LES DISPENSATIONS (6)
4 - Les alliances
On trouve dans les Ecritures plusieurs alliances établies par Dieu avec l'homme.
La première est celle que Dieu a faite avec Noé et ses fils, après le déluge. Dieu s'est engagé à ne plus détruire la terre par un déluge, et comme signe de cet engagement, il a mis son arc dans la nuée (Gen. 9 : 8-17).
Toutes les autres alliances concernent Abraham ou sa descendance terrestre (Rom. 9 : 4 ; Eph. 2 : 12). Trois alliances successives caractérisent les voies de Dieu envers cette famille privilégiée :
- l'alliance faite avec Abraham,
- l'ancienne alliance, conclue avec Israël au Sinaï, lors de sa délivrance d'Egypte,
- la nouvelle alliance, promise à Israël pour un temps qui est encore futur.
La relation de Dieu, ou du Seigneur Jésus, avec les croyants de l'époque actuelle n'est pas une alliance ; elle n'est pas appelée ainsi dans l'Ecriture.
L'alliance faite avec Abraham
Son point de départ est l'appel d'Abraham, alors qu'il était encore à Ur des Chaldéens (Gen. 12 : 1-3). L'alliance elle-même est formellement établie au chapitre 15 de la Genèse (v. 18). Elle est confirmée au chapitre 17 (v. 1-22) et étendue au chapitre 22 (v. 15-18). La circoncision en est le signe. Cette alliance a le caractère d'une promesse de Dieu, d'une promesse inconditionnelle (Gal. 3 : 15-17). En outre, c'était une alliance perpétuelle (Gen. 17 : 7, 13, 19 ; Ps. 105 : 10). Celle qui sera conclue plus tard au Sinaï avec le peuple d'Israël en est une suite - avec des différences essentielles -, mais elle ne saurait annuler la première. L'Ecriture le souligne expressément en Galates 3 : 17 : « La loi, qui est survenue 430 ans après, n'annule point une alliance antérieurement confirmée par Dieu, de manière à rendre la promesse sans effet ». Ainsi, dans sa prédication de l'évangile aux Juifs, en Actes 3, Pierre considère ceux auxquels il s'adresse comme les « fils de l'alliance » que Dieu a établie avec Abraham (v. 25). Les bénédictions que Christ leur apporte sont donc l'accomplissement des promesses divines au patriarche.
L'ancienne alliance
Elle intervient au début de l'histoire d'Israël comme peuple, sitôt après sa délivrance d'Egypte. Elle est intimement liée à la loi : les dix commandements sont appelés « les paroles de l'alliance » (Ex. 34 : 28). Nous avons le récit de son institution formelle en Exode 24 : 1-8. Moïse lit les commandements de Dieu au peuple, qui s'engage aussitôt à y obéir. Des sacrifices sont offerts et il est fait aspersion de leur sang sur le peuple. C'est « le sang de l'alliance » (v. 8 ; cf. Héb. 9 : 18-20). Ce signe de mort évoque la sanction pénale qui s'attache à la transgression de la loi.
Ce qui rend cette alliance essentiellement différente de la précédente, c'est qu'elle est un engagement bilatéral. La bénédiction du peuple est maintenant conditionnelle. Dieu dit : « Si vous écoutez attentivement ma voix et si vous gardez mon alliance, vous m'appartiendrez en propre d'entre tous les peuples ... » (Ex. 19 : 5). Et Israël, après avoir entendu les commandements, répond d'une seule voix : « Toutes les paroles que l'Eternel a dites, nous les ferons » (24 : 3).
Tout au long de son histoire, le peuple sera rappelé à cette alliance par la voix des prophètes. Des rois pieux, tels qu'Ezéchias ou Josias, la renouvelleront en y faisant entrer le peuple (2 Chron. 29 : 10 ; 34 : 31, 32). Esdras et Néhémie de même, en établissant un écrit et en y apposant des sceaux (Néh. 9 : 38 et chapitre suivant). Peine perdue ! Neuf siècles d'épreuve de ce peuple mettront en évidence l'incapacité totale de l'homme à garder la loi divine. Ils manifesteront aussi, pour notre consolation, l'immense patience de Dieu.
