Matthieu répond à l'appel du Seigneur
« Et Jésus passant de là plus avant, vit un homme nommé Matthieu, assis au bureau de recette : et il lui dit : Suis-moi. Et se levant, il le suivit. Et il arriva, comme Il était à table dans la maison, que voici beaucoup de publicains et de pécheurs vinrent et se mirent à table avec Jésus et ses disciples ; ce que les pharisiens ayant vu, ils dirent à ses disciples : Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? Et Jésus l'ayant entendu, leur dit : Ceux qui sont en bonne santé n'ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Mais allez et apprenez ce que c'est que : « Je veux miséricorde et non pas sacrifice » (Os. 6 : 6) car je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs » (Matt. 9 : 9-13).
Lire aussi : Luc 5 : 27-32 ; Marc 2 : 13-22.
Ces versets rapportent l'appel de l'un des douze. Jésus avait alors une certaine popularité passagère et de grandes foules s'attachaient à Le suivre. Il passait de lieu en lieu, faisant du bien et guérissait tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance (Act. 10 : 38). C'était aussi l'occasion pour Lui de les enseigner. Il invite le fils d'Alphée (Marc 2 : 14), dont Il connaît les dispositions intérieures, à Le suivre. Il sera, lui aussi, un instrument choisi par Dieu (Act. 9 : 15).
Cet homme n'hésite pas malgré son activité. Il est prêt à devenir son disciple et à suivre Son obscur chemin. Retiré du présent siècle mauvais selon la volonté de notre Dieu et Père (Gal. 1 : 4), il sera, comme le Seigneur, un objet de la haine du monde. « L'esclave n'est pas plus grand que son Maître » (Jean 15 : 20).
Matthieu - ou Lévi - était un publicain
Le nouveau disciple s'appelle Lévi ; il est connu aussi sous le nom de Matthieu. Il habite à Capernaüm où il exerce jusqu'à maintenant les fonctions très lucratives de collecteur des impôts. Ceux-ci sont fixés par les Romains, au détriment des Juifs qui affirment pourtant orgueilleusement n'avoir jamais été dans la servitude de personne (Jean 8 : 33). Mais, plus tard, pour crucifier Jésus, ces Juifs devront obtenir d'abord la permission des autorités occupantes.
Matthieu le publicain, était certainement méprisé à cause de son travail. La plupart des Juifs devaient le tenir pour un renégat, un « collaborateur », selon le mot employé dans nos pays, lors de la dernière guerre. N'avait-il pas dû d'abord payer une forte somme pour obtenir son poste et pour le garder il devait se conduire en « valet » complaisant des Romains ?
Le système choisi par ces derniers en vue de « lever » des impôts était relativement simple. Chaque province était divisée en un certain nombre de districts et un collecteur d'impôts était désigné par l'occupant. A charge pour leur homme de paille de leur apporter le montant des taxes. Il devait donc en obtenir le paiement, en employant le cas échéant des moyens coercitifs. Il importait peu à ses « employeurs » que leurs « agents de poursuites » mentent sur le montant réel de l'impôt, menacent les mauvais payeurs parmi leurs concitoyens, afin de leur extorquer des sommes bien supérieures à la réalité. Ainsi les « péagers » pouvaient, en pratiquant ces exactions, espérer s'enrichir encore plus rapidement !
Toutefois, peut-être, Lévi agissait-il honnêtement dans sa charge, comme Zachée, ce chef de publicains que Jésus appelle aussi à le suivre ? De toutes manières « le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ceux qui sont perdus » et c'était la condition morale même de ceux qui s'enorgueillissaient d'être « fils d'Abraham » (Luc 19 : 2-10) !
La Parole nous avertit que « ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et dans un piège, et dans plusieurs dangers insensés et pernicieux qui plongent les hommes dans la ruine et dans la perdition ; car c'est une racine de toutes sortes de maux que l'amour de l'argent » (1 Tim. 6 : 9-10).
Matthieu était certainement riche ; il possédait une grande maison et pouvait y convier de nombreux invités. Ceux qui connaissent le terrible attrait que l'argent exerce sur l'esprit humain peuvent presque qualifier de miracle le résultat de l'appel de Jésus sur Matthieu.
Prêt à tout quitter pour suivre le Seigneur, Matthieu a répondu aussitôt à son appel
A l'appel du Seigneur, Matthieu est prêt par obéissance à tout quitter, comme d'autres l'ont fait (Matt. 19 : 27) ! Il vient, tel qu'il est, attiré par la grâce et l'amour de Jésus. Il laisse volontairement de côté tout ce qu'il possède. L'argent est détrôné, il perd pour lui son attrait.
Son attitude est toute différente de celle d'une autre personne à laquelle Jésus dit aussi : « Suis-moi ». Celle-ci trouve aussitôt un moyen de « s'excuser » qui lui paraît imparable. Elle répond : « Seigneur, laisse-moi premièrement ensevelir mon père ». Or Jésus lui dit : « Laisse les morts ensevelir leurs morts, mais toi, va et annonce le royaume de Dieu » (Luc 9 : 59-60).
