchant l'évangile du royaume, et guérissant toute maladie et toute langueur » (9 : 35).
 
 
                        Le rejet du Roi
 
            Mais très tôt l'hostilité des Juifs se manifeste, hostilité qui n'est d'ailleurs que celle de l'homme à l'égard de Dieu. « La lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l'ont pas comprise » (Jean 1 : 5). Au patient travail d'amour du Seigneur, à sa bonté incomparable envers les malheureux, répond la dureté du coeur humain. Pourquoi ? - « Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs oeuvres étaient mauvaises » (Jean 3 : 19).
            L'évangile de Matthieu, tout particulièrement, nous montre l'historique de ce rejet. En raison de celui-ci, à partir du chapitre 13, le Seigneur expose par des paraboles ce qu'il appelle « les mystères du royaume des cieux » (13 : 11). Le Roi étant rejeté, le royaume prend une forme particulière, qui n'avait pas été révélée précédemment. Les enseignements du Christ vont être reçus par les uns et rejetés par les autres, de sorte que le monde va être semblable à un champ dans lequel l'ivraie est mêlée au bon grain (13 : 37, 38).
            Le Roi va être caché dans les cieux pour un temps, objet de foi pour les siens. « Toute autorité m'a été donnée dans le ciel et sur la terre », dit-il (28 : 18) ; mais cette autorité ne va être reconnue que par ceux qui l'ont reçu personnellement comme leur Sauveur. L'expression « royaume des cieux » évoque ce caractère particulier du royaume dont le Roi est dans le ciel, alors que ses sujets sont dans un monde qui, de façon générale, le rejette et les rejette. Déjà dans le Sermon sur la montagne, le Seigneur parle de la récompense céleste et future de ceux qui sont actuellement persécutés à cause de la justice ou à cause de lui : « Votre récompense est grande dans les cieux », dit-il (Matt. 5 : 10-12). Ce monde traitera les disciples du royaume comme il a traité le Seigneur. Nous devons savoir que « c'est par beaucoup d'afflictions qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Act. 14 : 22).
 
 
                        La porte du royaume ouverte aux nations
 
            Cependant, en raison du rejet du Messie par les Juifs, « le salut parvient aux nations » (Rom. 11 : 11). Dès le jour de la Pentecôte, la bonne nouvelle est proclamée dans toutes les langues. Elle est pour tous; elle est aussi pour ceux qui étaient autrefois « sans Christ, sans droit de cité en Israël et étrangers aux alliances de la promesse, n'ayant pas d'espérance, et étant sans Dieu dans le monde » (Eph. 2 : 12). Pierre, qui avait reçu du Seigneur « les clefs du royaume des cieux » (Matt. 16 : 19), en fait usage en faveur des nations lorsque Corneille et les siens sont publiquement unis aux croyants Juifs (Act. 10). Et le livre des Actes nous montre en détail comment Dieu a « ouvert aux nations la porte de la foi » (14 : 27).
            Depuis la Pentecôte, tous ceux qui croient sont retirés soit du peuple Juif soit des nations auxquelles ils appartenaient, et constituent l'assemblée de Dieu. Mais en même temps, ils sont disciples du royaume. L'apôtre Paul dit aux anciens d'Ephèse qu'il a passé parmi eux « en prêchant le royaume de Dieu » (Act. 20 : 25). C'est un des aspects de sa prédication (cf. v. 21, 24, 27). Aux chrétiens de Rome, il enseigne que « le royaume de Dieu n'est pas manger et boire, mais justice, et paix, et joie dans l'Esprit Saint » (Rom. 14 : 17). En attendant le retour du Seigneur, nous avons à marcher « d'une manière digne de Dieu, qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire » (1 Thes. 2 : 12).
            L'Église et le royaume sont deux choses différentes, mais tous ceux qui font partie de l'Église appartiennent au royaume. Ainsi, les caractères moraux que doivent porter les disciples du royaume, selon ce que le Seigneur Jésus a déjà enseigné dans les Évangiles, doivent être vus en nous.
            Signalons une différence caractéristique entre le royaume et l'Église. Dans le royaume tel qu'il est décrit par la deuxième parabole de Matthieu 13, l'ivraie et le froment doivent « croître tous deux ensemble jusqu' à la moisson » (v. 30), c'est-à-dire jusqu' à « la consommation du siècle » (v. 39). Il en est ainsi parce que « le champ, c'est le monde » (v. 37). L'autorité du Roi n'est pas revendiquée sur le monde pendant toute cette période. Dans l'Église, il en est tout autrement. Le mal et « le méchant » doivent être ôtés de l'assemblée, « car le temple de Dieu est saint » (1 Cor. 5 : 7, 13 ; 3 : 17). Pendant le temps de l'Église, évoqué par les sept assemblées d'Asie, le Fils de l'homme apparaît comme juge de ce qui se réclame de son nom (Apoc. 1 : 13). Plus tard, le même Fils de l'homme apparaît dans le ciel et lance « sa faucille sur la terre » parce que « l'heure de moissonner » est venue (Apoc. 14 : 15).
 