Finalement pourtant, cette patience arrive à son terme, et Dieu rejette son peuple. Mais à l'époque même où cela a lieu, où Jérusalem est détruite et où ce qui reste du peuple est emmené en captivité à Babylone, Dieu annonce par la bouche de Jérémie qu'il établira avec Israël une nouvelle alliance, d'un caractère tout différent de la première.
La nouvelle alliance
« Voici, des jours viennent, dit l'Eternel, et j'établirai avec la maison d'Israël et avec la maison de Juda une nouvelle alliance, non selon l'alliance que je fis avec leurs pères, au jour où je les pris par la main pour les faire sortir du pays d'Egypte, mon alliance qu'ils ont rompue, quoique je les eusse épousés ... » (Jér. 31 : 31-34). Ce passage capital, cité in extenso en Hébreux 8 et commenté au chapitre suivant, met l'accent sur le fait que la nouvelle alliance est établie sur une tout autre base que l'ancienne.
D'abord, c'est une alliance avec un seul contractant, comme celle que Dieu avait faite avec Abraham. Mais elle va plus loin.
Elle est fondée sur l'oeuvre de Dieu lui-même dans les coeurs : « Je mettrai ma loi au-dedans d'eux, et je l'écrirai sur leur coeur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (v. 33). Sous la première alliance, comme aussi dans la famille d'Abraham, la relation avec Dieu pouvait n'être qu'extérieure. Le peuple a pu compter - tout au moins à certaines époques - une multitude de personnes dont le coeur était éloigné de Dieu, alors qu'un bien petit nombre seulement avaient la foi et le craignaient. Dans les temps glorieux qu'annonce le prophète, il n'en sera pas ainsi : « Ils n'enseigneront plus chacun son prochain, et chacun son frère, disant : Connaissez l'Eternel ; car ils me connaîtront tous, depuis le petit jusqu'au grand » (v. 34). En ce jour-là, « la terre sera pleine de la connaissance de l'Eternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer » (Es. 11 : 9).
De plus, la nouvelle alliance est fondée, comme l'indique Hébreux 9 : 14-17, sur la mort de Christ à la croix ; son sang est « le sang de la nouvelle alliance » (Marc 14 : 24). Le fait que le Seigneur emploie une expression en rapport avec Israël n'a rien d'étonnant. Dans les versets précédents, Il a célébré la pâque avec ses disciples et au verset suivant, Il parle du royaume de Dieu. Les enseignements du Seigneur dans les évangiles, surtout dans les trois premiers, sont essentiellement dans un cadre juif.
C'est sur cette base de la nouvelle alliance que Dieu pourra accorder aux siens un pardon entier : « Je pardonnerai leur iniquité, et je ne me souviendrai plus de leur péché » (v. 34).
Les bénédictions qu'apportera cette alliance sont moralement très proches de l'évangile de la grâce tel que nous le connaissons, mais la nouvelle alliance elle même sera faite avec Israël, comme le précisent les passages de Jérémie 31 et de Hébreux 8 : « J'établirai avec la maison d'Israël et avec la maison de Juda... », « je conclurai pour la maison d'Israël et pour la maison de Juda... ». Il n'est jamais question d'alliance avec l'Eglise. Ceux qui croient en Jésus aujourd'hui sont retirés soit d'entre les juifs soit d'entre les nations pour constituer l'assemblée. Ils sont individuellement au bénéfice des bénédictions spirituelles de la nouvelle alliance, mais en aucune manière des bénédictions terrestres qu'elle apportera.
Et ces dernières sont entièrement futures. Bien que le sang de la nouvelle alliance ait été versé, la relation actuelle d'Israël avec Dieu est celle d'un peuple mis de côté pour un temps. Ce peuple est encore « Lo-Ammi » (cf. Osée 1 : 9 et 2 : 23). « Leurs entendements ont été endurcis, car jusqu'à aujourd'hui, dans la lecture de l'ancienne alliance, ce même voile demeure sans être levé, lequel prend fin en Christ. Mais jusqu'à aujourd'hui, lorsque Moise est lu, le voile demeure sur leur coeur; mais quand il se tournera vers le Seigneur, le voile sera ôté » (2 Cor. 3 : 14, 15). Au verset 6 du même chapitre, l'apôtre Paul s'intitule ministre de la nouvelle alliance. Au verset 14 il parle de la lecture de l'ancienne alliance. Il n'est pas sans intérêt de remarquer qu'en grec, comme le signale une note à Hébreux 9 : 16, alliance et testament sont le même mot. Ainsi, ce passage de 2 Corinthiens 3, comme celui de Hébreux 9, peuvent bien être à l'origine des appellations Ancien et Nouveau Testament. Ce qui ne veut certainement pas dire que nous devions identifier ces deux parties de la Bible à l'ancienne et à la nouvelle alliance !