Suivre Jésus « où qu'il aille » c'est partager son opprobre et le dénuement volontaire dans lequel Il vivait (2 Cor. 8 : 9). Il venait justement de rappeler que « le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête » (Luc 9 : 58).
Jésus appelle chacun : « Venez à moi, vous tous qui vous fatiguez et qui êtes chargés, et moi je vous donnerai du repos » (Matt. 11 : 28). Ce Sauveur, débonnaire et humble de coeur, accueille ce « percepteur des impôts » avec, peut-être, son lourd passé. Il ne repousse personne, si loin que l'on soit déjà allé dans le péché ; au contraire Il veut attirer à Lui ceux qui sont tombés dans une complète déchéance, que leur entourage rejète facilement avec dégoût (Jean 4 : 7, 17-18). Ce serait une erreur de penser qu'une personne est « trop loin » pour que Dieu se refuse à la sauver !
La réponse de Matthieu a été immédiate. Son coeur, longtemps attiré par le monde et les choses qui s'y trouvent, se tourne maintenant entièrement vers Christ. Il comprend qu'il ne doit plus vivre pour rechercher la satisfaction égoïste de ses intérêts dans ce monde, mais pour chercher à plaire à Celui qui l'a enrôlé comme soldat sous sa bannière, l'amour (2 Tim. 2 : 4).
Désormais il sera avec Lui et apprendra à ses côtésà Le servir avec intelligence (Marc 3 : 13-14). Au chapitre suivant, le Seigneur appellera les douze pour être ses envoyés, ses « apôtres » ; Matthieu en fait partie (Matt. 10 : 1-3). Jésus leur donne autorité sur les esprits immondes pour les chasser et pour guérir toute maladie et toute langueur. Ils sont envoyés deux par deux et Matthieu « le publicain », ainsi qu'il se nomme, reçoit pour compagnon d'oeuvre, de la part du Seigneur, Thomas, dont la Parole retrace l'histoire (Jean 11 : 16 ; 14 : 5 ; 20 : 24-28).
Une vraie conversion se traduit dans notre vie par un « demi-tour ». Les choses vieilles sont passées, voici toutes choses sont faites nouvelles (2 Cor. 5 : 17). Heureux celui qui peut affirmer avec l'apôtre : « Pour moi, vivre c'est Christ » (Phil. 1 : 21). Désormais, Matthieu suit avec le Seigneur un chemin tout à fait nouveau. Avec Paul, il peut dire que les choses qui étaient pour lui un gain, il les regarde désormais comme une perte (Phil. 3 : 7-8). Si nous faisons partie des enfants de Dieu, soyons prêts à abandonner, avec Son aide, la convoitise sous toutes ses formes, notre égoïsme et nos ambitions matérielles.
Cultivons un esprit de renoncement ; désirons par amour soumettre entièrement notre volonté à celle du Seigneur. Ce fut le cas pour Saul. Il respirait menace et meurtre contre les disciples du Seigneur. Mais Jésus l'arrête sur le chemin de Damas et sa première question après avoir appris que c'était Jésus qu'il persécutait, est celle-ci : « Que dois-je faire, Seigneur ? » (Act. 22 : 10). Il sera appelé à porter Son nom devant les nations et à souffrir beaucoup pour Lui (Act. 9 : 15-16).
Dans sa maison, Lévi a préparé un grand festin pour le Seigneur
Dans Matt. 9 : 10, on retrouve Jésus à table dans la maison ; Luc précise qu'il s'agit de la maison de Lévi (5 : 29). Celui-ci, tout à la joie de son « premier amour » a préparé un grand festin pour le Seigneur (Luc 5 : 29). Sans doute a-t-il été critiqué, incompris et tourné en ridicule. Jamais, lui disait-on, Jésus acceptera d'entrer dans ta maison – celle d'un publicain !
C'est méconnaître la grâce condescendante du Seigneur. Il est venu dans cette maison ! Matthieu désire que la bénédiction reçue soit partagée par d'autres : « il y avait une grande foule de publicains et d'autres gens qui étaient avec eux à table » (Luc 5 : 29), « et de pécheurs » précise Matthieu, dans son Evangile. Par « pécheurs », il faut probablement comprendre ceux qui ne tenaient pas compte des nombreuses prescriptions ajoutées à la Loi par les pharisiens. Mais devant Dieu il n'y a pas de différence : « tous ont péché et n'atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom. 3 : 23) !
Les pharisiens ne sont pas certes assis à table avec Jésus. Ils épient de loin la scène, selon leur habitude. Que Dieu nous garde d'une si mauvaise attitude (Ps. 37 : 32) ! Ils étaient loin de penser être dans le même état moral que les publicains et les pécheurs. Ailleurs, l'un d'eux, se permet de porter un jugement sur Jésus. Il dit en lui-même en Le voyant accepter l'hommage d'une pauvre femme : « Celui-ci, s'il était prophète, saurait qui est cette femme qui le touche, car c'est une pécheresse ». Celui qui lit dans nos pensées lui adresse un avertissement solennel en mettant son véritable état à nu (Luc 7 : 39-47).