 
                        L'établissement du royaume de Dieu
 
            On peut en distinguer trois étapes :
                        - « Etant interrogé par les pharisiens quand viendrait le royaume de Dieu », le Seigneur leur répond : « Voici, le royaume de Dieu est au milieu de vous » (Luc 17 : 20, 21). Il était là dans la personne du Roi. Ainsi qu'il l'avait dit aussi : « Si moi je chasse les démons par l'Esprit de Dieu, alors le royaume de Dieu est parvenu jusqu' à vous » (Matt. 12 : 28).
                        - Le royaume lui-même a été établi - sous la forme mystérieuse où le présentent les paraboles de Matthieu - dès l'élévation du Seigneur Jésus dans la gloire. Ceci est confirmé par Daniel 7 : 13, 14, où l'on voit le Fils de l'homme s'approcher de l'Ancien des jours et recevoir le royaume. De même, en Hébreux 2, Jésus est « couronné de gloire et d'honneur », Dieu « a assujetti toutes choses sous ses pieds », mais « nous ne voyons pas encore que toutes choses lui soient assujetties » (v. 7, 8).
                        - Sous sa forme complète et glorieuse, le royaume ne paraîtra qu'après les jugements que nous décrit l'Apocalypse, dans les chapitres 6-19. L'empire romain aura été reconstitué, après une longue éclipse, pour permettre l'accomplissement exact de la prophétie de Daniel 2. Rétablissement du règne est présenté de façon brève dans les versets 1-6 d'Apocalypse 20. C'est là que nous apprenons que sa durée est de mille ans, et que pendant ce temps Satan sera lié, dans l'impossibilité de séduire les hommes.
            Cet état de félicité et de bénédiction incomparables comprendra non seulement la partie terrestre que l'Ancien Testament décrit abondamment, mais une partie céleste sur laquelle l'Ecriture ne dit que peu de choses. Les croyants qui auront traversé les tribulations sans y laisser leur vie - c'est-à-dire le résidu juif et les gens des nations qui auront reçu l'évangile du royaume (Marc 13 : 10) - vivront cette période sur la terre. Par contre, les fidèles qui auront laissé leur vie « pour le témoignage de Jésus et pour la parole de Dieu » participeront à « la première résurrection » (Apoc. 20 : 4, 5). Avec les croyants qui auront été enlevés au ciel lors du retour du Seigneur, ils constitueront la partie céleste du royaume. C'est d'eux sans doute que le Seigneur parle lorsqu'il dit : « Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père (Matt. 13 : 43). Et l'apôtre Paul dit : « Le Seigneur me délivrera de toute mauvaise oeuvre et me conservera pour son royaume céleste » (2 Tim. 4 : 18).
            Aujourd'hui déjà, Christ a été « haut élevé », et a reçu « un nom au-dessus de tout nom ». Mais en ce jour-là, « tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux » se ploiera devant lui, et « toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2 : 8-11).
 