Le prophète Ezéchiel, à peu près contemporain de Jérémie, parle aussi de la nouvelle alliance : « Je ferai avec eux une alliance de paix; ce sera, avec eux, une alliance éternelle » (37 : 26). Dans cette partie de son livre, il annonce le retour d'Israël dans sa terre (34 : 13), son rétablissement comme peuple de Dieu (34 : 30), l'oeuvre de Dieu dans les coeurs, ôtant le « coeur de pierre » et donnant un « coeur de chair » (36 : 26) ; il annonce le règne du Messie (34 : 23 ; 37 : 24) et le sanctuaire de l'Eternel de nouveau au milieu d'Israël, et cela pour toujours (37 : 26). Ces passages montrent clairement que la nouvelle alliance ne sera véritablement effective que dans un jour à venir, même si « le sang de la nouvelle alliance » a déjà été répandu.
Rappelons que les bénédictions de l'Eglise, ou de ceux qui la composent, dépassent de beaucoup celles de la nouvelle alliance. L'union des croyants avec Christ par le Saint Esprit, telle qu'elle est décrite notamment dans l'épître aux Ephésiens, est un privilège exclusif des chrétiens. En outre, les croyants de l'époque actuelle sont des étrangers sur la terre ; ils suivent un Sauveur rejeté et méprisé du monde. Le résidu d'Israël qui héritera du royaume millénaire, de même que les gens des nations qui y auront part, n'y seront nullement des étrangers. Sur une terre purifiée par les jugements, ils seront les sujets d'un Christ glorieux dont l'autorité sera reconnue de tous.
Liens entre ces trois alliances
Les trois alliances que nous venons de considérer correspondent à trois dispensations de Dieu envers Israël ou ses ascendants directs : celle des patriarches, celle de la loi, et le Millénium. Malgré les grandes différences qu'il y a entre ces alliances et ces dispensations, on discerne dans la succession des alliances le développement des merveilleux desseins de Dieu.
Vues ensemble, elles nous présentent cette mise à part, cette bénédiction, qui plonge ses racines dans les promesses faites à Abraham, qui se manifeste au cours de l'histoire passée d'Israël, en dépit de ses infidélités, et qui s'épanouit pleinement dans le Millénium.
Dans plusieurs passages de l'Ecriture, l'alliance de Dieu avec Abraham est présentée comme l'origine de toutes les bénédictions d'Israël, qu'il s'agisse de sa délivrance d'Egypte et de son introduction dans le pays promis, ou de sa restauration future.
C'est ainsi que nous lisons au début de l'Exode : « Dieu ouït leur gémissement, et Dieu se souvint de son alliance avec Abraham, avec Isaac et avec Jacob. Et Dieu regarda les fils d'Israël, et Dieu connut leur état » (2 : 24, 25). « J'ai aussi entendu le gémissement des fils d'Israël, que les Egyptiens font servir, et je me suis souvenu de mon alliance » (6 : 5).
En Lévitique 26 déjà, après la description de la faillite d'Israël sur le terrain de sa responsabilité, la restauration finale du peuple est annoncée. Et Dieu relie celle-ci aux promesses faites aux patriarches : « Je me souviendrai de mon alliance avec Jacob, et aussi de mon alliance avec Isaac, et... de mon alliance avec Abraham, et je me souviendrai de la terre » (v. 42). De la même manière, on lit dans un prophète : « Tu accompliras envers Jacob ta vérité, envers Abraham ta bonté, que tu as jurées à nos pères dès les jours d'autrefois » (Michée 7 : 20). Voir aussi Luc 1 : 72.