Tous ceux qui ont les mêmes prétentions que les pharisiens sont aveuglés, remplis d'illusions sur leur propre état (Jean 9 : 40-41). Ici, ils murmurent et, n'osant s'adresser à Jésus, prennent à partie les disciples : « Pourquoi votre maître mange t-il avec les publicains et les pécheurs » (Matt. 10 : 11 ; Marc 2 : 16). Que de questions se pressent dans un coeur incrédule !
Mais Jésus l'entend, et il va leur répondre de deux manières.
Jésus répond aux pharisiens
Il se sert d'abord d'une illustration et cite ensuite un enseignement tiré de l'Ancien Testament.
- « Ceux qui sont en bonne santé n'ont pas besoin de médecin »
Ceux qui sont en bonne santé ou qui en tout cas en sont persuadés, n'éprouvent pas le besoin de venir consulter un médecin ; il en est tout autrement de ceux qui sont malades – et le reconnaissent ! Le Seigneur ne veut s'occuper que de ceux qui reconnaissent leur état de péché. Jésus ne mangeait pas avec les publicains et les pécheurs pour jouir de leur compagnie, il n'avait aucune communion avec le mal ; Il les voyait malades et désirait répondre à leurs besoins urgents. Allaient-ils saisir l'occasion de laisser le divin médecin guérir leur blessure mortelle (Ezé. 34 : 16) ?
Jésus avait entrepris cette oeuvre de salut qui allait Le conduire à la croix. Là, il allait expier à notre place ce que méritait le péché en général et nos propres péchés. Il devrait subir le terrible jugement divin pour répondre aux droits de sa justice. Plein de miséricorde, Il n'était pas venu pour appeler des « justes » à la repentance, mais des pécheurs (Luc 15 : 7).
La repentance conduit chacun à confesser sans restriction ses fautes, à abandonner sa vie passée de péché et à livrer désormais ses membres à la volonté de Dieu (Rom. 6 : 19). Ceux qui, semblables à ces « leaders « religieux, s'estiment justes, n'éprouvent aucun besoin de se repentir. Ne tombons pas dans ce terrible piège de la propre justice. Il nous rend prompts à juger « les autres » et, hélas, lents à apprécier l'oeuvre merveilleuse du Seigneur en faveur de ces pécheurs, que sont tous les hommes !
- « Je veux miséricorde et non pas sacrifice »
Le Seigneur cite aussi aux pharisiens le message divin transmis par le prophète Osée : « Je veux miséricorde et non pas sacrifice » (6 : 6). Ceux qui ont placé leur confiance en Dieu, connaissent sa grande bonté, comparable à une eau fraîche qui tombe sur un sol crevassé par une chaleur intense.
La véritable justice ne consiste pas à se montrer religieux en respectant soigneusement le « rituel » en usage alors dans le temple, en prenant aussi bien garde à offrir tous les sacrifices prévus, Dieu n'est pas un ritualiste et Il ne prend aucun plaisir dans des pratiques extérieures qui ne s'accompagnent pas d'une piété personnelle réelle. Les pharisiens de tous les temps n'ont ni miséricorde ni compassion pour ceux qui sont dans un profond besoin spirituel.
La vraie justice venait, par le moyen de Christ, à la rencontre des immenses besoins du peuple. Jésus exerçait sa grande miséricorde vis-à-vis de ceux qu'une société « bien pensante » refusait d'approcher. Il leur offrait de venir, de se repentir et de recevoir la vie éternelle.
Jésus dit aux pharisiens : « Allez et apprenez » (v. 13). C'est par là qu'il faut commencer. Il faut se soumettre de coeur aux vérités tirées de la Parole. Ils l'avaient entre leurs mains, comme nous en avons également le privilège.
En ce qui nous concerne plus particulièrement aujourd'hui, le véritable dévouement d'un serviteur à l'égard de son Seigneur est de veiller à l'édification de l'assemblée. Il sera aussi toujours prêt à faire connaître autour de lui la bonne nouvelle du salut, à chercher les brebis perdues, à leur apporter le message de l'amour divin. Ceux qui se repentent et croient, reçoivent un salut gratuit, offert par la grâce divine.
Matthieu et Jean, deux des douze apôtres, auront le grand privilège, guidés par l'Esprit Saint, de participer à la rédaction des Evangiles. Par grâce, Dieu fait de ce publicain méprisé le rédacteur du premier évangile, si important par son caractère dispensationnel. Il choisit « les choses viles du monde, celles qui sont méprisées » (1 Cor. 1 : 27) pour présenter aux Juifs la personne du Messie, sur lequel reposent toutes les promesses divines. Jésus est venu accomplir tout ce qui était annoncé par la Loi et les prophètes. Matthieu apporte le message qui lui a été ainsi confié avec un style clair. Il fait ressortir la dignité de Christ et la « sphère » de son royaume. Il s'appuie constamment (plus de 30 fois) sur les Ecritures de l'Ancien Testament pour présenter l'Oint de l'Eternel à tous les hommes, Juifs et nations. Un service très précieux dont nous sommes, encore aujourd'hui, les bénéficiaires. Tels sont les conseils de Dieu et les immenses richesses de sa grâce !
Ph. L le 29. 07. 09