 
                        Le royaume remis à Dieu le Père
 
            Les royaumes de la terre auront tous eu leur période de gloire, puis de déclin. Ils auront passé et fait place à d'autres royaumes, Dieu manifestant ainsi son jugement à l'égard de ceux qui les gouvernent (cf. Dan. 5 : 26-28 ; 7 : 11, 12). Mais bien différent sera le royaume de Christ. Après avoir évoqué les grands empires des nations, Daniel dit, en parlant du royaume donné au Fils de l'homme : « Et on lui donna la domination, et l'honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servissent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » (7 : 14).
            Dans un sens, ce royaume est donc éternel. Ceux qui sont entrés « dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ » (2 Pierre 1 : 11) y sont certainement pour toujours. Et la gloire de Christ manifestée dans le royaume ne saurait avoir de fin.
            Cependant l'Ecriture nous montre les événements qui doivent arriver « quand les mille ans seront accomplis » (Apoc. 20 : 7 et suivants). En relation avec le sujet de la résurrection, l'apôtre Paul évoque le moment où Christ remettra le royaume à Dieu le Père (1 Cor. 15 : 24-28). Ce passage nous présente le royaume comme une administration confiée par Dieu à Christ, l'Homme de ses conseils. En lui confiant le royaume Dieu lui assujettit toutes choses, selon la prophétie du psaume 8. Or ce n'est pas seulement d'une domination de principe qu'il s'agit, mais d'une domination effective. Ainsi, « il faut qu'il règne jusqu' à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds » (v. 25). Et « le dernier ennemi qui sera aboli, c'est la mort » (v. 26). La mort sera contrainte à restituer toutes ses proies, puis sera elle-même jetée dans l'étang de feu (Apoc. 20 : 14). Et quand Christ aura achevé la tache que Dieu lui aura confiée, « quand il aura aboli toute principauté, et toute autorité, et toute puissance » (1 Cor. 15 : 24), «  quand toutes choses lui auront été assujetties » (v. 28), alors il remettra le royaume à Dieu le Père, dans un état de perfection.
            « Alors le Fils aussi lui-même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous » (v. 28). Comme homme, le Seigneur Jésus garde pour l'éternité une place de sujétion à Dieu, celle qu'il avait prise en venant sur cette terre. Cependant c'est la place de la gloire suprême et non plus celle de l'humiliation. Le gouvernement médiatorial de l'homme aura disparu, il sera absorbé dans la suprématie de Dieu à laquelle il n'y aura plus d'opposition... Ici, Christ nous est présenté comme déposant cette autorité qui lui a été conférée, et rentrant dans la position normale de l'humanité, dans la position d'un être assujetti à celui qui lui avait tout assujetti. Mais à travers tout, la nature divine du Christ ne change jamais, ni sa nature humaine non plus, avec cette différence que l'humiliation aura été échangée contre la gloire. Mais Dieu sera alors tout en tous, et le gouvernement spécial de l'homme dans la personne de Jésus - gouvernement auquel l'Assemblée est associée - sera fondu dans la suprématie immuable de Dieu, dans la relation finale et normale de Dieu avec sa créature » (J.N. Darby, Études sur la Parole).
 
 
                        Remarque au sujet du « royaume des cieux »
 
            L'expression royaume de Dieu est générale; elle pourrait - semble-t-il - être utilisée dans tous les contextes. Par contre, l'expression royaume des cieux a un caractère dispensationnel bien marqué - tout comme l'évangile de Matthieu où on la trouve. Car en effet, elle ne se trouve que dans cet évangile, où elle est presque toujours utilisée. Or la relation de Christ, le Messie, le Roi, avec le peuple d'Israël, et son rejet, sont particulièrement en vue dans Matthieu.
            On a défini le royaume de Dieu comme la sphère morale dans laquelle les droits de Dieu sont reconnus. Quant au royaume des cieux, c'est la terre sous le gouvernement du ciel, où le Roi est caché. Lorsque le Seigneur était sur la terre, le royaume de Dieu était là, dans un sens moral ou spirituel. Mais le royaume des cieux était encore une chose future. Il n'a été établi que lorsque le Fils de l'homme a été élevé dans la gloire. Cela explique pourquoi le Seigneur emploie l'expression « royaume de Dieu » au lieu de « royaume des cieux » dans des passages comme : « le royaume de Dieu est parvenu jusqu' à vous » (Matt. 12 : 28) ou « le royaume de Dieu vous sera ôté » (21 : 43).
 
 
                            J.-A. M – article paru dans le « Messager Evangélique » (1999 p. 44-56)
 
(A suivre)