Mais cette restauration finale du peuple, c'est-à-dire les bénédictions de la nouvelle alliance, sont aussi reliées à l'ancienne alliance. Non pas, bien sûr, à la responsabilité de l'homme sous la loi, mais au déploiement de la bonté de Dieu envers ceux qu'il avait rachetés et dont il avait bien voulu faire son peuple. « Même alors, quand ils seront dans le pays de leurs ennemis, je ne les mépriserai pas et je ne les aurai pas en horreur pour en finir avec eux, pour rompre mon alliance avec eux; car moi je suis l'Eternel, leur Dieu ; et je me souviendrai en leur faveur de l'alliance faite avec leurs ancêtres, lesquels j'ai fait sortir du pays d'Egypte, sous les yeux des nations, pour être leur Dieu » (Lév. 26 : 44, 45). « Je me souviendrai de mon alliance avec toi dans les jours de ta jeunesse, et j'établirai pour toi une alliance éternelle » (Ezé. 16 : 59, 60).
Du côté du peuple, la faillite : « Ils ont transgressé les lois, changé le statut, violé l'alliance éternelle » (Es. 24 : 5) ; mais du côté de Dieu, le triomphe de la grâce : « Car les montagnes se retireraient et les collines seraient ébranlées, que ma bonté ne se retirerait pas d'avec toi, et que mon alliance de paix ne serait pas ébranlée, dit l'Eternel, qui a compassion de toi » (Es. 54 : 10).
L'alliance avec David
Cependant, la bénédiction finale d'Israël est inséparable de ce que Dieu appelle : mon alliance avec David.
Historiquement, cette alliance nous est présentée en 2 Samuel 7 (ou 1 Chroniques 17). Le roi la rappelle dans ses « dernières paroles » : « Il a établi avec moi une alliance éternelle, à tous égards bien ordonnée et assurée, car c'est là tout mon salut et tout mon plaisir, quoiqu'il ne la fasse pas germer » (2 Sam. 23 : 5). C'est une alliance de caractère inconditionnel, comme celle que Dieu a faite avec Abraham : « J'ai fait alliance avec mon élu, j'ai juré à David, mon serviteur : J'établirai ta semence pour toujours, et j'édifierai ton trône de génération en génération... Je ferai de lui le premier-né, le plus élevé des rois de la terre. Je lui garderai ma bonté à toujours, et mon alliance lui sera assurée... Si ses fils abandonnent ma loi et ne marchent pas dans mes ordonnances... je visiterai leur transgression avec la verge... mais je ne retirerai pas de lui ma bonté... Je ne violerai point mon alliance, et je ne changerai pas ce qui est sorti de mes lèvres » (Ps. 89 : 3, 4, 27-34).
Les descendants de David qui se sont succédé sur le trône ont, à de rares exceptions près, contribué à la ruine d'Israël ; ils n'ont pas amené la bénédiction promise, bien au contraire ! Mais il en sera autrement du « rejeton » qui sortira « du tronc d'Isaï », quand l'Eternel « rassemblera les exilés d'Israël, et réunira les dispersés de Juda, des quatre bouts de la terre » (Es. 11 : 1-12 - lire tout le passage). C'est par le moyen du Messie que la bénédiction parviendra à Israël : « Je ferai avec vous une alliance éternelle, les grâces assurées de David » (Es. 55 : 3). A plus d'une reprise, les prophètes rappellent cette alliance avec David, inséparable de la nouvelle alliance : « En ces jours-là et en ce temps-là, je ferai germer à David un Germe de justice, et il exercera le jugement et la justice dans le pays » (Jér. 33 : 15 ; voir aussi v. 16-26). « Et je susciterai sur eux un pasteur qui les paîtra, mon serviteur David; lui les paîtra et lui sera leur pasteur. Et moi, l'Eternel, je serai leur Dieu, et mon serviteur David sera prince au milieu d'eux... Et je ferai avec eux une alliance de paix » (Ezé. 34 : 23-25 ; voir aussi 37 : 24-27).
J.-A. M – article paru dans le « Messager Evangélique » (1998 p. 362-370)
(A suivre)